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 i can't believe this could be the end... (jared)

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MessageSujet: i can't believe this could be the end... (jared)   i can't believe this could be the end... (jared) Icon_minitimeMar 30 Oct - 20:04

J'avais toujours pour habitude d'avoir constamment, où que j'aille, une petite boite dans ma poche, renfermant la clé de ma survie. Mes petites pilules de couleur qui s'élevaient au nombre de trois, que je devais prendre chaque jour et qui assuraient une certaine tenue de ma part en brouillant les signaux que mon cerveau envoyait à mon corps. Régulaient mes émotions et contrôlaient mes gestes. Pas un seul jour je n'avais oublié de vérifier par plusieurs fois qu'elle se trouvaient bien à leur endroit habituel et que mes réserves étaient encore amplement suffisantes. Loin de moi l'idée d'accepter d'être traitée comme un animal dépendant de ces sortes de substances chimiques créées dans le seul but de le rendre docile ; non, je voulais surtout m'assurer de ne jamais retourner là-bas, dans ce complexe éclatant de blancheur en apparence qui consumait en réalité ma patience et ma liberté en me plongeant dans la solitude la plus profonde.

J'avais toujours pour habitude d'avoir cette boîte sur moi... Mais pas aujourd'hui. Je ne savais pas exactement ce qui m'avait pris pour que je me permette de les oublier, alors qu'elles constituaient un sujet lancinant qui revenait à longueur de temps dans mon esprit. Certes, j'avais reçu un message important me demandant de me rendre à un endroit précis lorsque le soleil serait à son zénith, et bien que cela ait semblé plutôt important, il n'y avait pas de raison particulière pour que j'en arrive à oublier mes pilules. Peut-être était-ce l'excitation d'une nouvelle mission qui se profilait sous mon nez. D'une première mission. Bien que j'ai déjà participé à plusieurs expéditions avec les rebelles, je ne m'étais jamais vue confier une mission dans laquelle j'agirais seule ou serait responsable de son issue. J'avais plus que jamais envie de montrer mon engagement dans la guerre maintenant déclarée, et j'espérais tant que ce soit pour cela que l'on ait demandé à me voir. Mais avant de m'y rendre, je devais obligatoirement faire un détour par mon appartement pour avaler ces fichues pilules qui auraient dû flotter dans mon estomac depuis deux heures déjà. J'avais oublié que je les avais oubliées. Le respect des horaires devait être strict pour que cela fasse son effet, et la peur intense que je ressentais face à ce que j'étais capable de faire dès lors que je perdais la tête ne faisait que m'effrayer encore plus. Un cercle vicieux qui ne tarderait pas à exploser si je ne prenais pas ces cachets le plus vite possible.

C'est à peine si je regardais où j'allais, n'ayant cure de la poussière que je pouvais soulever dans le sillage de mes pas si rapides que mes pieds semblaient ne pas toucher le sol. Je gardais la tête baissé sur mes pieds, espérant que mes cheveux couvrent la totalité de mon visage, pour que personne ne puisse voir mon air déconfit. Personne n'avait encore oublié ma crise de folie, il y a quatre ans, alors que je m'étais montré exemplaire depuis. Mais les souvenirs avaient la peau dure et personne n'avait vraiment cessé de me voir comme une personne dangereuse et imprévisible, depuis ce jour-là. Inutile donc de les renforcer dans leurs pensées en leur offrant mon visage que je n'arrivais pas à fermer à la terreur qui m'habitait. J'espérais aussi qu'en ne regardant rien ni personne, en ne fixant que mes pieds et en écoutant la musique accélérée de leurs mouvements, j'éviterais ainsi de penser à toute autre chose qui me permettrait de déraper. Un regard mauvais, un geste exagéré, et je ne savais pas comment je pourrais réagir. J'avais conscience de me traiter moi-même comme une pestiférée, alors que je détestait justement que l'on me considère ainsi, mais je préférais être totalement paranoïaque sans raison apparente et me protéger ainsi de toute éventualité qui rendrait mes peurs réelles. Je n'avais juste pas conscience que je me faisais peur toute seule, et que cela n'était pas forcément une meilleure chose.

Un choc soudain me stoppa. Mes yeux se relevèrent d'eux-mêmes pour voir à qui ou à quoi j'avais affaire, et je prévoyais déjà de m'excuser et de repartir aussi vite que possible. Mais le soleil, presque à son apogée à cette heure-là, m'éblouit en un instant, se réverbérant sur la combinaison blanche que j'avais en face de moi. Blanc. Un pacificateur. La dernière personne que j'aurais sans doute voulu croiser. Avec un peu de chance, il me laisserait repartir en maugréant, mais il suffisait qu'il fasse preuve d'un peu trop de zèle pour me demander des excuses et me déstabiliser de sa voix autoritaire. J'aurais voulu prendre les devants et m'excuser docilement avant qu'il n'ait eu le temps de m'apostropher, mais le choc mêlé à la lumière soudaine qui s'infiltra dans mes yeux mi-clos me fit reculer d'un pas en arrière, alors que je tentais de me protéger en mettant mes mains en avant. Le blanc brûlait ma rétine, me forçant à garder mes paupières avant de pouvoir les rouvrir, et je ne savais quoi faire d'autre que d'attendre que mes yeux s'accommodent à la lumière. Ma position devait lui sembler plus que compromettante, mais j'avais agis par instinct, sans savoir que cela ne ferait que me ralentir dans mon but qui était de récupérer mes pilules au plus vite. J'avais fais cela sans réfléchir, parce que ma pensée première avait été de m'éloigner de ce choc imprévu et d'éviter toute source de trouble. Fort heureusement pour moi, le Pacificateur ne m'avait pour l'instant pas touchée et il ne m'avait pas semblé entendre d'imprécation visant ma personne, ce qui me permis de garder quelques secondes les yeux fermés avant de les rouvrir, plaçant cette fois un bras au dessus de ma tête, coupant la trajectoire des rayson de l'astre de jour. « Je, pardon, je ne regardais pas où j'allais. » Choc. Encore plus violent que le premier. Ses yeux. Les yeux de Jared. Était-il possible que quelqu'un dans ce monde ait exactement les mêmes yeux que lui, la même courbe de joue et une arrête de nez si semblable ? Était-il surtout possible que je sois si surprise de le voir que je n'arrive pas à réaliser tout de suite que c'était bien lui en face moi ?

Je n'arrivais pas à croire que je puisse me trouver en face de lui. La dernière fois que je l'avais vu remontait à mes dix-neuf ans, avant même que je ne sois internée. Une éternité plus tôt. Malgré toutes les années que nous avions passées ensemble, je n'avais jamais cru le revoir un jour, comme s'il faisait partie de mon ancienne vie et n'avait aucune raison de ressurgir dans la nouvelle. Pourtant, j'avais toujours qu'il était faire une formation de Pacificateur, peut après que j'ai été internée. J'avais été bête de ne pas envisager la possibilité de le revoir un jour dans les rues du district, alors que son métier actuel pouvait très bien l'amener à y revenir. A cet instant-là, je ne savais si pas si j'avais écarté cette possibilité parce que je ne voulais plus jamais le voir, ou au contraire, si je savais que le revoir me ferait plus de mal qu'autre chose. Lui et moi avions toujours été le parfait duo, et partagions nos idées quelques peu rebelles qui nous différenciait de tous nos voisins de bonne famille qui ne pensaient qu'aux Jeux et à la gloire du Capitole. Il était le seul avec qui j'avais pas pu parler de l'inhumanité de ces jeux, de ma terreur d'être un jour tirée au sort. Avec qui j'avais pu parler de tout, en fait. Il me connaissait sans doute mieux que mieux-même, si tant est que j'étais à l'heure actuelle la même qu'auparavant. Lorsque l'on avait annoncé qu'il avait choisi de devenir Pacificateur, je rejetais cette idée qui me donnait envie de vomir. Je n'avais rien montré, ne voulant pas que l'on me prenne à l'époque pour la rebelle que je n'étais pas, mais l'imaginer dans cet habit blanc pourtant si sale me rebutait. Tout le monde, mais pas lui. J'ai su que j'étais définitivement seule lorsque j'avais enfin compris que je ne pourrais plus compter sur lui pour me soutenir à mon retour dans le district. Et même si je me targuais d'avoir surmonté cette désillusion grâce à mon but principal qui était maintenant de tout faire pour défendre la cause rebelle, je ne pouvais nier que je me leurrais moi-même. Je me mentais sans hésitation.

C'était peut-être l'instant où le mensonge allait profiter de la situation pour ressurgir et me prouver par les émotions qui pouvaient se mouvoir en moi que je n'étais qu'une pathétique menteuse, une lâche des plus douées. Je n'arrivais pas à décrocher mon regard de ses yeux, qui semblaient me transpercer comme si rien ne s'était passé depuis toutes ces années. J'aurais voulu résister, résister à l'appel du passé que son regard suscitait en moi, mais la panique dans laquelle je me trouvais l'instant précédent ne m'aidait pas le moins du monde à me calmer. J'en criais presque, à moins que ce n'ait été qu'un murmure brisé. « Ja... Jared ? » Je ne pouvais pas lui montrer à quel point le trouver ici, habillé de blanc, me dégoutait. Heureusement, ma surprise était presque aussi grande que ma tristesse, ce qui me permis de ne pas laisser face à l'ennemi éclater mes convictions à présent bien claires. Jared était un ennemi. Cela faisait si mal de se l'avouer. « Pacificateur... Félicitations. » J'aurais préféré me brûler la gorge en avalant de l'acide plutôt que de prononcer ces mots. Mais malgré tout, malgré la haine que je pouvais lui porter, malgré tout ce que j'avais enduré depuis son départ, il restait... lui. Et je ne pouvais pas me montrer méchante avec lui. Je ne pouvais pas prendre le risque de lui faire du mal, malgré tout.
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MessageSujet: Re: i can't believe this could be the end... (jared)   i can't believe this could be the end... (jared) Icon_minitimeJeu 1 Nov - 18:59

Il s’ennuyait à mourir. Il n’avait pas été envoyé en mission depuis ce qui lui semblait être une éternité, et cela faisait tout aussi longtemps qu’il faisait des rondes à travers le District chaque jour.
Jared poussa un profond soupir en ouvrant son casier, et il insulta une fois de plus la personne –inconnue- à qui il avait été confié de choisir la couleur des tenues de Pacificateur. Blanc. Sérieusement.
Dans les vestiaires, il prit un certain temps à enfiler sa tenue qui, en plus d’être moche, était tout à fait désagréable à porter, puis il se dirigea vers la salle d’armes. Cette foutue salle d’armes où il possédait une case dans laquelle reposait son fusil. Une fois face à lui, Jared attrapa l’arme, la soupesa, vérifia les munitions, et la reposa. Il lui était hors de question de se balader dans les rues du District avec une arme, et ce même si c’était un ordre du Capitole. Il en avait discuté avec son supérieur, lui avait expliqué à quel point il était stupide et contre-productif de garder une arme avec soi. Evidemment, l’homme avait cédé et lui avait donné l’autorisation de ne pas être armé. Un jeu d’enfant.

Il était encore tôt lorsque Jared sortit et se dirigea vers la ville. Il n’avait désormais plus honte de marcher habillé en Pacificateur. Lorsqu’il avait débuté son service, le jeune homme avait énormément de mal à accepter sa tenue. Non pas parce qu’elle faisait de lui quelqu’un de détesté par les rebelles, il avait totalement conscience que c’était un aspect de son métier qu’il devait accepter ; mais parce qu’elle était totalement laide. Jared n’avait jamais vraiment fait attention à son style –même s’il veillait à être présentable-, mais cette tenue, c’était vraiment trop. Le top ? Le casque. C’était tellement ridicule.
Il n’avait vraiment accepté sa tenue qu’à partir du moment où il avait commencé à la considérer comme un costume. A juste titre, car il ne se considérait pas réellement comme un Pacificateur. Alors un jour, il avait comprit à quel point tout cela n’était qu’un jeu. A quel point il était rebelle.

Les rues étaient calmes ce matin là, et il proposa à son collègue de marcher à un rythme tranquille. Son collègue. Il avait été décidé que lors des rondes, les Pacificateurs devaient être au minimum deux. Question de sécurité qu’ils disaient. Evidemment, ils n’avaient pas totalement tord, mais Jared trouvait cela tellement naturel et normal que les rebelles veuillent attaquer les Pacificateurs et à travers eux le Capitole, qu’il se serait bien volontiers promené seul. En plus, il n’aimait pas particulièrement la compagnie de ses collègues. Tous pro-capitole, ils ne pouvaient s’empêcher d’ouvrir leur grande gueule et de se moquer des rebelles. De leur soi-disante incapacité à mettre en place une vraie rébellion, du fait qu’ils n’avaient aucune chance de gagner cette guerre.
Le pire dans tout cela, c’était leur arrogance sans limite. La majorité de ses collègues était persuadée qu’être Pacificateur leur donnait tous les droits. Ainsi, lorsqu’il y avait le moindre problème avec un habitant du district, ils s’attendaient tous à ce que la personne se jette à genoux et leur baise les pieds. Jared ne pouvait rien faire contre cela, car il se ferait trop remarquer pour que cela ne nuise à sa mission, et cela le répugnait.
Heureusement, le Pacificateur qui l’accompagnait aujourd’hui était un de ceux qu’il détestait le moins. Ils discutaient facilement ensemble, n’entraient pas dans les détails et encore moins dans la vie privée de chacun. Il était facile à vivre, et Jared appréciait ça. Avec lui, il n’avait pas à faire attention à ce qu’il disait car il savait que rien ne pourrait le trahir, que leur discussion se limiterait à ce qu’ils avaient mangé le matin, voire ce qu’ils allaient manger à midi pour les jours les plus bavards.

Cela faisait plusieurs heures qu’ils marchaient, et la température avait terriblement augmenté. La terrible imperméabilité de leurs tenues n’arrangeait rien, et les deux Pacificateurs commençaient à faiblir. Chacun continuait cependant à marcher, en regardant droit devant, mais Jared savait que son collègue souffrait tout autant que lui. Leur costume était lourd, chaud, et inadapté aux saisons. Cette situation donnait à Jared l’envie d’écrire une lettre au Capitole, dans laquelle il pourrait mettre toute sa rage pour ces tenues. Peut-être que ça changerait quelque chose.

Ils venaient tout juste de décider de rentrer pour aller manger lorsqu’il la vit. Au début, elle n’était qu’une jeune femme un peu perdue, mais Jared remarqua rapidement que quelque chose n’allait pas. Il ne savait pas si c’était sa marche trop rapide pour ne pas cacher quelque chose ou sa tête penchée vers ses pieds comme si elle avait honte qui l’avait interpellé, mais il décida de s’approcher d’elle pour s’assurer que tout allait bien.
Il s’arrêta donc à quelques mètres d’elle et attendit qu’elle le remarque. Sauf qu’elle n’en fit rien, et la jeune femme lui rentra dedans. Jared ne savait pas trop pourquoi il ne l’avait pas arrêtée avant qu’elle ne lui fonce dessus, et il regretta aussitôt cette attitude. Puis elle leva la tête, certainement pour voir dans quoi elle était rentrée, et Jared arrêta de respirer. Il reconnaîtrait ce visage entre mille.
C’était impossible. Aspen devait être internée, comment pouvait-elle se trouver face à lui ? Il avait du faire erreur.

La jeune femme face à lui sembla éblouie par le soleil, puisqu’elle recula d’un pas et plaça son bras de manière à protéger ses yeux de l’astre du jour ; et Jared était encore incapable de se mouvoir. Pétrifié, il n’arrivait pas à accepter que la personne face à lui puisse réellement être elle. Il n’y avait après tout aucune raison pour qu’Aspen soit face à lui en ce jour, dans leur District. Puisqu’Aspen avait été internée il y avait des années de cela. Puisqu’il n’avait depuis ce jour reçu aucune nouvelle d’elle.
Ce fut uniquement lorsque leurs regards se rencontrèrent qu’il réalisa pleinement l’identité de la personne.

Elle semblait tout aussi perturbée que lui, car Aspen arriva à peine à prononcer son prénom de manière audible. Jared remarqua le regard de la jeune femme lorsqu’il s’attarda sur son habit de Pacificateur, et il eut du mal à déglutir lorsqu’elle le félicita. Pourquoi le félicitait-elle ? Elle était la personne la mieux placée pour le comprendre, et même s’ils n’avaient jamais clairement parlé de leur position par rapport au Capitole et au gouvernement, Jared n’appréciait pas le ton qu’avait pris la jeune femme. Condescendant, méprisant. Ironique.
Venant de n’importe quelle autre personne, il en aurait ricané et aurait continué son chemin, mais ces mots prononcés par Aspen eurent sur lui l’effet d’une bombe. Il ne pouvait pas la laisser partir. Pas encore.

« Ferme la. »

Il attrapa fermement le bras d’Aspen, conscient qu’il pouvait par ce geste lui faire mal, mais conscient aussi que s’il voulait pouvoir lui parler seul à seule, il devait se débarrasser de son collègue. Que diable pouvait-il lui dire pour qu’il les laisse seuls et qu’il aille tranquillement prendre son déjeuner au quartier ?

« Elle se sent mal, je vais la raccompagner chez elle. Je te retrouve au quartier. »

Le Pacificateur allait émettre une objection mais Jared coupa court à la discussion en un regard, et son collègue haussa les épaules en partant.
Le jeune homme soupira puis attendit que l’autre soit assez loin pour lâcher Aspen.

Qu’allait-il bien pouvoir lui dire, maintenant qu’elle était devant lui ? Tous ces moments où il avait imaginé leurs retrouvailles, tous les discours qu’il lui avait écrits, tous étaient beaucoup plus simple à prononcer parce qu’elle n’était pas là. Mais il était maintenant face à elle, et sa gorge nouée l’empêchait de prononcer quoi que ce soit.
Il ne pouvait pas. Pas en pleine rue, pas entourés de tant d’oreilles certes inattentives, mais qui pourraient facilement s’intéresser à leur conversation si elles en entendaient une bribe.
Jared regardait autour d’eux, comme si inspecter les rues lui donnerait une idée d’un endroit tranquille où aller, et il sût.

Lorsqu’ils étaient jeunes, Aspen et Jared avaient l’habitude d’aller dans une sorte de petite crique abritée du soleil et où ils pouvaient tremper leurs pieds pour se rafraîchir. Ils y avaient passé énormément de temps à bavarder, ou simplement être ensemble, et il était logique que Jared pense à cet endroit pour aller parler avec Aspen.
Mais au moment où il se tourna vers elle pour lui proposer de la suivre, il regarda plus précisément les traits du visage de la jeune femme. Fatigués.
Il prit alors conscience de la pâleur du visage d’Aspen, de l’air exténué et de son regard fuyant. Jared n’avait pas connaissance des pilules que devait prendre la jeune femme pour stabiliser son humeur, et il posa simplement le dos de sa main sur le front de la fille.

« T’es brûlante, je te raccompagne chez toi. »

Il n’avait aucune idée de là où elle habitait –n’était-elle pas sensé habiter dans un asile ?- et il espérait peut-être vainement qu’Aspen se laisse accompagner chez elle.
Il avait beau essayer, Jared n’arrivait pas à décrypter le regard de son amie. Elle semblait à la fois perdue, terrorisée et déterminée. De plus le jeune homme se doutait bien que son costume de Pacificateur ne jouerait pas en sa faveur quand Aspen déciderait si oui ou non elle voulait le voir chez elle.

Terrorisé à l’idée qu’elle le rejette, il rompit tout contact physique avec elle et se contenta de planter son regard dans le sien.

« Il faut qu’on parle, Aspen. »

Il avait tellement besoin de lui parler.
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MessageSujet: Re: i can't believe this could be the end... (jared)   i can't believe this could be the end... (jared) Icon_minitimeMar 6 Nov - 13:06


though the pressure's hard to take,
it's the only way i can escape,
it seems a heavy choice to make,
now i am under

« Ferme la. » Il lui faisait mal. L'instant d'avant, où elle ne pensait plus qu'à prendre ses pilules, semblait avoir été évincé de son esprit en un instant. Elle n'avait pas oublié, mais elle avait inconsciemment refoulé ça dans la partie de la plus lointaine de sa tête, tandis que tout son être se focalisait sur ce qui était en train de se passer sous ses yeux, et qui méritaient toute son attention. Instable. Ses yeux se fermèrent un millième de seconde sous la pression de la main qui entourait son bras. Il lui faisait mal, ne s'en rendait-il pas compte ? Elle voyait bien qu'elle n'était pas seule avec lui, mais que la situation était encore pire ce qu'elle aurait pu imaginé. Il y avait un autre pacificateur, proche de Jared, dont l'uniforme teinté de lumière éblouissait autant que celui de son collègue. Un autre esclave du capitole. Pourtant, ses yeux hagards ne pouvaient s'empêcher de regarder son bras où une main avant si proche mais à présent si étrangère semblait serrer pour ne jamais la lâcher. « Elle se sent mal, je vais la raccompagner chez elle. Je te retrouve au quartier. » Quoi ? Non, il ne la raccompagnerait nulle part. Pourquoi est-ce qu'il parlait de ça ? Ce n'est que lorsqu'elle remarqua que l'autre pacificateur tournait les talons qu'elle comprit ce qu'il avait cherché. Qu'elle le comprit à tort. Paniquée à l'idée, extrême mais bien réelle dans son esprit, qu'il se venge des idées contre le capitole dont elle avait pu lui parler à l'époque et qu'il rejetait à présent, elle ne tenta pourtant rien pour se dégager de son emprise. Sa terreur était pourtant bien là ; ses yeux écarquillés n'arrêtaient pas de bouger dans tous les sens et sa respiration auparavant silencieuse malgré son pas rapide s'accéléraient, devenant presque audible. Elle avait peur, tellement peur, et ne faisait pourtant rien pour se substituer à son bras si pressant. Aspen n'avait jamais excellé dans les tâches qui nécessitaient de la réactivité ou de l'endurance, pourtant, depuis qu'elle avait rejoint les rebelles, elle avait développé une condition physique bien plus consistante et aurait pu espérer le distancer à la course, étant donné qu'il portait un uniforme qui devait bien peser quelques kilos, et qu'il crevait sans doute de chaud sous le soleil de plomb. Elle avait peur, mais pas une fois cette pensée ne traversa son esprit ni ne lui vint à peine à l'idée. Elle avait beau avoir conscience qu'il était passé de l'autre côté, qu'à présent il n'était qu'un pacificateur comme un autre et qu'elle était censée les détester, sans faire une exception pour lui, elle ne pouvait pas le traité comme un étranger qu'elle aurait haï par idéologie. C'était Jared, celui avec qui elle avait passé son enfance et même son adolescence, avec qui elle avait grandi et forgé ses propres idées. Un peu brisées par les circonstances, mais encore plus fortes qu'avant, maintenant. Pourtant, malgré le fait qu'il était la dernière personne qu'Aspen aurait imaginé dans un costume de pacificateur, elle ne pouvait nier le fait qu'il l'était bien, et son devant elle, de surcroît. De retour dans le district quatre. Elle commençait à entrevoir la possibilité de le croiser chaque jour, et avait du mal à imaginer que cette scène puisse se répéter quotidiennement ; elle devait faire quelque chose. Elle devait réagir, parler, s'enfuir, elle devait... Elle ne fit rien d'autre que le regarder, le regard suppliant et perdu.

Soudain, alors qu'elle sentait la pression sur son bras s'accentuer, et qu'elle ne cessait d'imaginer le lieu de torture où il pourrait bien l'emmener, il se tourna soudain vers elle, et son regard sembla changer. Elle aurait été incapable de décerner quoi que ce soit dans ce dernier, ne sachant plus comment interpréter les réactions du jeune homme. Et puis, cet uniforme, si brillant, si impersonnel, dos au soleil, lui brûlait les yeux au point qu'elle avait même du mal à ne voir clairement que son visage. Mais elle vit cette main, sans toutes apparences inoffensive et se levant à allure lente, approcher de son visage. C'était donc le moment ? C'était maintenant qu'il allait la frapper, pour pouvoir la traîner correctement là il voudrait l'emmener sans qu'elle ne proteste ? Si jamais quelqu'un voyait la scène - bien qu'elle ne discernait personne aux alentours - personne ne tenterait rien, de toute façon. Pas pour elle, pas pour celle que les autres voyaient en elle, plutôt. Il allait la frapper, elle le savait, même s'il tentait de se montrer doux pour mieux l'induire en erreur et la mettre hors d'état de nuire après. Aspen ne put s'empêcher de fermer les yeux, fort, si fort qu'elle sentait ses cils battre désespérément les uns contre les autres, fort, si fort qu'elle en avait mal. Qu'il fasse vite, c'est tout ce qu'elle voulait. De toute manière, elle serait incapable de tenter quoi que ce soit contre lui, malgré ce qu'elle avait pu penser ces trois dernières années. Elle pensait être indépendante, s'être départie de tout ce qui l'avait accompagné auparavant, ne plus tenir compte de ce qui était susceptible de la faire fléchir dans sa nouvelle vie, son nouvel objectif qu'était la victoire de la rébellion. Elle le pensait, mais elle avait tort. A présent, elle ne cherchait plus à se voiler la face ou à se mentir d'une quelconque manière, puisqu'elle comprenait parfaitement qu'elle ne savait pas comment se défendre face à Jared sans se blesser en même temps si elle tentait quelque chose contre lui. Pour autant, elle n'était pas prête à partager avec lui ses idées, ses informations, et n'avait aucune intention de tomber à ses pieds en la suppliant de revenir vers elle. Il n'était plus qu'un pacificateur, un ennemi, avec qui elle ne pourrait rien partager. Mais sous cet uniforme, il restait tout de même l'homme qu'elle avait connu, et cette unique pensée l'empêchait de tenter quoi que ce soit contre lui, dans son intégrité physique. Son corps n'avait juste pas la force de repousser celui qui se tenait en face, tout comme son esprit refusait de toucher à celui qui avait tant compté.

Bien loin de tout ce qu'elle avait pu imaginer, il se contenta de... poser une main sur son front. Haletante, elle rouvrit les yeux doucement, tout en se mordant la lèvre inférieure. Il était donc devenu malsain et malveillant au point de lui faire croire que tout allait bien, avant de lui assener un bon coup digne des pacificateurs ? Il lui faisait vraiment pitié et lui donnait la nausée plus que jamais. « T’es brûlante, je te raccompagne chez toi. » Pardon ? Encore une fois, il semblait vraiment croire qu'elle allait accepter qu'il la raccompagne chez elle. Elle n'avait besoin de personne, et encore moins de lui, alors pourquoi tentait-il par tous les moyens de s'insinuer dans sa vie ? C'en était fini d'eux, de leur amitié et de tout ce qui allait avec, de tout ce qui avait pu compter à une époque mais n'était plus que poussière à présent. Ce n'était pas parce qu'elle n'avait pas tenté de rompre le contact qu'elle l'acceptait, et elle espérait qu'il ne se méprendrait pas sur ça. Cela lui faisait assez mal de le voir ici, en face d'elle, de manière imprévue, alors il était hors de question qu'il se rapproche encore plus d'elle. Plus vite elle aurait accepté la situation, le fait de le voir sans doute tous les jours mais d'apprendre à l'ignorer, mieux ce serait pour elle. Et pour lui, de toute manière, puisqu'il n'avait plus rien à tirer d'elle, à cause de ce qu'il avait fait. Mais aussi à cause d'elle, et de ce qu'elle était sans qu'il ne le sache. Ils n'avaient absolument plus rien en commun, alors le mieux était qu'ils se séparent pour ne plus jamais se retrouver.

Les pensées de la jeune femme était claires dans son esprit, et elle n'avait aucun doute concernant ce qu'elle pensait juste de faire, mais elle ne pouvait se résoudre à s'en aller ou à l'insulter. Tout d'abord parce qu'avant tout, insulter un pacificateur n'était pas conseillé, et que comme elle le savait, il ne l'épargnerait plus, puisque son choix de vie avait montré qu'il avait tourné le dos au passé. Se faire fouetter sur la place publique n'avait jamais été un de ses rêves dans la vie, et elle n'avait que moyennement envie de commencer à l'entrevoir comme tel. D'un autre côté, elle savait que si elle partait maintenant, l'idée de cette rencontre allait la torturer toute la journée pour ne la lâcher que quand elle aurait enfin compris la défection de son ami, et serait en quelque sorte en paix avec elle-même. Ce qui ne serait jamais le cas, puisqu'elle doutait qu'il accepte de lui raconter les conditions dans lesquelles il était devenu un petit chien du capitole. L'argent ? La domination des autres ? Aucune de ces réponses ne pourrait la satisfaire, de toute façon. C'était peine perdue que de penser qu'elle pourrait un jour s'entendre à nouveau avec lui et ne serait-ce que comprendre la manière dont il pouvait bien penser et fonctionner. Elle devait se forcer à partir maintenant, à lui échapper avant qu'il ne soit trop tard et perde patience devant sa mine effarée.

Il la lâcha d'un coup, s'écarta tel comme s'il n'avait tout d'un coup plus que faire de ce bras qu'il avait pourtant tant serré. Peau nue, Aspen pouvait encore voir la marque des doigts du jeune homme sur son poignet rougi. « Il faut qu’on parle, Aspen. » Joli façon de dire de manière politiquement correct qu'elle avait intérêt à ne pas l'énerver au risque de perdre une partie d'elle-même au bout du compte. C'était bien ce qu'il comptait faire, non ? Reprenant un peu de contenance maintenant que l'emprise de Jared sur elle avait décrue, elle fixa son regard sur son poignet pendant quelques secondes, espérant qu'il verrait ses yeux se déporter sur la marque qu'il avait laissé. Qu'il verrait ce qu'il était capable de lui faire consciemment, maintenant. Elle doutait que cela change quelque chose, puisque cela n'était sûrement plus que son quotidien, mais elle avait besoin de le lui prouver que cette marque, cette simple marquait une rupture. La jeune femme aurait plus que tout aimé lui répondre d'un ton tranchant, lancer une remarque cinglante du genre « Parler de votre position à vous, les Pacificateurs, qui pensez que vous pouvez vous servir des gens comme de simples objets ? » mais elle doutait qu'il apprécié. Et puis cela ne ferait qu'empirer sa position, et elle ne voulait surtout pas trahir ses pensées qui allaient maintenant totalement à l'encontre de celles de Jared. Elle resta là où elle était, immobile, maintenant qu'une distance suffisante s'était instaurée entre eux, et se sentit soudain plus apte à jouer le jeu qui faisait partie de sa vie de rebelle. Elle mentait à tant de personnes que cela ne devrait pas être un problème de faire de même pour lui. Elle ne le blessait pas, ne s'enfuyait pas, n'attentait pas à son intégrité en faisant cela ; au contraire, elle tentait de lui faire croire qu'elle était acquise à sa cause et qu'il serait presque possible qu'il soit amis à nouveau. Même si elle désirait de plus avoir affaire à lui, il était maintenant temps qu'elle dépasse sa propre envie de courir loin, aussi loin que possible afin de ne jamais le revoir, pour se concentrer sur l'intérêt général du groupe dont elle faisait partie. Et il ne faisait aucun doute qu'elle pourrait utiliser leur ancienne relation pour jouer sur l'actuelle et se prétendre tout ce qu'elle n'était pas ; le mensonge en vaudrait peut-être la chandelle, si elle arrivait à récolter quelques informations utiles au fil du temps. Visiblement, il ne voulait pas la frapper, et cela l'amena à revoir sa nécessité de ce sortir de cette situation aussi vite que possible ; son invitation à parler ne pouvait que l'encourager à modifier ce qu'elle avait prévu. Elle ne prit même pas la peine de faire un pas, que ce soit en avant ou en arrière, et resta ainsi qu'elle l'était, avant de relever son regard qui s'était figé sur son poignet, et de fixer le jeune homme qui la regardait déjà. « Je suis contente de te revoir. » Terrifiée ou surprise auraient sans doute été des mots plus appropriés pour décrire ce qu'elle avait ressenti à l'instant où elle l'avait reconnu. Pour autant, elle savait que cela lui faisait quelque chose, de le revoir, lui, et non pas lui en pacificateur. Peut-être qu'elle n'avait pas proféré un total mensonge, en fin de compte. Sa voix mal assurée était devenue plus douce, plus... comme avant ? Elle avait fait exprès, pour qu'il la croit sincère. « On m'avait dit que t'étais parti faire une formation... J'imaginais pas que je te reverrais un jour. » Elle était stupide de dire ça. Bien sûr que si, elle aurait fini par la recroiser un jour, à moins qu'il soit vraiment une exception à la règle et ne revienne vraiment jamais dans son district. Dans l'esprit d'Aspen, elle prenait cependant une autre composante en compte : elle-même était menée à se déplacer, ce qui expliquait le fait qu'elle avait vraiment cru ne jamais le revoir. Elle n'avait plus qu'à espérer qu'il prendrait cela pour de l'émotion et de la surprise, plutôt que comme l'erreur de débutante qu'elle avait faite. En principe, il n'avait aucune raison de croire qu'elle était une rebelle, une vraie rebelle.

Il lui avait proposé de la raccompagner chez elle, et elle avait jusque là rejeté cette idée, ne voulant surtout pas le laisser prendre place chez elle, comme il avait pu le faire avant. Elle avait peur qu'à force, il ne prenne cela que comme quelque chose de normal, et que cela se reproduise. Qu'au fil des mois, elle se laisse à penser que, peut-être, tout n'était pas... Tout était fini. Elle avait juste besoin de rester neutre quant à cette situation, et l'inviter chez elle comme lorsqu'ils étaient enfants n'était pas une bonne solution ; pourtant, si elle voulait que sa fausse couverture pro-capitole marche, elle devait jouer le jeu. Tout d'un coup, l'idée de ses pilules lui sauta devant les yeux, et elle ouvrit un instant la bouche, se souvenant qu'il y avait en fait plus urgent, maintenant que la situation semblait s'être stabilisée. Elle devait prendre ses pilules, maintenant. Les mots qu'elle se savait prête à prononcer la dégoutait, tant elle ne voyait que cet uniforme blanc synonyme de capitole, enveloppant Jared. Si on lui avait dit qu'elle inviterait un pacificateur chez elle, elle n'y aurait jamais cru. Enfin, elle ne l'invitait pas vraiment, puisqu'elle ne se sentait pas bien, et qu'il ne faisait que la raccompagner, comme il l'avait dit à son collègue. « Je me sens pas bien, faut que je rentre. » Elle ne voulait pas le dire, elle voulait pas... « Viens. Y a tellement de choses que j'ai manqué... » Elle entendait par là la décision de faire une telle formation, alors qu'elle-même était encore enfermée à l'asile. « Je suis restée un an... là-bas. Je suis revenue et t'étais déjà parti... J'ai jamais eu la moindre nouvelle. C'est bien que t'ai trouvé ta voie. » Sa voix. Diamétralement opposée de la sienne. Se faire passer pour une pro-capitole ou du moins pour une habitante qui n'avait rien contre ses dirigeants la rebutait, mais elle n'avait plus le choix, à ce stade. En un sens, elle servait sa cause, et allait en plus pouvoir prendre ses médicaments ; la situation paraissait être parfaite. Si seulement la tempête à l'intérieur de sa tête n'avait pas fait que se déchainer davantage.


Dernière édition par Aspen C. Winchester-Black le Sam 15 Déc - 19:30, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: i can't believe this could be the end... (jared)   i can't believe this could be the end... (jared) Icon_minitimeDim 18 Nov - 18:19

Il passait sa vie à mentir. Du lever au coucher, chaque mot qui sortait de sa bouche n’était que pure invention. Tout ce qu’il disait était fait pour brosser ses supérieurs dans le sens du poil. Il avait besoin qu’on pense de lui qu’il était l’un des Pacificateurs les plus investis de Panem, et c’était désormais le cas. Quand son chef le croisait, il avait généralement toujours un geste ou un mot envers lui pour lui dire qu’il était content du travail qu’il faisait. Que la vieille qu’il avait enfermée la dernière fois avait bien mérité tout ça, et que sans lui elle serait encore entrain de voler.
Jared arrivait même à en tirer une certaine satisfaction ; à chaque fois qu’il se faisait féliciter par ses collègues ou supérieurs, il savourait la réussite de sa double vie. Après tout, il avait réussi à s’infiltrer dans le camp adverse depuis des années sans être encore repéré ou sans même avoir éveillé des soupçons. Il avait pourtant remarqué que les Pacificateurs étaient –pour la majorité- loin d’être bêtes. Contrairement à la réputation qu’ils avaient chez les Rebelles, la plupart de ses collègues le surprenaient. Ils n’étaient pas que des marionnettes du Capitole payées pour menacer et terrifier la population, car chacun d’entre eux avaient un objectif. Qu’il s’agisse de l’objectif le plus banal, à savoir protéger le Capitole des Rebelles, à un objectif plus personnel. Jared avait en effet repéré plusieurs Pacificateurs qui enquêtaient sur des personnes qu’ils savaient rebelles mais sur qui ils n’avaient pas assez de preuve pour pouvoir les incriminer et les arrêter.
Il s’était alors donné un nouveau challenge, et essayait régulièrement de discuter avec ces collègues pour connaître l’avancée de leurs recherches afin de protéger les rebelles en cause –lorsqu’il était sûr qu’il s’agisse en effet de rebelles-. Car Jared n’avait aucun scrupule à laisser de parfaits pro-capitoles se faire arrêter par des Pacificateurs en erreur.
Cependant, il lui arrivait de ne plus se reconnaître dans ce qu’il faisait. Il perdait le sens des réalités et se surprenait en étant cruel envers des pro-capitoles, ou inversement en trouvant trop simplement des arguments d’éloge envers le Président et son Gouvernement. Dernièrement, il avait eu une longue conversation avec l’un de ses collègues à propos de ô combien le Président était bon et juste envers eux et le reste de Panem, et Jared avait réalisé à quel point il lui devenait naturel de parler en bien du Capitole. Et pour tout dire, il en était un peu effrayé.

Oui, Jared mentait durant chaque seconde de sa vie depuis qu’il avait commencée la formation de Pacificateur. Ainsi, en menteur plus qu’aguerri, il savait reconnaître les personnes qui tentaient de le mener en bateau. Et il en avait une juste face à lui.
Il savait que sa voix sonnait faux. Que son regard, son attitude et ses paroles n’étaient que façade pour dissimuler ce qu’elle était réellement. Comme lui. Rebelle.
Il savait qu’il n’avait pas le droit de la croire, que même si elle était importante à ses yeux il ne pouvait prendre le risque de se révéler à elle tant qu’il ne s’était assuré qu’elle ne représentait pas une menace pour lui.
Chaque parcelle de son corps lui intimait de se méfier d’elle, mais Jared n’écoutait rien. Comment le pouvait-il ? Il avait face à lui la personne qui lui était certainement la plus chère au monde, et il devait se méfier d’elle ?
Il était pour l’instant trop obnubilé par Elle pour avoir les idées claires. Aspen. Elle était devenue magnifique. Pas qu’elle ne l’ait jamais été, mais la dernière fois qu’ils s’étaient vus, elle n’était encore qu’une jeune fille, et la personne que Jared avait face à lui était bel et bien une femme. Une femme accomplie, belle, fragile et redoutable.
Lorsqu’elle baissa les yeux sur l’endroit où il l’avait serrée si fort –il avait trop peur de la perdre-, il remarqua la trace rouge que cela avait laissé sur la peau de son amie, et Jared regretta aussitôt son geste. Il ouvrit la bouche pour s’excuser, mais la culpabilité lui coupa la parole. Jared ne se doutait alors pas que ce simple geste avait ruiné toutes ses chances de retrouvailles « intimes » avec Aspen. Qu’il avait, en écrasant son bras, écrasé sa crédibilité et avec elle sa relation avec la jeune femme. Il ne s’en était pas rendu compte, avait agit pour la protéger et leur offrir un moment seul à seule, mais il était désormais plus seul que jamais.

Jared ne savait à vrai dire pas trop comment se comporter avec elle. Avant, tout était simple : il lui disait chaque chose qu’il avait sur le cœur ; mais il ne pouvait désormais plus agir de la même manière. Tout d’abord parce qu’il n’était pas sûr qu’elle avait rejoint le camp des rebelles –après tout, il ne savait rien de ses années en internement, on lui avait peut-être lavé le cerveau- mais il résidait surtout une intense gêne entre eux. Gêne dont Jared prit conscience lorsque ce qu’il avait pour habitude d’appeler « amie » s’adressa à lui. Avec une voix douce, calme. Une voix qui contrastait méchamment avec l’apparence physique de sa propriétaire. Une voix qui se voulait charmante, mais dont il savait le revers tranchant.

« Je suis contente de te revoir. »
C’est faux Jared, tout n’est que mensonge, ne l’écoute pas. Ne te laisse pas avoir, tu n’as pas le droit de lui céder ça, tu n’as pas le droit de t’abandonner à elle. Comment pourrait-elle être contente de te revoir alors que tu portes l’habit de son ennemi juré. Alors que tu ne représente rien d’autre à ses yeux que le Capitole. Alors qu’elle ne veut que t’anéantir. Comment pourrait-elle vouloir passer du temps avec toi quand elle n’arrive pas à te regarder droit dans les yeux parce que ton habit lui donne la nausée.
« On m'avait dit que t'étais parti faire une formation... J'imaginais pas que je te reverrais un jour. »
Elle voulait surtout ne jamais te revoir. Tu as entendu le dégoût dans sa voix quand elle a prononcé le mot formation. Tu sais qu’elle était heureuse jusqu’à aujourd’hui, qu’elle était bien sans toi, que tu viens de retourner son monde. Qu’elle va désormais devoir penser à toi comme un ennemi dont elle devra se méfier. Tu sais bien, au fond de toi, qu’elle va vouloir profiter de ton aveuglement pour avoir des informations ; elle va faire ce que tu fais depuis des années Jared, elle va t’avoir comme tu as eu les autres, et tu comptes bien te laisser faire, n’est-ce pas ? Tu ne t’écoutes pas. Tu n’écoutes ni ne fais attention à tous ces signes qui pourtant son flagrants. Son regard fuyant, ses paroles mielleuses alors qu’elle ne va pas bien. Regarde la, elle tremble, elle est brûlante, ses yeux sont fous. Tu n’as pas le droit.
« Je me sens pas bien, faut que je rentre. »
Tu attends qu’elle te propose de venir, tu as peur qu’elle ne le fasse pas, mais elle le fera.
« Viens. Y a tellement de choses que j'ai manqué... »
Ne sois pas heureux, Jared, ne te réjouis pas. Tu as entendu, tu as ressenti l’hésitation entre ces deux phrases, tu sais ce qu’elle signifie. Elle ne veut pas de toi chez elle, l’idée même de voir un uniforme de Pacificateur –parce que c’est désormais comme ça qu’elle te voit- la dégoûte, et elle sait qu’elle devra laver son appartement de fond en comble pour ôter l’odeur de la trahison que tu y auras imprégnée. Oui, l’odeur de la trahison ! Qu’est-ce que tu espérais ? Qu’elle allait vous accueillir à bras ouverts toi et ton costume alors qu’il y a cinq ans de cela vous partagiez des idées de rebelles ? Ne fais pas le naïf, tu sais qu’il est impossible qu’elle accepte ce retournement de situation. Tu n’es plus son ami, tu n’es plus son confident ni personne à ses yeux : tu es une proie. Une proie qu’elle va dévorer toute crue si tu ne réagis pas bientôt. Mais tu ne sais pas comment réagir, j’ai raison ? Tu ne peux pas lui avouer ton double jeu maintenant, et tu n’es pas sûr de pouvoir le faire même une fois chez elle, tu ne sais pas quoi faire, tu es perdu. Tu es perdu mais elle est là. Ouvre les yeux, ouvre les yeux. Elle n’est qu’une illusion, tout n’est qu’une illusion, et le lien que tu imagines entre vous deux n’existe plus.
« Je suis restée un an... là-bas. Je suis revenue et t'étais déjà parti... J'ai jamais eu la moindre nouvelle. C'est bien que t'ai trouvé ta voie. »
Tu sais qu’elle exagère, tu le sens. Rien n’est naturel dans ce qu’elle raconte. Pourquoi est-ce qu’elle te dit ça maintenant alors qu’elle vient de te proposer d’aller chez elle pour discuter tranquillement ? Elle te travaille. Elle commence à distiller des informations sur elle et son année enfermée pour que toi aussi tu parles de toi, pour que tu lui révèles les raisons qui t’ont poussé à devenir Pacificateur. Elle veut tout savoir de toi parce que tu n’es qu’un lien avec le Capitole qu’elle veut pouvoir exploiter sereinement. Alors elle te travaille, lentement, elle te travaille et elle te fait croire qu’elle t’apprécie toujours autant. Que rien n’a changé entre vous, ou du moins que tout est rattrapable. Mais tout est perdu, Jared, rien n’est à rattraper. Son attitude envers toi devrait te faire comprendre ça, tu devrais voir qu’elle compte faire abstraction de tous les moments que vous avez passé ensemble comme ça, d’un coup. Elle a déjà tout oublié et ne ressent rien d’autre que de la haine pour toi mais tu ne vois rien. Tu te laisses porter par tes sentiments alors que tu sais à quel point ils peuvent être traîtres. Tu ne réalises pas son attitude exécrable, tu ne réalises pas qu’alors que vous étiez amis elle n’a pas eu l’once d’une hésitation lorsqu’il a fallut te placer dans la catégorie « ennemis ». Tu ne peux pas la laisser se jouer de toi comme ça. Réveille toi, Jared, réveille toi.

« Je suis aussi content de te voir ».
Il esquissa un sourire, heureux de voir Aspen. Heureux de constater qu’elle semblait réellement ravie de le retrouver, heureux de savoir qu’elle voulait rattraper le temps perdu. Elle avait entièrement raison, pour tout. Tout ce temps s’était écoulé et ils n’avaient eu aucun contact durant des années, mais rien n’avait changé. Il la trouvait toujours aussi belle, charismatique, différente. Attirante. Il avait toujours autant envie de lui demander de tendre les mains et d’y poser son cœur, parce qu’il savait qu’elle était la seule capable d’en prendre soin. Il n’avait pour l’instant aucune envie de se méfier d’elle, étant trop surpris de la revoir. Il voulait avoir foi dans le fait qu’elle était une des rares personnes dans son monde à qui il pouvait faire confiance, alors il voulait en profiter. Être, pour une fois, le vrai Jared, et ne plus mentir. Enlever son masque. Rire. Depuis combien d’années n’avait-il pas sincèrement ri ?
« Allons chez toi, je te suis ! »
Jared ne réalisait pas vraiment qu’il venait de la retrouver. Deux jours auparavant, il se demandait s’il avait des chances d’un jour la revoir, et voilà qu’il l’avait à ses côtés. C’était tellement irréel, tellement soudain… Qu’il avait peur de se réveiller. Peut-être était-ce la raison pour laquelle il ne voyait pas ou ignorait tous les signes qui lui prouvaient qu’Aspen se jouait de lui. « Au fait, désolé d’avoir serré aussi fort, j’ai pas vraiment contrôlé ma force ! ». Au moins, il s’était excusé.
Jared suivait Aspen sur le chemin jusque chez elle, plein de questions. Il voulait tout lui dire. Tout. Mais il ne pouvait pas prendre ce risque.
Peu importe ce qu’il comptait faire, il devait attendre d’être arrivé chez elle pour parler sereinement.
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MessageSujet: Re: i can't believe this could be the end... (jared)   i can't believe this could be the end... (jared) Icon_minitimeDim 23 Déc - 19:01



« Je suis aussi content de te voir. » Il paraissait si sincère que cela ne pouvait qu'être troublant. Le sourire qui flottait sur ces lèvres s'ancra dans l'esprit de la jeune femme, bouscula toute la partie où elle était censée la détester et vouloir le piéger. Il lui manquait tellement. « Allons chez toi, je te suis ! » Elle ne put s'empêcher de lui renvoyer son sourire, avant de se détourner rapidement, voulant effacer au plus vite de son esprit l'image du jeune homme d'autrefois qui lui faisait face. D'un geste superflu de la tête, elle lui lança « C'est par là. » avant de lui faire dos définitivement.

Si ces yeux avaient désormais quitté le sol et que son allure était modérée, elle ne s'était pas retournée depuis qu'elle lui avait indiqué le chemin d'un vague signe de la tête. Il la suivait, silencieux ; elle le sentait à ses côtés, et sa présence bien qu’invisible à son regard suffisait à la troubler. Il voulait lui parler, et semblait lui aussi attendre d'être dans un lieu privé et soustrait aux oreilles indiscrètes pour lui parler. Mais qu'allait-il lui dire ? Elle imaginait déjà le long discours qu'il allait proférer à la botte du Capitole, son dégoûts pour les rebelles ou elle ne savait quoi encore. Il ne semblait pas en mauvaise forme, ni particulièrement désespéré, ce qui signifiait sûrement qu'il appréciait son travail, sa vie actuelle. Aspen se savait capable de supporter quelqu'un déblatérer d'idioties qu'elle exécrait, mais elle ne savait pas si elle serait capable de se faire silencieuse et de ne pas lui sauter en lui hurlant qu'il se trompait, s'il commençait à lui parler de ses idéaux.

A mi-chemin et après seulement deux minutes de marche, ils se retrouvèrent dans une des rues les plus fréquentées du district. Collant un faux sourire détendu sur ses lèvres, elle se retourna comme pour lui montrer qu'elle n'avait pas honte de se montrer devant tous ces gens en sa compagnie. Ce qui était absolument faux. Elle détestait le fait que certaines personnes connues pour vite juger la catégorise aussitôt comme une pro-capitole. Non pas que ce soit mauvais pour sa couverture, au contraire, mais elle connaissait les rumeurs qui se répandaient à des vitesses effrayantes et ne souhaitait surtout pas être le centre d'une d'entre elles. De loin, elle reconnut un de ses camarades rebelle, et pria pour qu'il comprenne qu'elle jouait le jeu, qu'elle n'était surtout pas en train de sympathiser avec l'ennemi. Il la regardait, ayant sans doute reconnu Jared, et semblait sceptique quant à ce qu'elle était en train de faire. Elle ne put s'empêcher de se mordre la lèvre, plus parce qu'elle avait peur de ce qu'elle allait faire que de ce que les autres pouvaient penser, en fin de compte. Jusqu'à ce qu'elle arrive chez elle, un petit appartement au rez-de-chaussée, elle ne savait toujours pas ce qu'elle allait dire.

Silencieuse, elle poussa donc le battant de la porte et lui sourit en l'incitant à entrer, avant de le suivre et de refermer la porte derrière eux. Un peu fébrile et prise de court, elle tenta un vague « Tu dois mourir de soif par cette chaleur, je vais te chercher de l'eau », mais ne fit en réalité que se retourner, étant donné que sa pièce à vivre contenait à la fois sa cuisine et sa salle à manger, sa chambre et sa salle de bain étant dans des pièces attenantes. Précautionneusement, elle attrapa un verre dans un placard au-dessus de l'évier et le remplit au robinet d'eau courante. Elle ne fit face à Jared qu'une seconde, le temps de lui tendre son verre, puis se retourna aussitôt. D'un geste rapide, elle attrapa un deuxième un verre et le remplit d'eau, avant de filer dans sa chambre pour enfin prendre les pilules qui lui causaient tant d'inquiétude. Revenant dans la cuisine, elle ne proposa même pas au pacificateur de s'asseoir, se contentant d'essayer de contenir au maximum les tremblements de ses mains qui trahissaient toute sa panique maintenant qu'elle se retrouvait seule avec lui. Elle devait lui parler, pour ne pas éveiller les soupçons, mais elle avait trop peur qu'il découvre bien vite la réalité et que cela mette fin à sa condition de rebelle, ou à sa condition tout court. Il représentait le danger le plus insidieux, sachant qu'il était encore plus dangereux qu'un inconnu, parce qu'il connaissait ses manières de faire et de parler. Il la connaissait et n'aurait aucun mal à découvrir qu'elle jouait la comédie si elle ne se reprenait pas le plus vite possible. Aspen voulut attraper le verre d'eau, mais ce dernier glissa de ses mains moites et s'écrasa au sol dans un fracas de verre brisé. La jeune femme s'obligea à souffler, tandis que ses mains crispées sur le néant et son visage figé trahissait tout son inconfort. Elle s'injuria silencieusement puis se pencha pour ramasser les morceaux de verre, avant d'éponger l'eau qui noyait son parquet. Enfin, lorsqu'elle allait jeter les morceaux de verre à la poubelle, elle s'aperçut que l'un d'eux avaient entaillé sa paume droite, laissant un mince filet de sang glisser le long de son poignet. Sa détresse grandissante commençait réellement à prendre des proportions dangereuses. Malgré sa volonté de se calmer, ses émotions s'amplifiaient d'elles seules et lui faisait perdre tout ses moyens en ayant toute l'emprise sur son corps ; cela ne faisait que la faire paniquer davantage, et son incapacité à se contrôler la troublaient d'autant plus, faisant tourner le cercle vicieux. Elle avait réellement besoin de se calmer.

« Je suis vraiment bonne à rien, désolée » lâcha-t-elle dans un soupir exaspéré et gêné, avant de passer sa main droite sous l'eau et de l'enrouler ensuite dans un torchon. Pour la première fois depuis qu'ils étaient arrivés chez elle, elle le regarda vraiment, tachant de ne pas paraître plus terrifiée qu'elle l'avait été. « Et je suis vraiment impolie. Assieds-toi, fais comme chez toi ». Surtout pas. Ne fais pas comme chez toi. Ne soit pas celui qui me rappelle notre enfance et me fait perdre mes moyens, au point de te traiter comme si tu étais encore quelqu'un de bien. Ne soit pas celui-là. Sois méchant, sois violent, prouve moi que je ne dois pas voir Jared en toi, mais juste ce pacificateur que je déteste. Suivant ses propres conseils, elle tira une chaise après s'être resservie un verre d'eau, sans l'avoir laissé échapper cette fois-ci. Puis, mettant tout ses espoirs dans cette eau fraîche et providentielle, elle avala tout d'un trait, espérant que cela lui donnerait la vigueur nécessaire pour ce qu'elle allait devoir supporter. Car elle allait en avait besoin.

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