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 ASTILLA ∫ hope you found it now

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ASTILLA ∫ hope you found it now Vide
MessageSujet: ASTILLA ∫ hope you found it now   ASTILLA ∫ hope you found it now Icon_minitimeDim 23 Sep - 16:00

hope you found it now
It's time to make a start, to get to know your heart. Time to show your face, time to take your place. In every speck of dust, in every universe, when you feel most alone You will not be alone. Just shine a light on me, shine a light. I'll shine a light on you, shine a light And you will see my shadow on every wall. And you will see my footprint on every floor. It only takes a spark to tear the world apart, These tiny little things that make it all begin.
CODE ELL - IMAGES ELL - PAROLES MY SHADOW (KEANE)




En sentant le bras se poser sur son épaule, bien que légèrement, Ludmilla ne put s’empêcher d’avoir un mouvement de recul. C’était déconcertant, autant pour elle que pour ceux qui devaient la côtoyer. Elle semblait avoir une certaine répulsion envers les signes trop démonstratifs à son attention, notamment le contact humain. Et même si ça s’était légèrement plus atténué que lorsqu’elle était au district treize, c’en était pas pour autant effacé. Elle frémissait à chaque fois qu’on la touchait, par peur des souvenirs. De ces fichues images imprimées dans ses pensées dont elle ne pourrait se défaire avant quelques semaines encore. C’était toujours trop vif, trop présent. Parfois, l’actuel se transposait au passé. Et il fallait faire avec. Comme elle l’avait fait à ses treize ans, puis durant toutes ces années où il avait fallu garder la tête haute pour pouvoir s’octroyer un peu de confiance des autres. Assez pour pouvoir être considérée comme une rebelle à qui on pouvait confier des missions. « Comment ça, tu ne restes pas ? » Inspirant sans se brusquer, la jeune femme posa doucement sa main sur celle posée sur son épaule pour l’y déloger. « Je suis désolée, je ne peux pas. » Sa remarque sembla déplaire, et on l’attrapa vivement par les épaules pour l’obliger à faire face à son interlocuteur. Ludmilla déglutit, manquant de lui administrer une claque. C’était accablant comment il ne semblait pas se rendre compte à quel point son comportement était un peu trop déplacé pour son état. « Parce que tu crois qu’on va te laisser repartir maintenant ? » Un piètre ricanement s’échappa d’entre ses lèvres. Bien sûr que personne ne voudrait qu’elle reparte. Elle venait de rentrer au six après une année passée pour morte ; et si tôt qu’elle était passée en courant d’air pour se manifester et prouver qu’elle était toujours de ce monde, elle annonçait qu’elle ne restait pas. Ce type, un rebelle de son district, c’était le seul à qui elle avait adressé la parole pour l’instant. Et il se posait les questions que tous les autres se poseraient en apprenant la nouvelle. Mais elle n’avait pas le temps pour ça, pas le temps pour qu’on la retienne afin de la questionner, pas le temps de supporter toutes les suspicions qui allaient lui tomber au coin du nez. Elle ne partait pas longtemps de toute façon. Il fallait qu’elle revienne. Il y avait des personnes qui méritaient de la voir en chair et en os, ici.
∞ ∞ ∞ ∞ ∞ ∞ ∞ ∞ ∞

Ses mouvements l’avaient guidé bien avant ses pensées ; inconsciemment, elle savait que c’était là-bas qu’elle devait se rendre. Le district onze. Ludmilla s’était tant déplacée déjà entre les districts il y a quelques temps, elle avait pris l’habitude de se montrer aussi discrète que méfiante. Aujourd’hui, cela s’avérait être beaucoup trop facile que ça ne devrait l’être. Un changement déconcertant, peut-être parce qu’il s’agissait là en partie d’un phénomène qui n’avait pas encore touché son propre district. La révolte qui menaçait venait de briser la retenue de plusieurs districts – les derniers. La jeune femme vivait cet instant à travers une vitre, comme si elle n’était pas concernée. Comme si elle n’était pas là, et qu’elle voyait le tout derrière un écran de télévision. Complètement déconnectée, bercée entre les brumes de son cerveau et sa raison. Entre les souvenirs écorchés et ce qu’il fallait qu’elle fasse. Car si elle se trouvait ici actuellement, ce n’était aucunement pour une mission. De toute manière, les rebelles de son district n’avaient guère eu le temps de profiter de son état de vivante qu’elle était repartie. Et personne ne lui octroyait sa confiance encore pour qu’elle endosse à nouveau ses responsabilités à leur égard. Peu importe. Le retour à la réalité dans le treize fut assez virulent, elle était passé de la présence d’une seule personne à l’enfermement dans le centre de soin. Et aux questions. Aux questions et aux réponses. Ce fut houleux, mais pas seulement pour elle. Revenir dans le six fut pire. Elle avait fait des pieds et des mains pour rentrer, ce qu’elle aurait fait quoiqu’il arrive. Ce fut déconcertant, déstabilisant par la nouvelle édition des jeux qui étaient en cours. Milla avait passé le plus clair de son temps capitonnée chez elle, enfermée sans montrer signe de vie. Elle n’avait pas encore pris la peine d’aller voir certaines personnes qui la pensaient encore morte. Puis elle avait appris la nouvelle. Gemma. Nouvelle championne. L’adolescente qui avait des idéologies éloignées des siennes, mais qui avait été là par le passé quand c’était elle qui était revenue de l’arène. Ce fut certainement ce qui la poussa à se rendre au onze, pour aller le voir. Faire une rétrospective sur son passé et le début de ses emmerdes avait apporté son lot de souvenirs pratiquement oubliés. Notamment l’image de cet homme à la carrure imposante.

Son cœur manqua un battement alors qu’au détour d’un mur elle tomba nez à nez avec un homme. Il ne lui porta aucune attention et elle put continuer sa route, ayant presque atteint le quartier des vainqueurs. Astaroth. Ce prénom était venu hanter sa mémoire alors qu’elle n’avait plus conscience de s’en souvenir. Il avait fait des choses pour elle dont elle n’était pas sûre d’être certaine. Il y avait cette sensation de dette à son égard qui lui pesait sur la conscience, aussi bien qu’elle en avait une à l’égard de Hunter. Son instinct l’avait poussé à se rendre chez lui, à aller le voir. Pour demander des réponses, une illumination. Connaître la vérité. Il faisait parti de sa vie sans qu’elle ne l’ait désiré, d’une façon bien différente qu’une simple connaissance. Milla n’en était peut-être pas sûre encore, néanmoins elle le savait pertinemment. Ce vainqueur était une cause de ce qu’elle était aujourd’hui. Tout du moins de ce qu’elle était avant, il y a plus d’un an. Avant de rechuter. Jetant frénétiquement des coups d’œil derrière elle mais aussi autour, la jeune femme se hâta de rejoindre la demeure d’Astaroth. Sa main hésita sur la porte, alors que ses pensées commencèrent à s’éparpiller dans tous les sens. Finalement, Ludmilla porta deux coups et attendit patiemment, nerveusement, qu’on lui ouvre. Si on lui ouvrait, mais elle n'osait pas imaginer qu'il ne soit pas là et qu'elle avait fait le trajet pour rien. Bizarrement, si elle appréhendait cette rencontre, elle savait qu'elle aurait regretter bien plus d'avoir fait le déplacement pour ne pas le trouver. Elle en avait besoin. « Bonjour. » dit-elle simplement quand la porte eut la bonté de s'ouvrir, comme si sa présence ici était le fait le plus naturel. Puis, avant que l’interpellé n’ait le temps de réagir, la jeune femme se glissa dans l’entrebâillement de la porte ouverte pour se mettre à l’abri à l’intérieur. Elle n’était pas encore assez sereine pour rester plantée sous un porche, dos à tout ce qui pourrait lui tomber dessus venant de l’extérieur. Mais prête à affronter n'importe quelle réaction de l'ours.

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ASTILLA ∫ hope you found it now Vide
MessageSujet: Re: ASTILLA ∫ hope you found it now   ASTILLA ∫ hope you found it now Icon_minitimeJeu 4 Oct - 23:51




« hopeless and deep. »
The walls between you and I always pushing us apart nothing left but scars fight after fight. The space between our calm and rage started growing shorter, disappearing slowly day after day. I was sitting there waiting in my room for you. You were waiting for me too, and it makes me wonder.


Astaroth était assis sur une chaise, dans sa cuisine. Enfin, ce qu’on pouvait appeler une cuisine. S’il y avait bien une chose qui était certaine, c’était qu’en vingt-trois ans, il avait bien réaménagé la maison de vainqueur qu’on lui avait offerte. Il y avait vécu avec sa famille, pendant un long moment, et n’avait donc de toute évidence touché à rien. Mais lorsque Dana et son père étaient partis, et que sa mère était morte, il avait tout bouleversé. Il avait aménagé cette demeure à sa manière. C’était devenu sa piaule. Son antre, comme disaient certains. Il fallait dire que le manque de lumière ne rendait pas le lieu très accueillant. La plupart des volets restaient fermés, malgré les fenêtres ouvertes derrière pour aérer. Il ne vivait pas non plus dans sa crasse, ne rêvez pas ; ç’aurait été bien mal le connaître. Il se défoulait autant qu’il pouvait dans cette baraque, sur tous les trucs susceptibles d’être frappés qu’il avait disposé là. Sacs de sable, puching-ball, et tant d’autres choses. Alors oui, il arrivait que notre ours grizzli fasse de ménage. Mais non, ne rêvez pas ; il n’était pas particulièrement adepte du tablier, ni de la petite tenue de femme de ménage. Il entretenait simplement sa maison, histoire de ne pas mourir asphyxié dans sa propre sueur. Charmante image.

Mais aujourd’hui, il n’avait pas envie de faire du sport. Il n’avait même pas envie de sortir. Il préférait rester là, la tête entre les mains, à regarder toutes les imperfections du bois qui s’étalait sous ses yeux. Ses coudes étaient posés sur la table, et ses doigts enserraient sa tête de chaque côté de masque. Il ne l’avait pas enlevé. Aujourd’hui, il n’en voyait même pas l’utilité. À quoi bon se faire souffrir inutilement, de la sorte, à chaque fois qu’il l’ôtait ? Il avait beau jouer les gros durs, à vouloir vivre sans, il savait que sans des soins plus poussés pour enrayer définitivement sa douleur, il ne pourrait jamais vivre avec le visage à l’air, et sourire aux gens. Sourire à Pandore. Il n’aurait jamais l’occasion de se coucher naturellement auprès d’elle, et d’embrasser son épaule, puis son visage si délicat. Avant cela, il faudrait qu’il enlève le masque. Et une fois qu’il l’aurait enlevé, il souffrirait. Et vous vous demandez encore pourquoi il hait le Capitole ? Très sérieusement. Cette chose lui bouffait la vie. Son oxygène, son espace vital. Tout était altéré par ce putain de masque. Et il en avait marre. Au bout de vingt-trois ans de calvaire, il aurait aimé que tout cela cesse. Et qu’enfin, on puisse arrêter de le regarder à travers tout cela. Car au fond, les gens ne faisaient réellement aucun effort. Ils se contentaient de le haïr, ou d’avoir pitié. Personne ne connaissait Sitael ; et personne ne voulait chercher à le connaître. Sauf elle. Pandore. Elle n’avait jamais oublié Sitael ; jamais. Et elle avait continué à faire comme si de rien n’était. Et au final, il était heureux avec elle. Ou presque. Il n’arrivait pas à se laisser aller entièrement comme il aurait pu et dû le faire. Il n’y arrivait pas, tout simplement parce que le masque l’empêchait d’être Sitael. Le masque appartenait à Astaroth. Et quoiqu’on puisse en dire, cela ne changerait jamais.

Doucement, il posa ses mains à plat sur la table, laissant échapper un long soupir. Le bruit fut amplifié par le masque, pour un rendu plutôt glauque. Mais il avait l’habitude. Ce n’était pas comme si c’était la première fois qu’il soupirait avec son masque sur la bouche. Il releva une main pour caresser doucement les petits tubes de métal, pensif. Est-ce qu’un jour il réussirait à se débarrasser de cet amas de ferraille ? Il l’espérait de tout son cœur. Mais après toutes ces années, il perdait légèrement espoir. Finalement, il se releva, ramenant ses deux paumes sur le bord de la table pour s’y appuyer, et se redresser. Solidement campé sur ses jambes, notre homme masqué fit quelques pas dans sa cuisine. Il en sortit brièvement, passant ses doigts dans ses cheveux qui commençaient à repousser. Comme chaque fois qu’il était chez lui, il ne prenait pas réellement la peine de se vêtir. Un boxer et un jean étaient amplement suffisants. Il régnait toujours une atmosphère tranquille et apaisante, chaude, dans ce qu’on pouvait appeler sa tanière. Il n’éprouvait donc jamais le besoin de se couvrir plus que cela. Doucement, une de ses mains passa sur les tatouages de ses pectoraux, alors qu’il roulait des épaules pour s’étirer. Il avait encore passé une toute petite nuit, préoccupé par les attaques rebelles qui sévissaient dans tout le District. Il craignait sans cesse pour la sécurité de Pandore, malgré son camp choisi par avance, et s’orientant en faveur des habitants du Treize. Il avait tout de même peur qu’il arrive quelque chose à la jolie blonde. C’était comme ça. Il n’arrivait pas à s’y faire.

Doucement, il ouvrit un petit tiroir, et avisa la série bien rangée de seringues. Elles étaient toutes placées dans de petites encoches, afin d’éviter qu’elle ne s’entrechoquent et ne se brisent. Il en attrapa une du bout de ses doigts d’ours. Il l’examina, avant de la décapuchonner doucement. Mais, au moment où il posait le petit capuchon sur le comptoir, il entendit toquer à la porte. Il ne sursauta même pas, se contentant de se crisper. Il prit garde à ne pas briser le petit tube de verre, replaçant le capuchon. Il attrapa son éternel et inséparable sweat noir, qu’il passa rapidement, rabattant la capuche sur sa tête comme à son habitude. Il se déplaça doucement, allant poser la seringue sur la table, se dirigeant vers la porte, tendu comme un arc. S’il y avait qui que ce soit doté de mauvaises intensions derrière ce battant, il n’en ferait qu’une bouchée. Il n’était pas dans une bonne journée.

Pourtant, lorsque la porte s’ouvrit, il ne put se retenir de froncer les yeux de surprise. Ça, pour le coup, c’était inattendu. Il n’eut pas le temps de réagir que déjà la jeune femme entrait après un rapide salut. Par réflexe, il referma la porte derrière elle, comprenant presque son geste. Dehors, on n’était pas en sécurité. Et il était d’ailleurs étrange qu’elle puisse penser qu’ici, elle le serait. Même si elle avait totalement raison. Jamais Astaroth ne serait capable de lui faire le moindre mal. Il baissa doucement les yeux, refermant la porte à clé. Il laissa les clés sur la serrure, au cas où elle aurait voulu partir, lui montrant bien que verrouiller n’était qu’une simple précaution contre l’extérieur. Il ne savait pas quoi dire. Un bonjour aurait été tellement déplacé qu’il le garda pour lui. Il se contenta de partir vers la table où il avait posé sa seringue, et de la décapuchonner à nouveau. Il fallait qu’il parle. Il ne pouvait pas simplement remonter sa manche comme ça, tout en l’ignorant. Il fallait qu’il dise quelque chiose. Qu’il… S’inquiète ? « Personne ne t’a vue ? » Sous-entendu « personne ne s’en est pris à toi ? ». Oui. Il trouvait toujours le moyen de s’inquiéter. Pour cette fille, en particulier. Ne pas la voir pendant des années ne l’avait pas traumatisé. Pas de nouvelles, bonne nouvelle. Pis, même. Il avait cherché à l’éviter, durant le peu de temps qu’il aurait pu l’entrevoir. Cette fille, ce n’était pas n’importe qui, et surtout pas aux yeux de Sven. Les dents serrées, notre nounours passa un élastique autour de son bras. Sa tension était palpable. Il ne savait pas où se mettre. Il ne savait même pas si elle le connaissait. Lui se souvenait parfaitement de ce jour où il avait castagné un médecin pour la sauver, alors qu’elle revenait des Jeux. Mais elle, elle ne s’en souvenait probablement pas. Du moins, il l’avait espéré, jusqu’à aujourd’hui. Si elle était là, il devait y avoir une raison. Et de toute évidence, il n’était pas qu’un simple inconnu sans signification.

Astaroth se rendit compte qu’il tremblait. Il ne parvenait pas à faire rentrer l’aiguille de manière droite dans son bras. Il serra un peu plus les dents. Beaucoup auraient pu croire qu’il s’agissait d’une dose de drogue ; il n’en était rien. En réalité, il se nourrissait, aussi étrange que cela puisse paraître. Il avait bien fallu trouver un remède à ce masque, pour se sustenter. Et voilà comment le Capitole avait contourné le problème. Le monstre se nourrissait par intraveineuse. Charmant spectacle. Le vainqueur ferma doucement les yeux, reposant la petite seringue à côté de lui. Il n’était pas assez concentré. Il allait se faire mal. Même si après toutes ces années il aurait pu se piquer les yeux fermés, le risque était de casser l’aiguille, et de perdre une dose. Ça l’aurait fait rager. Aussi, mieux valait éviter.

Il ne se tourna pas vers elle, se contentant de poser ses mains à plat sur la table, toujours debout, comme pour réfléchir un peu. Puis, il se décida à lâcher quelques autres mots, d’une voix faible, transformée par le masque, mais néanmoins plus blessée et curieuse que menaçante. « Qu’est-ce qui t’amène ? » Question bien utile, et intéressante. Ludmilla n’était pas d’ici. Elle était même de bien plus loin. Et personne ne l’avait plus vue depuis longtemps. Mais elle en parlerait en temps voulu si elle le désirait. Il était bien placé pour savoir qu’on ne parle pas toujours de toute sa vie avec n’importe qui. Et si pour lui elle était terriblement importante, sans qu’il ne puisse y changer quoique ce soit, il doute qu’à ses yeux il ne représente quelque chose. Après tout, que pourrait bien représenter le monstre du district onze pour cette enfant aux cheveux de blé ?

Rien. Strictement rien. Elle ne savait même pas qui il était. Juste ce qu’il était. Alors que pouvait-elle bien venir chercher ?
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ASTILLA ∫ hope you found it now Vide
MessageSujet: Re: ASTILLA ∫ hope you found it now   ASTILLA ∫ hope you found it now Icon_minitimeVen 5 Oct - 17:44

La situation en elle-même lui semblait absurde, Ludmilla semblait continuer à vivre les évènements dans un état second. Ce n’était tant pas sa présence ici, ni le fait de se retrouver face à Astaroth qui la perturbait. Pourtant, il y avait ce petit quelque chose qui pesait sur son estomac. Ce sentiment de malaise qui persistait, peut-être parce qu’elle n’était pas certaine de savoir véritablement ce qu’elle était en train de faire. Son existence lui échappait perpétuellement entre les doigts, et déjà la trace du doute vint poser son empreinte dans son esprit. Au fond, elle le savait. Elle faisait tout simplement ce qu’elle aurait dû faire il y a des années déjà. Elle allait résoudre cette énigme, cette question qu’elle avait fini par oublier, délaissée dans un coin poussiéreux de sa mémoire. Il y avait des mots qu’elle avait besoin d’entendre, même si elle n’était pas sûre de savoir y faire face. Seulement, il était trop tard pour reculer. Trop tard pour abandonner. Jamais elle ne s’était détournée de ses choix si facilement, un trait si précieux qui ne lui avait pas été totalement arraché. Ou presque. Elle venait d’entamer une nouvelle traversée, et il n’était pas question de se laisser dériver. Pas maintenant.

Ce fut à peine si Ludmilla remarqua l’absence de réponse d’Astaroth, tant ce n’était pas le détail qui l’importait. Ce fut lorsqu’il referma la porte sur son passage qu’évidemment, elle émit une réaction de recul. Elle ne dit rien pourtant, consternée par sa propre réaction. Elle agissait encore comme une petite bête chétive et apeurée, et c’était en soi assez frustrant pour qu’elle ne dise quelque chose là-dessus. Son séjour en captivité durant cette dernière année l’avait profondément bouleversée ; aussi elle estimait ce voyage à travers un autre district comme une étape dans sa pseudo guérison. Si tant est qu’on puisse guérir des séquelles qu’on lui avait infligées moralement. Ce n’était pas celui qu’elle était venue voir qui lui procurait ce sentiment de paranoïa qui l’accablait à chacun de ses pas et lui faisait tourner la tête constamment pour surveiller ses arrières. C’était bien cette sensation d’enfermement, d’être prise en cage, qui la berçait doucement alors que la porte repoussée emportait avec elle les rayons de la luminosité extérieure. Milla savait pertinemment que le géant – car elle était bien assez ridicule à côté de lui – ne lui ferait pas de mal. Elle ne le connaissait même pas, mais c’était une certitude inébranlable. Inconsciemment, sa confiance se plaçait en cet homme ; et son instinct lui disait alors de se laisser porter par ce sentiment. Pourtant, et même s’il laissa les clés en évidence, un étau lui comprima légèrement la poitrine alors qu’il verrouillait la porte.

Si tant était que sa venue soit une surprise, Astaroth ne laissa néanmoins rien paraître sur son étrange réaction à s’être aussitôt faufilée à l’intérieur de sa demeure. Il demeurait silencieux et quand bien même cela mettait mal à l’aise le jeune femme sur la façon dont elle devait se comporter, cela la réconfortait également dans la mesure où elle appréhendait ce qu’il aurait à lui dire. Elle n’était pas certaine que sa mémoire soit exacte, et peut-être qu’il ne la connaissait même pas. Auquel cas il venait d’enfermer une inconnue chez elle. Milla chassa la pensée aussitôt qu’elle l’effleura, maudissant son incertitude et cette paranoïa qui ne cessait d’étendre son emprise un peu plus chaque jour. Ainsi, la seule chose qu’elle fut capable d’émettre fut de faire avancer ses pieds sur les traces du vainqueur pour le suivre, l’accompagnant dans son silence. Dans ce même mutisme, ses yeux se posèrent sur la seringue que ses doigts emprisonnèrent et frémit légèrement lorsqu’il lui adressa la parole. « Personne ne t’as vue ? » La jeune femme n’avait jamais entendu sa voix, c’était déjà à peine si elle se souvenait de son visage. Ce visage unique en son genre, marqué de l’empreinte d’un masque. Son frémissement n’était pas dû à ce qu’il portait et donnait à son faciès une allure peu commune, mais à l’intonation que cela donnait à sa voix. Il ne l’effrayait pas. Car, au fond, elle sentait le comprendre. Il était le réceptacle de ce dont le Capitole était capable, comme elle l’était différemment. Prise légèrement au dépourvu également par cette question à laquelle elle ne s’attendait pas, elle se racla légèrement la gorge pour répondre d’une voix non enrouée. « Personne. » Un mot. Elle ne put sortir qu’un seul mot. En même temps, Ludmilla n’avait que peu de réponse à lui donner sur le sujet. Ce n’était pas comme si elle courrait un réel danger dans ce district désormais détenu par les rebelles, aussi le fait d’être vue par quelqu’un lui paraissait moins dangereux que dans son propre district, c’était dire. Ceci dit, alors qu’elle détaillait Astaroth sans le cacher, non pas par crainte mais comme quelqu’un qui essaierait de comprendre la mécanique d’une autre personne, ses pensées se dispersèrent légèrement. Sans nul doute que cet homme était le monstre de son district, ce qui lui fit penser à Richard qui était celui qu’on pointait du doigt dans le sien.

Son regard se porta ensuite sur le comportement même d’Astaroth, se rendant compte qu’il tremblait. Comme ses mains d’ailleurs, mais il s’agissait là de tremblements qui l’assaillaient bien assez souvent pour que cela ne résulte que de cette compagnie. Aussi avait-elle les mains fourrées dans ses poches donc, au final, elle se fichait assez bien de ce détail. Milla regarda également le vainqueur reposer sa seringue, penchant légèrement la tête. La situation était absurde. Qu’est-ce qu’elle fichait là, chez ce type au masque à le regarder se piquer ?

« Qu’est-ce qui t’amène ? » Cette fois-ci, elle ne broncha pas à l’entente de ce son auquel elle commençait déjà à s’habituer. Elle réagit même d’une toute autre façon qui l’a surpris alors même qu’elle en prenait conscience. Elle sortit ses mains de ses poches, et attrapa la seringue entre ses doigts. Alors que les tremblements de son interlocuteur l’avait empêché d’agir, ceux de Milla cessèrent si tôt qu’elle resserra les doigts sur l’objet ; un détail qui lui arracha un petit sourire. Un frêle petit sourire. Même ses mains portaient encore les marques des vices de ses geôliers, ne serait-ce que pas ses ongles qui repoussaient doucement. Des mains bien petites quand elles se placèrent à côté des bras de l’ours. « Déjà, pour faire ça. Ce serait bête que tu te crèves l’œil. » Mon Dieu, elle était encore capable de faire preuve d’ironie. Milla le regarda même dans les yeux, pour lui faire comprendre qu’elle-même ne le tuerait pas. Comme s’il était possible que sa frêle personne puisse abîmer cette tonne de muscles, de toute façon. Elle reporta ensuite son regard là où reposait l’élastique qu’il avait mis plus tôt, ayant plus ou moins compris le contenu de la seringue et son importance. Son esprit de déduction pouvait bien avoir été piétiné, il ne s’était jamais complètement évaporé. Si Astaroth doutait de sa capacité à faire ce qu’elle comptait faire, elle n’y doutait pas. Depuis longtemps, elle avait appris quelques trucs pour se soigner et soigner autrui. En tant que rebelle, c’était toujours utile. En tant qu’orpheline, ça l’était également. Apprendre seul, vite et bien. Elle ne se souvenait pas avoir réalisé beaucoup de piqures de ce genre, mais il était inutile de le penser à voix haute. Elle posa doucement sa main gauche sur le bras de l’homme pour le soulever légèrement afin d’être mieux caler, et apposa de l'autre main l’aiguille de la seringue sur sa peau. En deux secondes, l’affaire était pliée et la jeune femme reposait l’objet sur la table, rangeant à nouveau ses mains dans ses poches.

Maintenant, elle se devait de lui répondre sérieusement. Sauf qu’elle ne savait pas du tout par quoi commencer. Comment pouvait-elle lui expliquer qu’elle pensait se souvenir de lui. Qu’elle pensait, sans en être certaine, l’avoir vu défendre sa vie de tribut à peine sortit d’une arène auprès d’un médecin et ce, sans réelle retenue. Qu’elle se demandait si tout ceci n’était que délire ou réalité. Milla aurait pu ne jamais s’en souvenir, d’ailleurs. Le lavage de cerveau qu’elle avait connu par la suite aurait dû lui faire oublier, mais aussi bien que sa mémoire lui était revenue avec de l’aide, cette incertitude était venue la hanter. Elle avait mis du temps, puis elle avait fini par habiter ses pensées avant que le temps ne l’y déloge à nouveau. « Je ne suis pas certaine de ce que je vais dire mais ... » Ludmilla regarda d’abord le buste d’Astaroth, le plancher, puis ses pieds pour enfin relever ses yeux vers son visage. Elle fronça les sourcils, déroutée par la façon dont elle devait s’y prendre. Est-ce qu’il se souvenait au moins d’elle, après huit ans ? « Tu l’as vraiment fait ? Quand ils m’ont sorti de l’arène, c’est toi qui ... qui … » Bon sang. Qui a fait quoi au juste ? Elle ne s’en souvenait plus vraiment, si ça s’était réellement passé. Or, elle avait la certitude qu’elle lui devait la vie. Dans le sens qu’elle put la mener ensuite. « Enfin, tu vois ce que je veux dire. N’est-ce pas ? » Si, au contraire, il ne voyait pas du tout, que tout ceci n’était que délire de son imagination, elle aurait le sentiment de se prendre une claque dans la figure. D’autant plus qu’elle ne passait pas par quatre chemins, exposant directement ses doutes. Aussi étrange que cela pouvait l’être. Au fond, elle sentait le besoin d’une réponse. De la vérité.

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ASTILLA ∫ hope you found it now Vide
MessageSujet: Re: ASTILLA ∫ hope you found it now   ASTILLA ∫ hope you found it now Icon_minitimeSam 10 Nov - 19:31



❝ bury me. ❞

What if I wanted to break, laugh it all off in your face ? What would you do ? What if I fell to the floor, couldn't take all this anymore ? What would you do ? What if I wanted to fight, beg for the rest of my life ?What would you do ? You say you wanted more, what are you waiting for ?I'm not running from you. Come Break me down, bury me, bury me. I am finished with you.


Astaroth releva doucement les yeux vers son interlocutrice, le regard plein de questions. Pourtant, Ludmilla n’avait pas l’air très encline à entrer directement dans le vif du sujet. Doucement, elle détourna la question, attrapant la seringue pour s’approcher du vainqueur. Celui-ci se laissa faire. Il aurait presque pu sourire sous son masque, si seulement ses zygomatiques avaient un jour réappris à fonctionner correctement et naturellement. L’aiguille s’enfonça dans sa chair, tandis qu’il baissait les yeux vers la seringue, observant doucement les faits et gestes de la jeune femme. Elle n’avait pas l’air effrayée par le masque. Ni par sa voix. Ni par sa carrure. Elle n’avait pas l’air effrayée du tout, à vrai dire. Pourtant, il était vrai que la plupart du temps, les gens avaient un mouvement de recul la première fois qu’il leur adressait la parole. Ils n’avaient pas peur ; une simple intimidation, face à tant de noirceur et de gravité. Astaroth n’était pas un homme pétillant de vie, bien loin de là. Au contraire, on percevait parfaitement son caractère terni par les actes du Capitole, les ruines de ce qu’il restait d’une personnalité autrefois drôle, charmante et protectrice. Ce n’était plus qu’un ours blessé qui tentait de retrouver pied, de redevenir humain ; un animal pataud et effrayé par le moindre bruissement d’aile de papillon. Un grizzli qui tenait à peine sur ses pieds, lorsqu’il s’agissait de faire autre chose que d’agresser. Agresser. La seule défense qu’il avait trouvée face à sa vie, face aux autres ; face à ce Capitole qu’il détestait tant. Il s’était caché derrière cette carapace. Mais à mesure que passaient les jours, il en avait marre. Marre. Tellement marre. Il aurait voulu avoir une bonne raison de devenir lui-même. Réussir à sourire, à nouveau. À se laisser aller, à arrêter de réfléchir. Détendre ses muscles, se détendre, et se laisser bercer par des sentiments plus doux que la haine, la colère et la rancœur. Ce genre d’émotion vous bousillait un homme. Et cet homme, c’était Sitael. Devenu Astaroth. Et qui ne cessait de s’enfoncer avec le temps. Il allait devoir reprendre pied. Dans le cas contraire, il y laisserait sa peau.

Lentement, par réflexe, il se massa quelques secondes le creux du bras, tandis qu’elle reposait la seringue sur la table. « Merci. » lâcha-t-il doucement, d’une voix faible, souffrante. Il ne voulait plus se nourrir comme ça. Il voulait trouver une solution, se débarrasser de ce masque. L’idée germait de plus en plus au fond de son esprit, faisant croître encore davantage son malaise, et son sentiment de dégoût envers sa propre personne. Si seulement on pouvait le traiter comme un être humain, une fois, juste une fois. Oh, il y avait bien des gens qui le considéraient comme tel, là n’était pas le problème. Mais on ne voyait que le masque. Le masque restait une tare, un objet de fascination. Parfois même la raison pour laquelle on s’intéressait à lui. Et il avait envie d’exister, qu’on ne soit pas curieux de son histoire et de sa personnalité rien qu’à cause de ce masque. Il avait l’impression que cette chose lui pompait toute sa consistance, toute sa personnalité. Il n’arrivait pas à l’accepter. Il n’arrivait pas à vivre avec, même vingt-trois ans plus tard. Il aurait fallu qu’il en parle. C’était un traumatisme. Un complexe gargantuesque. Il avait l’impression que les gens ne voyaient que ça. Peut-être se trompait-il. Mais au fond de lui, c’était une certitude ; seul le masque existait, et lui donnait une importance, bien que mineure. Il avait peur de cet objet. Peur de ce qu’il faisait de lui. Il lui aurait fallu une thérapie, c’était une évidence. Mais de là à ce qu’il le reconnaisse, et qu’il l’accepte, bien des années pouvaient encore s’écouler. Et puis merde, quoi. Une thérapie pour un putain de masque. Bah voyons. Non. Il avait besoin qu’on l’aide, qu’on l’aime, qu’on le soutienne. Qu’on le considère enfin comme quelqu’un à part entière, et que le masque devienne naturel à porter. Que personne ne le remarque plus… Ou du moins que quelqu’un ne le remarque pas. Il avait besoin de cela. Et ce jour-là, il sortirait enfin de sa coquille, pour s’ouvrir au monde, et redevenir un peu davantage lui-même. Ce serait long, mais il y arriverait. Il le fallait.

Après avoir fui le regard du vainqueur pendant quelques secondes, alors qu’il gardait ses yeux dardés vers les siens, attendant qu’elle ne relève la tête, Ludmilla finit par prendre son courage à deux mains. Et là, elle aborda immédiatement un sujet qui donna l’impression au vainqueur de se faire arracher le cœur de la poitrine. Elle était tellement belle. Tellement jeune. Elle avait gagné les Jeux, elle avait regagné son District, le six. Elle avait souffert, comme ce n’était plus permis à quelqu’un de souffrir. Elle était le portrait craché de la petite Pandore, à l’époque où elle avait fait les Jeux ; on aurait pu les croire jumelles. Et maintenant qu’elle avait grandi, elle était devenue tout ce que Pandore aurait pu devenir si elle avait remporté les Jeux. Si Sitael avait fait attention à elle, et qu’il l’avait protégée correctement jusqu’au bout. Mais non. Il avait échoué. Et Ludmilla était devenue ce que Pandore aurait pu être. Il ne lui en voulait pas du tout, bien loin de là, bien au contraire. Il était content qu’elle ait survécu. Ça l’avait quelque peu rassuré sur certains points. Enfoncé sur d’autres, mais il tenait le coup. Même maintenant qu’elle se retrouvait devant lui.

Soupirant doucement, il ferma les yeux, passant une main sur la sangle de son masque, qui passait sur le sommet de son crâne. Il attrapa la petite seringue vide après avoir rouvert ses prunelles bleu foncé, et prit la direction de la cuisine, de son pas d’ours. Il ne l’ignorait pas, bien au contraire. Mais il avait besoin de bouger un peu, et de ne pas se retrouver directement face à elle pour lui parler de tout ça. C’était instinctif, sans réellement qu’il en ait conscience. « Je vois ce que tu veux dire. » Il laissa tomber la seringue dans sa poubelle, après l’avoir démontée et avoir brisé l’aiguille. « Oui, je l’ai vraiment fait. Ils allaient te faire du mal, et je les en ai empêchés. » Il baissa doucement la voix, pas spécialement fier de ce qu’il était en train de révéler. Elle lui avait fait tellement penser à sa Pandore qu’il s’était inexplicablement senti lié à elle. Et qu’il en était venu à violenter un médecin pour la secourir. Pauvre idiot impulsif qu’il était. Au final, ç’avait marché, ils avaient laissé le cerveau de la pauvre Ludmilla tranquille. Du moins, pour cette fois. Doucement, il se tourna vers elle, croisant son regard. « Et je ne regrette pas de l’avoir fait. » Et, pour la première fois, ses prunelles laissèrent transparaître toute la douleur qu’il ressentait, toute sa souffrance, toute son humanité, sa sensibilité. Il avait mal. Et en cet instant, sa gorge se nouait. Il ressassait des souvenirs qui ne lui faisaient pas de bien. Loin de là, même. Il ne pouvait pourtant pas s’empêcher de rester là, et de la regarder. De la sonder.

Regarde. Regarde dans quel état ils nous ont mis. Regarde ce qu’ils ont fait de nous. Bestioles brisées, souffrantes, agressives et méfiantes. Au point de ne même plus avoir confiance en ses semblables. Regarde-toi. Regarde-moi. Regarde-nous. Est-ce qu’on méritait vraiment tout ça ?



musique : thirty seconds to mars — the kill.
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ASTILLA ∫ hope you found it now Vide
MessageSujet: Re: ASTILLA ∫ hope you found it now   ASTILLA ∫ hope you found it now Icon_minitimeDim 11 Nov - 17:41

Il la laissa faire, sans un mot, sans un geste. Il laissa Ludmilla se charger de ce qui devait être une corvée pour lui, une de ces multiples choses présentes pour lui rappeler quotidiennement sa condition. Et il la laissa faire. Elle, la jeune femme aussi solide qu’une brindille, au visage et au corps marqués par les derniers évènements. Une fille qui pouvait tout aussi bien lui être inconnue, il ne rechigna pas devant son aide. Ludmilla estimait que c’était mieux ainsi. Elle avait agi impulsivement, comme elle se sentait attirée par cet homme d’une attirance bien loin des pensées premières. Elle suivait son instinct, son impulsivité, mais il n’aurait fallu que d’un mot, d’un mouvement de recul, pour qu’elle lâche l’affaire. Elle était encore prompte à baisser si facilement les bras, qu’elle en était capable de se rendre malade. Mais là, là alors qu’elle pouvait le blesser, même si ce n’était que légèrement, elle sentait sa confiance en soi se renflouer quelque peu. Et qu’il la remercie, aussi simplement, aussi doucement, elle n’en demandait pas mieux. Elle sourit légèrement, le regardant se masser le bras. Au fond, cela lui paraissait important de lui avoir apporté cette petite contribution. Comme une preuve qu’elle n’avait pas totalement flanché, qu’elle était encore capable de faire quelque chose. Qu’elle se bougeait, enfin. Elle ne fit pas pour autant la sourde oreille à l’intonation de sa voix. Même un masque ne pouvait la tromper. Cet homme souffrait à bien des égards, et tout son être rejetait la frustration qu’elle-même ressentait. Ludmilla ne dit rien, pourtant. Elle ne se le permettait pas, pas encore. Pas alors qu’elle ne le connaissait pas. On ne pouvait jamais connaître à l’avance l’ampleur de la réaction d’un individu marqué amèrement par la vie, même si c’était également vécu personnellement. Alors elle se contenta de laisser ses mains au fond des poches et d’attendre. Attendre que son regard croise enfin celui de l’homme, qu’elle ait le courage de relever la tête. Et c’est ce qu’elle fit, évidemment. Elle croisa son regard quelques secondes, et l’espace de cet instant, il lui sembla comprendre et ressentir tout ce qui était enfermé en cet être.

Elle lui posa la question, difficilement, qui pesait sur ses épaules depuis qu’elle avait quitté les souterrains du treize. En même temps qu’elle formulé sa demande particulière, une autre pensée l’effleura. Celle de la possibilité de n’avoir jamais eu ce doute. Si, par ses vécus, ce souvenir aussi consistant qu’un mirage ne lui serait jamais revenu. Il la hantait peut-être bien, Ludmilla n’était pas pour autant certaine qu’il s’avère exact. Mais si ce qu’elle redoutait être le fruit de son imagination bousillée, ne serait jamais venu s’imposer à cet esprit, que ce serait-il passé ? Elle n’aurait jamais rencontré cet homme, pour commencer. Ce vainqueur auquel elle se sentait inexorablement liée d’une bien étrange façon. Elle ne parvenait pas à mettre le doigt dessus, sur ce qu’elle ressentait à son égard, mais elle le savait. Le sentait, il était important. Pour elle. Et la façon dont il la dévisageait, laissant ses questions et ses doutes en suspens, la subjugua en même temps qu’elle la mit mal à l’aise. On ne l’avait jamais dévisagée ainsi. Ou peut-être qu’elle ne s’en souvenait pas, qu’au temps où ses proches étaient encore vivants, quelqu’un l’avait regardé de la même façon qu’Astaroth. Cela ne lui paraissait pas étrange, ni indécent. Juste particulier. Surtout, elle ne parvenait pas à savoir pourquoi il la dévisageait ainsi, alors qu’ils ne s’étaient jamais rencontrés – sauf si sa théorie était vraie. Mais ils ne s’étaient jamais adressés la parole, ne s’étaient jamais côtoyés. Et il la regardait ainsi, comme s’ils s’étaient toujours connus. Comme s’ils étaient de bonnes vieilles connaissances, surtout. Milla ne parvenait pas à cerner clairement la situation, alors qu’elle attendait également des réponses qui lui paraissaient vraiment importantes. Définitivement mal à l’aise, elle sortit une main des poches pour la passer dans ses cheveux et détourner la tête. Astaroth mis également un terme à ce face à face assez étrange, en soupirant.

Finalement, Ludmilla reporta son attention sur lui quand il se dirigea vers la cuisine. Tout d’abord frustrée de le voir s’éloigner ainsi sans lui donner une seule réponse, elle se dit également que ce n’était pas plus mal. Peut-être qu’elle s’était leurrée, du début à la fin. Peut-être même qu’il ne savait pas comment décliner poliment ses doutes. Et puis, non. Plus sa présence s’imposait, plus elle restait entre ces murs, tout lui semblait prendre forme. Au fil des secondes, la certitude s’immisçait en elle. Inévitablement. « Je vois ce que tu veux dire. » commença Astaroth, la prenant complètement au dépourvue. Commençant à se perdre dans ses pensées, son attention s’était effilochée et elle ne s’était pas attendue à ce qu’il lui réponde. Qu’il lui réponde ainsi, surtout. « Oh. » lâcha Milla, faiblement, simplement. Incapable prononcer autre chose, à vrai dire. Dans un silence presque religieux, elle l’observa démonter la seringue qu’elle avait préalablement utilisé et la jeter. Quelques secondes qui lui semblèrent s’étirer bien trop lentement, apportant en elle des émotions qu’elle ne parvenait pas à déterminer. « Oui, je l’ai vraiment fait. Ils allaient te faire du mal, et je les en ai empêchés. » La façon dont elle devait le regarder à la suite de ces révélations devait être absurde. Entre l’incrédulité et la surprise, elle se sentait ballotée en tous sens. Non seulement, ce qui lui paraissait improbable prenait consistance, mais en plus il lui avoua qu’il ne le regrettait pas. Et donc, si Milla se fiait à ses quelques souvenirs miraculés, cet homme avait bien malmené un médecin. Pour elle. Elle qui ne connaissait pas. « Je suppose que je dois te remercier. » La situation lui semblait surréaliste, elle semblait bien plus perdue en cet instant que sûre d’elle. Une incertitude qui vibrait dans le ton de sa voix. « Merci … » Et ce fut tout. Sous l’impulsion de ces paroles, Ludmilla se laissa tomber contre un mur, le regard perdu dans le vague.

Lentement, l’ampleur de ce qu’Astaroth venait de lui révéler lui donna une boule au ventre. De soulagement, et de nervosité. Il avait empêché des médecins de lui faire plus de mal qu’elle n’en avait déjà subi, à sa sortie des Jeux. C’était il y a huit ans. Huit années, sans qu’elle ne se souvienne de ceci. Il avait fallu ces huit années, pour que tout revienne la hanter. Pis encore, le poids de la dette qui se joignait à celle d’une autre. Un homme lui avait sauvé la vie, différemment, mais encore une fois. Et c’était des choses auxquelles elle ne pouvait se soustraire, et qui lui donnaient l’impression qu’elle devrait rendre la pareille un jour ou l’autre. Seulement, si ce qu’il affirmait était vrai, pourquoi ne l’avait-il pas retrouvé ? En même temps, il l’avait peut-être oubliée. Peut-être qu’il se fichait d’elle et qu’elle n’était de passage mais … La curiosité de l’aurait-elle pas poussé à aller voir l’adolescente pour qui il était intervenu ? Elle avait treize ans, elle sortait des Jeux. Et elle était une inconnue pour lui. Pourtant, il l’avait fait. Il avait empêché qu’on ne la touche sur des choses, il lui avait épargné des séquelles. « Mais … Pourquoi ? » Alors, elle leva doucement la tête. Et ses prunelles s’accrochèrent à celles de l’homme, comme une ancre. Silencieusement, elle le dévisageait avec toute sa reconnaissance et ses incompréhensions. Égarée, soulagée. Respectueuse. Hésitante.

Astaroth et Ludmilla. Ils étaient deux vainqueurs, deux jeunes qu’on avait plongés dans une barbarie inconcevable. Et ils étaient deux victimes, de la vie, du Capitole. Chacun marqué par des séquelles dont ils ne pourraient se délester, l’un particulièrement physiquement, et l’autre psychologiquement. Deux animaux blessés, lassés. Et pourtant. Pourtant cet homme lui paraissait si solide, bien plus qu’elle ne l’était. Peut-être parce qu’il subissait ce tout depuis bien plus longtemps, peut-être parce qu’il était plus âgé qu’elle aussi. Milla se sentait si fébrile à côté de lui, mais en même temps si compréhensive. Oui, elle le comprenait. Elle pensait le comprendre, du moins. Ils étaient marqués, tous les deux. Ils étaient liés, aussi, par ce qu’il avait fait pour elle. Pour des raisons qu’elle ignorait, le lien qui se tissait entre eux lui semblait prendre de l’importance. L’espace d’un instant, elle se mit à douter de ce qu’elle ressentait. Se demandant si ce n’était pas plus l’euphorie de la vérité entendue plutôt que d’une réelle connexion. De même, elle n’était pas certaine que le vainqueur prenne les évènements de la même façon qu’elle. Bon sang, il avait empêché le Capitole de l’atteindre. Un Capitole qui lui avait quand même mis la main dessus, trop de fois. Et s’il avait agi inutilement ? Est-ce qu’il le savait ? Est-ce qu’il voyait ce qu’elle-même avait vécu après tout ça, entre le sang et les larmes versés, la force de continuer qu’il lui a été arrachée il y a si peu de temps. Milla ne savait même pas comment elle devait se comporter, car elle ne le connaissait même pas. Il était étranger, un étranger qui était intervenu dans son existence sans qu’elle ne s’en doute réellement. Une boule se forma dans sa gorge, et Ludmilla inspira une plus grande goulée d’air avant de passer ses mains sur son visage. La situation semblait lui échapper, encore une fois.

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ASTILLA ∫ hope you found it now Vide
MessageSujet: Re: ASTILLA ∫ hope you found it now   ASTILLA ∫ hope you found it now Icon_minitimeLun 12 Nov - 14:21


❝ why does it rain ? ❞

I'm dreaming in colours of getting the chance, I'm dreaming of china the perfect romance, the search of the door to open your mind, the search of the cure of mankind. Help us, we're drowning, so closed up inside. Why does it rain, rain, rain down on utopia ? Why does it have to kill the ideal of who we are ? Why does it rain, rain, rain down on utopia ? How will the lights die down, telling us who we are ?


À proprement parler, Astaroth ne savait plus vraiment où se mettre. Ludmilla n’avait pas tourné trois cents ans autour du pot, ce dont en passant il la remerciait. Pourtant, elle avait soulevé une question qui touchait profondément le vainqueur. Il se souvenait de ce jour comme s’il l’avait vécu le matin-même. La manière dont il était curieusement venu voir cette petite vainqueur. Et la manière donc à la place, il avait vu ce médecin discuter avec ses collègues au-dessus de ce petit corps si chétif et si fragile, sur la manière dont ils pourraient aller fouiller et faire des expériences sur son cerveau. La manière dont il avait été choqué. La manière dont il s’était révolté. Celle dont il était intervenu, sans prendre le temps de se réfléchir, attrapant juste ce médecin pour lui cogner la tête contre le mur, et lui hurler de ne pas la toucher. La manière dont un autre médecin était arrivé en courant, alors qu’Astaroth commençait à faire un carnage. Et cet autre médecin avait heureusement eu plus de jugeotte. Et avait interdit que tout mal soit fait à la petite vainqueur. Qu’on la laisse comme telle, qu’on la soigne, qu’on l’offre au public. Le sous-entendu était clair ; ils auraient d’autres cas sur qui expérimenter. Mais Astaroth s’en foutait. Il haïssait le Capitole, c’était un fait. Plus que tout son être. Et il ne voulait même pas savoir le nombre d’expériences qu’ils avaient fait sur des êtres vivants. Il savait qu’il avait empêché la jolie blonde de souffrir encore davantage. Et il ne le regrettait en rien. Il avait parfaitement conscience qu’à un moment elle s’était à demi réveillée. Il avait croisé son regard, et n’en avait été que plus déterminé à la défendre. Il se doutait parfaitement qu’elle devait être groggy, et ne pas se souvenir réellement de ce qui s’était passé. Tout devait être confus, un brouillard épais duquel les informations peinaient à ressortir. Et voilà pourquoi elle était ici. Pour savoir ce qui s’était réellement passé ce jour-là. Elle était en droit de le lui demander. Totalement en droit. Il l’avait évitée par la suite, pendant toutes ces longues années. Et maintenant, elle venait réclamer son dû ; la vérité. En quoi pourrait-il lui en vouloir ?

Lentement, il entendit la jeune femme le remercier. Puis, un petit bruit se fit entendre. Il tourna la tête vers elle, alors qu’elle s’était laissée tomber contre le mur. Il ne se précipita pas pour la relever. Elle n’était pas suicidaire au point de s’être jetée contre la paroi pour se faire du mal, ça se voyait. Elle avait juste été surprise. Choquée. Ce qui était, une fois encore, parfaitement compréhensible. Finalement, elle releva la tête vers lui, posant une ultime petite question. La question dévastatrice, la question qui voulait tout dire, qui aurait pu signifier le monde. Cette question. « Pourquoi ? ». Pourquoi… Pourquoi avait-il fait cela ? Ç’aurait été si long à expliquer. Si compliqué. Les prunelles du vainqueur plongèrent dans celles de sa vis-à-vis, tandis qu’il clignait doucement des paupières, exterminant toute trace d’agressivité portée par son masque, ne laissant plus voir que l’homme blessé qui était ressorti de l’arène. Cet homme façonné par le Capitole, et qui souffrait le martyr à longueur de journée, sans que personne ne daigne de s’en rendre compte. Astaroth était redevenu Sitael.

La fixant sans sourciller, l’homme s’approcha d’elle, lentement. Puis il s’accroupit, posant ses coudes sur ses genoux, face à elle. Ses yeux ne quittaient pas les siens, tandis qu’il réfléchissait à la manière dont formuler sa réponse. Il déglutit doucement, s’efforçant de lutter contre les larmes inattendues qui pointaient le bout de leur nez. Il voyait Pandore, en face de lui. Mais il avait appris à faire la différence depuis bien longtemps. C’était Ludmilla. La belle, la douce, la petite, l’adorable et la fragile Ludmilla. Et pourtant, cette petite puce avait réussi à remporter les Jeux de la Faim. Elle méritait des explications. Qu’il allait lui donner, sans avoir honte. Il ne regrettait pas du tout. Et il espérait qu’elle ne lui en voudrait pas.

« Tout ce temps pendant lequel je suis resté planté devant cette foutue télé, obligé à regarder les Jeux, j’ai pas pu m’empêcher de voir à ta place la petite que j’ai protégée lorsque j’étais dans l’arène à ta place. » D’un geste circulaire, il indiqua son visage, avant de reposer son coude sur son genou, toujours accroupi, et de secouer lentement la tête en continuant. « Tu lui ressemblais comme deux gouttes d’eau. Physiquement, psychologiquement. Et elle était de ton District. J’ai pas pu m’empêcher de me dire que peut-être que si elle avait agi seule, comme toi, elle aurait survécu. Enfin. Je ne le saurais jamais, je suppose. » Il marqua une petite pause, attendant avant d’attaquer ses véritables explications. Puis, il reprit. « Mais tu n’étais pas elle. » C’est bien dis-moi. « Et toi, tu as survécu. Je voulais te voir. Le voir de mes propres yeux. Te connaître. Tout en restant à distance. La peur de te détruire si je m’approchais trop, très certainement. » Un petit soupir presque amusé s’échappa du masque. Jusqu’à aujourd’hui encore, la peur de briser les gens qu’il approchait ne s’estompait pas. « Et je les ai vus. Ce qu’ils s’apprêtaient à te faire. Et là… » Une expression de souffrance barra soudainement son visage, alors que sa voix mourrait dans sa gorge. Et là quoi, Astaroth ? Dis-le. Dis ce que tu n’as jamais réussi à t’avouer, même à toi-même. Décris ce que tu as ressenti à ce moment-là. Dis-le. « Je t’ai vue comme ils auraient voulu te transformer. En un monstre. Comme moi. » Sa voix se brisa dans sa gorge, les intonations dues au masque amplifiant encore davantage le phénomène. Doucement, il déglutit, trouvant le courage de poursuivre. « Ils allaient te faire du mal. T’étudier, te déformer. Prétendre à des séquelles incurables. Faire de toi leur monstre, comme j’ai pu le devenir, et comme tant d’autres le sont devenus. Tout le monde t’aurait plainte, adulée, puis crainte. Tu aurais été un réceptacle de la cruauté du Capitole. Encore davantage qu’en étant une vainqueur. Ils allaient te détruire, émietter ta vie encore plus qu’elle ne l’était déjà, faire de toi leur bête de foire. Comme j’ai pu l’être, et comme je le suis encore. Et ça, j’ai pas supporté. »

Lentement, le vainqueur s’appuya sur ses genoux pour se relever. Il sentit ses jointures le faire souffrir, faute à la position inconfortable qu’il avait adoptée. Il soupira doucement. Ce qu’il venait d’avouer, il ne l’avait jamais dit à personne. Bah, de toute manière, personne ne savait qu’il avait aidé Ludmilla. Mais en ce sens, il voulait plutôt dire qu’il doutait avoir eu lui-même un jour conscience des véritables raisons qui l’avaient poussé à faire ça. Mais maintenant, l’abcès était crevé. Elle savait. Lui aussi.

« Alors oui. J’ai attrapé ce médecin, et je lui ai fracassé la tête contre le mur. J’ai empêché les autres de t’approcher. Jusqu’à ce qu’un toubib extérieur intervienne, et ne décide qu’ils ne te toucheraient pas. » Son regard n’avait pas lâché une seconde celui de Ludmilla, tandis qu’il prononçait ses mots. Il avait été franc avec elle. Plus franc qu’il ne l’avait jamais été avec personne. Pas même avec lui-même. Cette petite avait souffert le martyr, même après qu’il l’ait protégée, il le savait. Et dans un sens, il s’en voulait. Mais au final, il ne regrettait pas. Non. Rien du tout. « Et je ne regrette rien du tout. »

Et ce ne serait jamais le cas. La cruauté du Capitole n’était plus à prouver. Ils en avaient été marqué à vif, et à vie. Et jamais il ne s’en voudrait d’avoir agi de la sorte. On lui aurait lavé le cerveau bien avant ça. Et après cela, il doutait de ses potentiels regrets.

Personne n’avait le droit de faire du mal à quelqu’un délibérément, et de la sorte. Personne. Pas même le Capitole. Pire que cela, même. Le Capitole encore moins.


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ASTILLA ∫ hope you found it now Vide
MessageSujet: Re: ASTILLA ∫ hope you found it now   ASTILLA ∫ hope you found it now Icon_minitimeLun 12 Nov - 23:39

La question qui lui brûlait les veines comme une démangeaison, tel un venin qui répandait sa discorde et ses doutes. C’était une chose de connaître la vérité, une autre d’apprendre à l’accepter. Mais ce n’était pas aussi difficile que d’en entendre les raisons. Il lui admit que ces quelques brides dont elle n’était pas certaine que ce soient de réels souvenirs s’étaient bien déroulées, il avait admis que l’image qui hantait ses pensées avait bien eu lieu. Ludmilla n’aurait jamais dû s’en souvenir, d’ailleurs. Le lavage de cerveau qu’elle avait subi par la suite lui avait tout ôté, de sa vie passée, de ses sentiments, de ce qu’elle était. Personne ne l’aurait aidé à se reconstruire et à lui faire retrouver la mémoire, qu’elle était certaine qu’elle n’aurait jamais arpenté un seul des chemins qui l’avaient mené jusqu’à ce qu’elle était aujourd’hui. Peut-être que cette vie-là aurait été dénudée de toute souffrance, et que le Capitole l’aurait remodelé à sa façon pour en faire une vainqueur digne de ce nom. Qu’importe, elle n’aurait rien pu y faire. Mais elle s’était battue pour retrouver ses souvenirs, une mémoire qu’il lui était revenue dans sa quasi-totalité avec le temps. Il y avait toujours des bouts de flou, des passages qu’elle faisait certainement exprès de ne pas vouloir se souvenir également. Seulement, elle s’y était attachée. À ne jamais oublier son existence d’avant, son existence d’enfant. Quand d’autres voulaient effacer leur vie d’avant les Jeux, elle avait tout fait pour ne jamais la perdre. Ceci dit, ce qui s’était passé entre Astaroth et les médecins, ne lui était venu à l’esprit que furtivement avant de disparaître. Pour réapparaître étrangement après qu’on l’ait sortie de sa captivité. Une brume qui effleurait ses pensées, la tourmentait sans qu’elle ne s’en rende réellement compte. Ce n’était qu’une image après tout. Un Astaroth au poing levé, un médecin à terre. Elle l’avait croisé, son regard. Brièvement. Le capharnaüm qui résonnait dans sa tête, incapable de soutenir le bruit alentour. Et elle était repartie dans sa léthargie. Mais bien plus de savoir ce qui s’était passé, Ludmilla avait également besoin de connaître ce qui l’avait poussé à agir ainsi.

Ce fut avec une boule au ventre qu’elle observa le vainqueur s’approcher, et s’agenouiller devant elle. Elle ne put s’empêcher de frémir à cette proximité, ayant toujours quelques difficultés à se trouver si près des autres. Mais ça, ce n’était pas dû aux Jeux. Ça ne l’avait jamais été, c’était si nouveau. Si frustrant. Elle leur devait à eux, ces bourreaux, ceux qui avait fait de cette dernière année de nombreux mois d’enfer. Alors Milla s’accrocha à l’océan de son regard, ce qui lui semblait être la meilleure façon de garder la tête haute autant qu’elle le pouvait. Elle le faisait naturellement, par ailleurs. Il la fascinait. Peut-être parce qu’elle était capable de voir ce qui se passait en lui. C’était ça, les liens entre vainqueurs. On finissait toujours par comprendre un bout de l’autre, ce que les Jeux leur avaient pris et remplacé par d’autres émotions et la destruction. « Tout ce temps pendant lequel je suis resté planté devant cette foutue télé, obligé à regarder les Jeux, j’ai pas pu m’empêcher de voir à ta place la petite que j’ai protégée lorsque j’étais dans l’arène à ta place. » Ludmilla dégagea son visage de ses mains, lui prêtant toute son attention. « Tu lui ressemblais comme deux gouttes d’eau. Physiquement, psychologiquement. Et elle était de ton District. J’ai pas pu m’empêcher de me dire que peut-être que si elle avait agi seule, comme toi, elle aurait survécu. Enfin. Je ne le saurais jamais, je suppose. » Elle aurait dû s’en douter, qu’il s’agissait avant tout d’une ressemblance avec quelqu’un. À présent, elle comprenait un peu mieux. Elle était le souvenir qui devait le hanter, aussi bien qu’elle avait les siens. Seulement, ce n’était pas réellement elle, ce n’était qu’une autre jeune. Qu’elle n’avait même pas connu, d’ailleurs. Mais si elle lui était étrangère, elle devait être terriblement importante pour lui. Parce que c’était à cause de cette fille, de son fantôme, de ses souvenirs, qu’Astaroth était intervenu pour une autre. Ludmilla profita de ce léger moment de répis, pour y placer sa propre remarque. « J’aurais pu ne jamais en sortir. C’est le hasard, ou la chance, qui l’a rendu possible. » Mais on ne parlait pas de chance, avec les Jeux de la Faim. Et elle avait raison, au fond. C’était au bord de la mort, à un pas de l’autre monde, qu’elle était sortie de cette arène. Parce qu’avec son poison, elle avait essayé d’atteindre le tribut restant alors qu’il la rongeait également. À deux, trois secondes près, elle aurait pu être celle pour qui le coup de canon aurait retentit. Certains avaient évoqué qu’elle avait tenté de se suicider en emportant avec elle le dernier tribut, d’autres avait clamé l’ingéniosité de la tactique. Ludmille elle-même ne se souvenait plus de ce qui lui était passé par la tête. Et ce qu’elle venait d’avouer indirectement à son interlocuteur, elle ne l’assumait pas vraiment. Ce n’était pas facile d’évoquer sa presque-mort. Pas facile, non plus, de venir à l’encontre de ses propos alors qu’il lui faisait part de toute sa sincérité. Seulement, elle n’ajouta rien. Elle n’en avait pas besoin, elle n’était pas celle qui devait des explications après tout. « Mais tu n’étais pas elle. Et toi, tu as survécu. Je voulais te voir. Le voir de mes propres yeux. Te connaître. Tout en restant à distance. La peur de te détruire si je m’approchais trop, très certainement. Et je les ai vus. Ce qu’ils s’apprêtaient à te faire. Et là… » Les mots s’amassaient en elle à mesure qu’il les prononçait, s’enlisant dans son être comme des poids qui s’entassent. La poitrine comprimée par les révélations, l’étonnement, la peur aussi, sans doute. Ludmilla parvint pourtant à lui sourire, très légèrement, doucement, dans un hochement de tête peu distinct pour l’encourager à continuer. Qu’il parvienne à lui relater la fin de l’histoire, le pourquoi du comment. Et c’est ce qu’il fit. Ce qu’elle eut du mal à encaisser. « Je t’ai vue comme ils auraient voulu te transformer. En un monstre. Comme moi. » Cette fois-ci, elle se sentait bien trop hagarde pour pallier au malaise qu’Astaroth devait ressentir. Il n’y avait plus la place pour les sourires voilés, la compréhension. Il n’y avait que les fissures et les morceaux qui s’écrasaient en elle. Un mot – monstre – qui éclata dans son esprit comme une bombe nucléaire. Et le dégout, et la peur, qui s’y attachaient. La cruauté de ce qu’il représentait. L’appréhension. Mais si son regard devait bien en dire long sur la bataille qui se déroulait en elle, Ludmilla ne dit rien. Rien pour ne pas l’empêcher de continuer. Elle avait besoin de connaître la suite autant qu’il semblait à cet homme ressentir le besoin de tout lui dire. Elle l’écouta, en silence. Elle l’écouta si attentivement, à la fois égarée dans les méandres de ses pensées, ballotée par ses paroles, et flottante dans son regard. Il lui dit tout, elle en était certaine sans l’ombre d’un doute. Désormais, Ludmilla détenait la vérité. Une vérité si improbable. Lourde et respectueuse. Elle ne réagit pas tout de suite quand Astaroth se redressa, bien qu’elle lui suivit du regard et écouta ses dernières paroles. Mais elle resta là, dans un premier temps. Contre ce mur qui lui semblait bien froid en cet instant, à comprendre le sens de ces mots si lourds. Cet homme lui avait certainement empêché de vivre la pire chose qui aurait pu lui arriver, peut-être au même niveau que ces derniers mois de torture enfermée dans une geôle. Mais il l’avait fait, il l’avait avoué. Grâce à lui, ses parents avaient pu retrouver une Ludmilla en parfaite santé, du moins physiquement. Ils avaient pu emporter avec eux l’image de leur fille qu’ils avaient toujours connue. Et si Astaroth n’était jamais intervenu, à quoi ressemblerait-elle aujourd’hui ? Une absurdité entre les séquelles de ce monstre et de celui de son district, Richard ? En même temps, cela ne l’étonnait guère que le Capitole ait voulu tenter des expériences sur son propre corps. La façon dont elle l’avait ruiné aux derniers instants des Jeux, était certainement la raison qui les avait poussés à agir ainsi. Mais à treize ans, à quoi bon s’acharner sur un corps. Peut-être bien qu’elle se voilait la face, également.

Ludmilla finit par se redresser, lentement. Avec incertitude, aussi. Elle dévisagea cet homme qui avait sauvé son existence d’une manière bien peu commune, et qui lui avait évité des souffrances à bien des égards. « M-merci. » lâcha-t-elle, encore une fois, mais terriblement plus sincère que le précédent. Plus hanté, peut-être. Ce n’était qu’un mot, au fond, quelques lettres qu’elle tenait à lui adresser. Seulement, rien ne pouvait exprimer toute la reconnaissance qu’elle ressentait à présent à son égard. Alors elle se contenta de lui sourire, d’une esquisse plus assurée que les précédentes. Déstabilisée par ces révélations, elle se sentait encore si fébrile. Bien moins que lorsque Raven l’avait ramenée au treize. Bien plus que ce qu’elle avait espéré après quelques semaines. Un sanglot lui opprima la cage thoracique et s’étouffa dans sa gorge, alors qu’elle portait une main à sa bouche. Son corps qu’elle pensait dessécher de toute larme depuis qu’on l’avait mutilée physiquement et psychologiquement. Elle n’avait pas flanché quand elle était sortie de la dernière misère qui lui était tombée au coin de la figure. Elle n’avait pas versé une seule larme, depuis qu’elle s’était sortie de ces foutus cachots. Pas une seule, en présence de Raven. Pas une seule, quand elle avait regagné son district et pris soin d’éviter le monde humain. Et là, alors qu’elle se trouvait en présence de cet inconnu qui perdait de ce statut pour s’avérer plus proche d’elle qu’elle ne l’aurait jamais imaginé, elle se sentait défaillir. Parce qu’il était le morceau qu’il lui fallait dans sa guérison, il avait rejoint les côtés de bien d’autres en constituant une autre parcelle de son baume pour la faire guérir.

Astaroth lui redonnait un bout d’elle, un bout de sa vie.

Il méritait peut-être ses larmes de gratitude, au fond. « Je t’en dois une, » commença Ludmilla sur un ton qui se voulait léger, taquin. Elle avait besoin de détendre l’atmosphère qui commençait à l’étouffer, gentiment. « Il va falloir que je veille sur toi maintenant. » Et un autre sourire, un vrai. Une plaisanterie bien simple mais qui résonnait aux accents de vérité. Elle lui revaudrait, qu’il en soit certain. Il avait également rejoint les quelques places de ceux envers qui elle avait une dette. Avec Hunter. Un élan de remord la submergea, elle n’était pas certaine que quelque chose soit faisable envers le pacificateur, alors que tout lui semblait nettement plus possible envers le vainqueur. Ludmilla fit ce qu’elle n’avait pas fait depuis longtemps, et qui s’était réveillé quand elle avait agi par impulsion en administrant à l’homme sa dose de nourriture quelques temps plus tôt. Elle se laissa guider par son instinct, par son impulsivité, et se rapprocha définitivement d’Astaroth ; bafouant par là-même les limites que son corps lui avait infligé envers le contact humain. Dans ce même sourire - qui n’allait pas tarder à finir noyer dans ses foutues larmes, elle le sentait. Alors, Milla prit la main du vainqueur dans les siennes, avec douceur, et vint la serrer contre elle. Contre son cœur qui battait pour sa vie. « Tu n’es pas un monstre. » Tu es un champion, un survivant. Tu affrontes encore les jours qui s’enchaînent, tu affrontes encore ton existence. Tu vis.

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ASTILLA ∫ hope you found it now Vide
MessageSujet: Re: ASTILLA ∫ hope you found it now   ASTILLA ∫ hope you found it now Icon_minitimeMar 13 Nov - 22:04


❝ chase the wind ❞

The world is closing in, did you ever think, hat we could be so close, like brothers ? The future's in the air, I can feel it everywhere, blowing with the wind of change. Take me to the magic of the moment, on a glory night, where the children of tomorrow dream away, in the wind of change. Walking down the street, distant memories are buried in the past forever.


Astaroth ne savait plus où il en était. C’était comme si ce qu’il venait d’avouer à la jolie blonde, tout ce qu’il venait de lui avouer, l’avait totalement vidé de toute son énergie. Et pire encore. De toute ses certitudes. Il battait lentement des cils, prenant tout son temps dans ce geste si futile et inutile. Mais cela montrait sa fatigue, sa lassitude de se battre contre ses propres démons. Son chagrin. Son envie d’enfin repousser tout cela, et se mettre à vivre normalement. Où en était-il ? Avait-il gagné quoique ce soit, dans sa vie, à part les Jeux de la Faim ? Il avait perdu son innocence. Il avait perdu la première personne qu’il avait réellement essayé de protéger. Il avait perdu son humanité, à cause de ce putain de masque. Il avait perdu sa douceur et son caractère gentillet. Il avait perdu sa sœur et son père. Puis, trop peu de temps après, sa mère. Et désormais, il était seul. Sans aucune fondation à sa vie. Sans base. Sans rien à quoi se raccrocher. À tout moment, il pourrait perdre pied. Sombrer dans ce monde, dans cette catastrophe ambulante. Dans cette calamité. Dans le gouffre de ses remords. Pire encore. Dans celui de sa solitude. Vous savez quel est le danger d’un solitude, poussée à trop forte dose ? Non ? Pourtant, cela peut paraître tellement évident. Oui, on peut se suicider, certes. Mais ne voyez pas la mort partout. Il y avait quelque chose de pire, encore. Quelque chose qui guette chacun d’entre nous. Et au moindre pas de travers, même pas un mauvais pas, juste un pas dans la mauvaise direction… Et bien à ce moindre pas, tout pouvait basculer. Se précipiter. Dégénérer. Mourir. Et là, elle intervenait. La folie. Elle vous serrait dans ses bras, vous embrassait. Vous offrait une nouvelle vie, une nouvelle défense, face à ce monde terrible et si cruel. Un rempart face à votre solitude. Entre la folie et la raison, la ligne est si mince qu’elle en est rendue invisible. Quiconque se croit à l’abri de devenir fou vit dans un monde chimérique, et ne réalise pas la portée de son inconscience. De son ignorance. N’importe qui peut sombrer dans cette folie. Franchir la ligne. À n’importe quelle seconde. Et ça, Astaroth en avait plus que conscience. Ce n’était pas cela qui allait le sauver. Mais il avait peur d’y tomber. Que ce soit finalement la solution à tous ses problèmes, aussi tragique soit-elle. Ça l’effrayait.

Et là, en cette seconde précise, alors qu’il voyait la petite vainqueur se relever, après avoir bredouillé un merci encore plus sincère que le précédent, il avait l’impression qu’il allait y sombrer. La folie de garder tant de secret, et de ne pas être capable de les partager. Il aurait voulu tout oublier. Se protéger de délires, se bercer d’illusion pour se sentir mieux. Oublier un instant sa misérable vie, bonne qu’à n’être pleurée et plainte, mais que tout le monde haïssait. Sur laquelle tout le monde crachait. Il était seul. Désespérément seul. Il l’avait toujours été. Sauf dans l’arène. Où il avait trouvé Pandore. Qu’il avait laissée filer. Comme le monstre qu’il était. Et, à cet instant, il posait ses yeux sur Ludmilla. Et pour la première fois, sa solitude se trouvait dans une étrange condition. Grignotée par une petite présence. Une présence à la fois si douce et si triste. Une présence blessée, comme il pouvait l’être. Et peut-être que c’était cette ressemblance qui le faisait se sentir moins seul. Un tout petit peu moins seul. Il était possible que ce sentiment ne dure pas ; qu’il parte lorsque Ludmilla partirait. Mais pour le moment, il était bel et bien là. Et la seule chose qu’avait envie de faire Astaroth à cette minute, c’était de pleurer.

Les paroles de la jolie blonde lui firent relever les yeux ; ces yeux bleus qu’il avait involontairement baissés, sans s’en rendre compte. À nouveau, il ancra son regard dans celui de la jeune femme. Il s’y laissa tomber, dans toute sa tristesse. Il était perdu. Ce qu’il lui avait dit, ce qu’il lui avait sous-entendu, jamais avant aujourd’hui cela ne lui était venu à l’esprit. Il avait toujours cru que le Capitole avait réellement loupé sa guérison. Et aujourd’hui, il s’apercevait à quel point il s’était menti à lui-même. Et pire encore. À quel point il s’était auto-persuadé de tous ses bobards, sans imaginer une seule seconde qu’une réalité bien plus atroce aurait pu les cacher. Une vérité que son inconscient avait choisi d’enterrer, afin de se consacrer entièrement à ce mensonge du Capitole. Encore une fois, il avait marché. Comme un idiot. Comme un mouton. Mais le monstre avait ouvert les yeux. La présence de cette petite puce lui avait fait prendre conscience de cette vérité. Celle qui lui avait valu ce masque. Et qu’avait-on bien pu tirer des expériences auxquelles il avait été soumis, hein ? Un moyen de torturer les rebelles ? Ou tout simplement les prisonniers ? Il n’était même pas sûr d’avoir été réellement manipulé, au fond. Mais il avait l’impression qu’il ne pouvait s’agir que de ça. Le Capitole était suffisamment puissant pour enlever tous ces problèmes à son cerveau. Tout ceci était là de plein gré. Aussi moche que cela puisse apparaître aux yeux du monde. Et un jour, il le crierait. Il le décrierait. Ce qu’on l’avait empêché de faire à cette jeune fille. Et ce qu’on lui avait fait. Le monstre montrerait du doigt les responsables de son sort. Ils allaient tomber. Tous. Jusqu’au dernier. C’était une promesse qu’il s’était faite il y avait bien longtemps. Et qu’il tiendrait coûte que coûte.

Doucement, machinalement, Astaroth secouait la tête. Non. Elle ne lui était pas redevable. Et elle n’avait pas à veiller sur lui. Qu’allait-il bien pouvoir faire, de toute manière ? Il n’allait pas se suicider, hein. Il n’était pas fou. Et il n’avait pas l’intention de mettre volontairement sa vie en péril. Tout ce qu’il allait faire, c’était continuer à vivre. Continuer d’avancer. Alors elle n’avait pas à le surveiller. Il allait s’en sortir. Seul. Comme il l’avait toujours fait. « Tu ne me dois rien. Surtout pas pour ça. Je l’ai fait pour toi. » Et pour moi, aussi. Mais les deux étaient si intimement liés qu’il n’allait pas le dire. Ça ne servait à rien. C’était logique. Implicite.

Cependant, s’il y avait bien une chose à laquelle il ne s’attendait pas, c’était bien de la voir approcher de lui de la sorte. Il avait l’impression que depuis son arrivée, elle cultivait la distance physique entre eux. Et là, brutalement, elle avait décidé de la rompre. S’approchant de lui. Prenant sa grosse main d’ours entre ses doigts fins, et abîmés par les tortures qu’elle avait subies. Et, là, elle lui murmura quelques mots, tout en plaçant sa main contre son cœur. Aussitôt, celui du vainqueur eut un petit sursaut, ratant un battement. Il commença doucement à fermer les yeux, sans pour autant les clore totalement. La chaleur de la main de Ludmilla le fit frissonner, tandis qu’il la sentait se répandre dans son organisme, en même temps que la vague de douceur portée par ses mots. Il aurait voulu lui dire qu’elle lui mentait. Qu’il était bel et bien un monstre. Mais face à tant de douceur, face à ces mots… Face à elle, il en était incapable. Il avait l’impression, pour la première fois depuis des années, de ne réellement pas être le visage qu’on lui avait attribué. Ce monstre. Il avait l’impression d’exister. D’avoir le droit de vivre. À part entière. Le contact avec la petite blonde ne lui faisait pas le mal qu’il aurait cru pouvoir ressentir. Il avait l’impression d’aller mieux. Qu’elle venait de mettre un peu de baume sur son cœur à vif. Ce baume qu’il attendait depuis des années. Était-ce la ressemblance ? La sensation d’enfin avoir trouvé quelqu’un qui pouvait comprendre. Comprendre quoi ? Il n’en savait rien. Juste comprendre. Et c’était ce qui importait.

Et soudain, d’un geste fluide, sans réfléchir une seule seconde à ce qu’il faisait, Astaroth passa son bras autour des épaules de Ludmilla, l’enroulant autour de son petit corps frêle. Il l’attira ainsi contre lui. Sans même réaliser ce qu’il était en train de faire. Ni même imprimer qu’il n’avait serré personne ainsi dans ses bras depuis des années. Et des années. « Merci. » souffla-t-il doucement, laissant son murmure se perdre dans l’air ambiant de la pièce.

Il faisait chaud. Il faisait doux. Il ne la serrait pas trop fort, juste suffisamment pour lui donner son soutien. Juste trop peu pour qu’elle puisse s’échapper sans aucune difficulté. Doucement, il ferma complètement les yeux. Les larmes grimpaient doucement, laissant un léger sanglot extrêmement étouffé remonter dans sa gorge. Non. Il n’allait pas se mettre à pleurer. Mais, elle, par contre, elle pouvait. Se laisser aller. Oublier tout ce qu’elle avait vécu. Savourer le fait d’être en vie, tout simplement. Les doigts d’Astaroth remontèrent doucement, caressant brièvement une mèche de ses cheveux blonds.

Il ne savait toujours pas ce qu’il faisait. Mais il s’en foutait bien. Tout ce qu’il savait, c’était qu’à cet instant précis, à cette seconde pile de sa vie, il avait l’impression de reprendre un peu d’air. Une bouffée d’oxygène. Après vingt-trois ans d’apnée. Si ce n’est plus.


musique : scorpions — wind of change.
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ASTILLA ∫ hope you found it now Vide
MessageSujet: Re: ASTILLA ∫ hope you found it now   ASTILLA ∫ hope you found it now Icon_minitimeJeu 27 Déc - 19:13


Ludmilla se rendait partiellement compte que jamais des mots, ces quelques lettres assemblées les unes aux autres, ne pourraient exprimer sa reconnaissance. Jamais un mot, ne pourrait représenter tout ce qu’elle pensait en cet instant. Mais ce sont pourtant par des mots, qu’Astaroth lui avait offert une parcelle de confiance en soi. Par ces mêmes mots, qu’il lui avait donné de sa force pour garder la tête hors de l’eau. Ce n’était peut-être rien, au fond. Une histoire assez vieille qui avait sombré dans les méandres de l’oubli. Il s’était écoulé huit années, depuis. Elle aurait tout aussi bien pu passer outre ses semblants de souvenirs. Elle aurait pu ne jamais partir à la rencontre d’un inconnu dont elle n’était pas certaine de l’existence. Ce n’était peut-être rien qu’un passé. Mais terriblement important pour eux, rien qu’eux. Ils le savaient. Par des gestes et par des mots, on offrait à Ludmilla la perspective que tout n’était pas encore perdu. Qu’elle était une battante, qu’elle affronterait les crasses du destin même en rampant s’il le fallait. Et avec de l’aide, même la plus inattendue. Astaroth lui donnait un aperçu de ce baume qui palliait à la solitude dans laquelle elle se sentait bercée depuis longtemps. Et quand bien ceci n’était pas suffisant, pour qu’elle ne se sente plus seule, c’était assez pour qu’elle regarde vers l’avenir. Même des inconnus, agissaient pour son bien, il en était la preuve vivante. Peut-être pas pour elle-même aux premiers abords, mais ils le faisaient quand même. Le vainqueur l’avait fait, cet homme au masque qui n’avait pas eu cette chance à son encontre quand on lui avait brisé le restant d’une vie normale. Que serait-elle advenue, si on l’avait sortie des jeux pour lui donner un handicap physique et moral ? Elle était tout simplement incapable de se l’imaginer. Si elle était capable de se mettre à la place d’Astaroth comme un lien invisible mais indéniable entre rescapés d’arènes, elle n’était pas pour autant capable de s’imaginer à sa place. Paradoxal. Elle pensait comprendre la vie qu’il menait, ses pensées, son comportement. Mais elle ne pouvait pas l’imaginer sur elle. Elle ne pouvait pas s’imaginer avec un masque, comme lui. Elle ne le souhaitait pas, d’ailleurs. Certainement un acte égoïste, mais que pouvait-elle y faire. À Astaroth, on l’avait amputé de la normalité aux yeux de tous. À Ludmilla, on lui avait offert l’oubli de soi-même. Et ceci aurait pu rester un effet à long terme, si elle n’avait pas eu l’aide nécessaire pour recouvrer la mémoire. Astaroth ne se délesterait de ce poids que lorsqu’une solution médicale pointera le jour de son nez, et dieu qu’il devait l’attendre aussi bien qu’elle devait lui paraître improbable. Et que dire, à cet homme, pour qu’il ressente ce qu’elle-même, ne parvenait pas à déterminer. Il y avait l’espoir, dans lequel elle s’était dissoute mainte et mainte fois ; il y avait la douleur, qui lui était propre, de découvrir une nouvelle fois quelle horreur le Capitole aurait pu faire à son encontre ; il y avait la lassitude, de n’être qu’un pantin désarticulé, encore, de penser que cette fois-ci serait la dernière crasse, et de découvrir que les morceaux tombent à nouveau ; il y avait la colère, de toute cette misère, de toute cette destruction, qu’engendrait le gouvernement et l’absurdité de ses jeux, de cette accumulation qui s’alourdissait chaque jour un peu plus.

Mais il y avait avant tout la reconnaissance, de cette libération, de cette révélation. Et qu’importait ce qu’il en pensait, Ludmilla veillerait à ce qu’elle lui rende, lui partage, ce qu’il lui donnait. Si elle estimait ceci comme une dette à juste prix, c’était avant tout pour s’acquitter d’une chose qui lui tenait vraiment à cœur. Être présente lorsqu’il flancherait, lorsqu’il en aurait besoin. Comme il l’avait été pour elle, sans qu’elle n’en ait réellement conscience. Et parce qu’il méritait qu’on veille sur lui également, quand bien même ce ne soit que par une jeune fille délabrée par sa vie. Il pouvait bien vouloir porter le monde sur ses épaules, il pouvait bien vouloir encaisser les obstacles de sa force qui lui était sienne, viendrait le moment où Milla, à son tour, lui panserait une fissure. Quand elle serait capable de le faire, d’avancer par elle-même sans craindre de fermer les yeux et d’avoir peur d’être à nouveau envoyée au fond d’une cellule poisseuse de sa crasse et son sang. Mais elle lui revaudrait, à Astaroth, elle lui donnerait également cette perspective que tout n’était pas perdu. Que toute ne serait jamais perdu. Ils en étaient la preuve. Et bordel, s’ils étaient revenus des Jeux de la Faim, ce n’étaient pas pour se laisser dépérir. Alors de son « Tu ne me dois rien. », elle n’en avait que faire. Des paroles dont elle passa outre, qui s’envolèrent sans s’immiscer réellement en elle. Qu’il le veuille ou non, elle lui revaudrait. Parce qu’il n’avait pas à affronter la vie seul. Il avait suffi d’une seule rencontre, d’une seule minute, d’une seule explication, pour qu’ils se retrouvent liés l’un à l’autre bien implicitement mais indéniablement. Pour ce qu’il avait fait pour elle, pour ce qu’il était, Ludmilla ne pouvait définitivement pas quitter les quatre murs de cette maison sans se promettre que ce ne serait pas la dernière fois qu’elle le verrait. Elle y comptait bien, même si cela devait prendre un temps certain.

Il n’était pas un monstre. Il était un homme qui respirait et vieillissait au même titre que n’importe quel autre bipède de Panem. Il n’était pas un monstre, il était un vainqueur qui avait prouvé qu’il avait la force de vivre et d’avancer. Il n’avait pas à être seul. Il n’avait pas à souffrir pour les autres. Et Ludmilla n’avait pas à refuser sa bienveillance. Et si ce n’était que pour quelques secondes, pour quelques instants en dehors du temps et de tout, loin de la persécution du système et de son propre esprit, elle brava les frontières de son corps. Le temps d’une inspiration, elle brisa les limites qu’elle n’avait pu franchir depuis son retour. Elle passa outre la proximité, elle passa outre le repli sur soi. Et c’en était la première étape de sa reconnaissance, offrir à Astaroth son combat vers la reconstruction. Elle ne le repoussa pas, quand il enroula son bras autour d’elle. Elle ne s’enfuit pas, lorsqu’il l’attira contre elle. Même si son corps le hurlait, même si sa douleur lui quémandait, elle se laissa emporter non sans un piètre frémissement. Elle se laissa faire, alors que depuis bien longtemps elle avait fui le contact humain. Elle se laissa emprisonner dans cette étreinte, posant sa tête contre le torse de l’homme et fermant les yeux. Aussi bien que les séquelles de sa captivité la bousculaient pour qu’elle se dégage de l’emprise de l’ours, la solitude qui l’opprimait quotidiennement la poussait à se laisser aller. Et s’était sans compter la sérénité qui vint apaiser ses doutes, la douceur de l’instant qui vint se poser tel un voile de bien-être sur ses épaules. Entre les bras du vainqueur, elle se sentait en sécurité. À l’abri du monde, l’espace de quelques secondes. Le temps d’un soupir, le temps de vivre. « Merci. » lui murmura-t-il, alors qu’il n’avait pas à le faire. Il n’avait pas à la remercier pour ses mots, pour ses gestes. Parce qu’elle le pensait si ardemment, qu’elle voulait lui faire comprendre qu’il n’avait pas à se fermer au monde. C’était naturel, c’était indéniable. C’était vrai.

Dans ce cocon à la senteur suave de l’homme, entre ces bras puissants, elle aurait pu se sentir invincible. Or, elle se sentait si démunie, si vidée. Comme si elle avait retenu sa respiration tout ce temps et qu’enfin, elle laissait l’emprise du temps lui ôter ses forces. Seulement un moment. Le temps que son corps reprenne le cours normal des choses et qu’enfin, elle se libère de quelques chaînes. Les larmes si réprimées vinrent toutes seules, baignant ses joues à l’instar du tee-shirt d’Astaroth. Et Milla pleura en silence, entre les bras d’une personne qui lui était encore inconnue au début de la journée. Elle pleura, comme elle n’avait plus été capable de le faire depuis des mois. Ces larmes que ses bourreaux lui avaient arrachés si souvent durant cette dernière année perdue dans la pénombre d’une geôle, ces larmes dont son corps avait fini par se délester pour ne plus être capable d’en verser. Des larmes de gratitude, mais de peur aussi. De tout le ressenti qui l’opprimait, de tout ce qu’elle avait vécu.

Elle avait perdu la notion du temps, et elle s’en foutait. Elle ne savait pas combien de temps, elle resta prostrée ainsi. Ludmilla finit par se calmer, effacer les dernières traces sur ses joues de ses doigts. Elle se dégagea doucement de l’étreinte d’Astaroth, parce que finalement les limites ne pouvaient se dissoudre trop longtemps. Elle recula d’un pas, comme si son corps l’obligeait à marquer de nouveau la distance dans laquelle elle s’était murée. Un léger rire s’échappa d’entre ses lèvres, gênée de s’être montrée si vulnérable, et même d’avoir inondé le vainqueur. Une inspiration, elle croisa les bras devant elle, tandis que les vestiges de l’instant d’avant flottaient encore dans l’air ambiant. Aussitôt, elle retrouva l’emprise de l’extérieur, l’impression de perdre la sécurité qu’une étreinte lui avait accordé. Mais la sérénité dans laquelle elle avait baigné ne s’était pas envolée pour autant, continuant de la bercer doucement alors que ses faiblesses reprenaient doucement possession d’elle.

Le besoin de palier au silence qui s’instaurait se fit ressentir, tout comme celui d’apporter un nouveau sujet sur le tapis. Milla espérait qu’il ne le prenne pas contre lui, mais elle n’était pas apte à s’éterniser sur ce qu’il venait de se passer. Elle n’était tout simplement pas de celles qui pouvaient supporter tant d’attention trop longtemps. Elle était certaine qu’il comprendrait, qu’il ne lui en tiendrait pas rigueur. Implicitement, il se comprenait certainement bien plus que les mots qu’ils pouvaient s’échanger. Et si la jeune femme était avant tout venue chercher des réponses, elle avait bien eu une autre idée derrière la tête. Elle n’oublierait pas ce qu’il avait fait pour elle, pas plus qu’elle mettait une croix sur ce qu’il venait de se passer. Il lui avait permis de respirer, le temps que le monde s’arrête pour ça. Elle en avait eu besoin, lui aussi. Mais maintenant, elle devait reprendre ses esprits. Ses traits se tirèrent dans un air plus sérieux, silencieusement désolée de brusquer ainsi les choses. Car dehors, il y avait tout un monde pour rappeler la situation dans laquelle déclinait Panem. « Est-ce que tu as déjà pensé … » Car dehors, il y avait toute une révolte qui se soulevait, et le district onze en avait été un des premiers théâtres. « Est-ce que tu as déjà pensé te joindre à eux ? » demanda-t-elle en désignant d’un mouvement de tête, l’extérieur de la demeure qui s’étendait au-delà de la porte d’entrée. Et par ce ‘eux’, elle désignait sans nul doute tous ces rebelles, tous ces habitants, qui s’étaient soulevés contre l’oppression du gouvernement. « Te battre avec eux, parmi eux ? »

Car malgré eux, il y avait toute une histoire de Panem qui prenait un nouveau visage, dehors.

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ASTILLA ∫ hope you found it now Vide
MessageSujet: Re: ASTILLA ∫ hope you found it now   ASTILLA ∫ hope you found it now Icon_minitimeMer 23 Jan - 15:48


Together we're invisible.


Finalement, le temps avait commencé à ralentir. Son emprise s’était relâchée sur eux, sur ces deux êtres blessés, meurtris par la vie. Ludmilla, cachée dans le creux des bras de géant d’Astaroth. Le colosse, protégeant encore une fois ce petit être fragile, faible. Il l’avait remerciée. Pour quoi ? Pour tout. Elle ne se rendait pas compte de ce qu’elle lui avait offert, en venant ici aujourd’hui. Jamais il ne l’avait rencontrée, pas réellement. Jamais il ne lui avait parlé. Elle n’avait été que le sosie parfait d’une perle, que notre vainqueur avait perdue. Et cela les avait conduits à aujourd’hui. À leurs paroles. Et à cette étreinte. Doucement, notre homme avait senti la poitrine de Ludmilla se soulever. Signe d’un petit sanglot. Léger, imperceptible. Mais elle pleurait. Pourtant, Astaroth ne bougea pas. Il resta là, à la maintenir contre lui, se fichant bien des larmes qui allaient mouiller son t-shirt. Il ne la serrait pas trop, il ne l’étouffait pas. Il la laissait respirer, enfin. Sortir la tête de l’eau, reprendre son souffle. Se sentir vivre. Il n’arrivait pas à pleurer. Mais elle allait le faire pour lui. Elle allait se libérer, laisser sortir ce qu’elle avait besoin d’évacuer. Et elle en resterait probablement là. Peut-être qu’elle quitterait la maison du vainqueur, ou peut-être pas. Mais au fond de lui, il était persuadé qu’il n’y aurait pas de suite. Pour le moment, elle pleurait. Et il la tenait. Son masque sur le visage, sa souffrance relative. Il se fichait du reste. Rien ne comptait plus que de protéger la délicate Ludmilla. Et il y arrivait. Il allait y arriver. Il ne la laisserait pas souffrir. C’était hors de question. Il ne pouvait rien faire, il était totalement impuissant, il le savait pertinemment. Mais la simple idée de la laisser s’échapper, et s’écraser contre les parois rocheuses qui enserraient étroitement leurs vies si sombres, le faisait souffrir, l’anéantissait. Milla devait vivre. Et peut-être que lui, Astaroth, se sentait cette fois-ci prêt à lui venir en aide. Peut-être. Peut-être pas. Il avait envie d’essayer. Peur d’échouer. Mais la peur n’évite pas le danger. Et s’il pouvait reprendre confiance en lui, et tenter à nouveau de soutenir et protéger quelqu’un… Alors, il devait le faire. Arrêter de se morfondre, sortir de son trou. Reprendre sa vie. Et admettre que parfois, on peut faire des erreurs. Que l’erreur est humaine. Mais que ce qui caractérise les êtres en ce monde, c’est qu’ils savent se relever de leurs erreurs. En tirer des leçons. S’accrocher. Et continuer de vivre.

Lorsque Ludmilla se détacha d’Astaroth, celui-ci ignorait totalement la durée durant laquelle il l’avait gardée contre lui. Mais il s’en fichait. Si elle s’écartait, c’était que leur étreinte devait prendre fin. Pour une raison ou une autre. Il s’en fichait. Il la regarda étouffer un petit rire nerveux. Un sourire se dessina sous son masque. Ce sourire invisible, qu’elle ne pourrait pas avoir, et qui ne plissait même pas le bord de ses paupières. Seul son regard abritait la tendresse et la douceur de ce sourire, cette petite marque d’affection et de tendresse qu’un monstre éprouvait à l’encontre d’une petite bête attachante. Le colosse de pierre et la fleur fanée. Était-ce réellement cela, qu’ils étaient devenus ? Était-ce cette image, que le Capitole s’était donc acharné à donner durant tant d’année ? Non. Bien sûr que non. C’était leur nature profonde. Le Capitole, lui, y était pour tout. Mais ne voyait pas cela. Ce qu’il s’escrimait à offrir au public, c’était une martyre, et un monstre. Deux natures que Ludmilla et Astaroth avaient acceptées, au plus profond de leurs êtres. Mais qui dissimulaient la vérité. Et cette vérité se traduisait par leur souffrance. Ils auraient mérité d’être heureux. De vivre. Mais personne ne leur en laissait le temps. Personne ne semblait comprendre, ni tenter de leur permettre tout cela. Alors, ils continuaient. Ils avançaient, dans ce couloir aux portes closes, sans la moindre possibilité de se retourner, d’envisager d’autres possibilités. Ils étaient cernés. Entravés. Mais ils continuaient d’avancer. Peut-être qu’un jour, une porte s’ouvrirait. Et que ce jour-là, ils allaient pouvoir commencer à vivre. Recommencer à vivre.

La jeune fille aux cheveux de blé sécha ses larmes, et le regarda. Il ne laissa rien paraître, clignant doucement des paupières, par-dessus ses prunelles douces mais toujours aussi mystérieuses et effrayantes. Et soudain, la petite voix de sa vis-à-vis s’éleva dans les airs. Emplissant à nouveau la grande maison désespérément vide d’Astaroth d’un son délicat, voluptueux et velouté. La question était cependant incomplète. Astaroth, qui avait très légèrement baissé le regard avant sa prise de parole, releva ses yeux vers la silhouette fine, sans pour autant redresser le menton. Le regard interrogateur, les mains retournant jouer avec les petits objets du fond de ses poches. Lorsqu’elle poursuivit, il releva entièrement la tête, plus qu’intéressé. Eux. Bien entendu qu’elle parlait des rebelles. Jamais elle ne lui aurait demandé de se joindre aux rangs du Capitole. Ils le détestaient autant l’un que l’autre. Et dehors, ils se battaient. Rebelles, contre Capitole. Alors c’était cela qu’elle lui demandait ? Qu’il décide de sortir de son trou, et de s’investir aux côtés des rebelles ? Il la scruta doucement, pensif, le regard indéchiffrable, à nouveau sombre et profond.

La guerre. Non pas qu’il n’ait jamais songé à s’y embarquer, bien au contraire. Simplement, il ne savait pas ce qu’il pourrait y faire. Il n’était pas de ceux qui savaient obéir aux ordres. Il n’avait pas ce grain de parfait petit soldat. Il ne savait pas faire autrement qu’à sa convenance. Les directives ne lui convenaient pas, les chefs encore moins. Ce n’était pas pour cette raison qu’il avait l’étoffe d’un dirigeant, bien au contraire. Mais il était toujours persuadé que des ordres le mèneraient droit dans le mur. Cependant, en regardant cela d’un autre point de vue… Il avait beau avoir horreur des ordres, il lui manquait quelque chose. Quelque chose pour le pousser. Peut-être aurait-ce été de se trouver sous le commandement de quelqu’un. Cela ne l’empêcherait pas de n’en faire qu’à sa tête. Mais au moins, pour le pousser, le forcer à se lancer face au danger, il aurait quelqu’un. Il n’avait jamais vu les choses de cet aspect. Et il ne savait pourquoi, la présence de Ludmilla venait de l’y faire penser. Doucement, il lui tourna le dos, prenant la direction de la cuisine, de son pas lourd mais assuré. Elle avait raison. Pourquoi ? « Oui. J’y ai pensé. » Il sortit un verre, fit couler de l’eau. « Je hais le Capitole. Les rebelles secouent mon District. L’ont envahi. Ils ébranlent tout Panem. Se battent contre les Pacificateurs. » Une série de constatation. Astaroth parlait. Il réfléchissait en même temps, essayait de répondre à celle qu’il devinait désormais comme appartenant à la cause rebelle. « Mais je n’ai jamais fait le moindre pas vers eux. » Il se tourna vers elle, lui posant le verre d’eau sur la table d’un geste souple, amical. Un petit verre entre ses larges mains, qu’il déposa sur le bois brut, alors que le son rauque de sa voix continuait de trancher l’air frais de la cuisine. « Ils ne sont jamais venus vers moi non plus. Et je ne vois pas en quoi je pourrais les aider. » Il s’adossa contre un meuble de sa cuisine, croisant les bras sur son torse musclé. Son t-shirt n’avait pas séché. Mais cela lui était bien égal. Il discutait. Il n’avait pas d’importance à accorder aux détails de ce genre. « Cela ne m’empêche pas de haïr le Capitole. Mais je n’ai rien à leur apporter. »

C’était ce qu’il pensait. C’était la raison pour laquelle il restait dans son coin, dans son antre. À frapper son sac de sable, à laisser les jours s’écouler. Il n’avait rien d’autre à faire. Et même s’il désirait reprendre sa vie, il ne savait pas quel genre de vie il désirait. Il tentait désespérément de s’extraire d’une bataille. Aurait-ce été pour se jeter inutilement et à corps perdu dans une autre ? Il n’en avait pas envie. Mais si Ludmilla abordait le sujet, c’était sûrement qu’elle avait des choses à lui dire. À lui expliquer. À lui montrer. Et si elle faisait partie des rebelles, il aurait d’autant plus de travail quant à la surveiller. Mais il n’en était pas là. Il allait l’écouter. Ses avis différencieraient peut-être des siens. Mais cela ne l’empêcherait pas d’écouter.

D’écouter, de comprendre, d’acquiescer. Peut-être pas d’approuver et de s’y allier. Mais de nos jours, plus personne ne s’écoutait. Et il fallait bien songer parfois à retomber un peu dans ce genre de banalités, lorsque la situation le permettait.
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MessageSujet: Re: ASTILLA ∫ hope you found it now   ASTILLA ∫ hope you found it now Icon_minitimeDim 17 Mar - 17:05


Ludmilla ne s’était jamais réellement posée la question si c’était une bonne action de sa part de se joindre aux rebelles des années plus tôt. Intégrer ces rangs qui étaient encore à l’époque assez moindres, lui était apparu comme une évidence. Comme le seul chemin qu’elle pouvait suivre, après avoir recouvré difficilement sa mémoire avec l’aide nécessaire. Bien plus que sur un coup de tête, elle avait décidé de prendre part à ce mouvement sans réfléchir, ni dans l’instant, ni pour ce qu’il se passerait sur le long terme. Elle l’avait fait, simplement. Mue par son instinct comme elle savait si bien le faire. Elle n’avait eu aucun doute, quant à ce qui l’attendait. Alors elle avait fait ses preuves, elle avait montré à tous qu’il ne fallait plus seulement la considérer comme la vainqueur délabrée de son district, qu’elle était bien plus que cela. Devenir une rebelle était certainement la plus grande fierté de Ludmilla, car c’était la seul chose qu’elle avait acquis sans détruire ce qui l’entourait. Et sans l’aide de personne. Dès lors, il lui était apparu comme évident qu’elle soutiendrait toujours la cause, se disant qu’elle n’avait désormais plus rien à perdre. À ce moment-là, les Jeux et le Capitole ne lui avaient pris que son intégrité et sa famille. « Que », mais c’était déjà bien assez. Et très certainement trop. Dans les premiers temps, elle voguait sur le summum de son indépendance, renforçant son caractère et s’éloignant des attaches. Il lui avait été plus facile d’accepter d’être seule, mais utile. Et qu’ainsi, personne n’aurait à perdre son temps pour elle. Mais Milla agissait avant tout pour sa cause personnelle, pour sa propre guérilla, et elle se fichait bien de ce qu’il pourrait lui arriver tout comme de ce que les autres pensaient. Elle était efficace, et c’était amplement suffisant pour tout le monde. Puis les véritables enjeux s’étaient profilés au loin, avaient pris formes et consistances avec le temps. Entrer en relation avec le district treize, notamment, lui avait montré des horizons qu’elle n’aurait jamais pensé jusqu’alors. Désormais, elle acceptait de ne plus se battre pour elle-même, mais de prendre véritablement part – avec corps et âme – dans ce qui l’entourait. Pour pallier à la solitude qui s’immisçait progressivement en elle, elle s’était vouée pour la cause. Cette cause commune qui lui était aussi chère qu’à tant d’autres. Et bien plus encore, depuis qu’elle était revenue d’un enfer qu’elle ne se serait jamais doutée connaître un jour.

Elle ne saurait dire si elle avait anticipé une telle demande à l’égard d’Astaroth. Si elle avait au préalable pris le temps de peser le pour et le contre, si elle s’était demandée si c’était nécessaire. Pourtant, c’était une Ludmilla véritablement incertaine sur ses intentions premières qui avait débarqué chez le colosse du district onze. Elle était venue avant tout parce que son instinct, et de vieux souvenirs, l’avaient poussée à se rendre chez un inconnu qui l’avait sauvé d’une manière qui lui paraissait encore incongrue avant qu’elle ne le rencontre. Seulement, oui, elle y avait inévitablement pensé. Parce qu’en ces temps de rébellion, il lui était naturel de se demander la condition des autres, de ceux qu’elle rencontrait, qu’elle croisait, qu’elle côtoyait. Mais, surtout, la prise de position d’Astaroth lui parait aussi limpide si tôt qu’elle avait posé ses yeux sur lui. Jamais, il ne défendrait les causes de ceux qui lui avaient engendré une vie de répulsion de la part des autres. La certitude d’amener cette discussion lui paraissait comme nécessaire.

Alors elle lui avait demandé, tout simplement. Et elle avait fait mouche, visiblement. Même si ce n’était que pour titiller un peu, Ludmilla avait pu remarquer qu’elle y était parvenue. Toutefois avant de lui donner une quelconque réponse, il lui tourna le dos et s’éloigna. Ce n’était pas un refus, elle ne le prit pas mal. La demoiselle le suivit dans la cuisine, sans brusquerie. « Oui. J’y ai pensé. » Qui n’y penserait pas, après tout ? En bien comme en mal, il parait dans l’ordre naturel des choses que les gens en viennent à remettre en questions leur idéologie ou ne serait-ce qu’à se demander ce qu’un tel mouvement pourrait leur apporter. Par ailleurs, avec la rébellion au pied de sa porte, il devait être difficile pour Astaroth d’échapper au sujet même par lui-même. Ludmilla le regarda prendre un verre pour le remplir d’eau, dévisageant ces gestes empreints de banalité sans réelle attention puisque son esprit était avant tout accaparé par ce qu’il disait. Et c’est qu’elle l’écoutait avec attention. « Je hais le Capitole. Les rebelles secouent mon District. L’ont envahi. Ils ébranlent tout Panem. Se battent contre les Pacificateurs. » Après tout, elle ne pouvait pas se permettre le moindre faux pas. Si elle voulait le convaincre par la suite, ou du moins faire en sorte qu’il n’oublie pas ce qu’elle lui dira, il fallait qu’elle fasse attention à sa position. « Mais je n’ai jamais fait le moindre pas vers eux. » Si Astaroth avait manifesté un quelconque intérêt pour la cause rebelle, Milla l’aurait très certainement su. D’une part parce que c’était dans ses fonctions d’être au courant de tout, notamment ce genre d’information. D’autre part, parce que le monstre du district voulant rejoindre les rangs, aurait inévitablement fait parler de lui. Alors qu’il lui posait le verre d’eau sur la table, la réalité vint la frapper une nouvelle fois. Elle avait perdu une année de sa vie, désormais elle n’était plus en possession des dernières informations circulantes. Elle ne savait plus rien, tout simplement, du monde qui l’entourait. Une frustration qui se dessina par un léger pincement au coin de ses lèvres. Décidément, tout lui échappait maintenant. « Ils ne sont jamais venus vers moi non plus. Et je ne vois pas en quoi je pourrais les aider. » Elle redressa la tête pour le dévisager, peut-être presque amusée même si le terme était grand. « Cela ne m’empêche pas de haïr le Capitole. Mais je n’ai rien à leur apporter. » C’était légitime de sa part, de penser ainsi. Elle le comprenait tellement, mais en même temps se sentait poussée vers ses convictions. Dans le besoin évident de les partager, de lui faire connaître. Qu’il en fasse ce qu’il en veut, de toute façon.

Ludmilla sortit une main de sa poche pour attraper doucement le verre qu’il lui avait servi juste avant, prenant le temps de réfléchir sur la manière dont elle allait tourner ses phrases. Or en même temps qu’elle lui adressait une petit sourire pour le remercier de l’eau, elle prenait conscience qu’elle n’était jamais douée pour les mots. Encore moins maintenant qu’avant, et qu’elle n’avait jamais fait partie de ces personnes qui prenaient le temps de formuler leurs phrases pour mieux happer l’attention. « Tu as tort » commença-t-elle tout simplement. « Ils ne sont peut-être jamais venus te voir pour l’instant mais il y a bien un début à tout. » Elle comprenait que la peur ou même le dégout que dégageait cet homme étaient bien plus conséquents qu’elle ne l’aurait pensé. Alors que pour elle, il lui paraissait inévitable qu’Astaroth puisse devenir un bel élément de la rébellion, ce n’était visiblement pas l’avis de d’autres. Certainement freinés pas la condition de cette homme. « Je suis venue. Je suis là, maintenant. » Que les autres ne soient jamais venus lui quémander son aide importait peu, au fond. Ludmilla était également une rebelle, et elle se foutait bien de ne pas appartenir à ce district, il lui paraissait comme dans ses droits de venir demander ses services. « Après tout, c’est un combat qui concerne tout le monde. Des intérêts souvent différents qui ont pourtant poussé beaucoup de personnes vers une cause commune. Mais toi, comme moi, comme tous les autres vainqueurs, nous avons une autre raison de nous battre. » Personne ne pourrait jamais les comprendre aussi bien qu’eux-mêmes, ce qui se passait dans une arène restait dans l’arène. Et dans l’esprit pour toujours abîmé de celui ou celle qui en ressortait. « Une juste raison. » Le verra tourna dans sa main sans qu’elle n’y ait encore trempé ses lèvres, puis ses doigts se crispèrent en même temps que sa remarque suivante. « Les victimes aussi. » Leurs proies, leurs bouc-émissaires, leurs victimes. Leurs martyrs. Il y avait tout un tas de désignations pour ces individus qui avait eu à faire aux pacificateurs, au Capitole en lui-même. Et Milla était concernée, également. Revenue des Jeux, puis revenue des geôles récemment.

Elle reposa le verre sur la table en se mordant les lèvres, estimant qu’il était préférable pour cet objet de ne pas rester entre ses doigts. Elle réprima un soupire et reporta son regard sur celui de son interlocuteur. « Le Capitole ne devrait pas s’en sortir aussi bien pour ses actes. Pour le mal qu’il répand, pour la pauvreté, pour la famine. » La liste pouvait s’avérer longue, différente selon les districts. « Pour ce qu’on t’a fait. » lança-t-elle en désignant le masque d’Astaroth, qui devait être lourd tant par son poids physique que symboliquement dans son existence. En agissant ainsi, aussi simplement que sans détours, Ludmilla n’y allait pas de main morte. « Tu ne devrais pas rester dans l’ombre. » Mais elle avait raison. Selon elle, du moins. « Tu devrais être le premier à te battre, le premier à leur faire comprendre le fardeau qui pèse sur tes épaules depuis je ne sais combien de temps. » Trop longtemps, ça, elle en était certaine. « Il est temps que certains paient pour leurs actes, et qui de mieux que ceux ayant déjà perdu par leur faute pour le faire ? » Ludmilla, elle, n’avait plus rien à perdre. Depuis longtemps. Elle était seule, et si elle avait tout de même des personnes proches d’elles, elles ne l’étaient pas assez pour qu’on s’en prenne à elles pour l’atteindre. Qu’est-ce qu’on pouvait bien lui prendre, après son enfance, sa famille, sa mémoire, sa dignité, ses joies. Tout ne ferait que renforcer ses convictions, son envie irrésistible de vengeance. Et là était peut-être tout le problème avec elle, car c’était la vengeance qui palpitait dans les veines de Milla. Certainement pas la justice. « Ne le fais pas forcément pour les autres. » Parce qu’elle savait pertinemment que les autres ne faisaient rien pour lui, et qu’il devait être autant marqué par la solitude qu’elle si ce n’était plus. « Mais fais-le pour toi. » Il ne pourrait plus jamais mener une existence baignée dans la banalité de son adolescence, d’avant ses Jeux. Il ne pourrait plus jamais vivre normalement, tant qu’une solution efficace ne se présenterait pas à lui pour faire disparaître définitivement ce masque. Ludmilla le savait. Le comprenait. Mais cela ne l’empêcha pas de continuer ainsi.

« Fais-le pour vivre. »

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