{ you have suffered enough }
and games that never amount to more
than they're meant will play themselves out
take this sinking boat and point it home, we've still got time

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Décontenancé. C'était sans doute le mot le plus approprié pour décrire mon sentiment vis-à-vis du Capitole, après y avoir passé ces quarante-huit dernières heures. Je ne vais pas te mentir, comme la plupart des gens j'avais déjà fait preuve d'un certaine curiosité concernant ce lieu que la plupart d'entre nous n'apercevaient que par brides depuis l'autre côté d'un écran de télévision, et jamais je n'aurais pensé en voir plus que cela. C'était l'une de ces choses que le fait d'avoir été assigné à la sécurité de notre nouvelle gagnante des jeux m'avait apporté ; Je n'irais pas jusqu'à te dire qu'il s'agissait d'un privilège, mais quand on faisait mon métier en tout cas cela ne pouvait faire que meilleur effet sur un dossier. C'était bien tout ce que cela m'apporterait d'ailleurs, car après y avoir passé ces deux derniers jours je pouvais sans plus aucun doute désormais que le Capitole n'était pas un endroit où je pourrais vivre, ni même me sentir un minimum à l'aise. Je ne savais pas si un jour elle me passerait, cette angoisse sans fondement de la foule, et surtout du bruit …. un tel bruit, un brouhaha permanent, à vous en donner le tournis, comme si le Capitole contrairement aux autres districts ne dormait jamais totalement. La fête à organisée dans la demeure présidentielle surtout m'avait laissé un souvenir assez douloureux, psychologiquement parlant je veux dire … C'était sans doute un peu trop pour mon esprit, le sifflement au fond de mon oreille en était devenu si insupportable à mesure que la soirée passait qu'à peine passée la porte de la chambre qui m'avait été attribuée pour la nuit j'étais tombé à genoux sur le sol, les mains sur les oreilles et rassemblant ce qui me restait de volonté à ne pas crier, ou même simplement laisser le moindre gémissement sortir de ma bouche. Parce que personne ne devait savoir. Si on savait je perdrais cette nouvelle assignation, je perdrais peut-être mon boulot tout simplement … Maintenant qu'Hilda n'était plus là pour plaider ma cause. M'être désolidarisé d'elle avait eu ses avantages et ses inconvénients.

J'avais donc très mal et très peu dormi la nuit précédente, d'un sommeil agité où toujours les mêmes images sans queue ni tête revenaient sans cesse, des images qui même après des mois et des mois restaient toujours un mystère pour moi … Un mystère qui m'intriguait autant qu'il me terrifiait, si j'étais parfaitement honnête avec toi. Voilà pourquoi ce soir-là, tandis que le train qui nous ramenait au district trois filait à toute allure, j'avais décidé que je ne fermerais pas l’œil. Trop risqué. Et parce qu'après une heure ou deux j'en avais eu assez de fixer le plafond depuis ma couchette je m'étais relevé, et replaçant mon arme à ma ceinture j'avais quitté le wagon dortoir pour rejoindre le wagon principal … Je ne pensais pas que quiconque m'en tienne rigueur si je me versais un verre de vin où si je piochais une banane ou une orange. J'étais donc là, un verre à la main, regardant défiler le paysage, ou plutôt le peu que j'en voyais dans le noir de la nuit. Pour la première fois depuis le début de la tournée j'avais la sensation d'avoir la tête vide, qu'aucun bourdonnement ni aucune voix ne venait troubler le silence que j'essayais s'installer dans ma boîte crânienne … C'était bon, c'était reposant, c'était rassurant. Et dans ce silence absolu le grincement de la porte du compartiment ne m'en avait paru que plus fort, aussi mes yeux s'étaient-ils posés automatiquement sur l'encablure de la porte, où j'avais vu la frêle silhouette de Prudence se dessiner. Elle ne semblait pas m'avoir vu, tant et si bien que lorsque le sol avait grincé sous mon pied elle avait sursauté « Pardon. Je ne voulais pas te faire peur. »  Me redressant pour me tenir entièrement droit, je lui avais adressé un sourire engageant, comme pour tenter de la mettre en confiance. Je pense malgré tout qu'elle avait rapidement compris que mon but à moi n'était pas de lui mener la vie dure, mais simplement de veiller à sa sécurité … Il était loin, le temps où elle n'était que la petite chapardeuse du district trois et où j'acceptais de fermer les yeux, en échange des quelques renseignements que ses oreilles qui traînaient réussissaient à me rapporter. Mais ce qui n'avait pas changé en revanche c'était ma volonté de ne pas lui attirer d'ennuis, tant que c'était possible. « Est-ce que ça va ? » avais-je d'ailleurs fini par lui demander, la réponse m'intéressant sincèrement. Pourtant je devais bien me douter que non, même si elle me répondait que tout allait merveilleusement bien ce ne serait sans doute pas le cas, et si elle voulait mentir je n'insisterais sans doute pas. Mais je lui offrais simplement une ouverture, une possibilité de dire ce qu'elle avait sur le cœur à quelqu'un, si elle en avait envie. Je crois que j'espérais naïvement qu'elle finisse par voir plus loin que l'uniforme … Au fond la plupart d'entre nous, pacificateurs, n'étaient pas des hommes sanguinaires et sans morale. Nous n'étions que des hommes et des femmes désireux de voir l'ordre et le calme revenir dans Panem, qui après tout était notre pays autant que celui des autres habitants.