| Sujet: A Little Help from my ... ? - Astaroth & Spader Sam 2 Mar - 22:54 | |
| Sur le chemin du village des Vainqueurs, Spader manqua de rebrousser chemin par au moins quatre fois. Une fois parce qu’il avait baissé les yeux sur le panier des hybrides fraise-orange de sa sœur et qu’il s’était dit qu’il n’en avait pas pris assez et qu’il ferait mieux de retourner en chercher avant d’avoir l’air vraiment ridicule. Une seconde quand, pensant de nouveau à son chargement, il s’était fait la réflexion que quoi qu’il advienne, ce serait ridicule. D’une part parce que ces fruits n’existaient absolument pas et que, malgré le fait qu’il ne mette aucunement en doute les talents de sa sœur pour créer des merveilles gustatives, cela pouvait sembler déplacé d’offrir quelque chose de ce genre et d’autre part, parce qu’un gagnant des Jeux avait sans doute mieux à manger que des choses sans forme ou nom connu et qu’il risquait de lui rire au nez. De toutes les manières, il allait sans le moindre doute lui rire au nez. Ce qui constitua la troisième fois où ses talons avaient commencé à pivoter pour qu’il reparte directement à la « maison », si on pouvait appeler cela comme ça. Qu’allait faire cet homme du jeune homme perdu qu’il était, qui allait se présenter avec un panier de fruits inidentifiables pour le remercier d’un truc qu’il avait sans doute fait juste parce qu’il en avait envie, sans avoir besoin de quoi que ce soit en échange ? Mais il avait persisté, parce qu’il savait que Keira, si elle avait été dans son état normal, l’aurait fait, elle. Et elle n’aurait pas attendu deux semaines pour se pointer à la porte de cet homme. Oui, mais Keira était une grande dame, malgré le fait qu’elle soit née désargentée, elle était d’une gentillesse à toute épreuve, avait un sourire qui faisait fondre même les carapaces les plus résistantes, perçait même les armures les plus épaisses. Alors en son honneur, il devait y aller, puisqu’elle n’était plus capable de le faire elle-même. Mais il avait continué et se tenait maintenant quasiment au pas de la porte. Il avait surmonté chaque obstacle mental et ferait face au battant dans quelques minutes.
Cependant, si vous avez bien compté, cela ne faisait que trois raisons, au final (vous étiez parvenus à cette observation ? Vous gagnez un panier d’orangeaises faites maison par Althéa Jodnar !), alors pourquoi en mentionner quatre ? Sans doute parce que la quatrième était assez inavouable et qu’il aurait préféré se faire de nouveau casser la figure par Jaeden Stormer que d’en parler à haute voix. Mais puisque nous sommes actuellement dans sa tête, il pouvait bien avouer … qu’il avait la trouille. Après tout, son enfance n’avait-elle pas été bercée de « arrête tes bêtises ou on appelle Astaroth » ? L’homme l’impressionnait, même si, dans le moment où il l’avait vu prendre la défense de sa sœur, il avait perdu le statut de « monstre » qu’il avait toujours eu pour Spader. Spade n’était pas forcément méchant ni stupide, mais l’éducation jouait beaucoup et avec son caractère prompt à se laisser porter par les événements, il était évident qu’il n’avait pas questionné cet état de fait plutôt. Pourquoi l’aurait-il fait ? Quelle perte de temps. Alors il s’était contenté de suivre cette voie et s’était forgé un imaginaire où il faisait figure … d’être à peine humain, en effet, existant pour terroriser les enfants, un folklore du district. Une abomination, en y pensant, et ce n’était qu’en le regardant avec les yeux de sa sœur, à cet instant précis, qu’il avait compris à quel point il était con d’avoir pensé ça toute sa chienne de vie. N’allez pas croire qu’il avait trouvé la lumière d’un coup et qu’il allait devenir son meilleur ami et s’ouvrir au monde, le défendre aux yeux de tous et incendier quiconque le traiterait de monstre. Il ne fallait tout de même pas pousser Wilson dans les orties. Quoique … bref. Disons simplement qu’il allait essayer de faire bonne figure et amende honorable pour ces années où il avait peut-être, parfois, de temps à autres, été « volé quelque chose chez le monstre » par défi. Mais on allait passer cette partie sous silence pour le bien de tous.
Notre Jodnar se trouvait donc bel et bien devant la porte de l’homme qui l’avait toujours plus ou moins terrorisé mais qui était passé de ce statut à celui « d’allié potentiel » quand il avait pris la défense de sa sœur face aux Pacificateurs. Par les temps qui couraient, toute aide était bonne à prendre pour les Jodnar, d’où qu’elle vienne. Même si elle venait d’une maison luxueuse qui n’était sans doute pas aussi paradisiaque que ce que la façade indiquait quand on connaissait l’état de l’homme qui l’habitait. Prendre son courage à deux mains voire à plus. Il jeta encore un regard par-dessus son épaule. Non, il n’était plus temps de reculer. Qu’on lui pardonne, après tout il avait déjà eu une longue journée de travail, il était épuisé, il était sur les nerfs, Keira avait encore fugué la veille et il n’en pouvait plus de la regarder observer le mur avec l’attention d’un bulot mort. Il avait bien eu l’idée de l’emmener avec lui, mais il n’était pas certain que cela ait été une bonne idée. Il ne voulait pas l’utiliser comme prétexte ou se cacher derrière elle. Il voulait agir en homme et ... que faisait-il alors là à tergiverser trois heures sur son panier, sur ses intentions sur … Il venait de frapper à la porte. Il recula d’un pas pour essayer de reprendre contenance, genre se donner un air de dur. On allait dire que c’était crédible. On allait dire. Il se racla la gorge et toussa avant de s’annoncer : Pardon de vous déranger c’est Spader … Jodnar. Superbe. Sa voix ne tremblait presque pas. Il se racla de nouveau la gorge : Est-ce qu’on pourrait .. discuter ? Parfait. Heureusement qu’il se contentait de cueillir des frutis et n’avait jamais appris à faire de discours. |
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