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 Love's like a brick you can build a house or sink dead bodies Ϟ Swain & Silk

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Swain Hawkins
DISTRICT 5
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Love's like a brick you can build a house or sink dead bodies Ϟ Swain & Silk Vide
MessageSujet: Love's like a brick you can build a house or sink dead bodies Ϟ Swain & Silk   Love's like a brick you can build a house or sink dead bodies Ϟ Swain & Silk Icon_minitimeJeu 4 Oct - 22:45



Même une fois coupée, la tête d’un animal peut encore mordre.
C’est fascinant. Fascinant combien on peut se persuader soi-même de son optimisme. Combien une simple pensée, un unique espoir erroné auquel s’accrocher peut foutre en l’air une vie. Est-ce l’impuissance, est-ce le manque de force ? Pourtant cette énergie nous maintient toujours debout. Un peu comme un animal à qui l’on aurait tranché la tête. Le cerveau ne répond plus et pourtant le corps continue de fuir et d’espérer. Une machine bien huilée qui assume son rôle jusqu’à ce que le carburant  qui entretient son illusion lui fasse défaut. Que le sol se dérobe et que la lumière vacille. L’instinct de survie, est une chose fascinante. On le prend pour un ami qui nous apprend la méfiance. Pourtant jamais soupçonné il s’insinue, berce de certitudes et dénonce les menaces pour mieux écarter de notre vue les horreurs inévitables. Ce foutu optimisme qui nous permet d’affronter  nos pires craintes en oubliant qu’une bataille gagnée se paie toujours d’une défaite. « Si tu fermes les yeux et que tu repenses à quelque chose qui t’a rendu heureux, alors tu verras qu’il y a encore de l’espoir. » Ces mots ont toujours sonné creux à mes oreilles. Cette formule magique n’a jamais vraiment marché sur moi. Aujourd’hui plus que jamais. A cet instant plus que jamais. La seule chose qui me rendait heureux. La seule chose pour laquelle mon corps en lambeaux aurait pu encore se tenir debout. La seule chose pour laquelle j’aurais tout fait, tout enduré. La seule chose que je croyais que la vie épargnerait. La seule chose qui me restait. La seule chose que j’avais. La seule chose qui pouvait tout changer.

Ils me l’ont prise.

J’espérais. Je pensais. Je refusais. Je fuyais. Je voulais le protéger. Je voulais me persuader. J’ai échoué. Même une fois coupée, la tête d’un animal peut encore mordre. Jusqu’à ce qu’il tombe à genoux en cessant d’implorer. Jusqu’à ce qu’il se vide de tout. Jusqu’à ce que le temps lui-même s’arrête.

Je croyais au futur.

La mâchoire de la réalité a réduit en charpie ce charmant mensonge.

***

Les cimes ont cessées de s’agiter. Le vent lui-même a réduit sa colère comme s’il avait décidé de participer à la trahison du paysage dégagé de cette clairière dans laquelle j’ai trouvé refuge. Le silence me pèse. Il parcourt le réseau de mes veines d’un frisson de tension. Je pourrais presque entendre mes nerfs s’entrechoquer si mon cœur ne battait pas aussi fort à mes tempes. Mon corps glacé est tapis contre le sol, profitant de la couverture de quelques fougères je cherche un semblant de repos. Ma respiration irrégulière a remplacé les bourrasques. J’halète en essayant de réduire mon souffle affolé et c’est plutôt douloureux. Mon esprit s’est réduit au stricte nécessaire. Je ne suis plus que réflexes instinctifs. Le craquement sonore d’une branche attire mon attention vers la droite. Impossible de manquer une telle proie immaculée au travers de cette teinte de nature. Mes doigts se crispent sur le manche de mon couteau de chasse et je rampe un peu plus en retraite. Aujourd’hui, c’est moi la proie. Nouveau craquement précipité et je me relève d’un bond, faisant volte-face pour m’échapper et mettre le plus de distance possible entre moi et mon poursuivant. Les branches me meurtrissent le visage et les bras, je ne ressens même plus l’effort qui active mes jambes. Le sol apparait et disparait sous mes pas. Mon champ de vision se réduit sur un point de l’horizon, le décor se distend et s’allonge. Branches, feuilles mortes, herbe, pierres. Vide. Eau. Mon sursaut est étouffé par le contact violent de la surface aqueuse avec mon visage, puis vient les profondeurs. Pendant quelques secondes le silence est de nouveau total. La respiration me manque. Mon souffle s’est coupé. Ma tête éclos à la surface et tout redevient bruyant. Fuir, encore et toujours. Se débattre. Je m’extirpe de la rivière, sentant toujours une ombre derrière moi. Pourtant elle hésite en arrivant au bord. C’est ma chance, et je la saisis, redoublant de vitesse. Ongles griffant la terre, un goût de feuille dans la bouche, la brûlure de l’air dans ma gorge. Fuir, encore et toujours. Je trébuche tout à coups, lâchant un juron en roulant contre une butte de terre. Je me dépêtre avec mes vêtements trempés pour me redresser mais trop tard, une autre silhouette éclatante que je ne soupçonnais pas vient de fondre sur moi. Aussitôt ma lame part en tranchant l’air, frôlant le cou de mon adversaire essoufflé. Mon corps se ratatine comme un animal prêt à attaquer, le dos contre un tronc. Je le jauge rapidement, m’apprêtant à porter un autre coup. La chaleur du mois d’août approchant, l’odeur du sang, la sensation d’un regard. La sensation glaciale du métal contre mon front.

Les suivre bien gentiment hein ? J’émets un regard haineux. Le pacificateur insiste de la pression de son arme sur ma peau. Alors comme ça ils me cherchent depuis des jours ? Merde. Ça me dit rien qui vaille. Pendant un instant l’idée de tenir encore tête me traverse l’esprit. Pendant un instant j’évalue mes possibilités de fuite. Fuir, encore. Mon couteau chute et se plante dans le sol à mes pieds. Je me rends. Le collègue de l’homme armé en profite pour me décrocher un violent coup de poing en représailles de sa gorge blessée, son autre main faisant pression sur la blessure peu profonde mais sanglante. Je lui réponds de ma main cherchant à agripper son col mais le canon de l’arme m’intime de nouveau de ne pas me jeter sur lui. Je me contente d’un nouveau regard dégouté, sentant qu’il glisse jusqu’à l’arrière de ma tête pour que nous nous mettions mieux en marche. Nous rebroussons chemin, passant de nouveau près de la rivière avant de rejoindre une route. Putain. Manquait plus que ça. Pardonne-moi Cas’. Le frigo sera vide quand tu rentreras.

En tant d’années de braconnage il ne m’est arrivé que peu de fois de m’être fait embarquer. Ma récidive me vaut des punitions de plus en plus lourdes et lorsqu’elles tombent, c’est sans surprise que je n’ai d’autre choix que d’attendre quelques jours de reprendre des forces avant de recommencer. Et si c’est bien connu que je passe mon temps à enfreindre les règles, les lois prônent le « pris sur le fait. » Mais aujourd’hui je me serais bien passé de me retrouver poussé par des pacificateurs comme un vulgaire pantin sur le chemin. S’ils me conduisent à l’hôtel de ville au moins je serais au plus près pour accueillir le retour de mon frère. Je n’ai pas compté les heures. Je n’ai pas regardé les jeux. Je n’ai jamais regardé les jeux. Je me suis contenté de constater leurs dégâts, et le visage de ma mère suffisait à me donner l’envie d’éviter à tout prix de voir ce que le Capitole leur infligeaient.  Mais je sens qu’il va revenir. Je ne suis pas rentré à la maison depuis son départ, depuis la moisson. La simple perspective de rentrer du travail et de trouver les lieux vides me fait peur. Même si à vrai dire, cela fait bien des jours que je ne suis pas allé travailler. Des semaines peut-être ? Je ne sais plus. J’ai perdu la notion du temps. J’ai perdu mes pensées dans la répétition automatique de mes gestes quotidiens. Traquer. Tuer. Revendre. Emmagasiner pour son retour. Être prêt pour son retour. Mais aujourd’hui c’est moi qui ai été traqué. Je ne dois pas mourir. Je dois être prêt pour son retour.

Mais à ma grande surprise ce n’est pas l’hôtel de ville que je vois se dresser devant moi mais ma propre maison avec sa façade aux pierres irrégulières. Ma mère m’a dit que c’est mon grand-père qui l’a construite à la sueur de son front. Il en est même mort avant de l’avoir totalement achevée ; avant que je fasse sa connaissance. C’est pour ça que le confort et l’isolation laissent à désirer. Les plantes grimpantes obstruent presque l’unique fenêtre de la façade du devant et le toit bas écrase les perspectives du bâtiment. La barrière qui l’entoure est aussi défraichie que la peau d’une vieille femme, les mauvaises herbes débordent de partout, laissant à peine entrevoir un passage vers la porte d’entrée. On la croirait abandonnée depuis toujours. Je hais cet endroit. Mais j’ai appris à l’aimer petit à petit grâce à Castiel et Cybèline. C’est ma maison. Le seul rempart avec le monde extérieur. Le seul rempart contre la pluie même si son toit fuit de temps à autre malgré mes réparations. Les seuls murs qui me permettent de le protéger et d’espérer un futur pour notre famille. Et le fait de voir un autre pacificateur en sortir suffit à envenimer ma rage pour proférer une insulte.

Ils n’ont pas besoin cependant de me forcer à rentrer car je me précipite presque à l’intérieur, appelant mon frère avant de constater l’installation inconnue qui cache maintenant un pan de mur. On a tendu l’un des draps de la chambre contre la pierre nue. Sur la table trône un dispositif, une sorte de petite machine qu’il m’est arrivé d’apercevoir chez des gens. L’un de ces enfoirés me force à m’assoir à table face à l’écran blanc, pendant que son collègue se poste à la porte et que le dernier s’approche de l’étrange objet. Il le met en marche sans me donner d’explications puis s’éloigne. Je sursaute presque de voir apparaitre un visage sur le drap, ma chaise émettant un raclement de recul. Mon cœur s’accélère en constatant que l’image bouge et je m’enfonce un peu plus contre le dossier. Je reste tétanisé lorsque je réalise. C’est le visage de mon frère qui étire un sourire.

Si on ferme les yeux en pensant à quelque chose qui nous a rendus heureux, on comprend qu’il y a encore de l’espoir. La première fois que mon frère m’a sourit, ma mère le tenait fermement par la main sur le pas de la porte. Elle était tellement préoccupée par un objet imaginaire dans le ciel qu’elle ne m’avait pas remarqué. Castiel lui, pointait prestement son doigt vers moi en souriant. Cela m’a pris du temps à lui expliquer que je n’étais pas son père inconnu enfin revenu. Et malgré sa déception il continuait de sourire. Il m’a sourit aussi le jour où il a faillit y rester. Il souriait comme si ça n’avait pas d’importance, comme si cela allait amoindrir cet horrible événement. Il souriait, lorsque les portes se sont refermées sur lui le jour de la moisson.

Les images se succèdent. J’ai finis par comprendre ce que je regardais. Pourtant cela me semble si irréel. Comme si les enfants que je voyais tomber allaient se relever en riant à la blague de mauvais goût qu’ils venaient de faire. Comme si tout ce sang que je voyais n’était pas vrai. J’ai crié pour ordonner à Castiel de fuir. Crié de stupeur d’avoir entrevu Cybèline à l’arrière-plan. Les images se focalisent sur mon frère. Je ne comprends pas. J’ai l’impression qu’il est là. Que tout ça à lieu sous mes yeux. Pourtant il me semble que les heures se succèdent avec dissonance, comme s’il y avait un mauvais raccord dans le fil du temps. Tout cela n’est pas réel. Tout cela n’est pas en train d’arriver. Castiel est là à des kilomètres d’ici dans un désert blanc, en train d’essayer de survivre en direct. Je ne sens pas mes mains se crisper sur la table, ni mes lèvres s’entrouvrir. Mes yeux fixent sans voir. Mon esprit ne pense plus à rien. J’ai l’impression d’avoir chuté d’un arbre, ma poitrine a violemment heurté un sol invisible qui m’a coupé net le souffle. Mes yeux ne clignent plus. Mon cœur s’est arrêté. Le néant s’engouffre par mes oreilles, mes yeux, mon nez, ma bouche. Il me noie. Je ne peux pas faire cesser l’horreur, je ne peux pas accepter la vision de mon frère hurlant de douleur. Je ne peux pas accepter tout ce sang. Je ne peux pas. Ce n’est pas réel. Je refuse que ça le soit. Je décide que ça ne l’est pas. Je n’ai plus l’impression d’avoir de tête.

Mon frère a sourit une dernière fois, aussi pâle que la neige qui l’entoure.

On m’a tranché la tête, pourtant mon corps fonctionne encore. Je renverse violemment la lourde table en pin, envoyant valser l’appareil qui diffuse les images d’un coup de bras. Le visage disparait aussitôt. Je me retourne vers le pacificateur le plus proche. Même coupée, ma tête peut encore mordre. Je me jette sur lui, l’attrapant par le col pour le rouer de coups, mes poings se blessant contre son visage autant qu’ils le détruisent. Le sang afflue, aspergeant le plancher sale qui l’aspire goulûment. Quatre mains me tirent vers l’arrière, me forçant à le lâcher. Je résiste, leur donnant peine à me retenir. J’hurle. Ma bouche est aussi violente que mon corps qui se cabre pour espérer atteindre le pacificateur d’un coup de pied. Les deux acolytes parviennent à me plaquer dos au mur pendant que le blessé se redresse avec peine, vociférant avec véhémence. Une vive douleur me tord l’estomac alors que j’y reçois un coup. Bientôt suivit par un deuxième au visage. Un troisième. La douleur est comme lointaine. En surface. Tellement moindre comparée à celle qui me ronge maintenant les entrailles. Le sang qui coule de mon arcade n’existe pas. Je ne revois que celui de mon frère s’écoulant comme une boucle infernale. Des images qui vont et viennent chronologiquement puis inversées. Mon esprit s’est muré quelque part. Je n’essaie même pas de le chercher. Les deux pacificateurs me lâchent puis c’est mon corps qui me lâche. Mes genoux heurtent violemment le sol. Je n’ai même plus la force de me battre. Plus la force de crever debout.

La vérité a réduit tous mes espoirs en cendres.

Mes bourreaux s’écartent et me laissent à genoux, s’affairant pour ramasser l’appareil et redresser la table, décrochant juste le drap pour le laisser choir par terre. Je n’ai même plus la force de bouger. Plus la force de soutenir le regard à cet homme qui m’observe de haut en parlant posément. Ils me laissent pour cette fois. Ils oublient mon braconnage pour ce cas exceptionnel. J’entends à peine ses mots, comme s’il les prononçait au travers d’un coussin. Je n’en retiens que trois. Dans. La. Chambre.

Mon corps s’écroule contre le plancher. Je ne peux pas en supporter d’avantage. Je crie à gorge déployée. Des sons que je n’avais encore jamais produit. Ma voix s’éraille puis se brise, se transformant en gémissements d’animal blessé. Je ne comprends pas ce qui m’arrive.

J’ai enfin trouvé une raison de pleurer.

Mon cœur est secoué de sanglots. Je me sens si pitoyable. Les pacificateurs sont partis en me laissant avec ces seuls trois mots. Dans. La. Chambre. Je ne sais pas ce qu’ils signifient. Ou plutôt je ne veux pas le savoir. Je le sais. Non. Je ne sais pas. Ce n’est pas réel. Je refuse la réalité.

Castiel est mort.

***

Cela fait probablement plusieurs heures que je regarde le plafond. Dans un coin entre deux poutres une araignée a tissé sa toile. Un insecte s’y est piégé est son bourdonnement à peine distinct est le seul bruit de la pièce maintenant que mes pleurs ont cessés. La peau de mon visage me tiraille de ces larmes séchées. Mon regard s’est fixé sur cet insecte. Plus il se débat et plus le piège se referme sur lui. L’araignée n’a même pas besoin de venir l’achever. Cela fait quelques minutes maintenant que le bourdonnement a cessé. L’arachnide a fondu sur sa proie et l’embaume soigneusement dans ses fils. Je cligne des yeux et en détache enfin mon regard, comme sortant d’un lointain songe. Lentement mes membres engourdis se mettent en marche. Peut-être que pour moi aussi le piège du sol sur lequel je repose est en train de se refermer. Je glisse une main sur mon visage, l’effleurant à peine qu’il grimace de douleur. Je n’arrive plus à ouvrir ma paupière droite. La contusion doit probablement être grave. Le goût du sang a presque disparu, il a séché sur mes joue et au coin de mes lèvres. Mes côtes me brûlent. Certaines sont probablement cassées. Je roule précautionneusement sur le côté, étouffant une toux douloureuse. Tremblant sur mes bras je me redresse en chancelant.

Je dois savoir.

Je fais quelques pas dans le couloir sombre, m’aidant du mur pour avancer lentement. La porte de la chambre est close. La lumière du jour se dessine à peine dessous. Ma main se pose contre le battant. Sans que j’y pense vraiment, je prononce son nom comme j’avais l’habitude de le faire pour le réveiller le matin. Mon cœur manque un battement de mon propre réflexe et j’appuie mon front contre le bois. Les doigts sur la poignée. Puis la porte s’ouvre.

Il y a quelque chose sur le lit. Ou plutôt on a déposé quelque chose enroulé dans un tissu marqué de l’emblème du district cinq. Je n’ose pas faire un pas de plus, pétrifié par cette vision. Mon frère mort pour le district cinq. Mon frère sacrifié pour ce district qui n’a jamais rien fait pour lui. Ce district qui nous a toujours rejetés, ce district qui courbe l’échine en silence. J’avale difficilement ma salive, contournant doucement le lit pour m’asseoir mal à l’aise au bord. J’aimerai retirer cet emblème mais ma main se fige dans le vide.

C’est ma faute.

Tout est de ma faute.

Si je l’avais protégé. Si je l’avais emmené loin d’ici. Si je m’étais rebellé. Si j’avais fait quelque chose. Quoi que ce soit. N’importe quoi. Castiel. Putain. Je ne suis qu’un lâche. J’ai merdé. J’aurais dû t’arracher au Capitole. Faire quelque chose, n’importe quoi. Les tuer. Tuer ces fils de putes. J’ai envie de tout détruire. Je voudrais mourir pour le ramener. Revenir en arrière, faire autre chose que de simplement attendre. Je suis celui qui a pressé la détente en lui disant que tout irait bien. Qu’est-ce que j’ai fait. Qu’est-ce que je croyais ? Ce mensonge. Ces espoirs. Mon optimisme. Survivre. J’aurais dû le sauver. J’aurais pu le sauver.

Pardonne-moi.

J’aurais dû passer chaque seconde avec lui. Penser encore plus à lui. Merde putain.
Je n’ai même pas pu lui dire, combien je tiens à lui.

Je soulève le voile sur son visage. Ma main tremble comme jamais elle n’avait encore tremblé. Son expression est figée, lustrée par la technologie du Capitole. Il n’y a presque aucune trace des jeux. S’il n’était pas si pâle il serait simplement endormit. Je pose une main sur sa joue, la retirant aussitôt pour me détourner.

J’ai envie de mourir à cet instant. Que tout disparaisse. Qu’ils crèvent tous. Les pacificateurs. Les gens du Capitole. Les gens du treize. Les innocents. Les femmes. Les enfants. Tous.

Mes doigts tremblants cherchent un paquet de cigarette dans ma poche. Il est complétement écrasé et je cale nerveusement une clope tordue entre mes lèvres avant de l’allumer. Je n’ose pas me retourner encore vers lui. Les minutes passent et ma cigarette se consume d’elle-même. Des cendres tombent au sol. J’émets un rire nerveux. Je n’ai plus rien.

Brûler. Qu’ils brûlent tous. Je veux tout brûler. Tout détruire.

***

C’est fou ce qu’une si petite maison peut faire des flammes gigantesque. Fascinant comment tout s’agite autour de la destruction alors que plus personne ne levait le petit doigt pour la vie, pour la rébellion. Un rire provoque moins de réactions qu’une insulte. Ce monde ne tourne pas rond. Immobile sous le couvert des arbres, je regarde mon monde partir en cendres dans le ciel d’août. Peut-être que c’est moi qui ne tourne plus très rond. Mais ai-je déjà été normal ? Sûrement plus que ceux du Capitole. Je suis resté des jours au chevet de mon frère. Mangeant et dormant à peine. Je suis resté des jours et pourtant son corps n’a pas bougé. Il ne s’est pas réveillé ni n’a pourrit. C’est là que j’ai compris. Pour mieux nous détruire, ils rendront notre souffrance éternelle. C’est ce monde qui a un problème. Alors j’ai décidé de le brûler. Rendre la paix au corps de mon frère moi-même. Tout détruire pour qu’il ne reste plus rien sur lequel bâtir des illusions d’espoir. Je n’ai plus rien.

Je m’éloigne sans me retourner, marchant vers ma moto. Il y a un paquet à livrer posé à l’arrière. Je l’attrape et le lance au loin. Il n’y aura plus de travail. Plus de devoir. Plus d’obéissance. Prendre les armes. Je cale mon arbalète sur le porte bagage. Partir. Le plus loin possible. Partir sans se retourner. Peu importe par où. Je n’ai plus rien à perdre. Partir, du moment que c’est loin d’ici.

***

A quoi bon continuer à vivre si c’est pour fuir encore et encore ? A quoi bon essayer de se cacher, s’isoler et survivre avec rien, juste pour soi-même ? Il y aura toujours quelqu’un pour vous poursuivre. Toujours quelqu’un pour vous interdire. Toujours des gens qui se croiront supérieurs au point de s’octroyer le droit de vous contrôler. Capitole ou district treize. Du pareil au même. Si vous n’êtes pas avec eux alors vous êtes contre eux. Ils ne vous laisseront pas vivre votre vie. Le treize prône la liberté mais il ne veut qu’envahir les districts. Le monde a définitivement cessé de tourner. Ces deux derniers mois la rumeur a grondé et s’est précisée. Les rebelles sont tombés à l’improviste comme tombent les pluies d’octobre. Les arbres défilent à toute vitesse autour de moi. La pluie martèle mon visage et réduit mon champ de vision. Je cours à l’aveuglette. Cours pour survivre moi qui n’ai plus de raison de vivre. Pourquoi ne pas simplement me retourner et me laisser mourir sous les balles de mes poursuivants ? Pacificateurs ou rebelles, je me fiche de savoir. Car cela revient toujours au même. La nouvelle routine. Fuir encore et encore. Courir jusqu’à l’épuisement. Éviter la population. Éviter la civilisation qui se meurt. Mais même la nature est envahie de conflits. Pourquoi ne peuvent-ils pas juste me laisser tranquille ? Pourquoi toujours chercher le pouvoir absolu ? Je ne suis qu’un grain devenu inoffensif dans leurs rouages. Je n’ai pas la force de me battre, juste celle de fuir. Je n’ai pas de raison de me battre.

L’arbalète se balance violemment contre mon épaule. Mon souffle est entrecoupé de hoquets. Je suis fatigué. Fatigué de fuir leurs conneries. Fatigué de leurs rebellions et de leurs sentences. Fatigué des échos des conflits. Fatigué de leur violence. Un moment d’inattention fatal et un trou me fait chuter au sol. J’entends des coups de feu fendre l’air. Ils ne rigolent plus. Je peine à reprendre mes esprits, glissant dans la boue pour me remettre sur pieds, continuant d’avancer presque à quatre pattes. Plutôt en finir moi-même que de les laisser prendre ma vie. Jamais je ne les laisserais me mettre à genoux de nouveau. Jamais ils ne m’attraperont. Plus jamais. Ce jour où tout a changé il y a deux mois. Plus jamais je ne leur laisserais la satisfaction de me voir souffrir.

Mais je n’ai plus la force de chercher la vengeance.

Un sifflement dans l’air. Il n’a duré que quelques secondes. L’impact est violent, lancinant. La douleur me fait trébucher et tomber à la renverse. La pente entraine ma chute et je dégringole dans une spirale d’images et de sons déformés. Ma tête se heurte à un arbre.

Je n’ai plus la force de vivre. Je vais mourir ici.

***

Castiel est là. Immobile. Penché sur moi. Il est entouré de blanc et la lumière me fait cligner des yeux. Il me sourit. Son sourire. La seule chose qui m’ait jamais fait ressentir quelque chose proche de ce que les gens appellent bonheur. Pourtant son sourire se déforme. Ses lèvres s’entrouvrent et comme un verre qui déborde le sang s’en écoule. Le flot grandit. Un trop plein. Trop de sang. Un nouveau clignement des yeux fait disparaitre le cauchemar. La pluie a cessé au-dessus de ma tête. Les ramures des arbres sont hautes et encore vertes par endroits. Aussitôt une vive douleur au sommet de mon crâne m’assaille. Mais elle n’est rien comparé à celle qui martèle maintenant mon bras droit. Mon arbalète gît à quelques mètres. Où sont-ils ? Tapis dans les buissons en attendant de pouvoir m’achever ? Je peine à m’adosser entre les racines de l’arbre, l’esprit aux aguets. Je compresse la blessure par balle d’une main, gémissant entre mes dents. Je n’ai rien pour me défendre. Je vais mourir ici.

Pourtant personne ne vient. Plus aucuns bruits. Aucune menace. Je laisse échapper un soupire, fermant les yeux quelques instants. C’est la deuxième fois en trois jours et ils ont bien faillit m’avoir. Je jette un œil à la plaie qui saigne toujours abondamment. La balle s’est logée dans mon épaule et n’est pas ressortie. Putain. Cette fois ça va vraiment mal. D’un geste je déchire ma manche pour l’enrouler autour de mon bras et compresser la blessure. Je serre les dents, lâchant un soupire crispé en me laissant aller contre le tronc. Mieux vaut ne pas faire de vieux os.

Je me redresse en m’aidant de l’arbre, la balle me brûlant à chacun de mes gestes. Je chancelle et m’agrippe plus fort à l’écorce, remarquant qu’elle porte des entailles de couteau par endroit. Je fais quelques pas lourds vers mon arbalète pour la ramasser. Son fût s’est brisé dans ma chute. Je la prends néanmoins par la bride, incapable de la mettre sur mon épaule blessée je me contente de la trainer avec mon corps vers le bord de la rivière. Je tombe à genoux, me penchant précautionneusement pour boire un peu d’eau –Il y a bien longtemps que je ne fais plus le difficile- et me débarbouiller. J’observe mon reflet. Il n’y a presque plus de marque d’ecchymose autour de mon œil et la coupure sur ma lèvre s’est refermée en laissant une fine zébrure rouge. Presque plus aucune trace de ce jour où tout a changé. Pourtant dans mes yeux, plus rien n’est comme avant.

Il y a quelque chose de familier dans le clapotis de cette rivière. Sans doute est-ce le soulagement de trouver ici le refuge d’une heure ou deux avant de recommencer à fuir. Pourtant plus je marche avec peine vers les arbres et plus il me semble être déjà venu ici. Ce hêtre. Cette rivière. Ce chemin. Ce cercle d’herbes mortes sur le sol. Non. Impossible. Des ombres me reviennent. Un sourire. Mais ce n’est pas celui de mon frère.

Je ne peux m’empêcher de croire encore à l’espoir.

Et je cours encore. Pourtant il n’y a plus personne à mes trousses, seulement les fantômes de ma propre mémoire. L’arbalète racle le sol à ma suite. La douleur rythme chacun de mes pas et pourtant ils sont plus légers. La tête me tourne tellement qu’elle me force à m’arrêter et à calmer ma fougue. Je me traine le long du chemin. Je ramperais si je n’avais plus que cette option. Il y a quelque chose que je dois faire. Quelque chose que je dois vérifier.

***

Plus rien n’a d’importance. Ni la prudence, ni la souffrance, ni le monde. Les rues se dessinent, pleines par endroits de gens qui aboient des ordres, trop préoccupés par leurs tâches pour me remarquer. D’autres ferment leurs volets, certains sont menottés dans un coin. Il y a des blessés, il y a des morts. Mais le chaos ne me remplit même plus d’effroi. J’ai l’impression de sentir la fièvre embraser mon corps, mais elle ne peut rien contre mon automatisme.

Et soudain elle se dresse devant moi. Cette maison d’un lointain souvenir. Je ne la reconnais pas dans un premier temps, je ne venais jamais par l’arrière. Mais c’est bien ici. Est-ce du soulagement que je ressens ? Les sensations se mélangent. La tête me tourne. Mon cœur martèle ma poitrine. La balle ronge ma chair. Mon ventre se tord. Ma respiration sifflante s’emballe alors que je m’engouffre dans le jardin jonché de débris et saccagé par endroits. Plus la façade se rapproche et plus j’accélère avec peine. Plus je m’en rapproche. Et plus tout se brise de nouveau en moi.

« PRESTON ! »

Ma voix est sortie de nulle part. Mon cri a résonné dans ma tête. J’hurle de nouveau et mon timbre se brise alors que j’heurte violemment la porte. Je la martèle de mes dernières forces, griffant le battant avec violence. J’hurle une nouvelle fois son nom en essayant d’enfoncer le battant de mon épaule blessée. Qu’est-ce que je fais ici ? Pourquoi a-t-il fallu que je repense à elle ? Pourquoi maintenant ? Pourquoi l’ai-je laissée entrer dans ma vie ? Pourquoi. Putain. Pourquoi.

« Preston… »

Je me laisse glisser sur le perron au pied de la porte, continuant de donner des coups de rage. Je suis brisé. Mes lèvres échappent des plaintes. Et avant que je ne puisse me contenir comme je me suis évertué à faire depuis ce jour, les larmes me viennent. Front contre la porte, je réalise que j’ai encore une fois voulut croire en l’espoir. Espoir mais quel espoir ? Je ne me comprends plus. Je ne suis plus moi-même. Je n’ai plus de raison de vivre. Ils m’ont tout prit. Je ne crois plus en rien. Je voudrais mourir si ça pouvait le ramener. Mais il n’y a plus d’échappatoire.

Je ne peux plus fuir.

Prostré contre la porte je ferme les yeux. Je viens de comprendre. Il n’y a pas eu de fuite. Ces trois derniers mois, n’ont jamais existé.

Je suis mort le jour où j’ai soulevé ce voile aux couleurs de mon district. Aux couleurs de mon mensonge.

« Pres… »

A peine un murmure. Ma tête s’affaisse contre ma poitrine. Mon corps se relâche, il abandonne. Une dernière volonté ?

« Je t’en supplie, dis-moi que je ne suis plus seul. »


Dernière édition par Swain O. Hawkins le Mar 16 Juil - 1:38, édité 2 fois
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Silk Preston
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MessageSujet: Re: Love's like a brick you can build a house or sink dead bodies Ϟ Swain & Silk   Love's like a brick you can build a house or sink dead bodies Ϟ Swain & Silk Icon_minitimeMar 9 Oct - 4:12

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Le temps est une chose étrange. Quelques secondes peuvent paraitre une éternité quand des heures peuvent passer pour des instants. Depuis combien de temps suis-je rentrée du Capitol ? Je n’en ai aucune idée. J’ai arrêté de me soucier de la date. Les jours et les nuits se succèdent, le temps passe inexorable sans que je n’aie aucune attache sur son cours. La vieille horloge au dessus de ma porte d’entrée n’indique toujours pas l’heure, bloquée pour toujours sur neuf heures trente-quatre du matin. Figée dans le temps. L’été s’est terminé. Les jours se font plus courts et les nuits plus fraîches. L’automne est arrivé, je crois. Les feuilles des arbres commencent à se colorer d’orange et de jaunes. À mourir. C’est fou ce que l’automne peut-être une jolie saison alors qu’au fond c’est pendant celle-ci que tout meurt. La mort avant la renaissance au printemps. Malheureusement, certaines choses meurent et reste morte, pas de secondes chances, pas de bourgeons, ni de nouvelles floraisons. Le temps se fout bien des guerres des hommes. Dans quelques mois viendra l’hiver et s’il y a du sang sur la neige, elle continuera de tomber sans s’en soucier. Le monde doit tourner même si nous ne tournons plus avec lui.

La lumière blanchâtre filtre encore à travers les rideaux tirés. La météo s’est dégradée rapidement comme pour faire écho à la situation. La pluie fine tombe en continu sur le district depuis des jours et des jours. Tout semble bien morne dans ce halo brumeux. De ma fenêtre, je contemple les bâtiments monochromes du district plongé dans les premiers instants du crépuscule. La télévision est muette, mais les images diffusées se passent de mots. Des images de destructions, des villes bombardées, des enfants qui pleurent seuls dans les rues. Le Capitol les diffuse en boucle, entrecoupées d’interventions du président Snow qui assure d’un air grave que le Capitol ne se laissera pas intimidé par ces terroristes du district 13. Des images comme pour dire aux habitants « Regardez ce que les rebelles vous ont fait, regardez ce que vous vous êtes imposé à vous-même. » Le silence est parfois entrecoupé de coups de feu, des explosions parfois des cris lointains, comme venues d’un autre monde. Pourtant, la bataille est à nos portes et rien ne semble pouvoir la stopper. Je n’ai pas vu Adonis depuis des semaines. Il est bien trop occupé à se battre lui aussi, à défendre la position du Capitol. J’espère un signe, chaque jour un signe qu’il est encore en vie. Un signe qui ne vient pas. Et plus les jours passent, semblable les uns aux autres, plus je me demande s’il repassera le pas de ma porte. Je sais qu’il est prêt à mourir pour le Capitol comme je sais qu’il est prêt à tuer. Les mots que nous avons échangés lors de notre dernière rencontre peu de temps après les jeux résonnent encore contre mes oreilles. Ça n’est pas comme ça que j’aurais aimé lui dire au revoir. Son dernier cadeau est endormi sur le canapé, roulé en boule sur l’un des vieux coussins défoncés. C’est ma seule compagnie ces temps-ci, c’est toujours mieux que d’être seule.

La lumière du plafonnier clignote quelques secondes avant de s’éteindre, suivit de la télévision plongeant le salon dans la semi-obscurité. Les coupures de courant sont de plus en plus rapprochées. Me détachant de la fenêtre, j’allume les quelques bougies qui traînent sur la table de la cuisine pour éclairer la pièce. Tyr, attiré, par le bruit glisse, entre mes jambes. Un miaulement plaintif plus tard, je constate que sa gamelle est vide. J’estime pouvoir tenir encore quelques semaines avec la nourriture dans mes placards et ce que j’ai accumulé à la cave. Ensuite, il faudra trouver une solution. Je ne suis pas la plus mal lotie, loin de là. Je sais que la situation dans le district n’a fait qu’empirer. Les usines sont fermées à présent. Un matin en me levant, les volutes de fumées qui s’élevaient en temps normal au-dessus des cheminées ne zébraient plus le ciel. Sans le bruit constant de la fabrique d’uniformes, le district est plongé dans un silence de mort. Quelque chose a changé dans l’air, l’ambiance pesante ne fait aucun doute. Nous attendons tous que quelque chose arrive. Quelque chose n’importe quoi. Un coup d’éclat de la part de l’un ou l’autre des deux camps, mais pour le moment la bataille est rangée. Les rebelles gagnent du terrain avant que celui-ci ne soit repris par les pacificateurs. Les renforts sont arrivés par Hovercrafts, des dizaines d’unités de pacificateurs qui patrouillent dans le district. Ils sont venus à ma porte il y a peu de temps. Ils fouillent les maisons et tous les endroits susceptibles d’abriter des rebelles. Je leur ai demandé s’ils avaient entendu parler d’Adonis, ils n’avaient aucune réponse pour moi.

Je verse un peu de croquettes dans la gamelle de Tyr et lui donne une caresse derrière l’oreille avant de retourner m’assoir devant la fenêtre. C’est là que je passe le plus clair de mon temps. J’observe ce qui se passe plus bas. J’observe comme si ma contemplation silencieuse pouvait m’apporter une quelconque réponse. Je ne sais pas quelle question me poser. Je ne sais pas de quoi demain sera fait. L’idée même me terrifie sans que j’ose me l’avouer. Je ne sais pas ce que ces changements signifient pour moi. J’attends dans le noir que quelqu’un veuille bien m’apporter la lumière. Je suis revenue des jeux la tête baissée comme toutes les autres années, emportant avec moi dans le train deux cercueils. Les visages décomposés des familles faisaient échos à ceux que j’avais vus des dizaines de fois, les mots hurlés entre les sanglots étaient toujours les mêmes. Et pourtant à présent tout est différent.

Parfois la nuit, au loin, par delà la forêt on peut voir les lumières dansantes semblables à des feux follets. La guerre est bien réelle. La rumeur raconte que plusieurs districts sont déjà tombés. La Capitol nie vertement. Je suppose que la vérité se situe un petit peu entre les deux. Je n’aurais jamais un jour pensé que le Capitol pouvait être ébranlé. Son autorité m’a toujours semblé peser sur nous comme une chape de plomb. Pourtant, la vérité est là. Les rebelles sont dans nos rues, la victoire est à leur portée.

Est-ce qu’ils en ont quelque chose à faire de Lily et Lucas ? De Viha, de Castiel et de tous les autres ? J’en doute sincèrement. Le défenseur de la veuve et de l’orphelin n’existe pas. Ils ne sont pas mieux que le Capitol, ils ne peuvent pas être pires. Ils ne se soucient pas des populations civiles. Se sont des soldats, entraînés et bien plus dangereux, car ils ont la conviction de faire quelque chose de bien. La route vers l’enfer est pavée de bonnes intentions.

J’allume une cigarette en me demandant pendant combien de temps je vais pouvoir continuer à fumer autant. Je ne sors plus de chez moi depuis quelque temps déjà. Il n’y a aucun intérêt pour moi à être dehors au milieu des gens qui me haïssent. La plupart soutiennent cette révolte, la plupart semblent prêts à se battre pour elle. Qui peut les blâmer ? Pas moi qui ne connais plus la faim ou le froid depuis des années. Pas moi qui me cloitre chez moi et laisse s’écouler le cours du temps. Je sais que les choses vont changer, je sais que rien ne sera plus jamais pareil. Qu’adviendra-t-il si le district 13 prend le contrôle ? Je suis une victime du Capitol si l'on y réfléchit et pourtant j’ai profité de ce qu’il avait à m’offrir pendant les années. Je ne sais pas ce que cela fait de moi dans leur esprit.

Il y a un cri dehors. Je ferme les yeux. Il y a toujours des cris. Un second plus proche vient briser le silence. Mon cœur manque un battement dans ma poitrine. Ça n’est pas la première fois qu’ils s’approchent si près de la maison. Un coup violent contre la porte de derrière me fait me lever d’un bon de ma chaise qui tombe lourdement sur le sol. C’est mon nom qu’on hurle. Putain. Je reste tétanisée sur place, incapable de faire le moindre mouvement. Tyr est partie se cacher sous le canapé. Les coups contre la porte continuent, quelqu’un essaye de l’enfoncer. Puis tout s’arrête aussi soudainement. J’inspire profondément. La porte de derrière est toujours verrouillée. Toujours. Je décroche la clé du crochet où elle se trouve et attrape le couteau papillon qui gît ouverte sur la table du salon. Peut-être que ce n’est rien. Et s’ils viennent pour me chercher ? Le sang bat contre mes tempes. Doucement, silencieusement je m’approche de la porte et pose mon oreille contre celle-ci. Il ne se passe rien pendant quelques secondes avant que je n’entende la respiration et les plaintes douloureuses de l’autre côté du battant de bois. Qu’est-ce que je suis sensée faire ? Je pourrais simplement retourner dans le salon et attendre qu’une ronde de pacificateur trouve la personne qui est derrière la porte. Je pourrais l’ignorer. Parce que derrière cette porte il n’y a que des ennuis. Et si c’était un piège ? Et si c’était Adonis qui agonisait derrière la porte ? Et même si ça n’est pas lui est-ce que j’ai vraiment le choix ? Je ne suis pas une bonne personne. Je suis une meurtrière. J’ai peur, mes mains tremblent. Pourtant lorsque les murmures inintelligibles reprennent derrière la porte, je glisse la clé dans la serrure, le cœur battant à tout rompre.

L’homme est dans un état tel qu’il me faut quelques secondes pour le reconnaître. Pâle comme la mort couvert de sang et de boue. Il semble si différent de celui que j’ai quitté il y a quelques mois au bord de la rivière. Hawkins. Quelque chose se contracte violemment dans ma poitrine en le voyant ainsi. Je me glisse sur le sol à ses côtés. Il est à peine conscient. Je pose une main sur son visage et lui tapote légèrement la joue.

« Hawkins ? »

La nuit a beau être tombée à présent, rester sur le perron est une mauvaise idée. Je lève les yeux et scrute les alentours à la recherche du moindre mouvement dans la pénombre. Sous la lumière de la lune, il semble déjà mort. Je contemple quelques secondes la situation avant de prendre une décision.

« Hawkins c’est dangereux dehors. On doit rentrer. »

J’esquisse un geste pour passer mon bras sous son épaule droite, mais constate avec un haut-le-cœur le saignement qui s’étend sous le pansement de fortune qu’il a posé. Dans quel genre d’ennui tu t’es fourré Hawkins ? Je contourne rapidement son corps et passe mon épaule sous son bras pour le pousser à l’intérieur. Une fois le seuil passé je le m’écarte doucement pour fermer la porte à clé.

La lumière tremblante des bougies est la seule source de lumière. Je pose une main sur son front, brûlant. Il a l’air d’avoir perdu beaucoup de sang et même sans connaitre l’étendue des dégâts je peux deviner que les choses s’annoncent plutôt mal. Qu’est-ce que je suis sensée faire ? Un docteur c’est un docteur qu’il faut à Hawkins. Mais nous sommes à mille lieues du Capitol et de sa médecine de pointes et je ne connais personne dans le district capable de soigner quelqu’un dans cet état. Je ne sais pas quoi faire et pendant ce temps le sang d’Hawkins continue de tacher ses vêtements. Mon esprit est concentré sur la seule pensée qu’Hawkins va mourir. Putain Hawkins va mourir. Accroupis à ses côtés je passe inconsciemment une main dans ses cheveux trempés. Pas comme çà, Hawkins ne me claque pas entre les doigts. J’essaye de réfléchir. À quelque chose, n’importe quoi. À ce que j’ai pu voir dans tous mes visionnages des jeux. Quelque chose qui pourrait aider Hawkins. Il doit bien y avoir quelque chose à faire. Il faut désinfecter la plaie. C’est un bon début. Mais je ne peux pas faire ça ici.

« Swain, est-ce que tu m’entends ? Tu crois que tu peux bouger ? »

Ne meurs pas Hawkins. S’il te plait. Ne meurs pas. Ça va aller, je suis là maintenant.
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MessageSujet: Re: Love's like a brick you can build a house or sink dead bodies Ϟ Swain & Silk   Love's like a brick you can build a house or sink dead bodies Ϟ Swain & Silk Icon_minitimeMer 10 Oct - 4:13




A moitié vide ou à moitié plein.
La douleur est une chose étrange. Passé un certain stade on n’arrive plus à en définir les contours. Est-elle toujours là quelque part ? Est-ce un écho incertain qui agite mes nerfs ? Suis-je bien dos au précipice ? Face à la réalité ? Il me semble avoir entendu quelque chose se briser dans les ténèbres. Les images floues d’un cauchemar glacial qui se répètent encore et encore. Une punition, un châtiment mérité. Ces images que mon esprit a censurées. La porte s’est refermée. Comme entrevoir l’ultime vérité l’espace d’un instant. La violence de la réponse m’a rendu aveugle. Mon cœur a jeté les armes, noyé les larmes dans son trop plein de sang. Est-il à moitié vide ? Je ne sais même plus ce que je ressens. Tous ces sentiments qui se bousculaient en moi me paraissent tellement loin maintenant que je me demande s’ils m’appartiennent. Face à face avec moi-même. J’aimerais arracher le visage de ce reflet. Frapper ce moi passé, l’attraper par le col et détruire son sourire. Étouffer les mots en serrant sa gorge, « Tout ira bien. ». Non, tout n’ira pas bien. Plus rien n’a d’importance. C’est la fin. Détruire mes erreurs de mes poings pour que ça s’arrête. La douleur est une chose étrange. Ses derniers contours sont ceux de la folie. Pourquoi n’as-tu rien fait ? Pourquoi tout cela est arrivé ? Du sang, encore et encore. Trop de sang. Mon propre sang. A moitié plein. Plein de toutes ces atrocités que je n’ai su empêcher. A moitié vide. De tout ce que j’ai perdu. A moitié vide ou à moitié plein ? J’abandonne.

Plus rien n’a d’importance. Pas même la mort.

Ma vie n’est plus qu’une ligne floue où tressaute la souffrance. Ma conscience est là, barricadée dans ses probabilités. Et si. Et si j’avais fait quelque chose. Et si je l’avais emmené loin d’ici. Et si j’avais lutté. Je n’ai plus qu’à mourir moi aussi. Mon corps en a assez. Trop de blessures, trop de cicatrices à poursuivre un but qui m’a soudainement été arraché au nom de la cruauté. Cette plaie-là ne se refermera jamais. Je suis fatigué de ces mois à courir. Fatigué de fuir leurs conflits. Je n’ai plus de raisons de continuer. Le venger ? J’y ai pensé. Mais à quoi bon, à quoi bon traquer ces enfoirés et arracher leurs entrailles. Cela ne le ramènera pas. Cela ne me fera pas aller mieux. Plus rien n’ira bien. Me venger. Glisser mes doigts sur ma propre trachée et achever l’être incapable que j’ai toujours été. Incapable de le protéger. Incapable d’aimer. Incapable de choisir. Je n’aurais même pas cette peine à me donner. Je vais mourir. Ce n’est plus qu’une question de temps maintenant. La ligne floue n’est plus qu’un point lumineux qui vacille à peine. Je ne pensais pas revivre ça un jour. J’ai dû user ma seconde chance. J’ai échoué.

La fièvre écrase mon front. J’attends l’agonie qui ne vient pas. La délivrance qui ne m’est pas accordée. La douleur est sourde, mes membres engourdis ne répondent plus. J’essaie de bouger les paupières. Pourquoi chercher encore à lutter ? N’ai-je pas déjà choisis d’abandonner ? Il n’y a plus rien pour moi parmi les vivants. Je leur laisse le soin de s’occuper du monde. Mes yeux s’entrouvrent légèrement. Il n’y a plus rien à voir, rien à espérer. Cette chose qui n’a plus rien d’humain hurle en moi. Sa voix s’élève et joue avec l’écho de mon cœur vide. Elle gronde de rage impuissante. Une autre voix s’en mêle. Je ne comprends pas ses intentions. Je ne comprends plus le langage. La connexion de mon cerveau avec le sens est trop douloureuse. La lumière vacille encore. Le monde est flou comme si les détails avaient fondu sous la chaleur qui fait perler la sueur sur mes tempes. L’air me manque. Il y a quelque chose d’étrange. Une intrusion dans ce désert aride de solitude. La voix, elle vient de résonner de nouveau pour essayer de couvrir mes pensées. Elle lutte, domine. Plus fort que celle qui a décidé de se rendre.

Beaucoup trop fort.

Je cligne de nouveau des paupières. La mise au point est dure. La douleur atténuée par ma semi inconscience se réveille d’un coup et s’abat sur mon épaule. C’est vrai, on m’a tiré dessus. Je roule légèrement sur mon côté gauche, inconfortable de ma blessure en contact avec le sol. Mes paupières se plissent, essayant de distinguer quelque chose. La nuit a dû tomber. Combien de temps ai-je été inconscient ? Où sont-ils ? Ont-ils abandonné leur poursuite ? Ce n’est plus qu’une question de secondes avant que je recouvre la vue. Un grognement de douleur m’échappe.

Là, à mes côtés, il y a quelqu’un.

Ma main jaillit par réflexe défensif, mes doigts essayant de serrer le cou de la silhouette. Mon bras retombe. Mes forces m’ont quitté. Je cherche à tâtons mon arbalète, rencontrant une surface lisse. Du bois. Faute de pouvoir sursauter sans grimacer mes yeux s’écarquillent. Cette voix lointaine. C’était Preston.

Je suis chez Preston.

L’odeur de l’herbe humide mélangée à la fumée d’un feu. Sa chaleur palpitante sous mes doigts dans le froid de l’hiver. Le bruit déstabilisant de sa bouche entrant en contact avec la mienne.

Je mentirais si je disais que je n’ai pas pensé à elle depuis ce jour-là. J’ai cherché à l’effacer. Oublier ce faux pas et ses tentatives d’enfermer mon esprit dans ces méandres qui m’échappent. La rayer de mon existence. Pourtant un matin la brûlure de son poison, aussi vive qu’en ces instants interdits, a refait irruption dans ma vie. Un simple pliage en papier oublié au fond d’une poche. Froissé, gondolé par l’humidité. A peine perceptible, à peine un léger aplat de couleur sur un coin. Une trace presque invisible de rouge à lèvres. Son rouge à lèvres. Sur ma cigarette. Sur mes doigts. Sur cette grue de papier. C’est mon frère qui me l’avait donné avant que je ne partes loin du district cinq la toute première fois. Il disait que la grue savait retrouver le chemin de sa migration. Toujours retrouver le chemin de son foyer. Qu’elle savait toujours où elle allait et qu’elle me guiderait. Mon frère…

Ce matin-là le doute m’a secoué. J’ai cherché à m’en débarrasser comme si ce bout de papier tâché avait pris une nouvelle symbolique. Quelle était la probabilité pour que quelque chose me rappelant à Preston ai fait intrusion dans tout ce sens ? Etait-ce une coïncidence de mauvais goût ? Un signe que j’avais ignoré ? Ses lèvres. Ses lèvres m’obsédaient. La grue de papier n’indiquait pas la route du district cinq. Je l’ai brûlée. Mais aujourd’hui je comprends.

Tout me ramène ici.

Pourquoi. Pourquoi a-t-il fallut que les pas de ma peine m’amènent à elle ? Comme une envie de graver ces mots dans ma chair. Pourquoi. Pourquoi toi Preston ? Tu n’es rien. Et je n’ai plus rien. Si tu n’es rien alors pourquoi ? Je ne peux pas. S’en est trop. Distinguer ton visage. Entendre ta respiration. C’est plus que je puis en supporter. Qu’est-ce qu’il m’a pris ? Mais surtout, ai-je fait le choix primordial ?

Ai-je envie de vivre ?

Je ne sais pas si j’ai envie de vivre. Mais je ne veux pas mourir. Pas ici. Pas maintenant que j’ai repris mes esprits. Pas maintenant que je tente de dévisager Preston de mes yeux toujours déficients. La tête me tourne. A-t-elle dit quelque chose lorsque j’étais inconscient ? Mes lèvres sont scellées. Elles laissent à peine passer ma respiration peinée et sifflante. Je ne sais pas quoi dire. Pas quoi faire. La colère monte en moi. Une rage contre moi-même. J’ai l’impression d’être tombé dans le piège d’une partie de mon esprit qui a agi sans mon consentement. Et cette horrible douleur qui me fend le crâne et me ronge l’épaule. Je n’ai pas envie de mourir, mais je suis plutôt bien partit pour.

Une toux me brise la gorge et mon corps se replie sur lui-même. Putain, ça fait un mal de chien. Ai-je perdu beaucoup de sang ? Combien de minutes, d’heures se sont écoulés depuis la forêt ? Je n’ai presque aucun souvenir du trajet jusqu’ici. Le temps m’est compté. Je serre les poings. Je ne sais même pas si je ne fais pas une erreur en essayant de me redresser. Je roule sur le côté, m’appuyant sur mon bras valide pour faire une tentative. Mon coude glisse dans un liquide visqueux. Merde. Ma main rencontre un objet dont mes yeux détaillent à peine la forme. Sûrement un meuble. Je m’en aide pour me hisser, tremblant sur mes jambes. La fièvre proteste à mes tempes et me plonge dans une bulle de silence. Le monde autour s’est brisé. Je n’entends plus que le bruit de mon propre souffle malade, mes gémissements souffrants. Je tente un pas. Puis un deuxième. Au troisième mon corps est comme aspiré sur la gauche, allant se heurter à un objet. Ma respiration s’accélère. Une forte odeur de sang. Et toujours ce vortex qui siphonne mon esprit. Nouveaux pas. Cette fois c’est la droite. Un mur amortit violemment le choc. Je laisse échapper cri de douleur alors que mon corps glisse contre la surface des pierres. Qu’est-ce que j’ai fait ? Où est-ce que mes jambes cherchent encore à fuir ? Putain.

En vain je tente de distinguer les contours de ma main mais je n’ai pas besoin de la voir pour savoir qu’elle tremble. Tout mon corps tremble. Je glisse maladroitement mes doigts sur mon visage. Il est brûlant. Mais ce n’est qu’en surface car l’intérieur de ma chair est parcouru de frissons glacés. J’ai froid. Comme la dernière fois. Non. Merde. Non !

Je laisse échapper un hurlement.

Je ne sais pas ce qu’il signifie. Tant de choses s’y sont mêlées. Je n’ai pas hurlé comme ça depuis la mort de Castiel. Rage. Peine. Douleur. Colère. Frustration. Dégout. Honte. Culpabilité. Il y a tellement de choses que les mots ne suffisent plus à exprimer. Ma tête s’affaisse. Je n’ai plus envie de vivre. Mais je ne veux pas mourir. Je ne sais pas si mon cœur est à moitié plein ou vide.

Cette blessure. Il faut que je m’occupe de cette blessure.

Faiblement ma main gauche cherche avec précautions mon pansement de fortune. Je vois à peine le motif de ma chemise à carreaux. Les lignes droites s’enroulent les unes dans les autres, elles bougent et se déforment. Je dois tenir le coup. J’ai vu pire. Je dois tenir. Le morceau de tissu se détache et échoue par terre dans un bruit lourd et humide. On dirait que le flux s’est calmé. Respirant avec difficultés je déboutonne ma chemise avec une lenteur extrême. Je n’arriverais pas à la faire glisser de mes bras. Ma main cherche à tâtons ma poche. Par chance je n’ai pas perdu ce petit couteau.

Mon esprit me lâche l’espace d’un instant, comme comprimé par la pression. Mon souffle s’accélère encore. J’ouvre la lame d’une main, la glissant sous mon bras dans l’espace laissé par la manche manquante. Je tremble. Je n’ai plus la force de déchirer le tissu. L’arme tombe au sol. Ma tête s’affaisse contre le mur. Ma vue est presque revenue. Mais ce que je vois maintenant est en train de causer un autre problème de visibilité. Preston.

Preston.

Mes yeux se troublent. Je ne sais même pas pourquoi je pleure. J’ai honte. Honte que celle que je voulais hors de ma vie soit témoins de la fin de celle-ci. Mon esprit n’en peut plus. J’aimerai me reposer. Un peu, juste un petit peu. Les larmes se transforment en sanglots. La honte en rage. Et la rage. En culpabilité. Violente peine.

« C’est ma faute. C’EST MA FAUTE PRESTON ! »

Les tremblements de mon corps redoublent d’intensité. Mes mains incontrôlables agrippent mon visage, étouffant ma plainte. Je suis brisé. Complétement brisé. Et elle en est témoin. Ça doit bien t’amuser Preston. Tu voulais gagner. C’est chose faite. J’en ai plus rien à foutre de la vie. Plus rien à foutre d’imposer aux autres un but quand je n’en ai plus. Plus rien à foutre de ce que je dois faire ou ne pas faire. Plus rien à foutre de ne rien comprendre. Plus rien à foutre d’apprendre. Mon cœur, je le préfère inapte et vide.

« J’ai plus de raisons de vivre. T’as gagné Preston. J’abandonne. T’as gagné putain. Rien ne vaut la peine de se donner autant de mal. RIEN. T’avais raison. Heureuse ?! J’ai rien pu faire. C’est ma faute. Il est mort… Cas est mort putain… Je devrais crever. J’ai pas envie de vivre. Mais je n’veux pas mourir. »

Je me redresse en m’aidant de mon épaule gauche glissant contre le mur, ne cessant de la fixer. D’un geste brutal je tire sur ma manche, faisant passer ma chemise par-dessus mon épaule en me débattant pour la retirer. Le sang a coagulé sur tout mon bras et probablement sur mon dos. Mes yeux s’ancrent brutalement dans les siens. La tête me tourne, je ne vais pas tarder à aller rejoindre le sol encore. Ma main gauche s’agrippe à mon épaule. La douleur est insupportable. Je ne ressens plus la moindre gêne d’être ainsi devant elle. Je n’aurais même plus peur de m’approcher pour l’empoigner par le col. Plus rien n’a d’importance. J’ai fait quelques pas chancelants vers elle. Ma main s’est refermée sur son col.

« Qu’est-ce que je suis censé faire ? Hein Preston ?! Dis-moi ! Comment fais-tu pour faire semblant de vivre… »

Ma vue se brouille de nouveau. Ma voix s’est brisée. Mes doigts ont lâché prise. A vrai dire tout mon corps a lâché prise. Je m’étais promis de ne plus me retrouver à genoux devant quelqu’un que je hais.

« Mais qu’est-ce que ça peut te foutre à toi hein Preston ? Qu’est-ce que ma vie peut te foutre ?! Le jeu est finit, puisque t’as gagné. Qu’est-ce que je peut te foutre. J’aurais jamais dû venir ici. Je ne sais même pas pourquoi je suis venu ici. Je ne sais même pas pourquoi je me suis souvenu que t'existais. T’es rien. J’ai plus rien. Plus rien n’a d’importance. Putain. »

Je me redresse avec peine. Je ne veux pas rester une seconde de plus à ses pieds. Je te hais Preston. Pourquoi es-tu toujours là quand je perds pied ? J’agrippe son poignet pour la tirer au sol à ma hauteur.

« Je ne veux pas mourir. Dis-moi que je ne suis plus seul. Donne-moi… n’importe quoi… en quoi croire. Joue encore… une dernière partie… avec moi. »

Mes doigts se relâchent. Ma voix a disparu. Ma vue a disparu. Ma conscience a disparu. J’espère que je me réveillerais encore. J’espère que ce n’est pas comme cela que tout finit.

Vrais ou faux. Vides ou pleins. Je m’étais promis de ne plus jamais laisser naitre l’illusion d’espoirs.


Dernière édition par Swain O. Hawkins le Ven 15 Mar - 3:22, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Love's like a brick you can build a house or sink dead bodies Ϟ Swain & Silk   Love's like a brick you can build a house or sink dead bodies Ϟ Swain & Silk Icon_minitimeDim 28 Oct - 2:18

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Pas un mouvement. Pas la moindre réaction à mes mots. Il reste là, inerte, immobile, le visage figé dans une grimace de douleur. Je me demande soudainement s’il est mort. Pourtant, je peux voir à la faible lumière des bougies son torse se soulever difficilement. Seule sa respiration soufflante brise le silence presque surnaturel de l’instant. Il semble si fragile, si frêle allongé ainsi sur le parquet comme sur son lit de mort. Je n’ose plus le toucher, comme si mon contact pouvait le blesser encore. Je m’agenouille à ses côtés, hésitante.

« Hawkins, s’il te plait. »

Ma voix est tremblante, suppliante. L’odeur de sang est entêtante, écœurante. Je peux presque sentir le fer contre ma langue. Mes genoux pataugent dans le liquide chaud. Il y en a partout, entourant Hawkins comme une auréole écarlate. Est-ce ce constat qui déclenche les larmes que je sens brûler mes joues ? Ou la peur soudaine de ne jamais le voir se réveiller qui menace de déclencher en moi une crise de panique ? Ma respiration est difficile et mes mots de plus en plus confus. Mes supplications semblent ne pas l’atteindre. Où est tu partie Swain ? Es-tu déjà trop loin pour revenir ? S’il te plait Hawkins, s’il te plait.

« Bordel, HAWKINS ! Réveille-toi ! »

Ses yeux s’agitent sous ses paupières si pâles qu’elles en seraient presque translucides. Il ouvre difficilement les yeux. Un sanglot de soulagement m’échappe malgré moi. Il semble perdu, déboussolé. Ses doigts s’ouvrent et se referment pour agripper un assaillant imaginaire. Un léger mouvement de recul et mon dos heurte le mur du couloir exigu. Il reprend ses esprits doucement et je peux voir la confusion sur son visage. Le moins qu’on puisse dire Hawkins, c’est que nous sommes deux. Pourquoi ? Comment ? Tellement de questions se bousculent dans la tête que mes lèvres restent obstinément closes à mes interrogations. Je suppose que les réponses attendront. Car Hawkins s’agite et tente de se relever malgré la douleur que cette simple action doit lui infliger. Je me relève rapidement et m’approche de lui comme on s’approche d’un animal blessé. Doucement, sans geste brusque. Ils sont toujours les plus dangereux.

« Hawkins, reste tranquille. »

Je ne sais pas s’il a choisi d’ignorer mon conseil ou s’il ne l’a tout simplement pas entendu. Il est couvert de sang, fiévreux et titubant. À le voir ainsi, vacillant sous son propre poids, incapable de tenir debout, je me demande comment il a simplement réussi à parvenir jusqu’ici dans son état. L’adrénaline, le dernier recours d’un corps mourant. Je ne connais que trop bien la sensation. Le bruit mat des gouttes de sang qui tombent sur le parquet, ses gémissements de douleur l’imagent de son visage, contracté par l’effort et la douleur. Je me précipite à ses côtés lorsqu’il s’écroule sur le sol sans pour autant le toucher. Je suis terrifiée, je crois. Mes sanglots se sont tus, mais la peur est encore là. De quoi ai-je peur ? De lui ? Des pacificateurs qui pourraient le trouver là ? Où ai-je simplement peur pour Hawkins ? Et si tout cela ne servait à rien ? Que se passerait-il si Swain était déjà perdu ? Son corps tremble, les traces de la fièvre se lisent sur son front, la toux trahit son état. Son hurlement déchire le silence. Il y a bien plus que de la douleur, bien plus que sa blessure derrière tout ça. L’esprit a une influence sur le corps. Le corps n’est rien sans l’esprit. La douleur physique est une chose, la douleur mentale en est une autre. Les blessures ne sont pas toutes dans la chair, elles ne laissent pas toutes de cicatrices. Certaines sont invisibles et pourtant ce sont elles qui laissent les marques les plus profondes. Les plus douloureuses, celles qui ne s’effacent jamais totalement.

Il semble fonctionner comme un automate, inconscient du monde qui l’entoure. Ses gestes sont lents, mais précis. Il commence par se séparer du pansement de fortune imbibé de sang puis entreprends de se débarrasser de sa chemise qui entrave ses mouvements. Je m’approche encore un peu plus, tentant de lui signaler ma présence.

« Hawkins laisse moi voir. »

Mais rien ne semble pouvoir le déconcentrer de sa tâche. Mon regard s’égare sur son torse meurtri. C’est tout ce que j’aurais voulu il y a quelques mois. Nous aurions été près d’une rivière, j’aurais certainement rit, il aurait certainement détourné le regard. Mais mon inspection ici n’a rien de joueuse ou de sensuelle. Je constate l’étendue des dégâts. Il a perdu du poids c’est certains, ses côtes saillantes semblent sur le point de percer sa peau maculée de terre et de sang. Pourtant, c’est la cicatrice qui attire mon attention. Sur son cœur. Elle semble ancienne, presque immaculée sur sa peau. Des chairs meurtries, témoins d’une blessure dont il ne reste qu’une trace. Sur ton cœur Hawkins, c’est toujours sur ton cœur. Je ne peux m’empêcher de me poser des questions, sur son histoire, s’il a d’autres blessures cachées sur son corps. Parce qu’au fond je n’en sais pas plus sur Hawkins que ce qu’il a bien voulu me dire et les informations qui se murmuraient sur Castiel au Capitol. Il n’est toujours qu’un étranger, pourquoi alors ai-je accepté de l’aider ? Pourquoi alors Hawkins a-tu choisi ma maison pour venir t’échouer. Je tends une main pour l’aider, mais la lame entre les doigts d’Hawkins me fait hésiter l’espace d’un instant. Qu’est-ce qu’il compte en faire ? Ses doigts tremblants essayent de déchirer le tissue sans succès.

Le couteau tombe sur le sol. D’un geste rapide, je le ferme avant de le glisser dans la poche arrière de mon jean. Ça n’est pas le genre de chose que je veux qu’Hawkins garde avec lui. Il faudra chercher qu’il n’en possède pas d’autre. On n’est jamais sûr de rien. Soudainement quelque chose me frappe. Où est son arbalète ? Je la cherche rapidement des yeux. Elle n’est nulle part en vue. Pourtant, je suis certaine de l’avoir aperçu. Elle a dût rester sur le perron. Il y aura toujours un moment pour s’en occuper plus tard.

Car à présent je suis certaine qu’Hawkins est conscient de ma présence. Ses yeux s’arrêtent sur les miens avant de se brouiller. Les larmes laissent des sillons blancs sur ses joues souillées par la poussière et le sang. Ses sanglots se répercutent sur les murs de la maison silencieuse. Des sanglots comme s’il ne pouvait plus les contrôler, comme s’ils les avaient retenus trop longtemps. Et pour la première fois depuis qu’il a hurlé mon nom, il parle. Un flot de paroles, des paroles que je m’attendais l’entendre prononcer, parce que je sais. Je le sais parce que j’ai vu Castiel agoniser, je l’ai vu abandonner. Connaitre la cause de sa souffrance ne m’aidera pas à l’apaiser, parce que rien ne le pourra. La douleur est trop grande et les mots sont si peu de choses. Lui dire que je comprends, c’est faux, il n’en est rien. Je ne pourrais jamais comprendre ce qu’il a vécu. J’ai contemplé Swain perdre sa raison de vivre en direct. J’ai vu la mine réjouie des parieurs et celle dépitée de ses mentors. J’ai cherché sur son visage la ressemblance avec son ainé, j’ai cherché ce qu’il avait de si exceptionnel pour que son frère sacrifie sa vie pour lui. J’ai fait le deuil de ce garçon que je ne connaissais pas, parce que je savais qu’il comptait tellement pour Swain. Et maintenant qu’Hawkins est en face de moi, toutes les choses que j’ai imaginé lui dire, tous les discours que j’ai pu inventer pendant des années pour apaiser ma propre culpabilité me semble si ridicule, si dérisoire face à sa peine.

« C’est pas ta faute Hawkins. T’aurais rien pu faire, y’avait rien à faire. »

J’aimerais prétendre que ses accusations ne m’atteignent pas et que sous le coup de la colère je ne devrais pas y faire attention. Pourtant, elles me blessent plus que je ne voudrais l’admettre. Comment peut-il penser une seule seconde que je suis heureuse de la situation ? Heureuse de le voir ainsi ? Comme si sa souffrance m’apportait une quelconque satisfaction personnelle ? Me voit-il vraiment comme le monstre qu’il me décrit ?

« Castiel est mort et çà n’a rien à voir avec toi ou avec moi. Blâme le Capitol, blâme les autres gosses dans l’arène si tu veux, blâme les sponsors, les mentors. Mais arrête de te blâmer pour un truc sur lequel t’avais aucun contrôle. »

Blâme ton frère. Je me redresse pour mettre de la distance entre lui et moi. Mais il entreprend de se lever à nouveau, retirant finalement sa chemise. Il titube vers moi, comme s’il avait bu. Il est ivre, mais l’alcool n’y ait pour rien. Il est ivre de douleur, de colère et de tristesse. Ses doigts maculés de sang se referment sur le col de mon t-shirt. Prétendre ? C’est tout ce qu’il te faut Hawkins ? Que quelqu’un prétende. Faire semblant de vivre ça n’est pas si compliqué. Il suffit de se laisser porter par le courant. Rire quand les autres rient, pleurer quand les autres pleurent. Faire semblant est encore plus facile que de vivre vraiment. Tu verras Hawkins on s’y habitude vite, au monde qui tourne sans se soucier de nous. Il s’écroule sur le sol, mais je ne bouge pas. C’est pour çà qu’il est venu ici ? Pour apprendre à se détesté encore plus qu’il ne se déteste ? Plus qu’il ne me déteste ? Je me recule à nouveau sous l’impact de ses mots.

« T’es libre de partir Hawkins. T’as raison, t’aurais jamais dû venir ici. Peut-être que oui, t’aurais mieux fait d’oublier mon nom et pas venir gratter à ma porte comme un chien mourant. Si tu penses pouvoir t’en sortir seul, vas-y la porte est ouverte. Mais pose-toi la question Hawkins, qu’est-ce que tu fous là si tu me détestes autant ? Moi je pense que t’as personne d’autre pour t’aider et que t’es coincé avec moi. Alors soit tu acceptes mon aide, soit tu peux aller crever sur mon palier si ça te chante. Parce que t’as tort Hawkins, j’en ai quelque chose à foutre. »

J’en ai quelque chose à foutre, Hawkins. Parce que je ne pensais jamais te revoir et que finalement tu t’es pointé à ma porte quand je m’y attendais le moins ? Parce qu’il y a toujours un truc qui me ramène à toi, même quand je me suis promis que t’étais rien du tout, que t’étais pas plus important que quelqu’un d’autre. Je ne crois pas au destin, mais faut avouer que ça fait quand même pas mal de putains de coïncidences. J’ai vu ton visage dans la foule quand ton frère a été moissonné, il portait ta veste, je l’ai reconnue. Parce que malgré tout ce que tu peux penser de moi Hawkins, peut-être qu’il faut quelqu’un pour veiller sur toi maintenant. Si tu me donnes une chance. Je me laisse attirer à sa hauteur, m’adossant contre le mur à ses côtés. Il ne veut pas mourir. Je ne veux pas qu’il meure.

« Je suis là Swain. Je vais pas partir, et quand tu iras mieux, quand tout ira mieux toi et moi on ira dans la forêt, tu me montreras ce que tu sais d’accord ? T’attraperas des lapins et on les mangera cette fois. Et je te ferais goûter le chocolat. Je parie que t’en as jamais mangé. T’as une tête à aimer le chocolat. Et on jouera, comme on jouait avant d’accord ? Tu veux commencer maintenant ? Cap ou pas Cap Swain, de tenir assez longtemps pour faire tout çà ? »

Ses muscles se relâchent. Je porte une main à son cœur pour être certaine de le sentir battre encore. Il bat, faiblement, mais il bat. Je reste quelques secondes ainsi, immobile à écouter sa respiration. Finalement, je me relève doucement et profite de son état pour vérifier sa blessure. Un trou net sur son omoplate droite, une balle j'en suis presque certaine. Une balle de qui ? Des rebelles ? Des pacificateurs ? C’est sans importance au fond, le résultat est le même. Hawkins est un fugitif pour quelqu’un. Il n’y a jamais d’armes à feu dans l’arène. Je n’ai aucune idée de comment soigner ce genre de blessure. Il ne saigne plus, je pense que c’est un bon début.
Je me dirige vers la cuisine. Je remplis une bassine d’eau tiède. Je ramène avec moi une serviette et reviens avec un verre d’eau. Hawkins est encore inconscient lorsque je le rejoins. Je passe une serviette mouillée sur son visage, pour effacer les larmes et la poussière. Je ne pourrais pas le soigner ici. Il faut monter au premier. Je passe une nouvelle fois le linge humide sur son front. Je porte le verre d’eau à ses lèvres exsangues pour les humidifier. Je passe une nouvelle fois mon bras sous son épaule indemne et entreprends de le relever.

« Hawkins on doit vraiment bouger cette fois. Ça va être un petit peu dur, mais tu peux le faire pas vrai ? »

J’ai joué tellement de jeux dans ma vie. Prétendu tellement de fois que j’ai parfois confondu le vrai et le faux, incapable de différencier la vérité du mensonge. Je peux jouer une dernière fois Hawkins, je peux jouer sans prétendre parce que tout est vrai. Tu te souviens au bord de la rivière quand tu m’as dit que si je trouvais une raison de vivre tu ferais ce que je veux ? C’est le moment de tenir tes promesses. Aide-moi simplement à tenir la mienne. Vis Hawkins.


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Swain Hawkins
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MessageSujet: Re: Love's like a brick you can build a house or sink dead bodies Ϟ Swain & Silk   Love's like a brick you can build a house or sink dead bodies Ϟ Swain & Silk Icon_minitimeDim 18 Nov - 23:51

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Passer une porte pour ne plus revenir en arrière.
On dit qu’il faut d’abord mourir pour renaitre. On dit qu’il faut d’abord souffrir pour être heureux. On dit tellement de choses sur la vie. Tellement de choses sur la bonne manière de procéder comme s’il y avait une récurrence inévitable qui rendrait tout prévisible. Un chapitre entier sur l’apprentissage de l’être et du paraitre. Etre ou ne pas être ; j’en ai rien à foutre de ces conneries. Il n’y a pas de place pour la réflexion dans mon monde. Ce grand manuel de l’existence que je n’ai jamais lu. On ne me l’a jamais glissé entre les mains avec une tape entendue sur la tête. Je n’ai reçu aucun héritage si ce n’est le passage de relais dans cette course pour la survie à laquelle tous concourent. Pourtant il n’y aura aucun vainqueur, aucun prix à gagner. Courir. Simplement courir en évitant les obstacles. Traverser des portes au hasard en espérant pouvoir revenir en arrière si elles dévoilent le vide. Il est déjà trop tard. J’ai perdu la clé du mensonge pour refermer ma conscience, oublier la cacophonie de ma douleur. Il est déjà trop tard, je suis en chute libre. Mourir pour renaitre, mais quel sort reste-il à ceux qui sont coincés dans l’entre-deux ? Et toi Preston, est-ce que tu regrettes de m’avoir ouvert ta porte ?

Ses mots me semblent si lointains et pourtant ils font l’effet cinglant d’une bourrasque sur le voile de mes pensées. Entre conscience et inconscience, cet état qui ne me quitte plus ; j’ai beau lutter contre l’envie d’abandonner mon corps refuse tout effort. Je me sens fragile, faible comme jamais. Et pourtant je n’ai jamais été aussi fort que je le pensais. Elle a tort de tenter de soulager mes épaules de ma faute. Je n’ai pas achevé Castiel mais quelle différence y-a-t-il ? Je l’ai bercé d’illusions, je l’ai protégé en prenant les coups à sa place. Il n’avait aucune chance. C’était évident. J’étais stupide de le nier. Il n’avait aucune chance. Les miracles n’existent pas et pourtant j’y ai cru. J’en étais persuadé. Il aurait suffit que j’ouvre les yeux. Suffit que je lui apprenne à se protéger avec autant d’énergie que celle que je dépensais pour lui. Alors peut-être il y aurait eu un espoir. Tu vois Preston, tout est de ma faute. Je ne peux pas blâmer le Capitole ou tout Panem sans oublier que je suis le premier à l’avoir laissé tomber. Je suis coupable. Et aujourd’hui je comprends de quoi.

L’amour ; mon frère comptait plus que tout. L’amour, c’est toujours de là que vient le problème.

Je ne connais rien de ce sentiment. Excepté la version fraternelle que j’éprouvais. Excepté la mauvaise manière de l’exprimer. Aujourd’hui je peux le comprendre. Je peux poser un nom sur ce qui m’a fait lutter toutes ces années pour lui fournir de quoi grandir. Je n’ai jamais cherché à prétendre être totalement ignorant sur le sujet. Je ressens les choses sans les déchiffrer, je tressaille en teintes de gris sans être capable de classer mes émotions autrement qu’en noir et blanc. Et mon cœur est remplit de néant. Ma colère s’englue dans la douleur qui dévore la moindre couleur. Est-ce que Preston est dans le clair ou l’obscur ? Je suis incapable d’y réfléchir. Je ne sais même pas pourquoi je suis venu ici. Peut-être qu’elle est tout ce qui me reste oui. Pourtant elle n’est rien de plus qu’une occasion ratée, une scène abandonnée. Je hais la moindre chose à son sujet, la moindre de ces ombres que je perçois avec peine dans mon mince champ de vision. Pourtant j’ai tout perdu. Pourtant son souvenir ne s’est jamais tarit, jamais je n’ai pu m’empêcher de parfois penser à ce jour-là avec des « Et si ». Du noir ou du blanc. Des ténèbres ou trop de lumière, tout ce que je sais c’est qu’elle aveugle mon esprit. Je regrette d’avoir cédé, de m’être agrippé à la moindre chose pour combler mon désespoir. Et que ça soit tombé sur elle. Je regrette d’avoir passé sa porte. Mais je ne peux plus revenir en arrière.

Le contraste de la fraicheur contre mon visage, la douceur de ses gestes sur la violence de la fièvre, Preston en a déjà trop fait. Déjà prononcé trop de mots. Les mots qu’il faut ? Je ne suis pas certain de la vouloir cette illusion finalement. Elle me parait trop bienveillante, presque plus cinglante que la souffrante vérité. Plus de promesses. Seulement un jeu bancal. C’est vrai, c’est ce jeu qui l’intéresse. C’est de ça qu’elle a quelque chose à foutre. Si je crève, elle ne pourra pas gagner. Si je crève, je ne pourrais pas lui prouver qu’elle a tort. Mais tort de quoi maintenant que je me sens aussi faussement vivant qu’elle l’est ?

Je ne cherche même pas à ouvrir les yeux lorsque je sens encore le linge humide sur mon corps. Mes lèvres happent avidement le verre d’eau et je manque de m’étouffer en déglutissant difficilement. J’ai la gorge asséchée par le goût du sang et la toux ne me laisse pas de répit à l’instant même où je rouvre enfin les paupières. Je sens qu’on me tire le bras. Preston essaie de me redresser. Pourquoi ? Pourquoi t’acharner, c’est trop d’emmerdes de s’inquiéter pour les autres.

Personne ne vaut la peine qu’on s’emmerde autant, n’est-ce pas ce que tu prônais ce jour-là ?
Aucune réaction à sa question. Je me laisse soutenir en l’aidant de mes jambes tremblantes. Le simple fait de me retrouver de nouveau debout me donne la nausée et je dois me retenir de ne pas rendre l’eau que je viens d’ingurgiter. Elle semble imperturbable, tenant fermement mon bras par-dessus ses épaules. Je la distingue à peine à la lueur des bougies. Je ne sens que son corps chaud contre mon flanc glacé. Son contact. J’ai envie de la repousser, lui rétorquer que je suis très bien capable de me débrouiller mais mes complaintes meurent dans l’œuf avec les variations des élancements de mon épaule. J’ai honte d’être semblable à un animal blessé qu’elle aurait capturé entre ses doigts et sur lequel elle aurait tous les pouvoirs. Je suis gêné que ma main à peine valide se soit agrippée au bas de son t-shirt par peur de tomber et que ma joue n’ai d’autre choix que de balloter contre son cou. Son parfum pourtant léger m’asphyxie. L’odeur de sa peau me fait tourner encore plus la tête. Je ferme les yeux. J’ai honte de mon torse nu collé contre elle, de ses mains se salissant de mon sang. Je voudrais la rejeter. Mais son corps enlaçant le mien m’apaise, une sensation de calme que je n’ai pas ressentie depuis des mois. Je me sens prêt à me briser dans ses bras.

« Va pas en profiter… hein Pres… »

Un haut le cœur arrête mon trait d’humour mal approprié. L’envie de la provoquer était positive. Si j’étais encore loin d’arriver à distinguer les distances et de respirer normalement, au moins la dérision allait dédramatiser la situation. Du moins je l’espère.

Je tente quelques pas en m’appuyant sur elle, la laissant me guider là où elle le désire. La blessure sur mon omoplate me déchire en deux et j’halète bruyamment. J’ai l’impression d’être transpercé de part en part. Comme épinglé au mur, semblable à ce gros papillon que j’avais vu chez une vieille dame, là-bas au district cinq. Ils ont planté une aiguille dans Panem et s’amusent à la remuer, la mort de Cas’ et ma souffrance sont des trophées. Nous sommes leur collection de rampants. Des insectes dont on exhibe la mort comme un trésor précieux. Le Capitole. Ils paieront. Je crèverais tous ces enfoirés. Je tuerais tous ceux qui ont un rapport de près ou de loin avec la mort de mon frère. Et ces rebelles, qui n’ont rien fait pour les sauver. Je massacrerais tous ceux qui comme moi, ont cru agir. Ma punition, ma vengeance. Je suis le coupable originel.

Désespérément agrippé à Preston, mon pied bute contre une marche. Des escaliers. C’était rare d’avoir un étage dans sa maison. Une maison de vainqueur. La sienne était pourtant si différente de celle dans laquelle j’avais grandis. Une maison de vainqueur. En brûler une pour se retrouver coincé dans une autre. Je pose précautionneusement un pas sur la première marche, la paume de ma main se plaquant contre le mur pour alléger mon poids de ses épaules et aider notre progression laborieuse. Mon bras blessé pend misérablement dans le vide, je n’ai plus la force de m’agripper à son t-shirt. Une autre marche. Ce n’est pas aussi compliqué que je le croyais au final. Pourquoi veux-t-elle m’amener à l’étage ? La cuisine aurait été suffisante pour trouver de quoi soigner mes blessures. Il m’est souvent arrivé de cautériser deux trois coupures de chasse avec une lame de couteau chauffée à blanc. Une autre marche. Mes doigts griffent le mur, je me traine avec difficultés. Le bout de ma chaussure trébuche sur la marche suivante et je m’affaisse à moitié, nous faisant presque basculer alors que mon genou heurte brutalement la contremarche. Mais ce n’est pas le choc le plus douloureux, mon épaule a réagi à la soudaine contraction de mes nerfs et m’arrache des gémissements. Je serre les dents, fermant les yeux quelques secondes pour tenter d’encaisser. Je dégage mon bras gauche de sa prise et me laisse glisser adossé contre la rampe, haletant. Pourquoi se donner tant de mal. Pourquoi essayer alors que mes chances de survivre s’amenuisent à mesure que les minutes passent. La plaie causée par la balle ne saigne plus mais celle béante de mon esprit continue de se disloquer. Pourquoi m’aider Preston ? Qu’est-ce que je suis pour toi ? Pourquoi suis-je venu vers toi encore une fois ? Je ne peux pas croire qu’on se donne autant de mal juste pour une promesse illusoire, juste pour un putain de jeu. C’est trop d’emmerdes pour pas grand-chose à gagner. A quoi bon me sauver, plus rien ne sera jamais comme avant. Ce Hawkins que tu aimais provoquer. Il est déjà mort.

« Pourquoi tu fais ça… »

Dans l’obscurité mon visage s’est tourné vers le sien. Je cherche son regard entre les gouttes de sueur qui brouillent ma vision. Ma voix est faible. J’aimerai comprendre. Une partie de moi n’a jamais assimilé les raisons de Preston depuis notre première rencontre. Cette fois ce n’est pas l’envie de jouer. Cette fois ce n’est pas l’envie de me provoquer. Cette fois ce n’est pas l’envie de mon corps sur le sien. Pourquoi se donner autant de mal si elle n’aura rien en retour. Les gens ne font jamais rien sans contrepartie. On troque des services contre de la nourriture et de la nourriture contre des médicaments. Rien n’est gratuit quand ce n’est pas pour les siens. Personne ne tend la main vers son prochain.

« Je suis rien pour toi… »

Mes lèvres tremblent, je sens mon cerveau encore au bord de la rupture.

« Mais… pour moi t’es… »

Je déglutis en grimaçant. Qu’est-ce que tu es pour moi Preston ? Tu n’es rien. Je ne sais plus. Je ne peux oublier ce trouble. Je ne peux empêcher mon envie de m’accrocher à toi.

« T’es tout ce qu’il me reste. »

J’émets un hoquet qui aurait dû être un rire nerveux et l’envie d’hurler me prend de nouveau sans aboutir pour autant. A défaut je tends la main, effleurant doucement sa nuque d’un tremblement du bout de mes doigts maculés. Écartant à peine quelques mèches au passage je replace mon bras sur ses épaules en me redressant avec un grognement de douleur. Son souffle contre mon visage brûlant me fait frissonner. Je me sens pitoyable. De m’accrocher à Preston. De m’accrocher à une simple inconnue. De m’accrocher à elle désespérément, malgré l’incompréhension, malgré la haine, malgré nos provocations passées.

Pour me donner contenance et chasser la honte du constat de mes propres mots, mon pied se pose sur une nouvelle marche et je redouble d’ardeur pour notre ascension. La fièvre me fracasse le crâne. J’ai l’impression que ça fait des heures que nous peinons à grimper quand enfin le pallier apparait. Je me laisse trainer dans un autre couloir, hasardant un regard alentour. Ma vue est redevenue complétement normale et malgré le piteux état de mon corps, je prends ça comme un signe positif. Une porte s’ouvre et je réalise enfin qu’elle voulait simplement m’allonger sur un lit. Je n’aime pas cette idée. La simple vue d’une chambre me rappelle encore à mes souvenirs. Elle veut m’allonger comme si j’étais déjà perdu. Pourtant je me laisse installer, la nausée m’empêchant de faire quoi que ce soit. Je me suis presque habitué à la douleur, ne tressautant qu’à peine aux pics lancinants. A vrai dire je ne sens plus rien de mon épaule jusqu’au bout de mon membre droit.

Il n’y a qu’une bougie sur une table de nuit pour éclairer faiblement l’espace et je distingue à peine les recoins de la pièce. Il me semble que Preston est sortie. Gémissant encore je me tourne sur le côté gauche mais la position n’en est pas plus confortable. J’étire mon bras valide, heurtant quelque chose dans le noir. Un bruit de meuble bancal puis quelque chose tombe à plat en émettant un claquement sec de bois. Je tâtonne avec peine sur la seconde table de nuit, me mordant les lèvres pour contrer la douleur de la contorsion. C’est un cadre. Mes paupières se plissent en vain et je me relève légèrement pour m’adosser contre le montant du lit et le porter à la lumière. Blanc. Il n’y a aucune photo. Comme si elle avait été retirée ou plutôt, comme s’il n’en avait jamais contenu. Mon cœur rate un battement.

Un sanglot reste coincé dans ma gorge. La simple vision de ce cadre vide a réveillé ma douleur. Le simple reflet presque imperceptible de mon regard sur la vitre, m’a ramené à mon vide intérieur. Il n’y a rien dans ce cadre parce qu’il n’y a jamais eus de photo. Il n’y a jamais eu de photo parce qu’il n’y a jamais eu personne.

Il n’y aura jamais personne. Plus jamais.
A deux et pourtant seuls au monde.

Sans réfléchir j’envoie le cadre s’écraser contre le mur en face de moi, étouffant un cri de douleur causé par le mouvement brusque qui électrise tout mon dos. Dans la pénombre, je crois distinguer le retour de Preston. Je détourne le regard, tirant le drap sur mon torse et me repositionnant sur le côté.

« Aide-moi à enlever cette putain de balle. Et je te promets que plus jamais j’viendrais échouer devant ta porte. Plus jamais t’entendra parler de moi. Plus jamais j’entendrais parler de toi. Tu pourras aller te faire foutre Preston. Tu… »

Mes mots se brisent. Le silence est tombé comme une pierre sur la surface lisse d’une rivière. Et ses ondes, achèvent l’instant.

« Une dernière partie… Mais… »

Je suis là Swain. Je vais pas partir, et quand tu iras mieux, quand tout ira mieux toi et moi on ira dans la forêt, tu me montreras ce que tu sais d’accord ?
Rien ne s’arrangera. Rien n’ira mieux. Je ne veux pas de cette illusion. Je ne veux pas de la compassion de Preston. Je ne veux pas de ses gestes attentionnés. Je ne veux pas de sa douceur. Je préférais quand elle me faisait sortir de mes gonds. Quand elle me faisait m’aventurer sur des terrains que je ne connais pas. Je préfère qu’elle me perde dans les méandres de ses plans que d’être perdu des miens la concernant. Elle est tout ce qu’il me reste. Le dernier fragment auquel je m’accroche. Elle n’est rien pour moi. Rien d’autre qu’une bouée de sauvetage ?

« Cap ou pas cap… de la rendre inoubliable ? »

Tout mon être est secoué de tremblements violents. La sensation de froid me dévore. Je n’en peux plus. J’aimerai que tout s’arrête. Le contrecoup de la montée de l’escalier vient de me frapper. Je n’aurais jamais du bouger. La douleur tambourine dans ma tête, elle pulse comme si un deuxième cœur venait d’y apparaitre. Je cherche incertain, le contact de Preston. Je me sens pathétique. Des larmes coulent sur mes joues, incontrôlables. Je me sens pitoyable. J’ai peur de crever, moi qui n’ai plus rien. J’ai peur. Peur de la mort. La mort c’est la fin de tout. Je répétais toujours cette phrase à mon frère.

Dans ses yeux je l’ai vu, il n’avait aucune crainte.

Je n’ai plus rien à espérer. Alors pourquoi me borner à toujours agir comme s’il y avait encore quelque chose à perdre ?

Ce jeu d’enfant est tout ce qu’il me reste. Et Preston a accepté une dernière partie. Preston est tout ce qu’il me reste. Un deuxième néant dans ce vide qui me remplit. Deux êtres seuls au monde pourtant enfermés dans une même pièce.

Mes doigts trouvent son poignet et l’agrippent faiblement. Je n’ai même plus besoin de fuir, ma course est déjà arrivée à son terme. Mon bras emprisonne ses épaules. Je n’ai qu’à peine la force de la ramener contre moi. Je ne sais même plus ce que je fais. Je n’ai plus envie de penser. Plus l’énergie de le faire. Je ne veux que sa présence dans ce monde où je n’ai plus rien. Je ne veux que sa chaleur pour combler ce froid. Même si cette illusion est encore plus douloureuse qu’une blessure par balle.

Je n’ai plus peur car je suis arrivé à la fin de la course. Je n’ai plus besoin de fuir. Plus besoin de me mentir.

« Silk… »

A peine chuchoté à son oreille. A peine murmuré à travers ma respiration sifflante. Mes yeux sont fixés au plafond. La présence de Preston me rassure. Un frisson lancinant parcoure mon dos. Tant pis si je ne peux plus revenir en arrière. Tant pis si je crève. Tant pis si j'en viens a regretter.

« Cap ou pas cap, de m’aider à trouver une raison de continuer à vivre ? »

Aide-moi à mourir. Je n'ai plus rien à perdre.
Aide-moi à renaitre.


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MessageSujet: Re: Love's like a brick you can build a house or sink dead bodies Ϟ Swain & Silk   Love's like a brick you can build a house or sink dead bodies Ϟ Swain & Silk Icon_minitimeMar 11 Déc - 5:42

Love's like a brick you can build a house or sink dead bodies Ϟ Swain & Silk 1355200572-sans-titre-10

J’ai toujours pensé qu’il était difficile de tuer.

Puis j’ai contemplé le sang sur mes mains, j’ai contemplé les deux corps sans vie à mes pieds. Et je me suis rendu compte que rien n’était plus simple. J’ai réalisé que s’il était aussi facile de prendre une vie, alors celle-ci était encore plus fragile que je ne le pensais. Lorsque j’étais à l’école, il était courant de voir quelqu’un disparaître du jour au lendemain sans explications. Il était plus facile d’imaginer qu’ils étaient quelques parts loin d’ici, heureux, au chaud avec le ventre plein plutôt que de les imaginer rongés par les vers. La vérité c’est que personne n’ose vraiment affronter la mort en face à moins d’y être obligé. C’est à ça que servent les jeux, à nous rappeler que nous sommes aussi fragiles que tous ces gosses face au Capitol. Que nous sommes tous faibles et impuissants face à la mort. C’est exactement ce que je ressens à cet instant. Ce que je ressens à chaque fois que le coup de canon annonce la mort d’un de mes tributs, c’est ce que j’ai ressenti lorsque j’ai contemplé sans rien faire la maladie emporter lentement ma tante. Impuissante. Incapable de faire quoi que ce soit pour arrêter l’inébranlable machinerie, l’inéluctable tic tac de l’horloge.

Attendre la mort c’est ce qui semblait être le plus facile à faire, le moins contraignant. Attendre et laisser passer les mois et les années jusqu’à ce que je n’ai plus besoin de patienter. Être spectatrice, ne pas m’impliquer, laisser le temps faire son œuvre, être assez ivre ou assez droguée pour que tout çà n’ait pas d’importance. J’ai ri à l’idée de la vie, à l’idée de l’amour. J’étais tellement persuadée que je ne pourrais jamais être sauvée de moi-même que je n’ai pas vu ce qui était sous mon nez, trop concentrée sur ma propre misère pour me rendre compte qu’y mettre fin aurait été si facile. Si j’avais ouvert les yeux avant, si j’avais simplement essayé d’y croire l’espace de quelques instants. J’aurais vu Adonis. J’aurais vu la vie que nous aurions pu avoir si nous avions pris la peine d’essayer. Mais à l’époque essayer semblait trop dur, une croix bien trop lourde à porter. Je n’ai jamais recherché le bonheur parce que j’étais persuadée qu’il n’existait pas pour moi. J’ai toujours pensé que les gens qui se croient heureux sont des imbéciles. Personne n’est jamais parfaitement heureux. Je pensais faire partie de ces gens qui ne sont pas faits pour le bonheur. Ces gens-là n’existent pas, je m’en suis rendu compte bien trop tard. Tout le monde est capable d’être heureux. Il suffit d’essayer. C’est moi qui ai été stupide. Moi qui n’ai pas été capable de voir plus loin que ce je pensais être. On vit et on meurt seul simplement parce qu’on le veut bien ou parce qu’on pense que personne ne vaut la peine de s’emmerder autant.

J’observe du coin de l’œil son visage se contracter sous le coup de la douleur. Je n’aurais jamais pensé voir Hawkins aussi vulnérable, merde, je pensais, même ne jamais le revoir. Je ne peux qu’imaginer à quel point cette situation doit lui coûter, être en situation de faiblesse devant moi. Je suis persuadée que s’il y avait eu une quelconque autre solution il l’aurait choisi. Nos adieux étaient définitifs, Hawkins ne pensait pas devoir se retrouver une fois encore face à moi. C’est comme ça que je sais qu’il n’a plus d’espoirs, plus personne. Rien d’autre que lui et moi. Doucement, nous avançons vers l’escalier à la flamme vacillante des bougies. Si seulement l’électricité pouvait revenir. Je rêve de lumière, quelque chose pour donner à cette scène une ambiance moins solennelle. J’ai l’impression d’être déjà en train de veiller son corps comme j’ai veillé celui de ma tante. Pourtant, son souffle contre mon cou me confirme qu’il est bien vivant. Sa proximité me ramène quelques mois en arrière, près de la rivière. J’aurais presque honte de me rappeler de ces moments là à présent, de penser à lui de cette manière alors qu’il s’accroche à moi avec ses dernières forces. Ma main se pose dans le creux de ses reins pour le guider doucement. J’essaye de rire à ses paroles, mais le cœur n’y ait pas. Je sais que c’est ce que nous faisions avant, mais la situation est différente à présent. Il n’était pas en train de se vider de son sang sur mon parquet, je n’avais pas peur de le perdre.

« T’as vu ton état Hawkins ? Ça fait combien de temps que t’as pas vu un bout de savon ? J’connais pas une femme dans tout Panem désespérée à ce point. »

Nous progressons doucement dans la maison silencieuse. Je me concentre sur nos pieds pour ne pas trébucher sur quelque chose que j’aurais laissé traîner par terre.

« Si j’avais su que j’allais avoir de la visite, j’aurais fait le ménage. T’as bien choisi ton moment pour venir agoniser devant ma porte pas vrai ? »

Son poids pèse sur mon épaule, j’ai du mal à maintenir mon équilibre. Il n’est pas spécialement lourd, surtout avec le poids qu’il a perdu. Ses côtés saillent sous sa peau cireuse, des hématomes violacée parsemant sa cage thoracique. Je me demande depuis combien de temps il n’a pas mangé un vrai repas ou dormi dans un vrai lit. Je ne peux qu’imaginer ce par quoi il est passé, ce qu’il a subit avant d’arriver devant ma porte. À le regarder ainsi on pourrait penser qu’il suffirait d’un rien pour le briser, que Swain serait presque fragile. Pourtant, il a prouvé qu’il était bien plus fort que çà. Plus fort que ce je ne le serais jamais. Je me demande simplement pourquoi. Pourquoi avoir continué Hawkins quand rien ne te retiens plus dans ce monde, quand tu as perdu ta raison de vivre comme tu l’as si bien dit ? J’aurais tellement de questions à lui poser, mais le moment n’est pas encore venu. J’espère simplement qu’il viendra un jour.

La montée de l’escalier s’avère être en fait plus facile que ce que je ne l’aurais prévu, pourtant après quelques marches il semble perdre l’équilibre. J’essaye de le retenir dans sa chute sans succès. Je serre les dents en l’entendant gémir. Je m’en veux de lui faire subir çà, mais il est plus sûr de l’étendre à l’étage. Je m’assois sur l’une des marches pour attendre qu’il reprenne ses esprits. Je n’ose pas le regarder dans les yeux, je ne veux pas contempler le vide que j’ai peur d’y voir. Je n’ai aucun moyen de savoir quelle quantité de sang il a perdu. Il n’y a aucune assurance qu’Hawkins s’en sorte. Cette pensée me terrifie. Pour la première fois depuis des années, la mort me fait peur. J’ai accepté l’idée de ma propre mort, accepté qu’un jour ou l’autre on finisse tous par mordre la poussière. Et malgré les miracles que le district 13 semble capable d’accomplir en ramenant des tributs morts à la vie (si c’est bien là la vérité), la mort est quelque chose de définitif. Ce qui est mort reste mort. La nature est ainsi faite dans sa grande injustice. C’est injuste que Castiel ait été sélectionné pour les jeux, c’est injuste que je sois forcée de contempler la possibilité de plus en plus probable de la mort d’Hawkins, c’est injuste qu’Adonis risque sa vie pour un gouvernement qui n’en a rien à foutre de son sort. La vie est une grosse salope capricieuse. Si les choses étaient justes en ce monde, ça se saurait. La justice n’existe pas, pourtant je me surprends à supplier une entité supérieure en laquelle je n’ai jamais cru d’épargner Swain, juste cette fois.

Pourquoi je fais ça ? Pourquoi ? Je me pose la question sans trouver de réponse satisfaisante à lui donner. Je ne veux pas perdre Hawkins, pas quand il s’est battu pour venir jusqu’à moi, pas quand je pensais que personne ne valait la peine de s’emmerder autant et qu’il vient de balayer cette certitude en l’espace de quelques minutes. Je veux qu’il vive. Il le mérite. Qu’il fasse ce que je n’ai pas pu faire. S’il vous plait, juste une fois.

« Qu’est-ce que j’étais sensée faire d’autre ? J'allais pas te laisser crever sur mon palier. J’suis pas la salope sans cœur que tu penses que je suis Hawkins. »


Ses mots me font regretter ceux que j’ai eus un peu plus tôt à son égard. Je me sens soudainement mal à l’aise sous son regard. Lui qui a toujours eu l’habitude de vivre pour quelqu’un d’autre se retrouve soudainement à n’avoir personne d’autre. Personne d’autre que moi, je ne me suffis pas à moi-même, comme pourrais-je être assez pour lui ? Cette idée me donne la nausée. Je ne sais pas si je peux assumer ce rôle. Je n’en suis pas capable.

« Dis pas des choses comme ça Swain. S’il te plait. J’veux plus t’entendre dire ce genre de trucs. »

Je me relève rapidement pour l’aider à s’appuyer sur moi à nouveau. Je frissonne au contact de ses doigts calleux contre ma nuque. Je voudrais parler encore, lui dire qu’il lui reste des choses à espérer, de ne pas se contenter de moi parce que je ne suis pas à la hauteur, mais les mots restent coincés dans ma gorge. Ses paroles résonnent encore dans mon crâne lorsque nous atteignons le palier. Je le dirige vers une chambre. La mienne. Je ne sais pas vraiment pourquoi mon choix s’est arrêté sur celle-ci. C’est loin d’être la seule chambre à coucher de la maison, mais c’est la seule qui est occupée. Peut-être que c’était plus pour moi que pour lui. Peut-être que cela me rassure de savoir qu’il est dans un endroit familier, où j’ai des repères. Je pousse la porte du pied. Je dépose aussi délicatement que possible mon fardeau sur le lit. Je cherche mon briquet dans ma poche et allume la bougie qui traîne sur la table de nuit. Je lui enlève ses chaussures avant de remonter les draps sur son corps tremblant. Il sera toujours mieux ici que sur le parquet. Je me sentirais presque soulagée de le voir ici. Pourtant, son corps famélique et fiévreux parait si frêle entre mes draps. Je me refuse à l’idée de laisser mon regard vagabonder sur sa peau, mais je ne peux m’empêcher quelque chose en moi se révolter à l’idée de le laisser ainsi recouvert de sang. Je ne veux pas le laisser seul, mais je n’ai pas vraiment le choix, je soupire en ajustant la jetée de lit sur ses genoux.

« Je reviens vite. »


Il y a une autre pièce, toute au fond du couloir où je n’ai pas mis les pieds depuis plus de 12 ans. C’était la chambre de ma tante après que je l’ai convaincu d’abandonner sa vieille maison délabrée. Depuis qu’elle est morte, je l’ai laissé en état. J’ai été incapable de déplacer quoi que ce soit. J’ai juste fermé la porte pour ne plus jamais l’ouvrir. Jusqu’à aujourd’hui. La porte grince doucement lorsque je la pousse du bout des doigts. La bougie illumine doucement les contours des meubles, le lit est encore fait, les fleurs dans le vase sur la table de nuit depuis longtemps réduite en poussière. Le parfum de ma tante s’est dissipé depuis longtemps, mais je m’attendrais presque à la voir assise dans le rocking-chair à repriser quelque chose. Sa boite à couture est encore ouverte sur la petite table près de la fenêtre. Elle aimait s’y assoir pour contempler le jardin. Il y a un travail inachevé sur la table. Malgré la couche de poussière qui s’y est installée, je reconnais le travail minutieux de ma tante. Une barboteuse. J’ai beau chercher dans ma mémoire, je n’arrive pas à me souvenir d’un quelconque enfant né à cette période. Peut-être qu’elle avait encore l’espoir de me voir un jour avoir mes propres enfants. Elle a toujours eu foi en moi. Qu’est-ce qu’elle penserait de cette situation ? Il ne faut jamais laisser quelqu’un dans le besoin, c’est ce qu’elle disait. Elle aurait certainement ouvert notre porte à tous les cas désespérés du coin. Cette vieille folle. Je suis certaine qu’elle se serait bien entendue avec Hawkins. Cette pensée m’arrache un sourire triste. Je referme la porte derrière moi, me dirigeant vers la salle de bain le nécessaire de couture pressé contre mon estomac.

La trousse de secours sous le lavabo de la salle de bain est on ne peut plus sommaire, quelques bandages, du désinfectant, des compresses stériles, des ciseaux et des gants en caoutchouc. Il y a quelques antidouleurs basiques dans le placard. Ça ne sera pas suffisant. Je sais ce qu’il faut à Hawkins et je sais pourtant que je ne veux pas vraiment m’y résoudre. Je passe la porte de la chambre avec mes trouvailles en main lorsqu’un bruit sourd m’interpelle.

Sur le sol, le cadre photo de la table de nuit est en morceau. Je lance un regard interrogatif à Hawkins. Le cadre est vide, il l’a toujours été. Je suppose que je n’ai jamais trouvé quelque chose d’assez intéressant à mettre à l’intérieur. Rien qui en vaut suffisamment la peine. Je nettoierais çà plus tard. Je m’approche du lit et dépose les objets qui m’encombrent sur la table de nuit à côté d’Hawkins et le contemple dans sa tirade.

« C’est loin d’être la dernière partie Hawkins. J’vais pas te laisser mourir, pas maintenant que mon plan pour t’amener dans mon lit a finalement fonctionné. »

Je lui adresse un sourire avant d’ajouter :

« Peut-être que la balle était de trop. »


Rire parce que c’est la seule chose qui m’empêche d’éclater en sanglots. La vérité c’est que je suis terrifiée, j'ai peur que cette partie soit bien la dernière. Je me retourne, prête à m’écarter du lit lorsque ses doigts trouvent mon poignet et qu’il me tire doucement vers lui. Je le laisse faire. Je m’assois sur le bord du lit et me laisse attirer contre son torse, savourant la chaleur de sa peau. Je peux entendre son cœur battre, derrière l’odeur du sang et de la transpiration subsiste l’odeur unique de Swain que je pensais avoir oublié. Apparemment, ça n’était pas le cas. Mon nez se pose dans le creux de son cou, mes mains viennent trouver leur place sur les siennes. Je ne devrais pas profiter de lui comme çà. Il n’est certainement pas dans son état normal. Hawkins qui a toujours fui le moindre contact physique avec moi me serre à présent dans ses bras comme si sa vie en dépendait. Je devrais fuir. Je ferme les yeux. L’entendre prononcer mon prénom me provoque un frisson. Il ne l’a prononcé qu’une seule et unique fois. Il semble si incongru murmurer entre ses lèvres. Pourtant, je me relève à sa requête, m’échappant de son étreinte. Je ne peux pas faire ça. Je ne peux pas le laisser fonder des espoirs en moi que je finirais par décevoir. Je me lève du lit sans le regarder. Ce genre d’écarts, ça ne peut plus arriver.

« Je pense pas être assez forte pour çà Hawkins. T’as pas besoin de moi. Tu finiras par trouver quelque chose, quelqu’un qui te donnera la force de vivre. Regarde-moi, j’suis minable. Tu vaux mieux que çà, me laisses pas te tirer vers le bas. »

Je constate que mes mains tremblent. Je commence à déballer la trousse de secours pour les tenir occupées. J’aligne le contenu sur la table de nuit sans oser lui jeter un regard. Cette conversation prend un tournant qui me déplaît. Je n’aime pas parler de tout çà. C’est le genre de sentiments qui sont bien mieux enfouis. Personne n’a besoin de le savoir.

« On va enlever la balle d’accords. Mais avant… »

Je me dirige vers la fenêtre et m’agenouille devant la petite grille d’aération qui se trouve en dessous. Je sors le couteau que j’ai récupéré sur Hawkins de ma poche arrière et passe la lame entre le métal et le mur. Sans vraiment plus de résistance, la grille se détache. Comme dans mes souvenirs. Ça fait des années que je n’ai pas été fouillée là dedans. Je tâtonne quelques secondes avant que mes doigts n’entrent en contact avec la petite boite en bois. Je la dépose sur le sol et repositionne la grille. La tenir dans mes mains provoque dans mon ventre une réaction étrange. Une anticipation que je n’avais pas connue depuis bien longtemps. Je l’ouvre sur la table de nuit. Un set d’aiguille stérile et quatre flacons d’un liquide transparent comme de l’eau. L’étiquette a un peu blanchit, mais ce genre de produits ne périme jamais. Je pose une main douce sur son épaule.

« Allonge-toi Hawkins. »

Je m’assois à ses côtés sur le bord du lit, la petite boite en bois sur les genoux.

« Tu sais ce que c’est de la Morphling*? »

Je caresse les flacons du bout des doigts avant de contempler le bleu des yeux d’Hawkins. Oui, peut-être qu’au fond, certaines personnes valent la peine de s’emmerder autant.


Dernière édition par Silk Preston le Mer 27 Fév - 3:00, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Love's like a brick you can build a house or sink dead bodies Ϟ Swain & Silk   Love's like a brick you can build a house or sink dead bodies Ϟ Swain & Silk Icon_minitimeMer 27 Fév - 2:31

Love's like a brick you can build a house or sink dead bodies Ϟ Swain & Silk 1361928313-sans-titre-12

Goutte à goutte, s’écoule sa fuite.

Je pensais que l’histoire serait différente. Je pensais que ma mort serait différente. J’ai toujours voulut partir en protégeant quelqu’un. J’ai fermement cru que ce serait mon destin. Pas pour l’héroïsme de l’acte, mais parce que c’est le seul sacrifice utile que j’aurais pu faire de cette existence bancale. On m’a appris que toute vie a de la valeur et ne doit pas être gâchée. Mais je ne peux m’empêcher de penser que la mienne n’en a aucune. Je ne suis que celui à laisser derrière. Celui qui ne sait comment se comporter, qui ne parle que lorsqu’il en est obligé. Je peine encore à écrire mon nom complet, à ne pas me raser sans me couper. Chaque chose que je fais pour moi est un échec. Je suis l’animal anormal de la portée que l’on préfère tuer parce qu’il n’a mérité d’être né. Ma maladresse me fait tanguer là où d’autres restent naturellement droits. Alors non, je n’ai aucune valeur. Faute d’être un héros je me contente du rôle d’assistant. Après tout, le Capitole essaie de nous inculquer que nous ne sommes rien et qu’il vaut mieux fuir que de rester et se battre. Faute d’être une arme, je suis un bouclier. Un bouclier ne fuit pas. Et un bouclier seul, ne sert à rien. Un être cassé n’est fait que pour mieux soutenir les autres. Une mauvaise herbe trouve son utilité en tant que combustible. Et une fois en cendres, personne ne la regrette. Le temps lui-même fait son œuvre.

Mais le temps n’existe pas. Le monde n’est pas un gros sablier lisse dont les grains retournés rident la surface en passant. Le monde n’a que faire des générations, que faire des saisons. Il continuera de tourner malgré les années, malgré les morts, malgré les joies et les croix dans le calendrier. Qu’est-ce que le temps au final ? L’aube d’une existence au lundi pour en finir un dimanche comme dans la comptine qui apprend le nom des jours aux enfants ? Le temps ne se mesure-t-il qu’au cycle d’une vie ? Mais quand un compteur atteint le zéro, un autre prend la relève. Et un jour il n’y aura plus personne pour se souvenir. Plus personne pour mettre un nombre et un prénom sur la toute première tombe. Alors on comprend que tout ça n’était qu’un mensonge. Pas même les souvenirs, pas même l’histoire. Rien n’est éternel, pas même le temps. L’infini n’est qu’une mesure illusoire réconfortante pour ne pas voir la vérité : nous n’avons aucun impact. Des racines pousseront sur nos os même encore regrettés ; on rasera nos maisons pour reconstruire, même s’il reste quelqu’un capable d’en dessiner l’ombre des façades. Encore et encore. Jusqu’à ce que le monde lui-même disparaisse. On croit être esclaves de nos horloges alors que nous sommes ceux qui avons inventé ces chaînes nommées durées. Calculer les secondes au lieu de les apprécier pour ce qu’elles sont. Je me demande si mon souvenir perdurera, et combien de temps. Si tout s’arrêtera avec moi. La couleur de ma maison du district cinq, la peur, la faim, la douleur. Le souvenir de Castiel. J’aurais dû mourir pour le protéger. Maintenant qu’il est trop tard, je ne veux pas tous les emporter dans la tombe. Mon frère, mon père, ma mère. Ils subsistent encore grâce à ma mémoire. Oui, je pensais que l’histoire serait différente. Que chaque goutte. Mon temps. Mon sang. Que chaque goutte que l’on m’a accordée, s’échapperait pour permettre la survie de quelqu’un d’autre.

Au lieu de ça je suis le dernier à subsister. J’agonise, blessé par les aléas de ma propre fuite. Si je meurs maintenant, alors ma pitoyable existence n’aura définitivement aucun sens. Preston se trompe. Elle est tout ce qu’il me reste. Je n’ai pas parlé à un autre être humain depuis des mois. Il n’y a plus personne. Il n’y a jamais eu personne. Elle a inversé les rôles. La voir prendre soin de moi me fait me sentir encore plus misérable. Le contact de son corps contre le mien me terrorise. Mais je me mens encore à moi-même. Car si elle ne me soutenait pas je m’écroulerais. Si sa brève chaleur ne ravivait pas ma peau le froid me figerait. Preston à tort. Elle m’a sauvé la vie dès l’instant où je me suis agrippé à ce souvenir qui m’a amené ici. Le bruit de la pluie sur la rivière, l’odeur de la fumée, les contours flous de son visage. C’est tout ce qu’il me reste. Les seuls fragments qui n’ont aucun rapport avec ces autres images de désespoir. Je ne peux pas la laisser croire qu’elle me tire vers le bas alors que j’aurais renoncé si elle ne m’avait pas ouvert sa porte. Elle était le seul élément de ma vie qui n’aurait jamais dû être. Mais maintenant elle est la dernière maison encore debout dans ce désert de ruines. J’ai besoin d’elle, besoin de sa présence. De toute manière, je ne suis pas capable de m’occuper de moi-même. Apprend-moi Preston, comment survit-on tant d’années quand on est le seul encore debout ? Comment continuer à avancer quand tout est mort à l’intérieur ? Je commence à comprendre. Je me suis trompé à son sujet. J’ai cru détenir la meilleure réponse alors que j’ai foncé droit dans le mur. J’ai été optimiste de penser que je pouvais laisser une marque, quelque chose de bien. J’ai été stupide de croire qu’on atteint un jour le but que l’on poursuit. Je pensais qu’avec toute l’horreur dont j’ai été témoin je serais incapable de me détourner de la dure réalité. J’avais une image devant les yeux. Un paysage de couleurs où mon frère grandirait. Une illustration du bonheur. J’ai refusé de voir que sous cette prairie s’ouvrait une fosse dessinée à la douleur, profitant de mon regard aveugle pour tout engloutir. J’ai tout misé sur l’espoir. J’ai tout perdu. En quoi placer ma foi maintenant ? La vengeance ? Une vie ne sera pas suffisante pour massacrer tous ces enfoirés. La révolte ? Les rebelles ne valent pas mieux que le Capitole et il est déjà trop tard, ils ont laissé des gosses crever. Eux aussi.

Je n’ai pas la force de protester à la disparition de son poids sur mon torse. Mon bras s’est à peine soulevé de quelques centimètres pour la retenir. Je ne sais même pas si je le voulais vraiment. Tout ça me fait peur. Dissonant, étrange. A la fois réconfortant et douloureux, comme la chaleur un peu trop forte d’un feu. Je ne sais plus ce que je fais. J’ai l’impression que tout ça va disparaitre en un instant, aussi simplement que la vie quitte un corps. Je ne veux pas qu’elle me laisse seul. Mais l’importance qu’elle a prit me terrorise. Je me sens comme cet enfant que j’étais, encore terrorisé du noir, livré à lui-même à fuir la nuit tombante. Preston est tout ce qu’il reste. Je place mes espoirs en elle. Je veux qu’elle pose ses mains sur mes yeux pour ne pas voir le vide et que plus rien n’a de sens. Je veux qu’elle me murmure encore des mensonges, c’est tout ce que je suis capable d’admettre à cet instant. Je suis un bouclier percé. Je veux qu’elle me trouve une nouvelle utilité. N’importe quoi. Je veux me blottir dans ce néant et ne plus rien avoir à décider. M’abandonner à son entière volonté, je n’ai plus le courage de penser. Je veux retourner dans cette cage de verre et m’isoler. Je ne me sens plus capable. S’il te plait Preston, protège-moi de moi-même. Je ne veux pas être encore plus gâché que je ne suis déjà. Tu as tort, je ne vaux rien. Souviens-toi, je ne suis pas capable de vivre et désirer pour moi. Je ne suis pas aussi fort que ce que tu crois. Ne me laisse pas seul.

Elle disparait une nouvelle fois de mon champ de vision. Les sons sont étouffés à mes oreilles, le manque de sang me fait tourner la tête et l’englobe dans une bulle de tension. J’aurais besoin de vomir pour évacuer la nausée si mon estomac ne brassait pas de l’air. Mais la simple pensée de perdre à nouveau pied devant elle me rend encore plus nerveux. Elle a raison, je n’ai pas vraiment vu de bout de savon depuis quelques temps déjà et ce constat me fait d’autant plus regretter d’avoir amené son corps si près du mien. Je lutte avec ma conscience pour l’empêcher à nouveau de sombrer, essayant de la distinguer dans la pièce par les bruits qu’elle produit. J’essaie de tourner légèrement la tête pour la voir mais en vain. Le contact soudain de sa main sur mon épaule me fait sursauter brusquement. Je me tourne précautionneusement vers elle et tente de me redresser sans y parvenir, sentant le bord du matelas s’affaisser sous sa présence. Je cligne obstinément des yeux, essayant de chasser la sueur qui brouille ma vision. Ma main essaie de nouveau d’agripper le vide à la recherche de son poignet. Mes yeux ont enfin trouvé les siens. « Tu sais ce que c’est de la Morphling ? » Ma main, et tout mon corps se sont figés.

Sur la pointe des pieds j’essaie d’attraper l’objet étrange en haut de l’étagère. Je me contorsionne, étirant mon bras au maximum, le rebord du meuble du dessous me sciant le ventre. Mes doigts peuvent presque l’atteindre, presque sentir le contact. L’objet translucide réfléchit la lumière, les images se déforment à travers lui comme le ferait un verre d’eau. Pourtant ça ne ressemble en rien à ce que j’ai déjà vu. Je le veux, cet objet. Je le désire. Je le veux pour le garder, le cacher avec mes autres trésors cassés. Un petit flacon avec le sommet métallisé. Je serre les dents, finissant par l’effleurer du bout de mon index. Je redouble d’ardeur et finit par le faire bouger. Un dernière effort et je le fais basculer. Du mauvais côté. Il roule un instant et se jette du haut de l’étagère. Rebondissant sur le meuble du dessous, il finit par s’éclater sur le plancher. Je ne peux que rester là à constater mon erreur. Je n’ai pas le temps de me retourner que le tabouret se dérobe tout à coups sous moi, expédié à quelques mètres par un violent coup de pieds. Je m’écrase à mon tour sur le sol, tombant de tout mon poids sur mon bras. Avant que je n’aie le temps de comprendre je me retrouve dans l’herbe, la porte de la maison se claquant brusquement. J’ai pleuré, frappé le battant de bois jusqu’à l’épuisement. C’était la première fois que ma mère me mettait dehors.

Je n’arrive pas à réaliser. Je n’arrive pas à croire que tout ceci est en train d’arriver. Ce n’est pas possible, c’est une blague. Preston l’a fait exprès. Elle savait. C’est impossible. Aussi irréelle que peut me paraitre cette pensée. Alors elle aussi ? Non. Pas toi Preston. Bien sûr que je sais ce qu’est la Morphling. On n’oublie pas ce qui a ruiné une partie de sa vie.

« Lâche ça putain d’gamin ! » Le poing refermé sur le flacon, je menace, la main au-dessus de la cheminée. Même adolescent et la dépassant bientôt de taille, je reste terrifié. Je refuse de céder. « T’étais au Capitole, pourquoi t’as pas ramené à bouffer ?! T’as tout claqué pour te défoncer c’est ça ?! Qu’est-ce qu’on va manger ?! Même la petite épicerie d’Owen va fermer ! » Je tremble de rage, avançant un peu plus mon poing vers les flammes. « T’as qu’à aller te vendre sale môme ! Au point où en sont tes tesserae qu’est-ce que ça peut faire ?! Pourquoi tu crois qu’ya qu’une seule chambre dans cette baraque ?! C’est qu’une question de temps avant qu’ils t’appellent, qu’est-ce que ça peut faire qu’on crève de faim avant ?! Donne-moi ce putain de truc ! » Elle s’est rapprochée et j’ai paniqué. « TA GUEULE ! » Et j’ai balancé la fiole dans les flammes, la cheminée produisant un violent claquement. Elle était en train de nous tuer à petit feu.

J’ai envie d’hurler. Lui hurler d’éloigner cette chose de moi. De partir, de me laisser crever plutôt que d’avoir à utiliser ça. Je voudrais envoyer la petite boite et son contenu dans le décor, mais je n’ai même pas la force de ciller à son regard. Je me sens comme un animal piégé dont le moindre geste causerait la perte. Mon cœur me brûle dans ma poitrine, il bat trop fort. Ma respiration s’est coupée puis s’accélère brusquement. Je n’en peux plus.

Je tente de reculer pour mettre de la distance entre elle et moi, mon dos se plaquant contre le montant du lit. Aucun mot n’arrive à passer mes lèvres, seulement un hoquet puis des gémissements. J’ai l’impression qu’une seconde balle vient de me transpercer.

Il arrive toujours un moment où on est fatigué. Ou même les combats quotidiens dont on a tant l’habitude nous paraissent insurmontables. Un moment où on préfère abandonner ses convictions au profit d’un peu de paix, juste quelques heures, même si cela va à l’encontre de tout ce pour quoi l’on s’est battu par le passé. Je regarde le visage d’un enfant à peine visible dans la pénombre. Paisible, endormi sur le canapé. Je ne réalise toujours pas que j’ai un demi-frère. Je n’arrive pas à croire que la vieille a fait une chose pareille. Je fais craquer mon dos endoloris par le plancher, me retournant dans mon lit de fortune près de la cheminée. « Omael… ? » Une voix faible m’appelle depuis le couloir. Je fais mine de ne rien entendre. Mais elle insiste une seconde fois. Je me lève sans bruit, allant la rejoindre. « Je t’ai dit de plus m’appeler comme ça. » J’en veux plus de ses conneries. « Mais c’est ton prénom. Celui que je t’ai donné. » Elle a posé ses mains tremblantes sur mes avant-bras. « J’m’en fous, m’appelle pas comme ça c’est tout. Et qu’est-ce’tu veux à la fin ?! Va dormir putain. » Ses doigts serrent mes poignets. « Ils sont là. Ils sont là dans la chambre. J’ai essayé de les tuer encore, mais ils reviennent. J’essaie de dormir, mais ils me réveillent. S’il te plait, s’il te plait fais-les partir. » « Et qu’est-ce que tu veux que j’y fasse ? » Elle marmonne, basculant doucement d’un pied sur l’autre. Elle m’excède. « Mam…Amalia, c’est juste des putain d’hallucinations. » Elle m’agrippe un peu plus fort, essayant de me tirer vers sa chambre. « S’il te plait, s’il te plait laisse-moi en prendre. » « Mais qu’est-ce que tu racontes ?! Je t’en ai laissé un peu sur la table de nuit. Le reste je l’ai échangé contre de la nourriture. Tu m’entends ?! Me dis pas que t’as déjà tout écoulé putain de droguée. » Elle baisse soudainement la tête, me lâchant enfin. Pendant un instant sur son visage, j’ai cru voir de la culpabilité. « J’arrive pas à trouver la veine… S’il te plait… J’en peux plus… Je veux que ça s’arrête… » Je l’ai poussée par les épaules, vers son lit. J’ai remonté les couvertures et elle m’a tendu le bras. J’ai hésité un instant, je me suis remémoré les fois où elle m’avait forcé à l’aider à mieux partir dans son délire. Puis je me suis exécuté. Je n’avais plus envie de me battre.

Ma main valide vient se coller contre mon visage, tremblante. Je n’ose même plus regarder Preston. Ma tête tourne encore et encore.

« Ma mère… »

Je redeviens aussitôt muet, me mordant les lèvres de l’intérieur alors que mon regard fuit sur les draps. Je déglutis avec peine. Qu’est-ce que je peux te répondre Preston ? Que je préfère crever que de risquer de finir comme ma mère ? Que j’ai envie de sentir la moindre douleur qui déchire mon dos comme punition d’avoir échouer dans la seule tâche où j’aurais pu être utile ?

« Ell…c’es »

Les mots peinent à sortir correctement. J’halète, la nausée est trop forte. Je ne sais pas pourquoi je m’acharne à vouloir finir cette phrase. Je ne sais pas pourquoi je m’entête à accepter l’aide de Preston. Je ne sais pas pourquoi je m’acharne paradoxalement à la refuser. Je ne sais pas pourquoi j’ai tant besoin d’elle alors que le moindre de ses contacts me fait peur. Cette boite en bois sur laquelle ont glissés mes yeux me terrorise.

« Ce qui l’a tué… »

Je passe une nouvelle fois mes doigts sur mon visage humide, replongeant mon regard dans le sien. Pourquoi est-ce que je lui parle de ça ? Si je refuse son aide alors tout est finit. Si je repousse Preston une dernière fois alors tout disparaitra avec moi. Si l’on se passe de la Morphling elle n’arrivera pas à me soigner. Au district cinq ils ont dût me maitriser à trois pour enlever les fragments de mon corps sans risques après l’explosion de la centrale. Preston n’y arrivera pas. Si mon corps convulse elle ne pourra pas me maintenir. Je ne voulais plus avoir à faire de choix. Pourquoi me poses-tu toujours devant deux chemins Preston ? Ces deux voies ne comportent aucun retour en arrière. Crever et tout perdre ou vivre changé à jamais. Mon corps est toujours saisit de violents tremblements. Je n’ai pas le temps. Le compte à rebours a commencé à décroitre. Si je refuse de choisir, je fais quand même celui de mourir. Je refoule les larmes qui me viennent, chassant rageusement la tristesse de mes yeux du bout des doigts. Je n’en peux plus d’être faible. Je n’en peux plus d’être dans ma peau.

« Tu te souviens… »

Ma voix est brisée. Je n’arrive plus à masquer la douleur et la peine. Mon souffle me trahit. Putain de souffle. Je m’approche d’elle, me redressant avec peine à l’assise, déséquilibré par la mollesse du matelas. Je suis à bout. Ma main agrippe le col de son t-shirt.

« Tu te souviens au bord de la rivière quand… »

Je tousse violemment, comme si la partie de moi qui refuse ce choix voulait m’empêcher de continuer. Je tends la main vers la boite, la faisant glisser elle se renverse sur le lit.

« Quand je t’ai dit que si tu trouvais une raison de vivre… »

La perte de connaissance me frôle, m’obligeant à m’agripper de nouveau à elle. « Cap ou pas cap, de m’aider à trouver une raison de continuer à vivre ? »

« …je cesserais d’en trouver pour fuir et je ferais tout ce que tu veux ? »

J’attrape l’une des seringues, arrachant le sachet stérile d’un coup de dents en manquant de me blesser la lèvre avec l’aiguille. J’ai du mal à la tenir entre mes doigts tremblants. Rien que cette odeur aseptisée me révulse. Je la plante dans le capuchon d’une des fioles, en tirant une dose avant de chasser l’air. Je n’ose plus parler. Plus regarder Preston. L’odeur même infime du produit. Je la connais trop bien. Mes gestes me répugnent. Je manque de tout faire tomber. J’ai peur putain. Je n’y arriverais pas. Je ne peux pas. Plutôt mourir que ça.

« Je… »

Mes doigts tirent sur son poignet et entourent les siens, les refermant sur la seringue. Je n’arrive plus à ravaler mes larmes. Je suis pitoyable. Ma mère. C’est comme si ma mère me tendait la main pour la première fois. Ma mère et Preston ne veulent pas me laisser mourir. J’étends mon autre bras repérant à peine la pâleur bleutée d’une veine à la lumière des bougies.

« J’ai peur Silk… »

Je suis mort de peur. Mes mots sont un murmure. Ma main sur la sienne guide le produit vers mon bras. J’ai besoin de toi. Preston. Silk. Ma vision se brouille. Je ne peux empêcher un sursaut de dégoût de sentir la seringue si proche de ma peau. J’échappe une grimace quand l’aiguille transperce ma chair. Peut-être n’est-ce que mon imagination qui sent le liquide se répandre jusqu’à l’extrémité de mes doigts. Mon corps s’agite de légers spasmes. Mon front va se coller au sien, moite de sueur. J’ai fermé les yeux.

« Mais j’ai plus aucune raison de fuir. »

Et je ferais tout ce que tu veux Preston. Je n’ai plus de raison de fuir. Je n’ai plus de raison de vivre. Tu es tout ce qu’il me reste, ce mince filet qui retient encore ma chute. Ce jour-là près de la rivière, j’aurais dû m’avouer vaincu. Mais c’est aujourd’hui que ma fuite s’achève. Je choisis de vivre. Vivre comme toi. Faire semblant. Mort-vivant.

Mes lèvres happent à peine les siennes, maladroites, embrassant sa bouche de côté. Elles restent immobiles quelques instants, collées. Puis tout mon corps s’affaisse, face contre le lit.
Je suis à bout de forces. J’ai perdu trop de sang. Perdu trop de temps. Il faut retourner le sablier pour un nouveau départ.

Goutte à goutte, le temps de la fuite est révolu.
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MessageSujet: Re: Love's like a brick you can build a house or sink dead bodies Ϟ Swain & Silk   Love's like a brick you can build a house or sink dead bodies Ϟ Swain & Silk Icon_minitimeSam 16 Mar - 6:49

J'observe son visage à la lumière de la bougie, les angles et les ombres chinoises qui dansent sur sa peau. Ses yeux se sont posés sur moi, perçants, interrogateurs et pourtant étrangement lucides, malgré la fièvre et la douleur. On dirait qu’il a vu un fantôme. J’accroche son regard hanté, par des démons que je ne peux apaiser. Je voudrais être capable, juste cette fois, de conjurer chez lui une sensation de paix, quelque chose qui pourrait calmer sa bataille intérieure. Je voudrais pouvoir du bout de mes doigts l’aider à s’endormir, qu’il trouve le sommeil sans rêves qui lui permettrait enfin de se reposer, un petit peu. Je baisse les yeux, incapable de contempler en face son visage abasourdi. Il me regarde comme quelqu'un qui sait, quelqu’un qui a compris. Et peut-être est-ce le cas. Les flacons translucides brillent étrangement à la lumière tremblante de l’unique source de lumière de la pièce. J'ai noyé ma vie dans ces flacons, passé mon argent dans leur achat, négocié mes services pour quelques seringues pleines. C'était tellement simple, la solution de facilité ; laisser sa vie se consumer entre les clopes et de la morphling. Les soirées passées à vomir mes entrailles, celles passées à trembler comme une feuille au bord de l'overdose parce qu'il en faut plus et toujours plus. C’était il y a longtemps, très longtemps. Pourtant, je peux encore sentir dans mes veines la sensation de brûlure qui accompagne un shoot, l’étourdissement qui arrive rapidement. Tous les moments désagréables étaient effacés par la douce sérénité qui se propageait dans mon corps, lorsque mon cerveau était en train de lâcher prise. Je pense que j'étais en train de mourir et aux jours d'aujourd'hui je ne sais encore pas pourquoi je n'ai pas laissé faire.

Il y'a des moments que l'on chérit plus que d'autres, des souvenirs plus précieux, plus importants. Des morceaux de vie, des instants gravés dans notre mémoire, indélébiles. Ces moments où l'on a l'impression d'être si parfaitement heureux que rien ne peut perturber la quiétude de l'instant, la perfection de la seconde. Je n'ai pas beaucoup de souvenirs comme ceux-là, la plupart des images qui hantent mes pensées sont teintées de la noirceur inhérente à ma vie. Mais parfois, juste au milieu de cette masse sombre se cachent des moments de bonheur comme de précieuses perles de lumière. Les soirs passés avec ma tante à la lueur de la bougie, car l'électricité avait été coupée encore une fois, jouant simplement aux cartes. Les sourires d'Adonis lorsqu'il m'attendait à la gare, ceux qui me plaisaient bien plus que je n'aurais voulu l'admettre et qui laissaient un étrange sentiment dans mon ventre. Un après-midi ensoleillé, les orteils effleurant à peine l'eau, l'odeur des fleurs pour cacher celle des relents fétides des usines. Un autre après-midi, pluvieux cette fois, au bord de cette même rivière avec Swain quand il n'était encore qu'Hawkins pour moi, un feu et ses lèvres, juste quelques minutes. Aucuns de ces souvenirs que je considère heureux ne concernent le Capitol, même les soirs passés à écouter Noah me raconter des histoires, enivrée par la chaleur de son corps me paraissent pâles, presque irréels a présent. Le Capitol est si loin, j'ai l'impression que cela fait des années que je n’y ai pas mis les pieds. Qu'il appartient à une autre vie, un autre monde. Une nouvelle fois, je plonge mon regard dans celui d’Hawkins.

Un monde où la mère de Swain s’est perdue elle aussi. Sa mère. Je ne lui dis rien, presque honteuse de savoir. Lui en parler reviendrait à admettre que je ne l’avais pas totalement oublié comme j'ai voulu me le faire croire. Amalia Hawkins. Bien sûr, ce n'était pas son nom lorsqu'elle a remporté le 30émes jeux, peut être est-ce pour cela que je ne l'ai pas reconnue immédiatement. Lorsque Castiel est arrivé au Capitol avec les autres tributs, des bruits ont commencés à circuler. J'ai interrogé Noah. Je n'arrivais pas à croire que la mère d'Hawkins ait pu être une gagnante sans que je l'ai su, sans qu’il l’est même mentionné. Et pourtant. Amalia. J'ai observé son portrait pendant de longues heures, accroché quelques rangées au-dessus du mien sur le grand mur du Centre d'entraînement. Là où sont affichés tous les gagnants de la première édition jusqu'à la gamine du 6 récemment. Je l'ai trouvé jolie. Pas une beauté fatale, pas le genre de beauté qui vous coupe le souffle, mais jolie. L’image même de l’innocence avec son visage de poupée encadré de cheveux blonds. Sur son œil, un bandeau pour cacher ce qui n'avait pas pu être réparé, sur sa tête une couronne en or. Je me suis remémoré ses jeux, j'ai cherché dans mes carnets les notes que j'avais pu prendre sur elle. J'ai essayé de la comprendre, essayer de la connaître. J’ai contemplé son œil unique sur papier glacé pendant de longues minutes, comme si elle pouvait m’apporter des réponses. “Ils n'aiment pas trop en parler au Capitol, elle a refusé la maison au village des vainqueurs. Il parait qu'elle a pété les plombs, une vraie folle a ce qu'on raconte.” J'ai cherché sur son visage, un air de ressemblance avec Swain, quelque chose pour expliquer. J'étais un peu en colère, je crois. Contre Hawkins de m’avoir caché cette partie de sa vie, et contre elle, celle que je ne connaissais pas. Je ne connaissais pas l’histoire, pas les protagonistes, mais je lui en voulais, d’avoir sombré dans la folie, d’avoir flanché quand je ne me le suis pas permis. Je lui en ai voulu d’avoir lâché prise. Je n’arrivais pas a comprendre comment une fille aussi banale avait pu donner naissance a quelqu'un comme Hawkins. Elle ne lui ressemblait en rien, c'est ce que j'avais décidé, il devait ressembler à son père. Jusqu'à ce qu'en rentrant, je regarde son édition des jeux. Et j'ai vu Hawkins, dans ses yeux, dans ses deux iris de la couleur du ciel un jour d’orage. Ça a été difficile de m'ôter Swain de la tête après ça. D’arrêter de me poser toutes ces questions que je savais sans réponses. Parce que je n’allais jamais revoir Hawkins, c’était ainsi que les choses devaient se passer.

“C’est rien Swain.”

Je voudrais le cajoler, comme un enfant, lui dire que tout va bien. Que tout ça appartient au passé, que les monstres sont loin à présent. Que je ne suis pas sa mère, que la morphling que je me suis injectée dans mes veines ne m’a pas tuée, même si j’aurais aimé qu’elle le fasse. Pourquoi avoir arrêté la Morphling ? Pour la même raison qui dirige chaque seconde de ma vie ; la peur. J'avais peur de me perdre, de devenir quelqu’un d’autre, encore une fois. Et puis il y avait Adonis, la toute nouvelle relation que j'entretenais avec Adonis. Les balbutiements de ce qui deviendrait plus tard le plus beau gâchis de toute ma vie. Il a tenu ma main lorsque je le lui ai demandé, a supporté mes crises dans la nuit quand je m'accrochais trop fort à lui parce que la douleur et la peur étaient trop insupportables. Il a écouté les cris et apaisé mes craintes. C'est lui qui a fermé la bouche d'aération, il les a laissées là, en signe de confiance. La tentation, à quelques mètres de mon lit. Il a vérifié que les fioles étaient encore là, pendant que je prétendais dormir. Il a sauvé ce qui restait à sauver d’une vie dont je ne voulais plus. M’a donné peut-être, juste assez envie de continuer encore un peu. Et à présent, je l'ai perdu, perdu comme j'ai perdu ma tante, sans rien faire pour le retenir. Ça n'arrivera pas, pas encore une fois. Je ne vais pas laisser quelque chose me prendre Hawkins également. Je ne me laisserais pas arracher ma raison de vivre encore une fois. Cette fois, je vais me battre.

Il renverse la boîte, la faisant tomber des mes genoux sur le lit et je ne peux m'empêcher de grimacer au bruit du verre qui s’entrechoque. Sa conscience lutte, il se bat pour rester éveillé. Ses mots, des mots que j’ai déjà entendus. Arrêter de fuir. J’ai envie de rire à cette idée, lui dire que dans cet état, il n’irait pas bien loin. Mais ce n’est pas ce que je veux. Je ne veux pas qu’il pense qu’il me doit quelque chose. Je ne veux pas de son dépit. À cette époque, au bord de la rivière, la situation était différente. Je ne veux pas qu’il se batte parce que je le veux, je veux qu’il le fasse parce que lui aussi a trouvé une raison suffisante de vivre.

“Bien sûr que je me souviens Swain. Je pourrais jamais oublier çà. Et si tu tiens ta promesse, je tiendrais la mienne.”

Le bonheur n'est que la somme de ce que somme près à faire pour l'atteindre. Une récompense. Je pensais que c'est là qu'il résidait, dans une Fiole en verre et une aiguille, dans l'oubli et l'engourdissement de la douleur. Mais le bonheur n'est pas l'absence de peine, il est simplement le sentiment assez fort pour nous la faire oublier. On ne peut être heureux sans avoir connue le malheur, l'un sans l'autre n'existe pas, l'un sans l'autre ils seraient inutiles. Le bonheur est la pour faire oublier le malheur, le malheur est là pour rappeler que le bonheur peut s'évanouir aussi vite qu'il est arrivé, glisser comme une anguille entre les mains de ceux qui pensent l'avoir attrapé.

J’essaye de saisir l’aiguille entre ses doigts pour me charger de ça. Il est trop faible pour ce genre de choses, mais la précision de ses gestes m’arrête. Je suis comme hypnotisée, incapable de bouger. Je reste interdite, surprise qu'il sache s'injecter tout seul. Ça m'a pris du temps avant d'y arriver avec les aiguilles normales. Au Capitol, ils préfèrent les aiguilles intramusculaires, moins douloureuses et qui laissent moins de marques. Il a déjà fait ça, j’en ai la certitude. Il y a tellement de choses que je ne sais pas sur lui, pour ainsi dire, je ne connais rien sur Hawkins, rien d'autre que ce qu'il a bien voulu me dire et ce que j'ai récolté au Capitol. Des bribes d’informations, les pièces d’un puzzle dont on ne connait pas le motif. J’essaye d’emboiter les morceaux, mais ils ne vont pas ensemble. L’image d’Hawkins que je m’étais faite s’étiole pour laisser place à une vérité, plus brutale et plus violente. Une vérité qu’il n’a pas choisit de m’offrir. C’est un choix auxquels la vie l’a contraint, un dernier recours. Ses doigts se ferment sur mon poignet, sa peau est glaciale quand le reste de son corps brûle. Je ne peux détacher mon regard du sien. J’espère qu’il y lit ce que je veux lui transmettre. Il y a tellement de choses que je voudrais dire, mais qui se perdent dans les méandres de mon esprit. On m’a dit que j’étais bonne pour les mots, mais je reste sans voix. Sans voix devant ce don si intime qu’Hawkins m’a fait. Il laisse sa vie, entre mes mains, pour une simple promesse que je m’étais promis de bafouer.

L’aiguille perce sa peau et ma main se pose sur sa cuisse, traçant des ronds, une motion que j’espère rassurante, apaisante. Son front brulant se colle aux miens. Je peux sentir le tremblement de son corps, la peur enfantine qui s’échappe de lui. Une image s’impose à moi, celle d’une petite fille terrifiée une nuit dans la forêt, qui couvre ses oreilles pour ne pas entendre les cris qui se répercutent sous le dôme. Une gamine qui aurait donné n’importe quoi pour que quelqu’un la prenne dans ses bras à cet instant. Quelqu’un qui ne se seraient pas soucié du fait qu’elle venait de mouiller son pantalon du haut de ses 15 ans, quelqu’un qui aurait pût lui faire oublier l’horrible odeur du sang sur le sol humide de l’arène.

“J’ai peur, aussi tu sais, mais ça va aller. Je suis là, Swain, je suis là.”

Ma main libre délaisse sa cuisse pour son dos, glissant mes doigts le long de sa colonne vertébrale. Je ne veux plus jamais qu’il ait à avoir mal. J’inspire longuement, tentant de combattre les larmes qui menacent de couler. Je peux être forte, juste pour Swain. Sa bouche trouve la mienne, maladroitement, juste une pression légère. Les larmes brouillent ma vision et je laisse échapper un sanglot lorsqu’enfin je sens sont corps s’effondrer contre le mien.

La morphling a fait effet, la fatigue et la douleur également. Je guide son corps sur le lit avec douceur, pour le mettre dans une position que me permet d’attendre plus facilement sa blessure. Je passe une main dans la masse de cheveux emmêlés sur son crâne et prends quelques secondes pour reprendre contenance. Je dépose les flacons dans leur boite en vrac et la laisse gésir encore ouverte sur le sol.

D’abord les chaussettes avant de faire glisser son pantalon sur ses hanches, une tâche douloureusement facile à la vue du poids qu’il a perdu. J’ai l’impression de déshabiller une poupée de chiffon, travaillant doucement pour l’extraire de ces vêtements, le laissant en caleçon sur le lit. Le contenu de la trousse de secours est étalé sur la table de chevet. Après avoir frotté mes mains du mieux possible avec l’alcool, j’enduis de désinfectant une compresse stérile.
La morphling n’a pas rendu Swain insensible à la douleur et s’il commence à remuer, il risque de se faire mal. Sans vraiment y réfléchir, je passe mes jambes par-dessus les siennes, m’asseyant à califourchon sur l’arrière de ses cuisses. Ce n’est certainement pas la position la plus confortable, ni pour lui, ni pour moi, mais je ne le laisserais pas se blesser encore plus. Je nettoie les contours de la plaie avec concentration, constatant pour la première fois, à mon grand soulagement, que le trou n’est pas profond. Je peux voir la balle logée dans la chair à vif.
Je désinfecte la pince et après avoir pris une grande inspiration, essaye d’extraire la balle. Les gémissements de douleur qui s’échappent de la gorge d’Hawkins me brisent le cœur. Il se débat avec vigueur malgré la dose de morphling, mais je maintiens mon poids sur ses jambes en lui murmurant des non-sens réconfortants. La douleur doit être insupportable, je dois remuer la chair pour espérer pouvoir sortir le morceau de métal, je serre les dents.

“Encore un petit effort Hawkins, je la vois, reste calme, juste quelques instants, s’il te plait.”

Je ne sais même pas s’il est capable d’entendre mes paroles. La pince glisse entre mes doigts à cause du sang qui a recommencé à couler. Je retourne la pince dans la plaie, tirant à Hawkins de nouveaux sanglots, remuant la chair avec une facilité qui me donne la nausée. Les pinces ne sont plus d’aucun effet. Je commence à paniquer, sentant une nouvelle vague de pleurs m’envahir. Je ne veux pas avoir à faire çà. Je sors le couteau d’Hawkins qui avait retrouvé le chemin de la poche de mon jean. La vue de la lame me donne des hauts le cœur, mais je la désinfecte tout de même avec l’alcool avant de la passer sur la flamme de la bougie. Les armes, c’est un domaine que je maitrise plus que la médecine. Je ne suis pas docteur, je ne soigne pas. Je tue. Plus surement, j’enfonce la pointe du couteau suffisamment profond pour qu’elle passe sous la balle et après quelques efforts, elle finit par céder. Je la sors du bout des doigts. Elle est intacte. Je la dépose sur la table de nuit avec le couteau maculé de sang. Je pleurerais presque de joie si Hawkins ne continuait pas à gémir sous moi. La fièvre a repris de plus belle et je peux voir les gouttes de sueurs qui coulent le long de son dos. Il murmure des mots que je n’arrive pas à comprendre, délirant. Je désinfecte la plaie une nouvelle fois avant de déposer un baiser au creux de ses reins, embrassant la peau brulante. Le calvaire est bientôt fini.

Je n'ai jamais été la plus douée des couturières, pas assez méticuleuse sans doute, pas assez soigneuse. À l'usine ils m'envoyaient faire le mélange des teintures, là où l'odeur était si forte qu'il fallait lutter pour ne pas s’évanouir. On aurait dû porter des masques, mais le Capitol se souci peu de ce genre de détails. Les petites mains habiles reprisaient et surpiquaient pendant que je remuais le linge dans une grosse cuve avec un bâton en bois. Les gens qui travaillent dans cette partie de l’usine finissent tous par cracher du sang au bout de quelques années. Ils toussent dans un mouchoir qu’ils retrouvent imbibé, mais ne disent rien, le travail est plus important que la santé, c’est la loi à Panem. J’attrape le nécessaire à couture sans me lever, je le dépose sur le lit à côté de la cuisse d’Hawkins qui semble s’être un peu calmée, ma main caressant son bras dans un mouvement de va-et-vient. J’ouvre le nécessaire de couture et tombe au bout de sur ce que je cherche presque immédiatement. L'aiguille recourbée, celle qui sert à coudre le cuir. Passer le fil de couture dans le chas me prend un temps considérable à cause de mes mains tremblantes, mais j’y parviens finalement au bout de quelques minutes. Après un passage sur la flamme de la bougie, j’approche l’aiguille de la plaie. Je m’appuie un peu plus lourdement sur les jambes d’Hawkins.

La plaie n’est pas large, mais Swain me rend le travail difficile. Je ne peux pas l’en blâmer. L’aiguille et le fil passent dans sa chair à vif, ses cris étouffés me forcent à accélérer la cadence. Je préférerais qu’il s’évanouisse encore plutôt que d’entendre ces plaintes qui me fendent l’âme. Au-dessus, en dessous. Coudre de la chair humaine n’est pas la même chose que de coudre du coton. La peau est difficile à percer et je dois forcer pour rapprocher les chairs meurtries. Je voudrais me mettre encore une fois les mains sur les oreilles, pour ne plus l’entendre gémir, pour ne plus avoir à savoir qu’il souffre. Finalement, au bout de ce qui m’a paru être une éternité, je fais un nœud au bout du fil. Mes doigts sont endoloris par l’exercice, couverts d’hémoglobine séchée et fraiche. Je me lève et libère mon poids du corps d’Hawkins qui semble être retourné dans un épisode de délire fiévreux. D’un geste du pied, je glisse la boite de Morphling sous le lit.

Après avoir vérifié l’état d’Hawkins une dernière fois, je referme le nécessaire de couture et le dépose sur la commode. Dans la salle de bain, éclairée simplement par la lumière de la bougie qui faiblie dans la chambre, je passe mes mains sous le jet d’eau froide, la céramique se teintant d’une couleur rose. Il faudra brosser pour faire partir le sang de sous mes ongles. J’enlève mes chaussures, mon pull puis mon pantalon, constatant qu’il est couvert de sang. Je l’envoie dans le panier à linge gardant mon t-shirt relativement intact.

La maison a retrouvée son calme. Sur la table de la cuisine, l’une des bougies a fini de se consumer, laissant une flaque séchée de cire blanche sur le bois brut. Il faudra gratter. Tyr s’est endormi sur le canapé, indifférent au monde extérieur, ignorant le fait que rien ne sera jamais plus comme avant à présent.

Le sang qu’Hawkins a perdu a coagulé sur le parquet vitrifié. Il faudra récurer. L'arbalète délaissée gît encore là où je l'avais laissée. Je la ramasse et me dirige vers la cuisine.

Je remplis un saladier d’eau froide que je dépose dans une bassine avec l’arbalète. Un linge flotte mollement dans l’eau. J’éteins les bougies d’un souffle et remonte à l’étage. Hawkins a bougé en mon absence, certainement pour trouver une position plus confortable pour lui. Je dépose l’arbalète sur la commode, constatant qu’elle semble brisée en son centre. Il y aura le temps de réparer ça. Tout le temps du monde.

Je trébuche légèrement sur les chaussures d’Hawkins qui se trouvent toujours sur le sol avec son pantalon en m’approchant du lit. Je le plie et le dépose à côté de l’arbalète. Je dégage doucement le front d’Hawkins et y dépose le linge humide, réajustant quelques mèches folles contre ses tempes. Je laisse la bassine vide à côté du lit, la morphling peut parfois avoir ce genre d’effets secondaire. Swain murmure encore dans son sommeil, la fièvre n’est pas tombée. Mais il est vivant. Vivant, c’est déjà un bon début.

Je tire le fauteuil dans le coin de la chambre près du lit, envoyant les vêtements qui s’y accumulent sur le sol. Le plaid qui le recouvre enroulé autour de mes épaules, ma main trouve celle d’Hawkins, traçant des arabesques avec mon pouce sur les paumes. Je souris. Je réajuste le linge sur son front avec mon autre main, m’attardant sur sa joue, caressant du bout du doigt la barbe qui lui donne l’air bien plus vieux qu’il ne l’est. Quel âge a-t-il vraiment ? Je n’en sais rien. C’est le genre de questions que je lui poserais. S’il passe la nuit. Sans vraiment y réfléchir je dépose un baiser léger sur son front, puis un autre ses lèvres, une trace fantôme. “Swain, cap ou pas cap de tenir tes promesses ?” Les premières lueurs de l’aube orangé perce à travers les rideaux entrouverts. S’il passe la nuit, nous aurons tout le temps pour discuter. S’il passe la nuit… Sans lâcher sa main, je m’endors finalement, la tête posée sur le lit, rassurée par la chaleur de sa peau sur la mienne. Demain est un autre jour. Le premier jour du reste de ta vie.


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Dernière édition par Silk Preston le Dim 12 Mai - 3:34, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: Love's like a brick you can build a house or sink dead bodies Ϟ Swain & Silk   Love's like a brick you can build a house or sink dead bodies Ϟ Swain & Silk Icon_minitimeDim 12 Mai - 3:23


Réparer ou remplacer.
Je n’ai jamais été fort. C’est tellement simple de prétendre le contraire tant qu’on le peut encore. Tellement facile de s’éclipser quand tout commence à se fissurer, réparer son sourire à grand coup de persuasion. Des aplats de couleurs inventées collées aux lèvres pour égayer la terrible réalité. Répéter des mots adoucit par un sucre suggestif, une prière aveugle, le talisman du « Tout ira bien. » Une répétition méthodique de mécanismes de défense. Une image sur une image, grossièrement apposée. Voir la vérité filtrée, l’esprit inhibé par l’alcool du mensonge. Je n’ai jamais été fort. J’ai joué mon rôle d’auto-distraction. D’autodestruction. J’ai répandu la parole que je voulais entendre et banni le factuel. Je crois que plus que du gouffre du passé, j’ai peur de l’avenir. Peur de ce qu’il restera de moi maintenant que j’ai subi la blessure ultime. Celle de trop. Il arrive un moment où même avec de la ficelle et de la bonne volonté, il ne reste plus rien à restaurer. Rien à voir, circulez. Un gouffre béant. Il faut tout remplacer. Mon corps, mon esprit, mon cœur. Plus que son toit, la maison a perdu son foyer, ses murs sont en papiers, déchirés par le désespoir. Froid, je suis glacé. Etouffé dans la fumée, gelé de l’absence des flammes de l’envie. D’une personne pour les attiser. Je suis comme je suis, incapable de continuer si on ne me laisse pas la chance d’exister pour quelqu’un. Vivre pour faire vivre. Protéger, ce pour quoi je suis né. J’oscille comme une braise au milieu d’un non-sens. J’ignore si tout ceci est un rêve ou la réalité. Peut-être bien que je suis déjà mort et que cet infime instant ne m’a pas percuté au point de m’en rendre compte. La seule chose dont je me souvienne c’est son visage et ses larmes. Survivre ou mourir. Ce n’est même pas à moi d’en décider. La gravité de ma situation penchera l’un ou l’autre. Et si mon choix est déjà fait, je ne suis plus certain d’en être capable. Silk. Je ne peux pas continuer sans lui. Mais je peux continuer avec toi. Si tu veux bien de moi. Répare-moi, donne-moi une raison. Remplace-moi. Survivre. Si je peux vivre pour toi. Je pourrais. Je crois.

Si tu restes avec moi.


C’est la douleur qui tout à coups me répond. Elle m’arrache de l’inconscience forcée dans laquelle m’a plongé la fatigue. J’ai dépassé ma limite depuis longtemps. La panique me saisit, instinctive et animale. Ma sensibilité s’est amplifiée par ma peine à vif. Visage dans la couverture j'halète le manque d’air. Je sens mes yeux rouler dans leurs orbites, affolés par la drogue qui poursuit son chemin dans mes veines. Le poids pourtant léger sur mon dos me donne l’impression d’être entravé. Enchainé, cloué sur l’autel des martyrs. La tête me tourne, aucun son ne me parvient si ce n’est celui trop bruyant de ma respiration comme filtrée à travers une main. Une main qui enserre ma bouche et appuie de toute sa pression sur mon visage pour l’écraser, éclater mon crâne. J’essaie de me débattre mais une nouvelle attaque à mon épaule arrête net toute tentative. J’ignore si mon cri est même sortit de ma gorge. Mes hurlements s’étranglent avec ce qu’il reste de mon esprit. Le tissu me colle au visage par la sueur, les larmes et la bave, une cagoule humide de sentencié à mort. Mes doigts cherchent désespérément où s’agripper, ils raclent la couverture et se prennent dans les plis. Mon âme essaie de ramper hors de mon corps. Fuir. Une dernière chance. Mais on ne me laisse pas le droit d’en finir. On fouille en moi, on torture ma chair pour en arracher quelque chose. On veut m’arracher tout espoir, littéralement. Je ne veux pas mourir. A cet instant plus que tout autre je viens de comprendre. Combien il y a à perdre. Je ne veux pas tout perdre. Je n’ai plus rien. Je ne veux pas la perdre. Elle est tout ce qu’il me reste. Elle est un tout. Elle me suffit. Silk, je veux Silk. Quoi ? Nouveau cri qui me déchire le gosier. J’essaie de me débattre plus fort contre l’agression. Le Capitole ne m’aura pas. Le treize ne m’aura pas. La vie ne m’aura pas. La mort ne m’aura pas. Je ne les laisserais pas me tuer. J’émets des sons inaudibles, incompréhensibles même à mes oreilles. La souffrance qui me parvient de mon épaule me donne l’image d’une entaille faite à la hache, lorsque l’écorce et le bois s’écartent et laissent un vide. Un vide trop plein de tourment. On me plante insidieusement dans le corps, un bec de corbeau qui s’adonne de ma chair. Laissez-moi, laisse-moi toi qui t’acharne sur mon cadavre. Je ne veux plus souffrir. Vous m’avez déjà assez malmené. Ce monde m’a déjà assez torturé. J’ai trop mal. Je n’en peux plus de la violence. S’il vous plait. S’il te plait Silk, abandonne.

« Silk… »

A moitié étouffé, son prénom en supplication. Silk protège-moi. Silk guérit-moi. Silk sauve-moi. Je ne sais si j’hallucine ou si tout ceci est bien en train de se passer. Mon esprit se fait encore plus distant. Il se réfugie ailleurs. Loin des ombres terrifiantes qui dansent autour de moi. Elles font la ronde en attendant la dernière seconde pour me fondre dessus. Des enfants moqueurs qui tournent, ils rient. J’attends de recevoir la première pierre au visage. Nouveau cri de souffrance, incontrôlable. Repenser à des choses heureuses, des souvenirs lumineux pour effacer ces ténèbres. Tenter de soulager un peu la peine. Quelque chose, n’importe quoi. Mon frère me faisant un signe avec le sourire. Le bruit de la viande qui grille sur le feu. La chaleur des murs d’un foyer. La bienveillance de Thybalt. La sensation d’avoir quelqu’un à qui me confier. Le goût salé de la peau de Silk. Le dessin d’un ange sous mes doigts. Ses mains contre mon corps. Mon corps sur le sien. Chaud. Son corps. J’ai trop chaud. Un corps. Un corps mort. Castiel. Le sien. Une odeur de sang. Une odeur de mort. Ces images dans ma tête, l’horreur prend de nouveau le pas sur le bonheur. Ça suffit, laissez-moi !

Un hurlement. Encore un. Les larmes et la sueur me brûlent les yeux. Je n’ai même plus la force de me débattre. Une brève lucidité me fait comprendre que l’on recoud ma chair. Mon cœur bats tellement vite que je m’attends à l’entendre exploser d’une seconde à l’autre. Ce que j’éprouve m’est intenable, la nausée me maltraite. J’aimerai tout évacuer, vomir le plus profond de mes entrailles pour ne plus rien avoir à ressentir. Me réfugier dans un trou, un cocon, quelque chose qui m’engloberait jusqu’à ce que tout cela soit bien finit. Que quelqu’un me prenne dans ses bras, juste pour cette fois. Les images reviennent me hanter, j’ai l’impression de voir des visages penchés au-dessus de moi. Ils parlent mais je n’entends rien. La lumière m’aveugle, le blanc de leurs tenues aussi. J’ai peur. J’ai peur putain. Il me semble trembler, mes nerfs martèlent chaque écho de la plaie dans de désagréables soubresauts. Mes muscles sont raidis par le traumatisme. Le poids qui me dominait a disparu. Je tente de remplir mes poumons d’air mais mon souffle se saccade, erratique et acide. Mes mains agrippent les draps et je tente de relever ma tête de sa prison étouffante. En vain. Je finis par rouler sur le côté, sombrant de nouveau dans l’inconscience.

Je n’ai jamais été fort, je ne peux plus prétendre le contraire. J’aimerai une chance de tout recommencer. Trouver la réponse qui se trouve tout au fond. Une chance de me repentir, me pardonner. C’est étrange. Même quand tout espoir semble anéantit, même quand on se refuse au couvert du mensonge, on trouve toujours quelque chose. Ce n’est peut-être encore qu’un léger grain de poussière à entraver les rouages de la fin, une bougie qu’un océan de ténèbres attend de noyer. Mais aussi petite soit-elle, elle a rallumé quelque chose en moi. Cette fois-là près de la rivière. « Laisser s’éteindre un feu pour en allumer un autre. » Aujourd’hui je comprends. Il n’a jamais cessé de brûler. Je n’ai jamais été fort, mais elle m’a donné la force de continuer. Si je survis, plus rien ne sera jamais pareil. Parce que cette braise que j’ai laissée sans surveillance est devenue un danger.

Silk Preston.

Quelque part dans mon sommeil entre terreur et douleur, je crois que ma main s’est refermée sur la sienne.

THE END
& A suivre.
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