| Sujet: when we met today, did i feel insane ? ♈ ANTEY&ROXY Mer 4 Avr - 20:25 | |
| Anteynara replaça la mèche de cheveux qui lui barrait la vue derrière son oreille droite. Il était tôt, trop tôt même. Elle ne savait même pas ce qu'elle faisait debout, à la fenêtre de sa chambre, à observer son quartier. Un très beau quartier, il faut le dire, dans lequel on trouvait des maisons toutes plus grandes et belles les unes que les autres. C'en était presque trop parfait, trop futile. Mais elle s'étonnait elle-même à aimer ce quartier. Parce que c'était calme, beau, tout le monde était plutôt sympa. Elle connaissait ses voisins, allait dîner chez eux le samedi soir, en compagnie de son père. C'était vraiment un quartier plaisant, éloigné du centre et bien plus agréable que ceux qui se trouvaient proches de l'agitation du Capitol. Ce quartier dans lequel elle avait grandi... c'était son chez elle, là où elle se sentait bien. Si un jour elle avait à fuir cet endroit, pour n'importe quelle raison, elle s'en remettrait, mais difficilement. Le soleil se levait au loin, derrière les toits, et à cette pensée, Anteynara ne put retenir un sourire. Elle aimait voir le soleil se lever, ou se coucher, parce qu'elle avait le sentiment que c'était son moment à elle, un instant privilégié. Et peu importe où elle se trouvait, elle pourrait toujours le voir. Elle versa du café dans sa tasse et continua de regarder l'horizon, d'un regard évasif. Elle se souvenait de l'époque où Zeppelin -sa grande sœur- et elle-même se levaient tôt le matin pour sortir dans le grand jardin, s'asseoir sur la petite colline au fond, et regarder les dernières étoiles se fondre sur un ciel de plus en plus clair. Zeppelin. Elle lui manquait terriblement. Mais elle savait que dans le district 01, au village des vainqueurs, elle avait une vie heureuse. Et même si ses quelques liens avec la rébellion pouvaient lui apporter des problèmes, Antey ne s'en faisait pas pour sa soeur. Elle n'avait jamais été du genre à s'attirer les problèmes, elle faisait même tout pour les éviter. Elle était la personne la plus prudente qu'elle connaissait, et Zep avait longtemps réfléchi avant de s'engager. Elle continuait de réfléchir avant chaque action. Si quelque chose présentait trop de risques, elle restait en arrière. Anteynara ne le lui reprochait pas, elle trouvait même ça admirable. Elle-même n'avait pas de grand sens de la prudence. Elle faisait les choses parce qu'elle se disait que c'était la bonne chose à faire, tout simplement. Si Zeppelin et Antey étaient séparées, c'était parce que c'était la meilleure solution. L'ironie résidait bien dans le fait que celle qui avait le plus voulu partir avait toujours été Anteynara. Au final, les rôles avaient été inversés. Anteynara aurait été en âge d'être moissonnée, contrairement à Zeppelin, et si quelqu'un devait rester pour toucher le Capitol en plein cœur, c'était Antey. Zeppelin n'aurait jamais accepté, par simple prudence, et parce qu'elle n'aurait pas pris l'initiative, pas sans l'appui de sa cadette. Alors oui, être séparées, c'était la meilleure solution, et l'unique. De toute manière, Anteynara avait eu cette fameuse autorisation signée par le Président Snow en personne, pour aller voir sa famille au district 01. Son père avait toujours été dans les bonnes grâces de monsieur le Président, et Antey tenait à y être elle aussi, même si Snow n'était pas dans les siennes. L'air était frais, mais agréable. Un matin d'avril. Avril, le mois favori d'Anteynara. Le mois du printemps, de sa naissance. Antey but une gorgée, puis referma la fenêtre. Elle jeta un œil à l'horloge. Il était temps de se doucher. A neuf heures, elle avait rendez-vous avez sa psychiatre, dans un petit parc à quelques rues de là. Anteynara n'avait pas une envie folle de s'y rendre, mais ça ne la dérangeait pas plus que ça... Elle avait tellement l’habitude de ces rendez-vous, et elle savait que ce que son médecin faisait, ça l'aidait. Elle lui devait beaucoup après tout. C'était elle qui avait éveillé sa passion pour la composition, une passion depuis toujours enfuie au fond d'elle certes, mais tout de même. Anteynara avait appris à lui faire confiance pour ce qui était de sa santé. Pour le reste, elle ne savait pas. C'était l'un de ses plis grands doutes. Jamais on ne parlait du Capitol en exprimant son point de vue. C'était tout simplement impensable de critiquer le gouvernement. De ce fait, Anteynara ne savait rien sur les convictions de son médecin. Mais la majorité des habitants de cette cité de rêve plaçaient leur confiance en leur président. Il y avait trop peu de chances pour que la jeune rousse ait des pensées rebelles. Si Antey évoquait le sujet, il y avait neuf chances sur dix pour que sa psychiatre la dénonce. Et ça, Anteynara ne voulait pas y penser. Elle chassa cette réflexion de son esprit, sachant pourtant que jamais ces pensées ne la quittaient totalement. Antey avait peu de problèmes, et il était donc facile à concevoir que ce dilemme fût l'un de ses plus grands soucis.
Une fois douchée, Anteynara retourna dans sa chambre et choisit, parmi ses innombrables tenues, un jean assez simple et un t-shirt coloré et extravagant. Elle n'était pas forcément adepte de toutes les modes qui circulaient au Capitol. Elle aimait la mode, mais son cœur s’emballait pour des tenues plus simples. C'était peut-être l'un des seuls détails qui la différenciaient de toutes ces filles du Capitol. Anteynara en avait conscience, et elle en était plutôt fière. Entre toutes ses filles qui essayaient de sortir du lot et d'attirer l'attention, elle était celle qui se différenciait véritablement. Anteynara enfila ses vêtements, se coiffa et appliqua son maquillage, puis elle mit des escarpins, attrapa un sac à main... Et elle sortit enfin, en prenant de soin de ne pas réveiller son père, le tout après lui avoir laissé un mot sur la table de la cuisine. "Partie pour mon RDV. Reviens vers midi. Si changement de programme : téléphone. Bisous" Son père était adorable aux yeux d'Anteynara, et elle se sentait parfois coupable de lui mentir, voire de le manipuler. Il avait grandi au Capitol, et elle croyait réellement en Snow, mais elle était incapable de le lui reprocher. C'était quelqu'un de tellement doux, d'affectueux, de bien intentionné. Il ne voyait juste pas ce qui se passait au-delà des murs de cette d'or massif. Elle n'était pas dans sa tête, elle ne savait pas ce qu'il s'imaginait, mais il ne voyait pas les choses comme elles l'étaient. Antey hésita pendant un instant à marcher ou à prendre la voiture, mais elle se dirigea finalement vers son véhicule, se disant que le parc était tout de même à un quart d'heure à pied, et n'étant pas sure d'y être à l'heure. Elle fut arrivée en cinq petites minutes, arrêta le moteur, et emprunta les sentiers de gravillons, à la recherche de son médecin. Leur banc, celui où elles avaient rendez-vous, se trouvait de l'autre côté du parc. De loin, elle aperçut la jeune femme. Anteynara sourit. Elle accéléra le pas et arriva bientôt à la hauteur du banc. « Désolée pour le retard... » Anteynara eut un sourire gêné, ne se doutant en réalité pas du fait qu'il n'était que 8h59. Le parc était désert. Anteynara s'installa à la droite de la jeune psychiatre. « J'ai eu quelques soucis, et je ne me suis pas pressée, de peur de faire du bruit et de réveiller mon père. Vous savez, il dort encore à cette heure-ci. Il avait un meeting important qui a duré jusqu'à une heure du matin, hier soir... Ou plutôt cette nuit. Il est rentré très tard, terriblement fatigué. Je l'ai encore aidé à signer quelques papiers, puis il s'est couché. Il ne va pas très bien en ce moment, il avait attrapé un sale rhume courant février, et depuis il le traine. Il est assez fatigué et j'ai pris soin d'annuler ses rendez-vous de la matinée pour qu'il puisse dormir, il le mérite bien après tout, avec tout le travail qu'il fournit pour- Oui bon... » Elle finit par se taire, se rendant compte qu'elle partait dans des explications inutiles et inintéressantes. C'était l'un de ses problèmes, son habitude à toujours trop parler. Elle savait cependant se contrôler quand il le fallait, et ce petit problème n'avait rien à voir avec les troubles dont elle souffrait. Ça faisait simplement partie de son tempérament. Elle était comme ça, et si sa mère n'appréciait pas ce côté de sa personnalité, son père lui, ne voyait là-dedans qu'une petite fille un peu trop joyeuse et qui avait un constant besoin de s'exprimer. |
|