Anthracite Jade Bridgestone

❝ WHO AM I LIVING FOR? ❞

about games and relative.

➺ QUEL(S) PETIT(S) PLUS T'AIDE(NT) DANS LA VIE (OU LES JEUX) ?

J'ai la chance d'avoir deux capacités très utiles pour être une rebelle. Et plus particulièrement la Chef des rebelles du District Dix. Pour commencer, je suis très discrète. Je peux marcher en faisant moins de bruit que le silence et suivre quelqu'un aussi bien que son ombre. Je n'ai pas apprit cela, c'est quelque chose de très naturel chez moi. Déjà, lorsque j'étais petite fille, je pouvais faire de belles frayeurs à mes parents avec ça. Ils ne m'entendaient pas, ne me voyaient pas... Et avaient peur que je me sois enfuie de la maison ou tout simplement trouvée mal dans ma chambre. Mais non. Cela n'était qu'une propension à l'extrême discrétion. Maintenant, j'ai encore amélioré cela et je peux contrôler même mon souffle pour que l'on ne sente vraiment pas ma présence.
Ma deuxième petite capacité est la persuasion. Je manie très bien l'art du boniment. Cela par contre n'est pas inné et je l'ai apprit avec le temps. Petite, j'étais plutôt du genre à dire toute la vérité et rien que la vérité. Mais j'ai très vite vu que cela ne m'étais pas utile. Alors j'ai commencer à mentir, à embobiner les gens autour de moi pour obtenir ce que je voulais. Et cela a marché comme sur des roulettes. J'arrive toujours - ou presque - à mener les gens là où je le veux rien qu'avec de belles paroles. Cependant, je ne me sert de cela que pour faire le bien. Ou ce que j'estime être le bien.

➺ AS-TU DES PROCHES QUI ONT PARTICIPÉ AUX JEUX ?

Elishka... Ma meilleure amie. Ma sœur d'élection. Celle que j'aime à jamais. Peut-être d'ailleurs que j'en étais un peu amoureuse, à bien y réfléchir. Mais on avait seulement douze ans lorsque je l'ai perdue. C'était notre première Moisson. C'était tellement injuste ! Lorsque son nom a été tiré, j'ai voulu lever la voix pour me porter volontaire mais la main d'une autre fille s'est plaquée contre ma bouche et le regard suppliant que ma douce Elishka m'a lancé ont retenu les mots tout au fond de ma gorge, ne laissant que les larmes envahir mes joues. Et personne n'a levé la voix pour elle. Ce n'était qu'une enfant ! Et aucune grande fille n'a ouvert la bouche pour se porter volontaire à la place de cette fragile petite fille aux couettes rousses... On m'a cependant donné l'honneur de lui dire au revoir. Et lorsque ses lèvres ont frôlé les miennes pour la première - et dernière - fois, tandis que sa main glissait une chaîne en or dans la mienne, j'ai su que je ne la reverrais plus.

➺ APPRÉCIES-TU LE VISIONNAGE DES JEUX ?

J'ai en horreur le visionnage des jeux. Regarder des enfants de douze à dix-huit ans s'entre-tuer sous les yeux de tout Panem ? Quel monstre peut apprécier cela ? Lorsque je n'étais qu'une toute petite fille, que je n'avais pas encore douze ans, je regardais les jeux avec une peur immense. J'avais donc le risque de vivre cela un jour ? Et toute la Nation me regarderait mourir sans lever le petit doigt ? Les jeux qui ont eu lieu l'année de mes douze ans ont été les plus cruels pour moi, évidemment. Obliger les gens à regarder leurs proches tuer ou se faire tuer relève de la barbarie, à mes yeux. Et maintenant que je suis une adulte, que je suis à l'abri de cela, j'ai toujours envie de vomir lorsque je visionne les jeux. Lorsqu'on nous oblige à visionner les jeux.

➺ QUEL EST TON OPINION SUR LES PACIFICATEURS, LEUR ROLE, LEUR COMPORTEMENT ?

J'ai les Pacificateur presque plus en horreur que le visionnage des jeux. Pour moi, ce sont des gens sans cervelle ni scrupule qui ne sont bons qu'à obéir les yeux fermés aux ordres du Capitole, sans se poser la moindre question de morale. Cependant, comme ils ne sont pas tous particulièrement intelligents, il est parfois facile de les baratiner. Il faut quand même y aller avec tact et prudence car les punitions encoures peuvent être très cruelles. La cruauté. Voilà une autre facette de ses Pacificateurs. Ils portent mal leur nom, selon moi car il n'apportent pas la paix mais la terreur. Il faudrait les appeler les Terrificateurs. Cela leur va mieux. C'est d'ailleurs le surnom que je leur donne, en secret bien entendu.

➺ QUE PENSES-TU DE L'ORGANISATION DE PANEM (DISTRICTS/CAPITOLE) ?

L'organisation de Panem est des pus injuste. Je veux dire par là que tu ne peux pas te sortir de ta condition donnée à la naissance. Sauf en gagnant les jeux, évidemment. Il est possible d'améliorer - un peu - sa condition dans son district, mais il ne faut pas non plus trop rêver. Et puis il y a trop de disparités entre les District et le Capitole. Même si certains Districts ont un niveau de vie plus élevé que d'autre, ils doivent tout de même donner deux de leurs enfants chaque année. Le Capitole non. Avec cette organisation, nous ne naissons pas tous avec les mêmes chances et rien n'est plus injuste que cela. De plus, je ne comprends pas et je ne comprendrai jamais pourquoi les Districts ne peuvent pas avoir des droits sur leurs productions et pouvoir - par exemple - faire du commerce entre District, pour que tous les Districts puissent avoir droit à toutes les ressources. Mais non. Tout ce que l'on produit doit aller au Capitole. Je ne blâme pas les habitants du Capitole, ils ont eu la chance de bien naître c'est tout. Mais je blâme le Gouvernement.  

➺ COMMENT TE SENS-TU QUAND LE TEMPS DE LA MOISSON ARRIVE ?

Longtemps, le sentiment le plus fort en moi à l'approche de la Moisson était la peur. Une peur immense me prenait aux tripes. Évidemment que j'avais peur de mourir ! Comme tous les gamins qui attendaient avec moi que les noms soient tirés. Aux alentour de mes quinze ans, un autre sentiment s'est mêlé à la peur. La révolte. J'étais - et je suis toujours - révoltée à l'idée que l'on envoie des gosses à une mort certaine. Jamais mon nom n'a été tiré. Le Sort m'a été Favorable. Et lorsque c'était le nom d'une autre enfant qui était énoncé, je ne peux pas cacher que le soulagement m'envahissait. Mais la honte aussi. Et la colère. La honte d'être soulagée qu'une autre aille à la mort et la colère de ne pouvoir rien n'y faire...

JE VIENS D'UN MILIEU défavorisé, AINSI, POUR MOI, LA NOURRITURE tient bien plus de la légende. DU COUP, MON NOM A 30 CHANCES/RISQUES D'ÊTRE TIRE AU SORT. J'EXERCE LE MÉTIER D' institutrice ET POUR TOUT VOUS DIRE, J'j'aime énormément cela. JE SUIS DANS LE 10ÈME DISTRICT. AYANT vigt-sept ans JE ne peux plus PARTICIPER AUX HUNGER GAMES ET c'est tant mieux, mais bien trop de gamins sont en danger d'y participer. ENFIN, J'ATTESTE QU'EN CRÉANT CE PERSONNAGE, J'ACCEPTE DE LE LIVRER À LA BARBARIE DES JEUX S'IL EST TIRÉ AU SORT.

tell us your story.

« Elishka Berlinkova ! »

La voix nasillarde de la Dame du Capitole résonne dans le silence de mort qui s’est installé sur la Place principale du District Dix. Toutes les têtes se tournent vers notre côté, où une petite fille coiffée de deux couettes rousses et habillée d’une petite robe bleue tremble de tous ses membres en serrant très fort sa main dans la mienne. Non ! Ce n’est pas possible… Le nom d’Elishka n’apparait que trois fois – tout comme le mien – dans cette maudite boule de verre… Trois fois ! Son pâle visage et ses petits yeux bleus se tournent une seconde vers moi et je commence déjà à ouvrir la bouche. Mais une main grande et douce vient se plaquer contre mes lèvres, tuant au fin fond de ma gorge le cri de Volontaire qui était à deux doigts de franchir ma bouche. Dans le regard d’Elishka, que je connais par cœur, j’aperçois l’ordre – non la supplication – de me taire. Alors je cesse de lutter contre la main qui me coupe le souffle et la parole et je regarde la petite fille que j’aime le plus au monde monter sur la scène et rejoindre la Dame du Capitole qui, tout sourire, la prend par les épaules et nous demande d’applaudir bien fort celle qui va bientôt mourir sous nos yeux. Personne n’applaudit. Mais personne non plus ne prend la parole pour se porter volontaire. Même pas une fille plus âgée, plus forte… Personne. Et moi, accrochée au poignet de la fille qui m’a faite taire, je ne peux que laisser les larmes couler silencieusement le long de mes joues creuses de petite fille pauvre du District Dix.

Me voilà devant la porte de la Salle des Adieux. Elishka est de l’autre côté, je le sais, et elle m’attend. Ses parents viennent de sortir de là, en larmes, son père soutenant sa mère comme il le peut… Avec le cœur serré, j’ouvre doucement la porte avant d’entrer et de la refermer derrière moi. Elle est là, au milieu de la pièce, dans sa robe bleue un peu trop courte, avec ses couettes rousses un peu de travers. Je la trouve étonnamment belle. C’est la première fois que je la regarde de cette façon – que je regarde quelqu’un de cette façon. Je ne veux pas la perdre ! Je ne veux pas. Et je crois bien que c’est à ce moment-là que j’ai ma première idée de rébellion. Mais que puis-je faire ? Je n’ai que douze ans… Et mon amie est condamnée. Elle se tourne enfin vers moi et plante ses petits yeux bleus dans mes grands yeux verts. Il ne m’en faut pas plus pour courir vers elle et jeter mes bras atour de son cou. Mes cheveux blonds et bouclés, que ma mère a essayé de dompter pour l’occasion, se mêlent à ses cheveux roux et raides, et ma robe blanche à sa robe bleue. Je ferme les yeux. Je ne veux pas la lâcher. Parce qu’alors, je la lâcherai pour toujours…

« - Jade… Je… Je…
- Je sais… »

Il n’y a rien d’autre à dire… Que pourrait-on dire de plus ? Chacune sait qu’elle ne reverra jamais l’autre. Sa façon de m’appeler Jade va tellement me manquer… Ses bras, son sourire, ses yeux… Mes larmes, contre lesquelles j’essayais de lutter, coulent maintenant sur mes joues, et je sens les siennes dans mon cou. Mais nous ne sommes que des enfants ! Elle n’est qu’une enfant… Qui donc a le droit de l’envoyer dans l’arène, face à une mort certaine ? Elle ne sait pas se battre… Ni même chasser… Comment va-t-elle faire… Personne ne la sponsorisera, pas vrai ? Pas une petite fille du District Dix. Et moi, je ne pourrais rien faire d’autre que de prier. Autrement dit, je lui suis totalement inutile dans cette situation. Doucement, on se détache l’une de l’autre et elle porte les mains à son cou, pour détacher une longue chaine en or qui y brille depuis… Eh bien depuis toujours, il me semble. Toujours sans un mot, elle prend mon poignet et glisse dans ma main ouverte la longue chaine d’or, avant de relever les yeux vers moi et de me regarder quelques secondes. Enfin, elle rapproche son visage du mien et effleure mes lèvres avec les siennes, en fermant les yeux.

« Je t’aime. » Me souffle-t-elle, encore contre mes lèvres.

Et puis elle s’éloigne de moi pile au bon moment. Pile quand un Pacificateur ouvre la porte pour annoncer que l’entretient est fini. J’essaie de m’agripper de nouveau à Elishka, mais le Pacificateur me soulève sans effort et m’entraine dehors, pas perturbé le moins du monde par mes membres qui se débattent contre lui. Je jette un dernier regard à Elishka par-dessus son épaule et mes yeux croisent les siens une dernière fois.

« JE T’AIME ! JE T’AIME ET FAIS DE TON MIEUX ! » Je hurle, juste avant que la porte ne se referme.

Devant la télé, entourée de mes deux parents, je regarde Elishka évoluer dans l’arène. Jusqu’ici, elle s’en sort plutôt bien, pour une petite fille. Mais nous sommes juste le troisième jour… Le dernier jour. Pour elle. Et pour mon cœur. Soudain, elle se retrouve face au Tribut du District Un, un grand garçon ultra musclé et entrainé. Il l’a poursuit plusieurs minutes avant de l’assassiner de sang-froid. D’assassiner de sang-froid une gamine affamée de douze ans… J’ai pleuré des nuits entières dans les bras de mes parents et je crois bien que mon cœur est mort avec elle, ce soir-là. Depuis, je ne me suis plus attaché à personne. Je ne me suis plus fait d’ami. Je ne parlais plus aux autres, je restais seule. Je ne voulais jamais plus souffrir comme j’avais souffert à sa mort. Je porte toujours la longue chaîne en or qu’elle m’a donné le jour de son départ. Le pendentif est en forme de cœur. C’est mon bien le plus précieux.
J’ai ensuite voulu devenir institutrice pour pouvoir tenter d’inculquer aux enfants l’idée que le Gouvernement du Capitole est injuste. Que les Jeux sont injustes. Je ne sais pas trop comment, mais je sais que je vais trouver. Et puis, je me suis retrouvée chef des Rebelles de mon District. Mon action ne fait que commencer. Elishka est peut-être morte pour rien, mais si je dois mourir à mon tour, cela sera en défendant la Liberté. Mais je dois protéger mes parents, aussi…