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fermeture du forum le forum ferme ses portes après six ans d'existence. merci pour tout, on vous aime. |
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Aiden S. Bregstone △ correspondances : 1696 △ points : 2 △ multicomptes : - j. baÿs-galor △ à Panem depuis le : 09/10/2011 △ humeur : - découragé, désemparé et plein d'autres rimes tarées. △ âge du personnage : - vingt-quatre ans. △ occupation : - (ancien?) chef rebelle du district neuf, pilier d'infirmerie
| Sujet: nobody's home (avaden) Lun 3 Mar - 23:58 | |
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- don't let pain destroy your life, and pray that your misses find gentle forgiveness - Plus aucun sens, tout ça n'a plus aucun sens. Le monde tourne toujours et pourtant le temps semble être figé tout autours. Il faut se convaincre, se dire que tout ça n'est pas réel, que l'on va s'en rendre compte d'une minute a l'autre. En vain. Se réveiller, désorienté, éblouit par les premières traces de soleil qui perces au dessus des nuages bas, puis se rendormir, affaibli, brisé. Chaque secondes à la même odeurs, la même saveur, un goût acre, une sensation de brûlure au fond de la gorge comme si l'on avait avalé un tas de cendres, les cendres de quelqu'un que l'on a vu mourir sous ses yeux. Il se tenait a mes côtés quelques heures auparavant, et maintenant il s'est évaporé dans le néant, ne laissant que le souvenir douloureux d'un couteau glissant le long d'une jugulaire. Tout ça n'a plus aucun sens.
Entre rêve et réalité, a moitié conscient, toujours enfermé dans cette pièce sans lumière, toujours assoiffé de vengeance, je m'écroule aux pieds d'un arbre sans avoir dans quelle direction courir, vers quel destin me lier. Et ce sang sur mes mains qui ne veut pas partir. Je frotte, toujours plus fort, arrachant de mes ongles des bouts de peau, laissant des débris rougeâtre sous mes ongles. Du sang, partout, sur chaque parcelles de peau qui couvrent mes bras, du sang jusqu'au coudes. Je m'appuie sur l'arbre, vacillant, chancelant, pressant le pas sans même penser a couvrir mes arrières. Il ne viendra pas me chercher, plus maintenant. Il a eu ce qu'il voulait et m'a regarder partir sans broncher, sans même prévenir les autres que j'étais en train de m'enfuir. Il a eu ce qu'il voulait. Je m'arrête, trébuche sur un souche et rend le peu de ce qu'il reste dans mon estomac. A quoi ça rime tout ça, toute cette folie ? Je ne peux pas revenir d'où je viens sans entraîner avec moi une folie de questions et de problèmes. Tout ça c'est uniquement de ma faute. Je frappe mes tempes de mes paumes couverte de sang, je frappe encore et encore jusqu'à ce que ma mâchoire serrée lâche sous la pression. Mon poignet brisé se tord dans un angle douloureux, mes phalanges pendent au bout de mes mains, et pourtant je continu de frapper, jusqu'à ce que ça soit la fatigue qui m'emporte. Cette fatigue de s'être battu pour rien.
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C'est tout ce dont je me souviens de cette nuit là, tout le reste a été relégués au second plan par mon subconscient, parce que je n'ai pas envie de m'en souvenir. Je ne me rappel plus du chemin qui m'a reconduit au treize, ni même de mon état lorsque je suis arrivé là-bas. Je n'ai pas arrêté de dormir depuis que je suis arrivée, c'est la seule chose que j'arrive a faire sans y être contraint. On me contraint a manger, a prendre toute sorte de médicaments, a parler de ce qu'il s'est passé durant ces derniers jours. Mes paupières s'ouvrent et se referment a chaque questions. La lumière m'éblouit, les mots me font du mal. L'eau m'a débarrassé du sang sur mes bras mais pas sous mes ongles, je peux toujours le sentir. Je respire encore cette odeur acre de mort, d'oubli et de peur. De ma faute, tout est de ma faute. Je sens qu'on glisse des attaches a mes poignets, parce que je continu de me frapper les tempes jusqu'à en avoir la tête qui tourne, parce qu'il n'y a pas d'autres solutions a cette folie. Je n'accepte pas d'être en vie ici alors qu'il est mort là-bas. A chaque fois que mes paupières se ferment j’aperçois son visage, rajeuni, souriant, qui me fixe lourdement, empli de fierté et d'amour. C'est quand je suis éveillé que je revois son corps tendu, soutenant mon regard alors que la lame lui arrache son dernier souffle. Je hurle, sans raison aucune pendant de longues secondes, jusqu'à ce que les médecins placent une aiguille sous ma peau, me faisant basculer dans les limbes a nouveau. Pourquoi suis-je revenu ici ? J'aurai pu ne jamais revenir, m'abandonner a la racine d'un arbre et laisser le temps faire son travail. Il ne serai pas revenu pour moi, parce qu'il a eu ce qu'il voulait, mais j'aurai pu attendre que quelqu'un d'autre vienne me chercher sa place.
Ils ne veulent pas enlever les sangles qui entourent mes bras et moi je ne veux toujours pas répondre a leur questions qui n'ont aucun sens. « Comment est-il mort ? », « où tout ça a t-il pris place ? », « pourquoi ne pas avoir attendu que d'autres partent pour aller le chercher ? » Mes yeux s'ouvrent, contemplant le plafond au dessus de moi, puis se referment jusqu'à ce qu'ils décident de me laisser tranquille encore quelques temps. Je ne pourrai pas rester muet pendant le reste de mes jours, mais je n'ai rien a leur dire, rien a leur répondre. Il est mort parce que j'ai été stupide, parce que je n'ai pas attendu, et ils le savent très bien. Ils attendent de moi que je leur dise tout ce que je sais, tout ce qu'il c'est passé cette nuit-là, le problème c'est que tout ça est refoulé dans un endroit de mon cerveau, et que je ne veux pas que ça en sorte. Chaque jours pendant une semaine on m'a servi la même soupe, les mêmes médicaments, les mêmes mots sensés m’apaiser, me rendre plus calme, plus enclin a la communication. Mais je ne parle pas. Toute visite est interdite tant qu'ils n'ont pas de réponses a leur questions, mais je ne parle pas. Contrairement aux médecins, qui ne font que parler et parler encore juste a quelques mètres moi. « …. son père apparemment... » « …. sous ses yeux ?... » « … les instructeurs l'ont cherché partout. » Je ne veux pas avoir a y penser, a ceux qui on du me chercher pendant un temps, a ceux qui se sont fait le moindre soucis pour moi pendant que j'étais là-bas. Ça ne fait qu'accroître encore plus cette culpabilité qui bat en moi a chaque secondes. Je n'ai que ce que je mérite, voilà ce en quoi je crois, parce que tout ça c'est entièrement de ma faute, parce que tout les gens que j'ai un jour aimés sont morts ou bien on perdu toute confiance en moi a l'instant où j'ai franchis les limites du treize. La réalité est-elle que je ne quitterai jamais l'infirmerie, ils ne me laisseront jamais sortir parce que je refuserai toujours de répondra a des questions sur la mort de mon père. Je tire un peu plus sur mes sangles, serrant les poings jusqu'à ce que mes ongles encore incrustés de sang viennent entailler mes paumes. Il n'y a pas que lui est qui est mort cette nuit-là, tout ce que j'avais construits, tout mes rêves, tous mes espoirs, la personne même que je m'étais efforcé d'être, tout avais pris fin avec lui.
Je voudrais ne jamais avoir a quitter ce lit, enfermé par des sangles, réveillé par des hurlements et endormi par des aiguilles. C'est là qu'est ma place maintenant, c'est tout ce dont j'aurai le droit. Ils augmentent chaque jours le flot de questions, pensant que je finirai par déposer les armes, par leur donner ces réponses qu'ils attendent tant. J'essaye de faire le vide, de repousser au loin tous les souvenirs et les pensées associées au jour où j'ai perdu mon père, où il m'a été enlevé simplement a cause de cette stupide idée qu'à moi seul je pouvais faire changer les choses. On ne gagne pas contre des gens qui n'ont aucuns scrupules a retirer une vie, a faire couleur du sang, on ne peut que survivre en attendant qu'ils viennent frapper a notre porte. Tout ça n'a plus d'importance maintenant, parce que je ne sortirai jamais d'ici. La rébellion, ça n'était qu'un moyen de justifier mes actes, et tout ça me semble si loin maintenant. Je n'ai plus envie de me battre, plus envie de voir d'autres personnes mourir sous mes yeux seulement parce qu'une poignée d'hommes a décidé que la mort d'une minorité forgeait une victoire sur l'oppression. Je ne veux pas être un martyr, je ne veux plus être un soldat. Je veux dormir, et dormir encore jusqu'à ce que mes rêves se mêlent a ma réalité.
« On te fait sortir Aiden » Quelqu'un détache mes sangles, libérant mes poignets de leur attaches, me tirant d'un sommeil qui dure depuis de nombreuses heures. Je gémis, haletant, n'arrivant pas a saisir la portée de ces mots. Je ne veux pas sortir, il faut que je leur dise. Une complainte s'échappe d'entre mes lèvres tandis que je lutte pour rester sur mon lit. D'autres mains s'ajoutent aux premières et on m'arrache a mon cercueil de draps blancs. « Tu vas juste aller prendre l'air, sous la surveillance d'un garde. » On me pousse vers la porte, mes pieds nus raclent sur le sol. Je voudrais pouvoir hurler, ou au moins me défendre, mais tout mes gestes sont vains face a l'obstination des hommes en uniformes qui me fixe un bracelet autours du poignet, ce même poignet entouré de bandage dont j'avais entendu l'os se fendre. « Une petite heure, rien de plus ». Je lance un derniers regard vers le médecin alors que l'on m'engouffre de force dans un couloir. C'est trop tôt, bien trop tôt pour tout ça. Je ne suis pas prêt, pas maintenant. Le garde me désigne une direction et pose la paume de sa main dans mon dos. Je suis obligé de marcher sous le regard de plusieurs personnes, qui me dévisagent et murmurent entre eux des paroles que je n'arrive pas a saisir, que je n'ai pas envie de saisir. Arrivé a l'intersection l'homme s'arrête quelques instants pour glisser son arme en bandoulière, relâchant la pression de sa main sur mon corps. Il ne me faut pas plus de trois secondes avant de me mettre a courir. Je trébuche a l'angle d'un nouveau corridor, vestige de ces derniers jours passés sans bouger, et m'engouffre dans une pièce que je ne reconnais pas. Mes tempes me brûlent, je veux me rendormir, retourner a l'infirmerie et ne plus jamais avoir a sortir. Mon corps s'écroule sur lui-même dans un coin de la salle, dissimulé derrière une rambarde en bois. Je frappe mes tempes de mes paumes pendant plusieurs secondes avant de remarquer que je suis face a une porte ouverte, une porte d'où je distingue les silhouettes endormis des enfants du district treize. |
| | | Avalon R. Sweenage △ correspondances : 13212 △ points : 2 △ multicomptes : dely, ridley, dahlia △ à Panem depuis le : 23/04/2011 △ humeur : mélancolique △ âge du personnage : vingt-deux ans △ occupation : garde d'enfants
| Sujet: Re: nobody's home (avaden) Mar 18 Mar - 13:39 | |
| « Il est revenu. » Voilà la seule chose qu'on avait daigné me dire à son sujet. Billie était venue me voir un matin pour m'annoncer la nouvelle qui n'aurait pas dû sortir de l'hôpital du treize. Depuis des semaines maintenant, c'était le silence complet. On m'avait gentiment fait comprendre que cette histoire ne me regardait pas, qu'il était trop mal en point pour recevoir des visites et que le district avait besoin de ses citoyens, tous ses citoyens, pour reprendre la vie dans les souterrains. Il fallait mettre le passé derrière nous tout en honorant la mémoire des combattants. Il fallait obéir aux ordres alors qu'ils avaient tous raté une nouvelle fois une révolte contre le Capitole. C'était donc dans cet endroit que j'étais condamnée à passer ma vie ? Un lieu où la parole des dirigeants était celle à suivre sans sourciller, où nous n'étions même pas libre de marcher dans le couloir que nous souhaitiez. A qui pouvais-je me confier maintenant ? Billie n'avait pas le droit de m'en dire plus, et je ne pouvais compter sur personne d'autre. Rumer ? Elle n'en savait certainement pas plus que moi mais n'avait certainement pas oublié les horreurs qu'elle avait pu voir ces dernières semaines. Le lieutenant-colonel Abernathy ? Aucune idée et je ne tenais pas à le déranger alors qu'il avait perdu un proche dans cette révolte. Et puis, ses mots avaient été clairs. Moins je me mêlais des histoires du treize et mieux je me portais. Message reçu.
Une journée banale dans le district treize. Une de plus. Je m'étais levée à la même heure que tous les autres jours, je m'étais lavée à la même heure, j'avais mangé à la même heure puis j'étais partie travailler, à la même heure. Nos emplois du temps étaient tellement encadrés qu'il était presque impossible de parler à qui bon nous semblait sans que l'on nous fasse comprendre cinq minutes plus tard que ce comportement était inacceptable pour la communauté. Je me cantonnais alors à ce que l'on m'avait indiqué. Pas plus ni moins. « Avalon, je peux te demander un service ? » Mais voilà qui sentait le changement imprévu à plein nez. Malgré toute la bonne volonté que je pouvais y mettre, je me fichais si je déplaisais une nouvelle fois aux dirigeants. J'étais venue là pour la sécurité et la liberté, paradoxalement j'avais l'impression que la réalité était tout autre. Mais bref, je ne pouvais pas refuser à Lily de changer mon emploi du temps pour l'arranger alors que je n'avais rien de mieux à faire. « J'aimerais aller voir mon frère pendant la sieste des enfants, tu pourrais prendre ma garde ? » Elle m'en avait déjà parlé si je ne me trompais pas. Son frère était un soldat, comme les 3/4 des hommes dans ce district à vrai dire. Il était parti dans le quatre pendant la révolte mais avait dû revenir avant le combat final à cause d'une jambe sacrément amochée. Il aurait fallu être sans cœur pour ne pas accepter sa demande. « Bien sûr, j'irai juste manger rapidement dans un quart d'heure et tu pourras y aller après. » répondis-je avec la plus grande attention. J'étais aussi là pour ça, aider ma collègue et peut-être amie quand elle en avait besoin. « Prends tout ton temps. » Je souhaitais de tout cœur qu'elle puisse profiter de sa visite au maximum. Elle n'aurait sans doute pas l'occasion lorsque l'on découvrirait que nous n'avions pas respecté nos horaires. Et puis, j'aurais tout donné pour être à sa place et pouvoir ne serait-ce que regarder celui dont je commençais à oublier la voix et les traits du visage. Peut-être un jour me rendrait-elle la pareille. Même si j'espérais ne pas avoir besoin d'en venir à ce genre de subterfuge pour le voir.
Le temps de finir l'activité avec les enfants, il était déjà temps pour moi de partir pour le déjeuner qui ne dura que quelques minutes. Je n'avais toujours pas perdu cette vieille habitude, manger aussi vite que possible de peur que l'on m'enlève le plateau avant que la faim ne soit partie. C'était malheureusement ce à quoi l'on repérait rapidement les originaires de districts extérieurs dans le treize. Même des années après leur arrivée dans les souterrains. Par chance, cela couvrait aussi la véritable raison de mon empressement. Je tenais réellement à offrir le plus de temps à Lily pour sa visite à l’hôpital. Je rentrai vite à l'école et découvris les enfants prêts à déjeuner grâce à la distribution de plats directement à notre salle. Parfait. « Tu peux y aller Lily, je vais m'occuper d'eux. » Tant pis si je devais être seule pour plus d'une heure, ce n'était pas si terrible de faire déjeuner quelques enfants et de les surveiller pendant une sieste bien méritée. « Merci Ava, vraiment. » Elle me prit dans ses bras, comme si j'avais le plus beau des sacrifices pour elle. Je lui rendis son étreinte et lui souris avant qu'elle quitte la pièce. Me voilà maintenant seule dans une petite pièce entourée d'une dizaine d'enfants affamés. C'était parti pour une garde interminable.
Je commençais à somnoler quand un enfant se réveilla en sursaut. Rien de plus banal ces derniers temps malheureusement. Je ne comptais plus ceux qui avaient perdu un parent ou un proche à cause de cette guerre mal menée par le treize et ses alliés. Ces derniers étaient bien tranquilles dans leurs petits bureaux alors que nous devions panser les blessures qu'ils avaient causées. Et je ne pouvais pas faire grand chose à part les consoler et les aider à se rendormir dans l'espoir que leurs cauchemars ne reviennent pas les hanter. Mais il fallait être réaliste. Jamais ces images n'allaient les quitter. C'était le prix à payer en échange de la « liberté » au district treize. Une fois le garçon rendormi je pouvais enfin essayer à mon tour de faire fuir mes démons, sans grand succès. Mais encore une fois, la journée avait décidé de se passer autrement. J'entendis du bruit juste à côté de la salle. Lily était déjà revenue ? « Déjà de retour ? » murmurais-je en m'approchant de la porte restée ouverte pour éviter à certains d'avoir peur de l'enfermement. Je ne préférais pas savoir ce qu'ils avaient pu vivre dans leurs districts ou ce qu'ils avaient pu entendre sur le triste sort d'un ou plusieurs de leurs proches. Je ne voulais pas me savoir sujette aux larmes devant eux alors qu'ils avaient déjà trop à endurer pour leur jeune âge. Personne ne répondit. Personne n'était là. Pourtant j'avais bien entendu du bruit. Étrange. Je ne m'aventurai pas plus dans les couloirs ou les salles environnantes, c'était certainement un nouveau un peu perdu qui avait passé son chemin. Quelques secondes s'écoulèrent. Je sentais toujours cette présence autour mais ne voyais personne aux fenêtres. C'était donc Lily qui me jouait un tour, ça ne pouvait être que ça non ? Je m'approchai de la porte tout en murmurant « si c'est une blague c'est pas drôle Lily » pour ne pas réveiller les enfants qui semblaient avoir tous trouvé sommeil. Mais non, ce n'était pas une blague, ni Lily et c'était encore moins drôle. Il y avait quelqu'un là, dans la salle juste à côté. Une silhouette familière, c'était la seule chose que je pouvais distinguer d'où j'étais, mais pas plus. J'avais su dès le premier instant qui se trouvait là. J'avais presque fini par croire que tout cela n'était pas possible, que le treize avait menti au sujet de la survie de bon nombre des soldats censés être confinés à l'hôpital mais que personne n'avait vu. J'avais dû devenir bien folle pour m'imaginer que les dirigeants puissent cacher et inventer de telles choses. Mais vous savez, au district treize on perd vite la tête quand nos repères s'estompent. Je m'approchai rapidement vers le jeune homme sans réfléchir à ce que j'allais dire ou faire et extériorisai toutes les pensées qui me vinrent à demi-voix. « Qu'est-ce que tu fais là ? Ça fait des semaines qu'on a pas le droit de te voir, pourquoi ? Il se passe quoi ? » Des questions, toujours des questions. Voilà à quoi le district treize nous réduisait. Depuis que nous étions là, chaque seconde apportait une nouvelle interrogation. Mais aujourd'hui c'était au-dessus tout. Il fallut attendre la fin de mes paroles avant que je me rende compte qu'il n'était pas dans son état normal. On aurait dit qu'il se cachait dans son coin pour qu'on ne le retrouve pas. Mais alors, pourquoi s'était-il retrouvé comme par hasard devant cette salle ? Mon cœur préférait penser que c'était inconscient, qu'il savait qu'il me trouverait. Mais ma raison me disait autre chose. J'avais l'impression que le treize avait fait en sorte qu'il se trouve là, pile au moment où j'étais seule, où ils étaient sûrs que j'allais le trouver. Et ça voulait dire... Lily... Elle était dans le coup aussi c'est ça ? J'aurais tout envoyé baladé dans un accès d'énervement si les enfants n'étaient pas à deux pas et si le jeune homme n'était pas aussi... perturbé. J'en avais marre du Treize qui faisait comme bon lui semblait sans se soucier de ses habitants et réfugiés. Puis j'eus comme un flash, ma mémoire me rappelait à l'ordre. Tu avais déjà oublié la raison pour laquelle Aiden était parti et comment ça avait fini entre vous Ava ?
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| | | Aiden S. Bregstone △ correspondances : 1696 △ points : 2 △ multicomptes : - j. baÿs-galor △ à Panem depuis le : 09/10/2011 △ humeur : - découragé, désemparé et plein d'autres rimes tarées. △ âge du personnage : - vingt-quatre ans. △ occupation : - (ancien?) chef rebelle du district neuf, pilier d'infirmerie
| Sujet: Re: nobody's home (avaden) Lun 26 Mai - 22:02 | |
| Anéanti. Le couteau sur son cou, le sang qui coule en trombe contre sa peau. Toujours ces images, les mêmes images a chaque fois. Cet instant c'est accroché a ma mémoire, détruisant tout ces souvenirs de nous, heureux, apaisés. Je suis là, comme un con, un petit garçon qui hurle sur le trottoir, cherchant a oublier les détails d'une vie passée qui me semble si loin. Je n'y aurai jamais cru. Voir partir ma mère avait été une souffrance, une déchirure, mais je savais qu'elle était en vie, quelque part dans un autre district. Elle ne se doute de rien. Je voudrais qu'elle soit là, qu'elle me prenne dans ses bras en me répétant que tout irai bien, que bien qu'il soit parti cela ne veut pas dire que ma vie est terminée. Anéanti, par un monstre, un loup aux longues dents, aiguisées comme des couteaux. Je vois son sourire, a lui, carnassier, fier, se moquant de moi tandis que je prend la fuite. Le pire, dans tout ça, c'est qu'il a brisé toutes mes croyances, toutes mes ambitions. Je me suis assis en face de lui, buvant ses paroles, prêt a me laisser mourir tandis qu'il démontait un a un tous mes combats, toutes mes fiertés. Il n'a pas perdu parce que j'ai réussi a m'enfuir, non, il a gagné son combat en me faisant douter de moi-même. Je ne sais plus qui je suis. Les rebelles me donnent envie de vomir, le district treize des envies de bombes artificielles implantées dans les charnières. Tout part en vrille. J'évite tous les miroirs, parce que je me dégoûte. Cet air suffisant que j'affichais avant a laisser place a de la douleur, une peine aiguë qui ne trouvera jamais de fin. Ils ont bien faits, les médecins, de ne laisser personne m'approcher a l’hôpital, personne n'a envie de voir ce que je suis devenu et moi je n'ai pas envie de croiser leur regards et de me dire que j'ai déçue tout ceux qui croyaient un minimum en moi. Ils n'ont même pas laisser entre le lieutenant-colonel Abernathy, et c'est tant mieux, il m'aurait égorgé sur place pour avoir agit comme un idiot, encore une fois, une fois de trop.
Anéanti. Petit garçon au désespoir. Sans horizon.
Il a pris mon père. Il m'a regardé droit dans les yeux pendant que la lame de son couteau traçait une ligne parfaite sur le cou de mon géniteur fatigué, épuisé de vivre. Et moi je prenais la fuite. Hunter a raison, c'est lui qui a tout juste, je ne suis qu'un lâche. Trop fatigué pour parler, je me contente de cligner des yeux. Les médecins veulent des réponses a leur questions et tout ce que j'ai a leur offrir ce n'est que des battements de paupières qui ne veulent rien dire. Plus jamais je ne mettrais un pieds en dehors de mon lit, ils ne feront plus de moi un soldat, pas maintenant qu'ils me savent vaincu, détruit. Je ne peux plus tenir une arme et encore moins sortir des sous-terrains. Quelque fois, quand l'aiguille dont ils se servent pour me tenir tranquille ne traverse pas la peau, je me demande pourquoi Coin n'est pas encore venu me voir, pourquoi elle attends aussi longtemps avant de me donner mon châtiment. J'ai beau être a moitié fou la plupart du temps, je sais très bien que je ne m'en sortirai pas de cette façon, qu'il y aurait des retombés. Cette fois-ci personne ne sera là pour couvrir mes arrières, pour demander la clémence de l'assemblé. Non, je suis tout seul cette fois-ci, et si ce n'est pas la prison qui m'attends alors peut-être pencherons t-ils pour l'exile. M'envoyer loin, là où je ne pourrai plus prendre des décisions stupides qui engendreraient la mort de quelqu'un. Me livrer aux pacificateurs, une bonne fois pour toute, pour ne plus s'ennuyer a réparer mes erreurs. Ou bien me laisser là, dans le treize, a la vue de tous, humilié, consumer par mon propre reflet, marchant dans les couloirs sous les regards et les messes basses des autres, ceux qui font ce qu'on leur demande de faire.
Quitter le neuf avait été ma plus grande erreur. J'aurai du rester là-bas, muet, a me contenter d'une vie paisible où mon père serait toujours vivant, où personne ne se serait fait torturer a ma place. Il y avait une vie pour moi au neuf, reprendre la place de mon père dès qu'il aurait pris sa retraite, me marier, vivre une vie paisible, prier pour ne voir aucun de mes enfants partir pour les jeux. Au lieu de ça j'avais sauter a pieds joins dans une vie emplie de mensonges, de stratégies, de douleur et de cendres, parce que je pensais que c'était la meilleure chose a faire.
Je suis a peine éveillé, les médecins tirent sur mes sangles pour le faire glisser, libérant mes bras et mes jambes. Il faut que trois personnes me soutiennent pour que je me mette debout, mes jambes vacillent sous mon propre poids. J'ai passé tellement de temps allongé sur ce lit que je n'arrive plus a mettre un pieds devant l'autre. Ma tête tourne, mes yeux cherchent un point a fixer sur les murs blancs, un haut le cœur s'empare de ma gorge. C'est trop tôt, trop tôt pour sortir d'ici. Mes mains s’agrippent aux vestes des médecins pendant qu'ils me traînent dehors. Mes pieds glissent contre le sol. Je ne veux pas sortir, je ne suis pas prêt affronter le reste du monde, je ne veux pas apercevoir le regard des autres, méprisant ou bien remplie de pitié. Les dents serrées j'essaye de leur dire, de leur faire comprendre que je ne me sens pas bien, qu'il me faut une autre aiguille sous la peau, mais ils me font sortir quand même. Sans doute est-ce qu'ils avaient prévu depuis le début, ils veulent voir comment j'évolue dehors, savoir si je ne vais pas devenir complètement fou et me mettre a hurler au milieu du couloir. Je ne sais pas si le treize dispose d'un bâtiments pour rassembler tous ceux qui perdent la tête, comme des soldats revenant d'un combat où trop d'horreurs se sont produis, ou des mères, des sœurs, des femmes qui ont perdues un être cher et qui finissent par parler aux murs en se dandinant. J'y ai sans doute ma place, après tout, cela fait deux fois que le même morceau de plastique est accroché a mon poignet. Tout le monde sait que je perds la raison.
Un garde plus grand que moi d'une tête se tient derrière moi, marchant lentement dans les couloirs, pressant sa main contre mon dos lorsque je prend trop de temps. Je trébuche, plusieurs fois, contre des souches imaginaires. Je ne sais pas où je suis ni même où je vais. Comme dans la forêt lorsque j'ai quitté le district un juste après avoir vu mon père s'écrouler sur le sol. Des gouttes de sueurs s'échappent de mon front, roulent le long de mes joues et viennent s'écraser dans une pluie fine contre le tissu de mon maillot. Des arbres se dessinent dans mon champ de vision, l'air devient plus lourd et les couleurs s'assombrissent. La garde se racle la gorge et relâche la pression de sa main contre mon dos, redressant les épaules pour ajuster son arme de service au niveau de sa taille. Mes jambes obéissent a l'ordre de mon subconscient. Il faut courir, il faut sortir des bois sombres. Je tourne une première fois a gauche dans un autre corridor, les branches des arbres me fouettent le visage, entaillant mes bras et la peau de mon visage. Je glisse sur le sol, tombe lourdement et me relève presque aussitôt. Quand je pense avoir mis assez de distance entre moi et le pacificateur je me laisse tomber derrière un épais buisson. La respiration haletante, les membres endoloris, je ne réalise pas tout de suite là où je me trouve. Plissant les yeux dans l'obscurité je réalise que je ne suis pas dans la forêt mais bien dans un hall aux lumières tamisées. « Pas dans la forêt » Mes mots se perdent dans un murmure tandis que je tâtonne le murs autours de moi, me rendant compte que les arbres ont disparus, que tout ça n'était qu'une mauvaise illusion, un mauvais jeux de mon esprit.
Mon souffle se fait plus calme, j'ai arrêté de transpirer et mon rythme cardiaque c'est apaisé. J'ai besoin de retourner a l’infirmerie, je leur dirait que je me suis perdu en voulant aller trop vite et que je n'ai plus envie d'aller dehors, qu'il est trop tôt pour sortir. Mes mains emprisonnent mes tempes, pour calmer ce feu dans mon esprit. Je sais qu'il n'en faut pas plus pour me faire basculer, que si je continu comme ça je vais finir par me perdre totalement, incapable de redevenir celui que j'étais autrefois. Je tire sur mes doigts, me fait craquer les poignées, me mords l'intérieur de la joue pour devenir plus calme, pour ne pas laisser place a la folie. Il y eut un murmure, il aurait pu disparaître dans le silence mais je me trouvais assez prêt de sa provenance pour pouvoir l'entendre. Je n'arrivai pas a distinguer les mots mais il était évident que quelqu'un se trouvait non loin de moi. La peur revint soudainement, personne ne pouvais me voir dans cet état, je ne devais laisser personne m'approcher sous peine de leur faire du mal dans un accès d'anxiété ou de paranoïa. Je voulais partir, laisser cette personne croire que ce qu'elle avait bien pu entendre n'était que le fruit de son imagination, mais – à la place – je restais figé, incapable de me redresser. La silhouette qui c'était détachée de l'obscurité quelques secondes plus tôt s'approcha de moi lentement, lorsque son visage se détacha je cru mourir encore et encore.
Elle se tenait devant moi, le visage inquiet, la mâchoire serrée. Les rares moments de lucidités que j'avais eut a l'hôpital avaient toujours été tournés vers elle, et même si j'avais inconsciemment effacé beaucoup de détails de ma dernière soirée passée au treize je me souvenais la perfection du dernier moment où je l'avais vu, de ce moment où elle m'avait traité d'idiot et ou, moi, je n'avais pas entendu ses paroles, persuadé de faire le meilleur choix. « Qu'est-ce que tu fais là ? Ça fait des semaines qu'on a pas le droit de te voir, pourquoi ? Il se passe quoi ? » Mon regard, jusque là orienter sur le sol, se fixa dans le sien. Elle ne savait donc rien de ce qu'il c'était passé là-bas ? Personne n'avait prétendu correct de la mettre au courant ? J'eus un mouvement de recul, mon dos cogna contre le mur derrière. Je voulais lui répondre, lui dire tout ce qu'il c'était passé depuis mon départ, me réfugier dans ses bras et dormir encore jusqu'à retrouver toute ma raison. Au lieu de ça je grattais mes bras de mes ongles pour faire disparaître les traces de sang invisibles que je ne voyais que dans ma tête. Je voulais frapper mes tempes de mes mains, me faire sortir toutes ces illusions de l'esprit, mais je ne voulais pas qu'elle prenne encore plus peur devant moi. « J'ai pas fait exprès … » de me retrouver ici, de te forcer a me regarder ainsi, d'avoir tué mon père. Mes idées s'embrouillèrent et mes mots restèrent coincés dans le fond de ma gorge. Je laissais ma tête retomber, grattant de mes ongles les derniers résidus de sang collant contre mes bras. « C'est trop tôt, il faut que je retourne là-bas, il faut que je leur dise que je ne suis pas prêt » Je résonne comme un fou, et c'est ce qu'elle va finir par croire, que je suis fou, si je n'arrive pas a communiquer avec elle comme un être humain normal. Elle ne peut pas me voir comme ça, elle a bien trop souffert de tout ce que je lui ai dis la dernière fois que l'on s'est vu, je n'ai pas le droit de la tenir a l'écart comme je l'ai toujours fait. Elle a le droit de savoir qu'elle avait raison. « J'aurai jamais du partir là-bas, c'est toi qui avait raison. » Je fixe mon regard dans le sien, une poignée de secondes, laissant mes bras glisser contre mes flancs. « Tu avais raison depuis le début, et maintenant je n'ai plus aucun parents pour me dire a quel point je suis stupide » Mon torse se soulève de dégoût, je tire sur mes doigts, sur mes poignets. La tête penchée j'aperçois des corps endormis, sans doute les enfants qu'elle es censée garder. « Ils ont de la chance, faut qu'ils en profite ». D'un revers de main j'essuie les dernières gouttes de sueurs qui perlent sur mon front. C'est étrange, de me dire que je me sens plus calme quand elle se tient devant moi alors que quelques temps plutôt je lui laissai comprendre que tout était fini entre nous. « Il est mort. Hunter a gagné, il a touché aux deux seuls personnes qui comptaient dans ma vie. Il a raison, c'est moi qui suis pathétique. » Les mots du pacificateurs résonnent encore dans mon esprit, et pourtant que je rends compte que c'est la première fois que je réponds a des questions sur la mort de mon père, et c'est a Avalon que j'avoue tout. - Spoiler:
c'est très long et tout pourri, désolée pour le retard, j'espère qu'on reste amies. Et en plus ça rime
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| | | Avalon R. Sweenage △ correspondances : 13212 △ points : 2 △ multicomptes : dely, ridley, dahlia △ à Panem depuis le : 23/04/2011 △ humeur : mélancolique △ âge du personnage : vingt-deux ans △ occupation : garde d'enfants
| Sujet: Re: nobody's home (avaden) Sam 7 Fév - 16:56 | |
| J'étais là, perdue, prostrée. Plus aucun mouvement. Plus aucune expression. Et pourtant, les pensées se bousculaient en moi. Je ne comprenais plus rien. Qu'est-ce qu'il faisait là ? Qu'est-ce qu'il lui était arrivé ? Pourquoi avait-il été écarté des autres habitants ? Comment était-il arrivé là aujourd'hui ? Trop de questions. Trop peu de réponses. J'étais fatiguée. Fatiguée d'être seule, mise à l'écart. Je n'étais pas importante pour le Treize, j'avais compris depuis bien longtemps. Mais était-ce une raison pour me cacher tout ce qui concernait mes proches ? Certainement pas. J'aurais voulu m'adapter à ces souterrains, j'avais d'ailleurs plusieurs fois pensé avoir réussi mais à chaque fois il fallait que j'apprenne quelque chose de nouveau qui remettait toute cette confiance en question. Ne pas avoir de nouvelles d'Aiden tout en sachant qu'il était revenu m'avait mis hors de moi tout en m'inquiétant au plus haut point. On nous abandonnait avec tous les scénarios possibles. Il aurait pu être à l'agonie, avoir été reconditionné par des pacificateurs ou je ne savais quoi d'autre. Il était facile de deviner que tous les scénarios s'étaient entremêlés avec ma paranoïa. Comment aurait-il pu en être autrement ? C'était inévitable lorsqu'on était dans le flou depuis bien trop longtemps. Heureusement que je le savais encore là, tout comme mes sœurs, ou j'aurais moi aussi tenté de sortir du Treize. Être dehors, hors-la-loi, comme Julian et sûrement bien d'autres n'était certainement pas pire.
Il était là, en face de moi, complètement perturbé. Si je n'avais pas connu le jeune homme, j'aurais pu croire que c'était un malade qui s'était enfui d'un hôpital. Mais ce n'était pas possible, ce n'était pas lui. Même s'il était téméraire et que je n'acceptais pas toujours ses décisions, chaque chose qu'il faisait avait ses raisons. Je refusais de croire qu'il ait pu changer à ce point en si peu de temps. Pourtant, je me demandais si c'était la même personne que j'avais en face de moi. Il avait le regard perdu, fuyant. Des gestes saccadés, inexplicables. S'était-il alors échappé de l'hôpital du Treize ? Probablement. Mais je refusais de croire qu'il était devenu comme Kathleen, d'autres tributs « sauvés » ou soldats torturés. Mon dieu, et si c'était ça. Et s'il avait été torturé jusqu'à devenir... perturbé ? « J'ai pas fait exprès … » Comment ça ? De quoi parlait-il ? C'était à se demander si lui-même savait tellement cela venait de nulle part. Il avait le regard fuyant, il baissait la tête comme un enfant qui avait fait une bêtise. Ça s'était si mal passé ? … Où était son père ? Merde, je venais juste de tilter. Il était de retour, mais je n'avais eu de nouvelles concernant son père. Ce qui voulait dire... « C'est trop tôt, il faut que je retourne là-bas, il faut que je leur dise que je ne suis pas prêt » De qui parlait-il ? J'en avais marre de toutes ces questions. A chaque parole, des dizaines s'imposaient à moi. Une belle façon de résumer la vie dans le Treize. On voulait bien de vous quand il s'agissait de faire fonctionner leur armée, mais dès qu'il s'agissait d'avoir une vie digne de ce nom il n'y avait plus personne. Si seulement j'avais le courage de m'enfuir pour essayer d'avoir une meilleure vie à l'extérieur. Mais il n'y avait que les âmes solitaires pour agir de la sorte, ou bien les égoïstes qui ne pensaient pas aux proches inquiets. N'est-ce pas Julian ?
Je le laissais parler. Je ne savais pas pourquoi. Peut-être avais-je peur de sa réaction si je le coupais. Ou tout simplement parce que je n'avais aucune idée de ce que je pouvais dire. C'était sûrement la meilleure idée. Enfin, du moins c'était celle qui m'était venue dans cette situation assez délicate. Ou devrais-je dire, je n'avais pas su quoi dire, alors j'étais restée silencieuse. C'était bien la seule chose pour laquelle j'étais douée. Restée là, à ne rien faire si ce n'est regarder les autres souffrir, sans rien dire. Ou alors je me plaignais pour n'importe quelle raison histoire d'éviter les vraies problèmes. Voilà le triste résumé de ma vie, et tout le monde pouvait en attester. Nouvelle preuve : j'étais en train de penser à quel point j'avais pu être égoïste dans ma vie, au lieu de réfléchir à la situation présente bien plus grave. « J'aurai jamais dû partir là-bas, c'est toi qui avait raison. » Il me sortit de cet état d'esprit qui s'imposait à moi à chaque fois que je ne savais que dire. Me perdre dans mes pensées égoïstes n'étaient pas la solution. Je devais me reprendre, arrêter de ne penser qu'à ma petite personne alors qu'il était là, celui que je n'avais pas vu pendant des jours et encore plus, et qu'il avait besoin de quelqu'un pour le soutenir. « Dis pas ça... » Je voulais le rassurer, même si je n'avais aucune idée de ce qui s'était passé depuis tout ce temps. Mais il fixa son regard dans le mien et me déstabilisa par la même occasion. Je ne savais pas ce qu'il attendait de moi, si même il accepterait le moindre mot venant de moi. C'était si... étrange. Comme être devant un inconnu, gêné par une rencontre fortuite, alors que je le connaissais très bien. Peut-être pas assez pour comprendre la gravité de son état.
« Tu avais raison depuis le début, et maintenant je n'ai plus aucun parent pour me dire a quel point je suis stupide » … Est-ce que... ? Merde j'aurais dû y penser ! Son père aurait dû être là lui aussi, j'aurais dû le croiser, en entendre parler ou je sais pas... Moi qui pensais qu'on ne pouvait pas sombrer encore plus profondément... J'avais envie de détruire tout ce qui se trouvait autour de moi avant de tomber en larmes. Mais je ne fis que fermer mes yeux quelques secondes afin de ne pas déstabiliser Aiden encore plus. Quand est-ce que tout finirait ? Quand est-ce que le Treize protégerait véritablement les personnes comme il le prétendait ? Jamais je suppose. Et là seule chose que je pouvais faire était de rester ici à m'occuper de gamins et à essayer de mener une vie digne de ce nom. Comment quand tout se détruisait petit à petit ? Si seulement j'avais eu une solution, si j'avais su quoi lui dire au lieu de rester là à ne rien faire si ce n'est avoir pitié de ce qu'étaient devenues nos vies. Et au final c'est lui qui avait fait l'effort de reprendre la parole. Qu'est-ce que je pouvais être stupide quand je m'y mettais. « Ils ont de la chance, faut qu'ils en profite. » Pendant un court instant je me demandai ce qu'il voulait dire. «Ils » ? Puis je remarquai que son regard était porté vers la salle derrière moi. J'avais fini par l'oublier. Je n'étais pas si sûre quant au fait qu'ils étaient chanceux. Sûrement aujourd'hui parce qu'ils étaient trop jeunes. Mais ensuite ? La plupart deviendrait très certainement soldats, avec les idées du Treize en tête depuis des années. Ce n'était pas tant une chance à mon avis, plus un sursis. « Les choses changeront peut-être avant qu'ils s'en rendent compte » dis-je comme si nous étions dans une conversation de tous les jours. J'avais été étonnament optimiste cette fois-ci, alors que je n'y croyais pas un mot. Mais il fallait bien garder un peu d'espoir. A quoi bon continuer tout ça sinon?
C'était difficile de croire que quelques instants auparavant, je n'avais vu qu'un jeune homme égaré et, il fallait l'avouer, quelque peu perturbé, devant moi. A présent, il semblait si présent, si lucide. Je me sentis si mal à l'aise de ne servir à rien alors qu'il avait clairement besoin d'aide. « Il est mort. Hunter a gagné, il a touché aux deux seuls personnes qui comptaient dans ma vie. Il a raison, c'est moi qui suis pathétique. » Pendant une seconde je trouvai la situation ironique. On aurait dit que j'étais face à moi-même et que je devais endosser son rôle. Et ce n'était pas si simple. Il fallait choisir les mots justes, tout comme les expressions et les gestes. « Dis pas ça Aiden, c'est pas vrai. » Si lui était pathétique, alors qui ne l'était pas ? C'était plutôt ceux qui avaient refusé cette mission, ceux qui refusaient de combattre pour des raisons stupides oue je ne savais quoi d'autre. Il a juste eu la malchance de tomber sur un pacificateur plus que dérangé qui l'avait pris en grippe comme beaucoup d'autres sans aucun doute. Il vivait pour tuer et faire souffrir. J'en aurais presque eu pitié si je ne l'avais pas vu en personne. « T'as fait tout ce que tu pouvais, mais il est complètement fou il tuerait sa propre mère s'il y voyait un intérêt. » Honnêtement, c'était la vérité. Il était pire que fou et avait sûrement tué pour le plaisir quelques fois si ce n'était plus. Ce n'était pas un rebelle expérimenté, ou même une escouade du Treize qui aurait réussi à changer ses plans. Mais ce n'était pas vraiment la chose à dire en cet instant. « Il a fait ça pour te briser alors il faut que tu lui montres que ça a pas fonctionné, même si c'est pas vrai. » Wow c'était quoi ce discours tout pourri ? J'étais tellement douée pour remonter le moral des gens. Affligeant. Pas sûr que les mots étaient justes pour le coup. Alors j'essayai de me rattraper. « J'oublierai jamais ce qu'il a fait pour nous » dis-je sur un ton plus posé. Sans son père, je n'ose même pas imaginé ce que nous serions tous devenus. « Tu sais que je serai toujours là. » Je voyais bien que j'aurais dû commencer par ça. Depuis bien longtemps d'ailleurs plutôt que de rester silencieuse. Alors je m'approche lentement et finis par le prendre dans mes bras. « Je suis désolée » Désolée pour tout. - Spoiler:
Désolée parfois le choix des mots est minable, j'arrivais pas à bien me concentrer... Et il y a sûrement des fautes affreuses J'espère aussi que j'ai pas fait de bourde par rapport à la cohérence j'ai écrit en plusieurs fois alors j'espère ne pas trop me contredire... et énooooooooorme désolée pour le retard
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| | | Aiden S. Bregstone △ correspondances : 1696 △ points : 2 △ multicomptes : - j. baÿs-galor △ à Panem depuis le : 09/10/2011 △ humeur : - découragé, désemparé et plein d'autres rimes tarées. △ âge du personnage : - vingt-quatre ans. △ occupation : - (ancien?) chef rebelle du district neuf, pilier d'infirmerie
| Sujet: Re: nobody's home (avaden) Lun 9 Mar - 14:40 | |
| Si les idéaux, les principes et les espoirs fondent les hommes alors je n'en suis plus un. Et si je devenais comme eux hein ? Après tout je leur ressemble de plus en plus, j'ai la même gueule sombre, cassée, les mêmes idées tordues et cette envie de sang au fond de ma gorge. Et si j'avais changé ? Plus j'y repense et plus je me fais à l'idée. Je suis comme eux putain... C'est plus la peine de le nier, d'essayer de le dissimuler derrière cette espèce de folie malsaine qui m'a envahi ces derniers jours. Y'a plus rien ici pour moi, dans les sous-terrains du district treize, rien que de la poussière et des gens qui fondent leur espoirs sur du rien, du néant et de l'invisible. Je pensais pas pouvoir tomber aussi bas, a croire que je me suis senti supérieur pendant tout ce temps. C'est moi le pathétique, le rat qui cherche sans arrêt la porte de sortie, seul, apeuré, bouffant tout ce que je trouve, me nourrissant de cette pourriture que l'on me sert chaque jours, que l'on fout au fond de ma gorge en me disant que c'est bien pour moi, que je vais aller mieux après. C'est faux, j'irai jamais mieux, je suis condamné a rester comme ça toute ma minable vie. Ils ont fait exprès de me faire sortir, tout ça n'est rien qu'un test pour savoir si je peux rester dehors, si je peux supporter les regards inquiets et les paroles a voix basses. Ils seront sans doute déçus d'apprendre que j'ai fait foirer leur test, que ma démence absurde va m'emprisonner pour le reste de ma vie.
Ça fait plusieurs jours maintenant, peut-être des semaines ? Je ne sais pas, j'ai arrêté d'y penser parce que ça me fait trop de mal. Je revois son visage tout le temps, mais pas celui des beaux jours, celui qu'il avait quand j'étais gamin et que je fondais mes espoirs sur des rêves, il me regardait avec des yeux brillants et un sourire timide mais sincère, non, je revois son visage juste avant que le couteau ne trace un trait net sur sa gorge, ce visage las, fatigué qui me supplie de fuir le plus loin possible pour sauver ma peau. Qu'est-ce que ça fait de moi ? Un lâche, qui s'est enfuie alors que son père se vidait de son sang a quelques mètres de là. C'est ce que je suis maintenant, et je suis en train de l'accepter, de l'embrasser. Je devrais pas, mais ma vie d'avant me paraît si loin, intouchable, introuvable. Assis dans cette salle plongée dans l'obscurité je suis prêt a accepter tout ça, à me laisser tomber dans le néant pour ne plus jamais en ressortir. Me laisser porter par les autres, ne plus parler, ne plus penser, comme certains vainqueurs qui reviennent complètement fous et qui se muent dans le silence jusqu'à ce qu'ils meurent. Je suis prêt a me laisser avoir lorsque je l'aperçois, silhouette fine dans la nuit, qui avance vers moi sans avoir peur, qui me laisse une chance de m'en sortir. Alors je lui dis tout, tout ce qui se passe dans ma tête, quitte à lui faire peur, mais j'en ai besoin. Je n'ai pas vu son visage mais je sais que c'est elle, parce que le feu dans ma poitrine s'apaise et que mes idées deviennent plus claires. Peut-être que c'est elle, ma raison de ma battre. Je ne sais pas. Peut-être ne veut-elle même pas avoir a faire a moi après ce que je lui ai fait ? Y'a trop de questions qui se bousculent dans ma tête mais au moins j'y vois un peu plus clair, grâce a elle.
Je lui dis tout, même si elle n'y comprend rien, parce que je sais qu'elle fera des efforts pour essayer de comprendre. Elle va pas me laisser hein ? Pas elle non, elle vaut tellement mieux que moi, que tous les rats qui polluent les tuyaux. « Dis pas ça... » Elle n'est pas comme tout le monde, elle ne prend pas peur devant ma folie mais essaye même de me rassurer, de mon tenir éloigner de l'obscurité qui me menace. C'est la première fois que je le prononce, que je dis clairement a quelqu'un que mon père est mort. Il fallait que ça soit elle, ça n'était pas possible autrement. Elle m'avait dit de ne pas partir, et moi j'ai rien écouté et j'ai foncé en courant dans la gueule du loup. Étrangement ça me fait du bien, de dire enfin que j'ai perdu mon père, de l'avouer. J'aurai pensé que ça m'aurait détruit un peu plus, que le dire c'était le reconnaître, peut-être que ça m'aurait fait ça si j'en avais parlé avec quelqu'un d'autre. Elle a beau ne plus éprouver d'amour pour moi je sais qu'elle sera là quand même, j'ai confiance en elle. Je regarde les enfants par la porte entrouverte, ça aurait pu me faire du mal mais en réalité ça m'inspire du calme, moi aussi j'aurai bien voulu faire la sieste et ne pas avoir à penser a quoi que se soit. « Les choses changeront peut-être avant qu'ils s'en rendent compte » Faudra être là avant qu'ils ne perdent espoir, avant qu'ils ne fondent leur idéaux sur des choses impossibles a atteindre. « Espérons qu'elles changent pour le mieux lorsqu'ils seront en âge de comprendre » Je me surprend moi-même à parler normalement, sans oscillation morbide dans la voix. Je savais qu'elle m’apaisait, je n'avais pas conscience a quel point sa présence m'était favorable. C'est quand tout s'écroule qu'on se rend compte que ce qu'on a perdu à beaucoup de valeurs.
J'ai l'impression de tirer sur mes chaînes, d'essayer de me libérer de toutes mes idées sombres qui m'ont enlacés si fort. Je veux tout lui dire, je veux entendre sa voix me dire que je suis qu'un minable, que c'est bien fait pour moi, que j'aurai du l'écouter plutôt que d'agir comme un con, parce que je pensais pouvoir réussir. C'est peut-être le seul moyen de me faire réagir, de me montrer qu'il faut que je me secoue pour me relever. « Dis pas ça Aiden, c'est pas vrai. » Si, c'est vrai. Je suis pathétique, j'ai pas réussi a sauver mon père, j'arrive pas me sauver moi-même, enfin si jamais il reste quelque chose à sauver. « T'as fait tout ce que tu pouvais, mais il est complètement fou il tuerait sa propre mère s'il y voyait un intérêt. » Pendant tout ce temps je lui en avait voulu de m'avoir dit des choses si fortes lorsque nous nous étions quittés. Elle m'avait fait du mal et j'avais cru que tous ses dires étaient bien le fond de sa pensée, qu'elle ne voulait plus jamais me revoir, que les sentiments qu'elle avait éprouvée pour moi un jour la dégouttaient maintenant. Peut-être avais-je eu tord. Et si elle m'aimait toujours ? Moi je l'aime toujours, je crois...non, je sais que je l'aime toujours sinon elle ne me ferait pas cet effet là. Ce calme qu'elle souffle sur moi m'apaise, j'aimerai pouvoir en faire de même pour elle mais je ne sais pas si j'ai le droit, alors je me retiens, je me laisse faire, comme un gamin. « Il a fait ça pour te briser alors il faut que tu lui montres que ça a pas fonctionné, même si c'est pas vrai. » Je sais qu'elle a raison, mais j'ai pas envie d'y croire pour le moment. Il me faut un temps pour faire mon deuil, pour me morfondre tranquillement quelques temps, je me suis assez battu, j'ai le droit a mon repos. Peut-être que j'accepterai, de m'y faire à l'idée, mais pas maintenant, j'ai besoin d'être un môme qui pense toujours à son père.
« J'oublierai jamais ce qu'il a fait pour nous » Avalon est si calme, si sûre de ce qu'elle dit. Je veux toucher son visage du bout de mes doigts, pour m'assurer qu'elle est bien là, que je suis pas en train de m'enfoncer dans les ténèbres, allongé sur mon lit à l'infirmerie. Je suis pas un train de rêve hein ? Pitié, faites que tout ça soit réel, qu'elle soit bien là. Ça me fait peur, je me cogne contre le mur derrière moi parce que je suis persuadé que c'est encore un rêve, un test des médecins pour savoir si je vais pouvoir m'en sortir ou pas. « Tu sais que je serai toujours là. » Et elle me prend dans ses bras, me serrant contre son corps tiède et je comprend que ça n'est pas un rêve, que c'est pas mon esprit que me joue des tours, que je suis bien là avec elle et que rien ne peux m'empêcher de me laisser aller. Je passe mes bras autours d'elle et plonge ma tête dans sa nuque. Faut pas que ça s'arrête, je veux reste là jusqu'à ce que le feu dans mon esprit se calme de lui-même. Si tu savais comme tu m’apaise Avalon. Je veux lui dire, mais je reste là, blotti contre elle et ça me fait du bien. « Je suis désolée ». Je sais, c'est pas ta faute tout ça, c'est que moi qu'il faut blâmer. Ça aussi je veux pouvoir lui dire. « Moi aussi je suis désolé..Désolé de t'avoir fait du mal en partant » Je ne veux pas savoir si elle m'aime encore, si elle me pardonne, je sais que ça viendra un jour, pour l'instant j'ai juste besoin qu'elle sache que c'est grâce a ce qu'elle vient de faire que je vais pouvoir remonter a la surface. « Il faut que je m'en sorte hein ? Il faut que je sois plus fort. Ça prendra peut-être du temps, peut-être que ça n'arrivera jamais...Mais faut que j'essaye ». Pour toi, il faut que j'essaye pour toi. A regrets, je me détache d'elle pour ne pas en faire trop, pour ne pas lui transmettre toutes mes idées sombres. « Merci d'être restée, d'avoir pris le temps pour moi … Je pense pas que se soit la chose la plus simple a faire pour toi en ce moment. ». Faut que tu comprennes que je t'aimerai toujours tu sais, faut pas que tu l'oublie. Je t'en pris Avalon, nous oublie pas. « Il faudrait que j'y retourne, mais j'aimerai vraiment rester là avec toi, si tu le veux bien. » Je décolle mon corps du mur et m'approche un peu d'elle, jusqu'à pouvoir capter son odeur, si proche que nos bras se touchent presque. « Je me sens mieux quand tu es là ». On pourra recommencer tu crois ? Quand j'irai mieux, on pourra tout reprendre ? Je serais mieux, je te promet, je serais vraiment celui que tu veux que je sois. Faut que tu m'aides. On va s'en sortir. |
| | | Avalon R. Sweenage △ correspondances : 13212 △ points : 2 △ multicomptes : dely, ridley, dahlia △ à Panem depuis le : 23/04/2011 △ humeur : mélancolique △ âge du personnage : vingt-deux ans △ occupation : garde d'enfants
| Sujet: Re: nobody's home (avaden) Mer 3 Juin - 19:09 | |
| Après une rencontre des plus étrange, on aurait dit que tout devenait comme avant. Mais ce n'était qu'une illusion, une illusion que je ne voulais pas quitter. C'était bien plus facile de porter nos regards sur ces gamins qui dormaient plutôt que penser à nos propres vies déprimantes. « Espérons qu'elles changent pour le mieux lorsqu'ils seront en âge de comprendre » Il ne nous restait que cela de toute façon. L'espoir que les choses changent. Le district treize avait montré qu'il n'était pas capable de provoquer ces changements, ou qu'il ne l'était pas encore. Mais nous ne savions pas ce que le temps nous réservait. Un rien pouvait tout faire basculer. C'était sans doute la seule et unique chose qui faisait tenir toutes ces personnes, enfermées dans l'enceinte du district treize ou par l'emprise des pacificateurs. Mais les années commençaient à compter et cela devenait de plus en plus difficile à supporter dans ces prisons. Il fallait que les choses changent vite ou les esprits laisseraient tout espoir s'anéantir.
Je continuai de parler, sans laisser le temps à Aiden de s'exprimer. Ce n'était pourtant pas de ma nature, j'avais toujours préféré rester en retrait, écouter. Mais aujourd'hui j'avais envie, besoin, de tout lui dire. Il fallait qu'il arrête de se remettre en question, de croire qu'il était coupable de tous les malheurs qui s’abattaient sur lui. Il n'y avait qu'un seul coupable, c'était le Capitole et la cruauté qu'il avait enseigné à ses soldats. Nous n'étions pas assez puissants pour les battre, et je doutais que le plus haut-gradé de l'armée du Treize aurait réussi à se sortir au mieux de la même situation. Il fallait que je lui dise tout ça tant que j'en avais le courage, mais surtout au moment dont il en avait le plus besoin. Je voyais bien qu'il n'était pas dans son état normal, qu'il devait être aidé autrement. Ce n'était pas en le cachant au fond d'une chambre d'hôpital que tout allait s'arranger pour lui. Même si le reste des souterrains n'étaient pas bien accueillants non plus, c'était toujours mieux que de rester seul ou avec des médecins chaque seconde de chaque journée. Alors je fis de mon mieux pour qu'il reprenne ses esprits et fis même un premier pas vers lui. Je le pris dans mes bras pour lui montrer qu'il n'était pas seul, qu'il ne l'avait jamais été, même si nous avions eu nos désaccords. « Moi aussi je suis désolé..Désolé de t'avoir fait du mal en partant » Si seulement il savait que la seule personne à qui j'en voulais pour tout ça, c'était moi. Malheureusement, je pensais toujours que cela avait été inévitable. Pas notre dispute, mais il avait eu besoin de partir d'ici pour tenter de sauver son père quand personne d'autre ne s'en souciait. J'avais essayé de l'en empêcher et lui avais rendu la tâche difficile, mais j'avais toujours su au fond de moi qu'il ne pouvait pas en être autrement. C'était par pur égoïsme que j'avais réagi de la sorte et je finissais même par me demander pourquoi il me pardonnait. J'avais dit des choses dures en lui reprochant de partir pour secourir son père, qui pourrait pardonner ça ? Il devait avoir l'esprit perdu pour ne pas me reprocher une seule seconde un comportement si puéril et égoïste. Je sentais que les jours suivants n'allaient pas être les plus faciles après cette rencontre fortuite... « T'as rien fait de mal Aiden, on sait tous les deux que tu devais le faire. » Ou il en aurait voulu à tout le monde pour le reste de ses jours. A moi, à ses supérieurs, aux Treize entier. Et ça aurait été plus que justifié. Nous n'avions pas le droit de lui dire ce qu'il devait faire en une telle situation. Par chance, il ne nous avait pas écouté. Ce n'était pas pour autant que j'étais heureuse de savoir ce qu'il avait vécu là-bas, au contraire. Mais au moins, il avait essayé. « Il faut que je m'en sorte hein ? Il faut que je sois plus fort. Ça prendra peut-être du temps, peut-être que ça n'arrivera jamais...Mais faut que j'essaye » J'entendais encore mon ancien moi penser 'A quoi bon puisque nous avions déjà presque tout perdu ?'. Mais aujourd'hui je ne voyais plus que le 'presque'. Oui nous avions perdu beaucoup, mais il y avait encore des choses pour lesquelles se battre. Je ne savais pas ce que nous allions devenir après ces moments difficiles, mais je ne comptais pas abandonner notre histoire pour si peu. Et s'il n'y avait plus d'avenir pour nous, il restait toujours le bonheur d'autres à défendre. Mes sœurs n'avaient pas survécu pour rien, Aiden non plus. Il y avait plus à faire que vivre dans les souterrains du Treize. « Bien sûr que tu vas t'en sortir, on sera tous là pour y veiller. » Cette fois-ci, je n'avais pas pour intention de le laisser tomber alors qu'il avait besoin d'aide. J'allais commencer par tout faire pour le sortir d'où il était. Rester enfermer n'était certainement pas une bonne idée. Quitter une prison pour en retrouver une autre, ils avaient perdu la tête ou... ? Ah, et j'allais oublier. Billie. Elle était forcément au courant du retour d'Aiden dans les souterrains et n'avait pas dit un seul mot... Depuis des jours ! Je n'avais plus qu'à espérer qu'elle n'ait été au courant de rien depuis le début.
Le jeune homme mit fin à notre étreinte qui me manqua déjà. « Merci d'être restée, d'avoir pris le temps pour moi … Je pense pas que se soit la chose la plus simple à faire pour toi en ce moment. » Je préférais mille fois être avec lui qu'avec les gamins que je gardais ! C'était bien plus reposant et naturel. Mais il avait peut-être raison en disant que ce n'était pas facile. J'avais toujours un peu peur de le regarder en face et de voir tous ces cauchemars défilés dans ses yeux. Peur de faire quelque chose qui pouvait le contrarier. « T'inquiète pas pour moi, je serai toujours là tant que tu en auras besoin. » Les amis étaient là pour ça non ? Amis, ou je ne savais quoi d'autre. Qui d'autre pourrait nous venir en aide sinon ? Nous devions être présents les uns pour les autres puisque le Treize ne ferait pas grand chose pour nous. Ou nous enfermerait dans un hôpital comme ils faisaient avec Aiden. « Il faudrait que j'y retourne, mais j'aimerai vraiment rester là avec toi, si tu le veux bien. » Il s'approchait de moi et je sentais déjà son regard presque suppliant se poser sur moi. Je n'osais même pas lui rendre ce regard. J'aurais voulu lui dire oui et partir d'ici avec lui, mais je doutais que cela soit possible. Je n'aimais pas ma vie dans le Treize, mais avais-je le droit de laisser seuls ces gamins ? Avalon qui préférait ses responsabilités à sa vie personnelle. Ironique non ? « Je me sens mieux quand tu es là. » Il rendait vraiment les choses plus compliquées. Bien sûr que j'aurais préféré qu'il reste là au lieu de retourner d'où il venait. Mais était-ce vraiment une bonne idée ? « Bien sûr, oui, mais... » Ce que j'allais dire n'allait certainement pas lui plaire. A vrai dire, ça ne m'aurait pas plu non plus... C'est pourquoi je pris ses mains dans les miennes tout en regardant son bracelet puis lui. « Et les autres ? Tes médecins ou les gens qui s'occupent de toi... Ils t'ont laissé sortir ? Je sais pas si c'est une bonne idée que tu restes là s'ils te cherchent... » Je craignais le pire… Qu'est-ce qu'il allait croire ? Que je l'abandonnais ? C'était pas ce que je voulais... Je voulais vraiment rester avec lui pour l'aider. Mais si c'était synonyme d'ennuis pour tout le monde, est-ce que ça valait vraiment le coup ? « J'aimerais bien, je t'assure, mais on devrait peut-être les retrouver avant ? » Honnêtement, il avait plus l'air d'un patient qui s'était enfui et non d'un patient qui avait un droit de visite pendant son rétablissement. « J'ai pas envie de t'attirer des ennuis... » Prendre le risque de nous créer des problèmes ? Je n'y tenais pas vraiment. Nous étions tous dans des situations délicates. A croire que je devenais le vrai bon petit soldat du Treize en voulant respecter leurs règles... Mais j'avais trop pensé à l'instant présent dans le passé pour savoir qu'il était souvent bien mieux d'agir pour faire en sorte que l'avenir se passe bien. J'avais envie de rester avec lui, mais j'avais aussi espoir de retrouver une vie un peu comme avant, où nous n'avions pas les gens du Treize sur le dos pour vérifier que les règles soient respectées. C'était peut-être maintenant qu'il fallait commencer ?
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| | | Aiden S. Bregstone △ correspondances : 1696 △ points : 2 △ multicomptes : - j. baÿs-galor △ à Panem depuis le : 09/10/2011 △ humeur : - découragé, désemparé et plein d'autres rimes tarées. △ âge du personnage : - vingt-quatre ans. △ occupation : - (ancien?) chef rebelle du district neuf, pilier d'infirmerie
| Sujet: Re: nobody's home (avaden) Mar 8 Sep - 11:18 | |
| La mort de l'enfance. Cet instant, entre deux temps de vie, où tout ce qu'on a vécu avant ne fait plus sens. Un entre deux. La vie et la mort qui se côtoient pendant quelques jours, quelques semaines, et qui finissent par trouver un accord sur lequel doit rester pour toujours. Je suis entre les deux. Mon enfance, brûlée, a mes pieds, et cet avenir incertain qui me tend une main timide. J'ai le choix. Le choix de tout faire pour remonter cette pente glissante, de me battre pour vider mon esprit du regard absent de mon père qui hante chacune de mes nuits. Ou le choix de la facilité, celui de laisser tomber et de me glisser dans une vie sans but, sans raisons d'être. Je regarde les enfants, endormis, et je me dis qu'il faudrait sans doute les réveiller, pour les prévenir que tout ça ne durera pas, que ce n'est qu'une illusion et que tout changera un jour. J'en ai envie, mais je ne peux pas. C'est peut être les cendres a l'intérieur de moi qui m'en empêche, peut-être est-ce juste moi qui n'ai pas envie de briser leur rêves. J'avais formé tellement d'espoir là-dessus, corps et âme, j'aurai tout donné pour le district treize. Comment font-ils, les gens qui perdent sans cesse des êtres proches, comment font-ils pour se relever toujours ? Je pense a Raven, à sa femme morte et à cette fille qu'il élève seule. Comment il a fait pour se remettre sur pieds ? S'est-il remit sur pieds ou n'est-ce qu'une illusion ça aussi ? Il semble si fort, pourtant il est brisé, comme moi, peut-être même plus. Je ferme les yeux, j'en oublis presque la présence d'Avalon a mes côtés. Elle est là, elle me parle, voit-elle au moins que je lutte pour ne pas crier, pour ne pas lui hurler toute cette haine qui me prend les tripes ? Avalon a perdu son père aussi, mais c'est différent, elle était plus jeune, elle ne l'a pas vu mourir. Je ne sais pas pourquoi je compare ma peine a celle des autres, peut-être que c'est pour m'aider, pour me persuader que je ne suis pas le seul, qu'ils peuvent me comprendre. Et pourtant j'ai l'impression que personne ne me voit, et ceux qui arrivent a me distinguer ne parviennent pas a comprendre que ça me bouffe à l'intérieur, les remords, les regrets, la colère. Je vais finir fou, une camisole autours du corps pour empêcher mes doigts de venir arracher la peau de mes bras.
Avalon, elle essaie de me faire tenir debout, de me dire que c'est pas de ma faute tout ça. Je voudrai la croire, lui dire que ses mots me font du bien, mais j'arrive a peine a la regarder dans les yeux. C'était moi l'orateur avant, elle m'écoutait et j'arrivai toujours a trouver les mots pour la rassurer. Les rôles se sont inversés, maintenant c'est elle qui parle et moi qui écoute. Elle a tellement mûrit, en si peu de temps. Je me rends compte que tout l'amour que j'ai pour elle n'est rien comparé à la fierté que j'éprouve de la voir si mature. J'en oublierai presque le goût des cendres dans ma bouche. Dans ses bras je ne ressens plus qu'un calme absurde. Absurde parce que toute ma vie est en train de prendre feu et que, pourtant, je ne ressens rien d'autre que de la légèreté, mon corps contre le sien. Je sais pas si c'est normal, mais je sais que ça fait du bien. Ça me détends, ça reconstruit peu à peu cette armure calcinée que je ne pensais pas pouvoir remettre un jour. Je lui ai dit de si terrible choses quand je suis parti, et même si je ne les pensaient pas il n'en reste pas moins qu'elle les a entendu. Je voulais pas lui faire du mal, je le jure, mais il fallait qu'elle comprenne. « T'as rien fait de mal Aiden, on sait tous les deux que tu devais le faire. » Oui, je le devais. Et regarde où ça m'a mené, j'ai vu mon père mourir et maintenant je n'arrive plus a me relever. Le district treize n'aurait envoyé personne, même si Raven m'avait promis le contraire, même si il m'avait dit d'attendre un peu qu'il puisse mettre un plan en place et convaincre Coin. Ça n'aurait pas fonctionné, ils n'auraient envoyé personne pour aller le chercher. « Il y a une différence entre vouloir et pouvoir. Mais oui, je devais le faire. » Son discours a changé depuis la dernière fois, elle qui ne voulait pas que je parte en premier lieu maintenant me dit que c'était ce que je devais faire. Je me sépare de son étreinte, perdu dans mes pensées. Et si ça ne revenait plus ? L'amour qu'elle me portait ? Je lui fais peur, je l'inquiète, je ne suis plus le même qu'elle a connu. Et si tout ça disparaissait ? Je ne sais pas si j'arriverai a me reconstruire sans elle. Mais elle est là, pour le moment, et je la remercie de me tenir compagnie pendant qu'un garde me cherche dans les couloirs.« T'inquiète pas pour moi, je serai toujours là tant que tu en auras besoin. » Un sourire timide s'accroche a mes lèvres, j'ai envie d'y croire, aux mots qu'elle me dit.
Il faut reprendre du début, apprendre de nouveau a se faire confiance, ne pas oublier d'être là l'un pour l'autre. J'ai peut-être tord. Peut-être que les morceaux de moi qui se sont brisés ne tombent que pour faire place a de nouveaux, plus beaux, plus vrais, des choses auxquels je pourrai m'accrocher pour me sortir de là. Je veux rester là, encore un peu, parce que je sens que ça me fait du bien, que libère mon esprit. Il n'y a qu'elle qui peut faire ça, je le sais, je n'en ai jamais douté. Les paroles des médecins qui dissertent sur mon état de santé en disant que je ne pourrai peut-être jamais me retrouver me paraissent si loin a cet instant, comme si j'avais rêvé pendant tout ce temps. Je me réveille, a ses côtés, comme avant. Je veux rester et pouvoir sentir encore le feu s'éteindre dans ma poitrine. « Bien sûr, oui, mais... » Et ça se brise, encore une fois. C'était trop beau, trop précieux pour être vrai. Je me perds mon sourire et mes ongles s'enfoncent de nouveau dans mes paumes. Les cendres dans la bouche, un goût de brûlé vif. Avalon pris mes mains, en douceur, mais même si je me laisse faire je n'arrive plus a la regarder. Je veux que ça s'arrête, j'abandonne, je prend la facilité. « Et les autres ? Tes médecins ou les gens qui s'occupent de toi... Ils t'ont laissé sortir ? Je sais pas si c'est une bonne idée que tu restes là s'ils te cherchent... » Non, ce n'est pas une bonne idée, mais c'est la seule chose qui me faisait me sentir un peu moi-même, et tout est cassé maintenant. J'ai envie de hurler, de lui dire de ne plus jamais m'approcher. Elle fait des promesses qu'elle ne tiendra jamais et moi je suis le seul a mourir a petits feux. Peut-être qu'elle était mieux, sans moi. Hunter a raison, encore. Tout le monde vit mieux quand ils me croient mort. Je laisse mes mains glisser d'entre les siennes pour venir les frotter contre mon pantalon, je voudrai que ça saigne, que ça me purge. « Ils m'ont laissé sortir, ça fait parti de la guérison. Ils veulent que je m'habitue a voir du monde, mais personne n'a envie de me voir n'est-ce pas ? » J'arrive plus a la regarder dans les yeux. Mon bracelet n'a jamais autant pris son sens que maintenant, je suis instable, je peux exploser a tout moment.
« J'aimerais bien, je t'assure, mais on devrait peut-être les retrouver avant ? » J'ai peur que ça ne soit qu'un mensonge. Avalon a peur de moi maintenant, parce que je ne suis plus le même qu'elle a connu, parce que mon corps a changé, mon esprit a changé. Je vais devoir enfiler ma camisole, rester là en me balançant d'avant en arrière jusqu'à ce qu'ils décident que mon était de n'arrangera pas qu'ils y mettent fin. Je pensais qu'Avalon réussirai, qu'elle serait celle qui me donnerait l'envie de faire face. En fait c'est elle qui me plongera pour de bon. « Y'a plus de « on » Avalon. Je vais les retrouver et continuer à me laisser bouffer de l'intérieur » Elle ne doit pas comprendre ce que je dis, mais c'est la seule chose que j'ai envie de lui dire. Tout le monde part un jour, tout le monde m'abandonne. « J'ai pas envie de t'attirer des ennuis... » Elle m'avait déjà dit ça, la première fois qu'elle entrait dans le district treize, quand nous nous sommes revus alors qu'elle me croyait mort. Elle avait toujours cette peur alors, celle de répandre sur moi des problèmes alors que la seule personne qui foutait le bordel dans ma vie c'était moi-même. « Je fais ça très bien tout seul de toute façon » Je me relevai, à la hâte, essuyant mes paumes contre le tissu de mon pull. Une dernière fois mon regard se porta sur les gamins, endormis, qui n'avaient aucune idées de ce qui venait de ce passer a quelques mètres. C'était la fin, de toutes ces conneries qui je me répétais, j'irai jamais mieux. Ça fini comme ça. « Merci d'avoir essayé » Je la regarde dans les yeux, une dernière fois, parce que j'ai bien l'intention de me laisser couler, de ne plus jamais refaire surface. Il n'a pas seulement pris la vie de mon père ce soir-là, il à tout arraché en moi et n'a laissé qu'un grand feu à la place. Je tourne la tête, pour quitter la pièce, mais il y a encore tellement de chose que je voudrais lui dire, tellement de mots qui se battent pour sortir. Égoïstement je veux qu'elle me rattrape, que sa main glisse dans la mienne et que tout les feux s'éteignent. |
| | | Avalon R. Sweenage △ correspondances : 13212 △ points : 2 △ multicomptes : dely, ridley, dahlia △ à Panem depuis le : 23/04/2011 △ humeur : mélancolique △ âge du personnage : vingt-deux ans △ occupation : garde d'enfants
| Sujet: Re: nobody's home (avaden) Lun 14 Déc - 19:14 | |
| Où en étions-nous ? Qu'en était-il d'Aiden et Avalon ? C'était une question que je m'étais posée maintes fois. Et je me la posais encore à cet instant. Je ne savais pas si je pouvais parler avec lui, le rassurer, comme si nous n'avions pas eu notre dispute la plus violente et lourde de conséquence. Je ne savais pas quoi lui dire pour lui alléger l'esprit et l'apaiser de ses souffrances. Je ne savais pas. Là était mon problème. J'avais beau essayer de faire la fière, de me montrer forte et mature. Je n'en restais pas moins une pauvre fille qui ne savait même pas ce qu'elle devait faire dans le district treize. Une fille qui ne servait à rien à part s'occuper de gamins dont elle ne comprendrait peut-être jamais la mentalité. Une fille qui n'était là que pour faire acte de présence alors qu'elle aurait préféré, de loin, rester seule à s'apitoyer sur son sort et se dire qu'il n'y avait aucun avenir digne de ce nom dans ce pays. Mais ça, je savais que je n'en avais pas le droit. S'il y avait une chose que j'avais apprise pendant ces moments où j'étais livrée à moi-même dans ce district, c'était bien que le pessimisme ne rendait les choses que plus difficiles. Le district treize était déjà bien assez morne pour en rajouter. Alors, comme à chaque fois, je me ressaisissais, chassais ces mauvaises pensées et ne pensais qu'à essayer de faire ce qui était bien.
Je tentais de faire de mon mieux pour qu'Aiden chasse cette culpabilité qui semblait le ronger depuis bien trop longtemps. Ce n'était très certainement pas assez, j'en avais conscience, mais je n'avais malheureusement pas les talents qu'ils avaient pu avoir, et qu'il avait encore j'en étais certaine, pour apaiser les âmes en proie aux démons. C'était quand même un début. « Il y a une différence entre vouloir et pouvoir. Mais oui, je devais le faire. » Il avait raison. Mais parfois on devait en effet faire des choses insensées, des choses totalement folles et pourtant cruciales. Nous avions appris à nos dépens que le district treize se fichait bien des tracas des « petites gens » tant que leurs plans restaient en ordre. Le jeune homme n'avait pas eu le choix, c'était le treize qui le lui avait imposé en n'agissant pas. Pourtant, il m'était de moins en moins aisé de blâmer ce district pour tous nos maux. Certes, il nous imposait de nombreuses choses, mais avait-il lui-même le choix ? Je préférais me dire que c'était pour le bien de la communauté qui vivait dans ces souterrains. Qui aurait pu croire que je finirais par penser comme cela ? Moi, faisant l'apologie du comportement du district treize. Quelle ironie. C'était si improbable que je me demandais si Aiden allait me reconnaître. Et s'il voudrait encore rester à mes côtés, alors que je finissais petit à petit à adopter la pensée du treize qu'il détestait tant, et qu'il détesterait tout au long de sa vie.
Il n'y avait donc rien de surprenant dans sa réaction. Pourquoi lui avais-je dit qu'il ne devrait pas rester avec moi mais retourner d'où il venait ? Pourquoi avais-je fait preuve de si peu de délicatesse ? Je devenais comme ces citoyens qui ne réfléchissaient pas d'eux-mêmes mais devenaient les bons petits soldats du Treize. A ce rythme-là, j'allais me retrouver dans l'armée dans la minute suivante. Effrayant. Oui, c'était effrayant de voir à quel point j'avais changé depuis son départ. J'aurais dû être prête à tout pour le soutenir et le maintenir éloigné de ceux qui avaient caché son retour dans les souterrains. Mais ma bonne conscience me faisait dire qu'on devait prendre soin de lui, et ce « on », ce n'était pas moi. Je sentais bien que cette réponse n'était celle espérée, qu'il allait me le reprocher longuement. Pourtant, c'était pour lui que je le faisais. Et si je devais être détestée, je l'assumerais. La seule chose qui comptait à présent était qu'il aille mieux. « Ils m'ont laissé sortir, ça fait parti de la guérison. Ils veulent que je m'habitue a voir du monde, mais personne n'a envie de me voir n'est-ce pas ? » Cette fois-ci, c'est moi qui ai l'impression de recevoir un poignard en plein cœur. Il pensait vraiment que je ne voulais pas le voir ? C'était l'image qu'il avait de moi ? J'essayais donc de le rassurer. Maladroitement très certainement puisque notre conversation ne s'arrangeait pas. « Bien sûr que si, Aiden. Je m'inquiète pour toi, c'est tout. On devrait juste les retrouver pour s'assurer que tout se passe bien, d'accord ? » Je doutais que les médecins l'aient laissé partir pour « voir du monde ». Il était perdu, c'était évident. Sinon, on serait me chercher pour le rencontrer dans d'autres circonstances, on m'aurait parlé de son état, et surtout on m'aurait dit quoi faire pour l'aider. « Y'a plus de « on » Avalon. Je vais les retrouver et continuer à me laisser bouffer de l'intérieur » Et un autre poignard en plein cœur. Pourquoi était-il venu me voir s'il pensait ça de moi, de nous ? J'essayais de l'aider du mieux que je pouvais compte tenu de la situation. Je lui dis donc que c'était dans son propre intérêt, que je n'agissais que pour lui venir en aide et arranger les choses, pour nous tous. Pourtant, j'aurais aimé lui en dire plus. Lui dire qu'il avait tort, lui dire que c'était son état qui était responsable de ces mots. Mais cela n'aurait servi à rien. Aiden était aussi buté que la famille Sweenage. C'était pour ça que je l'avais aimé. Que je l'aimais.
J'essayais et j'essayais. Mais cela ne suffisait pas. Peut-être que tout cela ne lui suffisait plus. « Je fais ça très bien tout seul de toute façon » Et voilà qu'il recommençait. Comment étais-je censée le croire quand il disait qu'on l'avait laissé sortir non accompagné s'il n'était plus capable de différencier ses amis de ses ennemis ? C'était si difficile de faire bonne figure alors que j'avais envie de le secouer, de lui dire de se reprendre, que ce n'était pas lui et que rien ne s'arrangerait s'il restait las, à se morfondre. Mais de toute évidence, ce n'était pas une bonne idée. « Merci d'avoir essayé. » Et il partait, comme si nous n'étions que de parfaits inconnus qui n'avaient rien à se dire. C'était donc ça qui restait de nous ? De l'incompréhension, du silence et... c'était tout ? Je sentis alors le désarroi monter en moi. Est-ce que j'avais vraiment essayé ? Est-ce que j'avais vraiment fait ce qu'il attendait de moi ? Est-ce que j'avais tout mon possible pour que tous nos, tous ses problèmes, s'arrangent ? Encore une fois, je ne savais pas. J'avais fait ce qui m'avait semblé être bon tout en essayant de toutes mes forces de ne pas oublier mes propres responsabilités. Alors, quand je le vis s'éloigner, je restai là, telle une parfaite idiote. Une idiote qui n'était même pas capable de choisir entre l'homme qu'elle aimait et les responsabilités qu'elle avait. Je voulais écouter mon cœur qui me criait de le rattraper et de faire mieux, faire plus, pour le rassurer et l'aider à tourner cette page sinistre. Mais ma raison me répétait que je ne pouvais pas. Ma raison, ou la voix du Treize. Depuis quand écoutais-je le Treize ? J'avais envie d'exploser, et peut-être parvenir à me dédoubler pour rattraper le jeune homme qui s'éloignait encore et encore. Parce qu'au fond de moi, je savais que je ne pouvais pas, que je n'avais pas le droit de laisser ces enfants sans surveillance. Au fond de moi, je savais que le choix n'était pas juste et ça, ça me mettait hors de moi. Figée et perdue dans mes larmes, je le regardai partir en sachant que ce serait la plus grosse erreur de ma vie, que plus rien ne serait jamais pareil et que tout était de ma faute. Lui avait toujours su trouver les mots. Pas moi.
Qui étions-nous l'un pour l'autre ? Une nouvelle fois, je n'en savais rien. J'avais envie de lui dire que tout reviendrait comme avant, que l'on pourrait mettre le passé, les blessures, les rancunes derrière nous. Mais était-ce possible ? Pouvions-nous vraiment aller de l'avant après aujourd'hui ? Difficile à dire. Enfin, si, je le savais. Mais je ne voulais pas l'avouer, de peur que ça devienne réel. Et cette réalité, je ne pouvais l'accepter.
FIN DU RP.
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