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Sujet: ASTAROTH ◮ whispers in the dark. Jeu 13 Sep - 0:38
Penchée au-dessus des plaies qui marquaient le dos du supplicié, Pandore s'affairait à tamponner les longues estafilades à l'aide de pétales de lys imbibés d'eau de vie. Une de ses mains, se voulant bienfaitrice, pressait à intervalle régulier l'épaule contractée du jeune homme. Bon nombre de ses grognements résonnaient dans la chambre exiguë et, en tendant l'oreille, Pandore parvenait à entendre les sanglots étouffés de son épouse. Un long frémissement parcourut son échine alors que les râles de douleur de son « patient » prenaient de plus en plus d'ampleur. Du coin de l’œil, elle le vit mordiller avec férocité ce qui lui restait d'oreiller. Sa peau était brûlante, rougeoyante. Ses blessures s'étalaient du bas de sa nuque jusqu'à la chute de ses reins. Elle saisit de ses doigts fébriles un bandage qu'elle appliqua sur les ecchymoses et les lésions. Sa poitrine se souleva et elle poussa un soupir, à mi-chemin entre la satisfaction et l’inquiétude, son regard bleuté posé sur la chevelure noire d'ébène du martyr. Une vague d'interrogations la traversa mais, persuadée d'avoir déjà les réponses, respecta le silence de la pièce. Sans trop se presser, elle saisit son sac en tissu d'une main et, de l'autre, lissa sa chemise grisonnante. Le plancher craqua sous ses pieds lorsqu'elle passa l'encadrement de la porte. Aussitôt, une jolie brune se précipita à son encontre, lui enserrant les avants-bras avec l'énergie du désespoir. Se sentant flancher face à ce regard larmoyant qui la scrutait, Pandore s'empressa de la rassurer d'une voix basse, douce. Il va bien. Rien n'était pourtant moins sûr.
Les doutes de Pandore furent rapidement confirmés. Cet homme avait effectivement volé lors du marché et, une chose en entraînant une autre, les Pacificateurs l'avaient pris la main dans le sac. La jeune femme n'avait cure de soigner les voleurs, les traîtres ; la plupart d'entre eux agissaient dans le but de survivre et, même si leurs « crimes » n'étaient pas à honorer, ils méritaient d'être aidés. D'une manière ou d'une autre, Pandore brandissait le drapeau de la neutralité : elle ne bravait pas l'autorité mais ne grinçait pas non plus des dents au chevet des voleurs blessés. On pouvait considérer cela comme de la lâcheté, en effet, mais la jeune femme préférait ne pas se considérer de la sorte. Pour le moment, elle se contentait de rassurer son interlocutrice qui, malheureusement, semblait plus frappée par la peine que par l'espoir. Une discussion, sans queue ni tête, qui perdura un quart d'heure – tout au plus. Une fois dehors, Pandore plissa les paupières, peu habituée à sortir à une heure aussi « tardive » - le soleil couchant enflammait le onzième district d'une atmosphère presque chimérique. Il devait être vingt-et-une heures. Elle avait œuvré plus d'une heure aux côtés de son patient.
A quelques mètres de là, non loin de la maison précaire du couple, Pandore eut un petit mouvement de recul. Deux Pacificateurs lui barraient le passage. Les sourcils arqués en un signe interrogatif, la jeune femme avança d'un pas, leur quémandant silencieusement de bien vouloir la laisser passer. L'un comme l'autre secouèrent la tête en signe de refus A leur tour, ils s'avancèrent maladroitement vers Pandore qui, sentant son cœur rater un battement, tendit ses bras et lança son sac à la figure de l'un des deux hommes. Tournant les talons, elle entama une course qui s'étendit sur une vingtaine de mètres. Une ombre la devança et Pandore manqua de heurter le Pacificateur qui avait surgi devant elle. S'arrêtant à temps, elle bloqua sa respiration, sur ses gardes.
Celui qui était derrière elle lui enserra la taille de ses deux bras tandis que l'autre avait inexorablement rapproché son visage de sa figure. Son souffle chaud lui caressait le visage et une partie de sa gorge découverte. Il empestait l'alcool. Il enfonça son pouce et son majeur dans l'une et l'autre des joues de la jeune femme. Cette dernière, les yeux écarquillés, sentit brusquement son estomac s'alourdir et sa gorge se serrer. Ses lèvres n'étant plus qu'à quelques centimètres de celles de son vis-à-vis, Pandore chercha à détourner le regard afin de ne pas croiser le sien mais elle n'en fut pas capable. Il lâcha enfin sa prise, laissant deux marques de doigt sur sa peau.
« Alors, alors ? Tu aimes aider ces résidus d'humanité, à ce que je vois. » Demanda-t-il d'une voix chevrotante. « Peut-être que tu es une traître toi aussi. » Rajouta-t-il d'un ton mielleux comme s'il appelait aux confidences.
D'un geste brutal, et auquel Pandore ne s'était pas attendue, le Pacificateur qui la ceinturait desserra ses bras et la poussa en avant. Étouffant un cri surpris, la jeune femme rencontra le torse de son précédent interlocuteur qui, esquissant un petit sourire en coin, frappa sa pommette du revers de la main. Elle poussa un hurlement strident qui fut bien vite coupé par une paume qui se plaqua contre sa bouche entrouverte. Une brève idée lui traversa l'esprit, une illumination dérisoire : celle d'appeler Sitael, qu'elle se refusait parfois à appeler Astaroth, à l'aide. La main de son assaillant rendait cependant stérile le moindre son qu'elle aurait pu émettre. Arquant une de ses jambes, elle voulut faire précipiter cette dernière dans le ventre de celui qui lui faisait face : ce dernier, par réflexe, l'arrêta à temps en saisissant sa cheville brandie. Déstabilisée par cette position peu commode, Pandore dégagea son menton des doigts moites de son agresseur et, lorsque le compagnon de ce dernier tira sur sa jambe, son dos heurta quasi-instantanément le sol. Le choc, brutal, lui arracha un hurlement sonore.
Trop affolée pour implorer, trop apeurée pour tenter une fuite, elle roula le flanc et tenta de se redresser sur ses avants-bras. Ses cheveux couvraient la moitié de son visage et, lorsqu'elle passa le dos de sa main droite sur sa lèvre supérieure, elle put constater que celle-ci était salement égratignée. Une traînée de sang avait recouvert son pouce, là où sa peau et sa bouche s'était rencontrées. La saveur écœurante du sang envahit sa bouche et, réprimant un hoquet de frayeur, elle tenta de se hisser sur ses pieds. Une entreprise vouée à l'échec. Deux mains rugueuses lui saisirent les épaules et la firent rouler une nouvelle fois, son dos à nouveau plaqué contre la terre. Le plus soûl des deux hommes plaça ses genoux de part et d'autre de la taille de Pandore qui, frôlant à présent l'hystérie, secouait ses jambes de droite à gauche, de haut en bas. Ses mains furent emprisonnées entre les phalanges résistantes de l'autre Pacificateur et ses bras furent également bien vite immobilisés. Son cœur, battant à tout rompre, semblait vouloir s'échapper hors de sa cage thoracique. Sa poitrine se soulevait en une cadence effrénée alors qu'elle redoutait le pire. Le pire.
Dernière édition par Pandore Burgess le Ven 14 Sep - 16:27, édité 3 fois
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Sujet: Re: ASTAROTH ◮ whispers in the dark. Jeu 13 Sep - 22:25
« waking the demon. »
Astaroth avait toujours été quelqu’un de sombre, de difficile à cerner. Il effrayait beaucoup de gens, et ne faisait rien pour améliorer l’image qu’on avait de lui. À quoi bon ? Les préjugés l’emportaient toujours sur le reste. Il aurait beau sourire à un enfant, même en enlevant son masque, la mère viendrait le prendre dans ses bras en lui murmurant de ne pas regarder cet homme. Qu’il était le diable en personne. Le diable... Était-il si effrayant ? Ah oui. Bien entendu. Le masque. Celui qui faisait grincer les dents des adultes et qui terrifiait ou fascinait les enfants. Ce fameux masque. Il était devenu la définition de notre vainqueur. Son résumé. On ne le voyait que par lui. À travers lui. Personne n’était capable de voir l’être blessé, souffrant, et aimant, qui se cachait en-dessous. On restait focalisé sur l’homme brutal et froid. Qu’importe ce qui pouvait se trouver sous cet objet de métal. Et s’il avait usé de cela pendant des années, profitant de cet avantage pour qu’on le laisse tranquille, qu’il puisse vivre en paix. Aujourd’hui, il aurait simplement voulu montrer son véritable visage. Qu’il n’était pas un monstre. Juste un ours plus inoffensif qu’autre chose, qui restait simplement dissimulé derrière son agressivité par peur qu’on ne le blesse à nouveau. Un jour viendrait, il se débarrasserait de son masque. Mais en attendant, ce fardeau était le sien. Et il ne pouvait que vivre avec.
Mais pas aujourd’hui. Aujourd’hui, il ne voulait pas vivre avec ce masque. Il voulait essayer de mener une vie sans lui. Être normal. Juste pour une fois. Juste pour une journée. Alors oui. Il était sorti. Sans son masque. Il l’avait ôté, et laissé derrière lui. Pas bien loin, en réalité. Il l’avait accroché à l’aide d’une des sangles à l’arrière de son pantalon. Au cas où. Juste dans l’hypothèse où il aurait besoin de le remettre, histoire d’éviter de s’évanouir. Alors oui, Astaroth souffrait. Il était renfrogné, mal aimable, et ce à cause de cette souffrance. Sa capuche noire rabattue sur sa tête, il avançait dans les recoins du District 11. Il avait bien une petite idée de ce qu’il allait faire, d’une chose qui pourrait l’aider à oublier un peu sa souffrance. Qui n’irait peut-être pas jusqu’à lui rendre le sourire, mais qui au moins daignerait de soutenir un peu son moral flageolant. Il allait partir à la recherche de Pandore. Pandore… Petit bout de femme au caractère exceptionnel. Et bien que notre ours fasse absolument tout pour l’éviter, malgré son obstination à la fuir, il l’appréciait. Terriblement même. Elle était son petit rayon de soleil au cœur du District. Sa petite lueur d’espoir. Exactement comme l’avait été la petite Pandore du Six, pendant les Jeux. Car oui. Il avait trouvé une autre jeune femme portant le même prénom. Bien entendu, ce détail avait blessé violemment Sitael lorsqu’il était revenu des Hunger Games. Il avait d’autant plus fui cette enfant qui lui rappelait de mauvais souvenirs. Mais lorsqu’elle avait décidé de revenir le voir, des années plus tard, il n’avait pas eu le cœur à directement la repousser. Pire que cela ; il s’était retrouvé comme un enfant, pris au piège entre les pattes douces et bienfaitrices de sa mère. Elle avait voulu l’aider, et lui, comme un gosse, il avait voulu s’échapper. Il ne voulait pas la voir. Il voulait se cacher. Rester loin d’elle. Depuis tout petit, la sensation qu’il détruisait tout ce qu’il touchait était oppressante, et le dévorait lentement mais sûrement. Et il avait peur. Peur qu’en la laissant s’approcher de lui, elle ne souffre, et ne s’envole aussi brutalement qu’un papillon, disparaissant en un voile de fumée, invisible et intangible. Il avait peur qu’elle ne s’enfuie. Qu’elle ne lui échappe. Il craignait que s’il restait à ses côtés, et qu’il tentait de la protéger, elle ne se fasse tuer. Ou pire encore. Si pire il existait.
L’homme renifla doucement, les mains enfoncées dans les poches. Il traçait son chemin, sans prêter attention à ce qui se passait autour de lui. Depuis quelques temps, il avait pris l’habitude de suivre l’apothicaire. De la surveiller. Il ne voulait pas qu’il lui arrive une crasse quelconque. Sans s’en rendre compte, il se mettait à la protéger, exactement comme ce qu’il faisait toujours avec tous ceux qu’il appréciait. Elle devenait importante pour lui, alors qu’il se refusait à apprécier quiconque, de peur d’à nouveau lui porter malheur. Astaroth était irrécupérable. Et ça, personne ne pourrait le nier. Il n’y avait qu’à voir son masque qui pendait doucement à sa ceinture. Irrécupérable, vous dis-je.
Mais, alors qu’il poursuivait son chemin, se détendant progressivement à la pensée du doux visage de la jeune femme, imaginant son sourire, et le son cristallin de son rire, il s’arrêta brutalement. Un cri venait de déchirer le silence dans lequel il était immergé depuis quelques minutes. Un cri qu’il reconnaissait comme affreusement familier. En une fraction de seconde, Astaroth fit un saut dans le temps. Vingt-trois ans plus tôt. Alors qu’un petit corps dégringolait du haut d’une falaise, pour lourdement s’écraser une fois arrivé en bas. Le cœur de l’homme au masque cessa brusquement de battre. Lorsqu’il reprit, le rythme devint frénétique, paniqué. Le même cri qu’il y avait 23 ans de cela voulut s’échapper de ses lèvres. Mais il n’y parvint pas. Un unique murmure perça leur barrage, inaudible, terrifié. « Pandore ! » Il rebroussa chemin. Il avait l’impression d’entendre ce hurlement, encore et encore. Mais ce n’était qu’un écho, qui se répercutait à l’intérieur de son crâne endolori. Mais la douleur n’avait plus d’importance. Plus aucune. Il fonçait en direction de la provenance du cri. Sombre. Silencieux. Dangereux. Et soudain, il y fut. Un bourdonnement sourd résonna dans ses tympans alors qu’il sentait tous les muscles de son corps se contracter. Il y eut comme un moment d’absence. Une seconde durant laquelle tout sembla s’arrêter. Et brusquement, le Pacificateur qui se tenait sur la jeune femme, et dont on devinait salement les intentions, fut soulevé dans les airs comme s’il n’avait rien pesé. La carrure imposante d’Astaroth mise face à lui l’aurait fait passer pour un asticot. Un misérable ver de terre. Insignifiant. Bon à creuser des trous dans une terre pourrie par le Capitole, et s’y cacher en ricanant, pensant que personne ne serait assez fou pour venir le dénicher ici. Malheureusement pour lui, Sitael n’était pas une personne qui s’arrêtait face à l’autorité du Capitole. Ils lui avaient pris tout ce qu’il avait. Tout sauf elle. Pandore. Elle persistait. Et jamais ils ne la lui prendraient. Il avait trop perdu. À eux d’apprendre ce que c’était, de se plier, et de s’écraser.
Suspendu à quelques centimètres au-dessus du sol, tenu uniquement par le col de son blouson qui semblait commencer à l’étrangler, le Pacificateur s’agitait comme un asticot, tandis que son compatriote hésitait sur le comportement à suivre. « Lâche-la. » gronda le vainqueur. Il reposa derrière lui le Pacificateur qu’il tenait, un peu brutalement, s’avançant d’un pas vers le deuxième, et vers elle. L’autre esquissa un sourire mauvais. Astaroth ne comprit pas pourquoi. Le vent siffla très légèrement à sa gauche tandis que l’homme bourré faisait fuser son poing vers le visage encore encapuchonné du vainqueur. Celui-ci ne tourna même pas la tête. Il arrêta le poing de son ennemi, serrant son immense main autour de la sienne, lui arrachant un petit cri de douleur. En face de lui, le visage du second Pacificateur se décomposait. Notre ours eut un geste vif de la main, tandis que le poignet de son agresseur se tournait en un bruit sec. Il poussa un hurlement bref. Astaroth ne le lâcha pas pour autant, malgré l’insistance de l’autre à essayer de se sortir de son emprise. « Tout de suite. » insista le monstre du district onze.
Son ton était sans appel. Si l’autre ne lâchait pas immédiatement la jolie blonde, son pote se retrouverait avec l’épaule déboîtée sans avoir pu récupérer de son poignet tordu. Et pour la suite... Et bien. Il ne donnait pas cher de leur peau.
Dernière édition par S. Astaroth Blackward le Dim 23 Sep - 17:42, édité 1 fois
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Sujet: Re: ASTAROTH ◮ whispers in the dark. Ven 14 Sep - 19:06
open your eyes.
All this feels strange and untrue and I won't waste a minute without you. My bones ache, my skin feels cold and I'm getting so tired and so old. The anger swells in my guts and I won't feel these slices and cuts. I want so much to open your eyes 'cause I need you to look into mine.
Les sanglots de Pandore déchiraient l'atmosphère déjà tendue. Incapable d'esquisser le moindre mouvement, la jeune femme assistait, impuissante, à ce qui semblait être son propre viol. Les larmes roulaient le long de ses joues rougies, mourant entre ses lèvres passablement ensanglantées. Sa poitrine se soulevait violemment. Sa respiration était sifflante, bruyante, souvent entrecoupée par les nombreux hoquets effrayés qu'elle émettait. Ses supplications n'avaient aucun sens et, d'une manière ou d'une autre, les deux hommes n'avaient cure de ce qu'elle pouvait dire. Elle en était réduite à suffoquer, vaguement consciente de frôler l'hystérie, se sentant s'enfoncer dans les entrailles d'un monde qu'elle ne connaissait que trop peu. Cette détresse était autant morale que physique. Son corps réagissait étrangement aux aléas de la terreur qui, lentement, prenait peu à peu possession de ses membres. Bientôt, ses bras se tendirent et se crispèrent. Elle avait l'impression de ressentir avec précision chaque parcelle de son être endolori. Une souffrance qui s'accentuait au fur et à mesure des secondes égrenées. Son rythme cardiaque se cala contre sa jugulaire et, bientôt, les battements effrénés de son organe vital retentirent à ses oreilles en un puissant bourdonnement ininterrompu. Menée aux portes du supplice, Pandore n'avait plus qu'à attendre son heure, cet instant fatidique qui briserait définitivement sa dignité.
Sa surprise fut grande lorsque le corps du Pacificateur, qui se trouvait au-dessus de ses hanches, fut soulevé dans les airs. Ses pieds ne touchaient même plus le sol. Cette vision, burlesque, aurait pu être amusante dans un autre contexte. Son cœur rata un battement. La forme massive, car intensément musclée, qui se dessinait derrière l'homme ne lui était pas inconnue. Bien au contraire.
Sitael. Ce prénom résonnait dans sa tête, la rendant sourde à tout autre bruit extérieur. Le soulagement se mêlait à l'habituelle bouffée de chaleur qui accompagnait l'arrivée du vainqueur à ses côtés. Dire qu'elle lui était insensible aurait été un pieux mensonge mais la véritable question n'était pas là. Les interrogations ne résidaient pas seulement dans les sentiments que Pandore entretenait à l'égard de Sitael, ni dans le fait qu'il s'était renfermé sur lui-même depuis sa victoire aux Hunger Games. Surprise, même si l'angoisse avait à présent pris l'avantage, l'apothicaire ne s'aperçut tout d'abord pas que son sauveur ne portait pas son masque. En temps normal, elle aurait volontiers laissé son regard vagabonder le long des traits aquilins du charmant visage de son compagnon. Ses yeux auraient dévoré chaque partie de son corps, de sa figure découverte. Des délices, des plaisirs coupables auxquels Pandore ne s'adonnait que très rarement mais dont elle profitait. Cependant, immobilisée par l'effroi, elle n'eut pas le réflexe de se laisser aller à ce genre d'activité visuelle. Ses lèvres s'entrouvrirent et elle émit un étrange son guttural, à mi-chemin entre le grognement de douleur et le raclement de gorge appréciateur. Un bruit impossible à déchiffrer, étant elle-même partagée entre la frayeur (pure, froide) et le soulagement (qui diffusait de nombreux fourmillement le long de ses jambes à présent libres).
Le Pacificateur qui lui enserrait les poignets hésitait encore quant à la bonne attitude à adopter. Elle le sentait. Ses doigts se décontractaient quelque peu et puis reprenaient leur position initiale. Le fait de voir son compagnon en mauvaise posture ne l'aidait pas à prendre une décision. Le ton effrayant d'Astaroth fit frémir Pandore. Ne voyant pas le Pacificateur que Sitael avait posé derrière lui, elle fut la première à hoqueter de surprise lorsque son poing fusa près de la joue du vainqueur. La main de ce dernier se referma alors sur celle de son assaillant. Un craquement bref mais sonore retentit, suivi de peu par un hurlement rapidement étouffé. L'homme tenta alors de se dégager de l'étreinte d'acier que lui imposait Sitael. Peine perdue, il n'en fut pas capable. Une nouvelle fois, Astaroth pressa l'autre homme de lâcher Pandore. Sous l'impulsion du moment, l'interpellé força son emprise autour des poignets de la jeune femme qui, bien qu'interdite, retint tout gémissement en se mordant fermement la lèvre inférieure. Seul un bruit étouffé passa la barrière de sa bouche vermeille. Les phalanges du Pacificateur quittèrent la peau de ses bras, y laissant des marques violacées. L'homme se releva, hautain bien qu'un peu chancelant à cause de l'alcool.
Sans demander son reste, Pandore redressa son buste et – après deux tentatives infructueuses – parvint à se relever. Tournant le dos à Sitael, elle recula vers ce dernier et s'arrêta jusqu'à ce que son dos l'ait atteint. D'ordinaire, elle se serait délectée de ce contact physique. La frayeur avait pourtant pris une ampleur non-négligeable sur ses réactions habituelles. Elle se plaça en retrait, derrière l'épaule d'Astaroth, pratiquement collée au bras de ce dernier. Le regard toujours rivé sur le Pacificateur qui leur faisait face, la jeune femme empoigna la manche de son ami et tira un peu dessus, l'intimant silencieusement à partir en sa compagnie. Ce genre de geste, un peu enfantin, lui octroyait de douces réminiscences lorsque, petite, elle poursuivait Sitael dans tout le onzième district. L'apothicaire contracta ses doigts autour du poignet de son compagnon. Leur opposant, toujours libre, fourra sa main droite dans une de ses poches et, quelques secondes plus tard, brandit la pointe d'une alêne en direction du vainqueur.
« D'abord, je vais m'occuper de toi. Ensuite, ce sera au tour de ta petite copine. » Cracha l'homme en esquissant un pas menaçant vers Sitael. « Tu seras encore en vie pour la voir souffrir. » Collant sa poitrine contre le bras d'Astaroth, réduisant jusqu'au néant la distance entre leurs deux corps, Pandore tentait de le faire reculer, oubliant presque l'autre Pacificateur – celui au poignet tordu.
« Partons, Sitael, je t'en prie... » Souffla la jeune femme en tirant sur le tissu sombre qui recouvrait l'avant-bras de son compagnon.
Elle leva son visage candide en direction du profil de son ami, cherchant à déceler les traits de sa figure, mais n'y découvrit que sa capuche. Vision moins attrayante mais elle s'en contenterait. Frissonnante d'effroi, Pandore continuait tout de même à tirer sur la veste de Sitael, souhaitant en finir au plus vite avec cette histoire. Le regard rivé vers son profil, dissimulé sous sa capuche. Sa cuisse secouée de spasmes tamponnait fréquemment le masque attaché à la ceinture d'Astaroth. Leur assaillant, son arme brandie, s'avançait à présent vers eux, bien décidé à libérer son compagnon et à mettre ses plans à exécution. Sa joue collée contre le bras de Sitael, Pandore assistait à l'approche lente et précise du Pacificateur.
« Sitael, s'il te plaît ?... » Tenta-t-elle une dernière fois. Tête de mule. Elle savait pertinemment qu'il n'était pas le genre d'homme à s'incliner face à l'autorité – surtout lorsque celle-ci était imbibée d'alcool bon marché.
Pandore avait sous-estimé les réflexes du Pacificateur qui, d'un mouvement rapide, s'était rapproché d'eux. D'un geste leste du bras, son poing atteignit la mâchoire de la jeune femme qui, déstabilisée, tituba, lâcha le bras d'Astaroth et chuta. Rebondissant en atteignant le sol, elle poussa un hurlement de terreur en voyant l'homme pointer l'alêne en direction de la gorge de Sitael.
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Sujet: Re: ASTAROTH ◮ whispers in the dark. Dim 16 Sep - 12:01
« result of your stupidity. »
Un instant, on eut cru que le diable en personne était apparu devant le Pacificateur qui retenait toujours la jeune femme par les poignets. Mais qui était ce mec ? Il venait de stopper un coup sans même le regarder. Et de tordre le poignet du gars sans même produire le moindre effort apparent. Encapuchonné. Avec une voix grave, sombre et rauque. La voix de quelqu'un qui n'avait pas l'habitude de parler sans discontinuer. La voix d'un homme silencieux. Blessé. Terrifiant. Oui. L'espace d'un réel instant, l'alcool embrumant ses esprits, le Pacificateur crut que le diable avait rappliqué. Mais Astaroth n'avait rien du diable. Absolument rien du tout. Il n'avait rien non plus d'un chevalier servant, ou d'un quelconque super héros venu secourir une jolie demoiselle en détresse. Il était un homme. À la stature imposante, certes, mais un homme tout de même. Rien de plus, rien de moins. Il avait acquis des réflexes au combat, et savait réellement bien se battre, en plus d'être impressionnant physiquement. Mais il n'était rien de plus qu'un être humain. Animé par la peur, la haine, et un désir de vengeance dévorant. Mais un être humain.
Finalement, l'homme lâcha la jeune femme. Celle-ci recula vers son sauveur, doucement, apeurée, après avoir réussi à se relever. Elle finit par le heurter légèrement. Astaroth ne bougea pas d'un millimètre, la laissant s'accrocher à son bras à la manière d'une bouée de sauvetage. À nouveau, la scène sembla figée dans le temps, stoppée par un mécanisme qui dépassait l'entendement humain. Mais les choses restent rarement telles qu'elles sont bien longtemps. Et très vite, tout s'accélèra. Leur agresseur empoigna une alêne, la pointant vers eux d'un air agressif. Quelques instants, le vainqueur se demanda ce que l'autre comptait faire avec un si ridicule petit objet. Il comptait s'en servir de fléchette ? Vu son taux d'alcoolémie, il allait falloir viser l'arbre à cinq mètres pour espérer atteindre le petit doigt d'un des deux civils du onze. Aussitôt, il trouva utile de proférer des menaces. Ben voyons. On y croit tous. Si Astaroth avait eu l'habitude de plaisanter un peu, sûrement lui aurait-il demandé ce qu'il allait faire avec son jouet. Mais en l'occurrence, il n'avait pas pour habitude de lancer des paroles dans le style. Du vent, à son sens. Et puis, mieux valait ne pas provoquer le Pacificateur. Ce n'était qu'une alêne. Mais sait-on jamais. Un homme bourré non-entraîné peut déjà être dangereux. Alors imaginez quelqu'un qui a suivi un entraînement. Non, Sitael ne bougea pas d'un pouce. Il se contenta de regarder l'autre s'approcher, n'accordant aucune importance au second Pacificateur qui essayait de se dégager de sa poigne d'acier en geignant comme un enfant. Il gigotait, gigotait. Et Astaroth se contentait de continuer de serrer un peu plus à chaque fois qu'il mettait de l'insistance à s'échapper. Vue de l'extérieur, cett scène aurait pu s'avérer comique. Très comique. Mais pour ceux qui la vivaient, c'était un cauchemar. Comme toutes les scènes du genre.
Et soudain, l'autre Pacificateur s'avança brutalement. Enfin. Comme un homme imbibé d'alcool, quoi. Avec des réflexes supérieurs à la normale, mais complètement bourré, et diminué par l'alcool qui circulait dans ses veines. Aussitôt, le vainqueur sentit la jeune femme arrachée à son contact. Le coup avait fusé sur son doux visage, la projetant plus loin. Mais il n'avait pas le temps de s'en préoccuper, pour le moment. Il était resté totalement sourd à ses supplications. Et il fallait bien qu'il assume tout cela. Bien que de toute manière, il paraissait évident que les deux hommes avaient été blessés dans leur amour propre. Et qu'ils n'auraient pas abandonné l'affaire comme cela.
La douleur qui persistait dans le crâne de Sitael l'empêcha tout d'abord d'avoir le bon réflexe. Il recula, alors que la pointe de l'alêne fusait vers sa gorge. En un battement de cil, il la vit se rapprocher encore. Hmpf. Il se déplaça légèrement sur le côté, évitant de se faire embrocher la jugulaire. Une entaille se creusa néanmoins sur sa peau. Mais il avait esquivé le pire. Et de très loin. Aussitôt, son agresseur repartit à la charge. Entre temps, la capuche de notre ours était tombée, laissant voir son visage. Mais l'autre ne sembla pas le reconnaître. Tant mieux. Sèchement, sans lâcher la main de l'autre Pacificateur, Astaroth attrapa le poignet de l'homme qui l'agressait. Ses deux mains étaient occupées. Malheureusement pour lui. Son ennemi eut un rictus mauvais. Et il ne comprit que trop tard ce que cela signifiait. Okay rectifions. Un homme bourré qui avait de la ressource. Notre vainqueur sentit une lame entailler sa chair au niveau de l'abdomen, transperçant son sweat. Il lâcha un hoquet de surprise, ainsi que de douleur. Bien vite, l'autre retirait sa petite dague, se préparant à asséner un deuxième coup. Malheureusement pour lui, Sitael n'était pas du genre à se laisser avoir deux fois par le même coup. En un éclair, il retourna le bras du premier Pacificateur qui essayait brutalement de s'échapper, lui luxant l'épaule. Puis il le lâcha, le laissant hurler comme un cochon qu'on n'aurait qu'à moitié égorgé. Chochotte. Après quoi il fit une clé de bras à son autre assaillant, esquivant son coup de couteau. Et là, il fit peut-être la plus grosse erreur de sa vie. Il termina sa clé de bras en poussant le poignet de son agresseur vers son dos. Lui tordant méchamment le tout. Mais surtout, le faisant se poignarder en haut du dos. L'autre hurla à la mort, tandis qu'Astaroth lui ôtait l'alêne, toujours en lui tenant le poignet, clément. Il n'allait pas le laisser avec sa propre arme dans le dos quand même. Ça serait mal passé. Puis, il le lâcha. L'autre tomba en gémissant sur le sol, tandis que son compagnon pleurait son épaule et son poignet, aveuglé par la rage. Le vainqueur se tourna vers sa protégée, considérant que ses agresseurs avaient leur compte. Il garda une main plaquée sur la plaie causée par le couteau, essayant de la dissimuler au maximum malgré le sang qui s'en échappait en un petit flot chaud et presque agréable. En réalité, entre la douleur de son abdomen et la douleur de sa tête, le pauvre Sitael n'arrivait plus bien à percevoir ce qui l'entourait. Il aurait fallu qu'il remette son masque. Mais sa seule priorité était d'aider la jeune femme. Pandore.
Il s'approcha d'elle, lui encerclant la taille de son bras libre, l'aidant à se relever, sans se soucier aucunement de la douleur imputée à sa plaie. Espérons que ce salaud avait la clairvoyance de chouchouter sa lame comme les autres débiles qu'on pouvait voir. Ainsi, ça aurait réduit les chances du nounours de choper une saloperie. M'enfin. Avec une apothicaire, il était entre de bonnes mains. Il garda sa main pressée sur sa plaie, le souffle un peu court. Et inconsciemment, il ne la lâcha pas tout de suite, conservant son bras enroulé autour de sa silhouette frêle.
« Est-ce que tout va bien ? » demanda-t-il doucement.
Non. Bien sur que non ça n'allait pas bien. Elle saignait. Et il le voyait bien, même avec le regard voilé par sa propre douleur qui commençait à devenir insoutenable. Il se racla la gorge, relâchant la taille de la jolie blonde, essuyant le sang qui perlait au coin de ses lèvres d'un revers du doigt, ôtant délicatement les cheveux qui barraient son visage et qui s'accrochaient à l'hémoglobine ou à ses lèvres vermeilles. Il cligna des yeux, fuyant involontairement son regard à cause de sa souffrance. Shit. Il allait falloir qu'il remette son masque. Il n'allait pas tenir le coup sans. Pas sans s'évanouir. Sa vue se brouillait de plus en plus, sans qu'il puisse l'en empêcher. Il s'écarta légèrement d'elle, chancelant. Il ne voulait pas remettre cette chose. Il voulait être normal. Être normal, avec elle. Mais c'était impossible. Et ça resterait impossible.
Il tenta de se stabiliser, de la regarder avec un regard le plus rassurant possible. En vain. Mais il restait absorbé par elle. Bien que ne la regardant qu'au travers de sa souffrance. Absorbé. Bien trop absorbé. Au point de n'absolument pas remarquer ce qui venait derrière lui. Ni même de le sentir arriver. Serpent venimeux, silencieux. Même pour un combattant aussi expérimenté que lui.
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Sujet: Re: ASTAROTH ◮ whispers in the dark. Lun 17 Sep - 2:04
fire to the third bar.
Their words, mostly noises, ghosts with just voices. Your words in my memory are like music to me. I'm miles from where you are, I lay down on the cold ground and I, I pray that something picks me up and sets me down in your warm arms.
Les yeux écarquillés, à mi-chemin entre la terreur et l'appréhension, Pandore regardait alternativement le Pacificateur et Sitael. Les joues baignées de larmes. Les lèvres entrouvertes d'où s'échappaient quelques uns de ses soupirs. Sa poitrine soulevée en cadence. L'alêne fusa vers la gorge d'Astaroth. Une petite entaille se creusa sur sa peau. Alors que l'homme brandissait une nouvelle fois son arme, le vainqueur lui enserra le poignet, arrêtant son mouvement in extremis. Sortant brusquement de sa tétanie, Pandore hurla le prénom angélique de son compagnon lorsque son assaillant, redoublant d'ingéniosité et profitant du fait que Sitael avait les deux mains prises, enfonça la lame d'une petite dague dans l'abdomen de son ami. Elle plaqua une de ses mains contre sa bouche vermeille, étouffant les sanglots bruyants qui s'y accumulaient. Elle tenta de se relever mais chuta, incapable de coordonner ses mouvements. Ses paupières se fermèrent et elle baissa la tête, la main toujours plaquée contre ses lèvres, en entendant le craquement bien reconnaissable d'un os qui se brise. Des hurlements, toujours des hurlements. En rouvrant enfin les yeux, elle vit les deux hommes à terre. L'un comme l'autre avaient le visage défiguré par la douleur. Elle releva sa figure candide, bien qu'interloqué, vers Sitael. Il avait la main fermement posée contre sa plaie et du sang colorait ses doigts. Pandore baissa les yeux.
Astaroth se baissa, encercla la taille de l'apothicaire de son bras libre et l'aida à se relever. Elle empoigna le tissu de son sweat, se rendant à présent compte que sa capuche était tombée et que sa figure était découverte. Il avait un beau visage. Timidement, la jeune femme renforça l'étreinte qu'elle octroyait au vêtement de Sitael. En un instant, Pandore fut tentée de laisser glisser ses doigts le long de ses traits fins et de redessiner le contour de ses lèvres. Elle n'avait pas vraiment l'habitude de le voir sans son masque – elle le voyait plus souvent sans t-shirt, ce qui n'était pas pour lui déplaire – et, pourtant, l'effet qu'il lui procurait ne différait en rien, que son visage soit ou non dissimulé. Plusieurs de ses désirs la consumaient. Cette proximité physique la troublait. Sous la pulpe de ses doigts, même à travers le tissu épais, Pandore ressentait la chaleur corporelle de Sitael. De nombreux frissons lui parcoururent la colonne vertébrale alors qu'il ne relâchait toujours pas sa taille, un bras fermement enroulée autour de celle-ci. En y réfléchissant, il lui aurait été tellement facile de se hisser sur la pointe des pieds et de frôler les lèvres d'Astaroth. Il lui aurait été tellement simple de goûter à cette saveur inconnue. Son regard glissa le long du nez du vainqueur et s'arrêta sur l'objet de ses désirs. Son cœur se compressa brutalement dans sa cage thoracique mais, cette fois-ci, la frayeur n'y était pour rien.
La voix, douce, de Sitael fit revenir Pandore sur terre. Si tout allait bien ? Elle ne répondit pas, le regard toujours rivé en direction de son visage. Elle ne le voyait jamais assez et, pourtant, elle avait besoin de s'en délecter. Le bras d'Astaroth quitta sa taille – elle rompit également le contact qu'elle octroyait à la veste du vainqueur. Du revers du doigt, il essuya le sang qui perlait à la commissure de ses lèvres et dégagea les mèches blondes qui dissimulaient une partie de son visage. Alors qu'il fuyait son regard, elle essayait de ne pas lâcher le sien. Il avait beau prendre tous les airs qu'il voulait – du sensiblement détaché au profondément mauvais –, Pandore savait qui il était réellement. Il n'était pas seulement le garçon avec qui elle voulait se marier lorsqu'elle était petite, ni celui à qui on l'avait arrachée lorsqu'il était revenu des Hunger Games. Il n'était pas seulement l'homme qu'elle regardait en coin, sur qui elle veillait, avec qui elle parlait, celui qu'elle aimait. Il était tellement plus que tout cela. Il souffrait constamment mais jamais il ne faiblissait. Elle ne comprenait pas toujours pourquoi il s'évertuait à la fuir, se montrant à la fois tendre et distant à son égard.
Du côté de Pandore, la tension avait atteint son paroxysme. Il lui fallait juste l'impulsion nécessaire et elle était prête à faire rencontrer leurs lèvres. Le voir chanceler fissura cependant cette belle bulle qu'elle avait formée autour d'eux. Inquiète de le voir ainsi s'éloigner d'un pas, elle tendit les bras en avant et, doucement, pressa ses paumes sur les coudes de Sitael. Son regard, bien qu'absorbé par celui de son compagnon, fut inexorablement attiré par le masque de ce dernier, attaché à son pantalon par ses lanières. Il en avait besoin, c'était évident. Avalant sa salive avec de grandes difficultés, elle reporta son attention sur le visage d'Astaroth. Ses lèvres s'étirèrent d'elles-mêmes en un petit sourire où se reflétait tout la gratitude qu'elle ressentait. Lentement, tendrement, elle posa sa paume contre le dos de la main de Sitael – celle qui compressait sa blessure. Instantanément, sans s'en rendre véritablement compte, son visage candide se fissura. Elle portait le blâme de cette plaie et de la douleur qui en résultait.
Un petit regard rapidement jeté derrière l'épaule de Sitael fit frémir Pandore. D'un coup sec de l'épaule, elle bouscula son compagnon, de sorte à ce qu'elle se trouve entre lui et le Pacificateur. Celui-là avait l'épaule déboîtée. Son copain braillait à en perdre haleine, le dos en sang, étendu de tout son long, face contre terre. Plus jamais ils ne s'amuseraient à taquiner une personne telle qu'Astaroth – et Pandore s'en fit le serment. Ce fut à son tour d'arborer une moue particulièrement mauvaise. Elle avait, sur les doigts, le sang de Sitael. Ce fut largement suffisant pour la pousser dans ses derniers retranchements. Elle balança son pied en arrière, afin de prendre un minimum d'élan, et l'envoya dans l'entrejambe de son adversaire. Pandore supposait qu'un coup dans la virilité d'un homme équivalait, pour les femmes, à une souffrance atroce au niveau de la poitrine. Alors, en effet, elle savait où ça faisait mal. Et elle se battait comme une fille, chose dont elle n'avait présentement pas honte. Sans souffler mot, elle tendit une fois encore sa jambe et rencontra le menton du Pacificateur du bout de sa chaussure. Le choc fut violent mais il eut le privilège de terrasser l'homme. La douleur qui vrilla le pied de Pandore fut présente mais moindre.
Sans un mot, le visage fermé et toujours quelque peu fébrile, elle se retourna vers Astaroth et le força à lui faire face. Elle se baissa et défit les liens qui enserraient le masque de l'homme à son pantalon. Ce masque la rebutait autant qu'il la fascinait. Une fois en main, elle laissa son regard parcourir les contours artistiques qu'il arborait, sans pour autant y prendre un quelconque plaisir. Elle se rapprocha de son compagnon d'un pas presque intimidé et, doucement, passa ses deux bras autour de sa nuque afin de nouer les lanières du masque autour de son crâne, lorsque celui-ci fut correctement placé contre sa bouche et son nez. Après quelques secondes de labeur, où Pandore refusa la moindre aide du principal concerné, elle recula légèrement son buste afin d'observer le résultat. Doucement, elle posa ses paumes sur les joues partiellement recouvertes de Sitael. Elle attira son visage au sien et posa brièvement ses lèvres contre la partie métallique sous laquelle était censée se trouver sa bouche. Le temps d'un battement d'aile d'un papillon ; ce fut terminé. C'était plus simple, plus clair, plus évident.
Elle recula d'un pas, les mains liées derrière son propre dos, le regard baissé vers la pointe de ses chaussures.
« Est-ce que je peux te soigner ? » Demanda-t-elle d'une petite voix, vaguement consciente d'être allée au-delà de ses limites habituelles. « Ch-chez toi ? Ta maison est à deux pas et je crois que Dorabella doit dormir à cette heure-ci. Elle est en-enceinte, je ne préfère pas la réveiller en sursaut. Enfin, tu-tu sais, les hormones font faire de drôles de choses. Elle risquerait de nous attaquer à grands coups de poêle ou de nous scalper sans le vouloir. » Rajouta-t-elle d'une voix chevrotante, bafouillant quelque peu.
Une seule et unique idée lui trottait dans la tête. Une seule. Elle avait embrassé un masque. Un foutu masque.
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Sujet: Re: ASTAROTH ◮ whispers in the dark. Lun 17 Sep - 22:50
« color my life with the chaos of trouble. »
Bien qu’il joue les hommes forts et sans failles, il fallait bien avouer que tout colosse qu’il était, Sitael commençait à voir le monde vaciller autour de lui. Il se sentait basculer de droite à gauche, comme une impression de tanguer, presque d’être sur un bateau au milieu d’une mer agitait. Le tout bercé par une souffrance violente, à la limite du supplice. Les gens avaient beau compatir, dire qu’ils imaginaient, ils n’avaient pas la moindre idée du mal qui torturait l’ancien tribut du onze. Ils ne savaient rien du tout. Ils croyaient que c’était comme une migraine, en cent fois pire. Mais ils n’avaient jamais vécu une migraine en cent fois pire. Alors comment pouvaient-ils espérer savoir ce que cela faisait ? Et même s’ils l’avaient vécu… C’était encore pire que cela. Alors comment faisait Astaroth pour vivre avec cette douleur, me demanderez-vous ? Il avait l’habitude, tout simplement. Il avait l’impression qu’avec le temps, son supplice lorsqu’il enlevait son masque avait diminué, mais ce n’était nullement le cas. Il restait identique à lui-même. Parfois peut-être pire que d’autres, certes, son humeur était d’ailleurs un des facteurs qui régulait cela. Mais dans l’ensemble, c’était grossièrement la même chose. Mais comme tout, il avait fini par s’habituer. Il savait ce que c’était. Il y était mentalement préparé. Et son corps était soumis à cette douleur si souvent que c’était devenu normal. Contre-nature, mais normal. Mais là… Là, c’était une toute autre paire de manche. Si son organisme était quelque peu habitué à faire ressentir le supplice moins intense à force de le subir, il n’était pas toujours enclin à encaisser d’autres douleurs. Et comme à chaque fois qu’une blessure autre était causée au vainqueur, tout débordait, tout explosait. Comme si sa souffrance n’avait été qu’économisée. Mise de côté, pour une large partie. Et que maintenant, tout éclatait au grand jour, le submergeant, l’empêchant d’avoir la moindre petite pensée claire. Il n’en pouvait plus. Sa respiration était brève, saccadée. Il la cherchait, et ça s’entendait tout autant que ça se voyait. On aurait cru qu’il suffoquait, tandis qu’il tentait de retrouver un peu de contenance, s’inquiétant davantage de la petite puce qu’il avait sous les yeux que de lui-même. Il tenait sa plaie bien comprimée sous sa main, ne prêtant pas attention à la douleur lancinante que cela provoquait. Il se contentait d’essayer d’arrêter le saignement, tout en ayant bien conscience que cela ne servait pas à grand chose. Mais il s’en fichait. Rien ne comptait plus que Pandore, ses beaux yeux, et le sang qui s’échappait de ses blessures. Et même s’il était à deux doigts de tomber, il continuait de lutter. Pour elle.
Mais soudain, il se sentit écarté. Il tituba lourdement, perdant l’équilibre. Il manqua de tomber, ses jambes se mirent à flageoler, la douleur lui faisait perdre pied. Mais il se rattrapa de justesse, s’appuyant à un arbre disposé là, qui était véritablement le bienvenu. Lorsqu’il eut cligné des yeux plusieurs fois, afin de reprendre un peu ses esprits, et de chasser le brouillard de souffrance qui s’amassait progressivement devant son regard, il vit un spectacle qui lui fit se demander s’il n’était pas déjà parti, déjà ailleurs. Peut-être même déjà mort. L’homme à l’épaule luxée gisait au pied de Pandore. Il ignorait totalement ce qu’elle lui avait fait, mais elle l’avait achevé. Et c’était peut-être ce qui laissait croire à Astaroth qu’il rêvait. Elle était trop fragile, trop faible. Elle n’aurait pas fait du mal à cet homme, quand bien même il aurait tenté de la violer. Alors, le vainqueur accepta l’idée que tout ceci était un rêve. Malgré la douleur bien présente. Le sang chaud couvrant sa main droite, toujours appuyée sur sa blessure. Malgré le tronc rugueux de l’arbre sur lequel il laissait maintenant reposer son dos. Ses yeux étaient baignés de larmes qu’il ne pouvait retenir, mais qui refusaient de couler le long de ses joues. Elles restaient, voilant ses prunelles, l’empêchant de voir correctement le visage doux de la jeune femme. Il avait envie de se laisser glisser contre le tronc. De fermer les yeux, et de se laisser mourir. Il n’en pouvait plus. De ce masque, de cette identité que cet objet lui imposait. Il ne voulait plus avoir à le porter. Il n’avait plus envie d’être le monstre du district onze. Ni le monstre pour personne.
Il sentit le contact familier du métal et des lanières de cuir se positionner sur son visage. Il ferma les yeux, ne bougeant pas, laissant sa protégée remettre l’objet en place. Son objet. Son masque. Il ne serra même pas les dents. Abattu. Ses muscles étaient détendus. Il ne forçait pas, il ne se forçait à rien. La douleur de son crâne allait bientôt disparaître. Bientôt… Lorsqu’elle se recula pour contempler son travail, il leva les doigts vers son visage, serrant le petit tube de métal au niveau de ceux de sa bouche, qui permettait d’instaurer la pression sur son visage. Il sautait automatiquement lorsque Sitael enlevait son masque, mais il fallait le remettre manuellement après. Doucement, il laissa sa main retomber contre son corps, les yeux toujours embués de larmes. Et soudain, il eut la confirmation que tout ce qu’il vivait était bien un rêve. Les doigts de la jeune femme sur ses joues. Ses lèvres s’approchant de son masque, douces et tendres. Puis se posant sur le métal, à l’endroit où lui aurait dû avoir sa bouche. Il ferma doucement les yeux. C’était un rêve. Des choses pareilles n’arrivent pas dans la réalité. Un rêve mêlé d’un cauchemar. Elle l’avait embrassé. Mais bordel. Elle avait embrassé ce foutu masque. Cette chose qui l’handicaperait jusqu’à la fin de sa vie. Doucement, il rouvrit les paupières, alors qu’elle rompait le contact. Non. Tout ceci semblait bien réel. Il décolla sa main de sa plaie. Le sang chaud poissait sur sa peau. Non. Tout ceci était réel.
Les cils du vainqueur battirent doucement, durant quelques secondes. La douleur avait quitté son crâne. Mais il ne pouvait s’empêcher de tenter de se remettre de ses émotions. C’était difficile. Compliqué. Il ne comprenait absolument rien à ce qui était en train de lui arriver. Il ne voyait pas du tout pourquoi elle l’aurait embrassé, quand bien même il n’était pas dans un rêve. Il n’avait rien d’attirant. Il était violent. Monstrueux. Et qu’est-ce que cela voulait dire, hein ? La voix de l’apothicaire le tira de ses pensées. Il la dévisagea quelques instants, au travers de ce voile larmoyant qui recouvrait toujours ses prunelles. Il déglutit lentement, alors qu’elle proposait de le ramener chez lui pour le soigner. Il resta face à elle, ne bougeant pas d’un poil, se contentant de baisser doucement son visage masqué vers le sien. Il était légèrement plus grand, et cela ne le gênait nullement ; mais en cet instant, où il était simplement à la limite de poser son masque sur le front de sa petite protégée, il s’en félicitait. S’il avait été à sa taille, son masque aurait été sur ses lèvres. Ce n’était pas qu’il n’en avait pas envie ; il n’était juste pas sûr d’être prêt à le faire. Ou plus exactement, il s’interdisait l’idée d’être prêt à le faire. Il n’était pas ce qu’il fallait pour Pandore. Elle méritait bien mieux.
« D’accord. » murmura simplement le vainqueur, fermant doucement les yeux durant quelques secondes, avant de les rouvrir, les laissant cependant mi-clos.
Un simple d’accord. Rien d’autre. Même pas une réponse à son baiser. Pas même un commentaire, ou une manifestation d’une quelconque impression. Mais en réalité, le silence derrière lequel se cachait Sitael, agrémenté de sa réponse simple, en disait bien plus sur ce qu’il pensait et ressentait en cet instant que toutes les paroles vaines du mondes. Il ne voulait jamais que Pandore le soigne, d’ordinaire. Il voulait se débrouiller seul, et trouvait sans cesse des prétextes pour qu’elle sen aille. Et si ce baiser lui avait déplu, il aurait refusé encore plus catégoriquement qu’elle ne le soignât. Or, il n’était rien de tout cela. Il avait accepté. Et avait conservé le silence face à son témoignage de ce qui semblait être davantage que de l’affection. Pour quelqu’un qui aurait connu Sitael à la perfection, tout ceci aurait pris son sens. Même pour elle. Mais pour une femme sous le choc de sa propre action, et qui aurait attendu une démonstration manifeste, peut-être cela passerait-il inaperçu. Mais Astaroth, lui, n’arrivait pas à faire passer inaperçus à sa conscience les battements pressés de son cœur. C’était impossible. Et s’il se fichait bien de la signification de tout ceci, il commençait à être troublé. Et rien que cette idée le troublait encore davantage. On a pas fini, c’moi qui vous le dit.
Dernière édition par S. Astaroth Blackward le Dim 23 Sep - 17:41, édité 1 fois
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Sujet: Re: ASTAROTH ◮ whispers in the dark. Mer 19 Sep - 2:08
it doesn't matter.
It doesn't matter what I want, it doesn't matter what I need. If you've made up your mind to go I won't beg you to stay. You've been in a cage, throw you to the wind you fly away.
Un mot. Un simple mot passa les lèvres du vainqueur. Un mot étrangement éraillé à cause de son masque. En un instant, Pandore se sentit perdre pied. Tout son corps tremblait, des fourmillements parcouraient sa colonne vertébrale et sa vision était devenue trouble. Elle n'arrivait pas à distinguer les expressions faciales de Sitael, celles-ci étant partiellement dissimulées derrière son fardeau métallique. Il acceptait de se faire soigner mais était-elle réellement prête à panser ses plaies ? Ces dernières résultaient après tout d'une situation dans laquelle elle l'avait entraîné – bien malgré elle, évidemment. Mais ce n'était même pas cela qui attisait l'incompréhension latente de Pandore, oh non. Elle l'avait embrassé. Elle avait goûté à la saveur du masque d'Astaroth, là où sa bouche aurait dû se trouver. Là où leurs lèvres auraient dû se rencontrer. Et son compagnon n'en avait cure. Il n'avait entraîné aucune remarque à ce propos, se désolidarisant totalement du comportement étrange de sa vis-à-vis. Pandore baissa enfin les yeux mais se tint droite, immobile, les mains jointes dans son dos. S'il agissait comme rien ne s'était passé, comme si elle n'avait rien fait, alors soit. Elle ferait de même, histoire de ne pas paraître trop idiote.
Une mèche de ses cheveux blonds s'égara au milieu de son front, taquinant de tout son long l'arête de son nez et mourant au centre de ses propres lèvres. Doucement, elle la fit glisser derrière son oreille, évitant soigneusement de contempler son interlocuteur. Son sauveur. Tout aussi discrètement, elle hocha la tête, tendit le bras, hésita. Finalement elle saisit une manche du sweat de Sitael et, sous la pulpe de ses doigts, frissonna lorsque sa peau frôla la sienne. Elle ne lâcha pas le tissu de son vêtement, souhaitant entretenir un contact avec lui même si celui-ci n'était pas charnel. Doucement, elle tira un peu sur sa prise et commença à avancer, évitant avec grand soin son regard, ne se sentant pas capable de le dévisager pour l'instant même si elle en mourrait d'envie. Le silence, bien que gênant habituellement, était apaisant. Ils marchaient, l'un à côté de l'autre. Simplement, doucement. Pandore glissa un coup d’œil rapide et timide à Sitael, avant de le reporter vers un point invisible au loin. Il ne la dégoûtait pas malgré ce qu'on pouvait dire de lui. Il ne l'avait jamais dégoûtée, bien au contraire.
Certaines douces réminiscences lui revinrent en mémoire. Petite, elle avait aimé lui courir après, sauter sur son dos et enrouler ses bras autour de son cou, jouer avec ses doigts lorsqu'il lui en laissait la possibilité. Et puis vinrent les Hunger Games, plus précisément l'édition où Sitael fut appelé pour représenter le onzième district. Lorsqu'il revint, tout était déjà brisé. On le haïssait, on le pointait du doigt. Pandore n'avait jamais vraiment su pourquoi, ne s'y étant pas réellement intéressée lorsqu'elle avait repris contact – de force – avec Astaroth. Elle pensait que la seule et unique cause de cette haine palpable était le masque métallique qui parvenait à drainer la douleur que Sitael ressentait. Ce fardeau était loin d'être attrayant. Même si Pandore s'approchait lentement mais sûrement de la vérité, elle y était encore bien loin. Il lui était cependant difficile d'imaginer autre chose. Pour elle, tout n'était qu'une question d'apparence. Avec orgueil, Pandore se targuait d'être l'une des rares personnes à savoir que Sitael était un homme étonnement beau.
La jeune femme avait perdu son sac, qui contenait des bandages et des petites fioles, durant sa première rixe avec les deux Pacificateurs. Mais elle ne souffla mot à ce sujet. Elle pensait à autre chose. Elle tentait de contrôler les battements précipités de son cœur et de refouler les frissons qui parcouraient son bas-ventre. Elle en voulait plus, toujours plus. Que n'aurait-elle pas donné pour un véritable baiser ? Le masque qu'elle avait précédemment embrassé faisait partie de Sitael ; au fil des années, il était devenu une partie importante, voire essentielle, de son être – du moins Pandore le supposait. Il ne fallait cependant pas s'y méprendre. Une véritable étreinte entre leurs lèvres aurait été sûrement plus savourée et appréciée. Rapidement, ils arrivèrent à destination. Se mettant en retrait afin de laisser passer son ami devant elle, Pandore appréhendait le moment où elle devrait toucher sa peau nue. Ses paumes la brûlèrent presque instantanément – cette douleur semblait physique alors qu'elle ne résidait que dans son esprit. Après ce qu'elle avait fait, il lui serait sans doute bien compliqué de faire son travail sans rougir. Ses pommettes se colorèrent d'ailleurs dès qu'elle franchit l'encadrement de la porte d'entrée, à la suite de Sitael. Lentement, Pandore referma la porte derrière elle, avalant sa salive avec de grandes difficultés.
« Enlève tes vêtements. » Ordonna-t-elle enfin d'une voix basse, sans même oser le regarder, le regard obstinément dirigé vers la pointe de ses chaussures. « Et assieds-toi. »
D'un geste prudent, Pandore se débarrassa de sa propre veste, la posant sur le dossier d'une chaise. Sa peau était devenue bleutée autour de ses poignets. Sa joue gauche était rouge mais il n'était plus question de rougissement intempestif – quoi que si, à bien des égards. Sa lèvre supérieure était fendue sur le côté droit. Glissant ses doigts dans la poche de son pantalon, elle en ressortit un petit rouleau de bandage à peine entamé. Elle leva son visage candide en direction de Sitael et s'immobilisa en entrapercevant les muscles saillants de son torse. Le sang qui découlait encore de son abdomen la fit frémir et, gênée, elle commença à mordiller sa lèvre inférieure. Toujours silencieuse, elle déchira un bout de bandage qu'elle froissa. Elle saisit alors une bouteille dont elle renifla le goulot. L'absence d'odeur lui signifia qu'il ne s'agissait que d'un récipient rempli d'eau. Pour l'instant, Pandore ne pouvait pas octroyer à Sitael les soins qu'elle aurait aimé lui dispenser. Elle voulait cependant l'aider avec les moyens mis à sa disposition. Tremblante, elle versa un peu de liquide sur le bandage froissé et garda la bouteille en main.
A présent postée aux côtés de Sitael, elle posa le récipient sur le sol. Les genoux légèrement fléchis, le nez à quelques centimètres de sa blessure, elle inspectait consciencieusement l’entaille profonde qui avait perforé son abdomen - non sans ressentir un profond désarrois à sa vue. Lentement, elle plaqua le bandage imbibé d'eau sur la plaie, essayant d'en essuyer le sang séché. Ses doigts flirtaient déjà avec la peau de Sitael. Il était brûlant, presque fiévreux. Son regard croisa brièvement le sien. Il aurait été facile pour Pandore de se redresser et de poser ses lèvres dans le creux du cou d'Astaroth. De mordiller le dénivelé de ses épaules. De s’asseoir sur ses cuisses, face à lui, et de défaire les liens de son masque. Elle n'en fit rien. Évidemment. Compressant de ses deux mains le pansement mouillé, Pandore ne donnait pas même la peine de combler ce silence – qu'elle prenait habituellement un malin plaisir à meubler. Oh, rien ne lui échappait mais le plaisir coupable, qu'elle éprouvait généralement à se délecter d'une vision aussi délicieuse que lui accordait Sitael, s'était brutalement atténué. Elle avait peur des désillusions. Peur de ce qu'elle pourrait voir en plongeant son regard azuré dans celui, plus sombre, de son vis-à-vis.
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Sujet: Re: ASTAROTH ◮ whispers in the dark. Dim 23 Sep - 0:12
« there’s no limit to dreams. »
Astaroth était perdu. Vide. L’amas d’émotions qui remuait au fond de son être était si chaotique qu’il ne parvenait pas à en dégager le moindre sentiment concret. Il aurait voulu dire quelque chose, rompre ce silence qu’il avait instauré avec son accord si simple et si… Déplacé. Hors du contexte. Bordel. Elle l’avait embrassé. Par-dessus le masque, certes, mais embrassé tout de même. Et lui… « D’accord. » ? Qu’est-ce que ça voulait dire, hein ? Il aurait pu manifester davantage, tout de même, lui montrer qu’il n’en avait pas rien à faire, qu’il éprouvait à son tour quelque chose ! Mais justement, là était le problème. L’origine de son malaise. Il n’avait aucune idée de ce qu’il ressentait à son égard. Il était paumé. Complètement paumé. Il avait suivi la jeune femme sans rechigner, et s’était assis sur une chaise, comme elle le lui avait demandé, tentant d’oublier la douleur de sa plaie. Maintenant que celle de son crâne s’était estompée, grâce à son cher et bien aimé masque, c’était plus simple. Infiniment plus supportable. Il avait enlevé son sweat, grimaçant au-dessous de la paroi de métal qui dissimulait sa bouche aux yeux du monde. Ça restait extrêmement douloureux. Un coup de poignard, quoi. Il avait baissé les yeux vers la plaie, qui était nette, fort heureusement. Elle avait l’air suffisamment profonde comme ça, déjà. Mais il avait l’impression que ce n’était pas si grave. Juste des muscles et des tissus d’endommagés. Pas d’organes vitaux touchés. Tant mieux. Il allait avoir encore une vilaine cicatrice, mais ça allait passer. Ça finissait toujours par passer ; et alors, les marques de son corps devenaient partie intégrante de son histoire. Mais ce jour-là, Astaroth ne pensait pas le moins du monde à sa prochaine cicatrice, ni même à sa douleur. Sa tête était baissée, son regard semblait fixé sur son jean, alors qu’il avait posé son sweat sur sa table, se retrouvant torse nu face à elle. Mais lorsqu’elle s’interposa entre ses prunelles et son jean, il ne détourna pas les yeux. Il resta là. Noyé dans le vide, le regard voilé par l’indécision et le mal-être. Il déglutit doucement, serrant les dents au contact du linge mouillé sur sa blessure. Il se força à se détendre, évitant de contracter tous ses muscles ; ce n’était pas ce qui allait aider la jeune femme dans l’administration de ses soins. Et il n’avait pas envie que tout cela s’éternise. Il voulait qu’elle s’occupe de lui, elle et personne d’autre, mais plus vite elle pourrait le laisser seul avec son malaise, mieux il se sentirait. Mais pourquoi la fuir ? Toujours, et encore la fuir ?
Il se revoyait, adolescent. Avec cette petite blondinette qui lui courait après partout dans le district, son bouquet de marguerites dans la main, clamant haut et fort à qui voulait l’entendre que quand elle était grande, elle se marierait avec Sitael, le beau Sitael, le courageux Sitael. Les gens pouvaient bien rire, et ils avaient de quoi. Sitael, courageux ? Ce gamin pantouflard et trouillard, terrifié à la présence de la moindre araignée ? Mais quelle bonne blague. Et puis, il y avait eu les Jeux. La certitude que ce gosse allait y rester, et se pisser dessus pendant tout le long des Jeux. Et lui aussi, avait cru à cela. Et lorsqu’il avait vu cette petite du District 6… Cette gamine de douze ans… Pandore… Qui portait le même nom que la fillette de son District, celle qui lui courait après… Les événements s’étaient enchaînés, et il s’était retrouvé à la protéger après avoir tué la tribut de son propre district. Comme un paria. Mais c’était un choix personnel ; son choix. Personne n’avait le droit de le contredire, de le juger. Ils ignoraient ce que c’était, de se retrouver dans l’arène. Et pourtant, tout le monde l’avait regardé de travers. Sauf… Pandore. Mais c’était fini. Sitael était mort durant les Jeux, et bien que cette enfant ne semblât nullement effrayée par son masque, ni traumatisée qu’il ait assassiné une de ses aînées, lui ne pouvait plus la voir de la même manière. Ni même la regarder du tout. Il était seul. Perdu. On le haïssait, et il se détestait peut-être encore davantage. La petite Pandore des Jeux aurait dû rentrer chez elle. Et il l’avait tuée par sa stupidité. Parce qu’il avait été incapable de se douter du piège qu’on leur avait tendu, lui qui était d’ordinaire doté d’un instinct de survie à toute épreuve. Enfin. Le passé est le passé. Et on souhaiterait qu’il le reste, et que les choses avancent différemment. Mais dans le cas du vainqueur, tout semblait avoir stagné. La méfiance et le dégoût à son égard. Son statut d’homme masqué. Et ce qu’il éprouvait envers cette petite Pandore. Qui n’avait absolument rien à voir avec l’arène, mais qui pourtant lui rappelait tout. Et les voici, désormais. Vingt-trois ans plus tard. Mis mal à l’aise par un baiser, ou ce qui semblait s’en approcher le plus. Mais où étaient-ils passés, les deux enfants légers et souriants, adorables, porteurs de soleil et de bonne humeur ? Ils avaient disparu. Laissé place aux adultes, et à leur fardeau à porter. Et rien ni personne ne pourrait changer cela.
Sitael cligna tout doucement des yeux, chassant sans s’en apercevoir quelques larmes. Il déglutit à nouveau, laissant une de ses mains se poser sur la table, à proximité, et serrer doucement le tissu de son sweat. Il posa sa seconde main sur son masque, tâtant légèrement les petits tubes de métal qui le conservaient en vie. Il la laissait faire, réfléchissant toujours à la manière dont il aurait pu se rattraper. Il se sentait idiot, purement et simplement. Il n’avait pas l’habitude de ce silence entre eux ; silence qu’elle prenait d’ordinaire un malin plaisir à combler, qu’il soit consentant ou non. Mais là… Là, il aurait juste voulu qu’elle parle. Qu’elle dise quelque chose. Qu’elle fasse comme si de rien n’était. Merde à la fin. Pourquoi les choses étaient-elles toujours si compliquées ? C’était à lui. À lui de rompre le silence. À son tour. Il le savait, il en était conscient. Mais il n’avait pas le courage de le faire, de briser la glace ; les mots restaient bloqués dans sa gorge, se succédant tour à tour sans qu’il ait la moindre idée de celui par lequel commencer. Il ferma doucement les paupières, inspirant lentement. Très bien. Il allait parler. Trouver quelque chose à dire, et briser ce silence qui le mettait si mal à l’aise. Il entrouvrit ses lèvres dissimulées par son masque, prêt à se lancer. Mais là encore, sa voix mourut. Il serra les dents.
Il ne savait pas quel comportement adopter. De là où il était, il pouvait distinguer le visage de la jeune femme. Ses traits fins, agréables pour l’œil. Ses lèvres vermeilles, et la petite blessure qui y faisait perler quelques gouttes si détestables de sang. Ses yeux fixés sur la plaie dont elle s’occupait. Astaroth inclina délicatement les sourcils, les laissant adopter une position trahissant son chagrin. Il ne savait pas ce qu’il voulait. Il ne pouvait décemment pas lui rendre ses sentiments, si sentiments il y avait. Il lui aurait pourri la vie. Il aurait gâché tout ce qu’il y avait entre eux, leur amitié si sincère, malgré l’éternelle fuite que prenait le vainqueur face à elle. Et puis, même. Elle méritait bien mieux. Mais d’un autre côté… D’un autre côté… Non. Il ne pouvait pas écouter cet autre côté. Ça n’avait pas de sens. Rien de tout cela n’avait de sens. Il avait toujours été fait pour la solitude. Il la cultivait, comme on pouvait cultiver un jardin, avec soin et attention. Il avait bien des amis, des connaissances, des gens auxquels il tenait. Mais c’était différent. Il ne pouvait pas se permettre de se lancer. Pas comme ça. À nouveau, il ferma les yeux.
Il se souvenait d’une chose. D’un petit proverbe, que sa mère lui avait dit, lorsqu’il était petit, alors qu’elle lui caressait tendrement les cheveux pour le faire se remettre de ses peines.
Il leva une main vers les crochets de son masque, les défaisant un à un dans un geste simple, silencieux, imperceptible. Lentement, il sentit la pression disparaître, la douleur revenir. Mais il s’en fichait.
Le proverbe lui revenait en mémoire, et la voix si douce de sa mère avec. Il l’entendait, et avait presque à nouveau l’impression de sentir sa main dans ses courts cheveux.
Le masque se décolla lentement de son visage, tandis qu’il rouvrait légèrement les yeux, conservant les paupières plissées, dévisageant la jeune femme devant lui. Son regard se voilà une nouvelle fois.
On ignorait parfois la signification des proverbes, jusqu’à les appliquer. Plus ou moins volontairement. Et celui-ci, Sitael n’avait jamais réellement compris où il voulait en venir. Dans quelles circonstances on pouvait l’utiliser, le mettre en application. Mais, alors qu’il attrapait doucement le menton de Pandore de sa main libre, il comprit. Ce que ça signifiait. Dans quoi il s’engageait. À quoi tout cela allait le mener. Mais il s’en foutait. Il remonta le visage de la jeune femme vers lui, se penchant légèrement en avant. Son regard bleu plongea dans le sien, tandis que leurs deux visages se rapprochaient inexorablement. Ç’aurait été si facile de la relâcher, et de partir en courant, encore une fois. Mais pourquoi toujours fuir ? Doucement, il sentit les lèvres de la jeune femme toucher les siennes. Un frisson le secoua, s’enchaînant par une sensation électrique dans le bas de son ventre. Il ferma finalement les yeux, ne pouvant conserver son regard dans le sien. La douleur de son crâne conjuguée à celle de son abdomen l’en aurait fait pleurer. Mais la douceur offerte par ce contact si infime mais chargé de sens estompait sa souffrance. Rien ne comptait plus désormais que ce baiser, en dépit du goût de sang qu’il laissait sur les lèvres du vainqueur.
Et à nouveau les quelques mots prononcés par sa mère résonnèrent dans son crâne, par-delà son agréable supplice. « Quand le cœur et la raison s’embrouillent, s’emmêlent, il faut les conduire au tribunal. Ils y ont leur juge. L’instinct. ». La voix maternelle s’estompa finalement, tandis que la main du jeune homme glissait du menton de sa vis-à-vis, pour aller se poser sur sa joue. Le reste du monde s’effaçait progressivement. Désormais ils étaient seuls. Tous les trois. Lui. Elle. Et ce qui se passait entre eux, à cet instant précis de leur vie.
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Sujet: Re: ASTAROTH ◮ whispers in the dark. Dim 23 Sep - 21:44
the promise.
Remembering your touch, your kiss, your warm embrace. I'll find my way back to you if you'll be waiting, if you dream of me like I dream of you in a place that's warm and dark, in a place where I can feel the beating of your heart.
Immobile et murée derrière un silence troublé, Pandore conservait son regard dirigé sur le dos de sa main gauche, celle dont la paume compressait le bandage humide contre la blessure de Sitael. Elle ne soufflait mot, la mâchoire contractée. La réaction, ou plutôt l'absence de réaction, d'Astaroth l'avait irritée. Elle avait posé ses lèvres sur son masque, à l'endroit exact où sa bouche aurait dû se trouver. Sur le moment, le message avait paru clair, net, dénué de la moindre éraflure. S'était-il au moins rendu compte de ce qu'elle avait fait ? Ce geste avait été stérile car Sitael ne s'était pas même donné la peine de le relever. La vérité était douloureuse à assimiler. Et cette douleur, Pandore la ressentait dans chacun de ses membres. Elle était habituellement tributaire du temps qu'il daignait bien lui accorder. Elle le recherchait, l'imaginait, lui courait après. Il lui manquait souvent. Elle se sentait parfois capable de mettre entre parenthèses sa propre vie pour aller le voir, l'espace de quelques minutes, même s'il la congédiait rapidement. Que s'était-il donc passé entre la victoire d'Astaroth et le moment fatidique où leurs lèvres auraient dû se rencontrer ? C'était sûrement plus facile pour Pandore de blâmer le comportement passif de Sitael plutôt que le sien, qu'elle savait parfois trop entreprenant à son égard. Il était loin d'être loquace, ce qui ne la dérangeait pas d'ordinaire, bien au contraire. Elle parlait, comblait avec brio les silences qu'Astaroth n'aurait pas meublé. Pourtant le silence, à l'instant même où la gêne que Pandore ressentait avait atteint son paroxysme, n'avait pas besoin d'être brisé. Il lui était difficile de mettre des mots sur ce qu'elle ressentait. Même si le vocabulaire lui manquait, elle avait compris des choses qu'elle avait tenté de nier jusqu'à présent.
Le temps de l’insouciance lui manquait cruellement. Ils étaient devenus deux adultes, l'un plus âgé que l'autre, et leur relation avait évolué. Seulement Pandore ne savait toujours pas comment agir vis-à-vis de son compagnon. Après toutes ces années, elle guettait encore chacune de ses réactions, chacune de ses expressions faciales qui trahissait ses émotions. Elle se perdait souvent dans la contemplation de son visage torturé, souvent caché derrière son masque, mais elle se perdait également devant les muscles de son torse tatoué, où quelques cicatrices barraient sa peau. Face à lui, Pandore perdait pied. Elle voulait l'aider même s'il ne souhaitait pas être secouru. Elle désirait l'aimer même s'il n'en avait que faire de ses sentiments. Elle allait à l'encontre du bon vouloir de Sitael. Ils s'affrontaient perpétuellement. Lentement ses dents saisirent sa lèvre inférieure, la mordillant afin de ne pas produire le moindre son qui aurait pu refléter une envie de faire la conversation. Le goût métallique du masque refit surface sur la pointe de sa langue. Si elle en avait eu la possibilité, l'aurait-elle une nouvelle fois embrassé ? Sûrement. Jusqu'à obtenir une réaction, n'importe laquelle. Enfin, c'était ce à quoi Pandore songeait. La réalité était autre. Jamais elle n'aurait réitéré l'expérience, de peur d'essuyer encore un échec, une nouvelle indifférence teintée de mépris. Sa dignité froissée n'avait cependant pas raison des troublantes sensations qui vrillaient son bas-ventre.
Concentrée sur sa tâche, Pandore ne s'était pas rendue compte des faits et gestes de Sitael. Sous son regard azuré, il y avait que de l'hémoglobine. Du sang qu'elle tentait d'effacer, redonnant à l'épiderme de son compagnon une allure plus attrayante et moins rougeoyante. Donnant des petits coups de chiffon humide tout autour de la blessure aux contours nets, Pandore sentit un frémissement divin lui parcourir la colonne vertébrale lorsque les doigts d'Astaroth vinrent se saisir de son menton. Il octroya à ses phalanges une pression, permettant ainsi à la figure de Pandore de se redresser. De son propre chef, elle n'aurait sûrement pas agi de la sorte. Sans le vouloir, ses yeux s'écarquillèrent, un peu intimidée par l'assurance qui semblait guider les gestes de son vis-à-vis. Elle déglutit. A cet instant, elle était consciente de beaucoup de choses. Leur proximité corporelle, le fait que Sitael se baissait vers elle, que leurs visages s'approchaient inexorablement l'un de l'autre, que leurs souffles s'entremêlaient. Elle sentit des papillons battre des ailes dans son estomac douloureusement vide. Son regard rencontra celui de son compagnon, un regard dont elle ne se détacha pas et ce, même si elle souhaitait se délecter de la vision de sa bouche. Doucement, lentement, les lèvres d'Astaroth rencontrèrent celles de Pandore.
Leur saveur sucrée fut la seule chose à laquelle la jeune femme tentait de se raccrocher afin de ne pas totalement sombrer. Faible femme. Elle battit des cils avant de sentir ses paupières se fermer définitivement, frémissant sous ce contact infime mais délicieux. Ses avants-bras se couvrirent de chair de poule. Elle ne pouvait pas ignorer les battements précipités de son cœur, ni même cette chaleur intense qui envahissait ses joues, sa poitrine, le bas de son ventre, le haut de ses cuisses. La main de Sitael quitta son menton et rejoignit sa joue. Les phalanges de sa main libre glissèrent le long du bras tendu du son vis-à-vis, savourant cette peau brûlante sous la pulpe de ses doigts, et se posèrent timidement contre sa nuque. Lentement Pandore se redressa. Instinctivement, sa main qui pansait la blessure de Sitael quitta sa peau et se posa sur le dossier de la chaise sur laquelle Astaroth s'était assis. Ses doigts s'y contractèrent fermement. Étrangement, la jeune femme ne se sentait pas apaisée pour autant. Son corps réagissait violemment à ce contact comme s'il s'agissait de quelque chose de plus profond, de plus charnel. C'était une rencontre très douce, chaude, presque innocente. Elle profitait de ce moment comme si elle craignait de voir Sitael s'éloigner, rompre ce qu'il avait créé entre eux deux. Chaque détail de cette scène était capturé et assimilé, que ce soit la tendresse dont Astaroth faisait preuve ou bien la chaleur que dégageait sa paume posée contre la joue de sa vis-à-vis.
Ses lèvres émirent une légère pression contre celles de Sitael, désireuse et fiévreuse. Une légère pression, uniquement. Rien de plus, rien de moins. Elle s'avançait en terrain inconnu, suivant uniquement ce qu'il lui semblait bon de faire. Ses phalanges, plaquées contre la nuque d'Astaroth et qui étaient restées immobiles jusqu'à présent, caressèrent de haut en bas la peau sur laquelle elles s'étaient posées. Son genou gauche se cala sur la chaise, entre les cuisses de son compagnon, laissant sa jambe droite la faire tenir en équilibre près du corps de Sitael. Elle ne tenait pas à se coller trop fermement contre son torse, ne serait-ce que pour ne pas le faire souffrir si elle touchait sa blessure. Ce n'était pas l'envie qui lui manquait mais Pandore se raccrochait encore aux dernières bribes de raison qui lui restaient. Les paupières toujours fermées, elle finit par décoller ses lèvres de celles d'Astaroth, son front désormais plaqué contre le sien. Un peu groggy, elle battit des cils. Leurs bouches étaient séparées par quelques centimètres, un peu moins de trois, et elle sentait le souffle de Sitael caresser le bas de son visage. C'était inhabituel mais délicieux. Vraiment délicieux. Elle appréciait cette distance, qui n'en était pas vraiment une, tout comme elle se perdait volontiers dans les proximités qu'Astaroth voulait bien lui accorder. Sur la nuque de son compagnon, son pouce traçait quelques petites arabesques.
Don't go away. Ne pars pas. Une prière silencieuse qui ne passa pas les lèvres entrouvertes de Pandore. Une prière qui se résumait en trois simples petits mots. Elle était fatiguée de lui courir après, de le rattraper pour le voir souffrir. De ce fait, en cet instant, lui dire qu'elle aimait peut-être plus qu'elle ne l'avait laissé entendre aurait été bien superflu. Elle voulait retrouver ses lèvres, goûter encore à leur saveur, se perdre entre ses bras et contre son torse. Pandore se sentait désorientée, fébrile. C'était une torture exquise à laquelle elle s'était offerte même si tout cela semblait tellement irréel.
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Sujet: Re: ASTAROTH ◮ whispers in the dark. Ven 12 Oct - 19:13
« i'll never let you go. »
Dès la seconde où ses lèvres avaient rencontré celles de la jeune femme, de son plein gré, Sitael s’était senti transporté dans un autre monde. Un monde où Astaroth n’avait plus aucune raison d’être ; un monde que son prénom démoniaque se contentait de garder la porte d’entrée, sans s’y aventurer. Les yeux fermés, le vainqueur ne pouvait s’empêcher d’apprécier le contact qu’il avait engendré. Ses lèvres approfondissaient doucement le baiser, tandis qu’il sentait ses doigts glisser le long de la joue de la jeune femme, pour se poser dans son cou. Il n’osait descendre plus ; ce genre de situation, bien que déjà vécu, était pour lui un mystère. Une brume épaisse, chaotique, où l’indécision était maîtresse. Il n’était pas pour autant mal à l’aise ; cependant, il avait peur d’en faire trop. Peur de blesser, de faire du mal, de ne pas faire les choses correctement. Pandore était fragile. Proportionnellement aussi fragile que la petite fille du six par rapport à lui, à l’époque. Il avait été si facile de briser cette enfant, qu’à chaque seconde, notre vainqueur se demandait si la femme en face de lui n’allait pas tomber, aussi simplement et atrocement que cette petite fille. Pourtant, les deux n’avaient rien en commun, si ce n’était la crinière blonde et le prénom. Pandore ne ressemblait pas à Pandore. Une jeune femme, dans tout Panem, était le sosie de la défunte enfant ; ce à quoi elle aurait ressemblé si elle avait eu le temps de grandir. Si elle avait gagné les Jeux, comme Ludmilla avait eu le mérite de le faire. Malheureusement, si les traits de la gagnantes ressemblaient à ceux de la petite Pandore, ce n’était pas forcément pour jouer en sa faveur ; il ne suffisait que de ce motif à Astaroth pour se voiler la face et se cacher, la fuir avec anxiété. Car au fond, il se demandait ce dont il était capable ; hormis fuir. Il fuyait toutes les situations, toutes les personnes, avec son habituelle aisance à faire passer cela comme un geste d’humeur, d’agressivité. Qui n’était rien de plus que de la lâcheté. Il se considérait comme ayant souffert, et voulait donc de toute évidence s’échapper de tout cela ; faire tout pour qu’au moins une fois dans sa vie, cette souffrance s’arrête. Qu’il ne perde plus rien. Et pour ne plus rien perdre, il ne fallait plus s’attacher à personne. Hallelujah. Il venait de foirer ses plans avec brio. Pourtant, étrangement, pour la première fois de sa vie, il n’y voyait aucun inconvénient. Bien au contraire. S’attacher signifiait recommencer à vivre, malgré la peur de perdre. Car l’un n’allait pas sans l’autre, de toute évidence. Et la peur faisait vivre tout autant que l’amour, l’amitié, ou même simplement l’attachement. Il lui avait fallu tout ce temps pour s’en rendre compte ; pour prendre conscience que fermer les yeux sur les autres, et les ignorer pour ne pas s’éprendre, n’était qu’une pure connerie. Il tournait le dos à ses responsabilités. Mais maintenant, c’était terminé. Pour le meilleur ou pour le pire, il avait décidé d’avancer, désormais. Ne vous attendez pas non plus à ce qu’il organise une teuf gigantesque dans sa baraque, hein. Un ours asocial reste un ours asocial, chaque chose en son temps. Mais embrasser une aussi jolie jeune fille était déjà un grand pas de fait. Une jeune fille pour qui il n’était pas indifférent, de plus. On peut applaudir.
Doucement, il sentit les doigts de la jeune femme se poser sur sa nuque, tandis qu’elle se redresser, calant son genou entre ses cuisses, restant tout de même à moitié debout. Il la laissa faire, se contentant de dévorer ses lèvres avec une délicatesse hors pair, bien malgré la douleur qui lui cisaillait le crâne en deux. Il parvenait presque à l’oublier, celle-ci, au milieu de ce nuage de bonheur et de ces millions de papillons dans l’estomac. La douleur de sa blessure s’en trouvait elle aussi amoindrie, dissimulée par ce plaisir et ces pensées n’ayant rien à voir avec une souffrance quelconque. La magie de l’amour. Pendant un instant, on oublie tout le reste. Mais cet instant était trop bref. Toujours trop bref. Il sentit la jeune femme se reculer doucement, et poser son front contre le sien. Il garda les yeux fermés, sa main glissant de son cou pour se déposer sur sa taille fine, l’attirant à lui avec délicatesse pour la faire s’asseoir sur sa jambe. Elle serait mieux installée ainsi. Contre lui, en plus. Il expira doucement, laissant son souffle courir le long des lèvres de la jolie blonde, savourant intimement son contact plus qu’appréciable. Sa deuxième main relâcha enfin le masque, le laissant choir sur la table sans plus de cérémonie, tandis qu’il allait caresser le dos aux courbes si graciles de son aimée. Il décolla son front du sien, doucement, laissant ses lèvres se poser dans le creux si attirant de son cou. Il y déposa un baiser, doux. Puis un second. Des baisers doux, agréables, sans objectif autre que de lui faire comprendre qu’il ne regrettait pas. Ce n’était pas un geste prémédité, certes. Mais ce n’était pas non plus quelque chose qu’il allait regretter jusqu’à la fin de sa vie. Il n’aurait pas pu donner un nom à ses sentiments, ni lui faire une déclaration d’amour tout en grandeur, mais il n’avait rien à se reprocher. Pour une fois, il se sentait au contraire bien léger. Le cœur moins lourd. Doucement, il posa son front sur la clavicule de la jolie blonde, calant ses deux bras autour d’elle pour l’enlacer. Il prenait garde à ne pas trop la serrer, presque timide, surtout apeuré de lui faire du mal. Il ferma finalement les yeux, restant ainsi. Les larmes de douleur affluaient dans ses yeux, sous ses paupières closes, alors qu’il tentait de les ravaler au maximum. Il respirait calmement l’odeur de son médecin improvisé, laissant finalement une de ses mains quitter son corps chaud pour aller appuyer délicatement sur sa blessure avec une bande humide restée là. Il poussa un léger soupir de contentement. La douleur émanant de son crâne se faisait davantage ressentir à mesure que les secondes s’égrenaient, mettant de la distance entre leur baiser et l’instant présent. Mais Sitael continuait de planer. Plus haut que le plus haut des nuages. Bien plus intensément que s’il avait été sous une quelconque drogue. Car ce sentiment est bien plus qu’une drogue. C’est la pire drogue qu’il puisse être.
Ne laissant pas un mot s’échapper d’entre ses lèvres, le vainqueur ne bougeait plus, savourant simplement l’instant présent. Il avait conscience qu’il aurait tôt fait de s’envoler sans qu’il ne puisse rien y faire. C’était ainsi. Les meilleurs moments se terminaient toujours trop rapidement. Déjà, le mal de crâne qui revenait en témoignait. L’euphorie apaisante n’aurait pas été de très longue durée. Mais il n’avait pas envie de remettre son masque. Pas maintenant. Il avait envie que ses lèvres rencontrent à nouveau les siennes, même s’il n’était pas sûr de parvenir à refaire le pas. Pas si elle n’y mettait pas du sien. Elle s’était lancée une fois. Lui aussi. Et il comptait bien que tout ceci se reproduise. Encore et encore. Bien qu’il soit incapable d’affronter les mots convenants à de tels sentiments, il les ressentait bel et bien. Et il ne partirait pas. Il ne la laisserait pas. Le comportement de la jeune femme témoignait de cette crainte, qu’elle n’avait néanmoins pas à avoir. Il ne s’en irait pas. Tout d’abord, pourquoi l’aurait-il fait ? Il était dans son propre domicile. Et ensuite, qu’il soit chez lui ou pas, cela ne changerait jamais rien. Il ne la laisserait pas. Jamais. Il avait fui toute sa vie. Il était temps de reprendre les choses en main, une bonne fois pour toute. Et d’enfin réapprendre à savourer cette existence devenue terne et monotone avec les années.