Qu’est-ce que je faisais ? Où est-ce que j’allais comme ça ? Silka. Où était ma Silka putain ?! Rien ne se passait comme je l’avais prévu. En descendant de ma plateforme, juste après le décompte, je m’étais empressé de courir le plus loin possible de cet endroit meurtrier. Mais maintenant, je courais dans la neige sans but précis, j’avais mal partout, j’avais froid, j’étais paniqué comme jamais, et pire que tout, j’étais seul. Pourquoi est-ce que ma meilleure amie n’était pas avec moi ? Mon dieu, mon dieu ce que je me sentais mal…. Je n’étais pas le genre de mec peureux ou quoi, mais la plupart du temps, ma force, je la puisais simplement en elle. Là, j’étais perdu au milieu de tout ce froid glacial, et j’avais le visage congelé. Heureusement, un tissu chaud et doux me recouvrait la plupart du corps, exceptés les joues et le menton. Malgré cette combinaison chaude, je me sentais vide et nu, complètement déconnecté du monde, et je dus me faire violence longtemps pour retenir mes larmes.

En courant vers l’est, j’aperçus un objet brillant dans la glace. C’était un petit couteau. Le genre de couteau avec lequel on coupe les légumes au capitole, vous savez, ces petits trucs qui ressemblent bien plus à un morceau de bois qu’à une arme tranchante. Je l’ai ramassé quand même, puisque prenant peur, j’avais fui la corne et par la même occasion toute chance de trouver de la nourriture ou de quoi survivre pendant les prochains jours. Je gardais mon arme bien en main, la peur au ventre, les yeux changeant de cible toutes les secondes, pour être bien sûr que je ne ratais rien des mouvements des alentours. Ça faisait même pas deux heures qu’on était dans l’arène, et pourtant, j’avais déjà la désagréable sensation que j’allais crever bientôt. Pourquoi est-ce que Silka n’était pas avec moi…. Il fallait que je la retrouve, car depuis le début de l’aventure, je savais qu’elle était ma seule préoccupation et ma seule chance de ne pas perdre la boule. Je voulais la revoir au moins une fois avant de mourir, et la serrer fort dans mes bras pour enfin faire taire cette douloureuse impression que j’avais depuis quelques jours. La vérité, c’est qu’elle me manquait déjà. Elle m’avait manqué à la seconde où je l’avais quitté des yeux, à la seconde où sa chevelure rousse s’était ruée sur la corne pendant que moi je détalais de l’autre côté. J’avais tout foiré.

Je pris soudainement conscience de l’incroyable situation dans laquelle j’étais fourré. Je me trouvais totalement abandonné dans une arène dont j’ignorais jusqu’à la taille, j’avais peur comme jamais auparavant je n’avais eu peur, et la seule personne au monde capable de m’apaiser et de me redonner confiance n’était pas là. Peut-être morte. Non…. Toujours en vie, saine et sauve. Je priais pour qu’elle ait mis la main sur une belle arme, pour que déjà quelques victimes aient vidé leur sang à ses pieds. Je me faisais peut-être un film, mais au moment où je pensais ça, je me rendis compte que mon pouls ralentissait, et que je me sentais bien mieux. Alors, je fis la chose la plus stupide du monde ; je me mis à imaginer qu’elle était avec moi, en ce moment, et qu’elle me parlait encore comme si rien d’autre n’importait que nous deux. Toujours nous deux.

« Skann, tu crains, vraiment… regarde, j’ai choppé une épée magnifique, une belle couverture et de la bouffe, et toi tout ce que t’as c’est un petit couteau qui coupe même pas ? t’es pire qu’une fille mon gars ! » Un sourire se plaça automatiquement sur mes lèvres. Elle était là, bien sûr qu’elle était là. Elle serait toujours avec moi, réellement ou pas, dans la vie comme dans la mort. Elle n’avait pas le droit de m’abandonner. « Je t’aime quand même mon gros lolo, t’inquiète pas pour ça. Tu seras toujours rien qu’à moi. » Je la connaissais par cœur. Je savais qu’elle aurait dit ça. Elle me parlait, vraiment, sa voix résonnait dans mes pensées comme si elle était vraiment là. « Reste avec moi Silka. Reste avec moi pour toujours ! Cap ? » Ces paroles étaient sorties de ma bouche naturellement, comme si je m’adressais réellement à quelqu’un. N’importe qui autour de moi m’aurait pris pour un fou, mais il n’y avait personne. J’étais seul. Seul, seul, seul. Abandonné. « Cap. » me dit-elle en m’accordant un clin d’œil. Maintenant, je n’étais plus seul. Elle était là. Pour toujours.

Je continuais ma route, en progressant toujours vers l’est, mon couteau à la main guettant le moindre signe suspect. J’étais assez rapide. J’atteignis rapidement un endroit assez isolé sur reste, complètement différent du lac à moitié gelé. Devant moi, s’étendait la plus grande banquise que j’ai jamais vue. Et d’ailleurs la seule. Je savais ce qu’était cet endroit, puisque j’avais vu un jour, un reportage sur le froid avec mon père. On était surement dans le nord de Panem, là où les froids polaires étaient les plus glaciales. Quoi que. Le capitole était bien assez cruel pour avoir lui-même inventé cette arène de glace artificiellement.

Une espèce de souris des glaces –un animal que je n’avais jamais vu auparavant, et qui ressemblait à un petit rat avec plus de poil et une plus courte queue, passa en courant devant moi. Donc, l’arène était pleine de petite bête. Je songeai avec délice à quel point j’aurai aimé m’envelopper dans une couverture faite dans la peau de cette petite bestiole. Et en même temps, je me rendis compte que j’avais réellement faim. Je pouvais toujours manger de la neige, mais je doutais fort que cela me remplisse le ventre. « Crétin ! Si y’a une de ces petites bêtes par ici, c’est qu’il y en a forcément d’autre ! cherche encore et bouffe les. C’est toujours mieux que de crever de faim Ska. » Ah silka ! Heureusement qu’elle était là. Elle avait toujours été la voix de la sagesse, celle avec les meilleures idées. Sans elle, je n’aurai jamais pensé à ça. Mais… attendez ? Elle était moi, maintenant. Je m’inspirais d’elle pour avancer. Elle était moi.

Je me relevai, le visage durci, triste et paniqué. Il faisait presque noire, et pourtant, je pouvais la voir très bien. Frenchie, la tribute du district 11 à qui j’avais parlé à l’entrainement ! Oh mon dieu quelqu’un ! Un sourire soulagé s’afficha dans le coin de mes pommettes, alors que je levais la main pour lui dire de venir par là. Ma main, qui tenait fermement le couteau. Elle se rua sur moi, sans chercher à comprendre, et essaye de m’atteindre avec son beau poignard. Oh ce poignard ! Elle avait eu plus de chance que moi avec la corne, apparemment. Des larmes chaudes et salées se mirent automatiquement à couler le long de mes joues, et dans un sens, ceci me réchauffa. Mon visage était presque congelé, et le contact de l’eau tiède les ravivèrent un peu. Pourquoi je pleurais ? Je n’étais pas faible, bon sang ! J’étais simplement… traumatisé vu les circonstances. Je ne sais pas comment je fis, mais mon corps se déplaça de lui-même pour bloquer l’attaque de la blonde, et en une seconde, elle se retrouva à mes pieds, sans comprendre. Je ne compris pas non plus, mais lorsqu’elle se releva et qu’elle me fusilla du regard, je sus qu’il fallait que j’attaque aussi, ou sinon, elle me tuerait sans que j’ai le temps de crier pitié. Je pleurais toujours autant, avec nervosité, en maudissant le monde d’exister. Je ne savais pas quoi faire, je n’avais aucune intention de tuer Frenchie ! J’étais trop simple pour ça, trop humain, trop frêle, trop drôle, trop vivant pour vouloir la mort de quelqu’un. Mais c’était le jeu. Tuer pour ne pas être tuer. Si je ne faisais rien, elle allait m’avoir et je ne reverrai jamais le district 9, ni même ma Silka, pour de vrai.

Mon petit couteau vint se planter contre le bras de Frenchie. Mais… il ne coupait pas, il ne la fit même pas saigner. Je n’arriverai à rien avec ce truc, et la seule chance pour moi de réussir à quelque chose avec, c’était d’y mettre tout mon cœur, toute ma force, toute ma volonté, et de m’en servir comme d’une épée solide plutôt que comme d’une lame tranchante. Avec de la force, je pouvais la transpercer. Mais j’avais peur, j’étais toujours seul, et je ne savais pas quoi faire.

La seconde d’hésitation fut bien trop longue. Elle m’atteignit avec son arme, à l’épaule, et je poussai un hurlement déchirant, la suppliant d’arrêter. Mon regard se posa dans le sien, les larmes brouillaient ma vue, mais malgré tout, je parvins à murmurer ; « Ne me tue pas Frenchie, pitié, ne me tue pas… on est plus fort à deux…. » C’était ma seule chance. Ma seule chance.

Je me demandais de quoi j'avais l'air. Sûrement d'un animal enragé. Et j'avais honte. Honte de moi, honte de réagir ainsi. Honte de me jeter sur ce pauvre homme pour lui planter mon poignard dans le cœur, honteuse de vouloir mettre fin à sa vie pour sauver la mienne. Panem était sûrement en train de nous regarder et la Capitole se réjouissant de ce spectacle, pendant que le district 12 priait pour la mort de ce jeune homme, et pendant que le district 9 priait pour la mienne. Je n'étais pas une tueuse, et je n'avais aucune envie de le tuer, mais je n'avais pas le choix, car mon envie de survivre était plus forte que mon envie de ne pas tuer les autres. J'avais décidé de me battre, et je le ferais jusqu'au bout.

Ma première tentative avait été veine, et je m'étais retrouvée au sol, aux pieds du tribut qui semblait paniqué et qui pleurait. Je ne faisais pas attention à ses larmes, essayant tant bien que mal de ne ressentir aucune compassion pour lui. Il fallait que sa mort soit facile, pour lui comme pour moi. Alors j'évitais son regard, mais le miens lui envoyait des éclairs. Une fois relevée et stable, je me jeta de nouveau à son assaut, brandissant mon poignard, espérant que cette fois-ci serait la bonne. Mais une fois encore, ma tentative rata, pas forcement aidée par le sol glissant et l'agilité du jeune homme, de plus, j'avais senti pendant cet assaut la pointe de son couteau toucher ma peau sans pour autant la percer, merci la doudoune. Juste marquée, elle ne saigna pas. Tous les deux face à face, je le regardais en grognant. Nous tournions sur la glace en se jaugeant du regard. Lui pleurait. Moi, je me contentais de le regarder, l'air féroce, tentant de contenir mes émotions. Je me jeta sur lui à nouveau, et dans l'assaut, nous tombions sur le sol glacé, et mon poignard se planta dans son épaule. Son cri de douleur me fit frissonner, mais je gardais la tête froide, faisant tout mon possible pour ne pas me mettre à pleurer. La mâchoire toujours aussi serrée, je retira le poignard, m'apprêtant à le rabattre à l'endroit de son cœur. C'était facile. J'étais au dessus de lui et lui ne pouvait rien faire, ou presque. Quelques secondes, et ce serait terminé. Levant mon arme, je m'apprêtais à lui asséner ce coup qui serait le dernier quand il murmura : « Ne me tue pas Frenchie, pitié, ne me tue pas… on est plus fort à deux…. » Je me stoppa net. Il me suppliait … Mon bras était toujours en l'air quand je plongea mon regard dans le sien. Après ça, j'eus un long moment d'hésitation. Devais-je l'ignorer et le tuer ? Ou devrais-je l'épargner juste pour cette fois ? Mes pupilles s'embrumant de larmes, je laissais tomber mon bras en même temps que je baissais ma tête vers son épaule qui saignait. « Je … je suis désolée. » lançais-je tristement en le maintenant au sol et en relevant mon bras. Je me sentais affreuse, mais je devais le faire. Je lui adressa un dernier regard avant de le reporter sur son cœur. Si je frappais fort, je réussirait à l'atteindre malgré la couche de vêtement. Lâchant quelques larmes, je m'apprêtais à le tuer lorsque je me stoppa net, encore une fois.

Au loin sur la banquise, une silhouette se dessina. Vu la taille de celle-ci, je devinais qu'il s'agissait d'une femme. Un instant, j'eus l'espoir que ce soit Katell, mais je déchanta bien vite, me rendant compte que cette silhouette était trop grande pour que ce soit elle. Déconcentrée, le tribut du 9, Loa-Skann en profita pour me repousser fortement sur la glace. Me relevant, je lui adressa un regard avant de le reporter sur la silhouette. « La carrière du 1 ! » m'écriais-je, paniquée, en la regardant s'approcher dangereusement de nous. Faire face à un carrière était quelque chose que j'avais espéré éviter jusqu'à la fin, et même si la fille en question n'avait obtenue qu'un petit six aux passages de les juges, ca restait une carrière, une fille entraînée à tuer, et je n'étais pas prête à prendre des risques. Inutile de fuir étant donné l'endroit. Paniquée, je me tournais vers Loa-Skann. « Tu as raison, on est plus fort à deux. Essayons de la tuer ensemble ... » Je doutais qu'il accepte, et c'était très hypocrite de ma part de lui dire ça après avoir essayé de le tuer. Mais s'il n'était pas stupide, il saurait le danger que représente un carrière. « Si on réussit à la tuer, je ne te ferais rien » Rajoutais-je devant son air in-convaincu. « JE LE JURE ! » criais-je pour le persuader un peu plus pendant que la dite carrière se rapprochait dangereusement de nous.

Qu’est-ce qu’il m’arrivait ? Qu’est-ce qu’il m’arrivait putain ? Je tremblais de tout mon corps, les yeux fixés sur la blonde, le regard suppliant, lâche ; j’étais une proie facile. Je faisais partie des rebelles du 09, et aujourd’hui je venais de me transformer en un animal blessé, incapable de marcher seul, trainant sa peine sous des kilos de neige rougie par le sang. Tout ce que je sentais en ce moment, c’était à quel point j’étais misérable et inutile. « Je … je suis désolée. » me dit-elle. Et à l’expression de son visage, je devinais qu’elle était sincère. Elle ne voulait pas me voir mort. Mais elle ne voulait pas mourir et ça, je le comprenais très bien. Aussi drôle que cela pouvait paraitre, et malgré la situation présente, j’étais incapable de tuer quelqu’un. J’étais un abrutit, un total idiot sans scrupules. Avec Silka, je passais ma vie à torturer des gens en leur infligeant les pires crasses possibles, et maintenant que ma vie en dépendant, j’étais incapable de remuer le petit orteil pour attaquer. « Qu’est-ce que tu fous abrutit ? Relève-toi ! Relève-toi gros naze ! » La voix de Silka s’éleva encore aux alentours, mais seul moi pouvait l’entendre. Pourquoi n’était-elle pas réellement là ? Elle, elle aurait eu assez de courage pour bruler vive cette imbécile de Frenchie Hills. Elle m’aurait sauvé, elle m’aurait aidé, parce que c’était ce que faisait les amis ; ils s’entraidaient. J’avais besoin de la retrouver à tout prix… je ne pouvais pas me laisser mourir maintenant, je ne pouvais pas laisser cette fille me tuer… J’avais besoin de retrouver Silka avant, autant qu’elle avait besoin de moi pour continuer. C’est elle qui me donna la force de me battre.

Je suis désolée… La voix de Frenchie résonna encore en moi. Je vis ses yeux, peiné, attristé, mais qui luisaient quand même de cette lueur sauvage qui ne te veut que du mal. La pointe de son couteau se dirigea automatiquement vers mon cœur. Son poignard n’était pas l’arme la plus meurtrière du monde, mais avec suffisamment de rage, elle pouvait m’atteindre profondément, et me vider de mon sang en quelques minutes malgré la couche de vêtement qui recouvrait mon corps. Elle essuya quelques larmes sur sa doudoune, et je profitai de ce moment d’hésitation pour me relever. Je tenais toujours mon petit couteau dans ma main, même s’il ne m’était pas vraiment utile pour l’instant. Mon adversaire eu un instant décalé, pendant lequel elle tourna la tête pour regarder vers l’horizon. Une silhouette arrivait.

« La carrière du 1 ! » s’écria-t-elle soudain avec force. Elle semblait soudainement paniquée… ne se rendait-elle pas compte qu’elle était l’ennemi numéro 1 dans l’arène ? Que c’était elle, malgré ses airs d’ange et son allure de femme faible, que tout le monde redoutait ? Elle me faisait bien plus peur que la nouvelle arrivante. Elle avait une rage de vivre dérangeante que je n’avais jamais vu auparavant. « Tu as raison, on est plus fort à deux. Essayons de la tuer ensemble ... » Ouais. Quand ça t’arrange ma vieille ! Je m’apprêtai à lui balancer une de mes répliques désagréable à la figure, quand elle ouvrit la bouche une nouvelle fois. « Si on réussit à la tuer, je ne te ferais rien » Je voulais m’enfuir, détaler en courant et ne jamais revenir dans cette partie de l’arène. Il fallait que je retrouve Silka de toute façon, et je n’étais pas sûr d’être capable d’affronter la rousse du D1, malgré la présence de Frenchie à mes côtés. « Accepte gros débile ! Accepte cette alliance ! » C’est ce qu’aurait fait Silka. « JE LE JURE ! » ajouta-t-elle alors que Glamoria approchait. J’inclinai la tête vers le bas en signe d’approbation. Nous allions nous occuper de cette idiote ensemble, l’assommer si possible, mais je ne pourrais pas la tuer sans vomir, et vu ce que j’avais gagné comme nourriture, il fallait que je garde le contenu de mon estomac en place le plus longtemps possible. « Ok. Il faut faire diversion. Raconte lui n’importe quoi. » J’avais des techniques d’attaque un peu étranges, mais maintenant que la panique du début des jeux était partie, je pouvais redevenir moi-même. Le vrai Loa-Skann, fier et courageux, prêt à défendre sa vie. Elle arrivait vers nous.


« Alors, vous vous faites griller des marshmallows sans moi les gars ? Si vous voulez, j’ai des pics, par contre, la nourriture, pas sur. » De toute ma vie je n’avais jamais rencontré quelqu’un que j’avais détesté instantanément. Hormis Nolan peut-être, mais ce type était un gros débile, et c’était assez justifié vu qu’il tapait dans l’œil de MA silka. Mais cette fille…. Cette fille ! Elle me paraissait être une vraie tête à claque, et au moment même où elle prononça ces quelques mots, j’eus envie de la lui balancer mon poing à la figure. C’était décidément ce qu’on appelait une mauvaise impression. «C’est le noir qui te fais cet effet où t’es juste aveugle ? Tu vois pas que tu déranges ? On essaye tranquillement de s’entre-tuer alors fous nous la paix et dégage, tu serais bien mignonne. » Le regard noir que Frenchie lui lança aurait dû la convaincre de nous laisser tranquille, et qu’elle ne ferait pas le poids face à nous, mais elle ne s’éloigna pas et au contraire, contre-attaqua. « Bah alors, qu’est-ce que vous attendez, le père Noel ? C’est vrai qu’on est dans son pays mais quand même. Sinon, quelqu’un aurait pas un briquet, j’me les gèle. » Je levai les yeux au ciel, tellement énervé que j’oubliais totalement qu’elle était une vraie menace, et que ses couteaux pouvaient m’atteindre à n’importe quel moment. « T’es sûr que le père noël habite ici ? Parce que t’es là pourtant, et je t’assure que t’es vraiment pas un cadeau. » Un briquet, qu’elle voulait ? J’en avais un. Mais je n’allais certainement pas lui donner. Dans un demi-sourire, je déglutis avec difficulté. Le couteau était dans ma main. Le sifflet était accroché autour de mon cou. Le briquet était dans ma poche, avec une dizaine de cailloux que j’avais ramassé près de la corne. « Si c’est comme ça, je vais devoir fouiller moi-même. » Elle n’était qu’à quelques centimètres de nous, ses armes en main, le regard noir pesant sur nous. L’adrénaline frappait trop fort contre mes veines, et mon pouls s’accéléra encore alors qu’elle s’avançait toujours plus. Pris dans un élan de… de je ne sais pas quoi, un élan de stupidité sans doute, je me plaçai devant Frenchie. « Tu l’approches pas ok ? Dégage on t’a dit ! » Je plongeai la main dans ma poche pour attraper les cailloux, et je les envoyai avec force sur le visage de Glamoria, essayant de viser du mieux possible. Le premier couteau m’atteignit sur l’épaule gauche, juste à côté de la blessure que m’avait déjà infligée Frenchie. Heureusement, le tissu de nos vêtements était assez solide.

Spoiler:

Le combat s’engageait déjà. J’avais lancé le coup d’envoi en balançant mes pierres sur le visage de Glamoria, et elle ne semblait pas franchement apprécier ça. Le changement de comportement de Frenchie me laissait perplexe, mais elle semblait rassurée tout de même que je sois de son côté, et pas de celui de la carrière. Je savais qu’elle n’était pas méchante, j’espérais simplement que si nous nous échappions vivants de cet affrontement, elle tiendrait sa parole et me laisserait tranquille. Elle ne dit rien pourtant, et se contenta de me laisser parler pendant que l’autre tribut en faisait de même. J’avais toujours été fort au combat par parole. Tout ce que je disais était tristement ridicule, mais c’était franchement énervant, et en voyant la rousse se retenir de m’arracher les cheveux avec les dents, je compris que mon petit sourire en coin alors qu’on était à l’article de la mort ne l’amusait pas du tout. Qu’est-ce que Frenchie ne comprenait pas par « Faut faire diversion, raconte lui n’importe quoi ? » Ma technique n’était pas vraiment celle qui me permettrait de tuer le plus de monde possible, mais elle était assez efficace pour enrager quelqu’un au point de lui faire perdre tous ses moyens. C’était surtout ce qu’il fallait faire avec les carrières. Un couteau vint s’ancrer sur mon épaule rapidement, pas assez profondément cependant pour que je sois réellement blessé, mais tout de même assez pour que la douleur me brûle la gorge et me donne envie de pleurer. Frenchie s’éloigna de moi en rampant. J’étais un bon bouclier pourtant non ? J’observais alors les deux filles se rouler par terre sans rien dire, ne sachant pas trop si je devais déguerpir rapidement ou me jeter dans la mêlée pour sauver Frenchie. L’option numéro une me paraissait la meilleure, mais je ne pouvais simplement pas me résoudre à la laisser mourir comme ça, même si trois secondes plus tôt elle avait essayé de me transformer en chair à pâté. Et puis à la voir, elle se battait bien sans moi non ? « Dégage de là abrutit ! C’est ta seule chance ! Bouuh… Silka me faisait toujours hésiter. En plus, ça c’était ce que mon cerveau aurait voulu qu’elle me dise. Je la connaissais assez pour savoir qu’au lieu de ça, elle m’aurait regardé, les yeux brillants en disant « Saute dans le tas lolo ! CAP ? » C’était une guerrière, une aventurière, et c’était uniquement grâce à elle si j’étais capable de me surpasser. Sans elle, j’aurai passé ma vie terré dans un trou, sans jamais oser faire la moindre chose. Grâce à elle, j’avais appris à me dégourdir, et à risquer ma vie. J’avais appris à apprécier l’adrénaline. Si j’hésitais trop, je n’aurai pas le temps de m’enfuir… bon tant pis. J’attrapai un autre de mes cailloux, et l’envoyai directement sur les pommettes rougies de Glamoria, faisant taire son sourire affreusement flippant.

Oups. Un éclat de colère passa sur son visage froid. Oups, oups, oups. Elle décolla légèrement son attention de Frenchie pour venir me parler, j’espérais que la blonde profiterai de ce moment pour se remettre sur pieds et l’attaquer par derrière. « Tu ne viens pas aider ta petite copine ? Ah non, j’oubliais. Tu en a déjà une, si j’ai bien observé. Silka, c’est ça ? D’ailleurs, où est-elle ? Tu l’as laissé seule ? Ce n’est pas prudent, surtout avec Titus dans les parages. Surtout que je suis la seule qui sache ce qu’est vraiment capable Titus » Silka. S’il y avait bien une seule parole au monde qui pouvait me blesser, c’était ça ; qu’on parle d’elle comme si j’étais un moins que rien incapable de la protéger. Pourtant j’avais confiance en elle, je savais qu’elle était rapide et maligne, et qu’elle survivrai au premier jour, je préférais ne pas inquiéter pour elle. Je décidai à la place de dire une nouvelle fois quelque chose de débile, en essayant de cacher du mieux que je pouvais toutes les émotions qui m’attrapaient en penser à Silka traquée par Titus. « Bon sens de l’observation poupée, mais comment pourrais-je me contenter d’une seule copine quand on peut en avoir plus ? » J’essayai de me calmer, de respirer. Heureusement, j’avais un bon sens de la répartie, et balancer des répliques cinglantes à tout bout de champs faisait un peu partie de mon quotidien. Je n’avais pas la moindre idée de ce que je racontais et pourquoi je le faisais, mais s’il y avait bien une chose que j’avais appris depuis ma naissance, c’est que la parole valait de l’or, qu’elle pouvait blesser cent fois plus que n’importe quelle arme, et surtout, surtout, que la parole était déroutante. J’espérais qu’avec mes mots, elle hésiterait un peu, perdrait de la concentration et que Frenchie pourrait en profiter pour se relever et récupérer son arme. « Elle est rousse comme toi, tu sais que j’aime bien les rousses n’est-ce pas ? murmurrai-je en m’approchant un peu plus d’elle, même si j’étais mort de trouille. « Dommage que tu ne sois qu’une pétasse pas drôle, D1, on aurait presque pu s’entendre. » Je lui crachai au visage, recevant de plein fouet un couteau sur la joue. Aie ! et merde ! Ma joue pissait le sang, mais au moins, elle avait une main désarmée. C’était le moment. C’était maintenant qu’il fallait partir.

Je lançai un bref coup d’œil vers Frenchie. Un regard désolé, peiné, attristé de devoir la laisser là avec elle, mais je n’avais pas le choix, il fallait que je retrouver Silka et j'espérais qu’elle le comprendrais. désolé., pensai-je tout bas. Je devais l’abandonner, c’était elle ou moins, et j’étais déjà sacrément blessé. De ma main droite, je tenais le couteau de Glam qui s’était planté dans mon écharpe. 5 secondes. C’était tout ce dont j’avais besoin, une petite avance de cinq secondes. « Hé la moche… je crois que c’est à toi ! Attrape bon chien-chien! » J’envoyai le couteau à quelques mètres d’elle, de l’autre côté. Elle tourna la tête pour voir ce que j’avais envoyé, et profitant de ce nouveau moment d’inattention, je m’échappai vers l’ouest, par là où nous étions arrivé, car j’allais retrouver la corne. J’allais retrouver ma Silka. Je courrais de toute mes forces, sans me retourner, et j’espérais de tout mon cœur que ces deux-là se feraient bouffer par des mutations génétiques avant que j’aie la chance de les revoir.

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