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 i picked up every piece ∫ RICHILLA

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MessageSujet: i picked up every piece ∫ RICHILLA   i picked up every piece ∫ RICHILLA Icon_minitimeVen 28 Déc - 16:57


I'm wide awake, Yeah, I was in the dark
And landed on my feet. Yeah, I am born again Outta the lion's den.
Le visage que lui renvoyait le miroir lui semblait si dénigré à la pâle lumière du plafonnier. La même tignasse difficilement domptable dont même un bon coup de brosse ne parviendrait pas à coiffer correctement, et dont les cheveux arrachés il y a des mois avaient largement repris leur domaine. Les mêmes fossettes aux joues, ces joues qui n’était plus aussi saillantes qu’avant et s’étaient retîntes de leur pâle rose. C’était elle, sans l’être vraiment. Ce n’était qu’une enveloppe charnelle, qui s’était rétablie quand son elle intérieur ne cessait de vaciller. Une image qui la représentait, mais dont elle ne se sentait pas correspondre. La demoiselle qui lui faisait face lui semblait bien plus sûre d’elle et en bonne santé qu’elle ne l’était vraiment, et rien n’entachait son allure si ce n’était les signes de ses courtes nuits par ses cernes sous le regard. Ludmilla avait passé la nuit assise sur son lit, écopant ainsi d’une bonne courbature dans le dos. À chaque nuit son cauchemar, souvent le même, parfois plus virulent. Cette fois-ci, elle avait été incapable de fermer les yeux, ne serait-ce que pour la tension palpable qui s’enlisait dans le six, se mêlant à ses moments de doutes et remises en question. Cela faisait déjà plusieurs mois qu’elle était revenue, et déjà avait fait un grand chemin. Et pourtant. Pourtant, elle se rendait compte qu’elle ne cessait pas pour autant de se retourner quand elle marchait dans la rue, d’allumer les lumières quand elle entrait dans une pièce sombre, de trembler quand elle tenait un simple couteau. Tout semblait vouloir lui rappeler ce que jour après jour, nuit après nuit, elle avait vécu dans l’enfer de sa captivité. Et si physiquement, elle s’était remise sur pieds, les souvenirs eux, étaient encore bien vivaces. Ils l’accompagnaient à chaque soupir, à chaque pensée, à chaque minute, le matin en essayant d’avaler un petit déjeuner, le soir en essayant de s’endormir, la journée en essayant de reprendre une existence dénudée de toute paranoïa. Car c’était ce qu’elle devenait, Milla, complètement paranoïaque. Ce n’était pas chose aisée de voir en chaque visage, un potentiel ennemi, ou de se sentir suivie à chaque coin de rue. C’était ainsi, pourtant. À l’instar de recommencer à avancer, elle avait ce poids qui naissait et prenait de l’allure pour la freiner. À sa guérison, son revers, se disait-elle. Et c’en était pathétique dans un sens, pour elle, d’être aussi victimisée par sa propre personne. Esclave de ses sautes d’humeur et de ses faiblesses. Le reflet du miroir se brouilla quand elle le balaya d’un revers de main encore humide, y projetant plusieurs gouttes qui glissèrent sur la surface. Derrière ces traits onduleux, elle releva le menton, et quitta la pièce.

Si Ludmilla était revenue il y a un certain temps déjà quand la dernière édition des Jeux n’était pas totalement finie, elle avait encore eu du mal à assimiler ce retour parmi les vivants. Comme si les mois de captivité l’avaient littéralement vidée de toute force et qu’elle allait mettre autant de temps pour se sentir comme à part entière dans son district. Elle encaissait les évènements comme de l’autre côté d’un écran, elle ne se sentait pas réellement concernée mais n’y était pas étrangère pour autant. Avec la brutalité d’un retour sur le manège de la vie, elle avait retrouvé le treize bien avant son chez elle, quand bien même elle n’ait jamais considéré le six comme sa véritable maison. Mais même dans les souterrains, elle ne s’était pas sentie comme pleinement revenue. Comme si son intégrité était encore partagée entre l’oubli des cellules et la vivacité du commun des mortels. Par ailleurs, elle avait eu son lot de découvertes non-négligeables à encaisser. La rencontre d’Astaroth, avec qui elle s’était sentie indéniablement liée. Mais surtout, et par dessous tout, le retour de Noam. Il était très certainement la personne qui avait le plus compté dans sa vie à son intégration parmi les rebelles durant son adolescence, et il était celui pour qui elle s’était le moins battue. Parce que Noam avait disparu, du jour au lendemain, comme elle l’avait fait l’année passée. Et alors qu’elle était en train de moisir comme un fruit pourri durant de longs mois, elle avait longtemps espéré qu’on la retrouve et vienne la chercher. Ce qu’elle-même n’avait pas été capable de faire pour son ami qu’elle avait jugé décédé, bien trop vite visiblement. Elle était revenue, et lui aussi. Trois ans qu’elle ne l’avait pas revu. Trois ans qu’elle avait perdu cette part d’elle, et qu’elle venait de retrouver brutalement. En ces temps de révolte, le Noam rebelle ancré à ses convictions et au six était devenu un pacificateur hargneux. Même les soulèvements qui avaient eu lieu dans les districts les plus pauvres et qui se trouvaient à l’orée de leur district, ne l’avaient pas aussi ébranlé que cette découverte improbable. Quand on s’était surpris de revoir Ludmilla, elle n’imaginait que plus difficilement qu’elle avait été la surprise de revoir le jeune homme. Depuis ces retrouvailles assez houleuses, la demoiselle n’avait plus quitté le six. Comme pour garder un œil sur ce pacificateur qu’elle ne comprenait pas, et qui pourtant lui avait toujours été si familier.

Ainsi, elle avait eu le temps nécessaire pour mettre enfin les choses au clair. Il était temps pour elle de retrouver également d’autres personnes, même si elle avait fait quelques passages chez les têtes rebelles du district, et plus récemment encore en spécifiant qu’elle allait reprendre du service, qu’on soit d’accord ou non. Car Milla était une rebelle envers et contre tout, et elle n’avait plus le cœur à se morfondre sur les aléas de son existence. Qu’on lui fasse confiance ou non, elle avait déjà fait ses preuves par le passé. Et n’avait absolument rien à faire qu’on lui donne un quelconque accord. Si les gens n’étaient pas foutus de comprendre ses motivations, elle n’allait pas s’attarder sur ce point-là. Ceci dit, elle ne pouvait pas reprendre le cours des choses comme si rien ne s’était passé sans avoir au préalable rendu visite à quelques personnes. Comme Richard. Si cela faisait bien des semaines qu’elle n’avait pas bougé du six, et par là-même sa maison, elle n’avait pas pour autant trouver le courage d’aller le voir. Certainement parce qu’elle appréhendait ce genre de retrouvailles, et qu’elle ne savait pas comment l’aborder concrètement. Certainement, aussi, parce qu’il avait dû avoir fort à faire avec la dernière vainqueur, Gemma. La petite dernière de la maigrichonne famille des vainqueurs du six. Un peu plus, et ils se compteraient sur l’intégralité des doigts d’une main. Or, ce n’était pas comme si elle avait à traverser le district pour aller rendre visite à l’homme tatoué. Ils partageaient la même rue, le même quartier. Mais malgré ces détails, elle avait toujours pris soin d’éviter de se retrouver nez à nez avec lui. Au fond, parce qu’elle ne se sentait pas prête. Il lui était plus facile de revenir auprès de personnes envers qui elle n’avait aucune attache, que de faire face à ceux qui comptaient réellement. En l’occurrence, celui avait été son mentor avec Pepper-Swann, mais aussi l’un de ceux qui l’avait terriblement aidé dans son adolescence avec son amnésie. Il méritait peut-être des explications, mais il méritait surtout qu’elle daigne lui rendre visite.

Il était tôt encore, le jour venait à peine de se lever quand Milla quitta doucement sa demeure pour se rendre vers celle de l’autre, seulement quelques mètres plus loin. Il était certain qu’elle appréhendait le face à face, particulièrement pour le fait que Richard avait dû être mis au courant, depuis le temps, qu’une morte était revenue dans l’enceinte de leur district. Que ce soit par les rebelles d’ici, ou par la lumière qu’il aurait peut-être pu apercevoir à travers les volets clos de sa maison. Faut dire qu’elle ne s’était pas spécialement montrée des plus vivantes, elle vivait comme un fantôme entre ses propres murs, constamment enfermée et plongée dans le noir. Ceci dit, elle se posta devant la porte d’entrée du vainqueur, hésitante, mais se fichant bien de savoir si elle allait le réveiller. Elle se demandait simplement s’il était là. S’il savait pour elle. S’il allait bien, aussi. Des banalités. Pourtant, Ludmilla ne toqua pas. Non, elle ne prit pas cette peine-là. Elle posa sa main sur la poignée et constata que l’entrée n’était pas verrouillée. Si c’était un détail assez déroutant, cela ne l’étonnait pas vraiment. Qui irait chercher des noises au monstre de leur district, après tout ? D’une pression, elle poussa légèrement la porte et entra dans la demeure. Quitte à faire un retour fracassant, autant y mettre un peu de théâtralité. Elle referma la porte dans son dos, pas véritablement discrète, histoire d’alerter un peu le propriétaire. De le réveiller, peut-être même. Et alors qu’elle prenait la peine de s’assoir dans un fauteuil du salon, Milla se rendit compte qu’elle était bien mieux prête d’affronter le courroux de l’homme pour avoir pénétré ainsi chez lui, que d’expliquer son inexplicable retour à la maison. Alors quand, enfin, l’attendu se présenta devant elle, certainement surprit de la découvrir elle, Ludmilla ne put que réussir à sourire. « Bonjour Richard. » Un sourire en toute sincérité. Pas une boutade. Pas une excuse. De la simplicité, simplement.


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MessageSujet: Re: i picked up every piece ∫ RICHILLA   i picked up every piece ∫ RICHILLA Icon_minitimeSam 29 Déc - 12:44


now the waves they drag you down
carry you to broken ground. wipe you clean with dirty hands.
Tu étais assis sur un banc dans le fond de ton jardin, comme si de rien n’était. Pourtant les choses avaient changé et on pouvait en prendre pour exemple l’objet même de ta contemplation silencieuse : Je Ne Sais Pas. Son nom était si étrange... Mais il y répondait au moins, que demander de plus ? L’étalon semblait se plaire ici mais il devait se sentir seul, à l’étroit. Pourquoi l’avais-tu ramené ? Pourquoi avait-il seulement fallu que tu essaies de tout chambouler encore une fois ? Tu l’avais arraché à son écurie, à ceux qui s’occupaient de lui, à ses congénères. Tout ça pour finir avec toi. Le pauvre devaient terriblement s’ennuyer à tourner en rond dans ton jardin, certes grand comparés à ceux du district, mais infime comparé à la pâture dans laquelle il pouvait galoper à loisir auparavant. Tu lui étais inutile, il aurait dû rester au district dix avec la famille Zacharias. Mais il était tout ce qu’il te restait d’elle. Absolument tout. Le reste n’était que souvenirs, images dans ta tête. Rien de tangible. Ce cheval te rappelait qu’elle avait vraiment existé, qu’elle n’était pas un fantôme halluciné par l’esprit d’un ancien gagnant harassé. Tu t’en étais sorti toi. Pas elle. Pourquoi ? Gemma... Tu ne savais pas si Gemma méritait son titre, si elle avait vraiment le droit d’avoir gagné. Mais cela n’importait pas. Ce qui était était, que cela fut juste ou non. Tu sais quoi ? Peut-être qu’elle ne méritait pas de gagner, peut-être qu’elle était trop faible, peut-être qu’elle avait trop le sens du sacrifice. Et si elle avait laissé Gemma mourir le premier jour ? Et si elle l’avait laissé tomber dans le précipice sans l’aider ? Peut-être qu’elle aurait gagné. Ou peut-être qu’elle serait morte quand même et qu’en plus de ça, Gemma n’aurait pas gagné. Quoi que tu aies pu penser, il devait y avoir une connexion entre elle et toi. Vous étiez les vainqueurs du six. Qu’importaient vos idéaux, vous aviez survécus. Par volonté. Qu’on se le dise, tous les vainqueurs, quelque part, avaient été les meilleurs parce qu’ils avaient ce que les autres n’avaient pas : l’instinct de survie, plus fort que tout, plus fort que la mort. Pas plus fort que la folie. Mais la nature ne prend pas en compte ce genre de choses, on sauve sa peau c’est tout, tant pis si notre raison y reste. Tu sifflas doucement, tu avais remarqué que l’étalon répondait à ce signal. Il leva la tête, les oreilles en avant, curieux. Il s’approcha de toi d’un trot avenant et tu lui tendis une pomme qu’il dévora goulûment alors que tu passais tes doigts dans sa crinière gris-blanc un peu emmêlée. C’était un bel animal. Il avait immédiatement plus à Katell, tu t’en souviens. Tu laissas ton regard se promener sur la robe subtilement pommelée de Je Ne Sais Pas, te perdant dans les multiples taches grises.

Tu ne savais plus où tu en étais. Le temps se faisait froid, on était vers le milieu d’octobre mais plus proche de la fin du mois que du début. La soixante-seizième édition des Jeux de la Faim s’était terminée en juillet, tu n’étais rentré chez toi que plusieurs semaines après cela, traînant délibérément pour une raison inconnue. Comme si tu avais peur que ta maison ne soit plus vraiment chez toi. C’était ridicule, comment aurait-ce pu être la maison de quelqu’un d’autre ? Avec toutes ces lampes halogènes, le chat, Théti, la chambre de Lux... Le pire c’est que ta crainte ne s’était pas révélée infondée. Parce que la dernière chose qui faisait de cette maison ton foyer c’étaient les êtres vivants. Oh oui, le chat était encore là et tu avais ramené un cheval mais cela n’importait pas. Ta fille était partie. Déjà des années auparavant quand ta mère avait quitté du jour au lendemain cet endroit, c’était comme si un petit bout de la maison avait disparu, un fragment de son âme. Et puis Théti avait grandi, restaurant la mémoire de vie dans cet endroit, et Lux avait fait de même. Mais Lux parti, Théti parti, que restait-il dans ces chambres, pièces et couloirs vides qui auraient pu te faire sentir chez toi ? A part des souvenirs à moitié effacés, quasiment vides de sens. Tara était partie, ou morte, Lux était parti, paria, Katell était morte, martyre, et Théti était partie. Tu savais que quelque part c’était ta faute. Le monstre que tu étais avait fini par déchirer le semblant de famille que tu avais réussi à construire. Bien sûr que c’était ta faute, à qui d’autre aurait-on pu imputer ces malheurs ? A personne. C’était toi. Encore toi. Toujours toi. Et c’est toi qui finira par rendre Gemma folle, plus que son amour du Capitole, c’est toi qui la tire vers le bas alors qu’elle essaie désespérément de te prouver qu’elle vaut quelque chose. Mais elle n’a pas compris ? Sa valeur t’importe peu. Jamais cela ne comptera, jamais. Pourquoi tient-elle tant à te montrer tout cela alors que tu n’es qu’un être de fumée qui attire tous les gens auxquels il tient dans les ténèbres ? Elle n’a pas intérêt à se rapprocher de toi, elle devrait le savoir pourtant, elle a un instinct de survie. Elle a gagné. Ou elle a perdu. Comment savoir ? Les limites entre les deux sont floues.

Peut-être que ce sont les morts qui ont gagné au fond. Ils sont morts. Ils sont tranquilles, eux. Ils peuvent rire des débats des vivants, ils peuvent même rire de la façon dont ils se sont fait charcuter : plus rien n’importe quand on est mort. Est-ce que les morts sont heureux ? Ce serait mieux. Il le faut. Etrangement, tu n’as jamais pu t’empêcher d’éprouver une pitié mêlée d’envie envers les morts. Evidemment quand ceux que tu aimais étaient morts, cela t’avait dévasté mais après un certain temps, quand la plaie ne devient plus qu’une petite cicatrice un peu douloureuse parfois, tu commençais à les envier un peu. Tu comprenais qu’eux au moins n’avaient plus à se soucier de la vie. Cela viendrait pour Katell, le temps n’était pas encore propice mais peu à peu tu cesserais d’être triste. Tu serais tout au plus nostalgique, tu te dirais qu’elle avait de la chance. Les meilleurs partent toujours les premiers. Il n’y avait pas besoin de se demander pourquoi tu étais toujours là, n’est-ce pas ? Tu ne faisais pas partie des meilleurs, loin de là. Tu restais ici alors que les gens mouraient autour de toi. C’est ce que les gens font. Même Ludmilla y était passée. La petite, la douce Ludmilla. Et son instinct de survie. Tu t’étais un peu occupée d’elle pendant les jeux pour seconder Pepper-Swann puisque c’était une de ses premières années en tant que mentor. Et tu t’étais occupée d’elle après cela, lorsqu’elle était amnésique. Tu lui rappelais ce qu’elle avait oublié. Ce n’étaient pas des choses douces et agréables dont on souhaite se souvenir mais il fallait qu’elle s’en souvienne. C'était vital. Et puis elle avait disparue, et tu l'avais crue morte. Tout le monde l'avait crue morte. Cela t'avait blessé, attristé. Après tout, tu n'avais réussi à ramener que Pepper, et Pepper n'avait réussi à ramener que Ludmilla. Elle était une survivante, elle n'aurait pas dû mourir. Mais c'était comme ça. Ceux qui restent se battent au nom de ceux qui sont morts. Comme si les morts en avaient quelque chose à foutre. Ils n'ont aucune gloire à en tirer. Ils sont morts. Bien loin des querelles stupides des vivants. Le plus troublant était qu'à présent tu la savais vivante. C'était comme si ça n'arrivait pas à rentrer dans ton cerveau. Vivante. Chanceuse ou pas chanceuse ? Impossible à dire. C'était Astaroth qui te l'avait dit, Astaroth qui t'avait informé de sa survie. Le Capitole n'avait pas réussi à l'avoir au final, hein ? Et pourtant, alors que tu étais déjà revenu du district onze depuis plus d'une semaine, tu n'avais pas pu aller la voir. Tu n'y arrivais pas. C'était comme aller frapper à la porte d'une morte. "Hé salut ! Je viens prendre le thé comme t'es pas morte !" Vraiment trop bizarre. Il fallait que tu ailles la voir, il le fallait. Ne serait-ce que par respect. Tu dénouas tes mains de la crinière de l'étalon et jetas un regard pensif vers l'aurore. Aujourd'hui. Il fallait que tu y ailles aujourd'hui. Mais tu ne t'y résignerais probablement pas, non ? C'était trop compliqué.

C'était simple pourtant. Il te suffisait de sortir de ta maison et de traverser la rue. Au village des vainqueurs vous étiez tous voisins. Bon, en même temps vous étiez quatre alors en effet vous pouviez être voisins pour le coup. Enfin tout ce que tu avais à faire était de frapper à sa porte et la suite se ferait toute seule. Bonjour, comment ça se fait que tu sois pas morte... La routine quoi. Pas à cette heure. C'était ça ta pitoyable excuse. Pas à cette heure, elle dormait peut-être encore. Je pense qu'elle s'en foutait royalement d'être réveillée. Pour une visite de ce genre, il n'y a pas d'heure. Mais tous les prétextes étaient bons pour te défiler. Tu avais peut-être un peu peur au fond. Revenue des morts. Non, tu n'étais pas superstitieux. Tu avais peut de ce qu'elle pouvait dire. D'un coup, Je Ne Sais Pas leva la tête, alerte. Toi aussi avais entendu le bruit. Le même bruit que quand Gemma avait fait irruption dans ta demeure. Il n'y avait guère que les autres vainqueurs pour entrer chez toi sans frapper, et Théti. Mais Théti était partie. Était-ce à nouveau Gemma ? Était-ce Pepper-Swann ? Était-ce... Ludmilla ? Tu te levas sans te précipiter, flattant une dernière fois l'encolure de l'animal, puis tu rentras dans la cuisine par le biais de la porte vitrée ouverte. Tu marchas jusqu'au salon d'où parvenaient les bruits et lorsque tu pénétras dans la pièce, tu la vis. Elle était assise nonchalamment dans un fauteuil, elle te regardait. Ses cheveux aussi blonds qu'avant, ses pommettes aussi roses qu'avant... Elle n'avait pas changé physiquement. C'était comme si tu l'avais vue pour la dernière fois la veille seulement. Et elle sourit. Un joli sourire, un vrai sourire. « Bonjour Richard. » Pourquoi faire compliqué quand on peut faire simple ? Poli, neutre, normal. À part le fait qu'elle n'avait pas frappé avant d'entrer et qu'elle s'était installée derechef dans un fauteuil, comme chez elle. Bah, tu n'allais pas lui en tenir rigueur, elle était censée être morte après tout. Tu souris à ton tour. « Ludmilla. » Élémentaire mon cher Watson. Enfin mon cher Huntsman. On n'en est plus à ça près, enfin je crois. « Je me disais justement qu'il fallait que je te rende visite depuis qu'Astaroth m'a dit que tu étais en vie. » Comme si de rien n'était. Bien sûr, tu n'es pas morte, je m'en fous, des résurrections j'en vois tous les jours que le bon Dieu fait ! Hm, hm. Très normal tout ça.

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MessageSujet: Re: i picked up every piece ∫ RICHILLA   i picked up every piece ∫ RICHILLA Icon_minitimeSam 16 Mar - 21:34


Son attitude nonchalante qui lui était tant familière, les pigments qui s’étendaient sur sa peau lui donnant une allure si particulière, et ce regard d’un homme qui avait déjà tant vécu. Richard. Le même d’il y a un an, le même que demain. Comme si le temps n’avait pas altéré les derniers évènements survenus, comme si Ludmilla n’était jamais partie. Il avait cette même lueur dans le regard, quoique marquée par les derniers Jeux de la Faim auxquels il avait dû assister, et plus récemment par la rébellion. Mais c’était indéniablement le même. Ce même homme qu’elle avait quitté des mois plus tôt sur un simple au revoir, au détour d’une conversation des plus banales. Il n’y avait pas eu de disparition, il n’y avait pas eu d’année écoulée, il n’y avait pas eu d’absence aussi longue. Comme si elle l’avait vu la veille et qu’elle lui rendait visite en cette heure matinale. Banal, simple. De la légèreté qui lui suffisait amplement, alors qu’elle lui adressait un sourire des plus sincères. Qu’il lui rendit, par ailleurs. Oui, c’était comme si le temps ne s’était jamais écoulé. Pour presque, elle pourrait ressentir cette vivacité qui palpitait dans ses veines auparavant. Elle pourrait même ressentir de la joie, cette allégresse qui ferait virevolter son cœur dans sa poitrine, à se retrouver face à Richard dans la simplicité la plus commune. Pour presque, seulement. Parce que Ludmilla était quand même partie, avait quand même connu des mois terriblement longs durant lesquels elle s’était sentie dépouillée de toute dignité et de tout humanité. Elle pouvait ressentir de la gaieté, du bonheur, elle était même réellement heureuse de retrouver son ancien mentor, mais ce ne serait jamais une entité pleine. Il y aura toujours le frémissement du passé, les fantômes pour hanter la moindre émotion. Ce n’était plus réellement elle, ça ne pouvait plus l’être.

Pourtant, c’était Richard. Richard pour qui elle pouvait sourire sincèrement, pour qui elle pouvait faire irruption dans sa demeure de cette manière sans se soucier de ce qu’il penserait. Entre vainqueurs de jeux morbides, entre dompteurs de la mort tout simplement, il n’y avait pas besoin de se poser de question. Pas besoin d’émettre quelques sons, d’assembler quelques lettres oralement, pour se comprendre. D’une manière ou d’une autre, quoiqu’elle puisse dire ou penser, il capterait toujours le revers, l’amertume ou la douleur qui pourrait se dissimuler naturellement. Inconsciemment. Ben ouais. C’était ça, d’être les revenants. D’un jeu absolument immonde, ou d’une prise de tête avec le Capitole. La coutume, l’habitude, l’obligation. Le Destin, si tant était qu’il existait, était sacrément emmerdeur. Alors, qu’elle le veuille ou non, Ludmilla ne pourrait jamais tromper Richard. Et c’était peut-être mieux ainsi, au fond.

« Je me disais justement qu'il fallait que je te rende visite depuis qu'Astaroth m'a dit que tu étais en vie. » Immanquablement, Ludmilla se redressa légèrement sur son fauteuil. Entendre le prénom de cet autre vainqueur ne la laissa pas indifférente, même si elle ne put réellement définir ce qu’elle ressentit vraiment à son entente. Oh, elle s’était bien attendue à ce que Richard découvre la vérité. Le temps s’était avéré bien assez long avant qu’elle ne prenne la décision de venir lui rendre visite – de prendre une décision à laquelle elle s’était tenue, du moins. C’était facile de se dire qu’il y avait des gens qu’elle devait voir, facile de se dire qu’elle le ferait. Mais quand, là était toute une autre affaire. Il n’empêche, qu’elle se doutait bien qu’en débarquant ainsi, et ici, elle serait plus ou moins attendue. Dans la mesure où l’homme tatoué ne serait guère surpris de se retrouver face à elle. Seulement, Milla ne s’était nullement doutée qu’il apprendrait son « miraculeux » retour à la vie par un homme qu’elle-même connaissait à peine. Et qui n’était pas de leur district, d’autant plus. Si elle s’était sentie inexorablement liée à Astaroth, elle ne pouvait pas dire qu’elle le connaissait réellement. Une seule fois ; elle ne l’avait vu qu’une seule fois, et il n’était qu’un simple inconnu au prélude de cette rencontre. Un léger ricanement s’échappa d’entre ses lèvres quand le souvenir de la maison plutôt plongée dans le noir du vainqueur du district onze lui revint en tête, se mêlant au fait qu’il s’était passé peu de temps entre sa visite chez lui et celle chez Richard. « Il a dû apprécier de recevoir les détraqués du six à la suite. » commenta Milla sur un ton à la fois léger et amusé. Evidemment, elle n’allait pas évoquer le fond même de la remarque. Elle préférait s’amuser de la situation qu’épiloguer trop longtemps sur sa situation. Parce qu’il était toujours plus facile de ne prendre en compte que ce qu’elle voulait.

Ludmilla ne s’était pas doutée que les deux hommes puissent se connaitre, alors qu’en même temps, c’était parfaitement normal. Qu’est-ce qu’elle pouvait bien connaître de la vie sociale de ces deux-là. Cependant, à bien y réfléchir, ce n’était guère étonnant. Richard et Astaroth avaient le double de son âge – et pourquoi pas l’âge d’être son père, tant qu’à faire – et avaient tant vécu avant qu’elle-même ne sorte de son arène du haut de ses treize ans. Surtout, ils étaient considérés respectivement comme les monstres de leur district. Même cette ressemblance ne lui avait pas échappé quand elle avait fait face au colosse du onze, bien qu’elle n’ait pas fait plus de rapprochement. Ceci dit, pour Astaroth aussi l’échange avait dû être quelque peu étonnant. Il ne connaissait rien de son histoire, et la réaction de Richard en apprenant qu’elle était toujours vivante avait dû l’étonner. Ou pas. Qu’est-ce qu’elle en savait. Là n’était pas la question, de toute façon.

La jeune femme dévisagea celui qui avait été autrefois son mentor, bien qu’il n’ait fait qu’épauler Pepper-Swann, ne sachant que dire réellement. « Eh ouais, toujours pas morte. J’suis coriace. » Il n’y avait pas de formule préétablie pour ce genre de situation, tout comme il n’y avait pas de solution miracle pour oublier toute une année écoulée. Aussi incroyable que cela pouvait l’être, Milla avait vaincu le Capitole une nouvelle fois, façon de parler. On ne l’avait pas encore abattue, et elle aurait dû s’en réjouir. Elle aurait pu. Et profiter du fait qu’elle pouvait à nouveau respirer l’air du dehors. Pourtant, se retrouver en face de Richard lui paraissait maintenant autant difficile que la décision de lui rendre visite. Ludmilla avait terriblement envie de s’excuser, de s’être laissée avoir aussi facilement comme une débutante. Au moins était-elle parvenue à ne compromettre personne. Elle n’avait pas spécialement honte, mais se sentait particulièrement emplie de remords. Pour quoi exactement, elle ne saurait le dire. Pour tout. Par ailleurs, Ludmilla avait manqué beaucoup de choses. En presqu’un an d’absence, le monde avait le temps d’imploser. Et puis, il y avait eu la dernière édition des Jeux. La demoiselle disparaissait dans la foulée du début de l’engrenage des Jeux, pour réapparaître aux prémices d’une rébellion. Gemma avait gagné ces Jeux, apportant une nouvelle attention particulière sur leur district. Et Milla devait se faire plus discrète. « Comment s’en sort Gemma ? » La question avait fusé toute seule, naturellement. Elle se souvenait de la jeune fille qu’elle avait connue plus jeune qui, déjà, penchait pour des idéaux différents des siens. L’arène avait dû profondément changer, ou ancrer encore plus, ses convictions. Ludmilla ne pouvait dire si elle s’intéressait vraiment à la réponse, elle se sentait tellement décalée vis-à-vis de ces évènements. Elle se sentait comme désintéressée, également. Il était difficile de se raccrocher à certains éléments de la réalité. Il lui était difficile d’être là, tout simplement. Mais Gemma faisait partie de ses connaissances et inévitablement, elle s’était fait du souci pour elle. Au fond, ce n’était qu’une échappatoire temporaire. Questionner sur quelqu’un d’autre, pour éviter de poser les questions qui pourraient s’avérer difficiles.

Puis ses pensées se recentrèrent sur son interlocuteur, sur celui qu’elle était venu voir avant tout et qui ne s’attendait certainement pas à ce qu’elle tourne la discussion dans ce sens. Richard en avait vu tant passer que, quelque part, Milla se demandait ce que cela lui faisait que le six ait un nouveau champion. Un nouveau martyr qu’il avait vu évoluer dans un terrain de misère. Elle-même n’avait jamais eu l’occasion de tenir le rôle de mentor, notamment parce qu’on l’avait si gentiment rendu amnésique après la tournée du vainqueur. Puis, elle avait fini par rejoindre activement les rebelles. Et ça s’était su. Tout ceci, pour finir littéralement au fond d’un gouffre. Enfin, c’en était peut-être mieux ainsi. Elle n’aurait jamais réussi à ramener un seul tribut vivant. Mais Richard, lui, était là. Depuis longtemps. Trop, peut-être. Il était un peu un pilier de leur district, en étant pourtant et très certainement, le plus intimidant intentionnellement. « Enfin ... Comment tu vas, toi ? » Au fond, c’était ça, qui lui importait le plus. Tant que le sujet n’était pas porté sur elle.


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MessageSujet: Re: i picked up every piece ∫ RICHILLA   i picked up every piece ∫ RICHILLA Icon_minitimeMar 23 Avr - 14:03


Ludmilla. Morte. Vivante. A moitié morte, ou à moitié vivante ? Plus jamais vivante. Pas encore morte. Tu croyais. Tu croyais. Quand elle est rentrée dans l’arène, tu as cru qu’elle mourrait. Tu voulais pas mais tu croyais. Ouais, tu partais vaincu. Ouais, on dit toujours qu’il ne faut pas, que c’est comme ça qu’on perd, mais qu’on t’épargne toutes ces conneries. Merde. T’as jamais été quelqu’un d’optimiste de toute façon. Et puis il y avait combien de chances qu’elle s’en sorte ? Même pas une sur vingt-quatre. Elle a battu le sort. Peut-être qu’elle aurait mieux fait d’y mourir aux Jeux. Comme toi. Comme Astaroth. Parce que regardez ce que la vie lui a fait quand elle est sortie. Elle était écrasée. Chaque respiration qu’elle prenait n’était plus que la dernière bouffée d’oxygène du noyé. Asphyxiant. Grisant ? Meurtrier plutôt. Morte en rentrant, presque pas vivante en sortant. A moitié morte toutes ces années. Puis elle est morte à nouveau. Et maintenant ? Est-ce qu’elle est finalement vivante ? Enfin ? Tu le lui souhaites. Quoique. A quoi bon être vivant si ce n’est que pour mourir à nouveau après ? La question te brûle les lèvres comme l’absinthe brûle la gorge des poètes. Ludmilla, est-ce que tu es vivante ? Are you alive ? Ouais, devant toi, assise, en mouvement, qui respire et tout. Mais vivante ? Hein ? Vraiment vivante ? Pour de vrai ? Ce serait un soulagement je crois, de voir qu’elle s’en est sortie. Elle qui est allé bien plus profond que toi. Elle a touché le fond de l’abysse alors que tu n’as fait qu’en effleurer les méandres. Ludmilla. A moitié morte, à moitié vivante, et quelle est la différence ? Que le verre soit à moitié vide ou à moitié plein, sur la balance le poids est le même. Tu ne la dévisages même pas avec cette curiosité que pourraient avoir les gens normaux pour une revenante. Toi tu comprends. Elle est revenue, c’est bien. Le temps qu’elle a pu passer là-bas, où qu’elle ait été, ça n’a pas d’importances. Les souffrances qu’elle a dû endurer, les cicatrices qu’on a dû lui infliger, la terreur qui a dû l’habiter, l’abandon auquel elle s’était peut-être résignée ; aux flammes tout cela. Elle est ici. Comme si hier était la dernière fois qu’elle était venue te rendre visite. Comme si elle n’avait jamais quitté ce fauteuil en cuir. Le passé, vous vous appesantissez tous beaucoup trop dessus, toi le premier. Mais des fois, l’ignorer, c’est bien aussi. Ou plutôt, pas l’ignorer mais faire fi de lui. Pas de passé. Pas de futur. Juste du présent. Elle est ici. Tu vois ? C’est facile. Présent de l’indicatif, le temps de la vie. Ludmilla. A moitié morte ou à moitié vivante. Qu’importe. Elle a gagné. Elle est revenue.

Elle a sur son visage ce sourire qui ne cache rien des douleurs passées. Ou qui peut-être veut les cacher, mais avec toi ça ne marche pas. Pour toi, ce sourire veut dire ‘‘tout va bien’’. Pas tout va bien je vis dans un monde de bisounours, non. Tout va bien, la vie c’est pas facile et putain qu’est-ce que j’ai eu mal, j’ai toujours mal d’ailleurs, mais je crois que ça ira. C’est ça le sourire. Tout va bien. Je survis. Parce qu’il y a rien d’autre à faire, non ? Sourire et tout passera. Ou faire la gueule et tout passera. Pleurer et tout passera. Sauf qu’il faut bien arrêter de pleurer à un moment ou à un autre, tu ne crois pas ? Si. Alors tu lui souris toi aussi. Ca passera. Le présent compte. Le présent c’est vous deux, assis comme au bon vieux temps. Non, le bon vieux temps c’est le passé. Et puis merde. Rien ne doit changer. A moitié morte ou à moitié vivante, elle est en vie. Et tu le savais. Tu le savais. Non pas grâce à un de ces pressentiments qu’on ne trouve que dans les films. Ce genre de ‘‘quelque part au fond de mon coeur, je sais qu’elle est vivante’’ ça n’existe pas. Tu savais qu’elle n’était pas morte parce qu’Astaroth te l’a dit. C’est marrant. Sur le coup tu n’y as pas cru. Tu n’as pas nié tout en voulant y croire, non. Tu n’y croyais pas c’était tout. Puis tu t’es rendu compte qu’il disait la vérité. Il n’avait aucune raison de mentir. Les monstres ne mentent pas à leurs semblables. Non, il avait raison. Ouais, de toute évidence c’était le cas, tu as eu raison de le croire. « Il a dû apprécier de recevoir les détraqués du six à la suite. » C’est vrai. Le duo de fous du six. Avec le monstre du onze. Ce n’est pas très grave, il comprend. Ce n’est pas comme si vous étiez tous les deux allés voir quelqu’un comme Gemma. Vous n’auriez cependant probablement pas eu de raison de le faire si on y réfléchit. C’est pour le principe de la comparaison, il ne faut pas aller chercher trop loin. Oui. L’idée, quelque part, est amusante. Astaroth, envahi et harcelé par les deux épaves du district ferroviaire. Enseveli sous votre étrangeté. Il semblerait que, sans même que tu saches qu’elle existait encore, vous ayez réussi à faire la même chose : essayer de joindre l’autre vainqueur à votre cause. Oui, tu penses que c’est pour ça qu’elle y est allé. Après tout, vous êtes tous deux rebelles. A quoi bon ? On s’en fiche. Vous l’êtes. Présent. « Ta visite devait être visuellement plus plaisante que la mienne. » Une jolie jeune blonde contre un quarantenaire tatoué comme un zombie. Choix ? Facile à faire, on s’en doute. Au district cinq il y a quatre jeunes femmes vainqueurs, toutes belles, et il y a toi. Si tu avais su tu n’aurais peut-être pas pris la peine de te déplacer. Quoique cette différence peut tout changer. Tu es physiquement marqué, Ludmilla ne l’est pas. Astaroth l’est. De qui peut-il se sentir le plus... non pas proche mais... oui, c’est ça. Duquel peut-il se sentir le plus semblable ? Peut-être bien toi. Mais ça reste à voir. Tu ne sais pas trop... Quoi dire. C’est vrai. Qu’est-ce qu’on dit face à la résurrection ? Rien. On sourit, on se tait, et on attend que le miraculé parle. Parce que les miraculés ne veulent pas toujours parler de leur miracle. Ils veulent parler d’autre chose. Changer de sujet. Oublier le passé. Présent.

« Comment s’en sort Gemma ? » Gemma. Gemma elle ne sera peut-être jamais l’une d’entre vous. Pas tout à fait. Gemma et ses jeux, Gemma et la banquise, Gemma et le Capitole. Gemma et sa couronne. Gemma et son sourire. Comment elle s’en sort ? Elle n’aime toujours pas le sang. Elle a toujours froid je suppose. Mais elle est vivante. Tu ne souris plus. Tu réfléchis. Tu ne sais pas comment elle s’en sort. Elle ne sera jamais comme vous, et ça c’est peut-être la preuve qu’elle s’en sort. Pourtant, en même temps, elle est aveugle. Elle se laisse embobiner, elle en est peut-être trop heureuse d’ailleurs. Elle a une excuse. Elle se laisse conter des mensonges par Snow pour éviter de se confronter à la vie après l’arène. Elle s’en sort ? Peut-être. « Mieux que nous je crois. » Tu crois. T’es pas sûr. Moi non plus à vrai dire. C’est jamais facile, hein ? La vie n’est pas plantée de roses. Et quand bien même elle le serait, toutes les roses ont des piquants. Ouais. Proverbes de merde. Tant pis, le résultat est le même. Elle s’en sortira. Pour toi c’est peut-être trop tard mais pour Gemma rien n’est encore dit. Ludmilla aussi a encore le temps de survivre. Elle peut se faire une nouvelle vie. Loin du six, loin du Capitole, loin des monstres, loin de toi. Le monstre attitré du six.

« Enfin ... Comment tu vas, toi ? » Moitié mort, moitié vivant, pas mieux que toi Ludmilla. Plus mal que jamais, décimé par la mort et l’abandon, mutilé. Mais toujours là toi aussi. Parce qu’il faut bien, non ? Vivre. T’as pas parcouru tout ce chemin pour te laisser mourir quand la vie continue d’être une connasse. Elle l’a toujours été avec toi et tu t’es fait à l’idée qu’elle le sera toujours. Ce n’est pas grave. Ce n’est rien de plus qu’une vie. Il y en a des milliards comme ça, qui vont et qui viennent. Tu ne vas pas bien mais c’est comme ça et tu ne t’en plaindras pas. « Bientôt je toucherai le fond. Pas tout à fait encore. » Tu ne dis pas ça pour qu’elle te plaigne, tu ne dis pas ça pour t’apitoyer sur ton sort. Tu t’en fous. C’est juste la vérité. Comment tu vas ? Mal. C’est tout. Et tu continues à marcher. Parce que tu n’as pas tout à fait touché le fond. Il te reste encore des choses à perde. Nephtys. Rhea. Pepper-Swann. Ludmilla. Et même Gemma. Au fond, tu veux pas en parler. Tu vas mal. Passons à autre chose. Changement de sujet. « T’es revenue quand ? »


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MessageSujet: Re: i picked up every piece ∫ RICHILLA   i picked up every piece ∫ RICHILLA Icon_minitimeSam 4 Mai - 23:19


Qu’est-ce que ça faisait, d’être là depuis trop longtemps ? Qu’est-ce que ça faisait, de voir tous les êtres imprégnés d’une parcelle de soi s’évaporer les uns après les autres, toutes ces personnes que l’on a aimé peut-être un peu trop au-delà de la raison pour que leur départ nous ébranle, pour qu’il nous émiette chacun un peu plus à mesure qu’une écorchure s’immisçait où leur présence siégeait dans nos cœurs. Il n’y avait pas de mot connu, pas de manière de s’exprimer dans leur langage ni dans aucun autre, pour oser dépeindre un tel tableau. C’était indescriptible, infernal, silencieux. Peut-être pas de mots pour extérioriser, mais ce qui se trouvait derrière l’enveloppe charnelle ne s’en retrouvait pas moins meurtri. Les émotions étaient là, pour ronger chaque parcelle d’affection comme une charogne. Pour mettre à mal les édifices, les masques, mettre en évidence les échecs, les faiblesses. Qu’est-ce que ça faisait, d’être maintenant trop marqué pour ne plus rien laisser paraître, non pas pour rester maître de soi, mais par dépit. Que la souffrance était devenue d’une banalité telle, qu’un manque au milieu d’un autre n’était plus rien. Qu’on n’y prêtait plus attention. Qu’on se contenter de respirer, pas forcément d’avancer, le strict minimum pour que notre cœur ne cesse de battre. Car il était devenu la seule preuve scientifique, irréfutable, naturelle, que l’on n’était pas encore diagnostiqué comme mort. Qu’est-ce que ça lui faisait, à Richard ? Il n’y avait pas de commérages autour du village des vainqueurs, ceci relevait désormais de ceux que l’on jugeait de simple mortels. Ce que ne pouvait être un vainqueur des Jeux. Il n’y avait pas de commérages, mais il y avait des rumeurs, des messes basses, des accusations. Il se disait, et beaucoup le savaient, que Richard était entouré par la solitude bien trop souvent infligée du fait du statut empoisonné que les habitants du district six lui avait donné. Au même titre que l’on racontait que Gemma dénotait de tous les vainqueurs précédents des lieux pour sa vision et son idéologie du Capitole. Ou bien encore, Ludmilla, pour la rebelle qu’elle était et dont la guérilla personnelle l’avait mené au fond du trou, pour la revoir revenir, et faire peser la méfiance à son égard. Elle n’était pas étrangère à ce que l’on racontait d’elle, doucement pour l’instant, mais qui ne tarderait pas à enfler à mesure que la population du six se rendrait compte que celle qu’ils avaient longtemps vu comme la gamine amnésique des Jeux, était encore là. On pouvait aisément l’imaginer traître. Après tout, comment pouvait-on revenir d’entre les mains de l’ennemi après des mois d’absence et de silence, en restant indemne dans ses convictions ? Elle avait déjà subi un lavage de cerveau, alors pourquoi pas un autre ? Ceci dit, beaucoup de murmures circulaient dans le dos des reclus du village des vainqueurs, et la majorité concernait l’aîné. Le pilier. Le monstre. Le cannibale. D’une certaine manière, Ludmilla ne pourra jamais se comparer à lui. Par bien des aspects, ils étaient peut-être semblables. D’autant plus liés par le sentiment d’être ressorti en respirant encore d’une arène. Mais Richard faisait quasiment le double de son âge et des douleurs, il en supportait depuis vingt années de plus qu’elle. Alors qu’est-ce qu’elle pouvait bien se dire, qu’ils se comprenaient ? Ce ne serait qu’à jamais partiellement vrai. Il avait de son côté le temps d’un vécu qu’elle n’était pas même certaine d’acquérir elle-même, tant le destin semblait vouloir lui rendre son état de poussières.

L’espace d’une minute, entre deux paroles, elle prit le temps de le dévisager réellement. Pour constater qu’au-delà des pigments imprégnés dans les pores de sa peau, Huntsman portait les stigmates du temps. Comme n’importe quel humain. Bien plus qu’un simple humain. Milla en avait connaissance, des pertes qu’il avait connu, des personnes qu’il avait vu partir, parce qu’elle avait appris d’elle-même comme toute information qu’elle glanait autour d’elle. Mais oui, elle le savait. Et ne pourrait jamais lui demander, qu’est-ce que cela faisait d’être encore là, quand tous les autres n’étaient plus ? Pourquoi était-il encore là, d’ailleurs ? C’était brutal comme question, comme pensée également. Seulement, ce n’était pas sans fondement. Il était l’exemple même de l’individu ancré dans son existence comme trop buté pour s’en sortir, essuyant tempêtes après tempêtes dont il ne resterait bientôt plus qu’un tas d’os quêtant la prochaine vague. Pourquoi était-elle encore là, elle ? Ludmilla baignait également dans la solitude, elle n’avait aucune attache. Pas de famille, pas d’amis, pas de liaison. On lui avait arraché l’affection familiale brutalement, l’abandonnant du jour au lendemain sans souvenirs, et sans parents. À peine sa tournée des vainqueurs effectuée. Depuis, il lui avait été impossible de se lier trop profondément avec quelqu’un. Parce qu’elle était fuie d’une manière divergente que le rejet dont o accablait Richard, mais pour elle, on lui tournait le dos parce que le Capitole avait trop de fois posé ses pattes sur elle. Elle était maudite, en quelque sorte. Maudite d’errer sur une terre qui ne la voulait pas. Avec des gens aussi morts qu’elle, et pourtant vivants.

Ils étaient encore là. Morts. Vivants. Décimés. Debout. Le sang palpitant encore dans les veines, l’âme éteinte. Des coquilles vides dont personne n’était parvenu à s’en débarrasser encore, comme des effigies pour se souvenir qu’il y a pire que soi. Qu’il y a eux. Eux qu’on esquive, qu’on n’a jamais adulé, qu’on voit faire du surplace en se demandant comme ils sont encore capable de le faire. La foire du six. Ceux qui fréquentent l’autre rejeté du onze. « Ta visite devait être visuellement plus plaisante que la mienne. » Sa remarque lui emporta un sourire, gentiment, doucement. Ce qu’il ne pouvait pas savoir, en revanche, c’était la vision de sa personne qu’elle avait apporté à Astaroth. À ce moment-là, elle portait encore quelques marques de la geôle, quelques traces des bourreaux. Des cheveux hirsutes, asymétriques, des doigts sans ongle, des muscles presque inexistants. Il avait eu droit à un cadavre requinqué en face de lui. Alors, qu’était le mieux, entre ça et le cadavre tatoué qui avait suivi. Aujourd’hui, elle allait mieux. Physiquement parlant. Une masse capillaire repousse, des bleus disparaissent, des cicatrices s’estompent. La douleur, toujours présente dans chaque parcelle de sa peau. Lorsqu’elle traverse une rue, lorsqu’elle est enfermée dans la pénombre seule chez elle, lorsqu’elle croise quelqu’un qu’elle affectionne, ou qu’elle déteste, quand elle engloutit un bol de céréales, quand elle essaie de retrouver sa place parmi les rebelles. Quand elle se tient face à son ancien mentor, là, maintenant. Comme le manque des personnes disparues, c’était une part d’elle devenue si présente qu’elle en était devenue sa banalité, son amie, son habitude. Il y a des gens qui vivent pour vivre, et d’autres non. Erreur bête de la nature.

Alors le sujet dérive sur Gemma, quelques minutes. Juste pour repousser l’inévitable, encore. Pour que Milla puisse se préparer mentalement aux questions auxquelles elle n’échapperait pas. Et parce que la dernière vainqueur de l’abominable tournoi de la faim, était des leurs. Malgré tout, malgré ce qu’ils puissent en penser, et les différents de leurs convictions respectives. Outre l’aspect mentor-tribut, la jeune femme ne connaissait pas la relation que Richard et l’adolescente entretenaient. Mais elle-même la connaissait aussi, même si elles ne s’étaient plus réellement côtoyées depuis l’enfance. « Mieux que nous je crois. » Gemma s’en sortirait, elle en était certaine. Parce que ses convictions ne pouvaient que la pousser à avancer, et lui donner l’appui du Capitole, et donc la protection. La sûreté. Elle avancerait, et bientôt les dépasserait, ses prédécesseurs qui à un moment ou un autre, avaient tout simplement laissé tomber. Ludmilla ne put rebondir sur cette réponse, se contentant d’acquiescer en silence dans un hochement de tête significatif. Elle savait, elle comprenait. Ils en avaient conscience, celle-là pourrait bien aller loin. Plus loin qu’eux en tout cas, et en ce qui concernait Milla, la distance à effectuer ne devait pas être bien grande.

Enfin, il y avait Richard. Celui qui, d’une manière qu’elle ne pourrait jamais exposer clairement, représentait bien plus pour elle que le fait d’avoir simplement épaulé sa mentor lors de la soixante-huitième édition des Jeux. Il était celui qui l’avait aidé à recouvrer la mémoire. Comme tant d’autres qui avaient eu la gentillesse et la patience de s’occuper de celle qu’ils dévisageraient comme la peste, la morte-vivante, la miraculée à éviter, pas moins d’une dizaine d’années plus tard. Mais pas n’importe quels souvenirs, les plus douloureux. L’arène, par exemple. Richard fut celui qui lui rendit l’odeur âcre du sang, l’aigreur de la peur, et la morsure de la violence. Quelque part, c’en était le plus important. C’était un acquis qu’elle ne pouvait ignorer, qu’elle devait avoir pleinement conscience. En avoir la maîtrise, de ce vécu. Pour montrer à qui voudrait bien l’entendre ou non, qu’une manipulation pour effacer la mémoire ne pouvait pas venir à bout d’elle alors qu’une arène n’y était pas parvenue juste avant. Ludmilla comptait sur l’homme tatoué, et il y a peu de personnes qui pouvaient en avoir le mérite. Parce que d’une certaine manière, il était fort. D’être encore debout. Il était l’exemple, qu’elle pouvait atteindre sa quarantième année, au moins. Pourquoi pas. « Bientôt je toucherai le fond. Pas tout à fait encore. » Ça ne l’étonnait même pas. Et elle n’avait qu’à pas poser la question ; au moins était-elle assurée qu’il ne prenait pas la peine de lui omettre la vérité. Mais c’était important de le savoir, même si elle s’en doutait déjà. C’était surtout important de l’entendre dire, peut-être pour se soutenir mutuellement dans l’implacable mutisme pour lequel ils excellaient. « Il n’y a rien après, il n’y a rien plus bas que le fond. De quoi te laisser le temps de remonter, si ça t’intéresse. » Elle ne savait pas pourquoi elle lui balançait cette remarque, d’autant plus sur un ton léger presque enjoué. Peut-être valait-il mieux le prendre sur le temps de la plaisanterie que s’apitoyer sur leur cas. Ludmilla estimait l’avoir touché, ce fond, pour être revenue d’entre les morts deux fois. Si elle n’avait jamais eu le sens de l’humour quelque peu développé, elle n’était pas dénudée de la dérision, encore moins envers elle-même. Est-ce que Richard se redresserait, après être tombé aussi bas ? Est-ce qu’il prendrait la peine de relever la tête, et de revenir ? Ou se dirait-il qu’il était temps, que c’en était la fin. La lassitude pouvait être la plus impitoyable des ennemis, parfois.

« T’es revenue quand ? »
Le sujet.

Milla ne répondit pas tout de suite, faisant une moue renfrognée en pinçant les lèvres. À cette première question, Dieu seul savait tout ce qui pouvait suivre. Ce que voudrait connaître Richard. Toutefois, ce n’était pas le premier interrogatoire auquel elle pouvait face depuis ledit retour, et il ne serait absolument pas le plus difficile. Alors un de plus, elle pouvait prendre le temps d’y faire face. Pour Richard. Pour elle. Il avait de la chance, d’un côté, les réactions instables suite à des questions difficiles, c’était Raven qui y avait eu droit. « Il y a quelques mois, un peu avant la fin des Jeux. » Elle admettait ainsi que ça faisait un sacré moment qu’elle était déjà là, et qu’elle n’avait pas même daigné prendre la peine de venir le voir plus tôt. « Je suis d’abord restée quelque temps au treize avant de .. revenir. » D’errer. De se morfondre. De laisser la paranoïa prendre possession d’elle. Jusqu’à ce qu’elle se rende compte que cette épreuve aussi dure avait-elle pu être, n’avait fait que renforcer la haine qu’elle vouait au Capitole. On pouvait bien tout lui prendre, les personnes qu’elle aimait, sa personnalité, ses souvenirs, sa peau, ses os, sa vie. Il y aura toujours ce penchant à la vengeance qui la fera avancer pas à pas, jusqu’à ce que le sang voulu s’écoule. Elle n’était pas capable de disparaître définitivement, elle en était sa propre preuve. « Je reviendrais. Toujours. » Peut-être qu’implicitement, Ludmilla était effrayée par la Mort. Qu’après l’avoir tant côtoyée, frôlée, qu’après avoir dansé dans ses bras, elle était devenue l’amie indésirable. La personne que l’on connait que trop bien, qui nous apeure parce qu’on l’accepte trop facilement. Pas parce qu’on la repousse. Elle avait besoin de dire qu'elle était encore là, qu'elle ne comptait pas se laisser happer. Pas encore. Dans un haussement d'épaule comme pour effacer le caractère peut-être trop froid du sujet, de sa situation, comme si tout n'était qu'un mauvais rêve, elle lui adressa un de ces sourires qui voulait en dire beaucoup. On ne pouvait pas se débarrasser d'elle. Une inspiration, un relâchement des épaules. Et ses prunelles se braquèrent dans le sombre regard de Richard. « Qu’est-ce que tu veux savoir ? » Il devait avoir des questions, comme n’importe qui. Peut-être qu’il ne les lui poserait pas, peut-être que si. Mais qu’il le sache, Milla était prête à tout entendre. Rien de pire ne pouvait advenir de la part du monstre de six.

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MessageSujet: Re: i picked up every piece ∫ RICHILLA   i picked up every piece ∫ RICHILLA Icon_minitimeDim 12 Mai - 15:34


Tu la scrutes. Son visage, son corps, ses yeux. Tu essaies de deviner ce qu’elle a vécu durant ces quelques mois où le monde la croyait morte. Est-ce qu’elle aussi elle se croyait morte ? Est-ce qu’elle en est venue au point où elle aurait souhaité mourir ? Vous êtes tous arrivés à ce point je crois, à un moment ou à un autre. Mais de là à appeler la mort de tous ses voeux ? Tu te demandes s’ils l’ont poussée à cela. Peut-être. Car après tout il n’y a en eux aucune pitié qui les fasse arrêter. Si un de leurs instruments se dérègle et commence à avoir des scrupules, à hésiter, à se questionner sur le bien-fondé et l’humanité de ses actes, ils le remplacent. Ils en ont les moyens. Ils ont des centaines d’âmes damnées pour exécuter leur bon vouloir. Des marionnettes ô combien meurtrières. Et tu la scrutes toujours, te demandant ce que les pantins ont pu inventer de nouveau pour déchirer sa peau et son esprit. Des douleurs inimaginables, sans aucun doute. Elle sourit pourtant. Parce que des fois il faut bien sourire, ne serait-ce que pour faire semblant. C’est comme ça que ça marche, c’est comme ça que ça dot marcher. Gemma sourit beaucoup elle, à toutes ces caméras qui zooment sur son visage rayonnant d’avoir gagné. Rayonnant d’être une meurtrière. Ce sourire des télévisions, ou ce pauvre sourire que t’adresse Ludmilla. Quelque forcé qu’il puisse être, tu le préfères encore mille fois au premier. La nouvelle gagnante n’est rien de plus qu’une poupée que la capitole coiffe, habille et maquille comme il en a envie. Ludmilla et toi, vous êtes les jouets cassés avec lesquels on a trop joué, qu’on a remisés au sous-sol dans une caisse lugubre, entassés sur les cadavres des autres poupées usées. Tu la regardes. Petite poupée brisée par des pantins maléfiques. Non. Pas brisée. Toi tu es brisé. Elle, ils l’ont écrasée. Sans pitié. Ecrasée avec la force d’un train en marche. Métaphore si judicieuse pour votre district. Et leur locomotive lui a roulé dessus encore et encore jusqu’à-ce qu’il ne reste plus d’elle que des miettes. Et plus elle vieillira, plus ce sera dur, et plus le vent essaiera d’éparpiller les miettes. Un ouragan à vrai dire, plus que du vent. Et tu te rends compte que tu n’as jamais vu la blonde en-dehors du cyclone. Qu’est-ce qu’elle était avant ? Qu’est-ce qu’elle avait, qui la rendait belle ? Tu ne sais pas. Et tu te dis que si cet ouragan prend fin, peut-être que tu ne la verras plus jamais comme elle est maintenant. Ce devrait être une pensée rassurante, parce qu’après tout, qu’est-ce qu’elle est maintenant ? Triste, et blessée, et condamnée, et à moitié morte. Mais elle est là. Elle ne le sera plus si la tempête se calme. Elle redeviendra forte et s’en ira. Tu voudrais voir ça. Mais si elle s’en va tu ne le verras pas. C’est ignoble, cet égoïsme de l’humain, non ? L’idée que quelqu’un aille mieux nous déçoit quelque part parce qu’on se complaît dans la souffrance partagée. L’idée que quelqu’un aille mourir nous réjouit quelque part parce que cela nous évite à nous de mourir, ou à quelqu’un qu’on aime. Je hais l’homme. Je le hais. Tu le hais. Mais tu es homme. Et peut-être, peut-être que tu te hais. Oui c’est possible. Et à vrai dire, ça ne m’étonnerait même pas. Sinon, tu n’aurais pas cette cicatrice courant le long de ta paume, qui commence à peine à guérir. Tout ça c’est que physique. Toi tu guéris pas vraiment. Parce qu’on peut pas se guérir de son humanité, à part à se faire shooter par le capitole pour devenir un pantin à son tour. Cependant même là, on ne peut pas se guérir de sa bestialité. C’est un problème sans solution, une boucle qui ne se boucle jamais, quelqu’un qui court en cercle. C’est un effet secondaire, ça vient avec l’humanité, sauf que personne t’a jamais fait lire la notice. Vous avez pas lu les termes et conditions avant de signer. Et des milliards de gens ont signé aussi, sans savoir qu’ils vendaient leur âme au diable. Pour quelques uns, ce bon vieux Lucifer réclame son dû en avance. Et c’est là que vous êtes.

Je crois que ça sert à rien de la dévisager comme ça, les réponses que tu cherches ne sont pas inscrites sur son front. Ou peut-être qu’elles sont inscrites sur son corps justement, dans les rides que forme son sourire au coin de la bouche, dans le brillant un peu éteint de ses yeux, dans le bordel de ses cheveux blonds pas très bien peignés. Mais les écritures sont un petit peu trop floues. T’es un bon lecteur mais pas à ce point. Je crois que t’as pas la compétence ‘‘langues étrangères trop bizarres que da fuck am i supposed to understand it’’. Alors tu fais comme si tout était normal. La douleur c’est naturel. Et même si tu ne peux pas comprendre - car après tout, qui peut savoir ou comprendre exactement ce qu’un autre ressent - tu peux essayer. Et tu dois être un de ceux qui n’est pas trop loin de comprendre. Peut-être que c’est pour ça qu’elle est allé voir Astaroth et qu’elle vient à présent te voir. A la recherche de gens qui savent ce que c’est que de se faire déchiqueter par l’arène. Avaler, mâcher, recracher. C’est ce que l’arène fait. Vous en ressortez gluants d’ignominies et de sang, et vous aurez beau vous laver des milliers de fois, vous frotter avec des brosses et du savon jusqu’à vous arracher toute la peau, vous n’arriverez pas à enlever cette sensation d’être encore trempés par la salive de cette créature. C’est à s’en frapper la tête contre un mur, à s’en tirer une balle. Sauf que ce serait stupide de le faire après avoir survécu à tout ça. Vous êtes des survivants. Pour le meilleur. Surtout pour le pire. Et pour la chute. Et pour la mort. Toujours elle. Cette bonne vieille Camarde qui danse si bien et vous a entraîné dans une valse que vous n’osez quitter, de peur que la musique ne s’arrête. Elle danse avec une telle grâce... Comme dans ces gravures du Moyen-Âge. Mais toi tu es un cavalier bien lourd et bien pataud, et tu as eu si peur de vexer la mort par ton absence de talent en danse que tu lui as composé une ode sur ton corps entier. Un poème dessinée, un hommage gravé à l’encre noire sous ta peau. Elle n’aura qu’à se contenter de cela jusqu’à-ce que l’orchestre cesse de jouer. T’es pas encore mort.

« Il n’y a rien après, il n’y a rien plus bas que le fond. De quoi te laisser le temps de remonter, si ça t’intéresse. » C’est marrant ce ton qu’elle emploie. Presque joyeux. Est-ce que ça veut dire qu’elle est remontée ? Ca veut dire qu’elle est remontée. Ou qu’elle l’estime tout du moins. C’est heureux ça, non ? C’est pas heureux ? Si, je crois quand même. J’en suis sûre. Il le faut. Ecoute Richard, écoute. Elle dit qu’elle est remontée. Ou qu’elle est en train. Elle a touché le fond, et elle s’est retournée, et elle a donné un coup de pied dans la vase pour remonter. Bientôt elle percera la surface des flots. La question se pose pour toi cependant. Tu n’es pas vraiment vieux mais tu n’as plus rien. Tu es deux fois plus âgé que ton ancienne tribut, et ta fille est partie, et ton fils est parti, et Katell est morte, et il n’y a peut-être plus d’espoir pour Nephtys, et Ludmilla est remontée, et Gemma s’en sortira sans toi. Pour donner un coup de pied dans le fond, il faut en avoir la volonté. Ce n’est peut-être pas très dur, mais si il manque juste ce brin de conviction, on ne remonte pas. Ton indifférence est le plus lourd des boulets. L’indifférence quant à ton sort et à celui de beaucoup de gens. Puis leur indifférence quand à ton propre sort aussi. Parce que voilà, tu n’as pas ta place ici, rien à faire dans ce monde. Plus de gens à aider. Tout le monde trouverait préférable que tu restes au fond et n’en sortes pas. Si tout le monde le pense, c’est peut-être vrai. « Si ça m’intéresse, effectivement. » De remonter s’entend.

Et puis tu lui poses la question. Au diable Gemma et au diable ton chemin vers les profondeurs. Elle est là. C’est elle qui compte, elle et son petit sourire brisé, forcé, mais peut-être un peu sincère.

« Il y a quelques mois, un peu avant la fin des Jeux. » Tu devrais t’offusquer intérieurement du fait qu’elle ne soit pas venue te voir plus tôt, mais cela t’importe peu. Elle a pris son temps et elle a eu raison. C’est elle qui décide. Non, ce qui te traverse la tête lorsqu’elle le dit, c’est une étrange interrogation. Tu te demandes soudainement si le banquet était déjà passé quand elle est revenue. La mort de la blonde du dix dont le cheval se trouve dans ton jardin. Tu te demandes si elle a vu les jeux. Temporalité, tu essaies juste de te repérer. C’est stupide cette question intérieure, n’est-ce pas ? C’est une obsession sur tes fantômes. Et tu te demandes aussi autre chose, sur un visage qui t’a traversé l’esprit. Mais tu ne le demandes pas encore. La question meurt sur le bout de ta langue avant de franchir tes lèvres à moitié tatouées. Tu laisses ton hôte continuer. « Je suis d’abord restée quelque temps au treize avant de .. revenir. » Ainsi ils l’ont soignée là-bas. Ils ont guéri ses blessures. Ils ont dû la sauver. La sortir de cet état de léthargie que tu connais si bien. Tu te demandes à quelle profondeur en elle-même elle s’était réfugiée quand ils l’ont récupérée, à quel point elle s’était repliée dans sa coquille. Comment ont-ils fait pour la faire sortir ? « Je reviendrais. Toujours. » Peut-être qu’elle est sortie toute seule. Elle n’est pas si faible que ça la gamine qui avait failli mourir dans l’arène. Tu lui souris. « Et moi je serai toujours là. On fait bien, le district six serait trop joyeux sans nous. » Les habitants ne pourraient pas se plaindre de leurs vainqueurs, ce serait vraiment dommage. Et la question de temporalité trotte dans ta tête, trotte, trotte comme un cheval de compétition. Il faut que tu la poses, il faut que tu saches. Tu ne souris plus trop. Tu te mords la lèvre. Tu veux lui demander. Il le faut. Tu as le droit de savoir. Mais tu la laisses encore parler.

« Qu’est-ce que tu veux savoir ? » Elle parle probablement des épreuves qu’elle a subies. Et tu veux savoir, ça aussi, tu veux l’entendre conter ses douleurs, tu veux l’exorciser de ses souvenirs par la parole, comme un psychanaliste compatissant et bien plus impliqué. « Tout. Je veux que tu me racontes tout. Même si ça fait mal. » Il y a comme un air d’habitude dans les thématiques de vos conversations. Comme un air de déjà-vu. Quand elle a perdu la mémoire, c’était l’inverse. C’est toi qui lui as raconté ce qu’elle avait vécu. Et tu ne lui avais raconté que les souvenirs douloureux. L’arène. Parce que même si n’importe qui aurait préféré laisser ça dans l’oubli, tu savais qu’il ne fallait pas. C’était trop important, cela la définissait. C’est la souffrance qui vous façonne, tu ne pouvais pas laisser ça de côté. Pour elle et pour les vingt-trois autres dont elle se devait d’honorer la mémoire. « Surtout si ça fait mal. » Tu seras toujours là pour lui montrer ses cicatrices dans un miroir. Parce que oui, c’est cruel. Mais si on ne prend pas conscience de ses blessures, on ne peut pas les guérir. Tu marques une pause. « Mais d’abord... » La question flotte dans ta tête, le visage se présente à toi, souriant puis triste, puis renfrogné. Ces cheveux, ces yeux que tu avais déjà vus chez une autre personne. Tu serres les poings, serres les dents, détournes la tête. « Ludmilla. Tu dis que t'es revenue avant la fin des jeux. Est-ce que tu l’as vue, Théti ? » Peut-être qu’elle l’a aperçue par la fenêtre, vue vaquer à ses occupations. Katell est peut-être morte mais ça c’est encore plus important, même si elle n’est probablement pas morte. « Est-ce que tu as vu ma fille ? Est-ce qu’elle était déjà... Partie ? » Merde. T’as envie de pleurer. Tu ne lui as jamais dit que tu l’aimais, tu ne lui as jamais prouvé, tu n’as jamais fait preuve pour elle que d’indifférence. Elle ressemblait tellement à Tara, elle ressemblait tellement à sa mère. Mais putain, c’était ta fille, et à cause de toi, elle s’est barrée, et tu la reverras jamais. Parce que t’as jamais essayé de remonter, ne serait-ce que pour elle. Tu t’es saigné à blanc en perdant le sang de ton sang. Hémorragie interne. Tu détournes le regard. Tu ne veux pas que Ludmilla voit les larmes qui menacent de couler le long de tes joues tatouées.


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