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fermeture du forum le forum ferme ses portes après six ans d'existence. merci pour tout, on vous aime. |
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| I.5 Run away as fast as you can [Eglenver] | |
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Auteur | Message |
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| Sujet: Re: I.5 Run away as fast as you can [Eglenver] Dim 27 Mai - 23:28 | |
| Je ne sais pas quelle heure il est. Cela doit faire trois quarts d’heure qu’on marche, peut-être plus. L’effort physique que cette escapade improvisée coûte m’empêche de réfléchir clairement. Lorsque je suis sortie de ma cellule de l’infirmerie après avoir assommé Kathleen-la-poufiasse, il devait être quatorze heures... Ou quelque chose comme ça. Ensuite, ma petite altercation avec les pacificateurs et Jessie a dû s’éterniser une petite heure de temps. Ma sortie au dehors assez rocambolesque, quant à elle, a dû prendre une trentaine de minutes. Il doit donc être approximativement dix-sept heures. C’est bizarre, tiens. Il est si tard ? J’ai l’impression de m’être réveillée dans ma chambre du Treize il y a quelques minutes à peine ! Ce doit être un énième maudit effet de la morphine. A vrai dire, durant mon séjour là-bas, j’ai un peu perdu la mémoire. Parfois, je ne me rappelais plus de ce que j’avais fait durant la journée, ou bien depuis quand les Hunger Games s’étaient terminés… Encore maintenant, la notion du temps demeure un peu floue. Et je n’essaye même pas de questionner Skyler à ce sujet – il a l’air encore plus paumé que moi. En quel mois sommes-nous ? Pendant combien de temps avons-nous fait office de captifs pour Coin et ses soldats ? Personne ne peut répondre à mes interrogations, actuellement. Je m’en fiche un peu : le fait d’avoir retrouvé Skyler me comble amplement pour l’instant.
Nous continuons à marcher, lentement, à notre rythme. La pluie a cessé de tomber. Seuls les nuages, qui obstruent négligemment l’azur du ciel, gâchent ce qui pourrait être une journée à la météo idyllique. Skyler et moi poursuivons notre conversation sur le district 13. « Pourquoi tu leur en veux ? Leur seule erreur a été de nous ramener à la vie. » Un sourire imperceptible étire mes lèvres. Pas de doute, il est toujours aussi têtu. Dommage qu’il ne dirige pas ses arguments en mon sens. Si le district Treize n’avait fait qu’une erreur, alors moi aussi, je le défendrais ! Seulement, cette maudite Coin semble s’être donnée un malin plaisir à tous nous manipuler. Alors je ne vois pas pourquoi j’irais en son sens… Lorsque je réponds à Skyler, ma voix est calme et neutre. Un poil accusatrice, peut-être. « Il nous ont rendus faibles et inoffensifs. Ils ont tout fait pour qu'on soit à leur merci, pour qu'on devienne des toutous obéissants du Treize. Et puis, tu l'as sans doute remarqué – l'ironie est perceptible dans ma voix – ils nous ont légèrement menti. Et je déteste ça. » Finalement, je me détourne du jeune homme et opte pour une allure de marche légèrement plus soutenue. Je suppose qu’il a compris que je ne veux pas m’épancher sur ce sujet fâcheux.
Après quelques minutes de silence, Skyler reprend la parole en m’interrogeant sur notre destination. J’hésite un instant, n’osant lui avouer que je l’ai conduit jusqu’ici sans savoir où aller. Puis, brusquement, je lui demande où est le district Sept. C’est comme si mes mots étaient sortis de la bouche de quelqu’un d’autre. Je n’ai pas appréhendé ma question. Un simple automatisme, qui me choque assez. Suis-je si attachée à mon district d’origine ? Skyler ne sait pas trop quoi me répondre, et je le vois hésiter. « Je n’en ai pas la moindre idée. Ça pourrait être à une journée de marche comme à plus d’une semaine de marche. » J’acquiesce silencieusement, cependant que mon attention se fixe sur mes pieds. Je me sens un peu honteuse, tout à coup. Lui aussi a peut-être envie de revoir sa famille, qui sait ? Je ne suis qu’une sale égoïste. Lui aussi a une famille, un passé, des souvenirs ! Je me maudis. Je n’ai pas l’habitude de me reprocher mon comportement, mais là, c’est différent. Parce que c’est Skyler. « Non. » Je manque de bousculer mon ami. Il vient de se planter devant moi, m’empêchant de poursuivre mon chemin. Une étincelle de farouche résignation anime son regard. Je ne comprends pas pourquoi il fait ça. Que me veut-il ? J’espère qu’il n’a pas dans l’esprit de retourner au Treize, parce que même si je l’aime bien, je ne l’y suivrai pas ! « Pourquoi on n'irait pas au district sept ? » J’écarquille les yeux sans pouvoir m’en empêcher. Est-il sérieux ? Planté résolument sur ses pieds, il se mord légèrement la lèvre inférieure, comme s’il craignait d’avoir dit une bêtise. Je l’observe, émerveillée, et ne peux m’empêcher de le trouver craquant. Euh. Bref.
« Oh, Skyler, vraiment ? » Sans que je le veuille, un grand sourire vient se planter sur mes lèvres. La question du brun m’emplit d’une joie si intense et imprévisible ! Mes bras enlacent d’eux-mêmes son thorax pendant une brève fraction de seconde. Puis je me retire vivement, craignant de me montrer trop oppressante ou hystérique. « Merci ! Merci ! » lui dis-je tout de même, euphorique. J’ai oublié les remontrances que je me suis faites il y a quelques secondes. Je ne crains plus d’être égoïste. Ses paroles ont-elles eu l’air sincère, ou bien est-ce mon esprit qui a inventé cela pour me satisfaire ? Peu importe. Je tente de me convaincre que s’il me propose cela, c’est qu’il le veut vraiment. Cependant, une question me taraude toujours. « Mais comment peut-on savoir où on doit aller pour le rejoindre, le Sept ? Bon, logiquement, on nous a appris à l'école qu'il se trouvait au Nord-Est de Panem. Tu ne sais pas où est le Treize, lui ? Avec les forêts de conifères et tout ça, il doit être au Nord aussi, non ? » Je tente de faire fonctionner ma mémoire, mais étant plongée dans le regard fascinant et insondable de Skyler, c’est assez difficile.
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Désolé, ça doit être le RP le plus pourri que j'aie jamais écrit Mais je suis fatigué, j'ai trop mal au crâne et j'étais pas inspiré . J'espère que tu me pardonneras
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| Sujet: Re: I.5 Run away as fast as you can [Eglenver] Jeu 31 Mai - 19:36 | |
| Je n’avais aucune certitude quant à ma position pour le moment. Etais-je en accord avec le treize, ou au contraire avais-je aussi peur de celui-ci que du Capitole ? Je ne savais pas trop bien, cela faisait trop longtemps que j’avais oublié ce qu’était une certitude. Enfermé dans ma cellule je n’étais sûr de rien, je n’étais même pas sûr d’être vivant alors comment savoir ce que je pensais du monde qui m’entourait ou de ma position dans ce dernier ? Contrairement à moi, Eglenver semblait avoir un avis bien tranché sur la question. Butée, tout autant que moi, quand je posais un regard compréhensif, peut-être excessivement, mon allié, elle, restait réfracteur. Nous n’avions pas vécu notre emprisonnement de la même façon, pour moi il s’agissait d’une peine qu’il m’était imposée, pour elle, je n’avais aucune idée de ce que ça pouvait signifier à ses yeux. « Il nous ont rendus faibles et inoffensifs. Ils ont tout fait pour qu'on soit à leur merci, pour qu'on devienne des toutous obéissants du Treize. Et puis, tu l'as sans doute remarqué ils nous ont légèrement menti. Et je déteste ça. » Je sens sa voix fluctuer, mais je n’arrive pas à en déceler le sens. Je me sens vraiment con sur le coup, un peu inutile et incapable de lui opposer d’arguments inverse, mais de toute manière la jeune femme ne m’en laisse pas le temps. Elle accélère la cadence, montrant clairement qu’elle menait la danse m’imposant son rythme et ses idées.
Le sujet de la discussion une fois mis sur le tapis, je fais face à l’envie spontanée de la belle de retourner chez elle avant de la voir se résigner comme une enfant face à un rêve trop grand. Un rêve qu’elle ne pourrait porter de peur qu’il ne finisse par l’écraser. Fatigué de repousser toujours nos espoirs, nos rêves de peur de les voir se briser, je me plante devant elle et lui demande, hésitant, pourquoi on n’irait pas au district numéro sept, son district. « Oh, Skyler, vraiment ? » J’hochais vaguement la tête un peu déstabilisé par la joie qu’elle montrait si librement, elle, que je connaissais pour sa retenue. Son étreinte est brève, mais l’émotion est là, perdue quelque part au creux de ses bras qui me serrent quelques instants avant qu’elle ne se recule timidement, me laissant un vague sourire aux lèvres. « Merci ! Merci ! » Inlassablement attiré par l’éclat nouveau qui s’était figé dans son regard, je ne répondais rien à ses remerciements. Elle n’avait pas besoin de me remercier et le dire ne servait à rien. Je préférais dès lors bien plus profiter de la verdure éclatante de son regard dans lequel je pouvais me perdre et pour lequel je serais prêt à me damner.
« Mais comment peut-on savoir où on doit aller pour le rejoindre, le Sept ? Bon, logiquement, on nous a appris à l'école qu'il se trouvait au Nord-Est de Panem. Tu ne sais pas où est le Treize, lui ? Avec les forêts de conifères et tout ça, il doit être au Nord aussi, non ? » Sa voix qui m’arrache à mes songes me pousse à plonger dans ma mémoire pour y repêcher des souvenirs dont je tentais vainement de me protéger. Je me rappelais bien de l’école, l’école avant les mines, les heures passées à regarder à travers la fenêtre crasseuse de la classe plutôt que vers le tableau ancien qu’on avait. Les heures passés à rêvasser des bois verdoyant plutôt qu’une heure de cours ennuyante. Je m’en rappelais plutôt bien, mais mes yeux perdus dans ceux d’Eglenver semblent m’empêcher d’aller trop loin, de rechercher l’information douloureuse qui pourrait nous donner la solution à notre question et nous aider à avancer. Détournant le regard, je respirais lentement alors qu’en moi l’évidence c’était faite une place depuis longtemps. Je savais plus ou moins où on se trouvait. « Le treize est au nord-ouest… Juste au nord-ouest du douze… » Mes yeux perdu entre les arbres, je tentais de retrouver dans ma mémoire des détails qui pourraient nous permettre dans savoir plus. Je revoyais clairement notre maîtresse d’école en parler vaguement alors que je regardais par la fenêtre, plus d’une fois elle m’avait rappelée à l’ordre. Je ne me doutais pas à l’époque qu’un simple cours sur l’histoire de Panem et les rudiments de sa géographie allaient m’être précieux. Bien que je luttais, des souvenirs aussi innocents et simple que ceux-ci me rendait triste, nostalgique certainement. Un sourire fantomatique sur les lèvres, je rajoutais : « A l’est du district il doit y avoir les lacs si je ne me trompe pas. C’est par là qu’il faut se diriger de toute manière. » Me détournant de la jeune femme, je pensais aux quelques notions d’orientations qu’on m’avait inculqué. J’étais meilleur chasseur que marcheur, mais trouver un lac ne devait pas être bien compliqué. Posant mes yeux partout, mon but n’était pas tant de chercher un élément qui me permettrait de savoir où aller que trouver un échappatoire, un moyen de faire sortir le trouble qui s’était immiscé dans mon esprit. Je voulais continuer à aider Eglenver de manière désintéressé et non pas l’envier, non pas lui en vouloir d’avoir une chance que je n’avais pas. Je devais me calmer, je le savais bien, sans quoi j’allais me laisser ronger par une autre de mes colères qui me consumaient aussi rapidement qu’elles disparaissaient. « Suffit juste qu’on trouve la bonne direction… suffit juste de faire ça et c’est bon. » Les mots ne voulaient pas sortir, comme bloqué dans ma gorge, alors que je continuais à fixer autour de moi comme un idiot. Je connaissais bien sur quelques manières de trouver le nord, mais rien de très fiable, la mousse sur les arbres, la course du soleil. Des trucs dont j’avais entendu parler enfant. Sauf que j’avais besoin qu’Eglenver reprenne les rennes, je n’avais plus l’habitude d’être lucide. Plus l’habitude d’avancer de mon propre chef et marcher hors des sentiers qu’on avait dessinés pour moi. J’avais plus l’habitude, ni la force cette fois.
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Non, je vais te foueter jusqu'à ce que mort s'en suive Bien sur que t'es pardonné, de toute manière je fais pas mieux en ce moment, les examens ça crève
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| Sujet: Re: I.5 Run away as fast as you can [Eglenver] Lun 25 Juin - 21:48 | |
| Enthousiasmée par l'idée de retrouver le district Sept, j'attends que Skyler m'aiguille avec une certaine impatience. « Le treize est au nord-ouest… Juste au nord-ouest du douze… » On a sans doute dû nous le dire à l'école pendant que je somnolais. Heureusement, mon ami semble plus renseigné que moi. « A l’est du district il doit y avoir les lacs si je ne me trompe pas. C’est par là qu’il faut se diriger de toute manière. Suffit juste qu’on trouve la bonne direction… suffit juste de faire ça et c’est bon. » Je m'adosse un instant au tronc d'un grand pin. Je laisse mon pouls s'apaiser pendant quelques secondes, et m'aperçois un peu tard que l'écorce de l'arbre est couverte d'une sève gluante. Mes vêtements en sont çà et là couverts. Je soupire, et redirige mon attention sur les paroles de Skyler au moment où je croise à nouveau son regard. Oui. La bonne direction. C'est ce que nous devons trouver. Je fronce soudain les sourcils, ce qui trahit chez moi une intense réflexion. Je pourrais presque sentir mes tempes surchauffer tant le plongeon dans les tréfonds de ma mémoire est rude. Que sais-je à propos de l'orientation ? Il me semble qu'il y a une histoire de soleil... Un jour, une vieille femme m'a appris que l'astre lumineux se lève à l'est et se couche à l'ouest. J'en suis presque certaine. Et nous cherchons justement à aller à l'ouest. Les mots s'échappent donc de mes lèvres avant que je n'aie le temps de les anticiper, et ce soudain éclair de lucidité me surprend. « Euh... Bah... Il doit être dix-sept ou dix-huit heures et le soleil ne va pas tarder à se coucher à l'ouest. Donc je pense qu'il faut aller dans... » Je pointe mon doigt sur l'endroit duquel émanent les rayons mordorés du soleil. « Cette direction. » J'esquisse un léger sourire, plutôt fière de moi, et reprends aussitôt ma marche, droit vers l'ouest, en adressant un regard mutin à Skyler. « Tu me suis ? »
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Les secondes se sont écoulées et ont entraîné les minutes. Les heures ont suivi, laissant s'infiltrer à leur insu un crépuscule peu rassurant. Mes jambes sont lourdes et nous marchons désormais lentement. Cela fait toute une après-midi que nous progressons dans cette forêt inconnue, et j'ai l'impression d'avoir fait un effort surhumain. Je plains Skyler, dont les pieds nus doivent être réellement douloureux. Il a peut-être été égratigné par les ronces que nous avons parfois croisé, mais je ne m'en suis pas formalisée, trop concentrée sur mes propres maux. Quelle égoïste. Le vent caresse mon visage marqué par la fatigue, et cependant que mes Rangers s'enfoncent dans les épines qui tapissent le sol, je me mets à songer au district Sept. Ai-je manqué à ma famille ? Ma disparition a-t-elle changé quelque chose à la routine du District, ou ma mort a-t-elle été totalement inutile ? J'aimerais que ce ne soit pas le cas, mais j'en doute. Je continue à avancer pendant quelques minutes encore avant de relever le visage. Le jour a presque totalement décliné, et quelques points lumineux dans le ciel indiquent l'apparition des étoiles. Il est tard. Je suis affamée, assoiffée et épuisée. J'adresse un regard de chien battu à Skyler avant de lui demander : « J'ai mal aux jambes, on s'arrête quand ? »
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| Sujet: Re: I.5 Run away as fast as you can [Eglenver] Sam 30 Juin - 20:25 | |
| J’avais une petite idée de comment trouver notre direction. Il n’empêchait que je n’arrivais pas à me décider, je me rappelais de mille et un moyens de m’orienter, mais je n’arrivais pas à me concentrer sur un seul. Heureusement, Eglenver elle aussi avait des notions d’orientation et elle semblait bien plus déterminée que jamais malgré ses incertitudes. « Euh... Bah... Il doit être dix-sept ou dix-huit heures et le soleil ne va pas tarder à se coucher à l'ouest. Donc je pense qu'il faut aller dans... Cette direction. » Suivant la direction indiquée par le doigt de la jeune femme, je n’ai aucun mal à repérer le soleil vaguement caché par quelques feuillages. Reportant mon attention sur ma compagne de voyage, c’est un sourire éclatant qui apparut sur ses lèvres alors qu’elle se remettait à marcher me laissant pantois derrière elle. « Tu me suis ? » Hochant la tête comme l’idiot que j’étais, je la rejoignais sans grand mal avant qu’on ne se remette en route pas conscient clairement de la durée future de notre périple, ou bien de sa possible dureté. Tout ce qui intéressait Eglenver c’était notre destination, alors que moi, je ne savais pas trop bien pour quelle raison je continuais à avancer. Elle, peut-être. C’était sans doute ça ma raison, je n’en savais trop rien. ►►►► Plus on avançait, plus le ciel s’obscurcissait. En effet, le soleil continuait sa course, diffusant de moins en moins ses rayons mordorés au-dessus de nos têtes. Avançant sans un mot, le sol froid et tout en relief mettant à rude épreuve mes pieds je restais tout de même silencieux. Malgré la douleur, je ne me plaignais à aucun moment malgré les éclairs de douleurs qui zébraient de temps à autre la plante de mes pieds. Je continuais à avancer sans un mot, bien qu’à maintes reprise l’envie de parler m’a noué la gorge. Je ne sais pas comment aborder le silence, ou même comment le rompre. Cette ballade au cœur des bois, perdu au milieu de nulle part entre divers districts, me fait penser aux Jeux. Plus j’y pense, moins j’ai envie d’en parler. Plus le mutisme qui m’oppresse se fait lourd. Tel un automate, je suis la cadence d’Eglenver alors que ça doit bien faire des heures qu’on marche, mon ventre crie famine et je regrette amèrement le confort élémentaire de ma cage au district treize. L’obscurité se fait de plus en plus épaisse et la nuit ne tardera pas à s’abattre au-dessus de nos têtes. Il est temps de se faire un bivouac avant qu’il ne fasse trop sombre pour trouver un coin où rester pour la nuit. « J'ai mal aux jambes, on s'arrête quand ? » Regardant la jeune femme dans les yeux, ses traits trahissent sa fatigue et la lassitude qu’on peut ressentir après une après-midi de marche épuisante. Ralentissant le pas, je regardais autour de nuit à la recherche d’un coin assez confortable où rester pour la nuit. « Maintenant, une fois la nuit tombé on aura aucune chance de trouver un bon coin où dormir. » Me rappelant sans mal la première nuit des Jeux où Eglenver nous avait retrouvée, Kirsen et moi, dans un coin bien placé pour se reposer, je me demandais ce qui serait arrivé à la belle si je l’avais laissée mourir de froid. Les choses seraient sans nul doute fort différentes, mais dans quel sens ? Mon regard se posa sur le tronc allongé d’un arbre tombé il devait y avoir quelque temps déjà, ce dernier était assez gros pour nous abriter du vent s’il y en avait. Ce qui, je devais l’avouer, allait être un bon avantage pour moi qui n’avait pas vraiment d’habits capable de me protéger de la moindre brise un tant soit peu glacial. Pointant du doigt la percée entre les feuilles où se trouvait ce presque parfait lieu de bivouac je rajoutais : « On a un peu de chance on dirait. » Prenant la tête de l’expédition, j’écartais sans mal les quelques branchages qui nous séparait du tronc d’arbre allongé remarquant avec plaisir que le sol bénéficiait d’un mince tapie de mousse et d’épine de conifère. Il ne restait plus qu’à espérer que la nuit serait sèche et on aura eu droit à une bonne aire de repos. En attendant, nous n’avions toujours pas de quoi manger, ou même de quoi boire. C’était déjà un exploit d’être arrivé au si loin du treize sans rien, mais il fallait s’organiser sans quoi on courrait à notre perte. Ce que je n’étais pas prêt à assumer deux fois. « On a peu de chance de trouver à manger ce soir. » Un léger grognement plaintif se fit entendre alors que je baissais les yeux vers mon ventre.
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| Sujet: Re: I.5 Run away as fast as you can [Eglenver] Ven 6 Juil - 16:45 | |
| Avoir un but est une bonne chose. Je ne supporterais sans doute pas de marcher dans cette forêt sans savoir où nous allons. Étant donné que je ne me sens même pas vivante – après tout, aux yeux de Panem, je suis morte depuis plusieurs mois -, ce serait le comble si je ne savais même pas où mener mes pas... Le comble de la perdition. D'ailleurs, si Skyler et moi n'avions pas de but, que pourrions-nous faire ? Errer. Nous laisser mourir. Après tout, personne ne s'apercevrait de notre disparition, et on ne manquerait à personne. Mais je crois qu'on doit tout de même rester vivants. Je sens qu'on peut retrouver une utilité dans ce monde ; qu'on a encore quelque chose à accomplir. Se laisser mourir, ce serait la solution de facilité. La solution des lâches. Et je n'ai plus envie d'être lâche. Quoiqu'il en soit, c'est tout de même impressionnant de s'apercevoir à quel point notre statut a évolué depuis la moisson. Nous sommes passés de « citoyens banals » à « célébrités adulées », pour enfin finir à « inexistants ». Quel brillant parcours ! Skyler me sort de mes pensées en ralentissant le pas. Il semble soucieux. « Maintenant. Une fois la nuit tombée on aura aucune chance de trouver un bon coin où dormir. » Il me fixe intensément, et je ne cherche pas à éviter son regard. La fatigue me fait sans doute perdre mes moyens. De toute manière, au point où nous en sommes, ce serait futile de chercher à fuir l'autre de quelque manière que ce soit. Je préfère plutôt me concentrer dans l'observation des alentours, en espérant faire preuve d'une certaine aide. Mais je suis distraite et je n'arrive pas à réfléchir décemment. Heureusement, Skyler semble légèrement plus alerte et indique un endroit sombre sur notre gauche. « On a un peu de chance on dirait. » J'observe avec attention le point que son doigt fixe. Je parviens à deviner le tronc couché d'un arbre à la taille assez impressionnante, qui nous sera sans doute utile pour nous protéger du vent. C'est un bon point, car nonobstant mes vêtements chauds, je n'aime pas subir le courroux de la météo. Quant à mon compagnon au torse nu... Il doit être ravi de pouvoir se protéger ne serait-ce qu'un petit peu. Consciente que mon silence peut paraître exaspérant, je glisse d'une voix faible : « Espérons qu'il ne pleuve pas cette nuit... » Puis, d'un commun accord, il se met à progresser à travers la végétation pour rejoindre le lieu de notre futur campement, et je le suis prudemment. Après quelques enjambées, nous nous posons à côté de l'énorme tronc. Je me laisse tomber à terre et m'adosse à l'écorce rêche du conifère. Je ferme les yeux pendants quelques secondes, profitant d'un repos que je pense mérité, avant de me débarrasser de mon sac-à-dos que je laisse choir à mon côté. Skyler est de nouveau méditatif. « On a peu de chance de trouver à manger ce soir. » Ah, il pense à son estomac ! Il n'aurait peut-être pas dû en parler. En effet, il vient de m'y faire songer, et je m'aperçois que j'ai réellement envie de manger quelque chose, moi aussi. Je me mets à rêver des plats qu'on nous servait au Capitole... De tous ces fruits, ces sucreries... Je crois bien que je pourrais actuellement vendre père et mère pour une de ces tartes au citron qu'on nous proposait dans le train ! Quoique, à la réflexion, je ne sais même pas si mon père et ma mère sont encore vivants.
Je soupire avec déception. Je suis frustrée. Mais il faut se faire une raison : tant pis. Si je ne peux satisfaire mon estomac, je vais satisfaire mon muscles et mes articulations en dormant un peu. « Bah, tant pis, on essaiera d'en chercher demain... De toute manière, c'est pas comme si on avait vraiment le choix. » J'adresse une moue contrite à Skyler. Loin derrière lui, j'aperçois un léger brouillard qui se lève doucement. Cette forêt n'est pas vraiment rassurante – d'ailleurs, peut-être est-elle habitée par des bêtes sauvages ? Nous devrions faire un feu. Cependant, je ne sais pas comment on s'y prend. Et je m'en veux soudain de ne pas avoir pris des allumettes dans mon sac... Mon sac ! Je me redresse brusquement, les yeux écarquillés, et m'empresse de fouiller le bagage que je transporte avec moi depuis plusieurs heures. J'en ressors plusieurs fruits et pâtisseries défraîchies. Tout sourire, je me retourne vers Skyler en m'exclamant : « Oh, mais quelle conne ! Tout à l'heure, en sortant, je suis passée par le réfectoire et j'ai pris un peu de nourriture. Tiens, attrape ! » Je lui lance une pomme à la pelure légèrement flétrie. Mais peu importe, tant que c'est comestible ! J'emploie les minutes qui suivent à déguster un croissant. Je ferme les yeux et savoure chaque bouchée neuve et fraîche, en mâchant très lentement. Je perçois chaque molécule de la pâtisserie, et même mes dents sentent le goût du beurre à travers l'émail. Je fais tourner avec ma langue la pâte dans tous les recoins de ma bouche pour que chaque cellule puisse en profiter. C'est divin ! Une fois que j'ai terminé ma dégustation, je lance un regard envieux sur le sac-à-dos encore rempli de délices. Je m'apprête à me saisir d'une grappe de raisin juteuse, avant de m'arrêter dans mon élan. Non. Je dois me raisonner. J'adresse un regard incertain à Skyler. « On devrait en garder pour demain, au cas où on trouverait rien d'autre à manger... » Et, sous l'impulsion d'un regain de volonté, je referme le sac en me mordant l'intérieur de la joue. Je me sens vraiment faible face à toute cette nourriture.
Une fois que je suis certaine de m'être raisonnée, je me détourne à regret du sac-à-dos et observe Skyler avec attention. Il est là, assis à mes côtés, et semble agité de tremblements infimes. Et soudain, cette vision me rappelle l'Expiation. Quand nous avions passé nos trois nuits ensemble et que, parfois, nous étions au bord de la glaciation. Je ne peux m'empêcher de dévoiler ma pensée à mon compagnon : « C'est bizarre, quand même. J'ai un peu l'impression de me retrouver dans les Hunger Games une seconde fois. Enfin, le point positif, c'est que tu es là... » Je sens que mes joues s'empourprent légèrement, mais je ne peux l'empêcher. Et je n'en ai même pas envie. « Tu... Tu m'as... euh... manqué, » j'ajoute maladroitement dans ma lancée. Je me sens bête, mais pour une fois que je ressens le besoin de me dévoiler, autant en profiter. C'est plutôt rare. C'est sans doute le fait de retrouver Skyler qui me déstabilise à ce point. D'ailleurs, j'ai toujours un peu de mal à y croire. Est-ce que tout cela se passe dans mon imagination ? Est-ce un effet de la morphine ? Toutes ces questions me harassent et me font souffrir. Je n'ai pas envie que ce soit un rêve. Ce serait trop dommage. Tout ceci est trop... parfait. « J'ai un peu de mal à me dire que tout ça est vrai, mais bon. Si c'est un rêve, j'aimerais bien ne pas me réveiller. »
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| Sujet: Re: I.5 Run away as fast as you can [Eglenver] Ven 13 Juil - 23:49 | |
| Il nous fallait nous organiser, rassembler nos actes et aller de l’avant. Déjà trouver un endroit où se reposer était un bon point, je regrettais néanmoins de ne pas avoir de quoi apaiser ma faim. Mon estomac est douloureusement vide, je devais avouer ne plus avoir l’habitude de me rationner depuis que j’étais au district treize. Bien sûr, je n’avais pas droit à des festins, mais j’avais toujours à manger en suffisance pour me tenir sur mes deux jambes et je ne me sentais pas capable d’avancer bien loin avec mon estomac criant famine. « Bah, tant pis, on essaiera d'en chercher demain... De toute manière, c'est pas comme si on avait vraiment le choix. » Sans rien ajouter, j’hochais la tête dans un sourire pincé alors que je sentais le temps se rafraîchir petit à petit. L’air était humide et je ne donnais pas très chère de ma peau après une nuit passé dans ces bois. Surtout en étant affamé et en ne trouvant pas le sommeil à cause de ça. Mes yeux perdus entre les arbres qui me faisait face, en mouvement vif d’Eglenver me fit reporter mon attention sur elle. Fronçant les sourcils, je la regardais s’agiter en me demandant ce qui pouvait bien la perturbe. « Oh, mais quelle conne ! Tout à l'heure, en sortant, je suis passée par le réfectoire et j'ai pris un peu de nourriture. Tiens, attrape ! » La regardant sortir une pomme de son sac, je ne pu m’empêcher de sourire en attrapant le projectile au vol en la remerciant. Sans plus attendre, je croquais dans la pomme que la jeune femme venait de m’offrir me repaissant avec délectation du fruit défraichi. Mon estomac se remplissant, je sentis le vide qui me tourmentait se remplir petit à petit. J’accueillais avec plaisir cette nourriture qui venait combler le trou en moi creusé par la faim. De son côté, Eglenver en faisait autant, on devait avoir l’air de deux affamés à manger aussi hâtivement nos mets de fortune, mais bon, la faim était un fardeau comment à tous les enfants des districts, pouvoir la combler était un soulagement en plus d’être un luxe.
Trop aux prises avec ma pomme que je dévore avide, je ne remarque pas la jeune femme en train de se laisser tenter par un peu plus de nourriture. Néanmoins, lorsqu’elle se met à parler, je m’intéresse de nouveau à sa personne. « On devrait en garder pour demain, au cas où on trouverait rien d'autre à manger... » Je la vois refermer son sac et termine en une dernière bouchée ma pomme. Me débarrassant du trognon d’un geste leste je repose mes yeux sur la forêt qui devait, sans nul doute, être pleine d’animaux. « Le plus compliqué ne sera pas de trouver à manger, mais de cuire ce qu’on aura… J’imagine qu’on oublie pas comment chasser. » Tout comme on oublie pas le reste, autant le mauvais que le bon. Croisant mes bras sur mon torse dénudé, je sens une brise légère qui me frôle trop pressement. Resserrant un peu plus mes bras contre mon torse, j’espère pouvoir lutter contre la fraicheur de l’air et l’humidité, mais les tremblements que je n’arrive pas à contenir semblent me prouver que je n’en serais pas capable. Afin de ne pas alerter Eglenver, je me mords la lèvre inférieure, espérant pouvoir empêcher mes dents de s’entrechoquer, mais bien vite la jeune femme semble me dévisager avec bien trop d’insistance. Mal à l’aise, à nu sous son regard, je tente de regarder ailleurs pour chasser le malaise que je ressens, mais rien n’y faisait. « C'est bizarre, quand même. J'ai un peu l'impression de me retrouver dans les Hunger Games une seconde fois. Enfin, le point positif, c'est que tu es là... » Les images étaient claires dans ma tête, précises, peut-être trop. Je la revoyais le premier jour glacée, ses vêtements mouillée, et prête à attraper la crève. Je me souvenais bien l’avoir serré contre moi toute la nuit pour lutter contre le froid ambiant. Je ne gardais que le bon de ce souvenir, pourtant j’avais tué un garçon un peu plus tôt et je n’avais pas su fermer l’œil, les remords m’avaient déjà assailli à l’époque, mais, bizarrement, aujourd’hui je ne repensais qu’à la jeune femme enfouie dans mes bras. Perturbé, je passe une main sur mon visage me demandant si c’était bien des rougeurs que je voyais sur les joues de la belle. Elle, rougir ? « Tu... Tu m'as... euh... manqué, » C’est à mon tour de me battre contre les rougeurs. Je ne m’attendais vraiment pas à une déclaration de ce genre de ça part c’était… inespéré ? Impromptu, incompréhensible et délicieusement bon. J’avais froid, j’étais fatigué, j’avais mal aux jambes et mes pieds étaient extrêmement douloureux, pourtant j’avais l’impression de me sentir mieux que je ne l’avais jamais été depuis les Jeux de la Faim. Pourtant les médecins avaient essayés mille et une choses sur moi en espérant me faire aller mieux. Est-ce que quelque mots d’une personne en particulier peuvent faire plus de bien que tous les traitements du monde ? Pour le coup j’en avais bien l’impression. « Je ne sais pas ce que ça vaut… mais je préférais crever que… que de devoir vivre en te sachant morte. » Était-ce seulement à cause des regrets ? Mon regard fuyant et ma gorge noué semblaient vouloir dire le contraire.
Toujours parcouru de tremblements infimes, je rêvais d’une bonne couverture et d’un lit bien chaud au district treize, ou même du truc immonde et inconfortable qui me servait de lit au douze. « J'ai un peu de mal à me dire que tout ça est vrai, mais bon. Si c'est un rêve, j'aimerais bien ne pas me réveiller. » Hochant la tête, je posais mes yeux sur le sol en me rappelant le nombre de mes rêves ou de mes délires qu’elle avait pu peuplé. La majorité certainement. Et chacun d’entre eux avaient été aussi douloureux et insupportable. Me dire que tout ceci n’était qu’un rêve me tuait de l’intérieur, comme si quelqu’un soufflait la dernière lueur d’espoir qui m’animait. Mes yeux toujours posés sur le sol je me mettais à parler avant de planter mon regard dans celui d’Eglenver : « Dans aucun de mes rêves je n’ai jamais pu faire… » Sans me presser, alors que les mots s’échappaient de mes lèvres je m’étais tourné vers la jeune femme m’approchant de plus en plus. Une de mes mains vint se poser contre l’écorce rugueuse du bois mort alors que l’autre se posait en douceur contre la joue de mon amie. Le souffle court, celui de la belle s’écrasant sur mes joues, mon regard perdu dans le sien, je n’avais pas peur, j’étais persuadé qu’il ne s’agissait que d’un rêve et qu’on allait m’arracher à celui-ci avant que je n’atteigne mon but. Cependant, plus vite que je ne l’aurais cru, nos lèvres se rencontrèrent alors que je fermais les yeux dans un tressaillement de mon cœur. Ses lèvres étaient sucrée, mais surtout d’une douceur infinie. Je sentais mon cœur faire des bonds dans ma poitrine alors que j’avais l’impression d’être un gamin embrassant pour la première fois une fille. J’étais un gamin embrassant pour la première fois une fille. Immobile, je me détachais de ses lèvres finalement à contre cœur en ajoutant dans un murmure « Ça. » Mes yeux encore perdu dans les siens, je sentais le rouge me monter aux joues, mais je ne luttais pas contre ce dernier. Je n’avais envie que d’une chose recommencer encore et encore, mais une idée vint en moi et se fit comme une évidence. Ce n’était pas un rêve. Je venais d’embrasser Eglenver et je mourrais d’envie de recommencer. Néanmoins, je laissais mon dos reposer contre le tronc d’arbre avant de dire en détournant le regard gêné : « Je suis désolé… oublie ça je croyais… enfin c’est rien…enfin on devrait faire comme si rien ne s’était passé… je suis désolé, vraiment… »
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| Sujet: Re: I.5 Run away as fast as you can [Eglenver] Sam 14 Juil - 16:45 | |
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hold on, little girl
C'est étrange, de parler de ses sentiments. Un peu gênant, mais au final, assez apaisant. Et je ne regrette pas d'avoir confié à Skyler l'affection que je lui porte. De toute manière, c'était soit ça, soit je me taisais. Et dans cette forêt assez glauque, le silence me serait insupportable. Je ne peux m'empêcher de vouloir faire du bruit pour me rassurer. Pourtant, qu'ai-je à craindre, désormais ? Je n'ai plus grand chose à risquer. Ma vie n'a même plus d'importance ! A quoi peuvent donc être liées mes peurs ? A la perte de Skyler ? C'est la seule solution plausible. Et ça me donne un peu la nausée, de m'apercevoir que je peux éprouver tant d'amour sucré pour une personne. Beurk ! J'ai toujours pensé qu'apprécier un garçon, c'était uniquement une affaire de jeunes filles en fleurs. Je me croyais à l'abri de ce genre de débilités, et voilà que je me retrouve à dévoiler à un jeune homme qu'il m'a manqué... Je suis un peu répugnante. Mais pourtant, je ne regrette pas ce que j'ai fait. Je n'ai rien à craindre de personne, maintenant. Ma simple peur de la forêt est enfantine. C'est tout. Et c'est étrange, car Skyler ne semble pas effrayé par mes propos. Un petit peu gêné, peut-être. Dans l'obscurité ambiante, je peux apercevoir la teinte légèrement rosée que viennent de prendre ses pommettes. Son regard fuyant a quelque chose de touchant qui me décroche un petit sourire inexplicable. « Je ne sais pas ce que ça vaut, me dit-il, mais je préférais crever que… que de devoir vivre en te sachant morte. » Sa voix est faible, comme si sa gorge était nouée. Comme s'il pensait réellement ce qu'il vient de dire. J'y réfléchis. Est-il sincère ? J'ai vécu plusieurs mois en le croyant décédé, et pourtant, je n'ai jamais tenté de mettre fin à mes jours – de toute façon, je me sentais morte de l'intérieur. Malgré son absence, je m'étais suis jurée d'aller au bout de moi-même, de m'enfuir. Serait-il donc plus attaché à moi que je le suis à lui ? C'est étrange, mais un peu rassurant. A moins qu'il n'ait tout simplement pas très bien réfléchi à ses propos. Ça, ce serait plus logique, bien qu'un peu décevant.
La voix de Skyler me tire une nouvelle fois de mes pensées. « Dans aucun de mes rêves je n’ai jamais pu faire… » Je crois un instant qu'il a perdu le fil de sa phrase, ou bien qu'il s'est aperçu de quelque chose d'important qui lui a fait passer l'envie de me parler. Cependant je m'aperçois bien vite que tout cela est prémédité. Le jeune homme est en train de se pencher vers moi, doucement, comme on s'approche d'une amie. Je plante mon regard dans le sien sans comprendre. Que va-t-il faire ? Qu'essaie-t-il de faire ? Il n'y a aucune crainte dans ses prunelles. Je crois même déceler de l'assurance. Il se penche encore, jusqu'à être tout près de moi. Cette promiscuité nouvelle me fait paniquer. J'ai toujours été habituée à être maître de la situation, et me voilà qui me retrouve prise au dépourvu. Je ne sais pas ce qui m'attend, même si je le devine. Non, c'est impossible, il ne va pas... Une main se pose contre ma joue, tiède et douce. Ce simple contact me paralyse. J'ai toujours peur, mais une nouvelle sensation m'anime. De l'excitation. Un brin d'euphorie. Je suis fébrile. Le contact de ses doigts contre mon épiderme m'apaise cependant que mon cœur s'emballe. C'est un florilège de sentiments complexes et contradictoires qui s'entrechoquent dans mon esprit. Autour de moi, la forêt semble avoir disparu. Ne reste plus que Skyler, et ses yeux, ses magnifiques iris dans lesquels je me noie.
Avant que j'aie le temps de réaliser ce qui m'arrive, ses lèvres entrent en contact avec les miennes. Le geste est délicat et plaisant. Doux. Une simple caresse empreinte d'affection. J'ai envie que ce moment s'éternise et que les secondes s'étirent. Je m'aperçois qu'il est en train de m'embrasser, que c'est la première fois qu'un garçon m'embrasse... Je ferme les yeux pour profiter de cette sensation nouvelle qui brûle en moi. Skyler se retire trop rapidement. C'était bien trop court. Je suis très frustrée, mais trop emballée encore à l'idée du baiser que le jeune homme vient de me prodiguer. Sa voix résonne à nouveau dans le silence glacial de cette soirée : « Ça. » Je comprends avec un temps de retard qu'il vient de terminer la phrase qu'il avait entamée auparavant. Je suis perplexe, surprise et figée. Mon pouls ne veut pas se calmer. Cette sensation était si délectable ! J'ai envie qu'il m'embrasse encore et encore. Mais il ne semble pas de cet avis, puisqu'il vient de se reposer contre le tronc d'arbre, une expression contrite sur le visage. « Je suis désolé… oublie ça je croyais… enfin c’est rien…enfin on devrait faire comme si rien ne s’était passé… je suis désolé, vraiment… » Je fronce les sourcils. Il vient de m'embrasser et il s'excuse ? C'est idiot. Il ne comprend pas que ce qu'il vient de faire m'a transportée plus qu'une quelconque résurrection. C'était si bon ! Je me surprends à me mordre la lèvre pour tenter de goûter une nouvelle fois la saveur des siennes. Mais il n'y a plus rien. C'était trop éphémère. Je suis assez circonspecte. « Ne dis pas ça... Enfin.. Ne dis pas ça comme si tu regrettais ce que tu viens de faire. Ce n'est pas très flatteur pour moi... » Je ne sais pas quoi faire. Je n'ai jamais eu de petit ami. Je n'ai jamais embrassé un garçon. Suis-je sensée retourner vers lui ? C'est ce que j'ai envie de faire. Mais je me sens trop maladroite, alors je fais ce que j'ai toujours été habituée à faire lorsque je suis gênée : je parle. « Je crois qu'en fait, j'étais un peu sous ton charme, dans l'arène. C'est bizarre. Je crois que... Que tu m'apaises. » Je crois surtout que je raconte n'importe quoi. Meubler ce silence est ma préoccupation principale, désormais. Si je ne peux pas l'embrasser, alors je dois m'occuper autrement. « Tu sais, j'ai toujours été vue comme une peste trop bavarde. Mais je crois vraiment que tu me fais devenir meilleure. C'est bien, non ? Et je n'ai pas envie que ça s'arrête. » Je ne sais plus quoi dire. Je regarde mes genoux pour éviter d'avoir à me confronter à son visage. J'espère simplement qu'il ne regrette pas ce qu'il a fait. « Si on a une vie inutile, désormais, tant pis. Au moins, on sera ensemble. » Je souris légèrement, et ne peux m'empêcher de jeter un coup d'œil à ses lèvres. Elles semblent si attirantes... Je ne peux pas rester ici à ne rien faire. J'ai trop envie d'aller vers lui, vers son corps à moitié nu qui, à la réflexion, m'attire bien plus que de raison. Je me sens idiote. Finalement, je ne suis donc qu'une adolescente perturbée par ses hormones, comme toutes les autres filles du Sept.
Je n'y tiens plus. Je me penche à mon tour vers Skyler et prends son visage en coupe entre mes doigts. Sans réfléchir, je colle mes lèvres aux siennes dans un geste un peu trop brusque. J'ai un peu mal au nez, mais peu importe : je suis en train de l'embrasser, et cette sensation fait passer tout le reste au second plan. |
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| Sujet: Re: I.5 Run away as fast as you can [Eglenver] Mar 17 Juil - 0:29 | |
| Je ne saurais dire ce qui m’avait pris. Adossé au tronc d’arbre rugueux, j’ai honte de m’être ainsi laissé aller. A force de ne plus discerner le vrai du faux, la réalité des cauchemars, ça devait forcement finir ainsi. Ça devait se finir par moi faisant une connerie. Les yeux baissés, mes mains nouées, j’ai honte. J’ai l’impression d’être un idiot qui se serait laissé guider par ses hormones et le pire c’est que je n’arrivais pas à lutter contre ça. J’aimais ça. J’avais aimé sentir les lèvres d’Eglenver contre les miennes et je me serais damné pour pouvoir frôler ce qui semblait être un avant-gout du paradis. Toutefois, je restais là prostré, je m’étais vaguement excusé et maintenant je n’osais plus rien dire. Peur. J’avais peur, à vrai dire je crevais de trouille à l’idée que la belle me repousse. A l’idée qu’elle puisse me rejeter ou rire de ce qui venait de se produire. J’étais vraiment un gamin, un gamin qui n’existait que dans le regard d’une fille, mais dans son regard, vraiment, je me sentais bien. « Ne dis pas ça... Enfin.. Ne dis pas ça comme si tu regrettais ce que tu viens de faire. Ce n'est pas très flatteur pour moi... » Troublé, je me mordais la lèvre inférieur avec un peu trop de force alors que je laissais Eglenver partir dans son monologue. En effet, ça n’était pas flatteur pour elle, mais si elle savait la vérité, l’apprécierait elle ? « Je crois qu'en fait, j'étais un peu sous ton charme, dans l'arène. C'est bizarre. Je crois que... Que tu m'apaises. » L’obscurité se fait de plus en plus danse alors que dans ma tête s’agite un foutoir sans nom. Mes yeux toujours rivés sur le sol, je me dis que j’aurais dû faire un feu, ou bien que si j’avais eu l’intelligence de prendre des habits avant de sortir du treize j’aurais eu l’air plus malin. Mais surtout, je repensais à l’arène, le premier soir lorsqu’elle avait dormi dans mes bras, le second jour à côté de l’étendue d’eau lorsqu’elle m’avait sauvé la vie et puis tout le reste. Mes moments d’égarements, l’étincelle qui s’était enfuie de mon regard, mes scrupules que j’avais laissé derrière moi. J’aurais aimé ne repenser qu’au bon en pensant à nos Jeux, mais c’était impossible, le mauvais écrasera toujours mes épaules. « Tu sais, j'ai toujours été vue comme une peste trop bavarde. Mais je crois vraiment que tu me fais devenir meilleure. C'est bien, non ? Et je n'ai pas envie que ça s'arrête. » Relevant la tête, je la fixe sans aucune pudeur. Mes yeux glissent le long de sa nuque, vont se perdre sur son profil accentué par l’obscurité. Moi la rendre meilleure ? Un rire nerveux s’échappa de mes lèvres sans que je n’y puisse rien. Je n’étais même pas capable d’aller mieux après des mois passés à essayer. « Si on a une vie inutile, désormais, tant pis. Au moins, on sera ensemble. » Un léger sourire vient étirer mes lèvres. Ce n’était pas aussi incongru comme idée quand on y pensait. Être ensemble. C’était si inespéré, si étrange et ça semblait pourtant si légitime. A croire qu’il n’y avait que dans les moments les plus sombres qu’on pouvait trouver ceux qui allaient éclairer notre voie.
Cette fois-ci, ce fut à mon tour d’être pris au dépourvu lorsqu’Eglenver posa ses mains sur mes joues. Me perdant dans ses yeux, je me laisse happer par la douceur de ses mains alors que j’attends fiévreusement la suite des événements bien que je les connaisse d’avance. Sans plus aucune appréhension, n’y aucun doute, je la regardais s’approcher de moi avec trop de vigueur. Mon nez endoloris, je ne songe pas à cette légère douleur, tout ce que je savais c’est que mon estomac se nouait. Mes yeux se fermèrent d’eux même alors que mes mains allaient naturellement trouver ses hanches pour attirer la belle vers moi. Approfondissant le baiser, je sens mon air se consumer alors que bien vite sa fragrance enivre mon esprit. Incapable de la lâcher, incapable de céder un centimètre de terrain, ce n’est qu’une fois mes poumons entièrement vidés que je me permets de reprendre une grande inspiration. Mes mains toujours agrippé à ses hanches, la jeune femme assise sur mes genoux, je souris comme un idiot en me rendant compte de la vitesse de mon pouls. J’ai surement l’air idiot à la dévorer du regard, mais je n’arrivais pas à me retenir, puis je n’en avais pas envie. « On devrait dormir… » Ou en tout cas essayer, mais pour le coup je m’en sentais bien incapable. Un sourire amusé aux lèvres, je tirais un peu plus la jeune femme vers moi pour caler mon visage dans son cou. Fermant quelques instants les yeux, je me sentais mieux. Bien mieux que je l’avais été ces derniers mois. J’avais l’impression d’avoir trouvé ce qui manquait au puzzle, de m’être souvenu de ce qui était cassé en moi et de comment le réparer. Me redressant, je rajoutais un sourire aux lèvres : « A moins que tu ne préfères que je me lance dans un monologue ? » Approchant mes lèvres des siennes, je les effleurais à peine avant d’embrasser sa joue, descendre dans son cou, marquant sa peau de tous mes baisers. Revenant à ses lèvres, je posais ma main droite dans son cou alors que ce baiser devenait de plus en plus passionné. Je ne savais pas ce qui m’arrivait, je n’avais jamais eu de petite amie avant, je n’en avais jamais eu le temps et au district douze c’était une idée saugrenue que de chercher l’âme sœur. Pour quoi faire ? S’attacher à quelqu’un et le voir mourir durant les Jeux ? C’était idiot. C’était pourquoi j’étais tellement décontenancé de voir mes lèvres s’agripper aux siennes avec tant de ferveur. Mes mains son fiévreuses, je suis désireux de combler mes désirs et pourtant je suis perdu. J’ai envie de plus terriblement plus qu’un chaste baiser, mais lorsque ma tête dis non, chaque parcelle de mon être semble dire oui. Une nouvelle fois à bout de souffle, je laisse à regret ses lèvres, les miennes marquées par sa personne. Mes yeux rivés sur sa bouche, j’arrive à articuler : « Je crois qu’on devrait vraiment dormir. » Avant d’aller trop loin et de se laisser aller à la tentation.
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