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 Démons et Damnés (Isra & Elyas)

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Reed Emerson
DISTRICT 11
Reed Emerson
△ correspondances : 1464
△ points : 11
△ multicomptes : Charlie la Pacificatrice, Juju le Rebelle & Gold la rêveuse (Ex Elyas)
△ à Panem depuis le : 09/01/2013
△ humeur : Se sent vide et abandonné, désespéré par la chute de Coin et l'échec de la rébellion.
△ âge du personnage : Vingt-six ans
△ occupation : Sniper dans l'armée du Treize


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MessageSujet: Démons et Damnés (Isra & Elyas)   Démons et Damnés (Isra & Elyas) Icon_minitimeJeu 28 Aoû - 0:22

Démons et Damnés (Isra & Elyas) Tumblr_n70zb8O1Sf1qf0sgto2_250  Démons et Damnés (Isra & Elyas) Tumblr_n70zb8O1Sf1qf0sgto4_250
Depuis le lancement des Hunger Games, les festivités au Capitole s’enchainaient à une vitesse folle et se ressemblaient toutes. Le programme de mes soirées ne variait jamais beaucoup et consistait presque exclusivement à sourire à des idiots en vantant les mérites de Virani et à distribuer d’innombrables poignées de main jusqu’à en choper des crampes.  En ce moment même, des gamins crevaient probablement de faim et de soif, ou succombait sous les coups d’un adversaire pendant qu’ici, on s’empiffrait en trinquant joyeusement à ces valeureux tributs qui versaient leur sang à la gloire de Panem, en levant leur verre à leur Victoire – ou parfois même, à leur mort. Et si ce spectacle macabre m’avait littéralement scandalisé les premières années, avec le temps, j’avais fini par m’y habituer jusqu’à y devenir parfaitement indifférent. En six années de mentorat, aucune de leur frasque ne m’avait été épargnée ; j’avais déjà tout vu, tout entendu, si bien qu’aujourd’hui, plus rien ne me surprenait, ni ne m’indignait. Après avoir été l’une de leurs victimes, j’étais subitement devenu complice de leurs crimes et je savais que rien ne pourrait jamais excuser ce que beaucoup considéraient déjà comme une odieuse trahison. Pas étonnant que Kath me déteste. Tout comme le District Neuf tout entier, en vérité.

Je suis extirpé de mes pensées par une femme à la perruque rouge flamboyante qui s’accroche à mon bras en titubant, un éclat de rire chaleureux dans la voix, et en reversant maladroitement le contenu de sa flûte de champagne sur ma chemise blanche en essayant vainement de recouvrer son équilibre vacillant. Quand un serveur passe à notre niveau, elle dépose sa flûte vide sur son plateau d’argent avant de s’emparer énergiquement d’un verre au contenu inconnu, mais dont la teinte bleue fluorescente m’incite à la prudence. Je lui retire doucement le cristal des doigts et me l’approprie. « Je crois que vous avez trop bu pour la soirée. » « Oh, Aedan Chesterfield ! », s’exclame-t-elle comme si nous étions amis depuis toujours, en me soufflant au visage les relents des litres –vraisemblablement – d’alcool qu’elle avait dû ingurgiter pour se retrouver dans un tel état, alors que la soirée n’avait débuté que depuis une petite heure à peine. « Votre sœur s’en sort bien, jusque là. Mais elle a du sang de Vainqueur dans les veines cette petite, pas vrai ? Je n’arrête pas de dire qu’elle est bien partie pour suivre vos traces, mais Euphémia ne cesse de répéter que son alliée du 7 lui plantera un couteau dans le dos dès qu’elle en aura l’occasion, haha ! Peut-être qu’elle a raison. Euphémia a toujours raison. » Je n’avais pas la moindre foutue idée de qui pouvait bien être cette fameuse Euphémia, et à dire vrai, je m’en foutais complètement. Je serre les dents et souffle intérieurement pour garder mon calme, avant de répondre d’un ton faussement enjoué. « Ne vous inquiétez pas, ma sœur frappera la première. Elle est si pleine de ressources. », en priant que je ne me trompe pas.

Cela faisait à présent six jours que ma sœur avait été envoyée dans cette Arène. Six jours que je retenais mon souffle en redoutant un coup de canon en particulier, six nuits que je ne dormais plus malgré les semonces d’Odessa qui me suppliait de me reposer un peu, mais j’étais bien trop angoissé pour ma sœur pour réussir à fermer l’œil. L’idée qu’elle puisse mourir seule tandis que je tapais un petit roupillon suffisait à me garder éveillé. Et quand je ne courrais pas après les sponsors, je restais scotché à mon poste de télévision, jusque tard dans la nuit. Alors soirée après soirée, armée de sa seule patience et de son indéfectible soutien, Odessa camouflait les cernes sous mes yeux qui semblaient s’accroître de minute en minute. L’illusion était totale ; après être passé entre ses doigts experts, j’avais toujours l’air d’être en pleine forme, comme après une bonne nuit de sommeil. Ce dont je lui étais infiniment reconnaissant, puisque personne de sensé ne voudrait confier son argent à un mentor qui ressemblait à s’y méprendre à un drogué en manque de sa came.

Six jours. Six longs jours, et ma sœur était toujours en lice, luttant pour sa survie avec l’énergie du désespoir. Je n’avais envisagé pour elle qu’une alliance avec le District Sept (en réalité, c’était Ethan qui était venu m’en faire part, et j’avais immédiatement adhéré à son idée), mais Virani m’avait littéralement pris de cours en s’alliant aussi aux Carrières, ce qui, au début, m’avait beaucoup contrarié, mais surtout, terriblement inquiété. Mais aujourd’hui, aux regards des évènements passés, je devais reconnaitre que j’étais plutôt rassuré, et même presque soulagé de la savoir ainsi protégée. Pour le moment, du moins. Parce qu’elle savait sûrement aussi bien que moi que cette charmante petite trêve ne pourrait pas durer éternellement, et que tôt ou tard, elle devrait tenter sa chance de son côté. Seule. Et j’espérais vivement qu’avant ce jour, elle aurait la présence d’esprit de se débarrasser des Carrières, quitte à les égorger dans leur sommeil s’il le fallait, pour éviter qu’ils ne la traquent sans répit et sans pitié par la suite.

Malgré son avis plutôt positif sur ma sœur, inutile de demander à cette femme si elle souhaitait sponsoriser Virani ou non, puisqu’il était évident qu’elle ne s’en souviendrait même pas le lendemain. C’est alors que le visage d’une femme à quelques mètres de là attire mon regard, et je ressens subitement le besoin de la rattraper avant que sa silhouette familière ne disparaisse dans cette foule d’inconnus. Je m’excuse rapidement auprès de ma compagne d’infortune en invoquant une raison quelconque pour l'abandonner sur place avant de me lancer à la poursuite de cette magnifique chevelure blonde. Je pose doucement ma main sur son épaule pour l’inciter à se retourner sans la surprendre pour autant, et pour la première fois de la soirée, un sourire sincère illumine mon visage quand ses yeux trouvent les miens. Kara Isralae Hermess. Je n’avais pas oublié son nom, pas plus que je n’avais oublié les traits de son visage. Pour être honnête, il fallait dire que la première fois que nous nous étions rencontrés,  je n’étais pas resté insensible à son charme. « Kara, ça me fait plaisir de vous croiser ce soir. » Je ne pensais pas la croiser à cette soirée ; en fait, je ne pensais pas la revoir un jour. Je l’avais rencontrée à une soirée banale, et même plutôt ennuyante, avant même que les Jeux ne débutent. Avant que ma soeur ne soit tirée au sort, heureuse élue qui avait gagné le droit de lutter pour sa vie, ou de mourir. Nous avions alors discuté autour d’un verre – plusieurs en réalité – jusque tard dans la nuit. Elle n’était pas seulement belle, elle avait aussi de la conversation ainsi que beaucoup d’esprit, contrairement à la majorité de ses concitoyennes Capitoliennes. Alors qu’un serveur passe à ma portée, j’attrape le premier verre qui se présente sur son plateau (rose bonbon celui-ci) avant de le tendre à Kara, tenant toujours celui que j’avais confisqué à la femme éméchée – ivre morte, oui – dans l’autre main. « Je vous offre un verre ? Façon de parler, tout était gratuit ce soir. Enfin, si vous avez le courage de goûter à ce liquide bizarre et oh, je me reprends un peu maladroitement, je ne vous dérange pas j’espère ? »  Peut-être était-elle déjà accompagnée ce soir ? Et pour une raison que j’ignorais encore, l’idée qu’elle ne soit pas venue seule n’était pas vraiment pour me plaire.
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MessageSujet: Re: Démons et Damnés (Isra & Elyas)   Démons et Damnés (Isra & Elyas) Icon_minitimeSam 13 Sep - 17:17


Démons et Damnés # Elyas & Isralae



Ma tache était simple. Et m'avait même plutôt plue. Séduire Aedan Chesterfield, le célèbre vainqueur du Neuf. Je me moque bien des vainqueurs. Si ça ne tenait qu'à moi, il n'y aurait aucun survivant des jeux. Tous succomberaient dans l'arène. Ce serait leur punition pour avoir ainsi osé défier le Capitole et son gouvernement qui nous livre paix et prospérité, et envers lequel nous ne devons rien d'autre que le respect. Et si, plus jeune, mon nom avait été tirée au sort, j'aurais été fière de mourir pour Panem, pour montrer l'exemple. Comme j'aurais été fière de tuer un par un tous les lâches qui m'entouraient. Mais je n'ai pas été désignée, choisie pour les Hunger Games. Alors j'ai choisi les pacificateurs. Le symbole du dévouement pour son pays. L'exemple, toujours.
Mais pour réussir la mission que l'on m'a assignée, je n'ai pas le choix, je vais devoir mettre toutes mes opinions de coté. Il ne faut pas que cette affaire s'ajoute aux très nombreux échecs que je collectionne déjà. Il ne faudra pas que cet Aedan Chesterfield s'accorde aux scénarios que je prévois à chaque fin de mission. La mort. Je devrais savoir me maitriser. Ne pas tuer Aedan Chesterfield.
Mais comment allai-je pouvoir y résister ? Je le suis pour une simple et bonne raison. S'agit-il d'un de ces foutus rebelles ? J'ignore les preuves que mes supérieurs hiérarchiques peuvent bien collectionner d'ores et déjà à son compte. Mais si une opération secrète est si solidement mise en place, c'est qu'ils doivent avoir du sacrément lourd sur lui. Et je sais que si je ravale au plus profond de moi mes pulsions négatives, je peux réussir cette mission sans grande difficulté. Le séduire sera un jeu d'enfant pour moi. J'ai survécu en séduisant les commerçants du Un, quand je devais me nourrir, que mes parents me rejetaient de la maison, et que je n'avais pas un sous. Repenser à mes parents me fait mal. Non pas à cause de ce qu'ils m'ont fait subir dans mon enfance, ils l'ont payé de leur vie, ma petite vengeance personnelle. Mais parce qu'ils me font penser à ma sœur. Azalea. Perdue au sein du district Treize. Je persiste à croire que si elle s'est enfuie là-bas, c'est parce que dès son plus jeune on l'a endoctrinée. Mais quand je la retrouverai, et la ramènerai à la maison, je leur ferai à tous payer le prix du sang pour m'avoir enlevé ma petite sœur. Et je serai sans pitié. Comme toujours. Et sur ce point, je me sens proche de cet Aedan Chesterfield. Ma sœur est au Treize. Sa sœur est dans une arène. Et j'ai beau bonnement me foutre de la vie ou la mort des tributs, je peux comprendre ce qu'il vie. Je n'ai qu'à penser à ça quand je me retrouve face à lui. Je ne suis jamais armée, par simple précaution. Mais même s'il s'agit d'un vainqueur aguerri, je ne doute pas une seule seconde que rien que par la force de la rage qui ne m'a jamais quittée, comme s'il s'agissait d'un second cœur, je pourrais le tuer uniquement avec mes deux mains. Mais je ne le ferai pas. Je me le suis interdite. Et j'imagine l'envergure qu'aurait pour moi la réussite de cette mission. Je monterai en grade. Je pourrais peut-être avoir une équipe sous mon aile pour traquer les rebelles jusqu'aux deniers. Et retrouver Azalea. C'est la plus belle de toutes les occasions qui s'est présentée à moi. Qui me tend les bras grands ouverts.
Je dois simplement séduire Aedan, ne pas le tuer. J'ai une couverture. Je suis une Capitolienne. La meilleure des citoyennes qui puisse être de ce pays. Mais j'ai gardé mon nom, en tachant tout de même d'oublier Isralae au profit de Kara. Je suis riche. Évidemment. Et je loge au Capitole, dans une petite maison d'après les autres Capitoliens, mais qui me parait être un palace. Je me suis toujours habitué à l'inconfort. Une petite pièce insalubre, chez moi quand j'étais petite, la seule que mes parents ont bien voulu me laisser, non sans beaucoup de désintérêt. Et depuis les centres d'entrainements des pacificateurs, qui nous offre un étroit espace personnel à chacun. Et je n'ai pas de maison. Je n'en ai jamais vraiment voulu. Je ne me veux pas prisonnière d'un endroit, mais plutôt libre. Libre comme le vent. Ca me correspond davantage. Quoi qu’il en soit, lorsque je ne poursuis pas le vainqueur, je passe le reste de mon temps à visiter la maison qui m'a été confiée. Il y a tant de chambres, alors que je n'ai jamais vu une famille Capitolienne avec plus de deux ou trois enfants. Je me surprends à me comporter telle une gamine. La gamine joyeuse, joueuse, curieuse, rieuse, que je n'ai  jamais pu être, et qui m'a rendue si dure avec moi-même et avec les autres. Qui m'a forgée à même le roc. Je trainasse dans chacune des pièces que je  découvre, vêtue d'un simple tee-shirt trop grand pour ma fine taille, sur mes jambes nues. Je suis une autre moi. La partie de moi douce, armée d'un cœur et non d'une arme. Mais quand je regagne ma chambre, je retrouve mon chef pacificateur, assis sur mon lit, et accompagné d'un homme qui me fixe en souriant naïvement. J'ai immédiatement envie d'écraser sa tête contre le mur sur lequel il s'appuie. Mais je le reconnais. C'est mon préparateur. Et cela signifie que je sors ce soir. Voir Aedan. Il m'amène dans la salle de bain, puis me fait asseoir. Et durant une heure, il me coiffe, me maquille pour embellir une beauté déjà naturelle. Finalement, alors que je commence à émettre des gestes agressifs témoignant de mon impatience grandissante, il m'aide à enfiler ma tenue -une robe rouge de princesse- et me place devant le miroir. Si Aedan Chesterfield résiste à ça, je ne comprendrais pas.
Puis je me retrouve parmi une foule de gens, plus excités les uns que les autres. Et je l'aperçois enfin. Je pense à nos sœurs respectives, tentant d'éprouver la moindre compassion pouvant adoucir la plus petite parcelle de mon esprit. Il tient dans ses bras une femme qui ne parait pas très nette. Et quand je le vois lever les yeux sur moi, je me retourne vivement. Il va mordre à l'hameçon. Nous nous sommes déjà rencontré, parlé, et il semble tellement sensible à mon charme que je ne peux m'empêcher de jouer un peu avec lui. Au chat et à la souris. C'est ma façon de profiter un peu. Le voilà déjà qui me rattrape. Et qui m'offre un verre. Je saisis la coupe en ne détachant pas une seule seconde mes yeux des siens, et en prenant bien soin de frôler sa main. Puis je me mets à rire aigue. Et mes yeux se porte vers sa chemise, tachetée de l'alcool que la femme ivre a renversé quelques secondes plus tôt.

«  Je suis toujours libre lorsqu'il s'agit de vous, Aedan Chesterfield. »

Je m'approche de son visage et ajoute en désignant ma coupe et sa chemise :

« Peut-être voudriez-vous que moi aussi je la renverse sur vous ? »

Puis je me recule d'un pas, et je lui adresse un sourire radieux et moqueur à la fois. Puis j'entends parmi le brouhaha incessant de la foule un slow. Je tourne sur moi-même, comme une gamine, car après tout je n'ai que vingt ans, et m'approche de la piste où déjà quelques couples dansent. Je fais des gestes lents et rythmés en direction d'Aedan pour l'attirer à moi, puis tourne à nouveau sur moi, en lâchant mon verre sur un plateau au passage. Ce n'est pas le moment de boire. Je l'appelle du regard. Si j'ai décidé que nous danseront, nous allons danser.

HRP.

© Great Thief
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△ humeur : Se sent vide et abandonné, désespéré par la chute de Coin et l'échec de la rébellion.
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MessageSujet: Re: Démons et Damnés (Isra & Elyas)   Démons et Damnés (Isra & Elyas) Icon_minitimeMer 24 Déc - 0:25

Hj : Sincèrement désolée pour le retard Démons et Damnés (Isra & Elyas) 2124793060 Démons et Damnés (Isra & Elyas) 4113221486

« Je suis toujours libre lorsqu’il s’agit de vous, Aedan Chesterfield. » me susurre-t-elle sensuellement, ce qui a le don de flatter mon égo. De toute évidence, la belle sait comment s’y prendre pour retenir mon attention même si, je dois bien l’avouer, j’étais déjà tout conquis à sa cause. Soyez indulgent, je suis un homme et je n’ai jamais pu résister à un beau visage, surtout quand la personne en question est également dotée d’une personnalité remarquable, comme c’est le cas pour Kara. Elle s’approche ensuite de moi jusqu’à faire frétiller tous mes sens, puis lève son verre avant de poursuivre sur un ton qui se voulait résolument provoquant… et qui n’était pas pour me déplaire, loin de là. « Peut-être voudriez-vous que moi aussi je la renverse sur vous ? » me demande-t-elle, faussement naïve, dans un sourire qui ne laisse aucune place au doute. Je souris, amusé par sa proposition. J’aime la répartie de cette jeune femme, et je décide d’entrer dans son jeu – ce petit jeu de séduction qu’il y avait entre nous et qui me plaisait beaucoup. Un jeu innocent, à condition toutefois qu’aucun des participants n’outrepasse les règles tacites qui en régissaient le fonctionnement. Alors qu’elle se trouve toujours très proche de moi, je lui souffle à l’oreille : « Si vous voulez Kara, mais après je serais sans doute obligé de l’enlever. »

Lorsque les premières notes d’un slow se font entendre, Kara recule de quelques pas avant de se diriger sur la piste dans un mouvement de danse qui ne me laisse pas indifférent. Plus jeune, mon père m’avait offert un livre très ancien qui narrait les aventures de marins irrésistiblement attirés par le chant de créatures mythiques que l’on appelait des sirènes. Je crois comprendre ce qu’ils ressentaient alors. Le pouvoir d’attraction que Kara exerce sur moi dépasse l’entendement ; je la connais à peine, nous nous étions croisés quelques fois en soirée, et pourtant, sans que je puisse me l’expliquer, il y a ce petit quelque chose chez elle qui me plait. Qui me plait énormément. Une voix dans ma tête me hurle de partir, de la laisser en plan avant d’aller trop loin et de franchir des limites interdites, mais je l’ignore purement et simplement et me laisse guider par son appel silencieux. Tout chez elle me faisait vibrer : la façon qu’elle avait de se mouvoir, cette démarche féline qui la caractérisait à merveille, de rejeter ses cheveux en arrière d’un geste souple et gracieux de la main, son sourire, ses grands yeux bleus qui m’envoûtaient d’un seul battement de cils, jusqu’à sa façon de rire, la tête légèrement basculée vers l’arrière. J’ignore pourquoi je ressens ce genre de choses en sa présence, alors que le souvenir obsédant de Kathleen est toujours bien présent dans mon cœur et dans mon esprit, sans parler du fait que je suis fiancé à Prudence. Du moins, aux dernières nouvelles. C’est vrai que je n’avais que très peu de temps à lui accorder depuis le début des Jeux, trop occupé à remuer ciel et terre pour obtenir des sponsors à ma sœur. Pour assurer la survie de la seule famille qu’il me restait aujourd’hui. Ma sœur… je ressens une bouffée de culpabilité en pensant à elle, sans doute affamée, assoiffée, apeurée, terrée quelque part dans un coin en priant pour qu’on l’épargne, tandis que je parade auprès d’une belle inconnue. Peut-être même était-elle déjà morte en cet instant. Je chasse rapidement ses pensées funestes, refusant catégoriquement d’envisager cette hypothèse.

Le corps de Kara qui se presse contre le mien me fait oublier mes préoccupations pour un instant, même infime, mais cela me fait un si grand bien que je me laisse aller contre elle pour profiter de ce moment en toute quiétude. Il sera toujours temps de m’en vouloir plus tard. « Alors Kara, je lance la conversation, vous savez probablement tout un tas de choses à mon sujet, et moi, je ne sais pratiquement rien de vous. Parlez-moi de vous. », je lui demande dans un sourire.
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