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 GEMMARD ✖ i hurt myself today, to see if i still feel

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GEMMARD ✖ i hurt myself today, to see if i still feel Vide
MessageSujet: GEMMARD ✖ i hurt myself today, to see if i still feel   GEMMARD ✖ i hurt myself today, to see if i still feel Icon_minitimeDim 23 Sep - 15:49



everyone i know goes away in the end
Tu étais revenu du sept enfin. Debout devant l’écran aux côtés de Pepper-Swann, tes mains étaient crispées dans ton dos, tremblant sans possible contrôle. Pas maintenant. Pas maintenant qu’il restait un tel espoir. Pas alors qu’elle pouvait le faire. Elle devait gagner, elle ne pouvait pas vous laisser sur sa mort alors qu’elle y était presque. Tes yeux rivés sur l’écran ne clignaient pas, tu étais comme hypnotisé par ce qui s’y passait. Quel film affreux qu’un comme celui-là qui engage réellement la vie des gens. Campé sur tes deux pieds, raide et solide comme un roc, tu retenais ton souffle alors que Gemma se battait. Et le canon retentit. Tu expiras tout l’air que contenait tes poumons et te laissas tomber dans un fauteuil comme un pantin, incapable de bouger. Une larme brilla dans ton oeil. Gemma Katherine Mubstin. Vainqueur des soixante-seizièmes Jeux de la Faim. Elle vous avait rejoints, elle l’avait fait. Vous étiez quatre à présent. Toi et tes élèves si je puis dire même si Ludmilla avait été prise en charge par Pepper. Quelque chose te disait pourtant que Gemma ne serait pas comme vous. Elle aimait le Capitole. Et tu avais peur que même après l’arène ce soit encore le cas. Et pourtant, qu’elle soit des leurs t’importait peu. En un sens elle était des vôtres quand même. Gagnante du district six. Vivante et pas en train de pourrir comme vingt-trois autres personnes. C’était comme si ton coeur sortait de l’apnée à la vue de cette tribut sauvée. Ce n’était pas grâce à toi mais tu t’en foutais.

Pourtant cette victoire laissait une espèce de goût amer dans ta bouche. Comme si elle n’était pas complète. Comme si il manquait quelqu’un. Katell. Quand un seul peut en réchapper, certains se réjouissent d’une victoire. Bien plus se désespèrent de morts. Tu devrais être heureux tu sais. Voir son district gagner c’est tout ce qu’un mentor devrait vouloir. Tu ne devrais pas pleurer pour celle d’un autre district. Je sais. Je sais qu’elle était ta fille au même titre que Théti. Et ce principalement parce que tu le lui avais dit. Je croyais pourtant que tu savais ce que c’était de vivre. C’est facile de s’attacher aux gens mais beaucoup moins de les laisser partir. Sotte que je suis. Je pensais que tu l’avais suffisamment appris pour ne pas refaire d’erreurs. Dis-moi Richard, est-ce que tu te sens mieux ? De te dire que pendant un moment tu as pu montrer à quelqu’un que tu pouvais être une espèce de père bien plus respectable que tu ne l’avais été pour Théti ? Non hein. De toute façon tu t’étais beaucoup trop attaché à elle. Je suis sûre qu’elle n’avait pas pour toi un dixième de l’affection que tu lui montrais. De toute façon qui pourrait t’apprécier ? Le monstre, le zombie, le dévoreur d’enfants. T’as toujours été une espèce d’autiste incapable de te faire aimer. Ta soeur avait raison, t’aurais dû l’écouter ça aurait été mieux pour tout le monde. Les meilleurs partent toujours en premier, inutile de se demander pourquoi t’es encore là. Je te dis que tu devrais être heureux de la victoire de ta tribut. Mais toi et ton coeur vous en avez décidé autrement. Au fond ça ne m’étonne pas que tu te sentes si mal la plupart du temps. Tu es un abruti, tu n’apprendras jamais.

~

Le district dix. Tu n’étais pas censé avoir le droit de t’y rendre mais tout le monde était concentré sur la victoire de Gemma. Tu revoyais encore son visage souriant quand le Président Snow avait posé la couronne du survivant sur ses cheveux bruns. Elle rayonnait. Gagnante. Pourquoi aurait-elle été triste ? Elle avait si peur de ne pas en sortir mais au final elle a réussi à rester en vie. Danseuse peut-être mais ça ne lui avait pas servi à grand chose. Sa connaissance en herbes non plus d’ailleurs mais elle l’avait fait quand même. Tu ne savais pas vraiment comment mais au fond c’était le résultat qui importait. Le train roulait vers le lieu où vivait Katell, là où tu trouverais très probablement une famille en deuil qui refuserait de te voir avec plus de raisons encore que le jour où tu étais venu la première fois. Cependant tu y allais sans t’en soucier. Ce n’était pas eux que tu voulais voir, même si tu aurais voulu leur présenter tes condoléances. Le train dans lequel tu voyageais était un train de marchandise, fait pour transporter le bétail ou n’importe quel autre matériau à amener au Capitole. Bien moins confortable que les trains utilisés pour les Jeux, leur mouvement se faisait plus sentir et, assis contre le mur dans un coin, tu regardais d’un oeil morne le panneau ‘‘interdiction de fumer’’. Il faut dire que tu étais dans le compartiment à bétail et que la paille rassemblée en bottes à tes côtés le justifiait. Mais ça t’énervait. Alors tu faisais tourner ton briquet en métal entre tes doigts, attendant que le voyage passe sans même savoir quand tu arriverais. Et il était long ce voyage, très long, plus d’une journée. Trente-et-une heures si je me souviens bien. Mais tu ne les comptais pas car après tout, quand on essaye de suivre le temps, c’est là qu’il nous échappe ou au contraire qu’il prend un malin plaisir à rester en arrière. Tu n’aurais su dire si chaque minute te semblait une heure ou si une heure te semblait une minute. Les aiguilles absentes n’avaient aucune emprise sur toi, tu n’étais plus en leur pouvoir. Tu aurais plus d’intérêt dans ta première dent de lait qu’en elles. Il n’y avait plus que le roulis régulier de la machine métallique.

Il te fallut quelques temps pour réaliser que vous étiez arrivés, pour comprendre que le train ne bougeait plus. C’était comme se réveiller d’un long rêve. Lorsque tu ouvris la porte du compartiment, la lumière t’aveugla et tu tentas tant bien que mal de protéger tes yeux à l’aide d’un bras. Descendant du moyen de transport, il te fallut un temps supplémentaire pour te souvenir du chemin menant à la propriété des Zacharias. Il n’était pas très long mais suffisamment pour que tu t’allumes une cigarette, presque heureux de pouvoir enfin absorber de la nicotine après tout ce temps. Tu espérais n’avoir à parler à aucun d’entre eux, tu n’en avais pas la force. Tout ce que tu voulais c’était récupérer Je Ne Sais Pas. Oui, le cheval au nom étrange que tu avais offert à Katell en réparation du mal causé par ton propre fils adoptif. Pourquoi le voulais-tu alors même que tu n’étais jamais monté à cheval ? « C’est tout ce qu’il me reste d’elle. » C’était ce que tu avais griffonné sur une note posée au-dessus d’un tas de billets laissé dans l’écurie. Ils n’étaient pas là heureusement et tu avais passé un licol - accroché à côté du box - autour de la tête de l’étalon pour l’emmener. Tu n’avais croisé personne pour t’arrêter dans ton... Vol car en un sens c’en était un. Amadouant l’animal en parlant discontinuellement, tu l’avais guidé jusqu’à la gare, dévisagé plus encore que d’habitude par les habitants. Pourtant tu ne leur avais prêté aucune attention. Ils ne t’intéressaient pas à vrai dire, ils pouvaient bien penser ce qu’ils voulaient, chuchoter ce qui leur plaisait, ils étaient même moins intéressants que le temps. Tu avais fait monter le pommelé dans le train en direction du six et t’étais assis à côté de lui dans le wagon. Il ne devait même pas savoir ce qu’il foutait là mais il avait au moins l’air de te reconnaître. Après tout c’était toi qui l’avait amené ici. Le train roulait, le cheval paissait, tu dormais presque.



everyone i know goes away in the end
Home Sweet Home. Tenant Je Ne Sais Pas en longe, tu le conduis à travers les rues les moins fréquentées du district six pour ne pas trop te faire repérer avant d’arriver au Village des Vainqueurs. Une maison de plus doit être occupée maintenant. Un faible sourire naît sur tes roses à cette pensée mais la réalité de la mort de Katell te retombe immédiatement dessus comme une droite en pleine face. Tu perds ton sourire. Courbant le dos comme si on avait placé sur es épaules un joug plus lourd qu’un homme, tu marches en silence. Les sabots du pommelé claquent sur les pavés alors qu’il regarde partout autour de lui avec curiosité. Longeant ta maison, tu pénètres dans le jardin de derrière. Plutôt grand, clôturé, jamais tondu, il devrait suffire du moins pour l’instant. Après avoir relâché l’étalon dans cette misérable pâture, tu le regardes un instant s’aventurer dans son nouveau domaine - dont il aura vite fait le tour - et rentres dans la maison par la porte de derrière, celle qui donne sur la cuisine. T’allumant une cigarette, tu la coinces entre tes lèvres et te débarrasses de ton maigre sac ainsi que de ton manteau. Alors même qu’elle est à peine entamée, tu écrases ladite cigarette dans un cendrier, fouillant dans un placard pour sortir un verre et dans le frigo pour sortir une bouteille de vodka. Te servant un verre, tu le bois d’une trempe en te demandant si Gemma apprendra un jour à tenir l’alcool. Elle devra bien si elle veut participer aux fêtes du Capitole. Ton estomac gargouille. Prenant un couteau aiguisé dans le tiroir, tu ouvres à nouveau le frigo à la recherche de quoi que ce soit à te mettre sous la dent. C’est alors seulement que tu avises le papier posé sur la table. Intrigué, tu le déplies sans vraiment d’inquiétude. Quelle mauvaise nouvelle pourrait-il t’apporter alors même que tu viens de perdre celle que tu considérais comme ta fille ? « Je suis partie, je ne reviendrai pas. Ne me cherchez pas. » Théti. Tu te laisses tomber sur la chaise. Partie. Reviendra pas. Une fille après l’autre. Tu devrais être effondré mais tu n’y arrives pas. Il n’y a plus que du vide. Tout est désespérément plat. Tu ne lui auras jamais dit à quel point tu l’aimais. Tu ne lui auras jamais dit que toutes ces années d’indifférence c’est parce que tu voulais la rendre forte, capable de survivre parmi les requins. Tu ne lui auras jamais dit à quel point elle ressemblait à sa mère. Tara. Katell. Théti. Tout le monde s’en va. Il ne reste plus que toi. Et Lux mais quelle voie il a choisi... Tu serres la note dans ta main, la réduisant à une boule froissée. Lorsque tu desserres tes doigts, elle rebondit sur la parquet avec un petit poc. Et tu ne ressens rien. Rien. Comme si ton coeur était une noix desséchée, rabougrie, enfouie au fond de ta poitrine sans utilité. Comme s’il ne battait plus. Tu en aurais presque peur. Tes yeux sont attirés par la lame du couteau posé là, nonchalamment. Le reflet de la lumière sur le métal te semble presque une invitation, la preuve d’une présence amicale. Tu le saisis, non par le manche mais bien par ladite lame. Puis tu serres. L’acier glacé mord ta peau avec joie, la brûlure remonte le long de ton bras. Tes nerfs te crient d’arrêter mais tu n’écoutes pas, tu ne laisses rien transparaître. Tu te concentres sur la douleur qui émane en ondes ravageuses de la plaie ouverte. Du sang coule de ton poing fermé, formant une flaque sur le bois clair de la table. Son odeur âcre chatouille tes narines. C’est la seule chose qui soit vraie. La douleur, le sang, la destruction. Il n’existe plus que ça. Les sentiments sont un mensonge. Cette mutilation est la seule preuve que tu as d’être encore vivant. Pourtant tu doutes encore. Une larme coule sur ta joue et tu appuies plus fort encore sur le couteau, entaillant un peu plus ta paume, rendant la plaie plus profonde. D’un coup, sans signe annonciateur, tu ouvres grand la main et l’arme blanche tombe sur la table pour rebondir jusqu’au sol dans un grand bruit. Refermant immédiatement tes doigts, tu presses l’entaille avec force, déterminé à laisser le flot de douleur continuer. Une espèce de folie a pris possession de ton esprit. C’est tout ce qu’il te faut. Appuyer. De la main droite seulement, tu sors ton paquet de cigarettes et ton briquet de ta poche. En un moment comme celui là c’est la seule chose qui puisse te calmer. L’allumant maladroitement, tu aspires presque avec reconnaissance une bouffée de tabac. La brûlure s’est un peu calmée. Des coups retentissent à la porte mais tu ne réponds pas, tu ne veux pas voir de monde. Pourtant un grincement te parvient, signe que Théti n’avait certainement pas fermé à clé en partant. Tu refuses de te retourner vers l’arrivant quand il pénètre dans la pièce. Qui que ce soit, faites qu’il parte. S’il vous plaît. Tu ne veux pas parler. Tu ne veux rien d’autre qu’avoir mal. Tu veux rester vivant.


Dernière édition par Richard A. Huntsman le Sam 29 Sep - 13:27, édité 1 fois
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Gemma K. Mubstin
DISTRICT 6
Gemma K. Mubstin
△ correspondances : 4141
△ points : 0
△ multicomptes : Ø
△ à Panem depuis le : 16/04/2012
△ humeur : Floue.
△ âge du personnage : Vingt-et-un
△ occupation : Danseuse.


can you save me?
statut: as free as the wind
relationships:


GEMMARD ✖ i hurt myself today, to see if i still feel Vide
MessageSujet: Re: GEMMARD ✖ i hurt myself today, to see if i still feel   GEMMARD ✖ i hurt myself today, to see if i still feel Icon_minitimeJeu 27 Sep - 21:23





A ses pieds se trouvait un corps, un garçon, un cadavre. Le temps semblait être suspendu. Un coup de canon avait retentit puis plus rien. Plus de secousses. Plus d'avalanches. Plus de raz-de-marrée. Plus rien. Même le vent s'était tut. Loin, très loin de cette Arène où la température remontait doucement, quelqu'un avait appuyé sur un bouton. Les pièges étaient désactivés ; les animaux et mutations, recapturés. Un silence presque tranquille embrassait les lieux. Était-il possible qu'un endroit aussi paisible fut le théâtre de tant de morts ? La neige tâchée de rouge tout autour d'elle était là pour le lui rappeler.

Une seconde, deux secondes.

« Mesdames et messieurs, j'ai le privilège de vous présenter le vainqueur des soixante-seizièmes Hunger Games : la tribut du district six, Gemma Mubstin ! »



*



Un tourbillon. Voilà ce qui l'attendait à son retour au Capitole. Un tourbillon de couleurs, de visages, de formes, de sourires, de cris, de foule. Des dizaines et des dizaines de personnes qui n'avaient d'yeux que pour elle. Des fêtes somptueuses, de la nourriture à profusion, des boissons pour tous les goûts...  Et sans se poser de questions, elle se laissa porter. Oubliés les Jeux, oubliés le sang et les meurtres. Elle n'était plus qu'une figure, une idole. Connue et aimée par tous. Elle avait combattu. Elle avait vaincu. Gemma Mubstin avait remporté les Jeux. Quelle surprenante conclusion à cette aventure. Si on le lui avait affirmé deux mois plus tôt, elle aurait surement éclaté de rire, ou du moins haussé très haut les sourcils. Ou bien fuit... Comme il lui semblait loin le temps où elle tremblait à la simple pensée d'être tirée au sort ! Qu'elle était stupide alors !
Ces pensées occupèrent son esprit durant tout son séjour au centre du monde. Il était si aisé de mettre de côté ses soucis, angoisses, souvenirs et cauchemars lorsque tout n'était que merveille autour d'elle. Chaque soir, elle avalait entre deux et cinq pastilles de couleur vive pour l'aider à s'endormir. Selon son équipe de préparation, il n'en existait pas de plus efficaces. Gemma leur faisait confiance. Et en effet, il ne lui fallait guère plus d'une dizaine de secondes pour plonger dans un sommeil profond. Que demander de plus ? Ses rêves les plus fous s'exauçaient devant elle. Ici, elle était quelqu'un d'important. Quelqu'un qu'on admirait, qu'on pomponnait. Elle n'avait à s'inquiéter de rien. Dès qu'elle posait une question, on la rassurait sur le champ : les bruits qui couraient sur la révolte n'étaient que pures inventions. Le Capitole contrôlait la situation. Les rebelles n'étaient rien. Elle croyait en son pays, en son gouvernement et son armée. Ce qu'elle ne manquait pas de répéter à chacun de ses passages devant une caméra. Les habitants de Panem n'avaient rien à craindre. Le Président Snow était maître de tout. Bientôt, la rébellion ne serait plus qu'un mauvais souvenir.

Mais Gemma ne pouvait s'offrir pleinement à cette vie d'insouciance. Rester au Capitole lui était interdit, et elle n'y pouvait rien. Elle devrait rentrer. Rentrer au district six et revoir sa famille. Cette perspective, aussi agréable soit-elle, ne suffisait pas à éclipser le lot d'horreurs qui l'attendraient une fois revenue. Elle allait quitter la richesse, la puissance, le bonheur, pour une terre pauvre et hostile. C'était ainsi qu'elle voyait son district. Des gens sans âme, sans intérêt, sans rien. Pas un seul ne s'était porté volontaire pour elle, pas un seul n'avait montré le moindre signe de tristesse à son tirage au sort. Ils désiraient tous sa mort. Elle le savait, elle l'avait senti dans leurs cœurs. Malheureusement pour eux, elle avait survécu. Ces Jeux ne l'avaient pas tuée comme ils l'espéraient. Non, ils l'avaient couronnée. Elle était vivante, adulée, riche, bien plus qu'aucun d'entre eux ne le seraient jamais. Cette pensée la réconfortait. Puis elle se souvenait que sa victoire leur profiterait également, qu'ils seraient récompensés. Elle en avait parlé autour d'elle, avait cherché un moyen de renvoyer ces cadeaux. Cela lui avait été refusé. Quoiqu'elle puisse dire ou faire, le district six recevrait son lot de nourriture et d'argent. Quel gâchis.

Le jour du départ arriva et, les larmes aux yeux, elle promit au Capitole de revenir bientôt. Le train démarra rapidement et Gemma se réfugia dans sa chambre où l'attendaient ses pastilles chéries. Les contacts avec son équipe la rendaient nerveuse. Après les avoir évités consciencieusement pendant plusieurs jours, elle ne se sentait toujours pas capable de les confronter. Dormir jusqu'au district six lui semblait être une bien meilleure façon de tuer le temps.


Une dizaine d'heures plus tard, un Muet vint la réveiller pour l'avertir de leur arrivée prochaine. Encore ensommeillée, elle eut tout juste le temps de se vêtir de la manière la plus extravagante qui soit avant de sortir sur les quais. Reah était aux anges, et complimenta avec enthousiasme son choix vestimentaire. Gemma la remercia d'un hochement de tête distrait puis se tourna vers la foule qui l'attendait à la gare. Une partie de ces gens venaient du Capitole, mais la plupart n'étaient que de simples habitants du district. Elle n'en reconnaissait aucun. Que venaient faire là ces inconnus ? Les avait-on menacés pour qu'ils viennent l'applaudir, ou étaient-ils payés pour ? D'un autre côté, s'il avait fallu compter sur les rares personnes heureuses de la voir revenir, les images auraient sans doute été moins bonnes. Gemma comprenait cette décision et l'approuvait, d'une certaine manière. Il n'y avait pas de quoi se vexer. Non, vraiment. Ces gens restaient des moutons, des carcasses vides dépourvues de la moindre volonté, qui se complaisaient dans leurs vies de misère sans chercher à se rendre utile. Elle n'avait aucune envie de rester là à les dévisager, malgré la fierté qu'elle éprouvait. Aussi, dès qu'un groupe de Pacificateurs eut dressé un couloir au milieu d'eux, elle se mêla à la cohue et quitta la gare direction son nouveau foyer, au Village des Vainqueurs.




*


Du blanc. Du blanc devant elle. Du blanc sur sa droite. Du blanc partout. Du silence aussi. Du froid. Du vide. Son cœur s'emballa. Elle referma ses doigts sur les draps et prit une longue inspiration. Lentement, elle pivota dans le lit. Face à elle, une montagne de cartons. Pas de neige, pas d'ennemis, pas de dangers.
Cela faisait trois jours qu'elle était rentrée. Et pour la première fois depuis l'Arène, elle se réveillait seule. Ses parents n'avaient pu éviter le travail un jour de plus. Malgré tout l'argent que la victoire de Gemma avait apporté à leur famille, ils se refusaient à prendre leur retraite. La principale concernée n'avait pas eu son mot à dire. Quelque chose devait les retenir au laboratoire... A moins qu'une autre ne les éloigne de la maison. Gemma ne voulait pas savoir.
Elle prit son temps ce matin-là. Sans personne pour l'occuper, elle replongeait dans ses vieilles habitudes. Ne rien faire, rester à se prélasser au milieu du salon. La seule différence était qu'elle n'arrivait pas à libérer pleinement ses pensées. A chaque fois, un souvenir surgi de nulle part se chargeait de la ramener brusquement sur terre. Le bruit d'une explosion, l'image d'un sac à dos jaune perdu dans la neige, une flaque de sang... Il lui semblait que la pièce s'était soudain rafraichie et elle se rua dans sa chambre pour enfiler un pull. La sensation de froid ne la quittait pas. Ses mains tremblaient, sa peau était parcourue de frissons. Qu'il fasse 30°C en cette sèche journée de juillet ne changeait rien. Elle restait vissée sur une chaise, les bras refermés sur son ventre et une veste chaude sur le dos.
Un bruit au-dehors la tira de sa léthargie. On aurait dit... un cheval. Intriguée, elle se rendit dans la cuisine et observa ce qui se passait dans la rue depuis la fenêtre. Et elle n'était pas folle, il s'y trouvait bel et bien un cheval, guidé par Richard. Elle se recula vivement en le reconnaissant et détourna le regard. Leur dernière rencontre remontait à quatre jours plus tôt, au Capitole. Une éternité. Qu'avait-il bien pu faire pendant tout ce temps ? S'acheter un cheval ? ... Les sentiments de Gemma à son égard étaient confus. Il avait été dur avec elle, avant l'Arène, mais s'était finalement décidé à l'aider – un peu. Elle s'était accrochée à lui comme à une bouée, désespérée à l'idée de mourir. Mais de son côté, qu'avait-il ressenti ? S'était-il réjoui de sa victoire ? Sa décision de ne pas les suivre au district six était un signe du contraire, mais elle ne pouvait s'y résoudre. Il était son mentor après tout. Et un mentor avait pour devoir de soutenir ses tributs, avant et après l'Arène.
Sans s'en rendre compte, elle commençait à s'échauffer. Le froid, la solitude, tous ces fléaux qui l'étouffaient quelques minutes auparavant s'envolaient peu à peu alors qu'elle repensait au comportement de Richard. La curiosité et la crainte les remplaçaient. La fuite était terminée. Il était temps qu'elle se confronte à son mentor.

Elle ouvrit la porte d'entrée, la claqua brutalement derrière elle, et traversa la rue d'un pas vif. Arrivée sur le seuil de la maison Huntsman, elle eut un moment d'hésitation, mais se ressaisit et frappa. Aucune réponse. Dix secondes. Trente secondes. Agacée, elle appuya brutalement sur la poignée, s'attendant à la trouver bloquée. Au lieu de quoi, elle s'actionna, et Gemma fut tirée vers l'avant. Retrouvant son équilibre, elle fit quelques pas à l'intérieur de la maison et laissa la porte d'entrée se refermer toute seule. « Euh... Bonjour ? » prononça-t-elle d'une voix aiguë, soudain mal à l'aise. Elle continua d'avancer, à la recherche de Richard. Une étrange odeur flottait dans l'air, désagréable mais familière. Un mélange de tabac et de... Gemma se stoppa net. Du sang. Elle reconnaissait l'odeur du sang.
Une tâche rouge attira son regard à la périphérie de son champ de vision, et, comme hypnotisée, elle s'en approcha. Ses mouvements étaient saccadés, son visage, pâle à en mourir. Engourdi par l'angoisse, son cerveau ne semblait pas vouloir fonctionner correctement. La vision de Richard pressant sa main ensanglantée au-dessus de cette mare rougeâtre lui fit perdre le contrôle. Arrivée près de lui, elle remarqua l'arme qui avait du servir au massacre et donna un grand coup de pied dedans. Le couteau alla heurter le mur à l'autre bout de la pièce, éclaboussant celui-ci de quelques goûtes rouges. Puis elle leva les yeux vers Richard et, d'un air affolé, lui hurla au visage : « QU'EST-CE QUI SE PASSE ?! ». Elle haletait désormais, incapable de comprendre ce qui s'était déroulé ici. Horrifiée, elle ne cessait de jeter des regards à travers toute la pièce, à la recherche d'un danger, d'un piège, d'une mutation... N'importe quoi qui puisse justifier l'arme et le sang. Ne trouvant rien, elle se reconcentra sur Richard, le visage envahi de larmes. Non, elle ne comprenait pas. Les Jeux étaient terminés, alors... alors pourquoi ?


Dernière édition par Gemma K. Mubstin le Dim 7 Fév - 1:11, édité 3 fois
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MessageSujet: Re: GEMMARD ✖ i hurt myself today, to see if i still feel   GEMMARD ✖ i hurt myself today, to see if i still feel Icon_minitimeSam 29 Sep - 17:51



dance with the devil
De l’intérieur on entend le cheval renâcler. Il a probablement déjà fait le tour du jardin trois fois mais tu n’as guère mieux à lui proposer. T’aurais dû le laisser dans le dix avec cette famille qui elle sait comment on s’occupe d’un équidé, qui sait monter, qui l’aurait choyé comme il le faut. Toi ? Inutile. Non mais à quoi tu pensais ? Tu ne penses à rien. Rien d’autre que la douleur et le sang, c’est tellement plus facile de se concentrer sur ces choses que sur les véritables problèmes n’est-ce pas Richard ? Quand grandiras-tu ? Ne me dis pas que tu as vécu les Jeux, que tu as vu la mort, que tu sais ce que c’est la vie parce que tu n’as pas changé. Tu fais les mêmes erreurs, encore et encore. Comme si ça t’amusait au fond, comme si tu prenais plaisir à te construire pour te détruire après. La prochaine fois, entraîne des gens avec toi dans ta chute, au moins tu ne seras plus seul, tu auras ne serait-ce que quelqu’un à tes côtés pour te haïr. Mais j’oubliais que Monsieur voulait être seul. Monsieur veut jouer les martyrs n’est-ce pas ? Les asociaux, les incompris, ceux qu’on ne peut pas sauver. Et non, personne ne peut te sauver parce que personne ne le veut et que de toute façon tu es si borné que tu ne les laisserais pas s’approcherai. Oui, tu n’es qu’une espèce de monstre. Pourtant quelqu’un est là pour toi. La porte claque violemment - les gens s’acharnent toujours sur les portes qui sont innocentes et pourtant très utile - et des pas retentissent dans ton dos. Une petite voix aigüe succède à ces bruits. « Euh... Bonjour ? » Cette voix tu la reconnais sans mal, après tout elle est une des dernières que tu aies entendue. Cependant tu ne marques aucune marque d’attention, comme si elle n’avait pas existé, qu’elle n’était pas là. Ou que tu n’étais pas là. Tu joues les fantômes, autant s’adresser à une tombe. Les pas réguliers de Gemma se font entendre derrière puis c’est le silence. Rien. Elle n’était peut-être qu’une illusion au fond. Tout ça c’est dans ta tête ? Pourquoi pas ? J’y suis bien moi après tout, Rhea aussi des fois. On ne va pas interdire la venue de Gemma, dans ta tête c’est plus vraiment soirée privée même si on pas dans l’open bar d’Izaiah.

Dans la périphérie de ton champ de vision tu aperçois l’adolescente qui s’est approchée. D’abord figée, elle avise le couteau et donne un grand coup de pied dedans, l’envoyant valser contre le mur, y laissant une traînée de sang. Sortant de ta léthargie, tu sursautes un peu, surpris de la voir dans un tel état te hurler dessus. « QU'EST-CE QUI SE PASSE ?! » Elle halète, elle tremble. Apparemment elle a encore du mal avec le sang si peu de temps après sa sortie de l’arène. Il t’avait fallu un peu de temps à toi aussi pour pouvoir supporter la vue de l’hémoglobine et même manger de la viande. Tu devrais te sentir mal d’avoir fait renaître en elle de tels démons alors qu’elle vient à peine de passer les portes de l’enfer vers le monde des vivant mais tu ne te considères absolument pas coupable. Ou si mais les monstres sont toujours les coupables, devraient-ils s’en soucier pour autant ? Tu braques des yeux vides vers ton ancienne protégée qui semble au bord de la crise et prends un ton sans appel. « Il ne s’est rien passé Gemma. Tu n’as rien à faire ici. » Rien. Il ne s’est rien passé. Elle n’a rien à faire ici. Tout n’est-il donc plus rien ? Tu as l’impression que tout en effet se ramène au vide. Dire ‘‘rien’’ c’est comme dire ‘‘je vais bien’’ alors même qu’on a les bras couverts de cicatrices encore fraîches que l’on vient de s’ouvrir. Dire ‘‘rien’’ c’est comme sourire alors même que tout ce dont on a envie c’est de sauter par la fenêtre en emportant tout. Ou sans rien emporter. Au fond c’est la même chose n’est-ce pas ? Ces larmes sur les joues de la jeune fille brune ne sont rien. Cette main mutilée ce n’est rien. Ta cigarette à moitié consumée reste dans ta main, une espèce de tour de cendre près de la déchéance. Puis elle s’écroule, comme si le fil qui la retenait s’était brisé. Tu détournes la tête et aspires encore une bouffée de nicotine qui vient remplir tes poumons avant de ressortir par ton nez. Il n’y a plus que la fumée. Ce monde en est constitué, de vagues formes mouvantes qui éveillent notre intérêt et dans lesquelles on croit deviner un quelconque ami avant qu’elles s’évanouissent dans l’air désespérément glacé de la réalité. Et qu’il n’en reste rien. Oui, on revient toujours au néant. Avant la vie, le néant. Pendant la vie, de la fumée. Et après la vie, le néant. Cette soi-disant vie après la mort n’est que foutaises et au mieux, ne serait qu’un écran de fumée de plus. Partie. Rien. Toujours. Tout. Fumée. Sang. Mal. Vide. Néant. Les mots s’entrechoquent dans ta tête en une espèce de farandole chaotique et par-dessus tout insupportable. Putain mais fermez-la ! Pour compenser le désordre qui t’assaille tu enfonces tes ongles avec violence dans ta plaie, dans ce vain espoir de faire fuir toutes ces voix. Gemma n’est toujours pas partie. Tu écrases ta cigarette dans les cendrier et lèves tes yeux noirs vers sa face barbouillée de pleurs. « Il n’y a plus rien tu comprends ? Toute notre vie n’est que fumée et sang. » Tu souffles vers elle le tabac que tu gardais en bouche. Tu sais ce qu’il y a de mieux à propos du chaos ? Il est juste.
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Gemma K. Mubstin
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Gemma K. Mubstin
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MessageSujet: Re: GEMMARD ✖ i hurt myself today, to see if i still feel   GEMMARD ✖ i hurt myself today, to see if i still feel Icon_minitimeSam 20 Oct - 21:50





Elle ne comprenait pas. Absolument pas.

Depuis son retour des Jeux, une barrière s'était érigée dans son esprit, séparant deux pans de sa vie bien distincts : l'avant et l'après. L'avant était un gouffre rempli de ténèbres, de rêves, d'inaction, de sommeil, de jeunesse... Un temps flou, suspendu. Presque faux. Et si lointain. Un chaos de souvenirs fades, de faiblesse insouciante. Une vie à la fois horrible et tranquille, baignée d'une banalité pâle. Il y avait elle, sa famille, ses quelques amis et ses rêves contre le monde extérieur, contre ces imbéciles qui se moquaient d'elle, contre la misère du monde. Mais tout cela lui semblait dépassé désormais. Un seul mois passé au Capitole et toute son existence se trouvait bouleversée. Elle avait eu raison finalement, ce lieu était réellement magique. Maintenant qu'elle avait parcouru ses rues, vécu au côté de ses habitants, elle se sentait métamorphosée. Les Jeux avaient également participé à ce changement qu'elle sentait vibrer en elle, mais c'était un tout : la Moisson, la capitale, les Hunger Games... Un lot d'épreuves qu'il lui avait fallu traverser pour libérer son potentiel, pour se révéler. Un test, qu'elle avait réussi. Comme soixante-quinze personnes avant elle. Soixante-quinze qui s'était vus couronner, et avait accédé au prestigieux rang de vainqueur, clef d'une vie éblouissante.

Alors, la question qui tambourinait à l'intérieur de sa tête était : comment ? Qu'est-ce qui avait mal tourné pour qu'un homme... pour que Richard en arrive jusque là ? Il avait tout : liberté, richesse, influence... Non elle ne comprenait pas. Le fait qu'on puisse aspirer à autre chose, demander plus que cela, était inimaginable. Combien de gens rêveraient de vivre dans de telles conditions ? Les vainqueurs faisaient partie de l'élite de Panem, ils étaient l'incarnation de la puissance, de l'élévation. Des modèles. Forts, vifs, inébranlables.
Elle ne discernait aucune de ces qualités chez la personne en face d'elle. Il n'y avait là rien de ce qu'elle s'attendait à trouver chez un gagnant des Jeux de la Faim. Elle connaissait Richard depuis un certain temps maintenant, mais il avait fallu qu'elle ressorte en vie de l'Arène pour le voir tel qu'il était réellement : un homme brisé, un monstre, une épave.
Et cela ne lui plaisait pas.

Les mains crispées autour de son ventre, elle attendait. Une réponse. Une explication. Une réaction. Même un geste infime, un doigt qui se lève pour la prévenir d'une créature derrière elle, cette même créature qui lui aurait déchiré la main. Mais il n'y avait rien. Ce que Richard lui affirma. « Il ne s’est rien passé Gemma. Tu n’as rien à faire ici. » Elle aurait voulu crier, frapper, tant le calme avec lequel il prononça ses mots lui fit mal. Rien ? Rien, bien sûr, il ne s'était rien passé... Et le sang par terre n'était qu'une tâche de peinture. La croyait-il aussi naïve ? Aussi stupide pour gober un mensonge pareil ?
Elle avait gagné. Elle avait remporté ces Jeux, elle avait tué, tué, tué encore. Et pourtant, il la considérait encore comme une pauvre idiote arrogante. Que devait-elle faire dans ce cas, tuer davantage ? Devenir plus forte ? Retourner dans l'Arène et s'assurer cette fois d'éliminer tous ses adversaires elle-même ?
La colère la gagnait peu à peu. Une colère folle, dictée par l'incompréhension et le doute. Elle étouffait. La fumée du tabac lui brûlait les yeux et la gorge. Brusquement, Richard écrasa sa cigarette dans son cendrier et la regarda enfin dans les yeux. « Il n’y a plus rien tu comprends ? Toute notre vie n’est que fumée et sang. » Non. Non, elle ne comprenait pas. Pas du tout même. Elle s'apprêtait à le lui faire remarquer lorsqu'il lui cracha un nuage de fumée sous le nez. Surprise, elle recula, mais pas avant d'en avoir aspiré une grande partie. « Que... » Elle fut stoppée dans son élan par une forte quinte de toux. La brûlure de sa gorge s'étendait désormais à ses poumons. Il lui fallut plusieurs secondes pour se calmer et retrouver son souffle. « ARRETEZ ! » Son cri la surprit. Elle ne savait pas pourquoi elle avait dit ça. Enfin, si, elle savait, mais c'était d'ordinaire le genre de réaction qu'elle retenait. Il fallait croire qu'elle avait atteint sa limite. Elle voulait juste que tout s'arrête. Que ses souvenirs la laissent tranquille. Que la fatigue des Jeux cesse de l'écraser. Que Richard se lève, se secoue, s'explique. Qu'il lui dise la vérité, qu'il parle normalement. Et qu'il cesse de lui souffler sa fumée sale à la figure. « Arrêtez... juste, arrêtez. » répéta-t-elle d'une voix plus lasse. « La vie... la vie on s'en fiche. » Elle n'avait pas non plus pour habitude de parler aussi franchement, aussi familièrement. Mais au lieu de se taire et de regarder ses pieds, elle se rapprocha de Richard et se planta de nouveau devant lui. Lui assis, elle debout. Elle forte, lui affaibli. Cette pensée la raviva, et elle poursuivit. « C'est la vie et voilà. Alors secouez-vous et... expliquez-vous. » Elle croisa les bras sur sa poitrine, tentant de camoufler ses tremblements, et afficha une moue déterminée. Ou du moins, qu'elle voulait déterminée. En réalité, elle ne savait absolument pas quoi faire. Aller chercher de l'aide ? Essayer de soigner la coupure ? Rester simplement là et converser ?


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MessageSujet: Re: GEMMARD ✖ i hurt myself today, to see if i still feel   GEMMARD ✖ i hurt myself today, to see if i still feel Icon_minitimeLun 22 Oct - 21:05

Elle est si... Indescriptible. Non, c'est vrai, je ne trouve pas d'adjectifs pour la qualifier. Je ne pourrais pas décemment l'appeler naïve après son passage dans l'arène n'est-ce pas ? Pourtant il semble qu'elle envisage la suite de sa vie comme un bonheur infini. Elle croit en la pub du Capitole. Elle croit que la vie de vainqueur est la meilleure vie que l'on puisse imaginer. Elle a tort, Dieu qu'elle a tort... Sans conteste, la meilleure vie est celle du Capitole car elle n'est qu'insouciance et ignorance. Or, heureux les simples d'esprits, le royaume des cieux leur est ouvert. Elle est encore une enfant au fond. Elle ne réalise pas encore la portée de toutes les choses qu'elle a vues. Pour elle ce ne sont que quelques cauchemars, des souvenirs vivaces qu'elle pense voir s'estomper. Mais rien ne disparaît jamais, elle s'en rendra bien compte au fil des années. Gemma, la poupée dévouée du Capitole. Elle n'a pas vraiment une âme de rebelle n'est-ce pas ? Tu la regardes d'un œil morne, éteint. Elle verra. Plus tard elle comprendra ce qui a fait de toi cette chose. Mais qui sait ? Peut-être aura-t'elle la chance d'y échapper et de réduire ses cauchemars à de simples souvenirs passagers ? Si elle fonde une famille par exemple. Une famille qui tient la route, une famille non pas en carton comme la tienne mais en or ? Elle pourrait en réchapper. Son sort cependant ne t'intéresse guère. Tu n'as pas gardé la tête en-dehors de l'eau, qu'importe si elle y arrive, ce n'est pas ta guerre. Ce n'est plus ta guerre. Tu t'es occupé d'elle et pourquoi ? Tu as donné, année après année sans jamais être remboursé. C'est fini. Tu joueras les avares à présent. Les Harpagon, les Gobseck. Les joies de la Comédie Humaine te laissent blasé, de marbre. Elle apprendra finalement, elle ne s'inquiétera plus du malheur des autres, du sang. 

Et pourtant elle veut savoir, c'est comme une espèce d'obsession. À quoi cette information lui servira-t'elle ? Satisfaire sa curiosité n'est pas une priorité. C'est pour cela que tu te contentes d'affirmer platement qu'il ne s'est rien passé. Elle devrait partir, elle va prendre un mauvais exemple à force de te regarder ainsi. Un mouton blanc ne devrait pas suivre un mouton noir. Parce qu'elle est encore blanche, non ? Hein dis, Richard, elle n'est pas définitivement perdue la petite ? Je ne l'espère pas. Tu sors encore une phrase marquant un manque indéniable d'optimisme, puis joues les chenilles bleues et lui souffles de la fumée dans la figure, lui arrachant une exclamation de dégoût. La cigarette n'est apparemment pas à son goût. Oui c'est encore une enfant au fond si je puis dire. Elle crie. « ARRETEZ ! » Arrêter ? Pourquoi donc ? Se sentirait-elle concernée par le tabagisme passif ? Bon d'accord ce n'est probablement pas la motivation de son interjection mais c'est très important. Le tabagisme passif c'est un véritable problème dont on ne parle pas assez dans les districts. Je ne te sortirai pas de statistiques puisque je n'en connais pas. Et puis de toute façon ce n'est pas le sujet. Je t'en prie Gemma, continue, je m'en voudrais justement de t'arrêter. « Arrêtez... juste, arrêtez. » Mais elle n'a que ce mot à la bouche la gamine ? Arrêtez, arrêtez... Elle se prend pour un feu de signalisation ? Parce qu'elle ne ressemble pas à un STOP si elle croit que c'est sa vocation. Avec une espèce d'air de défi, tu plonges tes yeux dans les siens et plonge délibérément tes ongles dans ta plaie, faisant se propager une onde de douleur dans ton corps. La coupure irradie de chaleur, il faudra veiller à éviter l'infection qui pourrait conduire à une gangrène qui pourrait elle-même conduire à une amputation. T'es déjà pas beau, si en plus t'es manchot... 

« La vie... la vie on s'en fiche. » Voilà une théorie intéressante dites-moi. Elle préconise donc de vivre tout en reniant la vie ? Ou ai-je mal compris ? Peut-être ai-je mal compris effectivement. La vie on s'en fout. Alors autant se jeter sous un train, on commettra l'ultime acte de désintérêt. Sérieusement, la vie on s'en fiche ? « Je ne sais pas si je vais t'apprendre quelque chose mais la vie c'est ce qui nous maintient en vie. » Nan t'es sérieux là ? La vie nous maintient en vie ? « Si tu te fiches tant de la vie, alors pourquoi tu ne t'es pas laissée mourir pour que quelqu'un qui s'en fiche moins puisse s'en sortir ? » Logique imparable n'est-ce pas ? Tu la regardes san manifester un grand intérêt pour sa personne, pour ses yeux humides de larmes, pour son teint pâle, ses mains qui s'entortillent et se crispent nerveusement. Elle n'a pas l'air d'apprécier le sang. Mais pourtant, le sang c'est la vie, elle devrait donc s'en foutre.  « C'est la vie et voilà. Alors secouez-vous et... expliquez-vous. » Oui c'est la vie. C'est ce qu'on dit souvent mais ça ne fait pas moins mal. La vie c'est comme une plaie suppurante qui fait des rechutes. On la croit enfin cicatrisée et du jour au lendemain elle suinte à nouveau et vous cause une douleur digne de l'enfer. On dit qu'on ne dort jamais en enfer. Dans la vie non plus on ne dort pas. Dois-je en déduire que tu es déjà en enfer ? Au lieu de répondre directement à sa question, tu penses à autre chose. Tu n'as cure des débats qu'elle soulève. « Tu as changé depuis la première fois que je t'ai vue. Mais tu n'as toujours pas grandi. » Oui, elle vit toujours dans son monde d'enfant où la fin ne peut qu'être heureuse puisqu'on a gagné. Toi tu es dans un autre royaume que tu gouvernes. Mais tu le lui laisses volontiers cet empire de crasse qu'est le tien. Si c'était possible seulement. Malheureusement chacun doit charrier sa propre boue. Tu te grattes le bras, contemplant tes tatouages comme s'il s'agissait d'une peau qui n'est pas la tienne. Tu es un étranger en ton propre corps, quand bien même il reflète ton esprit pourri de l'intérieur. « Que je te raconte ? Que je te raconte quoi ? Que je te parle du jour où tout a commencé à déconner ? Il n'y en a pas eu. La décadence est toujours insidieuse, quelque fracassante qu'elle peut sembler. » Même lorsqu'on perd tout du jour au lendemain. Tout ça se prépare à l'avance bien qu'on ne s'en rende que rarement compte. Le diable doit œuvrer avant de nous faire trébucher, il prépare sa danse avec une assiduité presque mécanique, de sorte à ce que l'on ne puisse lui échapper une fois le moment venu. Tu jettes un œil au-dehors vers l'équidé qui broute sans conviction, ton regard glisse au-dessus de la pendule et, dans ton indifférence, tu daignes donner les grandes lignes à Gemma. « J'avais une femme, j'avais une fille. Ma femme est partie, j'ai adopté un fils. J'ai vécu pendant des années avant de rencontrer Katell en tentant de réparer une erreur dudit fils. Elle semblait étrangement, lumineuse, comme l'était ma fille au départ. Puis elle est morte. Et maintenant que je reviens, ma fille est partie également. Mon fils a mal tourné. Il ne reste plus que ce putain d'écran de fumée et cette odeur de sang qui ne veut pas quitter mes narines. » Rien, il ne reste rien que des illusions et la mort. On t'a tout enlevé. Tu t'es tout retiré toi-même, naïf que tu l'étais. Va, tu pourras peut-être observer Gemma faire les mêmes erreurs, qui sait ? « Tu es heureuse maintenant ? Ça va changer ta vie ? » Non. Ça ne changera rien, évidemment.


Dernière édition par Richard A. Huntsman le Jeu 27 Déc - 11:52, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: GEMMARD ✖ i hurt myself today, to see if i still feel   GEMMARD ✖ i hurt myself today, to see if i still feel Icon_minitimeVen 2 Nov - 22:47




Les phrases claquent, ricochent, frappent toujours plus fort. Leur sens lui échappe parfois mais cela ne l'empêche pas de se sentir blessée par chaque mot que Richard prononce. « Je ne sais pas si je vais t'apprendre quelque chose mais la vie c'est ce qui nous maintient en vie. Si tu te fiches tant de la vie, alors pourquoi tu ne t'es pas laissée mourir pour que quelqu'un qui s'en fiche moins puisse s'en sortir ? » Elle le fixe, le regard fou. Il le fait exprès, c'est ça ? « Non ! NON ! Ce n'est pas ce que je voulais dire... » Elle voudrait lancer une remarque sarcastique, une pique bien placée. Elle voudrait le remettre à sa place, lui faire comprendre sa méprise, la lui faire regretter. Mais c'est hors de sa portée. « Je ne suis pas idiote. » précise-t-elle d'un ton abrupt. « Ce que je veux dire c'est que ça ne sert à rien de réfléchir au pourquoi du comment de la vie, son sens ou que sais-je. » Devoir se justifier, revenir sur ses mots, expliquer quelque chose d'aussi évident... C'est fatigant. Pourquoi faut-il toujours qu'on lui complique la vie ? Est-ce si amusant de la voir s'embrouiller ? Elle ne doute pas que Richard ait compris ce qu'elle voulait dire, alors à quoi tout cela rime ? Elle veut passer à autre chose, arrêter de s'enfoncer. « C'est la vie et voilà. Alors secouez-vous et... expliquez-vous. » Un temps passe. Sa patience s'effrite. « Tu as changé depuis la première fois que je t'ai vue. Mais tu n'as toujours pas grandi. » Elle penche la tête sur le côté et ses paupières s'affaissent. Encore une grande déclaration, le genre de phrase pleine de révélations, d'implications ; susceptible de bouleverser à jamais votre image de vous-même... Des mots vides, balancés comme ça dans le but de surprendre. Elle en a marre. Marre de ne pas obtenir de réponse claire. Si son mentor tient tant à refaire le monde d'un coup de langue, alors qu'il aille jusqu'au bout, au lieu de s'arrêter là.
Oui, elle a changé. Le Capitole l'a changée, les Jeux l'ont changée. Il l'a remarqué, c'est bien. A-t-elle grandi ? Bien sûr que oui. Peut-être pas dans le sens où lui l'entend mais elle a grandi, elle a vieilli. Quant à savoir si elle a muri ou non... C'est une grande question qui mériterait une grande réponse, seulement, ce n'est ni le lieu ni le moment. Que Richard se permette un tel constat dans son état alors qu'elle vient de débouler chez lui lui semble un brin prétentieux. Qui est-il pour la juger ainsi ? Son statut de mentor lui permit-il de voir à l'intérieur de sa tête, de lire et comprendre le moindre de ses gestes, de contrôler sa vie ?
Ces paroles glissent sur Gemma sans l'atteindre. « Que je te raconte ? Que je te raconte quoi ? Que je te parle du jour où tout a commencé à déconner ? Il n'y en a pas eu. La décadence est toujours insidieuse, quelque fracassante qu'elle peut sembler. » Elle hoche la tête. Pour lui confirmer ce qu'elle attend, pour le pousser à continuer, pour ne pas s'emmêler à nouveau les pinceaux en tentant de répondre à ses questionnements philosophiques. Une explication. Rien de moins, rien de plus. Quelque chose auquel se raccrocher, quelque chose de concret, de réel. Et elle n'est pas déçue. « J'avais une femme, j'avais une fille. Ma femme est partie, j'ai adopté un fils. J'ai vécu pendant des années avant de rencontrer Katell en tentant de réparer une erreur dudit fils. Elle semblait étrangement, lumineuse, comme l'était ma fille au départ. Puis elle est morte. Et maintenant que je reviens, ma fille est partie également. Mon fils a mal tourné. Il ne reste plus que ce putain d'écran de fumée et cette odeur de sang qui ne veut pas quitter mes narines. » Les mots s'enchainent et elle perd rapidement le fil. Des arrivées, des départs, des morts. Une femme, une fille, un fils. Elle ne suit pas, ne retient pas. Et cela ne la gêne pas. Cette succession de drames l'embarrasse plus qu'autre chose. Elle ne sait pas comment réagir face à cela, elle ne veut pas avoir à réagir. Ce n'est pas son rôle. C'est lui le mentor, le guide, celui qui doit conseiller et aider du mieux qu'il peut. Elle aurait du y penser plus tôt, elle le sait mais... Elle s'attendait à une explication plus courte, plus simple. Un problème « simple », récent... Pas un tas de catastrophes familiales. En même temps, comment aurait-elle pu deviner ?
Ses pensées s'embrouillent. Plusieurs fois, elle ouvre la bouche, comme pour dire quelque chose, mais la referme aussitôt. Chercher, chercher, chercher. Quelque chose à dire, à faire, n'importe quoi. « Tu es heureuse maintenant ? Ça va changer ta vie ? » Automatiquement, elle baisse les yeux. Oui. Non. Elle ne sait pas. Qu'il arrête de lui parler comme ça. Qu'il arrête de lui parler comme si elle pouvait comprendre. « Je... je ne sais pas. » Pitoyable et inutile réponse, mais tant pis.
En comparant avec sa propre situation, elle se rend compte de sa chance. Des parents qui s'aiment, présents pour elle. Plus d'argent que la plupart des habitants de Panem. Son combat pour ses idées mis à part, sa vie était simple. Était ? Non, est. Sa vie est simple. Les Jeux ont juste bousculé certaines choses mais...
Gemma se fige, et fronce les sourcils. De Richard, elle sait peu de choses, ce n'est pas une nouveauté. Mais tout ce qu'elle sait ou tout ce qu'elle vient d'apprendre, à propos de sa femme ou de ses enfants... C'est arrivé après ses Jeux. Après sa victoire. Mais alors, qu'est-ce qu'il y avait avant ?
N'a-t-il aucune autre famille ? Qu'est-il arrivé à ses parents ? « Mais... » Elle s'interrompt aussitôt. Non, ça ne se fait pas de poser une telle question. Il lui a déjà dit tant de choses... Sur sa famille, sur ses tributs... Elle se raidit à nouveau. Ses tributs ? Non, il a juste dit... Katell. Katell. Ce nom lui est familier. Pourquoi ?
Soudain, la mémoire lui revient, telle un boulet de canon ; éclipsant toutes ses réflexions, tous ses doutes. « La blondasse ! » crie-t-elle en se redressant brusquement, les yeux écarquillés. Elle éclate alors de rire. La blondasse, oui... Katell. Elle se souvient maintenant. En sortant de l'Arène, on lui avait donné certaines informations, des noms notamment. Le sien en faisait partie. Katell, du district dix.
Gemma cesse alors de rire. Cette fille... était une tribut. Une ennemie. Au premier jour, elle a même tenté de la tuer. Alors comment... Pourquoi Richard l'a-t-il citée ? Pourquoi est-elle une des raisons de sa mutilation ? Elle ne comprend pas. Plus que la blessure elle-même, plus que l'histoire tragique de son mentor... Le fait qu'il puisse regretter la mort d'une de ses adversaires la mortifie. « Vous... vous la... » entame-t-elle, la mâchoire tremblante de tristesse et de colère contenue. « Vous la supportiez ? » « Vous auriez voulu qu'elle gagne à ma place ? » était bien trop dur à demander. Que la plaie continue de saigner lui était complètement égal. Certaines choses ne se laissaient simplement pas ignorer.

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MessageSujet: Re: GEMMARD ✖ i hurt myself today, to see if i still feel   GEMMARD ✖ i hurt myself today, to see if i still feel Icon_minitimeLun 5 Nov - 11:53

Elle essaie de se défendre. « Non ! NON ! Ce n'est pas ce que je voulais dire... » Exprime-toi mieux ma petite. De vous deux tu devrais être le plus perturbé et c’est pourtant elle qui enchaîne les faux pas, qui perd son sang froid - ceci dit tout ce qui est froid doit un peu la répugner pour l’instant, je ne te conseille pas de lui acheter une glace (ce qui ferait pervers de toute façon) ou de lui proposer un verre avec des glaçons. C’est comme si elle n’arrivait pas à se contrôler. « Je ne suis pas idiote. » Précision utile. Non parce qu’on aurait pu croire hein... Je me tais ? Oui ça vaut peut-être mieux effectivement. « Ce que je veux dire c'est que ça ne sert à rien de réfléchir au pourquoi du comment de la vie, son sens ou que sais-je. » L’homme se pose des questions depuis que cette gourdasse d’Eve a croqué dans une pomme, c’est presque devenu sa nature. Alors on va pas se plaindre d’être un peu philosophe non plus. Certes ça ne fait généralement pas avancer les conditions de vie, sauf lorsque certains philosophes avancent des théories novatrices comme Darwin et son Evolution, mais ça permet de passer le temps. Et Dieu sait que du temps à gaspiller tu en as. « C'est la vie et voilà. Alors secouez-vous et... expliquez-vous. » On dirait qu’elle a du mal avec les mots, qu’elle perd leur sens, qu’elle ne sait plus guère comment les utiliser. Tu n’as cure de la façon dont elle s’emmêle mais je trouve ça assez amusant, dans un sens méchant. Je pourrais me moquer d’elle si je le désirais. Mais je n’en ai pas vraiment le coeur. Elle n’est qu’une petite chose qui semble si perdue. Elle pense avoir grandi, oui probablement vu sa réaction à ta phrase. Lorsqu’elle ne pensera plus aux Jeux de la même façon, quand elle acceptera la cicatrice, alors oui elle pourra dire qu’elle a grandi. Au lieu de la jeter dehors tu vides ton sac comme on vomirait de la bile, sur un ton acerbe, presque méchant. Tu résumes toutes ces arrivées et ces départs dans ta vie, toutes ces choses qui t’ont laissé des cicatrices cachées sous les tatouages. Tara, Théti, Lux, Katell... Tu passes sous silence l’épisode des Jeux avec Rhéa, l’avoir conté à Katell était suffisant. Tu jettes un regard à la silhouette qui se découpe à tes côtés, invisible aux yeux de Gemma. Avoir mentionné la petite dans ta tête l’a faite revenir, elle se tient assise en tailleur par terre, ses cheveux roux et bouclés masquant une partie de son visage. Elle ne sourit pas non, elle te jette un oeil rempli de reproche. Enfin elle ne te jette pas littéralement un oeil. Même de la part d’une fantôme ce serait dégueulasse de se recevoir un globe oculaire dans la figure. Immonde même. Dans tous les cas le petit spectre ne semble pas apprécier ta conduite envers la brune. Tu toises l’apparition comme pour lui demander de dégager et te retournes vers Gemma pour lui demander en quoi cette révélation serait décisive pour elle. « Je... je ne sais pas. » Evidemment que non ça ne va rien changer pour elle, c’est ta vie, pas la sienne. Mais pour toi non plus ça ne va rien changer. Il n’y a plus rien à changer après tout. Et puis, comment pourrait-elle comprendre la portée de la moitié de ce que tu as dit, elle qui n’a jamais aimé quelqu’un au point de vouloir l’épouser - du moins tu en doutes -, qui n’a jamais tenu un bébé dans ses bras en se disant qu’il était son sang ? Elle ne peux pas réaliser. Pas encore.

Tu te passes une main sur le front, fatigué. Oui, tu es horriblement las de cette incompréhension, de cette solitude, de cette monstruosité. Gemma a peut-être remporté les Jeux mais elle ne sera jamais un monstre, pas plus que Pepper-Swann. Elle va se prendre une douche froide la petite nouvelle quand la rébellion va frapper le district six et qu'elle va voir le Capitole s'effondrer, les masques s'effriter et tout ce qu'elle vénère de disperser comme un nuage de poussière dans le vent. Alors elle comprendra pourquoi tu parles de fumée. « Mais... » Qu'est-ce qu'il y a ? Qu'est-ce qui lui a encore échappé ? Elle n'a pas compris qu'elle avait déjà trop posé de questions ? Qu'elle s'estime déjà heureuse d'avoir obtenu des réponses ! Enfin heureuses... Il n'y a pas de quoi rendre qui que ce soit heureux. Je ne partirai pas dans le débat de ce qui peut apporter le bonheur à une personne, ce serait vain. Mais ce qui est sûr c'est que ton récit ne fait en aucun cas partie des critères. Pas assez joyeux, on n'entend pas d'amour envers ceux qui sont partis dans ta voix. Tu pourrais faire un effort non ? J'ai l'impression que ça ne te fait plus rien. C'est le cas je crois. Ton ancienne tribut semble réaliser soudain quelque chose, comme une brillante idée, une illumination au sens figuré du terme - car oui avoir une espèce d'ampoule humaine dans sa maison ce n'est pas toujours agréable. « La blondasse ! » Oui la blondasse. Elle se redresse et rit, du rire transpirant de méchanceté, du rire qui cherche à faire mal, comme une revanche. Ça ne te fait même pas le moindre effet. Comme si elle pouvait t'atteindre. Elle ne se doute de rien... « Oui, la blondasse. C'est son cheval dehors. » Je me demande ce qu'il fout d'ailleurs, il a bien dû avoir le temps de faire trois fois le tour du jardin, grand ou pas. T'aurais dû le laisser au district dix et non pas te laisser emporter par cette nostalgie ridicule. Tu es faible Richard, tu le sais j'espère ? Tu dardes Gemma de tes yeux noirs. « Tu ne t'en souviens peut-être pas mais sans elle tu serais morte comme une idiote le premier jour en tombant d'un précipice. » C'est la vérité. Sans Katell, plus de Gemma mais une simple tache rouge bien vite recouverte par la neige et un corps désarticulé trente mètres plus bas bien vite enlevé par les hovercraft. Gemma rit peut-être aujourd'hui de la tribut du dix mais elle a apparemment la mémoire courte. La couronne elle la lui devait aussi. « Vous... vous la... » Elle bégaie d'une voix faible, toute sa morgue et tout son orgueil semblant d'être évanouis à une pensée qui la retourne. Mais quelle pensée au juste ? Qu'est-ce qui peut rendre cette gagnante qui était sarcastique il y a deux secondes aussi faible extérieurement ? Extérieurement, parce que rire sardonique ou pas, tu n'as pas considéré la gamine comme forte une seule seconde. « Vous la supportiez ? » Pauvre petit oiseau. On dirait qu'elle découvre que son héros n'est qu'un mécréant. Bien sûr tu n'as jamais été son héros et n'as jamais prétendu l'être mais c'est la métaphore que je peux trouver qui se rapproche le plus de la situation. Ou peut-être pourrais-je dire qu'elle est comme une enfant qui découvre que son père trouve la fille de la voisine plus digne d'estime. Mais encore une fois nous avons un problème de formulation puisque tu n'es en aucun cas son père. Heureusement parce que tu n'as pas élevé tes enfants pour qu'ils adorent le Capitole, pas plus que tu ne les as élevés pour qu'ils vénèrent la rébellion. Tu les as laissés libre de leur choix. « Oui, principalement parce que je la connaissais. Et qu'elle n'était pas une petite adoratrice du Capitole. » La connaître est un bien grand mot à vrai dire, je n'irais pas jusque là. Mais en un sens oui, tu la connaissais mieux que Gemma. Sa vie t'importait plus. Tu te souviens de cette nuit où, dans le couloir, tu lui avais avoué souhaiter sa victoire plus que celle de ta propre tribut. « Ce qui ne m'a pas empêché de te chercher des sponsors et de m'occuper de toi comme je l'aurais fait pour n'importe quel tribut. » Oui hein, qu'on arrête de te jeter la pierre si possible, tu n'as pas demandé à ce qu'on vienne te faire chier chez toi à ce que je sache. Et tant pis si ça fait mal à Gemma, tu n'es pas là pour préserver son petit cœur d'enfant. Tu n'en as rien à foutre de blesser les gens. Comme s'ils s'en étaient privé eux avant. Mais il faut dire que si tu as toujours été relativement seul c'est parce que tu bâtissais des murs au lieu de ponts. Le mal est fait cependant. « Qu'est-ce que tu vas faire maintenant ? Me maudire ? Me crier dessus ? » Qu'est-ce que tu en as à foutre ? Si ça se trouve elle va ramasser le couteau et essayer de te tuer. Tu te laisseras probablement faire.


Dernière édition par Richard A. Huntsman le Jeu 27 Déc - 12:07, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: GEMMARD ✖ i hurt myself today, to see if i still feel   GEMMARD ✖ i hurt myself today, to see if i still feel Icon_minitimeDim 2 Déc - 17:26




Elle restait muette. Muette de stupeur, muette de déception, muette de tristesse. « Oui, la blondasse. C'est son cheval dehors. » Comment en étaient-ils arrivés là tous les deux ? Qu'est-ce qui s'était mal passé, qu'avaient-ils raté pour obtenir ce... cette chose qu'elle dédaignait nommer « une relation » ? Il était son mentor, elle était sa tribut. Pourtant, aucun lien solide ne semblait exister entre eux.
Un mentor se devait de donner son énergie pour sa tribut, de la protéger, de la soutenir. La tribut mettait ses conseils en pratique, se battait, gagnait parfois. Elle se sentait alors redevable, un peu, envers cette personne qui l'avait aidée. Un lien inébranlable se tissait entre eux. C'était ainsi que fonctionnaient les Jeux. Deux vainqueurs, deux héros, se devaient d'avoir un lien exceptionnel au sortir d'épreuves aussi dures. Cela coulait de source.
Mais entre Richard et elle, il n'y avait rien. Ou presque rien. Elle faisait son possible, en essayant de le comprendre, de l'aider. Elle ne lui en voulait pas pour ses remarques acides. Elle s'inquiétait pour lui, même, d'une certaine manière. Mais lui, qu'avait-il fait pour elle ? A part deux trois conseils par ci, quelques sponsors par là, il ne s'était guère remué pour la faire gagner. Au contraire, il la rabaissait sans cesse, l'insultait à l'occasion.
Ce n'était pas une relation qu'ils entretenaient. Ce genre de lien sous-entend un échange, une participation des deux impliqués. Eux ne possédaient rien de tel. Tout ce que Gemma percevait entre eux était ses propres efforts, vains. « Tu ne t'en souviens peut-être pas mais sans elle tu serais morte comme une idiote le premier jour en tombant d'un précipice. » SI ! Si, elle s'en souvenait, bien sûr. Il la prenait vraiment pour... une idiote, lui-même le disait. Évidemment qu'elle se rappelait de la blondasse, au premier jour, avec ce satané renard, ces chouettes maléfiques et le bonnet brûlé. Oui, la blondasse l'avait empêchée de chuter d'une falaise. Et alors ? C'était des Jeux dont ils parlaient, là. Sauver quelqu'un aux Hunger Games n'était en rien louable. Cela revenait à diminuer ses chances de survie, voire à se condamner. Quelqu'un d'intelligent, de fort, savait qu'il serait amené à tuer pour s'en sortir vivant. Si cette Katell n'avait pas pris conscience de cela, elle ne méritait pas de gagner. Elle n'avait su accepter la mort. Elle avait été faible. Point barre.
Et malgré cela, Richard agissait comme si c'était elle, Gemma, qui était en tord. Comme si, parce qu'elle lui avait sauvé la vie, elle aurait du éprouver de la considération envers Katell. Comme si tout ça, sa survie, sa couronne, elle la lui devait.
Comme si sa victoire ne lui appartenait pas.

Richard avait beau lui dire tout ça, elle avait encore du mal à comprendre et à accepter tout ce que ses paroles sous-entendaient. Elle devait être fixée, et demanda, crispée, s'il avait bel et bien supporté cette fille. Les mots sortaient avec difficulté, aspergés de doute et de colère. Mais elle voulait savoir.
« Oui, principalement parce que je la connaissais. Et qu'elle n'était pas une petite adoratrice du Capitole. »
Toujours ce ton neutre, ni chaleureux, ni froid. Le ton de l'évidence. Une évidence qui fait mal. Car elle ne pouvait rien répondre à cela. Qu'il connaisse la blondasse était étonnant – les districts six et dix n'étaient pas spécialement proches l'un de l'autre – mais pas choquant pour autant, et cela expliquait en partie sa conduite. Le reste de la phrase en revanche... Gemma déglutit. Ce n'était pas la première fois qu'il plaçait ce genre de remarque, ni la première fois qu'elle en recevait. Mais avec les autres, elle savait toujours comment réagir, selon son humeur du moment. Des fois elle répondait, des fois non. Cela la mettait en colère, ou la faisait rire. Là, elle se sentait vide. Ses yeux se baissèrent d'eux-mêmes. Ces mots, dans la bouche de Richard, la blessaient. Ces mots qui la définissaient parfaitement, prononcés avec indifférence et mépris... C'était bien pire que de se faire traiter d'idiote ou de folle, car dans ces cas-là, il est toujours possible de nier, ou de trouver un tord similaire chez l'autre. Mais là, il aurait bien pu l'insulter par son prénom. Elle adorait effectivement le Capitole. A quoi cela l'avancerait-il de réfuter ? L'énergie n'y serait pas. « Ce qui ne m'a pas empêché de te chercher des sponsors et de m'occuper de toi comme je l'aurais fait pour n'importe quel tribut. » Elle ne répondit pas. Il n'y avait rien à dire de toute manière. « Qu'est-ce que tu vas faire maintenant ? Me maudire ? Me crier dessus ? » Gemma releva les yeux. « Non. » répliqua-t-elle du tac au tac. Pourquoi voulait-il qu'elle réagisse ainsi ? Certes, elle était toujours déçue, fatiguée, en colère, mais ce n'était pas une raison pour se mettre à hurler... Quant à ce qu'elle allait faire, c'était une autre question. Elle ne pouvait pas rester là, les bras ballants, toute la journée. Partir alors qu'il se vidait de son sang sous ses yeux n'était pas non plus une option. « Je... euh, non rien. » Elle ne savait plus quoi dire. Son « non », tout seul, lâché comme ça sans explication, ne lui convenait pas, mais elle ne savait quoi ajouter. Elle hocha frénétiquement la tête de droite à gauche comme pour s'éclaircir l'esprit, et son regard tomba sur la main de Richard. Finie la discussion bancale ; peu importait à quel point cette blessure la révulsait, elle devait agir. Les mots n'avaient jamais été son truc de toute manière.

Lentement, elle se rapprocha de Richard, ses chaussures baignant dans la flaque de sang à ses pieds. Sans oser le regarder dans les yeux, elle prit sa main mutilée dans les siennes et lui fit desserrer le poing en écartant les doigts un à un. Ses gestes étaient hésitants et précipités à la fois. Un voile épais recouvrait ses pensées. Elle se sentait mal, au bord de l'évanouissement. La proximité de son mentor, tout ce sang, ses émotions qui n'en faisaient qu'à leur tête... Elle ne put rester plus de deux secondes les yeux fixés sur l'immonde plaie. Aussi rapidement qu'elle s'était avancée, elle prit ses jambes à son cou, et manqua s'effondrer en glissant sur le sol poisseux. « Di... Dites-moi ce que je peux faire... » dit-elle, essoufflée, après s'être rattrapée à un plan de travail. « De l'eau, c'est ça qu'il vous faut, c'est ça ? » Elle fit un pas vers l'évier sans attendre de réponse, remarqua les empreintes rouges qu'elle laissait sur le carrelage immaculée, rebroussa chemin pour trouver une serpillère avant de se ressaisir et de revenir près du lavabo. D'une main, elle fit couler l'eau, de l'autre, elle saisit une torchon et le jeta au fond de l'évier. « Ce serait peut-être plus pratique si vous, enfin... si vous vous approchiez. » Elle était perdue, toutes ses connaissances en médecine élémentaire s'étaient volatilisées, ses idées dansaient dans tous les sens. Elle voulait faire quelque chose, quelque chose de bien... que Richard cesse de la voir comme une incompétente. Pourquoi n'y arrivait-elle pas ?

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MessageSujet: Re: GEMMARD ✖ i hurt myself today, to see if i still feel   GEMMARD ✖ i hurt myself today, to see if i still feel Icon_minitimeJeu 27 Déc - 15:31

Tu veux demander, au fond tu veux demander. Parce que tu ne comprends pas, tu ne comprends plus. Ou peut-être que tu comprends trop bien, que tu connais la vérité, qu’elle t’a laissé vide. Oui, qui sait si ce n’est pas ça le problème ? La connaissance n’apporte pas la joie, jamais. Elle n’apporte que des questions supplémentaires et un désespoir face à une réalité qu’on ne peut plus ignorer par simple stupidité. Heureux les ignorants, le royaume des cieux leur appartient. Tu n’es plus un ignorant. Tes yeux ont été ouverts par le Capitole. Et pourtant, en regardant Gemma, si frêle et pourtant gagnante, si jeune et pourtant... Brisée... Tu veux demander. Vraiment. ‘‘Regarde-nous Gemma. Comment on en est arrivé là ?’’ How did we end up here ? Tu sais. Tu ne sais pas. Tu ne sais plus. Peut-être que si. Peut-être que non. Mais au fond, est-ce que ça a une importance ? Qui sait ? Savoir, encore savoir, toujours savoir ? Et si on ne savait rien pour une fois ? Hein ? C’est trop demander, quelques instants d’ignorance, d’innocence ? C’est reposant l’innocence. C’est comme la tragédie. Ca suit son cours. Ca attend patiemment d’apprendre quelques nouvelles choses, trop peu pour devenir quelqu’un qui sait, quelqu’un qui comprend. Tu te rappelles d’Antigone ? Celle qui ne voulait pas savoir, celle qui refusait de comprendre. Elle a su, on l’a forcée à savoir. Et elle a compris. Mais elle a fait comme si ça n’avait pas été le cas, elle n’a pas joué selon les règles du jeu. Alors elle a gagné. Mais tout le monde ne peut pas gagner, il faut bien des perdants, des gens qui savent mais acceptent. Des gens qui disent oui. Je ne sais pas au fond si tu as dit oui, ou si tu as dit non. La frontière entre les deux est parfois si mince. Un fil tendu. Alors qu’es-tu Richard ? Tu es toujours là, non ? Tu as dit oui, n’est-ce pas ? Tu es une espèce de Créon dissident, qui a dit oui sans vraiment avoir essayé de se remonter les manches pour faire en sorte que les choses se passent. La preuve. Tu ne veux pas lui demander ce qui vous est arrivé. Peut-être qu’elle ne le sait pas, ou qu’elle le sait autant que toi. Je ne me souviens plus.
Elle est là, elle t’écoute, elle ne dit rien. Petite Gemma. Tu devrais la regarder comme tu regardes Pepper-Swann, comme tu regardais Ludmilla. Mais tes yeux sont vides, désespérément vide. Vous n’avez rien, vous aurez beau vous accrocher pour faire semblant, vous n’avez rien. Tu avais insisté pour t’occuper d’elle mais c’était simplement pour éviter de te coltiner le pot de gel, rien de plus. Il y a un fossé entre vous et vos idéaux, avec un seul point commun. Vous êtes revenus. Elle aurait peut-être pas dû. T’aurais peut-être pas dû. C’est ça le problème. Tu t’es battu avec les sponsors du Capitole pour cette gamine et au final tu as l’impression de ne rien lui avoir donné, de ne pas lui avoir donné l’essentiel. Est-ce que c’est important ? Non, je ne crois pas. Et tu ne crois plus que ce soit important. Plus rien n’est vraiment important. Les saisons se succèderont, les jours aussi, le soleil se lèvera toujours à l’est pour se coucher à l’ouest.

Regarde-toi, abruti. Assis sur ta chaise en bois au dossier si raide qu’il détruirait le dos de n’importe quel petit vieux, accoudé à ta table en bois qui absorbe lentement mais sûrement le sang qui goutte de ta plaie non coagulée, comme une éponge. Tu me donnes envie de vomir avec ton indifférence à deux balles. Fais quelque chose. Arrête de parler comme ça, comme si tout était inéluctable, comme si tu te foutais de tout. Tu te fous de tout. Ce n’est pas la question. Fais illusion. Montre à quel point tu es normal. Fais semblant de te voiler la face. Réagis au lieu de déblatérer des insultes sous-jacentes à Gemma comme si tu parlais de la météo. Oui, j’espère qu’elle va se mettre à crier, à te maudire, te frapper, te sortir de ta putain de torpeur. Tu le mériterais même si elle prenait ce couteau et de l’enfonçait dans le coeur. Oui, tu le mériterais. Une leçon de la part de la petite pro-capitolienne. Ta dernière leçon. Mais elle sait quoi répondre. « Non. » Non. Tu l’as entendue ? Elle aussi elle s’en fout. Tu n’es plus le seul à avoir une carapace. L’arène de glace l’aura peut-être transformée en reine des glaces. Je parierais qu’au Capitole on l’appelle déjà comme ça même, rapport à son expérience sur la banquise. Bah quoi ? Avec les Capitoliens on peut effectivement s’attendre à quelque chose d’aussi peu original hein...

« Je... euh, non rien. » Mets tout sur la table on fera le tri ma cocotte. Enfin fais attention aux taches de sang quand même mais ce n’est qu’un détail. Peut-être qu’elle n’a pas encore vraiment de carapace au final. Dommage. Elle bégaie sans savoir ce qu’elle dira à la fin de sa phrase, comme l’adolescente qu’elle est au final. Elle se rapproche de toi lentement et se saisit de ta main mutilée. Surpris par son toucher, tu te laisses faire. Ses doigts fins écartèrent les tiens de la plaie, t’occasionnant une vague de douleur qui te fit grimacer. Mais c’est pour cela que tu t’es coupé alors tu l’acceptes sans problème. Tu lèves les yeux vers elle alors qu’elle recule, comme paniquée. Ce doit être l’odeur du sang, encore trop proche, qui l’alarme. Oh, tu la comprends. Elle manque de tomber mais tu n’esquisses pas un seul geste pour l’aider. Si il faut qu’elle tombe, eh bien qu’elle tombe. Ca n’a jamais fait de mal à personne. Métaphoriquement bien sûr parce que sinon on peut bien s’exploser en tombant. Elle n’est pas tombée cependant, elle s’est rattrapée au plan de travail. « Di... Dites-moi ce que je peux faire... » Rien. Rien. Pourquoi pourrait-elle faire quoi que ce soit ? Tu es le seul à pouvoir faire quelque chose et tu n’as pas l’intention de le faire. Tu restes imperturbable, tu la laisses se faire des plans dans sa tête. « De l'eau, c'est ça qu'il vous faut, c'est ça ? » Elle peut parler toute seule, elle trouve les réponses comme une grande. Tu observes son petit manège d’un oeil à peine intéressé. Elle va vers l’évier, revient, déniche un torchon, ouvre le robinet... Elle s’improvise ménagère ? En quel nom ? Pourquoi elle fait tout ça ? Tu ne dis toujours rien. Que pourrais-tu répondre de toute façon ? Plein de choses. Tu ne le fais pas évidemment, ce serait pas drôle sinon. « Ce serait peut-être plus pratique si vous, enfin... si vous vous approchiez. » Effectivement, cela découle d’une logique cartésienne. Tu regardes autour de toi. Tu soupires. Et enfin tu daignes te lever, comme mû par une force indépendante de ta volonté. Tu avances comme un pantin vers ton ancienne élève en espérant qu’elle ne tournera pas de l’oeil à la vue détaillée de ta blessure. Tu devrais t’en vouloir de lui infliger tout cela mais ce n’est pas vraiment le cas. Tu es juste... Fatigué. Las de tout. Tu aurais l’air d’un vieillard si tu ne te déplaçais pas avec la vivacité d’un homme de ton âge. Tu tends sans brusquerie ta main à la jeune fille en murmurant vaguement. « Merci. » Ce n’est pas un remerciement chargé de gratitude, dans ta bouche cela sonne presque comme une constatation. Tu plonges tes prunelles dans celles de la jeune gagnante. Il faut que tu saches. « Je ne comprends pas. » On en revient aux même choses. Pourquoi tu veux comprendre ? Comprendre n’est pas toujours utile, je te l’ai déjà dit. L’ignorance est plus utile. Tu continues pourtant à parler. « Comment peux-tu continuer à adorer le Capitole après ce qu’ils t’ont fait ? Ce qu’ils nous ont fait à tous. » Nous. Les vainqueurs. Les brisés. C’est vrai, comment peut-elle vénérer ceux qui sont la source de tous vos malheurs.

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Gemma K. Mubstin
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MessageSujet: Re: GEMMARD ✖ i hurt myself today, to see if i still feel   GEMMARD ✖ i hurt myself today, to see if i still feel Icon_minitimeDim 3 Fév - 17:49




Quand elle vit Richard se lever de son siège, à vrai dire, elle eut du mal à y croire. Que ses mots à elle puissent influencer son comportement à lui lui faisait tout drôle. Sans se l'avouer, elle s'était attendu à ce qu'il l'envoie balader, comme d'habitude lorsqu'elle lui demandait quelque chose.
C'est pourquoi, tandis qu'il s'approchait d'elle et lui tendait sa main mutilée, elle se tint parfaitement immobile, et le dévisagea en rougissant légèrement. Debout, il ne provoquait pas du tout le même effet qu'avachi. Gemma devait relever le menton pour le regarder dans les yeux et, malgré sa mine abominable qui lui donnait l'air d'un vieillard, elle ne pouvait s'empêcher d'être intimidée. Ses tatouages ressortaient bien plus que dans ses souvenirs, mais ils n'étaient pas les seuls responsables. Il possédait une présence indéniable ; de la force dans le regard. A ses côtés, elle se sentait minuscule. Alors l'entendre la remercier, même sur un ton aussi plat, la réchauffa, et elle s'autorisa un sourire.
Délicatement, elle saisit sa main et se concentra sur sa tâche. Sans regarder la blessure, elle enroula le torchon mouillé autour. De blanc, celui-ci se couvrit de rouge en quelques secondes à peine. La plaie était bien trop profonde. Elle s'apprêtait à le lui dire lorsqu'il reprit la parole. « Je ne comprends pas. » Fronçant les sourcils, Gemma attendit qu'il développe. « Comment peux-tu continuer à adorer le Capitole après ce qu’ils t’ont fait ? Ce qu’ils nous ont fait à tous. »

Elle ouvrit la bouche, puis la referma immédiatement. Elle ne s'était pas attendu à une question de ce genre. Il lui fallut plus d'une dizaine de secondes pour comprendre et intégrer la question. Et même après, nulle réponse, nulle image ne lui venait à l'esprit. Toute pensée, toute capacité de raisonnement l'avait quittée. Comme si un choc s'était produit entre sa conviction et son expérience, et qu'il l'avait vidée de l'une et de l'autre. Ses yeux se perdaient dans l'eau qui continuait de couler du robinet, à la recherche d'une aide que rien ni personne ne pouvait lui apporter.
Le silence persistait, de plus en plus lourd, de plus en plus dérangeant. Gemma devait dire quelque chose. Pourquoi n'y arrivait-elle pas ? Une vague de frustration l'envahit. Sur le coup, elle lâcha tout, s'accouda au plan de travail et se prit la tête dans les mains. Les yeux fermés, les doigts pris dans ses cheveux, elle se sentait mieux.
L'odeur du sang était toujours présente, mais elle pouvait l'ignorer. Ce n'était qu'une odeur, rien de plus qu'une odeur. Et là où elle se trouvait n'était qu'une cuisine. Il n'y avait rien à craindre. Les mots de son mentor n'était que des mots, ils ne pouvaient pas l'ébranler. Elle avait affronté bien pire. Elle avait survécu à bien pire. Elle était une Vainqueur. Elle était forte.

« Ce qu'ils m'ont fait ? » répéta-t-elle pour tester sa voix, qui s'avérait plus tremblante que prévu. « Ils m'ont rendue forte, voilà ce qu'ils m'ont fait. » Prononcer ces mots à voix haute les rendait plus réels. Brusquement, elle se redressa et son regard se planta dans celui de Richard.
Elle savait la question plus profonde, plus importante que ce qu'elle comprenait. Mais elle ne voulait pas voir, elle ne voulait pas se laisser porter vers cette région obscure où se terrent le doute et la remise en question.
Elle poursuivit.
« Ils m'ont appris à me battre, à résister, à survivre... » Les mots lui manquaient. Pourtant, il y avait quantité de choses qu'elle aurait pu lister. Le Capitole lui avait appris à s'affirmer, à plaire, à briller. Elle avait découvert la richesse et le pouvoir. Mais cela, elle ne pouvait en parler. Pas ici, pas comme ça. Ces moments de gloire qu'elle avait vécus, ces instants de pur bonheur, tout ça n'appartenait qu'à elle. Aussi dévia-t-elle légèrement du sujet.
« Malgré tout ce qu'on peut leur reprocher, les Jeux sont nécessaires. » affirma-t-elle de but en blanc.
Malgré tout ce qu'on peut leur reprocher. C'était la première fois qu'elle formulait à voix haute son opinion sur les Hunger Games. Jusqu'alors, elle avait toujours enfouie son malaise au fond d'elle même, tout en redoublant d'assiduité à chaque diffusion. Elle n'aimait pas les Jeux, ne les avait jamais aimés. C'était violent, sanglant, désagréable à regarder. Mais ils étaient essentiels pour maintenir la paix. La mort de vingt-trois adolescents n'était rien à côté. Et puis, tout n'était pas noir, il restait un vainqueur. L'incarnation de l'espoir.
Mais en regardant son mentor, elle voyait tout sauf cela. Il n'était pas le héros tant adulé qu'on retrouvait dans les films du Capitole.
Cependant, elle ne pouvait l'avouer. Et elle baissa d'un ton avant de continuer.
« On n'a jamais rien sans rien. Sans Capitole et sans Jeux, ce serait le chaos. »
Si ces paroles sonnèrent comme une justification, elle ne s'en rendit pas compte.

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MessageSujet: Re: GEMMARD ✖ i hurt myself today, to see if i still feel   GEMMARD ✖ i hurt myself today, to see if i still feel Icon_minitimeDim 10 Fév - 13:05

Ton regard morne passe sur la jeune femme et tu as en toi cette étrange impression qu’elle ne devrait pas être là. Elle a dix-sept ans. Elle devrait être chez elle avec ses parents, avec ses amis, elle devrait vivre. Elle ne devrait pas être une meurtrière, elle ne devrait pas avoir cette cicatrice qui court le long de son ventre, elle ne devrait pas être dans ta maison à essayer de t’aider. Tu as envie de lui demander de partir, d’aller essayer de reprendre une vie normale et d’oublier tout, l’arène, la glace, le capitole, les cadavres. Mais elle n’oubliera pas. Elle ne sera pas normale. Surtout pas aux yeux des habitants du district. Elle est une gagnante maintenant. Bah, je ne vois pas vraiment ce qu’elle a gagné à part des cicatrices, du sang sur les mains et des souvenirs bien trop douloureux pour qu’elle puisse espérer redevenir un jour banale. Elle est perdue. Peut-être pas autant que toi, mais elle est perdue quand même. Tu la regardes et tu demandes si Rhea aurait été perdue elle aussi. Elle n’aurait pas eu à tuer, elle n’aurait pas eu du sang sur les mains au moins. Gemma n’est pas Rhea. Rhea n’avait pas tremblé lors de la moisson. Elle n’avait pas tremblé un seul instant, même quand tu avais dû la laisser seule. Est-ce qu’elle avait tremblé lorsque cette carrière s’était approchée d’elle avec un couteau ou est-ce qu’elle avait continué à sourire, confiante, en se disant que tu viendrais la sauver. Est-ce qu’elle est morte avec cette certitude que tu l’arracherais à la fatalité de cette lame ? Tu l’as laissée tomber. C’était ta faute. Elle te faisait confiance. Il semblerait que le destin s’acharne sur toi. Toutes celles que tu souhaites voir gagner meurent, excepté Pepper-Swann. Ludmilla quant à elle est tout de même morte, sa victoire n’était qu’un sursis. Rhea. C’était ta faute. Une larme coule sur ta joue, que tu essuies. Mais Gemma n’a rien vu, penchée sur ta main mutilée. Pourquoi t’aide-t’elle ? Tu ne lui as jamais témoigné la moindre marque d’affection, tu n’as rien fait pour elle à part essayer de lui trouver des sponsors puisque c’était ton devoir. Pourtant elle est là, à bander ta main coupée bien trop profondément pour qu’elle puisse arrêter ainsi le saignement. Peut-être que ça va s’infecter. Peut-être qu’on devra t’amputer. Ou peut-être que tu mourras d’un empoisonnement du sang. Etrangement, cette idée te laisse de marbre. Si tu dois mourir cependant tu veux savoir, savoir pourquoi elle reste campée sur ses positions.

« Ce qu'ils m'ont fait ? » Allons, elle sait bien de quoi tu parles ! Elle en revient... « Ils m'ont rendue forte, voilà ce qu'ils m'ont fait. » Quoi ? Tu la contemples sans vraiment comprendre. C’est vrai qu’elle a l’air plus assurée que lors de cette première nuit dans le train où elle tremblait et pleurait. Sa voix tremble cependant, et ses mains aussi. Ils lui ont donné des cauchemars qui la poursuivront pour le restant de ses jours, est-ce que c’est ce qu’elle appelle rendre forte ? Elle te regarde dans les yeux et tu ne cherches pas à fuir son regard mais la conviction adoratrice que tu lis dans ses prunelles noires te dégoûte. Qu’ont-ils fait d’elle ? Ses parents puis le Capitole l’ont transformée en marionnette. Pire. En marionnette aveugle et volontaire.
« Ils m'ont appris à me battre, à résister, à survivre... » Faux. Ils l’ont jetée dans l’arène en lui demandant de survivre comme on jette un enfant en bas-âge à l’eau en lui demandant de nager. Ils ne lui ont rien appris, elle a dû apprendre comme elle a pu parce que sa vie en dépendait et qu’elle avait plus peur de la mort que de ses adversaires.
« Malgré tout ce qu'on peut leur reprocher, les Jeux sont nécessaires. » Rejeter la faute des anciens sur des innocents, c’est ça qui est nécessaire ? Envoyer des adolescents au Capitole comme on envoie des veaux à l’abattoir, c’est ça qui est nécessaire ? Les tuer presque tous et briser le dernier à un tel point que sa mort aurait été préférable, c’est ça qui est nécessaire ? Le plus horrible chez les gagnants ce n’est pas la façon dont leur chair a été déchirée, c’est la façon dont leurs âmes ont été déchirées. C’est dégoûtant de voir à quel point les graines semées dans l’esprit de Gemma par Snow ont éclos en de belles fleurs, exactement comme il le voulait. Elle n’en a pas fini avec toi pourtant.
« On n'a jamais rien sans rien. Sans Capitole et sans Jeux, ce serait le chaos. » Non, sans le Capitole et sans les Jeux, ce serait une démocratie, comme dans les anciens temps. c’était un système qui marchait, un système juste, qui existait depuis bien longtemps avant que certains ne décident qu’il était beaucoup plus facile de s’emparer du pouvoir et de faire régner sa loi. Tu te dégages de l’emprise de la jeune vainqueur sur ta main, révulsé par ses dires. Alors comme ça la mort de Katell était nécessaire ? Non, c’était une mort sanglante et inutile. Comme toute cette putain de mascarade. Une mort stupide, tout comme celles de tous les autres tributs. Dans les Jeux il n’y a pas de mort honorable. Dans la vie il n’y a pas de mort honorable. Il n’y a rien d’honorable dans le fait de mourir pour une cause quelle qu’elle soit. On peut vivre avec dignité mais on ne peut que mourir sans. Il n’y a pas de gloire à être le vainqueur des Jeux, que la honte du survivant.

« Ils ne t’ont pas rendue forte. Ils ont fait de toi une meurtrière. Ils t’ont baigné les mains dans du sang et t’ont dit que ce que tu faisais était la chose à faire. » Ce n'est jamais la chose à faire. Ils t’ont bandé les yeux. Ils ont fait de toi un monstre, tu ne le comprends pas ça Gemma ? Oui. Elle est un monstre à présent. Peut-être pas au même titre que tu ne l’es ou qu’Astaroth ne l’est mais elle est un monstre. Bien maquillée, bien habillée, souriante. Monstrueuse. Meurtrière.
« Sans le Capitole tu n’aurais pas eu à survivre. Ils ne t’ont rien appris. Ils t’ont jetée dans l’arène en te disant de faire le choix entre mourir ou perdre ton âme au fur et à mesure que coulait le sang de tes adversaires. » Tu marques une pause, te rappelant du parcours de ta protégée dans l’arène. Maintenant elle est là, à déverser le poison du Capitole après s’en être trop abreuvée. Quel gâchis. Elle aurait pu être quelqu’un sans le bourrage de crâne de ses parents. Elle aurait pu être quelqu’un si elle avait jamais daigné aller dans les quartiers pauvres du district six.
« Le monde allait bien mieux avant que le Capitole ne vienne. Le monde irait bien mieux sans lui. » Le chaos. C’est la chaos avec le Capitole, ça ne pourrait pas être pire. Tu te tournes vers la fenêtre et laisses ton regard s’égarer dans le jardin. Dès que tu aperçois Je Ne Sais Pas, tu te retournes à nouveau vers Gemma, ne souhaitant pas penser à Katell.
« Lily-Ann. » La jeune tribut du district huit. L’alliée de Lucas. Et normalement l’alliée de Gemma. « Tu devais être alliée avec elle. Elle aurait pu te tuer mais elle t’a épargnée au nom de cette alliance. Et toi tu l’as tuée dès qu’elle a tourné le dos. Tu n’as même pas eu le courage de l’achever. » Tu te souviens de voir la jeune brune agonisant dans la neige à l’écran. Elle était morte dans les bras de son coéquipier. Au moins elle était morte avec quelqu’un qu’elle aimait. « C’est ça que tu appelles être forte Gemma ? C’est ça que tu te targues d’être devenue ? » Une meurtrière sans honneur. Une lâche. « C’est ça ton honneur ? » Quel honneur c’est ! Pitoyable. Est-ce qu'elle voit Lily-Ann la nuit alors qu'elle essaie désespérément de dormir ? Elle le mériterait.
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Gemma K. Mubstin
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MessageSujet: Re: GEMMARD ✖ i hurt myself today, to see if i still feel   GEMMARD ✖ i hurt myself today, to see if i still feel Icon_minitimeDim 10 Fév - 22:55




Son ventre se tordit quand elle sentit la main de Richard s'échapper des siennes. Ce geste de recul, cependant, n'était rien comparé au profond dégoût qu'affichait le visage de son mentor. Elle tenta du mieux qu'elle put de masquer son accablement – il venait, après tout, de rejeter en bloc tout ce en quoi elle croyait. Seulement, lui, n'en avait pas terminé.

« Ils ne t’ont pas rendue forte. Ils ont fait de toi une meurtrière. Ils t’ont baigné les mains dans du sang et t’ont dit que ce que tu faisais était la chose à faire. » C'est faux, pensa-t-elle de toutes ses forces en réponse à cette attaque, c'est entièrement faux. Le Capitole l'avait extirpée de l'enfer dans lequel elle était enfermée depuis son enfance. Cet enfer nommé le district six, où quoiqu'elle dise, quoiqu'elle fasse, elle était critiquée, insultée, tourmentée. On la pointait du doigt dans la rue, on se moquait d'elle sur son passage. Personne ne la laissait s'exprimer, pire, dès qu'elle cherchait à se défendre, les choses empiraient. Elle avait tout essayé : ignorer, répondre, accepter, crier. Alors, oui, au fur et à mesure elle avait appris à faire fi de tous ces imbéciles, mais ce n'est pas pour autant qu'elle vivait comme elle l'entendait. Elle était toujours prisonnière de ce district et à moins de travailler d'arrache-pied toute sa vie en espérant se faire un jour repérer par l'équipe des Jeux, elle ne pourrait jamais réaliser son rêve et se rendre au Capitole. Or, les Jeux lui en avaient offert la possibilité. Et le Capitole s'était révélé être aussi extraordinaire que dans son imagination. Là-bas, on lui avait donné la parole, on l'avait autorisée et encouragée à faire ses preuves, ce que personne jusqu'alors n'avait daigné lui accorder. Elle avait grandi, progressé grâce au Capitole. Et aujourd'hui, elle était libre. Libre de faire ce qu'elle voulait, d'aller où elle le désirait. Elle était certes devenue une meurtrière, mais le prix à payer n'était rien comparée à ce qu'elle avait gagné. « Sans le Capitole tu n’aurais pas eu à survivre. Ils ne t’ont rien appris. Ils t’ont jetée dans l’arène en te disant de faire le choix entre mourir ou perdre ton âme au fur et à mesure que coulait le sang de tes adversaires. » Gemma se mordit la lèvre inférieure. De quel droit se permettait-il ? Avait-il été là, dans sa tête, 24h sur 24h, chaque jour passé dans l'arène, pour pouvoir affirmer de telles choses ? Ils ne t'ont rien appris. Il n'en savait rien, absolument rien. Sans le Capitole, il n'y aurait pas de Jeux, en effet, car sans le Capitole, il n'y aurait rien. Sans gouvernement, comment vivraient-ils ? Plus personne pour gérer le pays, plus personne pour maintenir l'ordre. Ce serait l'anarchie. Le chaos, comme elle l'avait déjà dit. Le Capitole est indispensable, on a besoin de dirigeants. Et les dirigeants ont besoin de tenir leur population. D'où les Jeux. Ceux-ci doivent effrayer le peuple, c'est leur raison d'être. Ils doivent être terribles. Le commentaire de Richard... eh bien, ne faisait que prouver une fois de plus leur efficacité. Il ne percevait pas les choses de la même manière qu'elle, il ne voyait pas ce qui se cachait derrière les Jeux. Il s'arrêtait à l'horreur, sans voir le but, le... génie, derrière. Comme tout le monde, il était aveugle. « Le monde allait bien mieux avant que le Capitole ne vienne. Le monde irait bien mieux sans lui. » Ce fut au tour de Gemma de laisser transparaître son dégoût. Richard ne comprenait pas. Elle s'apprêtait à le lui faire comprendre quand il prononça un nom qu'elle ne s'attendait pas à réentendre un jour. « Lily-Ann. » Elle fronça les sourcils et déglutit, attendant, soupçonneuse, qu'il poursuive « Tu devais être alliée avec elle. Elle aurait pu te tuer mais elle t’a épargnée au nom de cette alliance. Et toi tu l’as tuée dès qu’elle a tourné le dos. Tu n’as même pas eu le courage de l’achever. » Qu... Quoi ? Mais qu'est-ce qu'il... « Ce n'est pas... » commença-t-elle d'une petite voix, mais il reprit sans lui laisser le temps de parler. « C’est ça que tu appelles être forte Gemma ? C’est ça que tu te targues d’être devenue ? » Elle le regarda, les yeux écarquillés et la bouche entrouverte. « C’est ça ton honneur ? » Elle ne laissa pas le silence s'installer et répéta ce qu'elle avait voulu dire, l'air ahuri et les larmes aux yeux. « Ce n'est pas comme ça que ça s'est passé ! » Court silence. « Lily... Lucas... Il n'avait fait que me proposer son aide, c'est tout, rien de plus... Il n'a jamais été question d'un pacte ! » Sans le vouloir, elle venait d'employer le même terme que Lily, plusieurs semaines auparavant. Mais elle ne s'en rendit pas immédiatement compte et poursuivit. « Et puis de toute façon, Lucas m'avait menti tout du long et... ce qu'il m'a proposé ne concernait en rien Lily ! » Elle réalisa qu'elle se cherchait des excuses et ce constat la força à se calmer. « C'était les Jeux. Les Hunger Games. Je voulais vivre. Et une occasion pareille d'éliminer un adversaire, ça ne se laisse pas passer. » Ses joues s'étaient de nouveau couvertes de larmes, mais elle devait continuer ; elle détestait se faire traiter ainsi.
« Je ne sais pas combattre, que ce soit avec une arme ou à mains nues. Je ne sais pas piéger mes adversaires. Je ne sais pas chasser. Je ne cours pas vite. Je sais à peine survivre. » Je ne sais rien faire. Rien à part danser, vous vous souvenez ? « Mais malgré tout, je me suis battue. J'ai fait ce que j'ai pu, avec les moyens que j'avais. » Son regard se ficha dans celui de Richard. « Je voulais vivre, j'étais prête à tout pour cela. Pour moi, pour mes convictions, pour mes rêves que je voulais voir se réaliser... » Pour le Capitole, pour tous ces gens qui croyaient en elle. Elle en faisait peut-être trop, mais à ce moment-là, il n'y avait rien dont elle se fichait davantage. « Alors oui, j'ai tué. Parce que c'est la règle, parce que je devais le faire. Vous vouliez quoi ? Que je me laisse tomber dans la neige et que je me rende ? » Peu à peu, elle avait haussé le ton. Une nouvelle assurance brûlait dans sa poitrine ; les mots lui venaient naturellement. Elle refusait de se laisser marcher sur les pieds. Elle n'avait plus de leçons à recevoir de Richard, plus maintenant. Ses mains tremblaient mais elle parvenait à garder la maîtrise d'elle-même. « Je me suis battue jusqu'au bout, pour tout ce en quoi je crois. Peut-être pas toujours... proprement, mais je n'ai pas renoncé. »

« J'aurais pu, pourtant. Me laisser mourir, submergée par le désespoir... Mais je ne l'ai pas fait, moi. » Son ton se fit accusateur.
« Alors ne venez pas me parler d'honneur. »


Dernière édition par Gemma K. Mubstin le Mer 17 Juil - 14:14, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: GEMMARD ✖ i hurt myself today, to see if i still feel   GEMMARD ✖ i hurt myself today, to see if i still feel Icon_minitimeMar 19 Fév - 17:53

Tout aurait été plus simple si Gemma n’avait pas été celle qu’elle était. Mais, tu le sais bien, elle est née dans une famille qui vouait déjà une admiration sans borne au Capitole, une famille qui jouait les animaux de compagnie conciliants, mangeait dans la main des Pacificateurs sans même se dire que ce qu’ils faisaient était dégradant. C’est ce qu’elle a appris. Que le Capitole était grand, que le Capitole était beau, que le Capitole était magnanime... Un ramassis de foutaises dont on lui en a bourré le crâne. Tu te doutes bien que toute sa vie jusqu’ici les habitants moins bien lotis devaient lui mener la vie dure. Sauf qu’elle ne comprend pas. Elle ne comprend pas que endurer toute sa vie et au final montrer qu’elle est plus forte qu’eux aurait été bien mieux que de devenir ce qu’elle était : une tueuse. Elle ne comprendra jamais, tu en as peur. Elle n’est pas l’une d’entre vous. L’un de ces monstres brisés en millions de petits morceaux tranchants comme du verre, écrasés par l’arène, qui ont cette constante impression d’avoir au-dessus de leur tête une épée de Damoclès. Pas celle que le président maintient au-dessus de leur tête, non. L’épée de la folie. Elle est déjà tombée pour certains, tu le sais bien. Ce que tu ne sais pas c’est si pour toi elle est tombée ou non. C’est ça le risque. L’incertitude. Tu te dis en la voyant que Gemma ne la connaîtra jamais, cette incertitude. Du moins tu ne crois pas. La jeune femme est un de ces monstres bourrés de paillettes, maquillés au point qu’ils ne se rendent même plus compte de leur propre laideur. Une bête se battant pour une attention de la part du Capitole, un de ces bestiaux de cour capables d’écharper son voisin pour briller et être sous les feux de la rampe. Comme Seth. Tu préfères encore les monstres comme toi. Au moins vous, vous ne vous cachez pas, vous ne vous leurrez pas. Mieux veut une épave irrécupérable qu’une épave qui s’ignore et sombre alors que l’on joue encore de la musique à tous les étages. C’est ce qu’elle est Gemma. Une pauvre créature qui se leurre, attirée par la lumière du phare, sans se rendre compte qu’il n’y a que des récifs et qu’elle ne pourra atteindre aucun rivage.
Elle essaie de réfuter tes accusations sur Lily. « Ce n'est pas comme ça que ça s'est passé ! » Tu la regardes, aussi placide qu’une baleine. Elle sait très bien que c’est comme ça que ça s’est passé. « Lily... Lucas... Il n'avait fait que me proposer son aide, c'est tout, rien de plus... Il n'a jamais été question d'un pacte ! » Une proposition d’aide. Une main tendue. Dans l’arène, une main tendue, c’est plus qu’une promesse. Dans l’arène, une main tendue vaut bien mille pactes signés avec son propre sang. Tu le sais bien. Tu l’as vécu. Une main tendue. A la vie à la mort jusqu’à l’abandon. Mais jamais on ne devra être celui à planter un couteau dans le dos de celui qui nous a aidé. « Et puis de toute façon, Lucas m'avait menti tout du long et... ce qu'il m'a proposé ne concernait en rien Lily ! » Tu parles que ça ne la concernait pas tiens ! Il aurait fallu être aveugle pour ne pas comprendre la façon dont le jeune du huit regardait sa co-tribut. Si il avait proposé une alliance avec quelqu’un, évidemment que cela concernait aussi son amie. Si quelque chose pouvait la protéger il l’aurait fait. Certaines choses se voient comme ça. « Pourquoi tu essaies de te chercher des excuses ? Tu sais qu’avec moi elles importent peu. » Pour elle si. Pour elle si. Tu vois bien, non ? Elle essaie de se donner bonne conscience. Elle veut se persuader qu’elle était dans son droit. Qu’elle n’a rien fait de mal. Sauf qu’elle a tué Lily. Pas seulement Lily. « C'était les Jeux. Les Hunger Games. Je voulais vivre. Et une occasion pareille d'éliminer un adversaire, ça ne se laisse pas passer. » Si. Si, ça se laisse passer. Quand on veut rester humain cela se laisse passer. Tu n’aurais jamais éliminé un adversaire par derrière. Elle pleure. Tu ne devrais pas être aussi sévère tu sais. C’était l’instinct de survie. Elle voulait vivre. Elle avait peur. Tout le monde ne peut pas être l’espèce de chose sans sentiments que tu es et étais déjà - en moindre mesure - avant la Moisson qui t’a ôté à ton quotidien.
« Je ne sais pas combattre, que ce soit avec une arme ou à mains nues. Je ne sais pas piéger mes adversaires. Je ne sais pas chasser. Je ne cours pas vite. Je sais à peine survivre. » La fille qui savait danser et reconnaître les herbes. C’est doux comme talent. C’est humain. C’est ce qu’elle aurait dû rester. « Je croyais que le Capitole t’avait appris à survivre. » Que tu étais forte. « Mais malgré tout, je me suis battue. J'ai fait ce que j'ai pu, avec les moyens que j'avais. » Se battre. N’est-ce pas ce qu’on fait tous à la fin ? Se battre pour avoir la chance de respirer un peu plus longtemps dans ce monde oppressant. « Je voulais vivre, j'étais prête à tout pour cela. Pour moi, pour mes convictions, pour mes rêves que je voulais voir se réaliser... » Toi tu ne voulais pas vivre. Tu ne voulais pas gagner. Tu ne voulais pas te battre, sortir de l’arène. Tu voulais que Rhea en sorte. Pourtant tu es là. Un coup du destin. « Alors oui, j'ai tué. Parce que c'est la règle, parce que je devais le faire. Vous vouliez quoi ? Que je me laisse tomber dans la neige et que je me rende ? » Toi aussi tu as tué. Toi aussi tu as les mains pleines d’un sang qui n’est pas le tien - au sens figuré parce que présentement c’est effectivement le tien. Tu as tué par vengeance. Parce que tu te disais qu’il fallait que tu reviennes pour demander à la famille de la petite de te pardonner. Mais c’est un peu facile de se réfugier derrière la règle du jeu. Je l’ai fait parce qu’on m’a dit de le faire. « Que tu aies le courage de la regarder dans les yeux, de lui demander pardon et de mettre fin à ses souffrances. Comme un être humain. » Parce qu’elle ne méritait pas de mourir comme un animal, d’agoniser dans son propre sang, tout ça parce que sa meurtrière a été trop lâche pour aller jusqu’au bout de ses actes.
« Je me suis battue jusqu'au bout, pour tout ce en quoi je crois. Peut-être pas toujours... proprement, mais je n'ai pas renoncé. [...] J'aurais pu, pourtant. Me laisser mourir, submergée par le désespoir... Mais je ne l'ai pas fait, moi. » Moi. Oui, il est évident qu’elle t’accuse d’être devenu ce que tu es, d’être debout dans cette cuisine après t’être toi-même mutilé par faiblesse. Comme si laisser couler ton sang allait laisser couler ta douleur avec, comme on croyait que les saignées faisaient s’écouler le mal au Moyen-Âge.
« Alors ne venez pas me parler d'honneur. »
Avant les Jeux, tu aurais explosé. Tu lui aurais peut-être même fait mal. Mais maintenant, tu te rends bien compte que cela ne servirait à rien. A quoi bon ? « J’ai tué mais moi j’ai eu le courage de regarder les gens en face. J’ai sombré, peut-être mais je suis toujours là. J’essaie de garder le gouvernail droit. Je ne suis pas mort tu vois. Pas encore. Et quand tu verras quelqu’un qui a sombré bien plus loin que moi, tu comprendras. » Ludmilla. Jain... Bien plus loin que tu n’es jamais allé. « Je suis peut-être un monstre aux yeux de tous mais je ne me cache pas. » Tu poses un doigt ensanglanté sur le front de Gemma et y dessines un long trait pourpre. « L’honneur ce n’est pas garder la tête haute et sourire quand tout le monde te regarde. » L’honneur c’est quelque chose que tu as perdu. Tu peux couler jusqu’au fond de l’océan mais avoir toujours ton honneur, même s’il ne te sert plus à rien dans les profondeurs.
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Gemma K. Mubstin
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Gemma K. Mubstin
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MessageSujet: Re: GEMMARD ✖ i hurt myself today, to see if i still feel   GEMMARD ✖ i hurt myself today, to see if i still feel Icon_minitimeLun 22 Avr - 23:35




Elle fixait le fond de l'évier en secouant la tête, dans une vaine tentative de repli. Elle ne voulait pas croiser le regard de son mentor, par peur de ce qu'elle pourrait y lire. Tout ce qu'elle venait de dire reflétait sa pensée profonde, sans mensonge ni ambigüité. Et l'expérience avait montré que face à Richard, l'honnêteté avait souvent un revers.
Gemma patientait, nerveuse, guettant une réaction.
« J’ai tué mais moi j’ai eu le courage de regarder les gens en face. » Elle ferma les yeux tout en pinçant les lèvres. Encore cette réflexion. Regarder les gens en face... A quoi bon ? Est-ce que Lily aurait survécu ? Sa mort aurait-elle été moins douloureuse ? Non. Et quoique Richard en dise, elle avait cherché à abréger ses souffrances. Ce coup dans la mâchoire, elle ne l'avait pas donné par plaisir. « J’ai sombré, peut-être mais je suis toujours là. J’essaie de garder le gouvernail droit. Je ne suis pas mort tu vois. Pas encore. » Comment osait-il lui dire ça ? Lui qui passait son temps à boire, lui dont le corps avait l'apparence d'un cadavre putréfié, lui qui se mutilait... C'était ça pour lui, essayer de garder le gouvernail droit ? Gemma ricana. « Et quand tu verras quelqu’un qui a sombré bien plus loin que moi, tu comprendras. » Elle haussa les épaules, indifférente, puis détacha son regard du lavabo pour se focaliser sur son mentor. Tu comprendras... Cette manie qu'il avait de la prendre de haut, de toujours lui faire la leçon, l'agaçait de plus en plus. Certes, il était bien plus âgé qu'elle, et possédait l'expérience qui allait avec. Certes, il avait vécu des choses peu sympathiques, en plus des Jeux. Mais cela ne lui donnait pas le droit de la juger elle, et ce qu'elle allait devenir. Il s'adressait à elle comme s'il connaissait à l'avance tout ce qu'elle allait vivre.
Il avait été son mentor pendant les Jeux, et il y aurait toujours un lien étrange en eux, mais cela s'arrêtait là. Il ne la connaissait pas. Elle n'était plus la gamine désespérée qu'il avait recueillie dans le train, une éternité plus tôt.

« Je suis peut-être un monstre aux yeux de tous mais je ne me cache pas. » Ses sourcils se froncèrent. Y avait-il un sous-entendu là-dessous ? La considérait-il comme... comme un monstre ? Elle perdit un peu de sa belle assurance. Non, elle devait se faire des idées, il parlait de lui, rien de plus...
Ses réflexions furent interrompues lorsque Richard vint poser un doigt sur son front moite. Gemma resta immobile, paralysée, tandis que le doigt glissait sur sa peau en la maculant de sang. Le regard plongé dans celui de son mentor, elle tentait d'y lire une explication. Mais les yeux qu'elle avait en face d'elle n'exprimaient rien. Comme toujours.

« L’honneur ce n’est pas garder la tête haute et sourire quand tout le monde te regarde. » Des images lui revinrent en tête, peu douloureuses pour une fois. Elle se revoyait lors du Défilé, cible de toute l'attention du public, savourant chaque mot prononcé par le Président Snow qu'elle voyait en chair et en os pour la première fois. Elle se revoyait lors de son interview, encore une fois au centre de l'attention, face aux caméras et aux centaines de spectateurs. Les réponses aux questions lui venaient naturellement, une énergie nouvelle brûlait en elle alors qu'elle exprimait son amour du Capitole.
Sa terreur quant à son avenir incertain n'avait plus aucune prise sur elle. Elle était heureuse, fière. Jamais elle ne s'était sentie autant à sa place.
Et que Richard se permette de la juger là-dessus la révoltait. Il la prenait pour une gamine superficielle, incapable de la moindre réflexion. Pour lui, elle n'était qu'une façade. Il ne comprenait pas.

« L'honneur... c'est avoir des convictions, c'est s'engager pour une cause... et la mener au bout. » Gemma inspira profondément. Elle pouvait le faire. Elle savait ce qu'elle devait dire. « Je me suis engagée auprès du Capitole, depuis toujours. Cet engagement est en moi, il fait ma force. » Elle baissa les yeux pendant un court instant, absorbée dans ses pensées, mais les releva rapidement. Richard ne devait pas prendre ses paroles à la légère comme il le faisait habituellement. « Je me suis promis – je leur ai promis à tous – que je ferais tout ce qui est en mon pouvoir pour survivre. Et je m'y suis tenue. C'est que réside mon honneur. » Mais cette explication ne suffisait pas. Sans laisser le temps à son mentor de réagir, elle poursuivit. « Ce qui se passe dans l'Arène, c'est triste. Que j'aie tué Lily, c'est triste. Mais est-ce que la regarder dans les yeux, lui parler ou je ne sais quoi aurait changé quoique ce soit ? Non. Dans tous les cas, elle est morte. Comme Katell, comme Frenchie, comme Lucas... Leur demander pardon ne sert à rien, à part à se faire plaisir, à se décharger de la responsabilité... C'est se voiler la face. Dans tous les cas, ils meurent, et je vis. » Bref silence.
« Mon... sourire, ou tout ce que vous voulez, n'a rien à faire là-dedans. » C'est juste moi. Alors quoique vous croyez... « Je ne me cache pas. Je sais ce que j'ai fait et... et... j'en suis fière. Parce que c'est ce qu'il fallait faire. » Sa voix dérailla sur la fin. Elle n'en pouvait plus. Trop de... Trop de choses s'étaient passées en trop peu de temps.
Afin d'écarter le malaise qu'elle ressentait, Gemma recula d'un pas, regarda autour d'elle, puis contourna Richard pour rejoindre le salon où elle se laissa tomber sur un sofa, la tête dans les mains.



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MessageSujet: Re: GEMMARD ✖ i hurt myself today, to see if i still feel   GEMMARD ✖ i hurt myself today, to see if i still feel Icon_minitimeSam 27 Avr - 14:46

Dire que tu essaies de garder le gouvernail droit c’est une espèce d’ignoble mensonge, n’est-ce pas ? D’hypocrisie. Garder le gouvernail droit c’est pas ce que tu fais. Loin de là même. Tu sombres, toujours plus avant. Regarde-toi, même ta fille a pas voulu rester. Tu appelles ça ne pas sombrer ? pas moi. Moi je pense que tu t’enfonces, lentement mais sûrement, dans la chape de pétrole qui recouvre la mer. Tu t’englues. Tu as déjà presque cessé de lutter pour décoller. Les efforts d’un oiseau déjà trop pris dans le caoutchouc ne sont rien. A la fin, tout animal a ce brin de lucidité qui fait qu’il se résigne à la mort. Toi, tu es un animal, plus que bien des humains. Mais tu n’as pas encore atteint cette lucidité. Ou plutôt si. En fait, tu ne sais plus. Il y a des moments où tu as l’impression d’avoir déjà coulé et d’autres où tu penses pouvoir encore, non pas te sauver, mais ne serait-ce que surnager. T’es pas mort. Pas encore. A moitié mort. A moitié vivant. Mais gouvernail droit ? Arrête de te leurrer, arrête de te foutre de la gueule du monde. Toi. Gouvernail droit. Qui oserait avaler un tel mensonge alors même que par terre git le couteau que tu as plongé dans ta propre chair. Quitte à déchirer ta peau, autant le faire d’une manière plus définitive. Mais tu ne t’y résoudras pas. Peut-être que c’est ça que tu appelles garder le gouvernail droit. Si quelqu’un doit te donner le coup de grâce, qu’il le fasse, mais tu n’auras jamais assez de pitié envers toi-même pour t’administrer le coup fatal. Garder le gouvernail droit de cette manière, c’est ton honneur. On fait comme on peut de toute évidence. L’honneur c’est pas tout blanc ou tout noir. Et il y a bien plus de cinquante nuances de gris.

« L'honneur... c'est avoir des convictions, c'est s'engager pour une cause... et la mener au bout. » Ouais. Ouais peut-être. Mais ce qu’elle décrit ressemble aussi furieusement au ‘‘la fin justifie les moyens’’, qui a depuis toujours été la devise des dictatures humaines. Les dictatures animales ? Rien à foutre, on appelle ça la loi du plus fort, c’est ce qu’il y a de plus courant chez les animaux. Sauf que l’homme s’efforce de ne pas être un animal alors quand on lui fous une dictature sur la gueule, il est pas d’accord. Puis il plie. Toujours. « Je me suis engagée auprès du Capitole, depuis toujours. Cet engagement est en moi, il fait ma force. » Elle a plié elle aussi, bien vite. Elle est comme un chien. Vous savez, ce genre de chiens que son maître bat comme plâtre parce que battre son chien c’est plus facile que battre sa femme. Ce genre de chiens qui s’en prend des coups de pied, des coups de poing, des coups de balai, mais qui regardera toujours son maître avec ses yeux débordant tellement d’amour que c’en est ignoble, déchirant. Un chien qui ne demande qu’à être aimé mais aimera néanmoins, sans retour. Ce n’est pas une force. C’est une faiblesse.
« Je me suis promis – je leur ai promis à tous – que je ferais tout ce qui est en mon pouvoir pour survivre. Et je m'y suis tenue. C'est là que réside mon honneur. » La fin justifie les moyens. Oui, c’est exactement ce qu’elle est en train de décrire. Merde, c’est pas de l’honneur ça. Ce sera jamais de l’honneur ça. C’est juste l’instinct de survie, ça n’a rien d’honorable. C’est juste bestial. Le fait qu’elle ait promis de revenir n’a rien à voir avec le fait qu’elle soit revenue. C’est juste qu’elle ne voulait pas mourir. Comme un animal. « Ce qui se passe dans l'Arène, c'est triste. Que j'aie tué Lily, c'est triste. Mais est-ce que la regarder dans les yeux, lui parler ou je ne sais quoi aurait changé quoique ce soit ? Non. Dans tous les cas, elle est morte. Comme Katell, comme Frenchie, comme Lucas... Leur demander pardon ne sert à rien, à part à se faire plaisir, à se décharger de la responsabilité... C'est se voiler la face. Dans tous les cas, ils meurent, et je vis. » Tu crispes tes doigts sur ta blessure au nom de Katell. Elle ose te pas parler d’elle. Mais de quel droit ? Hein ? Elle a pas le droit. T’es pas d’accord. Le pire dans tout ça c’est que pour une fois, pour une fois, ton ancienne élève a raison.
« Mon... sourire, ou tout ce que vous voulez, n'a rien à faire là-dedans. » Son sourire qu’elle croit sa force. Pauvre enfant, va. Elle est si aveugle. C’est la lumière qui se reflète sur les dents parfaites des Capitoliens qui a dû lui griller la cervelle. Ou une connerie dans le genre. « Je ne me cache pas. Je sais ce que j'ai fait et... et... j'en suis fière. Parce que c'est ce qu'il fallait faire. » Définitivement grillée par les projecteurs. Evidemment qu’elle se cache. Elle n’admet pas qu’avoir tué tous ces gens, qu’avoir gagné, qu’être la marionnette du Capitole, que tout ça fait d’elle un monstre, au même titre de tous ceux dont la tête a été ceinte de la couronne d’or.

« C’est là que tu te trompes. Il n’y a aucune fierté à tirer du meurtre. » Rien que de la honte. Et du repentir. Tu l’as écoutée te déballer ses vérités mais maintenant c’est à ton tour. Ton tour d’essayer de la convaincre qu’elle a tort. Putain elle a tort. Oui, elle a tué, comme vous tous, et ce n’est pas de ça que tu l’accuses. Sa conscience, bien qu’elle le démente, doit l’accabler suffisamment comme ça. « Cet engagement c’est pas une force. Parce que c’est pas toi qui l’a choisi. Ce sont tes parents. » Toujours elle a suivi les dires de ceux plus âgés qu’elle, toujours elle a écouté ses parents, et maintenant le Capitole. Quand cessera-t’elle de faire ce que les autres lui disent et quand ouvrira-t’elle les yeux ? Quoique t’écouter c’est un peu faire ce que toi tu veux, non ? Sauf que tu ne lui demandes pas de te suivre et de se taire. Tu lui demandes d’ouvrir les yeux. « Toute ta vie tu as eu peur de regarder vraiment ce qu’était le Capitole et ce qu’étaient les rebelles, de peur de découvrir que ce n’était pas ce que tu croyais, de peur de décevoir tes parents, de peur de te rendre compte que tu avais fait le mauvais choix toute ta vie. Toute ta vie tu as refusé de regarder de peur de désobéir. » Tu te rapproches d’elle. « Quand est-ce que tu vas ouvrir les yeux Gemma ? » Juste regarder autour d’elle, et analyser. Regarder le monde avec une vision épurée de tout filtre. Epurée d’idéologies familiales ou pro-capitoliennes. Epurée de vision de rebelle. Une vision pure, unique, sans aucune influence, juste ses yeux. Qu’elle puisse comprendre et faire son choix. Ta voix est presque douce. « Je ne te demande pas de haïr le Capitole. Je te demande d’ouvrir les yeux et de regarder autour de toi. Vraiment. Et alors, quel que puisse être ton choix, je n’en dirai plus rien. » Dernier conseil de mentor. Pour Katell. Pour Frenchie. Pour Lily. Pour Lucas. Pour tous ceux qui sont morts là-dedans. Pour qu’ils ne la voient pas leur survivre en faisant les mauvais choix.
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