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 nobody said it was easy ▬ braeden

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MessageSujet: nobody said it was easy ▬ braeden   nobody said it was easy ▬ braeden Icon_minitimeVen 2 Aoû - 17:32



Maïwenn venait de passer une journée abominable. Pour la première fois en 22 ans son père lui avait refusé quelque chose. Elle n’avait pourtant pas l’impression demander la lune, elle voulait juste une pièce rien qu’à elle où elle pourrait entreposer ses vêtements. Elle avait déjà vu ce genre de chose se faire dans le District 1 et ça lui paraissait être une bonne idée. Sauf que son père n’était pas du même avis. C’est donc  de mauvaise humeur et en voulant à la terre entière qu’elle décida de sortir au beau milieu de la nuit, ne parvenant pas à trouver le sommeil. Elle prévoyait d’être de retour avant qu’il ne s’en aperçoive, mais si ce n’était pas le cas et qu’il venait à entendre qu’elle était sorti en dehors des heures autorisées elle devrait faire usage de tout ses talents de manipulatrice parce qu’elle passerait un sale quart d’heure… Ce n’était pas la première fois qu’elle désobéissait au règlement, mais elle ne l’avait jamais fait dans le dos d’Ioseph.

Elle ne voulait pas aller très loin, juste sortir assez longtemps pour se changer les idées. Sauf que pour sortir de son lotissement elle devrait passer devant une dizaine de maisons bien plus luxueuses que la sienne, ce qui lui déplaisait fortement, son père était le maire et elle n’aimait pas qu’il puisse y avoir plus riche qu’elle dans leur district. Pour elle l’argent faisait le bonheur, et donc au plus elle en aurait et au plus elle vivrait la vie qu’elle souhaite. Maï soupçonnait fortement que ces personnes fréquentaient des habitants des districts les plus élevés, peut être même que les filles de certains d’entre eux sortaient avec des jeunes hommes du un. Ces pensées l’insupportèrent encore plus, elle vivait au même endroit qu’elles, et elle n’avait jamais eu le droit de parler à ces garçons en dehors de la tournée des vainqueurs. Encore une fois peut-être qu’elle se faisait seulement des idées et qu’aucunes de ses voisines n’avaient jamais parlé à un habitant du un. Ca ne l’empêchait pas de trouver cette possibilité totalement injuste, elles auraient le droit de les côtoyer alors qu’elle devait se contenter des mêmes fréquentations depuis qu’elle était née.

Maïwenn essayait cependant de ne pas trop se plaindre, depuis qu’elle avait rencontré Braeden les choses s’étaient nettement améliorées dans sa vie. Elle ne parvenait tout de même pas à lui pardonner son escapade d’il y a quelques mois dont il ne l’avait même pas avertie. Elle lui en voulait même beaucoup et ne comptait pas aller lui demander de ses nouvelles tant qu’il ne se serait pas excusé. Elle tentait de se convaincre qu’il ne lui manquait pas du tout, mais elle avait du mal. C’était la seule personne qui venait d’en dehors de leur district sans avoir un rapport direct avec les jeux et qui resterait de manière permanente. Elle avait toujours crue que les mutations de ce genre étaient impossibles, mais ce n’était visiblement pas le cas. La jeune femme avait cru comprendre en écoutant une discussion qui s’était tenue entre son père et un de ses conseillers que Braeden avait été choisit par la pacificatrice en chef du district. C’est à partir de ce moment là qu’elle s’était promise de mettre le grappin sur lui, il venait d’ailleurs et en plus il avait l’air très compétent. Qu’est-ce qu’elle pouvait demander de plus ?


Le fait qu’il fasse parti des pacificateurs était d’ailleurs l’une des raisons pour lesquelles elle n’avait pas peur de sortir après le couvre-feu. Elle se doutait que si elle se faisait prendre il viendrait la sortir de ce mauvais pas. Du moins c’était ce qu’elle avait cru jusqu’à présent. Elle se demandait s’il l’aiderait quand même maintenant qu’ils étaient en froid. Ils étaient en froid n’est-ce pas ? Pour qu’elle autre raison serait-il parti sans la prévenir si ce n’était pas ça ? Sauf qu’elle ne voyait pas du tout ce qu’elle avait pu faire qui l’avait dérangé. Il était vrai qu’elle piquait des petites crises de jalousies de temps en temps, mais ce n’était rien de bien méchant, et en dehors de ça elle était adorale avec lui. Enfin plus ou moins. Elle n’allait tout de même pas se comportait comme une petite fille obéissante à chaque fois qu’il lui demandait quelque chose, et s’il s’attendait à ce qu’elle fasse le premier pas ou qu’elle vienne s’excuser, il pouvait aller se faire voir.

Elle réalisa tout à coup que cette escapade avait eu l’effet contraire de ce qu’elle espérait, au lieu d’oublier ses problèmes elle y avait pensé encore plus, et ça n’avait fait que l’énerver. Le bon côté de la chose c’est qu’elle était maintenant sortie du quartier riche pour arriver vers les coins plus pauvres et les ruelles à l’écart du reste des habitations. Elle avait choisit de se rendre là pour ne pas risquer de croiser quelqu’un qu’elle connaissait, ses amies vivaient à l’autre bout de la ville et Braeden ne surveillait jamais cet endroit. Elle se baladait dans les rues depuis environ une heure lorsqu’elle aperçue des lumières et des voix se rapprochant. Elle ne perdit pas de temps et alla se cacher entre deux maisons, il y avait tout juste la place pour qu’elle puisse se glisser entre les murs. Elle attendit là pour se qui lui sembla durer des heures, et juste au moment où elle se décidait à sortir un chat énorme la griffa à la cheville se qui la fit sortir de sa cachette en criant. Il lui fallu peu de temps pour comprendre que non seulement un tel hurlement n’était absolument pas nécessaire, mais qu’en plus ça allait lui valoir l’arrivée d’un bon nombre de pacificateurs. Elle voulue se remettre là où elle était quelques instants au paravent, mais le chat n’avait pas l’air d’accord. Elle dû donc se résigner et se mit à courir en sens inverse, en priant pour qu’ils n’aient pas étés assez attentif à son cri pour voir d’où il provenait.

Maï courait en direction de chez elle lorsqu’elle percuta un gros ensemble blanc. Il lui fallu quelques secondes pour réaliser que cette chose était un pacificateur. Il lui attrapa le bras avant même qu’elle n’ait l’idée de repartir. Elle leva la tête pour voir s’il elle le connaissait et si elle avait une chance de s’en sortir sans trop de problèmes, et là ô surprise : Braeden.
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MessageSujet: Re: nobody said it was easy ▬ braeden   nobody said it was easy ▬ braeden Icon_minitimeMar 10 Sep - 21:38

Maïwenn & Braeden
I'M GONNA SHOW YOU WHERE IT'S DARK Ҩ I'm giving you a night call to tell you how I feel, I want to drive you through the night, down the hills. I'm gonna tell you something you don't want to hear, I'm gonna show you where it's dark, but have no fear. There's something inside you, it's hard to explain ; They're talking about you boy, but you're still the same

gifs © unknown & alphalewolf • codage © yumita • musique nightcall, by kavinsky


Tout cela n’avait aucun sens. D’avoir la tête vide ne m’avait jusque-là jamais empêché de me débrouiller, de trouver une place bien que parfois à part … mais aujourd’hui j’étais véritablement perdu. Et le pire était sans doute que je m’étais mis dans cette situation de moi-même, j’avais choisi d’en être là … et pourtant j’étais maintenant totalement désemparé. J’aurais pu suivre Hildegarde sans la moindre hésitation, sans me retourner un seul instant sur le district que j’avais laissé parce qu’au fond, je n’étais pas chez moi au district trois, pas plus que je n’étais chez moi ailleurs … Chez moi c’était Hilda, chez moi c’était auprès de cette femme qui m’avait sauvé la vie, qui m’avait aidé, qui m’avait redonné un avenir et un métier. Mais j’avais fini par me sentir à l’étroit ; J’avais durant ces derniers mois eu l’occasion de me rendre compte malgré tout de  l’emprise de la Capitaine sur ma personne, de cette facilité qu’elle avait à me faire obéir et à me modeler en ce pacificateur modèle que j’avais toujours voulu être à ses yeux, pour la remercier, pour la rendre fière. J’avais eu peur de son emprise, de la façon parfois cinglante dont elle m’accusait de manquer de reconnaissance dès que j’essayais d'en apprendre plus sur les circonstances de mon accident, dès que je me posais trop de questions sur qui j'étais, d'où je venais … Et j'avais dit non.

DISTRICT TROIS – QUARTIER GENERAL DES PACIFICATEURS – JUILLET 2312

« … -tre au plus vite. On part demain soir, rassemble tes affaire et rejoint-moi à la gare à six heures moins le quart. » Elle m'intégrait, comme ça, de la plus logique des façons, comme si la question ne se posait pas. Et elle n'aurait pas dû se poser, en théorie, pourtant c'était bien le son de ma voix qui était venu rompre son monologue, abrupte. « Non. » S'arrêtant au beau milieu de son geste, comme figée par ce qu'elle venait d'entendre, la Capitaine Falk-Lawson s'était redressée vers moi, son regard perçant me fixant avec une intensité telle que j'avais du serrer les poings pour ne pas perdre mes moyens. « Pardon ? » J'avais pris une profonde inspiration, me redressant et toisant Hilda de toute ma hauteur ; Jamais je ne l'avais regardé ainsi, jamais je n'avais ne serait-ce qu'élevé la voix dans sa direction. « Je ne pars pas. Je reste ici. » Le regard qu'elle m'avait lancé me glaçait le sang, parce que jamais encore je n'avais le souvenir de l'avoir vu me regarder ainsi. Comme si j'étais l'ennemi, comme si … « Tu penses que je te laisse le choix ? Tu n'es rien du tout sans moi, tu es MA chose, tu iras là où je te dirai d'aller ! » Elle crachait ses mots à la manière d'un serpent, et si je m'étais attendu à ce qu'elle réagisse mal je ne pensais pas être ramené à ses yeux au statut d'objet que l'on trimballait sans se soucier de ce qu'il en penserait. « C'est pas … j'ai besoin de rester ici, ça fait trop longtemps que j'attends des réponses à mes questions … » Sans m'en apercevoir j'avais fait un pas en arrière puis un autre, jusqu'à finalement me retrouver près de la porte. J'avais honte, sincèrement, mais dans le vide que constituait mon esprit mon instinct avait toujours été la seule chose à laquelle j'avais pu me fier, et aujourd'hui cet instinct m'ordonnait de ne pas céder. « Si tu passes cette porte … » avait-elle commencé d'un ton menaçant alors que j'avais posé une main sur la poignée. Relevant la tête vers elle je n'avais pas fait le moindre geste pour faire marche arrière « Si tu passes cette porte je te jure que tu le regretteras Braeden. Je te le ferai regretter sois en sûr. » Et quelque part je savais que c'était peut-être vrai, que j'étais peut-être son petit protégé, qu'elle m'avait peut-être sauvé la vie, mais que si l'envie lui en prenait elle pourrait m'exécuter de sang-froid. Je l'avais déjà vu à l'œuvre, je savais qu'elle en était capable, tout Braeden que j'étais. « Je suis désolé. » avais-je pourtant murmuré sans oser soutenir son regard, et lui tournant le dos j'avais quitté la pièce, sans un regard supplémentaire pour elle, sans doute par peur de ce que je pourrais lire sur son visage si je m'y risquais. « Espèce de … Tu me la paieras Braeden ! Tu m'as compris ? Ton ingratitude, je te la ferai payer ! BRAEDEN ! » Je l'attendrais alors, qu'elle me fasse payer, qu'elle me montre comme j'avais eu tort … Mais à cet instant rien d'autre ne comptait vraiment que ce passé, que ces souvenirs après lesquels je courrais désespérément.

Sans m'en rendre compte j'avais rejoué à nouveau toute cette scène dans ma tête et les yeux perdus dans le vague, mais la main toujours fermement refermée autour de mon arme, je m'étais arrêté au beau milieu de la route. Réalisant que j'avais interrompu ma ronde ainsi, sans véritable raison, j'avais secoué la tête pour redescendre sur terre complètement et j'avais murmuré un juron entre mes dents ; Il fallait que je me recentre. Sans doute à cause des lésions irréversibles que j'avais subi, j'avais toujours eu un mal fou à me concentrer, et garder mon attention sur quelque chose sur une longue durée me demandait deux fois plus d'efforts et d'énergie à moi qu'à quelqu'un d'autre. Parfois c'était ce bourdonnement dans mes oreilles qui m'en empêchait, parfois c'était ce murmure dans un coin de ma tête qui me pourrissait la vie … Souvent c'était simplement mon esprit qui vagabondait trop, comme c'était le cas à cet instant. « Reprends-toi Braeden, reprends-toi … » que je murmurais à nouveau entre mes dents, comme l'enfant tentant de se persuader de ne pas avoir peur du noir … comme le schizophrène essayant de refouler la personnalité « en trop » dans son esprit. Déglutissant, le poing toujours fermement serré autour de la crosse de mon arme de service, j'avais repris ma ronde à un rythme soutenu, espérant presque en venir à bout sans le moindre souci pour pouvoir rentrer chez moi et noyer tout cela dans n'importe quelle boisson forte. L'alcool, ce traître, c'était bien souvent le seul qui parvenait à faire taire le murmure dans un coin de ma tête.

Soudain un craquement, une branche ou du gravier au croisement de la rue dans laquelle je me trouvais et la suivante ; Dans un mouvement des plus instinctif j'avais retiré la sécurité et posé un doigt sur la gâchette de mon automatique. Les ordres étaient parfaitement clairs en cette période de jeu : un rebelle pris sur le fait pouvait être exécuté sans sommation, sans procès, sans question, pourvu qu'il donne l'impression d'être une menace quelconque. Ce climat de terreur que l'ère post-rébellion avait installé était à mon sens nécessaire pour maintenir l'ordre désormais si fragile de Panem ; C'était un mal pour un bien, dans un monde où les rebelles gangrénaient semble-t-il chaque couche de notre société. « Halte ! Restez où vous êtes ! » avais-je lancé d'une voix claire et autoritaire tandis que tournant au coin de la rue j'avais découvert la silhouette féminine à l'origine des bruits que je venais d'entendre, laquelle m’avait littéralement foncé dessus. Était-ce faiblesse que de ne pas avoir envie d'effusions de sang ce soir, que de ne pas vouloir être témoin et bourreau d'une violence aussi ordinaire que nécessaire ? Quoi qu’il en soit j’avais sans ménagement saisi le bras de l’inconnue jusqu’à ce qu’elle lève la tête vers moi et me permette, malgré ou elle ou non, de la reconnaître m'avait tiré un soupir, autant de soulagement que de résignation « Maïwenn qu'est-ce que tu … » Levant les yeux au ciel je l’avais finalement lâchée, et enclenché de nouveau la sécurité de mon arme avant de relever les yeux vers elle, rictus d'agacement et volonté d'être pris au sérieux tandis que j'ajoutais « Qu'est-ce que tu fous dehors ? J'aurais pu te tuer ! » Mais je n'étais même pas étonné, c'était tout à fait son genre, sortir après le couvre-feu uniquement par esprit de contradiction, pour le plaisir d'aller au-devant des règles qu'on tentait de lui imposer. Me dressant de toute ma hauteur pour apparaître menaçant, j'avais finalement ajouté « Je devrais t'arrêter, toute fille de maire que tu es. » et en effet c'était ce que j'étais censé faire. D'autant plus que le maire Hightower n'était en ce moment pas vraiment dans les petits papiers du Capitole, à ce que j'avais entendu dire. Et je voulais avoir l'air entièrement professionnel face à elle, n'ayant aucunement l'intention de me traîner à ses pieds pour lui demander pardon. Je savais qu'elle m'en voulait, je savais qu'elle n'attendait que cela, mais je n'avais pas l'intention de le lui accorder … Parce que je n'étais pas son jouet, au fond, bien qu'elle aime assurément se persuader du contraire.
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MessageSujet: Re: nobody said it was easy ▬ braeden   nobody said it was easy ▬ braeden Icon_minitimeMar 1 Oct - 20:44



Maïwenn se doutait bien en entendant des bruits de pas arriver dans sa direction qu’elle ne s’en tirerait pas comme ça, mais elle était quand même soulagée de voir qu’il s’agissait de Braeden. Tout autre pacificateur l’aurait exécuté sans chercher à savoir qui elle était. Il avait beau aimer prétendre qu’elle n’avait aucune emprise sur lui il avait abaissé son arme en s’apercevant que c’était elle. Il pourrait essayer de s’en convaincre autant de fois qu’il le souhaitait il restait son Braeden, son jouet, et elle comptait bien profiter de leur relation pour se tirer de se mauvais pas. Etant en froid avec son père elle se voyait mal rentrer à la maison accompagnée de pacificateurs. Elle pourrait toujours le supplier pour qu’il la laisse sortir après ça.

Cependant les paroles de son ami la choquait, il voulait l’amener dieu ne sait où où elle devrait sûrement répondre à des tonnes de questions. Et puis quoi encore, elle n’avait pas que ça à faire. Mais Maï savait que si elle sortait ça au jeune homme elle n’aurait aucune chance de s’en tirer avec un simple avertissement, il fallait qu’elle calcule chacune de ses paroles si elle voulait parvenir à rentrer chez elle sans encombres. Elle lui fit donc son plus beau sourire et prit un air enchanté, comme si elle avait parfaitement le droit de se balader à cette heure ci, comme si le voir lui faisait plaisir. Ce n’était bien évidemment pas le cas, elle attendait toujours des excuses de sa part et il ne semblait pas prêt à les lui faire. Tant pis elle attendrait le temps qu’il faudrait, ça prendrait des mois s’il le fallait mais ce n’était pas elle qui ferait le premier pas. Il ne manquerait plus qu’elle passe pour une faible qui était dépendante d’un pacificateur qui venait d’on ne sait où.

« Ca alors ! Je ne m’attendais pas à te trouver ici, mais c’est une belle surprise tu ne trouves pas ? Tu m’avais manqué et je ne savais pas s’il était très judicieux de venir de parler, tu dois être débordé avec les Jeux. Tu n’es pas trop fatigué ? » elle prenait un air serein tout en continuant son petit cirque, qui sait peut-être tomberait il dans le panneau.

Maïwenn avait toujours manipulé son entourage, même pour les choses les plus futiles. C’était comme un besoin pour elle et elle avait besoin de se sentir supérieure à eux. Cette méthode lui donnait l’impression d’être au dessus d’eux, que la conversation se déroulait de deux manières différentes : ce qu’ils comprenaient et ce qu’elle comprenait. Il allait sans dire qu’elle n’avait aucun mal à berner la plupart de ces imbéciles. Il fut quand même un jour où elle rencontra une petite difficulté, son premier obstacle en quelque sorte, cela s’était produit avec l’homme qui se tenait aujourd’hui devant elle, prêt à lui tirer dessus si elle faisait le moindre faux pas. Ils se trouvaient dans une des rues commerçantes de la ville, elle voulait observer le nouveau arrivage et avait entrainé ce pauvre Braeden avec elle, elle n’allait quand même pas porter tout ces sacs seule… Ils se baladaient donc tranquillement le long des boutiques lorsqu’elle aperçu un bijou magnifique qui attira son regard à plusieurs mètres de distance. Elle s’était aussitôt rapprochée et avait pu constater que l’objet coûtait assez cher, son prix équivalait à deux semaines du salaire de Braeden. Ca ne l’avait pas empêché de lui demander de le lui offrir, s’attendant à ce qu’il finisse par céder malgré la valeur du bracelet. Contre toute attente il lui avait tenu tête et était même allé jusqu’à lui faire remarquer à quel point son caprice était futile, d’autant plus qu’ils venaient de passer devant une maison qui avait autrefois appartenue à une famille que connaissait Maï et qui vivait maintenant dans des quartiers plus…délabrés diront nous. Tout cela était bien sa dernière préoccupation et elle ne s’intéressait qu’aux bijoux, qu’importe qui devait le payer. Braeden continuant de lui résister elle avait finit par rebrousser chemin pour rentrer chez elle. S’en était suivit des jours et des jours de disputes incessantes qui s’étaient terminées par des excuses de la part du pacificateur aussitôt suivit d’un charmant cadeau, bon il ne compensait pas le bracelet mais c’était tout de même pas mal. Tout ça pour dire que le bonhomme était dur en affaires, et qu’elle avait tout intérêt à faire basse figure.

Elle approcha sa main de son poignet qu’elle prit entre ses doigts pour ensuite caresser la paume de sa main, celle qui ne tenait pas le pistolet, avec maintes précautions.

« Tu aurai dû, mais tu ne l’as pas fait. Tu tiens à moi n’est-ce pas ? Imagines un peu ce qu’il risquerait de m’arriver si tu m’amenais jusqu’à eux, et puis penses à la réaction de mon père, à quel point il serait déçu. Pense à ton image aussi, un homme prêt à sacrifier sa petite amie juste pour réussir à obtenir un peu plus de reconnaissance de la part de son chef. »

Maïwenn savait peu de chose sur le travail de son ami, si ce n’est qu’il devait faire de nombreuses rondes chaque jour et qu’il était sous le commandement d’une certaine Hildegarde qu’il avait apprécié pendant un temps mais qu’il ne pouvait maintenant plus supporter. Elle savait donc très bien ce qu’elle faisait en mentionnant sa collègue, il ne voudrait pas être assimilé à un fayot.

« Une fille de maire, c’est tout ce que je suis pour toi ? Enfin Braeden reprend toi, tu ne te souviens pas de tout ces bons moments passés ensemble ? Tu sais que si tu me ramènes à votre centre de commandement, ou quel que ce soit le nom que vous lui donniez, je ne pourrais plus sortir à ma guise, te voir deviendrai donc un véritable évènement à marquer d’une croix blanche… »
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MessageSujet: Re: nobody said it was easy ▬ braeden   nobody said it was easy ▬ braeden Icon_minitimeDim 3 Nov - 12:31

Je détestais les rebelles, je les haïssais aussi fort qu'il me soit possible de haïr quelque chose ou quelqu'un, pour ce qu'ils avaient fait - à moi, à Salem, à tellement d'autres - et pour ce qu'ils étaient, pour ce qu'ils représentaient. Mais pourtant je n'étais pas de ceux qui espéraient le conflit, qui tenaient des comptes sur le nombre d'exécutions, d'arrestations, d'actes de torture commis au nom de la protection de notre nation. Voir cette vermine souffrir ne me satisfaisait pas autant que de la voir mourir, et ma volonté n'était pas de voir nos geôles remplies de cette racaille, mais d'en être débarrassés, pour de bon. En cela la purge de ces dernières semaines avait été à mes yeux la meilleure décision qui puisse être prise pour répondre à cette tentative de révolte aussi désespérée que désespérante. Quatre vingt-cinq. C'était le nombre de rebelles exécutés au district trois durant la purge, c'était le nombre d'épines en moins dans le pied de ce district ; Un signal fort, celui que malgré tous leurs efforts pour faire tomber ce gouvernement qui nous protégeait, la seule issue possible était la mort pour ceux qui tentaient de s'y attaquer en espérant installer le chaos. Ce soir je n'espérais donc pas autre chose que de terminer ma ronde sans encombre, parce que cela voudrait dire aucun rebelle à l'horizon, parce que cela voudrait dire une nuit de paix supplémentaire. Je touchais au but, j'y croyais dur comme fer, lorsque j'avais entendu les bruits de pas et aperçu la silhouette en face de moi ... mais non. J'avais déjà le doigt pressé contre la détente, il aurait suffit d'une seconde de plus, d'un geste brusque de trop, et j'aurai tiré à vue, abattant la silhouette sans me poser la moindre question ... je l'aurai tuée, Maïwenn. Mais elle ne semblait pas s'en inquiéter, elle ne semblait même pas se rendre compte de ce à quoi elle venait d'échapper malgré elle, et maintenant j'étais en colère. De la voir si détendue, se permettant même d'afficher un sourire sur ces lèvres dont je connaissais le goût par cœur ... à mon grand désespoir. « Ça alors ! Je ne m’attendais pas à te trouver ici, mais c’est une belle surprise tu ne trouves pas ? Tu m’avais manqué et je ne savais pas s’il était très judicieux de venir de parler, tu dois être débordé avec les Jeux. Tu n’es pas trop fatigué ? » D'accord, donc aujourd'hui j'avais le droit au numéro de la gentille petite fille qui ne voit absolument pas ce qu'elle a fait de mal ... Dans d'autres circonstances j'aurais sans doute trouvé cela mignon, il y a quelques semaines, avant que cette révolte ne vienne profondément m'emmerder et mettre à rude épreuve le peu de patience que je possédais. Mais là, ce soir, je n'étais pas vraiment d'humeur à assister sans broncher à son numéro de comédienne « Ton numéro marchera pas avec moi ce soir Maïwenn, te fatigue pas. » Tentant de garder un air neutre, j'avais resserrer ma main autour de la crosse de mon arme comme pour me rassurer à son contact. J'en avais assez d'être pris pour un imbécile, par elle, par Hilda, par mes collègues, par mes supérieurs ... Je n'en pouvais plus d'être regardé avec méfiance, ou avec mépris, comme si malgré tous mes efforts je n'étais pas encore entièrement rentré dans le rang, comme si certains avaient peur que je pète un plomb à tout moment. J'en avais assez d'être un jouet du gouvernement, et j'en avais assez d'être un jouet dans le petit monde cotonneux de Maïwenn.

Elle ne m'écoutait pas pourtant - écoutait-elle jamais ce qu'on lui disait de toute façon ? - et sans se démonter je l'avais regardée tendre la main vers moi, et attraper la mienne, celle qui ne tenait rien d'autre, celle qui semblait n'attendre rien d'autre que d'être attrapée par la jeune femme. Je ne savais pas qui je détestais le plus à cet instant, elle ou moi, pour la sensation de ses doigts contre les miens qui me donnait la chair de poule ; Elle se servait de moi, elle jouait, comme on jouait avec un objet encore neuf mais dont on finirait irrémédiablement par se lasser un jour. Elle jouait, je le savais, et pourtant je la laissais faire, plus ou moins volontairement ... j'étais vraiment con, de la laisser faire de cette façon. Je lui disais que son petit jeu ne fonctionnerait pas une fois de plus mais j'attrapais sa main au lieu de la repousser, et on en revenait toujours à la même chose. « Tu aurai dû, mais tu ne l’as pas fait. Tu tiens à moi n’est-ce pas ? Imagines un peu ce qu’il risquerait de m’arriver si tu m’amenais jusqu’à eux, et puis penses à la réaction de mon père, à quel point il serait déçu. Pense à ton image aussi, un homme prêt à sacrifier sa petite amie juste pour réussir à obtenir un peu plus de reconnaissance de la part de son chef. » Je m'étais crispé, mes doigts se resserrant instinctivement autour des siens sans me soucier sur le coup de pouvoir lui faire mal. Ses gestes me rendaient incapable de réfléchir mais ses mots comme souvent semblaient destinés à me faire sortir de mes gonds ; Elle semblait oublier un peu trop facilement que j'étais celui de nous deux qui représentait l'autorité, que je pourrais faire de son existence de petite fille riche un enfer si je tirais les bonnes ficelles, si je convainquais les bonnes personnes. Elle oubliait que nous étions en temps de guerre, et qu'il y avait des choses contre lesquelles même son père ne pourrait rien si elle se mettait dans de sales draps. « Parce que c'est ce que tu es, aujourd'hui ? Ma 'petite amie' ? » avais-je ironisé avant de finalement relâcher mon emprise sur sa main. La notion elle-même prêtait déjà à rire, mais c'était surtout l'utilisation qu'elle en faisait qui rendait la situation si ... grotesque. Il n'y avait aucune espèce d'accord entre nous, pas de promesse, pas d'appartenance tacite ; Elle jouait avec moi, et je la laissais faire pour ce que cela pouvait m'apporter à moi aussi. Une impression de normalité, une touche de légèreté dans une existence de pacificateur grise et sans saveur particulière ... Protéger Panem et mettre des rebelles hors d'état de nuire, cela faisait du bien à l'égo, mais cela ne tenait pas chaud la nuit, disons. Et ça, Maïwenn le savait aussi très bien. « Une fille de maire, c’est tout ce que je suis pour toi ? Enfin Braeden reprend toi, tu ne te souviens pas de tout ces bons moments passés ensemble ? Tu sais que si tu me ramènes à votre centre de commandement, ou quel que ce soit le nom que vous lui donniez, je ne pourrais plus sortir à ma guise, te voir deviendrai donc un véritable évènement à marquer d’une croix blanche … » Elle recommençait son numéro, reprenait son ton boudeur, me regardait en battant des cils comme si j'étais un adolescent farouche que l'on tentait d'attraper dans ses filets. Elle jouait, encore et toujours, parce que sa vie était un jeu, à ses yeux.

« Et tu en seras profondément peinée, je suis sûr ? » avais-je alors demandé d'un ton moqueur, en référence au mois et demi qui venait déjà de s'écouler depuis la dernière fois que je l'avais véritablement croisée, le jour de la moisson. Bien plus longtemps si l'on comptait la période durant laquelle j'avais été rattaché au district cinq, chose pour laquelle elle me tenait rigueur sans doute pour le simple fait que je puisse avoir une vie et des obligations qui ne nécessitent pas que je la consulte ou la tienne informée. « Ton père a déjà assez d'emmerdes comme ça en ce moment, tu lui rendrais service si tu arrêtais de penser à toi cinq minutes et que tu te tenais un peu tranquille ... Toi dehors, c'est tout ce qu'il faudra à certains pour tomber sur le dos de Monsieur le Maire, c'est ce que tu veux ? » Je grossissais sans doute un peu le trait pour tenter de lui faire peur, de la faire réagir, mais pas tant que ça non plus ... Cette révolte avait semé le doute dans tous les esprits, et chacun soupçonnait son prochain de tout et n'importe quoi. Un maire ne pouvait pas se permettre le moindre écart, la moindre parole mal interprétée ... ce n'était pas simplement sa place qui était en jeu. « Allez, viens, je te ramène chez toi. » avais-je en tout cas concédé en soupirant, sachant qu'elle aurait l'impression d'avoir gagné sur le simple fait que je ne l'amenais pas au centre de commandement. Mais avais-je vraiment le choix ? On avait toujours le choix me direz-vous ... mais je savais ce qui se passerait si s'agissait selon les ordres.

Une main dans son dos pour la faire avancer, j'avais bien l'intention de ne pas décrocher un mot de plus jusqu'à l'avoir ramenée chez elle, non sans faire mon numéro de pacificateur consciencieux au paternel pour le simple fait de valoir à Maïwenn une leçon de morale de sa part ensuite. Ça ne changerait probablement rien à son manque de prudence, mais cela la contrarierait toujours quelques heures au moins, et c'était toujours mieux que rien ... J'avais l'impression d'avoir affaire à une adolescente de quinze ans, plutôt qu'à une jeune femme supposée en avoir vingt-deux, ça avait presque un côté affligeant. Aussi affligeant que le fait de me laisser si facilement séduire par ses charmes, sans doute. Et puis d'un seul coup des voix, deux ; Des voix qui ne m'étaient à moi pas inconnues, mais qui ne présageaient rien de bon pour Maïwenn si on la découvrait ici. « Amène-toi ! » La tirant violemment par le bras j'avais hésité un instant à lui couvrir la bouche de mon autre main pour l'empêcher de nous faire remarquer, mais en définitive j'osais espérer qu'elle aurait assez de jugeote pour comprendre d'elle-même que ce n'était pas moi qui aurait des ennuis si on nous trouvait ici. Enjambant le talus séparant la route des bois tous proches, j'avais forcé la jeune femme à se mettre à plat ventre et j'en avais fait de même, plaquant un bras contre ses épaules pour parer à toute envie stupide de sa part de se relever avant que j'estime bon de le faire. Bientôt les deux individus étaient arrivés à notre portée ; Karell et Rainhart, effectuant leur ronde fusil à la main comme moi quelques instants plus tôt. S'ils étaient là cela voulait dire que j'avais dévié de ma trajectoire, et que je ne m'en étais même pas aperçu ; J'aurais du m'en soucier, ou au moins m'en inquiéter, mais à cet instant je ne parvenais plus à réfléchir à quoi que ce soit. Allongé là, à l'affût des moindres mouvements de deux hommes pourtant du même camp que moi, les battements de mon cœur s'étaient soudain tellement accélérés que le sang battait à mes tempes et faisait bourdonner mes oreilles. Bourdonner au point que cela ne m'apparaisse bientôt comme un sifflement strident et insupportable, et que je sois forcé de me mordre l'intérieur des joues pour ne pas crier. Et puis aussi vite qu'elle était arrivée, la sensation était repartie, me laissant là hagard et à la recherche d'un bruit, d'une sensation, de quelque chose à quoi me raccrocher pour rebasculer pour de bon dans le monde réel. C'est seulement là que j'avais réalisé que j’agrippais toujours Maïwenn de toutes mes forces, trop fort sans doute, et la lâchant d'un seul coup j'avais eu un léger mouvement de recul.
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MessageSujet: Re: nobody said it was easy ▬ braeden   nobody said it was easy ▬ braeden Icon_minitimeJeu 7 Nov - 21:55


SO WE LAY IN THE DARK, 'CAUSE WE'VE GOT NOTHING TO SAY

Braeden + Maïwenn


Si en apparence Maïwenn avait l’air d’attendre le verdict de Braeden de manière tout à fait sereine ce n’était pas du tout le cas, elle avait l'impression de devenir folle. Elle se posait des centaines de questions à la seconde, la première était de savoir s’il tenait assez à elle pour ne rien balancer, que ce soit aux autres pacificateurs ou à son père. Pour avoir déjà vu ses collègues en action elle savait qu’il n’y allait pas de main morte, la moindre chose suspecte était aussitôt considérée comme hors la loi. Même si elle n’avait pas l’impression de faire quelque chose d’illégal en se baladant en pleine nuit elle avait peur de devoir aller à leur rencontre, son père l’avait mise à l’écart de toutes ces choses, persuadé qu’elle n’aurait jamais à avoir affaire avec eux. Il avait très certainement raison, elle n’avait aucun doute là-dessus, mais le résultat était qu’elle était maintenant à côté de la plaque. Son père était le maire du District et pourtant elle ne savait rien des rebelles, de ce qu’ils avaient pu faire pour gagner une liberté à ses yeux si peu méritée, ni même de leur plans d’actions. Quand elle en entendait parler c’était toujours par hasard, et à l’insu du grand M. Hightower qui ne savait bien évidemment pas que sa fille était une sale fouineuse. Elle s’était d’ailleurs spécialisé dans la recherche d’informations dont elle n’était pas censée être au courant, tout ce qu’il lui cachait elle l’apprenait par ses propres moyens. Non parce que ça l’intéressait particulièrement de savoir ce qu’avait bien pu foutre une ribambelle de rebelles lors des semaines passées, mais pour le contrarier. Pendant les rares repas en présence de son père elle prenait un malin plaisir à faires allusions à tel ou tel fichier « secret » sur lequel elle avait mit les mains, ça le rendait fou. Maï avait récemment constatée qu’il se donnait maintenant plus de mal pour cacher les choses importantes, mais ça rendait la chasse aux infos encore plus amusante, elle adorait voir toutes les interdictions qu’il lui mettait tomber sous ses yeux. Il ne voulait pas qu’elle sache ce qui se passait autour d’elle ? Très bien elle l’apprendrait quand même. On lui imposait une heure maximale de sortie ? Elle s’en fichait, elle l’enfreindrait. Ne s’étant jamais faite punir pour ses diverses conneries toutes aussi stupides les unes que les autres elle n’avait aucune notion de la gravité de ses actes. Pour qu’un enfant fasse la différence entre ce qui était totalement interdit et ce qu’il avait le droit de faire il fallait que ses mauvaises actions soient réprimandées, de quelque manière que ce soit, hors ça n’avait jamais été le cas avec elle.  Tout le monde avait peur de ce que leur ferait le maire s’ils osaient faire le moindre reproche à sa fille chérie, donc tout le monde se la fermait. Et quand sa mère était morte ça avait empiré, en plus de craindre Ioseph, on l’avait prise en pitié. N’ayant que 5 ans elle n’y avait pas trop fait attention, mais ça avait eu un impact, bien qu’il soit inconscient, sur son attitude vis-à-vis de la mort de sa mère. Elle n’en parlait jamais, et dès qu’on évoquait le sujet elle quittait aussitôt la pièce. Les gens avaient finit par comprendre le message et plus personne ne lui en parlait sous peine de risquer une grosse crise de nerf comme elle les faisait si bien. « Ton numéro marchera pas avec moi ce soir Maïwenn, te fatigue pas. » Elle se contenta de détourner le regard, sans rien ajouter. Il semblerait que son pacificateur favori allait être plus difficile à berner ce soir décidément. Mais la jeune femme n’allait pas se laisser décourager pour si peu, elle avait déjà connu pire. En effet le dernier homme à avoir été lié de la sorte avec elle était totalement hermétique à toutes ses tentatives de manipulations, autant dire qu’elle s’était vite débarrassée de lui.  Si elle ne pouvait même plus jouer avec ses compagnons à quoi une relation pouvait-elle bien servir ?

La jeune femme sourit légèrement en sentant la main de Braeden se refermer sur la sienne, peut-être que la situation n’était pas aussi désespérée qu’elle avait pu le croire.  « Parce que c'est ce que tu es, aujourd'hui ? Ma 'petite amie' ? » Bon, il était fâché, et il venait de la lâcher, par la même occasion. Sa logique était pour le moins imparable ! Il lui affirmait qu’elle n’avait aucun effet sur lui mais à la seconde où elle lui tendait la main il s’empressait de la saisir, puis de la laisser tomber, cet homme était vraiment incompréhensible. Mais c’était l’une des choses qu’elle adorait chez lui, son côté mystérieux, la difficulté qu’elle avait à le cerner, tout cela faisait parti du jeu pour elle. Et puis il fallait avouer qu’il n’était pas non plus désagréable à regarder, comparé à tous les autres idiots qui s’entassaient devant sa porte, espérant obtenir un peu d’attention. « Non bien sûr que non enfin, c’était juste une façon de parler. Disons juste que… je tiens à toi, et que tu as plus ou moins besoin de moi, et que tu pourras le nier autant que tu voudras dans le fond tu apprécies ma compagnie. » Elle attendit de voir sa réaction, pour le coup elle ne savait absolument pas l’impact qu’aurait ses mots sur lui. Mais au point où elle en était, elle n’était plus à une débilité de trop. Qui sait peut-être allait-il finir par la laisser tranquille, mais elle jouait avec le feu. Si elle ne maîtrisait pas ses dires il l’enverrait directement au poste sans aucun état d’âme, et elle ne se sentait pas d’humeur à subir un interrogatoire dans l’immédiat. Elle allait se reprendre en main, et ferait attention à la moindre chose qui sortirait de sa bouche. Il avait l’air d’avoir passé une mauvaise journée, et si elle avait dans un premier temps essayée de jouer sur un tout autre tableau, il allait maintenant falloir qu’il ait l’impression qu’elle compatissait à son malheur. Elle était terriblement désolée pour lui.  Même dans sa tête cette phrase sonnait faux, un enfant de deux ans n’y croirait pas, alors Braeden… Mais elle présenterait la chose sous un autre angle, de manière à ce que cela lui paraisse vraisemblable. « Et tu en seras profondément peinée, je suis sûr ? » Pendant qu’elle réfléchit à ce qu’elle allait lui rétorquer elle pose sur lui un regard plein de douceur et d’empathie. Se mordant l’intérieur des joues afin de s’empêcher d’éclater de rire, ce qui heureusement passa inaperçu.  « Evidement ! Braeden, je sais que je ne l’ai peut-être pas montré par pure fierté, mais tu m’as énormément manqué. Tout paraissait plus terne sans toi, et je n’osais pas aller à ta rencontre. » C’était en parti vrai, elle s’était sentie abandonnée pendant ces dernières semaines, comme un vieux carton qu’on mettait au placard. Elle méritait pourtant plus d’attention et de considération de sa part, ne pouvant pas concevoir que le travail de Braeden lui donnait de nombreuses responsabilités, il devait être là quand elle avait besoin de lui, pour elle et seulement elle. « Ton père a déjà assez d'emmerdes comme ça en ce moment, tu lui rendrais service si tu arrêtais de penser à toi cinq minutes et que tu te tenais un peu tranquille ... Toi dehors, c'est tout ce qu'il faudra à certains pour tomber sur le dos de Monsieur le Maire, c'est ce que tu veux ? » S’il y avait quelque chose qui ne lui avait pas effleuré l’esprit à un seul moment, c’était bien ça. Pour elle le statut politique de son père était quelque chose  d’acquit depuis toujours, elle était née avec. Ça lui paraissait tout bonnement inconcevable qu’il ne le soit plus, ou qu’on ne lui fasse plus confiance. Maintenant qu’elle y pensait sa vie entière dépendait du travail de son paternel, elle ne savait rien faire et aucun travail ne lui faisait envie, pourquoi s’en serait elle préoccupée puisque l’argent n’avait jamais été un problème chez elle ? Sa vie était d’ailleurs la source de beaucoup de jalousie de la part des personnes qu’elle pouvait croiser dans la rue, surtout lorsqu’elle se rendait dans les quartiers les plus pauvres, comme ce soir,  pour échapper à l’autorité de son père. Pour tout dire elle ne s’en souciait pas trop, ils pouvaient bien penser ce qu’ils voulaient. Du moins c’est ce qu’elle tentait de faire, parce qu’au fond elle était tout de même quelqu’un de sensible et ce qui pouvait n’avoir aucune importance en apparence était souvent l’une des causes de son mal être. Parce qu’elle avait beau essayer de l’oublier, quelque part au fond d’elle, enfoui sous tous les mensonges et les sourires d’un blanc éclatant qu’elle offrait à tous, se cachait une profonde solitude. Elle avait tellement peur qu’on la laisse tomber, que du jour au lendemain plus personne ne veuille traîner avec elle et qu’on la laisse crever dans son coin, comme elle laissait tout ceux qui n’avaient rien à lui apporté galérer seul, parce qu’après tout elle faisait aux autres ce qu’elle détesterait subir, mais elle s’en foutait. « Personne ne tournerait le dos à Ioseph voyons ! Ce serait ridicule, et surtout si leur seules raisons sont fondées sur l’attitude puérile de sa fille, je n’ai rien à voir avec toute cette politique moi. Et essayes un peu de me comprendre avant de juger s’il te plait, je passe mes journées à l’intérieur de cette immense baraque, à regarder les autres vivre leur petites vies. Alors certes je ne suis pas vraiment à plaindre, mais tout serait tellement mieux si on me donnait un peu plus de libertés… » S’il sourit en la voyant admettre que son comportement n’était pas digne d’une femme de 22 ans, il se rembrunit aussitôt quand elle évoqua le fait d’acquérir plus de liberté. Elle était vraiment à côté de la plaque, et tout ce qu’elle avait pu lire en secret dans les affaires de son père ne semblait pas imprégner son crâne. Tant qu’un événement dramatique ne la toucherait pas directement elle continuerait de penser que la vie est un jeu, un conte de fée pour elle et un enfer pour les autres, mais un jeu tout de même. A ce rythme elle allait finir par désespérer Braeden, si ce n’était pas encore le cas. « Allez, viens, je te ramène chez toi. »

Ce ne sont que quelques mots, mais ils suffisent à lui redonner confiance, il ne peut pas se passer d’elle. Il sait pertinemment que s’il la conduit au centre de commandement elle ne pourra plus jamais sortir de chez elle, et il a beau le contredire autant de fois qu’il le voudra, il a besoin d’elle. Elle le voit bien dans ses yeux, sans elle il ne serait qu’un pacificateur à la vie aussi palpitante qu’un escargot, boulot, alcool, dodo, et ainsi de suite jusqu’à sa mort. Au fond il adorait ce qu’elle avait à lui apporter, de la compagnie, une personne à qui parler, et surtout le sentiment d’avoir ne serait-ce qu’un minimum d’importance pour quelqu’un, même si sa vie n’était pas capitale pour Maïwenn elle serait quand même attristée si elle devait le perdre. « Merci, mais tu sais je peux aussi rentr… » elle n’a pas le temps de finir sa phrase qu’il la coupe d’un ton sec « Amène-toi ! » Il lui faut plusieurs secondes pour comprendre ce qu’il se passait, et lorsque c’est enfin le cas elle se retrouve propulsée au sol, la main de Braeden en travers le visage. La façon dont il la maintient au sol, l’empêchant ainsi de faire le moindre mouvement trahissant leur présence, lui fait extrêmement mal. Elle allait le pincer pour lui faire comprendre qu’il pouvait relâcher un peu la pression, qu’elle n’allait pas s’enfuir, mais abandonne l’idée quand elle voit sa tête. Son expression est partagée entre le stress, sûrement du à ses collègues se situant à quelques mètres d’eux, il était complètement ailleurs. Quoi qui puisse lui passer par la tête, ça avait eu un impact sur sa fréquence cardiaque, les battements de son cœur étaient maintenant si forts qu’elle pouvait presque les sentir à travers ses vêtements. Avant même qu’elle ait pu chercher à savoir ce qui lui arrivait son visage reprit une apparence normale, bien qu’il est toujours l’air au bord de l’évanouissement. Comme pour le faire redescendre sur Terre Maïwenn approche sa main de son visage, écartant une de ses mèches pour mieux pouvoir observer ce qu’il se passait dans ses yeux, et ainsi avoir une idée de ce à quoi il pensait, sans résultat. Ils restèrent ainsi plusieurs minutes, le temps que les deux pacificateurs changent de rue, s’il avait enlevé son bras de son dos depuis longtemps elle avait laissé sa main prêt de sa joue ; et ils étaient là, comme deux idiots à se regarder comme s’ils se découvraient à peine, les yeux grands ouverts. Contrairement à ce qu’on aurait pu croire la jeune femme n’avait pas eu peur pour elle, elle était encore convaincue que le statut de son père la protégeait de toute intervention, mais pour Braeden. Pendant quelques centièmes de seconde elle s’était demandé ce qui lui arriverait si on apprenait qu’il la couvrait, peut-être pas grand-chose, il était lui aussi pacificateur après tout, mais la confiance qu’avait les autres en lui en aurait prit un sacré coup. Elle avait chassé cette idée de son esprit à l’instant même où elle était venue, elle ne se souciait pas du sort des autres, ça avait toujours été ainsi et rien ne changerait jamais ça.

Une fois qu’ils furent certains de ne plus rien risquer les deux jeunes gens sortirent de leur cachette pour retourner en pleine rue. Inutile de préciser que le retour chez elle se fit dans le silence le plus glacial qui soit, et qu’il ne releva pas la tête vers elle une seule fois durant la vingtaine de minutes qu’ils mirent à arriver à destination, Braeden avait l’air vraiment contrarié, bien qu’elle ne comprenne pas son point de vu. Pour elle rien de ce qui ne se passait actuellement dans Panem n’était dangereux, et même tous les dossiers secrets qu’elle dérobait à son père ne pourraient le lui faire réaliser. Les rebelles ? Une petite révolte de passage, une nouvelle purge et tout reviendrait à la normale, ça allait de soit. Comme le prouvaient ses entorses au couvre-feu elle avait aussi du mal à intégrer le fait qu’en temps de Jeux tout le monde redoublait de prudence, surtout les pacificateurs. Braeden lui faisait une fleur énorme en ne l’amenant pas au centre, mais de ça non plus elle ne s’en rendait pas compte. Et de toute façon dans l’esprit de la jeune femme il était normal qu’il fasse ça après ce qu’ils avaient partagés, car même s’il n’y avait pas la moindre once d’amour entre eux ils restaient très proches. Ce dernier mois de séparation n’ayant visiblement eu que peu d’impact sur leur « relation ». Quand ils se trouvèrent enfin devant le porche de la baraque immense dans laquelle vivait Maï depuis son plus jeune âge, quelque chose lui revint en tête : son père était absent, et ce jusqu'au lendemain tard dans la matinée. Il avait quelque chose à régler concernant les rebelles, encore un truc en rapport avec la purge qui avait eu lieu il y a plusieurs semaines. Il l’avait informé de cette absence à la va-vite, devant partir assez rapidement et venant juste de se disputer avec elle il n’avait pas eu très envie de s’éterniser chez lui, et elle lui en était reconnaissante. La dernière chose dont elle aurait eu envie à ce moment là c’était bien de discuter avec lui, qui sait peut-être même aurait-il insisté pour la prendre dans ses bras, elle avait envie de vomir rien qu’en y pensant. Elle réalisa ce que cela voulait dire : elle avait le champ libre pour faire ce que bon lui semblait dans la maison, et surtout inviter qui elle voulait. Hors il se trouvait qu’elle avait justement un beau pacificateur à qui elle avait des choses à se faire pardonner, quelle coïncidence… Elle leva le regard vers Braeden qui attendait qu’elle fasse un geste « J’avais oublié, mon père n’est pas là pour l’instant, il ne sera à la maison que demain midi, c’est dommage… » Un sourire diabolique apparaît sur son visage alors qu’elle lui dit d’une voix pleine de sous-entendus « Du coup j’ai quartier libre, mais je vais me sentir vraiment seule là dedans, sans personne… Tu pourrais peut-être me tenir compagnie non ? Tu m’as vraiment manqué tu sais, ces dernières semaines, on pourrait rattraper le temps perdu.» S’apercevant qu’il était presque minuit elle décida de faire jouer cela en sa faveur « Et puis imagines que tu croises quelqu’un, comment vas-tu justifier le fait de traîner dans ce coin là ? C’est très loin de là où tu es censé effectuer ton tour de garde, ce serait plus sûr si tu ne repartais que demain matin. En plus ça fait une éternité qu’on n’a pas passé une nuit ensemble, ne me dit pas que ça ne te manque pas à toi aussi… » Prête à tout pour le garder auprès d’elle, même quelques heures, elle userait de tout les arguments possibles et imaginables jusqu’à ce qu’il cède, voilà à quel point elle voulait montrer lequel des deux était vraiment le chef dans cette histoire.
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MessageSujet: Re: nobody said it was easy ▬ braeden   nobody said it was easy ▬ braeden Icon_minitimeLun 23 Déc - 12:32

Me croyait-elle vraiment crédule à ce point ? Au point de la croire quand elle jouait à l'effarouchée excessivement soulagée de tomber sur moi, quand en pleine journée elle se serait contentée de passer à côté de moi avec mépris en attendant que je sois celui qui se traîne à ses pieds. Et elle aurait attendu longtemps sans doute, parce que je tenais à ma fierté plus que je tenais à elle. Je crois. Ma vie n'était de toute manière qu'une suite d'actions et de divertissements futiles censés m'aider à combler le fait que je n'avais rien d'autre à quoi me racrocher ; Maïwenn n'était que ça, un divertissement. Mais si doux. Et en même temps si amer, comme la saveur douce amer qui m'envahissait tandis qu'elle se perdait en paroles trop belles pour être honnêtes, trop acidulées pour sa nature épicée « Non bien sûr que non enfin, c’était juste une façon de parler. Disons juste que… je tiens à toi, et que tu as plus ou moins besoin de moi, et que tu pourras le nier autant que tu voudras dans le fond tu apprécies ma compagnie. » Besoin d'elle ? Je ne savais pas si j'avais besoin d'elle. Je crois que j'avais besoin de quelqu'un, ça c'était même certain, je crois que j'avais besoin de quelque chose de plus tangible et de plus personnel que mon boulot pour m'aider à ne pas péter un plomb à la moindre occasion ; J'épuisais mes réserves de self-control, de plus en plus vite et avec de plus en plus de facilité. J'avais besoin d'un point d'ancrage auquel penser dans ces moments-là, et c'était sans doute un peu triste à avouer mais Maïwenn faisait très bien l'affaire … Mais ça, plutôt crever que de lui avouer. Elle tenait à moi, voyez-vous ça. Et elle ne s'arrêtait pas là, non elle allait même encore plus loin dans sa tentative pour me ramollir la cervelle « Évidemment ! Braeden, je sais que je ne l’ai peut-être pas montré par pure fierté, mais tu m’as énormément manqué. Tout paraissait plus terne sans toi, et je n’osais pas aller à ta rencontre. » Bien sûr, bien sûr. Elle n'osait pas, depuis quand Maïwenn n'osait-elle pas au juste ? Elle était la championne toute catégorie pour se faire remarquer, elle ne supportait pas l'indifférence … Croyait-elle que je n'avais pas fini par la cerner un peu, moi aussi ? « Penses-y, la prochaine fois que j'ai à faire en dehors du trois. » avais-je simplement répondu d'un ton presque narquois, simplement par provocation et pour la mettre devant le fait que contente ou non ce n'était pas ses caprices ni même rien de ce qu'elle pourrait dire ou tenter d'exiger qui m'empêcherait de m'absenter à nouveau, si la situation l'exigeait ou que l'ordre m'en était donné. C'était bien la seule chose à laquelle je sois fidèle en fin de compte, ma loyauté envers mon boulot ; Peut-être parce que je ne savais plus quoi être d'autre si je n'étais pas pacificateur. Sans doute même, et tout cela je le devais à Hilda, tout comme le fait d'être vivant et de me tenir actuellement sur mes deux jambes. Inutile de tenter d'expliquer cela à Maïwenn cependant, parce qu'à ses yeux sortie de son confort ouaté rien ne semblait réellement exister, et la révolte qui avait secoué les districts et manqué de renverser l'ordre établi ne semblait pas l'avoir perturbée plus que la brise dans les arbres qui entouraient le district trois. « Personne ne tournerait le dos à Ioseph voyons ! Ce serait ridicule, et surtout si leur seules raisons sont fondées sur l’attitude puérile de sa fille, je n’ai rien à voir avec toute cette politique moi. Et essayes un peu de me comprendre avant de juger s’il te plait, je passe mes journées à l’intérieur de cette immense baraque, à regarder les autres vivre leur petites vies. Alors certes je ne suis pas vraiment à plaindre, mais tout serait tellement mieux si on me donnait un peu plus de libertés… » Je n'avais pas su m'en empêcher, j'avais levé les yeux au ciel. Si liberté se résumait pour elle à pouvoir sortir en dehors du couvre-feu ou pouvoir dépenser l'argent de son paternel sans qu'il ne lui en tienne jamais rigueur, il n'y avait rien d'étonnant à ce qu'elle se passionne tant pour le luxe du Capitole et des deux premiers districts. Et dans toute la candeur de son existence dorée elle ne réalisait toujours pas que cette vie et ses privilèges resteraient toujours hors de sa portée, parce qu'elle était née au trois, vivait au trois, et ne connaîtrait jamais rien d'autre que le trois, comme la quasi-totalité de ses concitoyens.

Le mieux à faire était donc de la raccompagner chez elle sans faire d'histoire, autant pour lui éviter les ennuis que pour m'éviter de devoir faire quelque chose que je n'avais pas envie de faire. Sanctionner n'importe quel citoyen ne respectant pas les lois n'était pas comparable, des autres citoyens je ne connaissais pas l'odeur de la peau, le goût des lèvres ou le son de la voix dans les rares moments où je croyais déceler un brin de sincérité pure. L'odeur de sa peau … Pourquoi l'odeur de sa peau tout à coup ? Pourquoi les battements de son cœur si près du mien quand je m'étais obligé à lâcher sa main quelques instants plus tôt ? Pourquoi ce sentiment de terreur extrême tout à coup, pourquoi mon cœur qui tambourine, pourquoi mes oreilles qui bourdonnent, pourquoi … et puis plus rien. A nouveau la peau de la jeune femme contre la mienne, sa main glissant sur ma joue, et la mienne se posant par dessus comme cherchant quelque chose de concret à quoi me raccrocher. Comme par peur de rebasculer vers je ne savais quel sentier où il valait mieux ne pas m'aventurer, et par peur surtout de ce que je pourrais y trouver. Pendant de longues secondes le visage de Maïwenn avait été la seule chose à laquelle je me raccrochais pour tenter de retrouver la raison, sans que je m'en aperçoive, comme si c'était ce que me dictait mon instinct de survie ; Et puis j'avais réalisé. A quel point c'était ridicule, l'image que cela pouvait renvoyer, et me reculant d'un seul coup je m'étais dégagé de sa main comme si elle s'était mise à me brûler. Resserrant ma main autour de mon arme comme pour me rassurer j'avais fini par me relever, avant de tout de même tendre une main à Maïwenn pour l'aider à se remettre debout à son tour « On … on ferait mieux de rentrer. » Je coupais ainsi court à toute conversation éventuelle qui aurait pu suivre, à toute question ou remarque qui émanerait de la part de la jeune femme et que j'avais aussi peu envie d'entendre que de devoir y répondre. Je savais que cette situation ne pourrait pas durer éternellement, que l'instabilité qui me paralysait parfois avait une explication à laquelle je devrais bien me confronter un jour, mais pour l'heure j'étais totalement impuissant face à la situation et je n'avais personne vers qui me tourner. Pas sans risquer de perdre la stature que j'avais déjà eu tant de mal à me construire auprès de mes collègues et de ma hiérarchie, et je ne pouvais pas prendre ce risque …. Si je perdais mon boulot que me resterait-il ? Si seulement Hilda était toujours là …

Le silence qui avait perduré durant toute la durée du trajet était aussi inhabituel qu'il était étrange. Parce que Maïwenn n'était pas le genre qui la mettait en veilleuse simplement parce qu'on le lui demandait, habituellement ... Peu-être était-ce ma réaction un peu avant, peut-être lui avais-je fait peur ? Cette simple pensée m'arracha un ricanement intérieur ; J'aurais bien aimé, réussir à faire peur à la demoiselle. Assez pour que mes menaces puissent être prises au sérieux du moins. Pourtant j'espérais bien je jamais avoir à en mettre aucune à exécution concernant les Hightower, qu'il s'agisse du père ou de sa fille. Le maire était populaire auprès des habitants, trop peut-être pour que son élimination ne soit l'étincelle qui pourrait s'embraser, et causer des dégâts supplémentaires dont nous n'avions pas besoin. La vermine que constituait la rébellion avait déjà tant détruit sur son passage ici, au district trois. Il était temps qu'il retrouve son calme et sa sérénité ; C'était notre rôle à nous, pacificateurs. Marchant un mètre derrière Maïwenn, afin de ne pas la perdre des yeux, je m'exprimais basiquement par grognements ou par onomatopés quand j'avais besoin qu'elle ralentisse, ou au contraire qu'elle accélère. Par chance nous n'étions tombés sur aucune patrouille supplémentaire, en partie grâce aux divers détours que j'avais forcé Maïwenn à prendre pour éviter les rues principales. Ce n'était qu'en arrivant devant le porche de son immense maison que j'avais pris la mesure d'à quel point j'étais toujours tendu, les muscles de mes épaules douloureusement contractés tandis que la main qui tenait mon arme était à la limite de la crampe. Et bien sûr, à l'opposé Maïwenn semblait revenir d'une balade de santé, et s'était retournée vers moi avec un regard que j'avais appris à reconnaître entre mille : celui de celle qui s'apprêtait à demander quelque chose qu'elle ne supporterait pas de se voir refuser. C'était courant, chez Maïwenn, pour ne pas dire automatique. « J’avais oublié, mon père n’est pas là pour l’instant, il ne sera à la maison que demain midi, c’est dommage … Du coup j’ai quartier libre, mais je vais me sentir vraiment seule là dedans, sans personne … Tu pourrais peut-être me tenir compagnie non ? Tu m’as vraiment manqué tu sais, ces dernières semaines, on pourrait rattraper le temps perdu. » C'était si prévisible, elle était tellement prévisible. Elle s'imaginait sans doute que non, qu'il suffisait qu'elle batte un peu des cils en souriant avec nonchalance pour me faire perdre la tête, à moi ou à un autre, et qu'ainsi elle s'auréolait de mystère. Elle n'était rien de plus qu'une gamine en mal d'attention, une gamine qui ne savait pas encore si elle avait envie de passer à l'âge adulte. Une adolescente dans le corps d'une femme, l'insolence de l'enfant mais le pouvoir de séduction de la femme fatale. « Et puis imagines que tu croises quelqu’un, comment vas-tu justifier le fait de traîner dans ce coin là ? C’est très loin de là où tu es censé effectuer ton tour de garde, ce serait plus sûr si tu ne repartais que demain matin. En plus ça fait une éternité qu’on n’a pas passé une nuit ensemble, ne me dit pas que ça ne te manque pas à toi aussi … » J'étais resté là, stoïque, comme cherchant à la défier du regard par le simple fait de ne pas répondre tout de suite à sa tentative à peine dissimuler pour m'attirer dans ses filets. Une nouvelle fois. Est-ce que ça me manquait ? C'était compliqué, tout était bien trop compliqué pour que je puisse répondre à cette question par oui ou pas non. Peut-être, alors.

Je manquais de volonté. Ou tout du moins je manquais de celle qui m'aurait permis de me montrer raisonnable vis-à-vis de Maïwenn, de ne pas céder, de lui prouver qu'il ne suffisait pas qu'elle me veuille pour réussir à m'avoir. Mais sans doute que je la voulais moi aussi, sans doute que c'était mieux que ce qui m'attendait chez moi si je tournais les talons, la froideur de la pièce unique qui me servait de pièce à vivre, de cuisine et de chambre, la lourdeur de la solitude qui y régnait ... Ou bien c'était le départ d'Hilda, qui me faisait me sentir si seul ? Au fond je n'avais jamais rien connu d'autre qu'elle, pas consciemment du moins. J'en avais assez de la solitude, j'en avais assez de la moiteur de mes mains tandis qu'assis sur le rebord de mon lit je contemplais le néant de mon existance ... Je ne voulais pas ça, pas ce soir, pour une fois. Alors j'avais fait un pas en avant, puis deux, réduisant à presque rien la distance qui persistait entre Maïwenn et moi, l'obligeant à reculer jusqu'à être dos à la porte d'entrée tandis qu'une de mes mains allait attraper sa taille et glisser le long de sa hanche. « Ose me dire que ne m'as pas fait venir juste pour ça. » avais-je alors susurré à son oreille presque avec provocation, comme pour la faire renoncer à ses illusions selon lesquelles je serais totalement dupe, et incapable de voir à quel jeu elle était en train de jouer. Elle ne jouait pas avec moi au fond, c'était un jeu auquel nous jouions chacun à notre manière, chacun pour nos propres raisons. Lentement, très lentement, ma main avait remonté le long de son dos, ma main s'agrippant finalement à l'épaule de la jeune femme tandis que mes lèvres allaient effleurer le lobe de son oreille. Je ne restais pas parce qu'elle me le demandait, je restais par envie, presque par besoin, un besoin de sentir quelque chose, n'importe quoi. Autre chose que ce rien du tout anesthésiant dans lequel je me laissais glisser depuis le départ d'Hilda. ... Mais quelle importance, au fond, les raisons pour lesquelles je restais. « Si tu parles de ça à qui que ce soit, je ferai en sorte que tu regrettes ne serait-ce que le fait d'avoir mis le nez dehors ce soir. » Mes lèvres quittant sa peau j'avais fixé mes yeux sur les siens, une lueur mauvaise dans le regard. Pourtant je ne savais pas si je serais capable d'en arriver là ; Je ne savais plus rien, à vrai dire. J'étais tantôt la mer déchaînée, tantôt le lit calme d'une rivière. Tantôt l'agneau dans la bergerie, tantôt le loup en lisière de bois, prêt à sauter tous crocs et toutes griffes dehors. Et j'étais censé savoir qui j'étais, au milieu de tout cela ... en dehors de quelqu'un d'instable. « C'est à prendre, ou à laisser. » que j'avais finalement concédé, sans résister à laisser mes lèvres glisser à nouveau le long de son cou, la chaleur de mon souffle se heurtant à celle de son épiderme, son parfum me collant la chair de poule tandis que mon visage se perdait dans sa nuque. Qu'attendait-elle au juste pour nous faire rentrer ? Ou bien espérait-elle que j'allais patienter cent sept ans sur le palier ? Ce n'était pas seulement une offre à prendre ou à laisser, c'était une offre à durée limitée. J'avais envie d'oublier, j'avais envie de me laisser aller à penser à totalement autre chose le temps de la soirée, de la nuit. Et je n'étais pas disposé à attendre, ma patience avait été rongée jusqu'à l'os bien plus tôt dans la journée.
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