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Pauvre femme. Voir une jeune fille insulter et donner un coup de pied dans une motte de terre, ça fout les chocottes. Et j’ai rien trouvé de mieux que de lui cracher mon venin à la figure. Je le savais que cacher des trucs à Jaqen, ça pouvait que me mettre en rogne. Et là, j’explose. Je repars chez moi et prend ma grosse doudoune à carreaux aux couleurs d’automne. Ma mère est en train de préparer le dîner. Les dernières semaines ont été difficiles, et l’odeur qui flotte dans notre maison humide le confirme. J’embrasse maman sur la joue et jette un coup d’œil dans la grosse marmite usée. Un liquide épais et brun y bouillit. En voyant ma tête, elle pousse un long soupir.
« Arthur ne mangera pas ce soir. »
« Pourquoi tu dis ça ? »
« Tu n’as pas l’air convaincue du dîner, tu sais comment est ton frère. »
Du haut de ses 15 ans, Arthur mène un conflit quotidien avec la nourriture. Et c’est d’autant plus chiant d’être difficile dans le District 12. Une fois, il est resté une semaine sans manger, et se remplissait l’estomac avec de l’eau. Très appétissant. Mais il est solide, comme Jake.
« Il a déjà fait beaucoup d’efforts. Oh, Sydney, on ne peut plus continuer comme ça. »
Je prend ma mère dans mes bras et la serre doucement. Elle n’a pas le droit d’être triste comme ça. Elle se donne déjà assez de mal pour nous garder en vie. Mais le temps n’était pas avec nous, avec le froid, la pluie, la nourriture était beaucoup moins abondante. Je lui chuchote doucement.
« T’inquiète pas, je prendrais sur mon temps pour chasser un peu plus, je demanderai à Jaqen si il veut bien m’accompagner. »
Je recule et lui ramène une mèche brune qui pend devant ses yeux bleu gris.
« Sois prudente quand même. »
Un sourire malin s’esquisse sur mon visage. Elle finit aussi par sourire et retourne à sa soupe. Je meurs d’envie de prendre un bout de pain pour calmer mon estomac qui me faisait déjà la guerre. Je finis par renoncer et récupère mon couteau de chasse et mon arc.
Une fois dehors, je laisse ma vieille doudoune ouverte. J’aurais dû la laisser à la maison. Il ne faisait pas si froid aujourd’hui, et d’habitude Jaqen et moi faisons un feu et nous serrons l’un contre l’autre pour nous tenir chaud. Je regrette aussi de ne pas avoir prit ce bout de pain, je crève la dalle. Une fois près de la clôture électrique, je m’assois par terre et m’appuie contre le tronc d’un arbre en jouant avec mon couteau.
Et je commence à réfléchir. Est ce que je dois vraiment lui parler de Noa ? De mes sentiments ? De Gaëlle ? Mais aussi ... de notre baiser ? Je n’avais jamais vraiment ressenti ça pour quelqu’un. Et je n’avais donc jamais vraiment parlé d’amoureux à Jaqen, ou de quelconque autre sentiment semblable. Et s’il était vexé que je lui parle d’autres garçons ? Surtout de Noa, qu'il considère comme un frère. Après tout, c’est mon meilleur ami, et ce serait normal qu’il soit un peu jaloux. Jake aurait sûrement réagit comme ça, protecteur en puissance qu'il était ...
Je me lève, tous sens aux aguets, couteau au poing. Bien qu’il fasse encore clair, à cette heure ci, les rues sont pratiquement désertes. Je ravale douloureusement ma salive, me tourne, me retourne, pour découvrir la source de ce bruit.
Invité
Sujet: Re: Sale nuit [Jaqen] Jeu 9 Jan - 17:11
Sale nuit.
Il faut croire que la vie peut rendre certaines choses difficiles, même en présence de la part dont on a le plus confiance.
Jaqen était d'humeur à partir faire un tour dans la forêt. En ce moment, il aimait se ballader la bas. Certes, l'accident avec Talasi lui donnait peut être moins envie de croiser des chasseurs, mais sa cuisse se remettait petit à petit. Parfois il sentait que celle-ci le lançait, mais il ne voulait pas le montrer. C'était sa faute et il en assumait pleinement sa responsabilité. Sur ce coup, il avait été minable. Il s'en voulait d'ailleurs toujours. Pourquoi retourner dans la forêt après cet évènement ? Et bien, parce qu'après tout, les deux personnes en qui il tenait le plus dans le district 12 se retrouvaient souvent la bas. Talasi et Sydney. Syd, c'était sa meilleure amie. Elle était bien plus jeune que lui, mais il s'en fichait. Son caractère l'avait attiré. C'était une forte tête qui n'avait peur de rien. Tout comme Jaqen. C'était d'ailleurs pour ça qu'ils s'étaient bien entendu. Et de fil en aiguille leur relation fut meilleure.
Avançant doucement, le jeune homme regardait les alentours, comme à son habitude. Il ne voulait pas être suivi. Surtout pas par des pacificateurs. Généralement, il ne se faisait pas prendre. Il en était plutôt content, parce qu'il ne voulait absolument pas imaginer ce qui arriverait si c'était le cas. S'approchant de la grille électrique, il entendit des bruits provenant de celle-ci. Une personne était là. Il pouvait retirer Talasi, elle ne serait jamais restée là, préférant s'engouffrer dans la forêt. Fronçant doucement les sourcils, Jaqen s'approcha lentement, essayant d'apercevoir la chevelure ou le visage, pour reconnaitre cette personne. Entendant des bruits de couteaux, le jeune Callaghan comprit que la mystérieuse personne était armée. Et comme à son habitude, lui n'avait rien. Avalant sa salive et priant pour que ce ne soit pas un pacificateur, Jaqen se cacha derrière un tronc d'arbre pour essayer de regarder sans se faire prendre. Son cœur et son angoisse se calmèrent à la vu d'une jeune fille qu'il connaissait que trop bien. Sydney. Expirant un grand coup pour se soulager, le jeune rebelle avança d'un pas et fit craquer une branche. Aussitôt, la jeune femme était debout, prête avec son couteau, à recevoir la visite de la personne qui venait de faire du bruit, et donc Jaqen. Laissant ses yeux s'ouvrir en grand, le jeune Callaghan leva les mains avant de sortir de sa cachette. " Oh grande Sydney, pars pitié, épargnes moi de ton couteau si aiguisé, je ne mérite pas un tel châtiment ! ".
Jaqen fit une petite moue avant de s'approcher de sa meilleure amie. Celle-ci avait directement abaissé son couteau. Après tout, elle ne risquait rien avec lui. Il ne pourrait jamais lui faire du mal. Passant un bras autour de ses épaules, il lui donna comme à son habitude, une éteinte chaleureuse. Par la suite, il laissa son bras, ne voulant pas l'enlever. " Alors, tu attendais quelqu'un ou je peux me joindre à toi ? ". Ce n'était pas une question piège, Jaqen ne connaissait pas l'existence des sentiments de Sydney envers Noa, son meilleur ami, son frère. Si jamais il l'apprenait, quelle réaction pourrait-il bien avoir ? Au fond, il n'avait jamais pensé à cette hypothèse.
Invité
Sujet: Re: Sale nuit [Jaqen] Mar 21 Jan - 21:28
J’écarquille les yeux un instant, en le dévisageant tout en faisant une moue. Jaqen. Je ne peux m’empêcher d’abaisser mon couteau, rejeter la tête en arrière et de rigoler un bon coup. Une fois que je suis calmée, je ne lui répond toujours pas et reprend mon sérieux en lui adressant mon regard de tueuse, celui que je lui réserve spécialement lorsqu’il fait une grosse gaffe et que je lui en veux. J’attend encore un peu, juste le moment où il baissera le plus sa garde. Et je lui saute dessus, l’étalant par terre et je bloque ses épaules à l’aide de mes genoux en passant le couteau sous sa gorge.
« T’as pas honte putin j’ai eut trop peur ! »
Normalement, on le dit pas aux gens quand on a peur, ça nous rend plus vulnérables. Mais Jaqen a droit de savoir tout ce que je ressent, parce qu’il est privilégié, c’est tout, point barre. Même avec Noa je suis pas autant expressive. Noa ... Je relâche prise en me redressant d’un coup. Je ne lui tend pas la main.
***
« Allez attrape moi ! »
Jaqen me court après, il est mignon avec ses grands yeux d’enfant. Je réussit à lui échapper et me cache derrière un arbre. Je l’entend crier mon nom. Je ne peux m’empêcher de rigoler. Une fois qu’il est assez prêt, je sort brutalement en criant un « Bouh ! » et je rigole en le regardant trébucher sous l’effet de la surprise. Je lui tend la main, et avec un grand sourire, il s’échappe en me criant de l’attraper. Même si j’ai du mal à respirer, je lui cours encore après, pour pouvoir être avec lui, pour pouvoir passer du temps, l’entendre, le toucher, lui parler. Je choppe enfin un bout de son maillot tâché et l’attire vers moi.
« J’ai gagné ! »
On rigole, on s’assoit. On ne monte pas dans les arbres parce qu’il sait que j’ai le vertige. « Un jour, quand je serai plus grand et fort, je t’emmènerai tout en haut sur mon dos. » Je souris, je lui fait un bisou sur la joue, il me fait un câlin.
« Et on restera ensemble pour toujours. »
***
Des gosses de six ans. J’étais folle amoureuse de lui, il me considérait déjà comme sa meilleure amie. Et j’étais petite, alors ce sentiment ne m’est pas resté. Je range mon couteau dans ma ceinture en cuir complètement usée, puis me pose sur un planche en bois en m’étirant et en craquant mon dos endoloris. J’ai mal. Partout. Des courbatures, des bleus, des égratignures, c’est moche. Je fouille dans ma sacoche et je trouve un vieux morceau de pain encore mangeable. Je creuse pour prendre la mie encore un peu molle et je me redresse en l’épiant de mon regard vert, sévère.
« Oui tu peux te joindre à moi vieux. »
Je l’appelle toujours vieux. Parce que « gros » ça lui va pas. Et « vieux » ça lui va. Parce qu’il est plus âgé et il est censé jouer le rôle du plus sage. Sauf que c’est moi qui suis plus intelligente. Les filles sont toujours plus intelligentes, quelque soit l’âge.
« T’as fait quoi aujourd’hui ? »
Je resserre ma doudoune en me rendant compte qu’il fait de plus en plus froid. Je tend la miche de pain à Jaqen. J’ai envie de parler, de me vider, j’aurai la conscience plus tranquille.
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