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 CLAVEN ➺ i only fear that i don't have enough time left

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Raven H. Abernathy
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Raven H. Abernathy
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△ à Panem depuis le : 22/01/2012
△ humeur : la mort de Coin, dont les idées commençaient à lui déplaire, a donné un nouvel élan à son implication dans la lutte contre le Capitole
△ âge du personnage : trente-six ans
△ occupation : lieutenant-colonel dans l'armée du 13 (chef de section, tireur d'élite) ~ membre du conseil de décision post-Coin


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MessageSujet: CLAVEN ➺ i only fear that i don't have enough time left   CLAVEN ➺ i only fear that i don't have enough time left Icon_minitimeMar 3 Déc - 22:16


{ This faded dreams just screamed to bring them home  }

My heart's been put on display and put away
Many ways, many times I told myself it was okay
And anger was the price that was paid


✼ ✼ ✼


Le claquement de la porte du casier que je venais moi-même de refermer m'avait fait sursauter. J'avais libéré les recrues y'avait moins d'une demi-heure et pourtant mon inconscient semblait de nouveau s'être habitué au silence, au vide absolu que respirait la salle d'entrainement une fois vidée de ses occupants. Je ne me considérais même pas comme un occupant à part entière de la pièce à cet instant, c'était comme si j'étais là sans être là. Je vivotais, je faisais ce qu'on attendait de moi et je vaquais à mes occupations quotidiennes avec automatisme, mais j'avais l'impression qu'on m'avait débranché à l'intérieur, et que je fonctionnais sur pilotage automatique depuis des semaines. Depuis cent vingt-sept jours. Cent vingt-sept jours, plus du tiers d'une année ... Cela faisait plus du tiers d'une année maintenant, que Miléna était morte. Et pourtant, c'était toujours aussi inacceptable que la première semaine, cela faisait toujours aussi mal, cela semblait toujours aussi irréel. Je continuais de me réveiller en pleine nuit et de la chercher à côté de moi, et y'avait toujours cet dixième de seconde où j'avais oublié, où je me berçais encore d'illusions avant que l'horrible réalité ne me revienne en pleine figure. Miléna était morte. J'étais veuf. Megara avait perdu sa mère. Cela n'avait aucun sens ... Comment en étions-nous arrivés là ? Comment, pourquoi, pourquoi putain, cela n'avait aucun sens. Survivre aux bombardements du Capitole sur notre district, et être assassinée comme ça, pour rien, pendant une banale mission de routine ... C'était plus cruel encore que de mourir pour la révolte, c'était cruel à l'égal de la cruauté de son bourreau. Hunter paierait, peut-être pas de ma main, mais il paierait ; Moi vivant ce salopard n'aurait pas le privilège de mourir d'une mort paisible. Quelqu'un devrait lui faire payer pour toutes les vies qu'il avait brisé, ça je m'en faisais la promesse. La vengeance. Je faisais tout ce qui était en mon pouvoir pour ne pas la laisser me consumer totalement, parce que ce n'était pas à cela que devais servir mon énergie mais à m'occuper de ma fille, et uniquement à cela. Et parce que c'était ce désir de vengeance qui avait aussi sonné la fin de Miléna en quelque sorte. Je n'arrêtais pas de me dire que peut-être si elle n'avait pas tout fait pour retrouver Hunter, si elle n'avait pas cherché à se venger pour échouer, peut-être n'aurait-il pas mis tant d'acharnement dans le fait de la retrouver, et de l'achever une bonne fois pour toute ... Alors je ne pouvais pas. Je ne pouvais pas me laisser consumer par cette même rage, je ne pouvais pas risquer qu'elle ne finisse par me tuer moi aussi. Qu'adviendrait-il de Megara s'il m'arrivait quelque chose ? Je savais bien que mon père serait là pour s'occuper d'elle s'il devait m'arriver malheur, mais l'idée de faire de ma fille une orpheline m'était trop insupportable ; Il était de mon devoir de faire en sorte que cela n'arrive pas, et qu'elle ne perde pas ses deux parents.

J'avais été injustement sévère avec les recrues, aujourd'hui. Pas que je ne le sois pas habituellement, sévère, mais je n'étais jamais injuste, ou du moins j'essayais de ne pas l'être ; Ces temps-ci j'avais juste tendance à oublier. Oublier que la plupart étaient encore des adolescents, qu'ils essayaient d'apprendre, qu'ils étaient plein de bonne volonté même lorsqu'ils commettaient des erreurs. J'oubliais parce qu'à chaque erreur je voyais la conséquence qu'elle aurait eu sur le terrain, dans une véritable mission : la mort. Une mort certaine, une mort injuste, une mort dont j'aurais été indirectement le responsable, puisque c'était mon travail de les former à ne plus les faire, ces erreurs. M'asseyant sur un des bancs des vestiaires, j'avais replié une jambe contre moi le temps de refaire le lacet d'une de mes chaussures, lorsque qu'une voix derrière moi m'avait tout bonnement fait sursauter. Relevant la tête j'avais découvert le visage de Clay, et c'est seulement à cet instant là que je m'étais souvenu que c'était moi qui lui avais demandé de venir ce soir. En temps normal je n'aurais jamais oublié ce genre de trucs, en temps normal je n'oubliais jamais ... mais ça faisait longtemps que j'avais quitté la normalité, je crois. « T'es en avance ? » avais-je alors demandé pour me donner une contenance, tout en baissant de nouveau brièvement les yeux vers mes chaussures pour terminer d'en resserrer les lacets. Me remettant debout, j'avais eu tout le loisir de jeter un œil à l'horloge murale des vestiaires et de constater que non, Clay n'était pas en avance, il était même parfaitement à l'heure ... C'était simplement moi, qui ne voyait plus le temps filer. « Désolé, j'avais l'esprit ailleurs. » avais-je alors ajouté comme pour tenter de me justifier, sans trop savoir de quoi je me justifiais, en fin de compte. Reposant mon regard sur mon cousin j'avais détaillé un instant l'uniforme qu'on le forçait maintenant à porter, différent légèrement des vêtements imposés aux civils du district ; J'aimais moyennement l'idée de Clay au sein de notre armée, à vrai dire. J'avais risqué gros en allant le chercher jusqu'au Capitole, je ne le regrettais pas un instant et le referais les yeux fermés s'il le fallait, mais j'avais risqué gros et lui aussi, alors l'idée de le voir désormais dans nos rangs, là où il avait plus de chances de risquer sa vie qu'ailleurs, j'avais du mal à l'avaler. « Prêt ? » que je lui avais néanmoins demandé d'un ton résolu. Parce que s'il ne me l'avait pas demandé j'aurais fini par le lui proposer, de l'entraîner. D'essayer de lui donner quelques cartes supplémentaires pour que rejoindre les rangs de l'armée du treize ne soit pas équivalent à signer un arrêt de mort, pour le pacifique qu'il était. Je ne savais pas s'il s'était déjà résolu à cette idée, au fait qu'en temps de guerre même un médecin tel que lui aurait peut-être un jour à commettre l'irréparable s'il s'agissait de sauver sa vie, ou celle de quelqu'un à qui il tenait ; Au fait que peut-être il devrait tuer, lui qui vivait pourtant pour sauver des vies. C'était injuste. Les décisions de Coin étaient injustes ... cette situation toute entière était injuste.
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Clay L. Kennedy-Fawkes
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MessageSujet: Re: CLAVEN ➺ i only fear that i don't have enough time left   CLAVEN ➺ i only fear that i don't have enough time left Icon_minitimeMer 25 Déc - 14:20




« I CAN SEE THE DARKNESS IN YOUR EYES. I WON’T LET HER TAKING YOU AWAY, CAUSE I KNOW HER. SHE’S NOT A GOOD FRIEND. »



Le discours de Coin avait été des plus nuls et des plus sordides jamais vus. Même ceux de Snow, et pourtant Dieu savait qu’il était un véritable sadique déguisé, avaient plus de finesse et de délicieuse sympathie. J’ignorais ce à quoi je pouvais bien m’attendre en entendant un tel discours de ralliement, mais je n’en aimais pas les décisions, ni même les devoirs que cela pouvait contraindre. La décision de Coin était pourtant plus ancienne que ce discours, je ne l a comprenais toujours pas… Voyait-elle là un moyen de se venger de l’affront de Raven, qui avait été le seul à risquer sa vie pour tenter de me tirer de leurs griffes ? Ou était-ce simplement un jeu machiavélique dans le but de prouver que j’étais complètement dérangé et que je devais rester enfermer à vie ? Je ne détenais hélas de réponses à mes questions, et ne les aurais sans doute jamais. En attendant, perdu dans mes pensées, le discours continuait, jusqu’à ce que finalement tout le monde ne commence à rentrer dans ses quartiers. Je fus parmi les premiers, mes jambes avaient pris d’elles-mêmes les devants, tandis que mon esprit fonctionnait au ralenti. Passant dans les couloirs menant à l’aile médicale que j’avais beaucoup trop côtoyée, soit en tant que patient, soit en tant que médecin, j’essayais de ne pas paniquer. Ca s’était passé de cette manière au moment où la nouvelle était tombée… « Vous devez rejoindre les rangs de l’armée, nous manquons de personnel. Ce n’est pas à discuter. Vous tenez sur vos deux jambes, vous avez toujours votre tête entre vos épaules, vous pouvez vous battre. ». Et je n’avais pu discuter… Ou même argumenter sur mon propre dossier médical. L’on aurait sûrement cru que, trouillard, j’essayais de m’éjecter du programme, or cela n’était pas la véritable raison. J’étais réellement handicapé, au quotidien, et encore pire sur un potentiel champ de bataille. Je l’étais, depuis qu’Hunter m’avait fait subir ça, je me souvenais de la noirceur, des ténèbres et de la douleur qui tiraillait encore les os de mes jambes, chaque nuit, comme un vulgaire réflexe. J’étais resté des jours, et même des semaines sans soins, mes jambes avaient commencé à se consolider comme elles pouvaient, dans une position qui ne devait pas être la leur. Et il avait fini par donner le coup de grâce, j’ai même failli en perdre la vie, à l’époque, on avait accepté de me le dire, et la cicatrice laissée à l’arrière de mon crâne prouvait bien de la violence et de toute la colère qu’Hunter avait mise dans son acte inhumain. Il avait tenté de me donner la mort, m’avait amené si prêt que j’avais bien failli rester amnésique à jamais…

Et pourtant, me voilà, mémoire retrouvée bien qu’esprit encore embrumé par les quelques migraines. Un éclopé, boitant sans relâche et se retrouvant contraint de forcer sur ses jambes dès qu’il fallait aller vite. Mais surtout… Un médecin, qui renouait avec la faculté de sauver des vies, d’en prendre soin. Il fallait en prendre soin, encore plus depuis que j’avais vu les horreurs dont le Capitole était capables. Malgré cela, je m’accrochais, pire encore, j’avais même participé à la révolte, alors que je n’étais même pas promu soldat. Je ressentais tellement de haine pour Hunter, pour ce qu’il avait fait à tous ces gens, pour ce qu’il avait fait à Miléna… Pour ce qu’il m’avait fait, et je n’aspirais plus qu’à une douce vengeance. A la différence de Miléna sans doute, j’attendrai patiemment mon heure, tapis dans l’ombre, sans faire une focalisation. Sauver des vies était en quelque sorte devenu un exutoire. Une véritable thérapie contre les angoisses, contre l’obscurité qui me tombait dessus chaque nuit dans mes quartiers. Seul, lorsque Julian n’était pas là, ou alors était-ce parce que je ne voulais personne dans les mêmes quartiers que moi, hormis peut-être Callie, la seule qui avait une patience d’ange et qui, malgré toutes les épreuves, semblait vouloir rester à mes côtés. Je lui devais énormément, surtout lors de mon amnésie, elle n’avait pas fléchie malgré mes crises d’angoisses d’amnésique chronique, ni lorsque, me réveillant en sursaut je manquais de frapper quelqu’un. La panique et la noirceur avaient été mes pires ennemis, ça l’était encore aujourd’hui, et ça l’avait été ce fameux jour, lorsqu’on m’avait annoncé que je devenais soldat en plus de médecin. Que je rentrais officiellement dans les rangs, sans même avoir subi un seul entrainement. J’étais immédiatement retourné dans mes quartiers, hurlant quasiment ma panique, essayant de me calmer seul comme certains psys avaient pu me conseiller de le faire. J’étais marqué au fer blanc par la peur d’être torturé à nouveau. Aussi trouillard que courageux. J’étais marqué psychologiquement et physiquement, à jamais. A jamais je ne pourrai que me souvenir de ce qu’Il m’avait fait. De ce que le Capitole faisait. Alors je me demandais, si, à chaque crise, Julian ressentait la panique. Je ressentais la sienne, je l’avais ressenti de nombreuses fois quand il avait dû affronter l’arène. Ressentait-il la mienne lorsque je me réveillais en sursaut ou en hurlant la nuit ? Lorsque mes jambes me faisaient souffrir de façon illusoire ?

Poussant la porte de mon minuscule « chez-moi », je la refermais aussitôt, m’adossant à elle en laissant s’échapper un long soupir. Les paupières closes, je prenais une profonde inspiration, puis expirais, et ainsi de suite pendant plusieurs minutes. Lorsque je sentis partir la boule au ventre je m’avançais dans la lumière blafarde et artificielle pour m’observer dans la glace. Ressemblais-je seulement à l’homme que j’étais ? Me reconnaissais-je seulement ? L’uniforme ne me convenait pas, malgré l’insigne médical que j’avais tenu à conserver. Les heures défilèrent ainsi, jusqu’à ce que l’horloge n’indique pour moi, l’heure de rejoindre Raven. Ma ronde médicale avait eue lieue dans la matinée, si bien que j’avais pu rester tranquillement dans mes quartiers, à écouter le silence ou le bruit des oiseaux virtuels pour me calmer.

Je traversais les différents couloirs, je les connaissais quasiment par cœur à présent, même si certaines ailes étaient encore inconnues pour certains points, car interdites « au public », mais étais-je encore un simple citoyen digne d’être considéré comme faisant partie du « public » ? Je n’en savais rien, mais si tel était le cas, c’était illogique et parfaitement louche. Quand j’arrivai dans les vestiaires, Raven était en train de lacer ses chaussures, et visiblement je m’étais fait si discret qu’il ne m’avait pas vu sur le moment. A la première demande, j’haussais un sourcil, mais ne répondis pas immédiatement, je ne lui en voulais pas, dernièrement c’était dur pour tout le monde, et surtout pour lui, je l’imaginais plus que bien, car la mort de Miléna ne m’avait pas laissé indifférent non plus. Hochant finalement la tête je lui adressais un petit sourire. « Ça ne fait rien, ça arrive à tout le monde. ». J’hochai à nouveau la tête lorsqu’il me demandait si j’étais prêt. Oui, il le fallait bien. Baissant un instant les yeux, j’inspirais puis reposais mon regard dans le sien. « Plus que jamais. ». Ou pas du tout… Même si intérieurement, ma part de rébellion, celle qui voulait se battre, semblait beaucoup plus forte que quelques heures auparavant. Il fallait voir en cet entrainement, un moyen de venir à bout de tous ces Pacificateurs sadiques qui ne pouvaient plus être sauvés. Un moyen d’anéantir le Capitole pour de bon. « Ne me ménage pas, s’il te plait. ». Oui, je comptais sur mon cousin pour ne pas me traiter avec pitié, si j’avais des choses à apprendre, il fallait les apprendre vraiment. Tournant les talons, je rentrais dans la salle d’entrainement, jusque-là j’avais refusé d’y mettre les pieds, mais on m’avait gentiment rappelé à l’ordre, cet entrainement serait quasiment le premier et je ne comptais jusqu’à lors, que sur mes capacités de combat à mains nues, du moins… Mes quelques capacités, car je ne pensais pas être un bon combattant, juste un bon… Survivant. Enfin presque.

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Raven H. Abernathy
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MessageSujet: Re: CLAVEN ➺ i only fear that i don't have enough time left   CLAVEN ➺ i only fear that i don't have enough time left Icon_minitimeMer 8 Jan - 13:57

Je n'arrivais toujours pas à m'y habituer, à l'uniforme de Clay. A ce qu'il représentait, à ce qu'il renvoyait … Ce n'était pas que je ne pensais pas mon cousin capable de se débrouiller, de se défendre, c'était simplement que cela me semblait tellement loin de cette image de gentillesse qui le définissait à mes yeux. C'était d'ailleurs à cela que j'avais dans un premier temps appris à différencier les deux frères ; Julian avait parfois ce regard dur, le regard de quelqu'un qui vivait sans cesse en regardant derrière lui en craignant d'y voir la faucheuse … C'était compréhensible me direz-vous, pour un fugitif. Un fugitif qui avait survécu à l'arène des Hunger Games qui plus est. Mais Clay lui avait sur son visage cette gentillesse qui lui était propre ; Du moins c'était le cas, jusqu'aux récents événements. La révolte n'avait épargné personne, j'étais bien placé pour le savoir, et Clay comme tant d'autres n'y avait pas coupé. Il était chanceux d'être vivant, c'était déjà une consolation, mais à quel prix … Celui de cette gentillesse entière et franche qui le caractérisait autrefois, et qui si elle n'avait pas entièrement disparu s'était craquelée par endroits, à l'image des blessures physiques et psychologiques infligées par ce pacificateur dont je préférais taire le nom tant le simple fait de le prononcer dans ma tête parvenait désormais à me crisper, et à me faire perdre ce sang froid que j'avais déjà tant de difficulté à conserver. Mais donc, j'avais encore de la difficulté à m'habituer à cet uniforme que portait Clay, une sorte d'intermédiaire entre celui des civils et le nôtre, tel une place hybride dans notre société souterraine, plus tout à fait civil mais pas totalement militaire non plus … Pas totalement non, dieu merci. Et il se tenait là, en face de moi, sans que je ne parvienne à cacher le temps de latence qui m'avait été nécessaire avant de comprendre que l'objet de sa présence n'était rien de moins que le fait que je lui avais moi-même demandé de venir. Parce que quitte à ce qu'il soit forcé de rejoindre les rangs autant qu'il soit préparé efficacement, et parce qu'il s'agissait d'un membre de ma famille il n'y avait personne en qui j'ai plus confiance que moi-même pour s’acquitter de cette tâche. Prenez ça pour une forme d'orgueil de ma part si vous le souhaitez, je n'en avais pas honte.

Il était là en tout cas, fidèle au poste et plus à l'heure que l’horloge elle-même, tandis que je m'excusais vaguement d'avoir la tête ailleurs, comme s'il s'agissait tout à coup d'une faute impardonnable de ma part. « Ça ne fait rien, ça arrive à tout le monde. » m'avait-il pourtant assuré tout en hochant la tête, et en me décochant un léger sourire. Mais non, ce n'était pas rien, parce que cela ne m'arrivait pas à moi. Je n'étais pas tout le monde, je ne laissais pas mes tracas et mes pensées empiéter ne serait-ce qu'un tout petit peu sur ma façon de me comporter au quotidien, et spécialement pas lorsque j'étais en dehors de mes quartiers. Préférant pourtant ne rien répondre je m'étais donc contenté de lui demander s'il était prêt, comme si je craignais tout à coup que Clay renonce, et me supplie plutôt de tout faire pour que Coin revienne sur sa décision ; Ce n'était pourtant pas le tempérament du médecin, Clay n'était pas quelqu'un qui fuyait, ce n'était pas un lâche, et je le savais parfaitement. « Plus que jamais. » C'était sa réponse, et c'était une preuve supplémentaire de ce que je venais d'avancer. D'autres auraient préféré se cacher, se terrer dans un coin en espérant se faire oublier, ou disparaître, mais Clay lui avait su faire de ce qui l'avait affaibli une nouvelle force, un carburant à sa nouvelle vie dans notre district treize. A moi désormais de veiller à ce qu'il ne se laisse pas consumer par la vengeance, par ce mal qui restait indirectement une des causes de la mort de Miléna. Et je ne pouvais pas perdre Clay comme j'avais perdu Miléna, je ne voulais plus perdre un seul membre de ma famille dans cette révolte, et surtout pas de cette façon … Je n'étais pas certain de pouvoir supporter plus que ce que je supportais déjà, tant bien que mal. « C'est bien. » Voilà tout ce que j'avais répondu, tout en hochant légèrement la tête avant de lui faire signe de me suivre. C'était difficile à expliquer mais il régnait dans les salles d’entraînement une ambiance que je trouvais presque rassurante ; Je ne vais pas dire que tout se jouait ici, parce que c'était faux, c'était sur le terrain que tout se jouait, mais c'était entre ces murs et sur ces tapis que se forgeaient les réflexes et les techniques qui pourraient par la suite sauver la vie de chaque soldat qui s'y pliait. « Ne me ménage pas, s'il te plait. » M'arrêtant, j'avais relevé les yeux vers lui, le scrutant un instant comme si j'attendais qu'il attende quelque chose d'autre, qu'il développe, qu'il argumente. Et finalement j'avais simplement répondu « C'était pas mon intention. » parce qu'effectivement je n'avais jamais eu l'intention de lui épargner quoi que ce soit sous prétexte qu'il était mon cousin, ou que le Capitole l'avait amoché, ou qu'il n'était pas d'un naturel vindicatif et allant facilement à l'affrontement. Au contraire, c'était même à cause de tout cela qu'il n'était ni dans mon intérêt ni dans le sien que je le ménage d'une quelconque manière. Mon but c'était d'être sûr qu'il saurait se défendre dehors, c'était d'être certain qu'il saurait faire face à n'importe quelle situation à risque et dans les meilleures conditions. Ainsi je ne m'inquiéterais pas moins, mais j'aurais au moins l'esprit un peu plus tranquille, tandis que lui y trouverait sans doute plus de confiance en lui et dans sa capacité à survivre en terrain hostile.

Balayant à nouveau un court instant la salle des yeux tandis que je me tenais toujours aux côtés de Clay, j'avais fait un signe de la main pour qu'il me suive jusqu'au milieu d'un des tapis encastrés à même le sol ; Quoi de mieux que le corps à corps pour se mettre en jambe ? Et d'ailleurs, tandis que je croisais les bras presque machinalement pour me donner l'air plus sévère, j'avais demandé « Tu t'es déjà échauffé j'espère ? » comme je l'aurais fait à n'importe quelle autre recrue plus jeune que lui. Parce que non, j'avais pas l'intention de lui passer ce genre de trucs non plus, quand on demandait mon aide on la recevait en général sans que j'ai trop besoin de réfléchir, mais j'attendais en échange que l'on fasse les choses bien, et à fond. « Parce que c'est le B et A BA ça, déjà, j'ai pas envie que tu te blesses bêtement. Surtout qu'estropié ou non Coin n'hésitera pas à te catapulter sur le terrain si la situation l'exige, et outre le fait que ça serait mauvais pour toi d'être handicapé, tu ralentiras également ton unité, ça mettrai en danger tous les autres soldats avec toi et … » Et quelque part au milieu de ma tirade j'avais profité de ce qu'il semble trop occupé à m'écouter débiter mon laïus pour penser à autre chose pour attraper son poignet d'une main, son épaule de l'autre, avant de le tirer en arrière et de lui faire un croche-pied pour le faire tomber au sol. Posant les mains sur mes hanches tandis que je le regardais reprendre ses esprits, j'avais tout de même tendu la main pour l'aider à se relever avant de dire « En fait ce que je voulais dire c'est simplement qu'il faut toujours faire attention à ce qui se passe autour de toi, et à toujours rester sur tes gardes. Tu sais jamais à l'avance d'où la menace va venir, tu dois te méfier de tout. » Et ça, c'était la première leçon, celle que j'apprenais avant toutes les autres à chacune de mes recrues, parce que c'était utile mais sans qu'aucune ne sache jamais pour quelle raison je faisais de cette leçon une priorité. « Et de tout le monde. Je devrais sans doute pas te dire ça, parce que c'est contraire à ce qu'on enseigne ici, mais c'est le cas. Y'a qu'à toi que tu peux faire entièrement confiance, toi et personne d'autre. » Je devais sembler amer, sans doute, mais j'avais appris à me contenter de la compagnie de l'amertume avec le temps. Et puis qui me le reprocherait, maintenant ? J'estimais avoir le droit de regarder l'avenir autrement qu'avec l'optimisme dont j'avais toujours fait preuve.
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MessageSujet: Re: CLAVEN ➺ i only fear that i don't have enough time left   CLAVEN ➺ i only fear that i don't have enough time left Icon_minitimeLun 13 Jan - 20:03



« I’M NOT USED TO IT EITHER. »



L’uniforme de l’armée. Ils eurent beau y ajouter quelques insignes médicale qui différaient de celles jugées « normales », je m’y habituais pas, pas plus que mon cousin bien que je fus silencieux à ce sujet. Le combat avec les armes n’était clairement pas l’une de mes vocations premières, et pourtant je me retrouvais ici, dans ce vestiaire sentant encore la transpiration mélangée au savon, à attendre que l’on daigne m’éviter une mort certaine. J’en avais fait moi-même l’initiative et je savais que Raven me l’aurait sûrement proposé de toute manière, mais je ne pouvais cesser de ne pas m’y sentir à ma place. Pendant la révolte, j’avais tout fait pour éviter d’infliger la mort à qui que ce soit, préférant me rabattre sur la médecine, soigner au mieux les blessés. J’y avais été confronté, à la mort, plus de fois que je ne pourrai le compter à présent, et je ne m’y faisais pas. Combien d’hommes étaient morts quasiment dans mes bras ? Combien de pauvres âmes avais-je perdu ? Combien d’échecs inévitables ? Des centaines… Pendant cette révolte et cette guerre ouverte pourtant nécessaire, j’en avais perdu des centaines. Toutes ces âmes resteraient à jamais gravées, même si je n’en connaissais pas la moitié. Les soldats restaient marqués par la mort qu’ils infligeaient, moi je restais marqué par toutes ces vies perdues. Les traits durcis par une réalité beaucoup trop présente et ancrée, je n’étais presque plus qu’une coquille vide, à l’image de mon cousin qui était assis devant moi, la perte de Miléna sur le cœur. Je n’avais aimé Miléna comme Raven avait pu le faire, mais elle était restée une amie, je regrettais simplement de n’avoir pu partager plus de moments avec elle. Il ne restait plus que lui et leur fille, Raven savait qu’au moindre problème il pouvait compter sur moi pour la garder ou prendre soin d’elle. S’il y avait bien un domaine dans lequel j’étais utile, c’était bien la médecine. Pour l’heure, je devais me concentrer, et malgré mon état je devais apprendre à survivre avec, à être « efficace » pour reprendre les termes de Coin, ou d’un de ses sbires proches. Mon cousin semblait avoir oublié la notion du temps, je ne pouvais lui en vouloir, ici au Treize, il était facile de se laisser happer par les heures tournantes.

L’air absent de Raven ne me décontenança pas, bien que j’aie réellement envie de le voir esquisser un petit sourire, juste un léger. Je savais combien sa perte était lourde, je ne pouvais qu’imaginer et je respectais ses silences, mais après ce qu’il avait fait pour moi, j’ignorais comment pouvoir lui rendre la pareille et l’aider à se sentir… Un peu mieux. Ainsi, je lui demandais de ne pas me ménager, je ne le voulais pas, je refusais de me sentir plus handicapé que je ne pouvais l’être grâce à Hunter. Rien qu’évoquer son nom me hérissait les poils. Sagement, je m’avançais dans la pièce et suivit Raven, après avoir hoché la tête en guise de réponse à ses paroles. Bien, il ne ménagerait pas. Le suivant jusqu’au centre, sur les tapis, j’attendais de pouvoir « passer à l’attaque », j’arrivais à me débrouiller au corps à corps… En général, ou peut-être n’avais-je qu’une vieille technique de gosse lorsque Julian et moi on se chamaillait. Concentré, j’étais prêt à donner le meilleur de moi-même, mais le fait est que mon cousin me déstabilisa en moins de cinq seconde chrono. Il avait suffis de quelques paroles pour que je l’observe avec des yeux ronds. S’échauffer ? Non, je n’avais pas eu le temps… Et pour dire vrai je n’y avais même quasiment pas réfléchi, trop occupé à rester seul dans mes quartiers pour ne pas céder sous des crises d’angoisse. Complètement perdu dans ses yeux et sa tirade, je me sentais déjà culpabiliser rien qu’à l’idée de ralentir potentiellement les autres, un autre côté fort désagréable de ma gentillesse maladive, et ne vis pas le coup venir. C’est comme ça, qu’en moins de temps qu’il ne fallut pour le dire, je me retrouvai presque le nez au sol, ou en l’occurrence, plutôt sur les fesses à cet instant précis. Le croche-pied avait suffi à me déstabiliser complètement. Surpris, je levai les yeux vers la silhouette de mon cousin et contemplai sa main tendue un instant, pendant que celui-ci expliquait le but de sa première leçon. Bien joué, c’était très bien joué. L’amertume du jeune homme ne me fit pas sourciller, je la comprenais et c’était un fait exact qu’il disait là en ces quelques phrases. La leçon était bien apprise, même si je m’étais laissé emporter par son discours.

Toujours assis par terre, je finis par accepter sa main tendue mais en profita pour le tirer en arrière avec moi afin de le faire tomber à mon tour. J’ignorais si cela fonctionnerait, manquant peut-être de rapidité depuis mon incident au Capitole, mais la hargne était là, moi aussi je pouvais duper quelqu’un. Loin de croire cependant que j’arriverai à mettre mon cousin au tapis, je me laissais prendre au jeu du combat au corps à corps, cherchant à dépasser les limites physiques que mon corps m’infligeait. Jusqu’à il n’y avait pas si longtemps que cela, je réussissais à me défendre sans user d’arme, toujours dans une optique défensive et non agressive, mais aujourd’hui qu’en était-il ? Silencieux, je me redressais si cela m’en était possible mais dans tous les cas je demeurai prêt à riposter. « Je ne fais plus confiance à personne. ». Je hochai toutefois la tête. « Est-ce que c’est supposé dire que je ne dois plus te faire confiance non plus ? Pas même à la famille ? Tu es quand même venu me chercher… Là où d’autres n’ont pas cherché une seule seconde à savoir ce qu’il advenait de moi. ». Oui, c’était quelque chose qui resterait gravé dans ma mémoire à jamais. Si j’étais là aujourd’hui je le lui devais. J’étais en vie, et mieux encore je n’étais plus amnésique, je n’étais une menace pour personne dans l’alliance rebelle et aux districts, encore moins pour mon jumeau. Le Capitole ne pourrait pas m’utiliser. Dieu seul savait ce qu’ils auraient pu faire de moi si je les avais crus et si personne n’était venu…


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Raven H. Abernathy
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Raven H. Abernathy
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△ à Panem depuis le : 22/01/2012
△ humeur : la mort de Coin, dont les idées commençaient à lui déplaire, a donné un nouvel élan à son implication dans la lutte contre le Capitole
△ âge du personnage : trente-six ans
△ occupation : lieutenant-colonel dans l'armée du 13 (chef de section, tireur d'élite) ~ membre du conseil de décision post-Coin


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MessageSujet: Re: CLAVEN ➺ i only fear that i don't have enough time left   CLAVEN ➺ i only fear that i don't have enough time left Icon_minitimeSam 8 Fév - 4:34

Je n'avais jamais remis en cause le bien fondé de la révolte, pas un seul instant. Ce soulèvement je l'avais attendu pendant presque trois décennies, depuis le jour où j'avais été en âge de comprendre ce que signifiait l'oppression imposée par le Capitole sur les districts, et de retenir que si nous vivions reclus sous terre comme des parias c'était là aussi à cause de ce gouvernement qui ne haïssait rien de plus que le fait d'être contredis. Pourtant à la lueur des événements qui avaient suivi cette révolte, du sacrifice humain qu'elle avait représenté pas seulement pour nous mais également pour celles et ceux qui avaient choisi dans le reste de Panem de nous faire confiance, je savais que nous avions fait une erreur. Pas celle d'être intervenu, mais celle de ne pas avoir su gérer l'après, de ne pas être parvenu à défendre ces territoires que nous avions si difficilement réussi à occuper … Et parce que nous avions échoué les cadavres s'étaient ensuite comptés par dizaines, par centaines, par milliers peut-être. De cette révolte échouée la génération qui suivraient ne se souviendrait que de sa conclusion, qu'elle qualifierait sans aucun doute de débâcle, de massacre, ou autres qualificatifs aussi peu flatteurs que douloureux. C'était de cette génération là que ferait partie Megara. J'avais rêvé peut-être un peu trop fort de la voir grandir dans un monde où le mot guerre ne serait qu'un concept abstrait, dont elle serait obligée de me demander la signification. Au lieu de ça nos actions la mènerait peut-être à vivre une vie plus rude que celle de ses parents, et ça je ne parvenais pas à l'accepter. J'avais perdu foi en cette bataille, c'était un fait. J'avais vu s'éteindre avec les derniers bombardements, et surtout avec la mort de Miléna, les derniers rayons de lumière qui apparaissaient au bout d'un tunnel que je m'étais moi-même créé. Il n'y avait plus de lumière, tout comme il n'y avait plus d'optimisme me concernant … C'était indigne d'un soldat, indigne de ma place dans cette armée pour laquelle j'avais consacré pratiquement toute ma vie. Mais c'était ainsi. A une époque j'aurais pu considérer avec un certain honneur le fait que ma fille décide un jour, si elle le souhaitait, rejoindre elle aussi nos rangs … Aujourd'hui je priais secrètement pour que ce ne soit jamais le cas. Pour que Coin ne décide jamais d'en faire de la chair à canon comme elle semblait décidée à le faire avec tous ceux qui, trop désœuvrés, se laisseraient amadouer par ses beaux discours destinés à renflouer nos rangs. Où allions-nous désormais, avec cette guerre, si ce n'était à notre mort à tous.

Tendant la main vers mon cousin pour l'aider à se relever, je l'avais senti me tirer en arrière et avait à peine eu le temps de récupérer mon équilibre, atterrissant un genou au sol, mon autre main s'était posée par pur réflexe sur le côté de ma ceinture où se trouvais normalement mon arme de poing. Souriant d'un air satisfait, j'avais accordé à Clay un « Pas mal joué. » avant de finalement m'asseoir un instant à côté de lui. Avoir ainsi perdu la foi dans ceux en quoi j'avais cru pratiquement toute mon existence me rendait amer, et malgré tous mes efforts je ne parvenais pas toujours à cacher cette amertume de manière irréprochable. J'y occupais toutes mes forces face aux hommes de mon unité, parce que je ne pouvais pas décemment les diriger en leur laissant l'impression que je ne croyais plus en nous et en ce que nous accomplissions … Mais face à d'autres, je ne parvenais pas toujours à empêcher le masque de tomber, au moins un peu. Face à mon père, face à Vanya … Et face à Clay non plus, de toute évidence. Il n'y avait rien de plus amer de ma part que de lui asséner qu'il ne pouvait avoir confiance en personne, quand mon travail tenait habituellement dans le fait d'apprendre à mes hommes à se reposer les uns sur les autres et à considérer leur unité comme leur garde-fou. Mais amer il semblait l'être lui aussi, comme le laissait penser le « Je ne fais plus confiance à personne. » qu'il asséna en guise de réponse. J'aurais aimé être en mesure de lui dire qu'il avait tort, mais je n'aurais moi-même plus été certain de la véracité de mes propos si je m'y étais risqué. Et à Clay je ne voulais pas mentir … Je ne m'en sentais de toute façon pas le courage, et j'étais persuadé que cela ne lui rendrait pas service. « Est-ce que c'est supposé dire que je dois plus te faire confiance non plus ? Pas même à la famille ? Tu es quand même venu me chercher … Là où d'autres n'ont pas cherché une seule seconde à savoir ce qu'il advenait de moi. » Est-ce qu'il devait cesser de me faire confiance ? Bien sûr que j'avais envie de répondre que non, bien sûr que j'avais envie de lui dire que quoi qu'il advienne je serais toujours là pour couvrir ses arrières ou pour prendre son parti. Que de la même façon que j'avais refusé de l'abandonner à son sort au Capitole, je me refuserais à nouveau à l'abandonner à son sort en d'autres circonstances, parce qu'il n'y avait rien de plus sacré à mes yeux que la famille. Bien sûr que j'avais envie de dire tout ça … et je le pensais, je le pensais sincèrement. Mais qui étais-je pour savoir de quoi l'avenir serait fait. « La règle c'est de suivre ton instinct, quoi qu'il arrive. C'est la seule chose qui ne t'induira jamais en erreur. » On n'imaginait pas, ce que l'instinct pouvait faire. Comment des vies avaient été sauvées simplement parce qu'un mauvais pressentiment avait fait reculer le chef d'une unité, et avait évité à la dizaine d'hommes qui la composait de s'avancer dans un traquenard, ou dans ce qui aurait pu être une mission suicide. « Tant que ton instinct te dis que tu peux me faire confiance, alors tu peux … Et c'est pareil avec tout le monde. Avec Callie, avec Julian … » Et je pesais mes mots. Je ne pensais pas qu'il soit possible de vraiment comprendre comment fonctionnait la relation entre deux jumeaux, mais je savais que c'était particulier, et c'était bien suffisant dans mon propos actuel. « Mais le jour où ton instinct te dira le contraire, te laisse pas aveugler par des sentiments ou par des peut-être. Même si c'est ton frère, ou moi, ou n'importe qui d'autre. »

J'allais totalement à l'encontre de tout ce qui avait été jusqu'à présent ma façon de fonctionner. Ce n'était pas ainsi que l'on formait les recrues, ce n'était pas ce genre d'idées individualistes que nous étions censés imprimer dans leurs crânes. L'individualité était l'un de ces préceptes que le fonctionnement tout entier du treize tentait de bannir. Nous ne possédions rien, nous partagions tout. La nourriture était au district dans son ensemble, les vêtements que nous portions étaient ceux que le district acceptait de nous prêter, les appartements dans lesquels nous vivions appartenaient à la communauté et s'interchangeaient selon les besoins de chacun mais aussi selon le bon désir de ceux qui en avaient la gestion. Et pourtant j'étais là, à enseigner à Clay une notion diamétralement opposée. « J'ai désobéi pour venir te chercher. Et je le regrette pas, si c'était à refaire demain je referai exactement la même chose, mais en montant dans l'hovercraft je savais que je mettais la vie de mes hommes en danger pour des motifs purement personnels. Je leur ai appris à me faire une confiance aveugle parce que je pensais que c'était le seul moyen d'obtenir d'eux qu'ils soient entièrement dévoués à ce qu'ils faisaient, mais en définitive je leur ai retiré leur droit à faire passer leur instinct avant le mien … Et s'ils s'étaient fait tuer j'aurais été le seul responsable. » C'était ce que je ne voulais pas reproduire avec Clay, le fait d'oublier son instinct au profit de la personne qui au dessus de soit était censée être plus à même de décider, de réfléchir, de ressentir. Je savais qu'il y avait de grandes chances qu'ils m'aient tous suivi quand même, mais je ne pouvais m'empêcher de me demander si certains de mes hommes n'auraient pas refusé de prendre part à la mission de sauvetage si je leur avait appris à écouter leur instinct avant d'écouter mes directives. C'était ce genre de réflexions qui jamais auparavant ne me seraient venues à l'esprit qui aujourd'hui m'accablaient de doutes permanents. « Maintenant qu'on a mis ça au clair … » avais-je finalement ajouté, me relevant, redressant les épaules et faisait un ou deux pas en arrière pour me retrouver à distance raisonnable de lui. Levant les poings devant moi en position de défense j'attendais que Clay en fasse de même afin de pouvoir juger, et éventuellement corriger sa posture. Pas de gants ou de conneries de ce genre-là ; D'après moi si l'on apprenait à se battre à mains nues, les entraînements devaient se dérouler de la même manière, à mains nues.
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Clay L. Kennedy-Fawkes
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MessageSujet: Re: CLAVEN ➺ i only fear that i don't have enough time left   CLAVEN ➺ i only fear that i don't have enough time left Icon_minitimeSam 1 Nov - 14:03



« I UNDERSTAND WHAT YOU MEAN. »



Je ne pouvais pas totalement comprendre ce par quoi mon cousin était passé. Si chacun des habitants de Panem avait son lot de malheurs et de douleurs, il était parfois difficile de mesurer l’impact de tout ce que cela pouvait engendrer. En tout cas, aujourd’hui, je pouvais au moins affirmer une chose : Raven devait beaucoup souffrir pour se renfermer ainsi sur lui-même. Ses traits étaient sans cesse crispés, et c’était une chose qui m’avait immédiatement sauté aux yeux, quand bien même je n’y avais pas prêté beaucoup d’attention jusqu’à lors, obnubilé par mes propres problèmes physiques et mentaux. Cet entrainement était en partie dû à une demande de ma part, car si Coin voulait que chaque personne en âge de prendre les armes fasse partie de ses rangs, il était évident que dans mon cas, j’étais très loin du parfait soldat. A dire vrai, je n’y connaissais même rien… Et en poussant la réflexion un peu plus loin encore, je n’avais pas tenu d’armes jusqu’à dernièrement, quand il avait fallu que je lutte pour ma propre vie. Vie chamboulée par des mensonges offerts par le Capitole, mais aussi à cause d’une inquiétude trop grande pour un jumeau cascadeur. Les choses étaient à présent différentes. Je me sentais l’âme plus sombre et prête à faire n’importe quoi pour réussir à me protéger, mais également pour être capable de faire mordre la poussière à l’homme qui m’avait réduit en charpie, en vulgaire poupée de chiffon. L’homme qui avait mis à mal mes souvenirs, qui m’avait détruit pour atteindre son pire ennemi : mon jumeau. Dans le fond, j’avais toujours été dans l’ombre de Julian, et c’était surtout ces souvenirs déformés qui me laissaient amers envers lui. Je n’arrivais pas encore à lui pardonner tout ceci. Je n’étais au District 13 qu’à cause de lui, car ma ressemblance avec le chef rebelle avait mis mon métier à mal. J’étais dans cet état à cause de lui, et parce que je cherchais à le protéger. Tout le monde cherchait à le protéger, et en définitive, il n’y avait qu’une seule personne qui s’était soucié de mon sort. Notre cousin. Et je savais ma dette envers lui durable jusqu’à ma mort. Je m’étais promis qu’un jour tous ces malheureux souvenirs ne feraient plus partis que du passé. Cet homme, cette pourriture, finirait bien un jour ou l’autre par mourir, et je l’espérais, dans d’atroces souffrances. Des souffrances inégalables, pires que celles qu’il nous avait octroyé (et elles étaient déjà terribles). Oui, j’avais changé de caractère et de point d’ancrage. Bien sûr, une part de moi restait la même, la gentillesse et la générosité, mais à un degré mesuré. L’amnésie et les blessures avaient changé bien des choses.

Pourtant, les mots de Raven me heurtèrent plus que je ne pouvais bien le penser, et s’en suivit une simple question, afin de comprendre. Il n’y avait déjà plus qu’un cercle très réduit de personnes en qui j’avais confiance, et Julian n’en faisait plus vraiment partie pour l’instant. Une barrière s’était élevée entre nous, résultat de l’amnésie mais aussi des bribes de souvenirs. Je lui en voulais encore trop pour ce qui m’arrivait, mais je m’en voulais personnellement aussi. De plus, j’étais complètement déphasé envers le monde extérieur, ne sachant plus réellement à quelle période l’on se trouvait, ni même ce qu’il se passait en dehors de ces murs souterrains. La révolte, bien sûr, j’y avais pris part, une petite part, et il y avait eu les destructions… Les morts. Mais en dehors de cela et des récents discours de Coin, je ne vivais plus que dans une bulle. Posant finalement les yeux sur mon cousin, je l’écoutais me répondre, et ses mots étaient très justes. Quand il évoqua Julian, je me contentai d’un hochement de tête, laissant échapper une légère grimace qui étira les traits de mon visage. Puis, je le laissais continuer, n’osant le couper dans son discours qui semblait logique. Du moins, tout ceci contenait une certaine logique à mes yeux. Je pouvais comprendre ce qu’il voulait dire, ce qu’il essayait de faire aussi.

« Avec Julian, c’est… Compliqué. ». Oui, le lien fusionnel entre les jumeaux était déjà compliqué en soi, mais pour le coup, ça l’était encore plus en ce moment. « J’ai encore du mal à… En fait, c’est… C’est comme si mon corps et mon esprit cherchait à ériger une barrière entre nous. Je n’arrive pas à passer outre tout ça, même s’il n’est pas réellement fautif. C’est juste une sensation bizarre que je n’arrive pas encore bien à définir. Comme tout le reste. Il y a toujours du flou. Je me sens encore perdu dans ce monde. ». Il fallait dire que j’avais tout perdu en un laps de temps record de quelques semaines. En quelques semaines mon destin avait été scellé et je m’étais retrouvé pour la première fois au District 13, puis j’avais cherché à mettre les voiles et je m’étais retrouvé dans ce pétrin, j’en étais ressorti amnésique. Il y avait donc énormément de choses qui s’étaient déroulées depuis que j’avais été forcé de quitter mon foyer, mon District.

Quoi que Raven puisse dire, j’avais confiance en lui. A l’image de ses hommes, probablement, je savais que je pouvais compter sur lui, tout comme j’espérais qu’il sache qu’il en était de même de mon côté. J’étais loin d’être un soldat aussi doué que lui, mais j’avais d’autres cartes en mains et j’espérais pouvoir lui être utile, si jamais un jour il avait besoin de mon aide. Je comprenais sincèrement ce qu’il voulait dire, et je tenais à ce qu’il le sache. « Je comprends bien ce que tu veux dire. ». Même si je ne pouvais pas imaginer ce qu’était de perdre un être cher. Je savais ce que c’était de perdre des choses, d’être torturé et mutilé, mais perdre sa moitié, ça, je ne le savais pas du tout. Je ne pouvais donc qu’imaginer un tant soit peu cette douleur qu’il pouvait ressentir, mais elle ne serait jamais aussi vivace. Je ne fis cependant rien pour que l’entrainement ne reprenne pas, après tout, j’étais là pour ça. Me redressant difficilement sur mes jambes, en essayant de le faire toutefois de plus en plus rapidement, j’imitais sa position, son attitude sans réel grand succès sur le moment. Je le laissai me corriger puis je commençais à attaquer, bien moins timidement que prévu, je ne m’en savais même pas capable. J’étais comme animé par une réelle envie de devenir le genre d’homme que l’on ne pourrait plus humilier lors d’un combat à mains nues. Combat que je préférais largement aux armes.

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Raven H. Abernathy
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△ à Panem depuis le : 22/01/2012
△ humeur : la mort de Coin, dont les idées commençaient à lui déplaire, a donné un nouvel élan à son implication dans la lutte contre le Capitole
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MessageSujet: Re: CLAVEN ➺ i only fear that i don't have enough time left   CLAVEN ➺ i only fear that i don't have enough time left Icon_minitimeDim 8 Fév - 2:57

J'étais toujours un peu hésitant lorsqu'il fallait évoquer avec Clay le « sujet Julian ». Ce n'était pas un sujet de discussion avec lequel j'étais à l'aise, et ce pour tout un tas de raison : déjà parce qu'il me semblait impossible de comprendre réellement la mesure du lien qui était le leur, je doutais que cela puisse se comprendre sans avoir eu soi-même un jumeau. Quant à moi je n'avais même jamais eu de frère, uniquement ma sœur et la relation que j'entretenais enfant avec Melwyn n'avait rien de comparable à la relation que pouvaient entretenir deux frères une fois adulte, de toute façon. Et puis Julian restait pour moi un sujet épineux, parce qu'il ne m'appréciait pas des masses, parce que nous évoluions dans deux sphères trop différentes, parce qu'au fond nous n'avions rien en commun si ce n'était le sang que partageaient ma mère et Kennedy-Fawkes senior.  Une partie de moi pourtant ne parvenait pas entièrement à blâmer Julian parce que j'avais longtemps été comme lui, dans un certain sens : obnubilé par mes convictions et par mon statut, assez pour que tout y compris ma vie personnelle ne me semble devoir passer irrémédiablement au second plan. Je crois que sans en avoir véritablement conscience j'avais commencé à changer avec la naissance de Megara ; J'avais toujours voulu être père, bien avant la naissance de ma fille déjà ce désir faisait déjà partie de qui j'étais, mais pour autant je n'avais réellement pris la mesure de ce que signifiait être père qu'une fois ma fille réellement entrée dans ma vie. Elle avait tout changé, ma vision du monde, de la révolte, du gouvernement, l'ordre de mes priorités et mon rapport aux autres. Et mon rapport à mon travail. Longtemps je n'avais vécu que par et pour mon métier de soldat, aujourd'hui je vivais avant tout par et pour les beaux yeux de Megara, et je savais que si elle n'était pas née j'en serais probablement encore au même point. Alors je ne pouvais pas blâmer entièrement Julian dans son comportement, ce serait trop hypocrite de ma part, et pour autant je ne parvenais pas à l'excuser totalement non plus … Parce que Clay avait besoin de lui. Cela crevait les yeux, si moi j'étais capable de le voir lui devrait en être capable et aussi, et pourtant il n'était plus là à nouveau, par monts et par vaux dans un district ou un autre, accordant son temps à des inconnus qui sans doute avaient besoin du chef qu'il était pour les guider, mais sans aucun d'entre eux ne soit sa chair et son sang, pourtant.

J'avais pourtant décidé d'évoquer le jeune homme avec Clay cet après-midi là, peut-être pour tâter le terrain, peut-être parce qu'inconsciemment j'essayais de persuader mon cousin que son frère ne l'oubliait pas, même s'il n'en donnait pas forcément la preuve. Parce que c'était ce que je voulais croire, mais surtout parce que c'était ce que j'avais besoin que Clay croit, lui. « Avec Julian, c'est … compliqué. » que m'avait pourtant simplement répondu le médecin, d'un ton que je ne parvenais pas à identifier. « J'ai encore du mal à … En fait, c'est … C'est comme si mon corps et mon esprit cherchaient à ériger une barrière entre nous. Je n'arrive pas à passer outre tout ça, même s'il n'est pas réellement fautif. C'est juste une sensation bizarre que je n'arrive pas encore bien à définir. Comme tout le reste. Il y a toujours du flou. Je me sens encore perdu dans ce monde. » J'étais resté silencieux, ayant appris par la force des choses que mieux valait un silence maîtrisé qu'un mot maladroit. J'avais de la difficulté à m'imaginer quels stratagèmes le Capitole avait utilisé pour réussir à gommer ainsi une personnalité, des souvenirs, des réflexes ; Ça, c'était entre Clay et les médecins qui s'étaient occupés de lui à son retour au treize. Ou peut-être pas, au fond je ne savais pas ce qu'il avait pu dire ou ne pas dire, et je n'étais pas certain d'avoir envie de le savoir, à vrai dire. « Ça reviendra. On va tout faire pour que ça revienne. » Je ne savais pas vraiment si c'était une promesse ou non. J'avais envie que cela le soit, mais je n'osais pas formuler cela à voix haute de peur de ne pas réussir à m'y tenir par la suite … Je ne faisais jamais de promesse que je n'étais pas certain d'être en mesure de tenir, c'était un truc que tout le monde dans le district savait, depuis le temps. « Et je sais que c'est pas l'idéal pour toi, d'être ici. » Je ne savais pas trop pourquoi j'avais rajouté cela. Je n'avais pas l'intention de m'excuser de l'avoir amené ici, ce n'était peut-être pas ses forêts du district sept mais nos souterrains valaient mieux que n'importe quelle geôle du Capitole … Ici chacun avait sa place, chacun avait un lit pour dormir et à manger dans son assiette, peu importe qu'il soit né dans nos souterrains ou bien ait fui un autre district et demandé asile à nos portes. Mais j'avais conscience qu'être enfermé dans nos souterrains n'aidait pas Clay à retrouver ses souvenirs, parce que contrairement à moi il n'était pas né ici, il n'avait pas ce sentiment de familiarité et de quiétude qui moi me parcourait lorsque je retrouvais le dédale de nos allées après une mission en extérieur. Il était là faute d'autre chose, mais j'espérais qu'un jour il parviendrait à s'adapter, voir même à apprécier cet endroit.

Pour autant, plus qu'à toute autre chose je souhaitais que mon cousin retrouve son libre arbitre, qu'il parvienne à trouver un équilibre entre son attachement et son instinct de survie, car si à mes yeux les deux étaient nécessaires, un déséquilibre qui penchait vers l'un ou vers l'autre pouvait parfois amener à sa propre perte. J'avais moi-même mis du temps à prendre conscience de ce fait, ce n'était pas ce qui nous était enseigné ici, au treize, et c'était bien l'un des seuls reproches que je tendais à faire à la façon de gouverner de notre Présidente, avec le recul. J'avais à de nombreuses reprises été en désaccord avec elle au cours de ces trois dernières années, parfois à raison mais souvent à tort, bien que cela je ne le réalise souvent qu'avec le recul. Mais l'ignorance de l'importance du libre-arbitre, que l'enseignement militaire du district tendait à effacer au profit de l'obéissance et du respect hiérarchique, m'apparaissait aujourd'hui comme la seule faille de notre système et me faisait regarder mes choix et mes actions avec un œil nouveau, et ça je voulais que Clay le retienne, qu'il ancre cette idée quelque part dans un coin de sa tête et qu'il n'en démorde pas, peu importe ce qui pourrait lui être enseigné ici dans les semaines et les mois à venir. « Je comprends bien ce que tu veux dire. » m'avait-il finalement simplement répondu, en élève docile et désireux de satisfaire les exigences de son professeur. Mais parce que je restais avant tout son cousin, sa famille, j'espérais qu'il y verrait quelque chose de plus sincère que le discours maintes fois répété d'un enseignant. Ce n'était pas ce que j'enseignais aux autres, ce n'était pas ce qu'on m'avait moi-même enseigné. Laissant Clay se remettre debout sans chercher à l'aider, parce que c'était aussi le but, qu'il ne compte que sur lui-même, j'avais repris ma position initiale et suivi des yeux les mouvements du médecin, tardant volontairement à initier une avancée pour le pousser à se lancer le premier.

Et il avait fini par se jeter dans l'arène – sans mauvais jeu de mot – avec plus de conviction et de volonté que je ne l'aurais d'ailleurs soupçonné. Plus, mais pas encore assez à mon goût, pas assez pour satisfaire mes exigences que je savais volontairement élevées. Qu'il s'agisse de Clay ne changeait rien, il m'avait demandé de ne pas le ménager et j'avais assuré ne jamais en avoir eu l'intention, alors c'était le moment ou jamais de prouver ce fait en ne me contentant pas de demi-mesure. Je l'avais laissé se fatiguer une minute ou deux, pour la forme, et puis finalement  j'avais utilisé mon pied pour lui faire perdre l'équilibre tandis qu'une de mes mains le saisissait par l'épaule, et je l'avais laissé s'écraser lourdement sur le tapis, cette fois-ci sans chercher à le retenir. « Relève-toi. » avais-je alors lancé sans vraiment lui laisser le temps de reprendre ses esprits. « Allez, j'aurais eu six ou sept fois le temps de t'achever, là. » Mon but n'était pas d'être vexant, je n'étais pas là pour asseoir ma supériorité en terme de combat, nous savions l'un comme l'autre que j'étais bien plus entraîné que lui et que si j'y mettais toute mon énergie il ne faisait pas le poids … Je voulais simplement qu'il prenne conscience. Que là-bas, sur le terrain si jamais Coin décidait de l'y envoyer, il ne ferait pas toujours face à des adversaires à sa taille, avec un niveau équivalent au sien. « Si tu ne montres pas à ton adversaire que tu as vraiment envie d'en découdre tu ne feras que lui rendre la tâche plus simple. Je dis pas que tout se passe dans la tête, mais si ton mental n'est pas au top ton physique ne suivra jamais. » Je ne croyais pas vraiment à cette vision des choses qui voulait que chacun avait une nature définie et indélébile, c'était trop facile, une nature cela pouvait se changer, il y avait seulement tout un tas de façon de le faire. Je voulais que Clay s'endurcisse, quelque part je voulais qu'il prenne un peu exemple sur Julian sans aller jusqu'à cet extrême … Mais je voulais qu'il le fasse de lui-même. Pas de la mauvaise manière, pas comme le Capitole avait tenté de le faire avec lui. « Penses-y. A ce qu'ils t'ont fait, sers-toi de ça,  c'est à cause d'eux que t'en es là, c'est à cause d'eux que tu ne vis plus au district sept, c'est eux ou toi. Si tu utilises pas ta haine pour leur faire regretter alors ils auront réussi et toi tu auras perdu. » Nous aurions perdu. Et ça je ne le laisserais pas faire, pas face à cette vermine de pacificateurs, qui se cachaient derrière des lois archaïques pour accomplir des horreurs, et qui utilisaient un système pour cautionner la liberté de tarés comme Hunter Blackbird-Crowley. Ils paieraient un jour, ils crèveraient avec le sang de leurs victimes dans la bouche, et il était temps que Clay comprenne qu'il n'y avait que deux issues, pour lui comme pour chacun d'entre nous : vivre ou mourir. Remettant mes mains en position de défense, j'avais lancé à mon cousin un regard de défi.
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