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fermeture du forum le forum ferme ses portes après six ans d'existence. merci pour tout, on vous aime. |
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| ₪ Si tu plonges longuement ton regard dans l’abîme, l’abîme finit par ancrer son regard en toi — Reed. | |
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Auteur | Message |
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| Sujet: ₪ Si tu plonges longuement ton regard dans l’abîme, l’abîme finit par ancrer son regard en toi — Reed. Lun 30 Juin - 22:20 | |
| Reed Brontë❝ WHO AM I LIVING FOR? ❞ Mort. Le mot résonne dans son esprit. Le bouscule. Fait de lui sa poupée. Mort. Entre ses doigts il n’est que poussière. Poussière d’atmosphère. Mort. Les souvenirs dévalent la pente, embrument son esprit perdu, déboussolé. Tout semble avoir disparu. Si seulement. Si seulement tout pouvait être simple, pour une fois. Mais rien ne l’est. Mort. C’est ironique à quel point ce simple mot est devenu important. Pour lui, pour d’autres. Tous ne pensent plus qu’à l’arène. Gamins effrayés. Mort. Fut un temps il a eu peur, mais tout est terminé désormais. Tuer ou être tué. Vivre. Non, survivre. Mort. Mais maintenant tout est oublié, et c’est avec peine que les souvenirs refont surface, à mesure que le temps passe. Mort. Il n’est plus qu’une coquille vide, se réveillant parfois, qu’une bouée échouée dans les souterrains du district treize.
Avant, tout était différent. Avant la soixante-douzième édition des Hunger Games. Avant cette Moisson où le nom a été tiré parmi tant d’autres. Où le silence qui s’était fait jusqu’alors, durant toutes ces années, s’est tu et a laissé place aux mots. Reed Brontë. C’était comme marcher sur les pas des autres morts. Des autres vaincus. De ceux qui n’étaient pas revenus. Pas des gamins effrayés. Des gamins oubliés. Perdus dans les méandres des hovercrafts, leurs corps brûlés, enterrés. Comme s’ils n’avaient jamais vraiment existé.
Il aurait pu être comme ces gamins. Vingt-trois années qu’il erre, ses phalanges crissant sur le bitume d’une vie qu’il ne s’est jamais habitué à vivre. Vingt-trois foutues années passées à regarder des bouts de papiers, attendant de savoir si les mots allaient être prononcés. Ils l’ont été le jour de ses dix-sept ans. Et tout a basculé, dans un monde bien trop différent du sien. Les châteaux de cartes sont si faciles à détruire. Comme s'il avait pu être l'exception. District onze. Les dés jetés, le destin tracé.
Reed est mort. Ne subsiste de sa renaissance qu'une coquille qui implose, qu'une bouée échouée, échouée dans les bras de la rébellion. Reed est soldat. Il ne sait pas vraiment pourquoi. Tout paraît tellement logique qu'il ne demande pas. Reed est malade. Malade et violent, fou à lier. Parfois délié, et son cœur bat, son cœur débat. Mais tout semble s'être calmé. Pour l'instant. Au fond la bête est là. Elle hurle. L'entends-tu ? Et elle ne désire qu'une chose : du sang.
Mais ton humanité, Reed, où donc est-elle passée ? Joue-t-elle à cache-cache dans une arène désolée qui te rappelle tous ceux que tu as tué ? about games and relative.
➺ COMMENT VOIS-TU TA MORT ? Comment oublier sa propre mort lorsqu’on l’a déjà vécue ? Reed est mort. Il n’a pas oublié, n’oubliera sans doute jamais. C’est un souvenir qui s’accroche, ne se perd pas. Ne veut pas se perdre. Reste ancré, cinglant la plaie lorsque se forme une cicatrice. Reed est mort dans l’arène. L’arène qui a tué son silence, l’arène qui l’a rendu inhumain. Qui a fait de lui ce qu’il n’était pas, un tueur sanguinaire prêt à tout pour sa survie, prêt à se battre pour sortir vivant de cet enfer. Mais il n’a pas réussi. Aux portes du face-à-face, Reed est mort, transpercé par une lance. Foutue arène. Il a senti son cœur chanceler, sa respiration diminuer, l’air se faire plus rare, il a senti le vent qui venait lécher ses blessures, ses soupirs saccadés et les ténèbres qui s’approchaient à pas feutrés. Reed est mort, et le district treize l’a ressuscité. Mais il ne voit plus sa mort que dans l’arène. Tuer ou être tué, n’est-ce pas ce que l’on dit ?
➺ COMMENT TE SENS-TU DANS LES SOUS-TERRAINS DU TREIZE ? Les souterrains portent bien leur nom : ils sont exigus, on s’y sent pris au piège comme l’est l’oiseau en cage. Ils seraient invivables pour un claustrophobe, trop étroits, petits. Le monde y passe, s’enlace. Tout est chronométré. Chaque minute, chaque seconde. Chaque instant. Reed s’y sent chez lui. Pas parce que le treize est sa maison, plutôt par défaut. Tout est par défaut, ici. On est soldat par défaut. Rebelle par défaut. On croit en Coin par défaut. On exècre Snow par défaut. Reed n’est encore jamais sorti. Partout il ne connaît que l’obscurité des galeries. Pas la forêt qui s’étend là, dehors, tout près. Pas le Capitole, ce palais lointain, cette cage dorée. Pas le nouveau visage de son Alexiane.
➺ QUE PENSES-TU DES VAINQUEURS DES JEUX ? Qu’ont-ils gagné ? Ont-ils vraiment gagné, en vérité ? Ils ne sont que les pantins du Capitole. Des faibles qui ont fini par se perdre dans la bestialité, que des sauvages qui sont devenus monstres. De vainqueurs ils ne portent que le titre. Ce ne sont que des coquilles vides. Reed aurait voulu être vainqueur. Il aurait pu les envier d’avoir réussi là où lui était mort, transpercé en plein cœur. Sortir de l’arène, être acclamé pour avoir tué une vingtaine de personnes. On l’aurait applaudi pour sa ruse, sans doute redouté pour sa force, on se serait souvenu de son caractère loyal et gentil, on aurait voulu l’avoir pour ami, on aurait longtemps parlé de lui. Mais lui n’aurait pensé qu’à elle. Rien d’autre n’importait qu’elle et ses cheveux bruns.
➺ CROIS-TU AU BONHEUR ? Difficile à dire. Sans doute pas. Le bonheur joue à cache-cache trop souvent, il s’échappe, danse et Reed a du mal à suivre. Tout est trop flou avec le bonheur. Tout ça, ce ne sont que des conneries. Il aurait pu être heureux. Dans un autre monde, dans une autre vie. Il aurait pu être heureux si son nom n’avait pas été tiré, parmi tant d’autres. Il aurait pu échapper à l’arène. Rester au district onze, passer sa vie à faire ce qu’il croyait juste, à s’abaisser au Capitole. A rester lui-même. Mais les Hunger Games en ont décidé autrement et Reed est devenu sanguinaire. Bestial. Tout ça n’est pas compatible avec un quelconque bonheur. Tout ça n’est que trop aride et empreint de nostalgie, de mélancolie. De tuerie.
➺ COMMENT TE SENS-TU QUAND LE TEMPS DE LA MOISSON ARRIVE ? Il se sent fiévreux. Qui ne le serait pas ? A chaque nouvelle Moisson, Reed revit l’ancienne. La sienne, encore et encore, comme si le temps n’avait pas passé, depuis. Il revoit ces gens qui l’ont regardé, livides, il revoit ces visages dénués d’expression qui ne s’attendaient pas à le voir partir pour l’arène. Qui étaient heureux que leurs enfants soient sauvés. Au moins pour une année. Il revoit son visage, cet appel à l’aide auquel il avait été incapable de répondre, pressé par les Pacificateurs de rentrer dans l’hôtel de ville. Il revoit son hésitation, dans la salle des adieux, cet instant où leurs lèvres auraient pu se goûter l’une et l’autre mais qu’elles ont préféré se dire au revoir sans se toucher. Il ressent à nouveau les battements de son cœur lorsque son nom est sorti de l’urne, et que la voix a clamé haut et fort dans le silence du district onze. Il revoit la peur, les pas qu’il a compté machinalement, ces pas qui le menaient à sa propre mort vers l’estrade, vers le train, vers sa chute. Tout était désolation. Tout est encore désolation.
JE VIENS D'UN MILIEU DÉFAVORISÉ, AINSI, POUR MOI, LA NOURRITURE TIENT BIEN PLUS DE LA LÉGENDE. DU COUP, MON NOM N'A PLUS AUCUN RISQUE D'ÊTRE TIRÉ AU SORT. J'EXERCE LE MÉTIER DE SOLDAT ET POUR TOUT VOUS DIRE, JE M'EN FOUS. JE SUIS DANS LE 13ÈME DISTRICT. AYANT 23 ANS J'AI DÉJÀ PARTICIPÉ AUX HUNGER GAMES ET J'APPRÉHENDE. ENFIN, J'ATTESTE QU'EN CRÉANT CE PERSONNAGE, J'ACCEPTE DE LE LIVRER À LA BARBARIE DES JEUX S'IL EST TIRÉ AU SORT.
reality is here.
Bambi is back. FEATURING le parfait Garrett Hedlund © COPYRIGHT frostingpeetaswounds.tumblr
Dernière édition par Reed Brontë le Dim 10 Mai - 18:34, édité 10 fois |
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| Sujet: Re: ₪ Si tu plonges longuement ton regard dans l’abîme, l’abîme finit par ancrer son regard en toi — Reed. Lun 30 Juin - 22:20 | |
| tell us your story. Un instant, il était pirate, naviguant à travers les mers desquelles il était l’unique maître, voguant sur son bateau entièrement noir. Puis il devenait prince, parcourant plaines et montagnes pour sauver la princesse du dragon, ou se transformait en centaure, galopant au gré du vent, n’écoutant que la liberté qui, de sa voix mélodieuse, chuchotait à son oreille telle une bonne conscience. Parfois, il s’échappait, disparaissait dans son propre monde, dont lui seul connaissait la clé. Et ses sept années de vie devenaient alors des millénaires. Il était sage, chasseur, chef de la tribu. Changeait selon ses envies. Se modifiait pour n’être plus qu’un rêve. Il devenait ses rêves. Mais aucun d’eux ne devenait lui. Ils restaient des songes, mais cela ne le dérangeait pas outre mesure. La terre devant sa maison devenait désert aride, les flaques qui subsistaient des dernières pluies évoluaient en mers terribles, dont les vagues pouvaient envoyer dans leurs flots des marins peu avisés. Mais Reed était tout sauf peu avisé. Il était courageux, téméraire, les aventures et le danger ne lui faisaient pas peur, il était déterminé et sûr de lui, il était inventif, faisait des branches sauvages des arcs qu’il maniait aussi simplement qu’il faisait un château de sable sur les plages de son esprit enfantin. Tout était matière aux rêves, et Reed s’échappait dès qu’il le pouvait du district onze, de la pluie, de la tristesse qu’il lisait sur les visages, pour arriver dans le monde bien plus joyeux qu’inventait son esprit. Assis en tailleur devant la porte, il pouvait rester des heures prostré et silencieux, perdu ailleurs. Il fermait les yeux, s’allongeait, parfois. Mais là, ce fut différent. Il ne l’entendit pas courir, sentit seulement son corps s’écraser sur le sien. Il ouvrit les yeux, croisant ses prunelles vertes. Elle avait des cheveux bruns, assez longs, la peau claire sans trop l’être. Un nez fin, de maigres joues. Elle était petite, plus que lui. Mince et frêle. Il ne la sentait presque pas, allongée sur lui de tout son poids. Elle tentait de se relever comme elle le pouvait, mais un moment, ils restèrent ainsi, les regards croisés, silencieux, à se contempler sans dire un mot. Une voix s’éleva, stoppant le silence qui s’était doucement installé. « Alexiane, rentre à la maison ! » Elle se releva, se mit à courir, s’arrêta un instant lorsqu’une autre voix déchira le vide. « Reed, à la maison, tout de suite ! » Alexiane. Alexiane, se répétait-il. Lorsqu’il rentra, sa mère lui répéta que les voisins n’étaient pas des gens agréables et qu’il devait les éviter. Pourtant, cette nuit-là, il rêva qu’il sauvait une Alexiane des flammes d’un dragon. Mais il écouta ses parents et ignora l’enfant dès qu’il la voyait jouer devant sa maison. Il se souvenait de son sourire. Lorsqu’il était revenu de sa chasse, le bras taché de sang et l’allure quelque peu titubante, leurs regards s’étaient croisés l’espace d’un instant. Puis celui de la jeune fille s’était posé sur ses blessures, et il s’était retourné, rentrant chez lui sans un mot. Entre eux il n’y avait jamais eu de mots. Juste du silence, quelques regards. De l’ignorance. Ils ne s’aimaient pas. N’étaient pas censés être proches, ni même se parler. Pourtant, elle était venue. La porte s’était ouverte doucement, en grinçant, et quand Reed avait levé les yeux pour voir ce qu’il se passait, elle était là, les bras chargés d’herbes, ses yeux cherchant les blessures du jeune homme. Elle avait déposé les herbes sur la vieille table en bois sous les regards pressants de la famille, et était sortie. Sans un mot. Comme à son habitude. Et personne n’avait rien dit. Ils l’avaient simplement regardée s’en aller, jetant des regards intrigués à toutes ces herbes posées sur la table. Et elle était partie. Alors Reed avait pris les herbes, en avait fait une bouillie et se l’était étalée sur sa plaie. Les hurlements de son corps s’étaient calmés peu à peu, tout comme les tensions entre les deux familles. Pour un instant du moins. Il se souvenait de son sourire, de ce mince pli au coin de ses lèvres quand elle avait passé la porte en partant. Alexiane Hawthorne. Le nom avait résonné un moment dans son esprit. Il se sentait redevable, n’aimait pas l’être. C'est pour cette raison qu'il se retrouvait allongé dans les branches d’un arbre, le regard figé sur le sol. Elle allait venir. Elle venait toujours. En ce moment, elle faisait sa promenade dans les environs. Il l'avait suivie un matin, curieux et intrigué. Il retint son cœur de battre, son pouls d'émettre un signe, lorsqu’apparurent ses cheveux bruns. Il ne fit pas un bruit, attendit. Et le silence fondit quand Alexiane tomba dans le piège, poussant un petit hurlement. Un sourire éclot sur les lèvres de Reed. Tel un chat, il bondit de branches en branches, descendit au sol et s’approcha de l’arbre où était pendue la jeune fille. Sans un mot, il la détacha avec douceur. « On dirait bien que nous sommes quittes. » Elle hocha la tête, et les années de silence, de haine vouée à l'héritage familial s’estompèrent. « On dirait bien. »Chaque seconde était insupportable. Chaque pas, chaque regard. Deux foutues années encore, à se traîner jusqu’à l’estrade, à scruter, impuissant, deux gamins marcher vers leur mort imminente. Reed attendait, les dents serrées et les yeux plissés. En tournant la tête, il croisa les iris verts d’Alexiane, plus loin, entre deux filles qu’il ne connaissait que de nom, mais n’esquissa pas un geste dans sa direction. Il était préparé au pire. Tous les habitants du district qui étaient encore éligibles se regardaient, se dévisageaient, comme se rendaient peu à peu compte que chacun pouvait devenir un ennemi potentiel. L’hôtesse salua la foule, un grand sourire sur son visage, parée de couleurs chatoyantes qui réveillaient les maigres rayons de soleil venus caresser les gens. C’est à peine s’il entendit le nom du tribut féminin. Les garçons, en dernier. Il aurait voulu approcher sa main de celle d’Alexiane. Enlacer ses doigts avec les siens. Mais elle était loin, trop loin pour qu’il puisse seulement la toucher. Alors tous deux fixèrent l’estrade, leur cœur battant la chamade, prêts à entendre le nom qui allait sortir de l’urne. « Reed Brontë ! » Il ne comprit pas tout de suite, ne se rendit compte de ce qu’il se passait que lorsqu’il fut sur l’estrade, loin de tous. Loin d’elle. Elle hurla. Et les portes se refermèrent sur l’ombre de Reed. Muet, le jeune homme s’approcha de la fenêtre. Dans un instant, ses proches allaient venir pour les adieux. Il avait beau s’être préparé, il n’était pas prêt. Il allait mourir. Sans doute. Il serait oublié, ne serait plus que le tribut mort aux Jeux, parmi tant d’autres. La tache blanche sur la toile vide. Il baissa un instant les yeux, s’observant dans les moindres détails. Il était musclé et athlétique. Mais tuer quelqu’un ? Il ne s’en croyait pas capable. Il en était totalement incapable. Lorsqu’Alexiane franchit les portes, il voulut la prendre dans ses bras. Lui dire que tout allait bien se passer, qu’il allait revenir. Mais il n’avait jamais été ce genre de personnes, aussi resta-t-il immobile, debout au milieu de la pièce. « Il faut que tu me promettes de te battre jusqu'à ton dernier souffle. D'être le dernier. » Il posa ses mains par-dessus celle de la jeune fille, fixa son regard. « Je crois en toi, Reed. Je sais que tu as une chance. Tu es fort. Tu y arriveras. » Reed a beau essayer, difficile d’y croire. Les chances sont minces. Trop minces pour continuer à croire, inlassablement. « Je ferais de mon mieux, je te le promets. » Il l’a dit sans vraiment le penser, mais ils en ont besoin. Pour tenir le coup. Pour espérer, encore et encore. Jusqu’à ce que la mort les sépare, comme on dit. « Bonne chance. » Il prit une inspiration, la serra dans ses bras. Ses cheveux avaient leur odeur habituelle, une odeur qui le calmait et l’apaisait. Il resta un moment ainsi, la tête enfouie dans le cou de sa meilleure amie, avant que celle-ci ne se recule, pour que leurs yeux se croisent une dernière fois. Une ultime fois. Il aurait voulu qu’elle l’embrasse, à cet instant. Il aurait voulu goûter la saveur acidulée de ses lèvres, aurait voulu danser un ballet avec ces lèvres qui l’appelaient, qui le suppliaient. Mais Alexiane déposa un baiser sur sa joue, au moment où la porte s’ouvrit sur deux Pacificateurs. « Et gagnes. » Il prit son menton, laissa sa main caresser la peau et disparut, ne laissant à Alexiane que des souvenirs.La voix résonna entre les branches baignées par la lueur blafarde de la lune. La forêt semblait endormie, mais Reed savait à quel point elle était dangereuse, ainsi calme et silencieuse. « Allez Reed, montre-toi, je sais que tu es là… » Il retint sa respiration, serrant le couteau contre sa poitrine. A travers les feuilles, il distingua la petite caméra qui tournoyait sur lui, sur la voix, sur la forêt. Il imaginait aisément les gens du Capitole, assis bien confortablement, sirotant une de leurs boissons étranges, qui devaient se réjouir de cette édition des Hunger Games. Le face-à-face final approchait. Il restait trois tributs. Il n’avait qu’à tuer les deux derniers et il pourrait gagner. L’espoir. Il ne lui restait plus que ça. Il mettait tout sur le peu d’espoir qui subsistait encore. Il avait tué, pour en arriver là. Reed était devenu sanguinaire. Il n’hésitait pas à user de son couteau, de sa force, de tous les avantages qu’il pouvait trouver pour avoir le dessus et tuer. C’en était devenu nécessaire. Il était avide. Avide de sang, avide de mort. Et à chaque fois que ses yeux croisaient le cliquetis d’une caméra, il imaginait Alexiane, horrifiée de voir son meilleur ami ainsi, si… différent. Il se haïssait mais continuait de tuer. L’arène, il allait en sortir, peu importe le prix que toutes ces vies ôtées, que toutes ces paupières closes allaient faire sur sa conscience. « Combien de temps vas-tu te cacher ? » Reed secoua la tête, revenant au présent. Il s’empêcha de respirer, espérant que le tribut allait partir. Il le voyait à peine, de là où il se trouvait, mais il apercevait sa lance, et cette vision suffisait à lui donner la nausée. Il avait voulu se cacher, espérant secrètement que les deux tributs restants allaient s’étriper, et qu’il allait gagner sans être blessé. Façon de parler. Il ne comptait plus ses blessures. Un seul coup aurait été mortel. Il avait du mal à bouger, chacun de ses pas était mesuré, pesé, vérifié. Il se ménageait, économisait le peu de forces qui lui restaient pour tuer, s’il en avait besoin. Mais apparemment, la discrétion, ça n’avait jamais été son fort. La voix frémit à nouveau, déchirant le vide de la nuit qui était tombée depuis quoi, des heures ? « Brontë, sors de ta cachette, espèce de lâche ! » Elle se faisait plus pressante, plus violente. Il ne partirait pas. Il attendrait que Reed fasse un faux pas, profiterait de l’occasion et planterait sa lance au travers du corps du jeune homme. Une branche craqua, et Reed entendit la lance tournoyer dans les airs, vite, vite. Il se rapprochait. De plus en plus. Il serait là dans moins d’une minute, Reed le sentait. Il resserra la pression sur son couteau au moment où le tribut passa devant l’arbre creux où se cachait Reed, et bondit, renversant le tribut au sol. Premier coup de couteau. Il savait que plus il était proche du tribut, moins la lance aurait d’effet. Deuxième coup de couteau. Dans le bras, cette fois. Il ne regardait pas vraiment où le couteau pénétrait la peau. Il avait l’air d’un monstre. Il était un monstre. Il se débattait, et le couteau entrait, sortait. Il tentait en vain de lui porter le coup de grâce mais le tribut résistait, s’accrochait à la vie comme le lierre s’accroche aux murs. Il envoya valser Reed à quelques mètres, crachant du sang sur le sol. « T’es tenace Brontë, mais t’es aussi mort. » La lance jaillit, et ce fut le chaos. Le sang gicla. Les battements de cœur de Reed ralentirent, peu à peu. A mesure que la lune amorçait une descente anormale, trop vive, trop rapide, il se voyait sombrer. Aux portes de la finale, il allait mourir. De lui il ne resterait rien, rien que des souvenirs. Le tribut ramassa son couteau et disparut dans la pénombre, laissant Reed seul pour ses ultimes instants. Il eut à peine la force de tourner les yeux, mais juste avant que le coup de canon ne retentisse, il fixa la caméra, installée tout près de lui. « Je t'aime, Alexiane », murmura-t-il. Et le coup de canon résonna.Il hurla, se releva d’un coup. Sur le fauteuil, une trace de son dos subsistait encore, mais allait disparaître peu à peu. Sa respiration était saccadée, rapide. Trop rapide. Il transpirait, et dans ses yeux se lisaient la peur, l’absence, la panique. Reed hurla une nouvelle fois, ses mains cachant son visage dans un geste de protection, ses genoux repliés sur lui-même. Son regard croisa les mots inscrits sur son avant-bras, même si depuis son arrivée au district treize, il n’était pas sorti de ce que tous appelaient chambre mais que lui voyait comme une véritable cellule. Instinctivement, ses ongles vinrent gratter la peau, tentant de retirer les inscriptions, en vain. Nouveau hurlement. Il revoyait chaque image de l’arène, chaque foutue seconde où il était devenu l’opposé de lui-même à mesure que les jours passaient et que le nombre de tributs s’amenuisait. Il était devenu inhumain. Avait tué pour survivre, et, techniquement, il était mort. Serrant les dents, il se pencha, se passant les mains sur le visage. Dès que ses yeux se fermaient, il revoyait son visage, ses yeux, son sourire. Tout passait, repassait, le torturait encore et encore. Il n’était plus qu’un homme brisé, peinait à vivre de nouveau. Le simple fait de respirer lui était difficile. « Reed, calmez-vous. Tout va bien. » Il grogna, serra plus les dents, appuyant ses doigts sur son front. Il était revenu là où il avait tout perdu, encore une fois. Foutue arène. Nouveau hurlement. La lance jaillit, comme chaque fois qu’il revivait sa mort. Il avait arrêté de compter, depuis le temps, tant c’était devenu habituel. Mais chaque fois, il finissait plus brisé qu’il ne l’était avant de partir dans le monde des songes contre son gré, se figeant au moindre bruit, restant cloîtré dans un coin de la prison qui lui servait de chambre. Lorsque son cœur cessa de battre et que ses yeux s’ouvrirent enfin, il revint dans la petite salle perdue, bien des étages plus bas que le sol. Heureusement qu’il n’était pas claustrophobe. « Où est Alexiane ? Je veux la voir. » Elle baissa la tête, déposa son calepin sur le sol. « Ce n’est pas possible, on en a déjà parlé. Quand vous irez mieux, vous pourrez la voir. » Il grogna. « Elle va bien ? Dites-moi si elle va bien. » Elle hocha la tête, comme à chaque fois qu’il lui posait la question, à chacune de ses visites. « Rien n’indique qu’elle ait un quelconque problème. » Il baissa les yeux. Elle se leva, prit son calepin, s’approcha de la porte en affichant ce petit sourire condescendant que Reed avait appris à haïr, mais qui l’apaisait tout de même, inexplicablement. « Je sens que vous êtes sur la bonne voie. Dès lors que vous irez mieux, vous pourrez aller en mission dans les districts, soldat Brontë. » La porte claqua. Comme chaque jour depuis que l’hovercraft l’avait déposé au district treize. Depuis qu’il avait été choisi pour être un soldat de la rébellion.
Dernière édition par Reed Brontë le Dim 10 Mai - 18:27, édité 17 fois |
| | | Yorell T. Moon △ correspondances : 757 △ points : 0 △ multicomptes : / △ à Panem depuis le : 10/01/2014 △ humeur : un mort n'a pas d'humeur △ âge du personnage : dix-sept ans pour l'éternité △ occupation : héritier de l'empire stylistique de ma mère
| Sujet: Re: ₪ Si tu plonges longuement ton regard dans l’abîme, l’abîme finit par ancrer son regard en toi — Reed. Lun 30 Juin - 22:24 | |
| Salut. Teybo. CIAO |
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| Sujet: Re: ₪ Si tu plonges longuement ton regard dans l’abîme, l’abîme finit par ancrer son regard en toi — Reed. Lun 30 Juin - 23:23 | |
| Salut. Merci. Toi aussi. Ciao. |
| | | Adonis Nightsprings △ correspondances : 2406 △ points : 12 △ multicomptes : Robin D. Bates / F. J. Kennedy △ à Panem depuis le : 01/04/2012 △ humeur : Blasé. △ âge du personnage : 35 ans △ occupation : [i]Chef[/i] Pacificateur du D08
| Sujet: Re: ₪ Si tu plonges longuement ton regard dans l’abîme, l’abîme finit par ancrer son regard en toi — Reed. Mar 1 Juil - 2:02 | |
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| Sujet: Re: ₪ Si tu plonges longuement ton regard dans l’abîme, l’abîme finit par ancrer son regard en toi — Reed. Mar 1 Juil - 9:38 | |
| *lèche tout court * |
| | | Swain Hawkins △ correspondances : 5710 △ points : 0 △ à Panem depuis le : 18/06/2012 △ humeur : I'm a fucking monster. △ âge du personnage : 38 y.o.
| Sujet: Re: ₪ Si tu plonges longuement ton regard dans l’abîme, l’abîme finit par ancrer son regard en toi — Reed. Mar 1 Juil - 10:55 | |
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| Sujet: Re: ₪ Si tu plonges longuement ton regard dans l’abîme, l’abîme finit par ancrer son regard en toi — Reed. Mar 1 Juil - 11:47 | |
| ReBienvenue ! Et courage pour la fiche |
| | | Thybalt M. Homens △ correspondances : 8988 △ points : 29 △ multicomptes : raven, gwendal, eurydice (denahi) △ à Panem depuis le : 22/12/2011 △ humeur : désabusé △ âge du personnage : trente quatre ans △ occupation : médecin de campagne ~ bras droit du chef des rebelles
| Sujet: Re: ₪ Si tu plonges longuement ton regard dans l’abîme, l’abîme finit par ancrer son regard en toi — Reed. Mar 1 Juil - 16:07 | |
| (re)bienvenue Bon courage pour ta fiche (: |
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| Sujet: Re: ₪ Si tu plonges longuement ton regard dans l’abîme, l’abîme finit par ancrer son regard en toi — Reed. Jeu 3 Juil - 13:27 | |
| swainou ₪ Je devrais me vexer, parce que moi c'est re-bienvenue, mais merci. eli ₪ Merchiii. thybaaalt ₪ Ptain j'avais jamais remarqué... Thybalt, Croustibat.. TOUT EST LIÉ ! (et du coup, t'as un surnom ) Merci |
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| Sujet: Re: ₪ Si tu plonges longuement ton regard dans l’abîme, l’abîme finit par ancrer son regard en toi — Reed. Jeu 3 Juil - 13:42 | |
| Rebienvenue Bambi ! |
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| Sujet: Re: ₪ Si tu plonges longuement ton regard dans l’abîme, l’abîme finit par ancrer son regard en toi — Reed. Jeu 3 Juil - 18:47 | |
| Merci Viiiir. |
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| Sujet: Re: ₪ Si tu plonges longuement ton regard dans l’abîme, l’abîme finit par ancrer son regard en toi — Reed. Jeu 3 Juil - 20:12 | |
| Genre je t'ai pas encore dis bienvenue Bah bienvenue alors vieille miche |
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| Sujet: Re: ₪ Si tu plonges longuement ton regard dans l’abîme, l’abîme finit par ancrer son regard en toi — Reed. Jeu 3 Juil - 21:48 | |
| Genre tu pues en fait. Namé merci quand même. |
| | | Avalon R. Sweenage △ correspondances : 13212 △ points : 2 △ multicomptes : dely, ridley, dahlia △ à Panem depuis le : 23/04/2011 △ humeur : mélancolique △ âge du personnage : vingt-deux ans △ occupation : garde d'enfants
| Sujet: Re: ₪ Si tu plonges longuement ton regard dans l’abîme, l’abîme finit par ancrer son regard en toi — Reed. Lun 7 Juil - 0:11 | |
| ça me fait bizarre de voir Thanatos en nom de famille reBienvenue sur MJ |
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| Sujet: Re: ₪ Si tu plonges longuement ton regard dans l’abîme, l’abîme finit par ancrer son regard en toi — Reed. | |
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| | | | ₪ Si tu plonges longuement ton regard dans l’abîme, l’abîme finit par ancrer son regard en toi — Reed. | |
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