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 II,4. BRAEGAN ➺ So take this night and lay me down the street

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II,4. BRAEGAN ➺ So take this night and lay me down the street Vide
MessageSujet: II,4. BRAEGAN ➺ So take this night and lay me down the street   II,4. BRAEGAN ➺ So take this night and lay me down the street Icon_minitimeSam 13 Avr - 18:43

Morrigan & Braeden
THERE ARE THINGS YOU CAN'T FORGIVE, YOU CAN'T FORGET Ҩ There are things I have done, there's a place I have gone, there's a beast and I let it run, now it's running my way. There are things I regret, you can't forgive, you can't forget. There's a gift that you send, you sent it my way ... So take this night, wrap it around me like a sheet, I know I'm not forgiven but I need a place to sleep. So take this night and lay me down on the street, I know I'm not forgiven but I hope that I'll be given some peace.
[Seuls les administrateurs ont le droit de voir cette image]
gifs © divisiongifs & alphalewolf • codage © yumita • musique this night, by black lab


J'avais affreusement besoin d'air. Je me foutais bien que l'eau tombe à verse depuis plus d'une heure, je me foutais bien d'être trempé jusqu'aux os, je me foutais bien qu'on remarque mon absence … J'avais besoin d'air. Et j'étais ici de mon plein gré, alors je n’avais de toute façon pas la moindre intention de me justifier si l’on me demandait d’où je venais à mon retour. La pluie qui tombait à verse effaçait peu à peu les traînées rougeâtres maculant les pavés de la place de l’hôtel de ville, seul vestige encore visible des exécutions survenues plus tôt dans la journée. Le voir s’effacer si vite m’agaçait en réalité profondément, tant j’aurais voulu que les habitants de ce district de bouseux puissent le contempler durant des jours entiers en se rappelant chacun des minables ennemis du gouvernement que nous avions puni. L’heure était à nouveau au chacun pour soi, et ces minables commenceraient très bientôt à comprendre qu’il était inutile de chercher à protéger qui que ce soit, sous peine de se voir mis dans le même sac et de subir punition égale et irréversible. Quelque part j’étais heureux de me trouver ici et non au district trois, au moins le temps que durerait cette purge, ici les rebelles arrêtés étaient plus engagés, plus importants qu’au trois où jamais nous pacificateurs n’avions véritablement cédé face à l’ennemi. Et j’en étais fier, bien entendu, de faire partie de cette petite majorité qui n’avait jamais rien lâché face à l’opposant, mais désormais c’était le sang de véritables rebelles que je voulais voir couler. C’était comme si en chacun d’eux je parvenais à percevoir une part invisible de ceux qui m’avaient fait ça, de ceux dont la barbarie avait mené à ce que ma propre vie ne m’appartienne plus vraiment et me condamne à voguer comme un vieux rafiot que la tempête et les vagues auraient vidé de tous ses occupants. Et si jamais je ne devais faire face à mes assaillants au moins aurais-je pu me venger en faisant couler le sang de ceux qui ayant les même allégeances possédaient la même cruauté, part sombre qu’ils s’évertuaient à cacher derrière de faux idéaux. Aujourd’hui j’en avais regardé mourir trente-trois et pour aucun d’entre eux je n’avais cillé, mais glacial mon regard avait parcouru chacun de leurs visages pour chercher la peur dans leurs yeux, et m’en délecter.

Alors pourquoi, pourquoi me sentais-je tout à coup si mal, pourquoi ce poids si lourd sur mes épaules, tellement lourd que j’étais lourdement tombé à genoux sur les pavés détrempés, mon estomac désireux de me faire recracher tout ce que j’aurais bien pu avaler ces deux derniers jours … Mais non. J’étais resté là durant ce qui me parut une éternité, de temps en temps secoués de spasmes et tremblant des pieds à la tête, me détestant de me retrouver dans un état pareil si loin de chez moi … ou bien était-ce peut-être la clef du problème. Depuis là où commençait mes souvenirs je n’avais jamais mis les pieds en dehors du district trois, y voyant une sorte de forteresse faite de ce qui m’avait sauvé la peau, et dirigé d’une main de fer par la seule personne grâce à qui j’étais en vie aujourd’hui. Misérablement, l’eau ruisselant sur mon visage et collant mes vêtements à ma peau, je m’étais appuyé au mur d’un bâtiment tout proche pour me remettre debout, maudissant ce district de sauvages tout en tentant de reprendre mes esprits. Il n’était pas question que les autres me voient comme ça, pas question que j’entende à nouveau murmurer dans mon dos que je n’avais pas ma place chez les pacificateurs … Parce que la haine des rebelles palliait entièrement à l’absence de ma formation, je fonctionnais à la vengeance et grâce à cela j’étais bien plus motivé et bien plus compétant que d’autres. Personne ne me verrait dans cet état.

Voilà pourquoi j’avais rejoint l’auberge où je logeais pour y prendre une douche brûlante et changer de vêtements contre des secs, avant de songer à me rendre au bar où trainaient la plupart des pacificateurs après leur service. C’était histoire de faire comme tout le monde et de passer pour un mec sociable, sans doute, mais enfin de qui est-ce que je me foutais ? A peine arrivé d’ailleurs j’avais regretté, j’avais peut-être moins chaud dans ma chambre mais les conversations environnantes m’épuisaient, et je n’avais pas plus envie de faire une partie de carte que d’entendre un de mes collègues nous compter ses derniers exploits, en y rajoutant juste assez de mensonge pour tenter de se faire mousser. Posant quelques pièces de monnaie sur le comptoir j’avais demandé un verre de … Je ne savais même pas de quoi, ce truc qu’ils servaient au district cinq, et qui avait tout autant de chance d’être une véritable boisson qu’un reste d’alcool à brûler sortit tout droit d’une de leurs centrales électriques. J’attrapais néanmoins mon verre de bonne grâce lorsqu’arrivant à mes côtés la chef pacificatrice du coin avait commandé la même chose avant de poser ses yeux sur moi, sans que je sache si elle était là par hasard ou si elle avait quelque chose à me dire ou à me demander. Portant mon verre à mes lèvres, tentant de paraître impassible, j’attendais.
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II,4. BRAEGAN ➺ So take this night and lay me down the street Vide
MessageSujet: Re: II,4. BRAEGAN ➺ So take this night and lay me down the street   II,4. BRAEGAN ➺ So take this night and lay me down the street Icon_minitimeMar 16 Avr - 19:32

Assise dans son bureau, Morrigan frottait son arme. D'un chiffon mouillé imbibé de savon, elle en faisait disparaître les tâches de sang. Une journée, une trentaine de morts, et le seul regret qu'elle avait, c'était que l'intérieur de ces derniers avaient recouverts ce qui les avaient exécutés. Et ça ne partait pas facilement. Même dans la mort, ces rebelles réussissaient à l'énerver ? Si elle les avait abattus, ce n'était pas pour qu'ils viennent se coller à son arme. Alors elle frottait, et frottait encore, sans s'arrêter, décidée à ne pas cesser avant que toutes tâches n'aient disparus. Et pendant qu'elle frottait, elle serrait les dents. Elle frottait avec rage et bientôt, elle le jeta loin dans un excès de rage. Hors de sa vue ! Elle ne voulait plus le voir !
Le pistolet vola à travers la pièce, cogna contre le mur d'en face et tomba au sol. Le sang était toujours là, elle aurait souhaité qu'il ait disparu. Toujours furieuse, elle se leva d'un bond et envoya sa chaise valser loin derrière elle. Puis elle s'avança vers le flingue, se baissa pour le ramasser, et quand elle se releva, elle se retrouva face à son reflet. Son horrible reflet qu'elle ne pouvait plus supporter. Elle s'observa un instant, la mâchoire tellement serrée que ses dents en grinçaient et constata avec la même horreur à quel point elle était défigurée. Complètement défigurée. La moitié de son visage était écarlate par le feu. Elle ne s'y était toujours pas habituée et ne s'y habitueraient sans doute jamais. De sa main tremblante de colère, elle se toucha cette même moitié. Ce qui lui restait de peau brûla à ce contact et elle la retira de suite, une larme brillante de rage dans l’œil.
Elle était d'une humeur de chien depuis l'explosion de la centrale, cette même explosion qui lui avait fait perdre la moitié de son faciès, mais où elle devait tout de même s'estimer heureuse de pouvoir encore voir des deux yeux. Elle était furieuse ! Furieuse que ces rebelles aient réussis à la toucher. Si furieuse qu'elle les avaient tués d'une traite, les uns à la suite des autres, d'une balle dans la tête. Et ce n'était pas fini. Elle en abattrait encore beaucoup.

Depuis l'accident, elle se cachait. Elle ne sortait plus sans son casque de pacificatrice -qui lui aurait bien été utile lors de l'explosion, si seulement elle l'avait eu sur elle- et ne s'autorisait à le retirer que lorsqu'elle était sûre que personne ne pouvait la voir.
D'ordinaire, Morrigan se fichait pas mal de ce qu'on pouvait penser d'elle, mais cette blessure révélait quelque chose qu'elle souhaitait garder pour elle seule : sa vulnérabilité, le fait qu'elle aussi puisse saigner, puisse être blessée, le fait que malgré les apparences, elle était comme tout le monde. Alors, pour être sure que personne ne la voie de cette manière, et en plus de se cacher, elle déversait sa haine sur tout le district 5.
Vivement qu'elle le quitte.
Bientôt, pensa-t-elle.
La purge terminée, elle plierait bagage vers le Capitole où elle occupera la place restée vacante de Générale. Une promotion bien méritée qui la mettait en joie. Elle avait hâte d'y être.

Finalement, elle abandonna le pistolet et quitta son bureau. La pensée de rejoindre sous peu la capitale l'avait apaisée et elle se dit qu'il serait bon de fêter ça. Pas grand chose, c'était juste un prétexte pour aller boire.
Boire … ça faisait longtemps qu'elle ne l'avait pas fait. Combien de temps ? Elle ne savait plus. Elle se souvenait juste avoir décidée d'arrêter, mais ne se souvenait plus de la raison. Ça remontait à plusieurs années, alors qu'elle venait d'arriver au district 5 … oui. Voilà la dernière fois où elle avait bu : lors de son arrivée au district 5. Ça faisait un bout de temps, effectivement !
Elle quitta son bureau sans même prendre la peine de prendre son casque. Puisqu'elle partirait bientôt, autant donner à ses gens quelque chose qu'ils n'oublieront pas.

Elle entra dans le premier bar qu'elle rencontra et fonça directement s'asseoir au comptoir. De son naturel regard mauvais, elle commanda à boire, qui arriva bien assez tôt. Peut-être s'était elle trompée sur sa blessure. Peut-être qu'elle ne contribuera qu'a la rendre encore plus effrayante. Si c'était le cas, tant mieux. Elle avait aperçu le regard du barman, un regard teinté de surprise et de terreur qu'elle s'était surprise à apprécier. Peu importait. Elle saisit son verre, et le but cul sec.
Ce n'est qu'après qu'elle remarqua Braeden, assis juste à côté d'elle. De tous les pacificateur qu'elle avait sous sa garde, Braeden était celui qu'elle préférait. Dommage qu'il ne venait pas du district 5 et qu'il ne soit ici que le temps de la purge. Elle aurait aimée l'avoir dans ses rangs toutes ces années. C'était un pacificateur comme elle les aimait. Son absence de formation aurait pu la rebuter, mais il avait rapidement fais ses preuves en se révélant être un soldat très efficace et surtout obéissant. Et comme si elle ne pouvait l'apprécier plus, ils s'avéraient avoir tous deux un point commun : leur haine semblable pour les rebelles.
N'allant quand même pas jusqu’à le traiter comme un égal, elle se montrait avec lui un peu moins exigeante qu'avec les autres.
Malheureusement, elle ne pourrait suffisamment profiter de sa compagnie. La purge terminée, il rentrerait au trois, et elle s'envolant pour le Capitole, ne le reverrait sans doutes plus jamais. Non pas que cette idée l'attristait, elle avait juste un peu la rage que ce soit vers la fin de sa carrière qu'elle recevait des personnes un tantinet digne de son intérêt.

Quoi qu'il en soit, puisqu'ils étaient là tous les deux, elle se dit qu'autant fêter son départ avec lui. S'il le souhaitait bien entendu. S'il ne voulait pas, eh bien tant pis, elle rentrerait juste chez elle, ou profiterait encore de son titre pour l'y obliger. A voir.
« Dure journée hein ? Toutes ces histoires, tous ces rebelles. Ça commence à devenir pesant ! » Il était effectivement temps que ça se termine. « J'ai hâte de voir ce que Snow va faire. » Car il ne restera pas les mains croisés, c'était sur et certains. « Raser un district peut-être … comme il y a soixante-seize ans. » Elle commanda un autre verre. « Et puis, les jeux approchent. Je sens que cette année sera amusante ! » Puis elle sourit.
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II,4. BRAEGAN ➺ So take this night and lay me down the street Vide
MessageSujet: Re: II,4. BRAEGAN ➺ So take this night and lay me down the street   II,4. BRAEGAN ➺ So take this night and lay me down the street Icon_minitimeVen 19 Avr - 18:24

J'avais entendu beaucoup de choses concernant Morrigan Moriarty avant mon arrivée au district cinq, et même un peu après, mais seulement la moitié à peine de ce qu'on m'avait avoué s'était révélé être la vérité … Du moins c'était mon point de vue. On m'avait dépeint une femme si antipathique que la température de la pièce elle-même semblait baisser lorsqu'elle y pénétrait, on m'avait parlé d'une personne dont la cruauté était telle qu'elle faisait trembler même certains pacificateurs, et nous n'étions pas les derniers pourtant pour rendre le centuple de ce que les rebelles envoyaient … Et pourtant, Moriarty ne m'avait pas parue plus antipathique, ou moins, qu'un autre chef pacificateur – j'avouais moi-même sans mal que malgré l'admiration que je portais à Hildegarde elle n'était pas ce qu'on pouvait appeler une marrante – et pour ce qui était de sa cruauté et bien … Nous étions en guerre. Ou plutôt non, nous ne l'étions plus, car la guerre, si tentée que l'on puisse appeler ainsi une tentative si maigrelette des rebelles de se faire entendre avant de se faire renvoyer dans les cordes du ring, nous l'avions remportée et aujourd'hui était simplement venu le temps de sanctions. Et qui étions nous, tous, pour juger des lois du pays … Désobéir aux lois devait être puni, il n'y avait rien de plus simple. Et le côté spectaculaire de ces exécutions de masse n'avaient d'égale que la cruauté des rebelles, cette cruauté et cette sauvagerie qu'ils camouflaient derrière ce qu'ils appelaient des idéaux, tentant par tous les moyens d'enfumer les habitants de Panem dont certains n'aspiraient qu'à vivre sans qu'on ne vienne les importuner. Les rebelles étaient des fauteurs de troubles, et la sanction autant que la méthode ne suffisaient pas à me choquer. D'autant plus que cette décision ne venait pas de Moriarty, mais de bien plus haut … J'étais au cinq, mais j'aurais pu me retrouver ailleurs, au deux, au six, au dix ou que sais-je encore. Cette révolte les gens s'en souviendraient, mais ce dont ils se souviendraient surtout c'était de la sanction qui tombait sur quiconque tentait de détruire l'ordre établi.

Pour toutes ces raisons, et parce qu'il faut bien l'avouer j'avais appris à ne pas me montrer trop difficile en terme de relations humaines étant donné ma situation, le fait de voir la chef pacificatrice du district cinq prendre place à côté de moi au comptoir de ce bar ne m'effrayait pas plus que cela m'impressionnait. Et même, en espérant ainsi faire passer les restes de ce qui m'avait fait me sentir mal un peu plus tôt, j'y voyais ici un bon moyen de penser à autre chose … Cela dit, je n'étais pas assez impertinent ni assez stupide pour m'imposer à elle, aussi observant son profil en silence j'avais patiemment attendu qu'elle s'adresse à moi, si tel était ce qu'elle souhaitait.

    « Dure journée hein ? Toutes ces histoires, tous ces rebelles. Ça commence à devenir pesant. » Acquiesçant d'un léger signe de tête j'avais avalé une gorgée de mon verre avant de le reposer sur le comptoir et de finalement répondre « Quand tout ça sera terminé il seront bien trop peu pour nous poser encore des problèmes. Pas avant un bon moment en tout cas. » Car c'était bien le but de ce qu'on qualifiait déjà de purge après tout, en éliminer tellement que les rares qui parviendraient nous échapper se retrouveraient bien trop en minorité pour espérer faire quoi que ce soit d'autre que de vivre cachés, à prier pour que jamais l'un de nous ne leur tombe dessus pour leur mettre leur compte. « J'ai hâte de voir ce que Snow va faire. » disant cela elle s'était tournée totalement vers moi, et pour la toute première fois j'avais eu l'occasion d'observer les ravages que les événements récents avaient causé à son physique. Je mentirais en disant que c'était beau à voir, bien sûr, mais j'avais fait mon possible pour rester impassible. D'autant plus que tout cela n'était plus pour m'étonner, ma situation, la cicatrice qui glissait entre ma nuque et le sommet de mon crâne et à moitié cachée par mes cheveux, ou encore la longue cicatrice barrant la gorge de Salem d'un bout à l'autre … Nous non plus, cette révolte ne nous avait pas épargnée. « Raser un district, peut-être … Comme il y a soixante-seize ans. » J'en doutais, à vrai dire. Pas que je ne pense pas Snow capable de réitérer l'acte de son prédécesseur, mais parce qu'il semblait être ce genre de personne qui n'acceptait pas l'échec … Et cette révolte était la preuve que raser un district s'était révélé un échec, le treize n'ayant pas disparu définitivement. « Je pensais plutôt à quelque chose de plus … inédit. Mais c'est tout sauf de mon ressort, de toute façon. » Je ne souhaitais pas paraître présomptueux en m'imaginant mieux savoir que le Président Snow ce qu'il convenait de faire. « Et puis, les jeux approchent. Je sens que cette année sera amusante ! » J'avais réprimé une légère grimace. Je comprenais l'utilité des jeux, ou plutôt la raison pour laquelle il avait été instaurés, mais je n'en était pas un fanatique … Ma haine contre les rebelles était incontestable, contre les habitants de Panem je n'avais rien, et en réalité je prenais cela pour du gâchis. Plus ou moins. « J'ai entendu dire que vous les suivrez depuis le Capitole, cette année ? »

J'avais tenté subtilement de diriger le sujet vers autre chose, espérant ne pas avoir ainsi à me justifier quant à ma propre opinion sur les Hunger Games. Et puis, tellement de rumeurs circulaient quant à la promotion de la pacificatrice à un poste aussi lointain qu'important, et je n'étais pas moins curieux qu'un autre …
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II,4. BRAEGAN ➺ So take this night and lay me down the street Vide
MessageSujet: Re: II,4. BRAEGAN ➺ So take this night and lay me down the street   II,4. BRAEGAN ➺ So take this night and lay me down the street Icon_minitimeJeu 25 Avr - 20:04

Après son deuxième verre, Morrigan se souvint enfin pourquoi elle avait arrêtée : ça la faisait penser. Et elle n'aimait pas penser. Du moins, pas à certaines choses. Elle se souvenait aussi de la dernière fois qu'elle s'était rendue dans un bar, et ce souvenir lui revint en tête comme une claque en plein visage : rapidement, et violemment. La dernière fois qu'elle avait bu, c'était peu de temps après son arrivée au cinq, juste après avoir rendu visite aux Bloomwood. Ce jour là, elle avait presque réussi à l’effacer de sa mémoire, et elle regretta aussitôt d'être venue. Les Bloomwood, deux rebelles mais avant ça ses parents biologiques, qu'elle avait tuée de sang-froid dans leur propre maison avant d'y mettre le feu. De tout ce qu'elle avait fait dans sa vie, c'était la chose la plus cruelle, et elle même le savait. C'était des rebelles, ils devaient mourir, essayait-elle de se convaincre, mais la vérité était qu'elle regretta bien vite. Les regrets étaient pourtant des choses qui à l'ordinaire, ne l'atteignait pas si facilement. Elle était connue pour ça. Elle était craint pour ça. Et pourtant, ce jour là, elle en avait ressenti, pour la première fois de sa vie elle en avait ressentie. Et elle avait détesté ça. Elle n'était déjà pas tendre à l'époque, mais cet événement l'a marquée plus profondément qu'elle ne l'aurait souhaité, et, pour se protéger de ces regrets qui l'assaillaient, s'était construite une carapace en béton autour de son cœur, de manière à ce que rien ne puisse plus jamais la toucher. L'alcool fissurait cette carapace. Mais comme elle l'avait fait ce jour là, elle lâcha son verre, n'en demanda pas un troisième, et refoula.
Quitter le district 5 serait un bon moyen d'oublier pour de bon. Elle ne savait pas pourquoi elle était restée en premier lieu. Dès le début, elle ne s'était pas sentie à sa place, tout comme au district 7. Elle aurait du partir, n'importe où, mais loin de tout ça. Peut-être au district 1, elle se serait beaucoup plus plu au milieu des bijoux, ou peut-être même directement au Capitole. Mais elle était restée, peut-être de peur de ne pas se sentir chez soi nul part ailleurs. Peut-être le Capitole était la solution, peut-être … Elle ne savait pas, elle ne voulait pas y penser.

« Quand tout ça sera terminé il seront bien trop peu pour nous poser encore des problèmes. Pas avant un bon moment en tout cas. »
C'était bien le but de tous ça, et elle s'en réjouissait. Les rebelles devaient mourir pour le bon fonctionnement du pays, mais elle ne pouvait cependant pas s'empêcher de penser que cette rébellion était un véritable gâchis. Tant de pertes humaines, de gens manipulés, jetés dans un combat perdu d’avance par une frustrée remplie d'envie de vengeance. Il y a soixante-seize ans, c'était les treize districts qui s'étaient rebellés, et ils avaient échoués. Qu'est-ce qui a bien pu leur faire croire qu'ils pourraient gagner cette fois-ci ? C'était tellement bête. Il fallait vraiment être stupide pour se faire manipuler de la sorte. « Tant mieux. » répondit-elle brièvement.
Ils avaient ce qu'ils méritaient, et ça ne s'arrêterait pas là. Snow préparait quelque chose. Personne ne savait quoi, mais tout le monde savait que ça sera terrible. Elle y compris, mais elle ne nourrissait aucune crainte, au contraire, elle était impatiente de savoir ce qu'il préparait, et espérait que Coin s'en mordrait les doigts. « Je pensais plutôt à quelque chose de plus … inédit. Mais c'est tout sauf de mon ressort, de toute façon. »
Morrigan haussa les épaules, ce n'était pas non plus de siens. « Ce sera quelque chose dont on se souviendra en tous cas, pas de doutes là-dessus. » Elle ne connaissait pas le président personnellement, mais connaissait son tempérament : sa vengeance sera terrible. « Tant qu'il fait assez peur pour dissuader quiconque de recommencer, ça me va. » La 'disparition' du treize et l'instauration des hungers games n'ayant pas suffi à éviter une autre révolte, il allait devoir frapper encore plus fort, et trouver encore plus monstrueux.
En parlant des hunger games : ils approchaient à grand pas. Et déjà les districts tremblaient. Elle adorait ce jour de l'année, où tous les habitants se réunissaient devant l’hôtel de ville pour le tirage au sort. Ces jeux étaient tellement palpitants à regarder, et il y avait tellement de nouveautés chaque année qu'elle ne se lassait jamais de les regarder. Cette année encore, elle les suivrait attentivement. « J'ai entendu dire que vous les suivrez depuis le Capitole, cette année ? » Elle réprima un léger sourire avant d’acquiescer. « C'est exact. Et j'ai bien hâte de quitter cet endroit ! » répondit-elle simplement, avec un air de dégoût vers la fin. Elle en avait parlée à presque personne mais déjà la nouvelle circulait, c'était fou. « Et vous ? Votre district ne vous manque pas trop ? Racontez-moi comment c'est le trois ! » Elle n'y avait jamais pris les pieds, et si elle l'avait fait, elle ne s'en souvenait plus. Pour le coup, ce qu'elle demandait à Braeden l'intéressait vraiment, et elle espérait que son district lui manque, qu'il l'aime, et qu'il le fasse ressentir dans sa description, pour elle. Pour qu'elle comprenne, qu'elle sache, ce qu'était un vrai chez-soi.
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MessageSujet: Re: II,4. BRAEGAN ➺ So take this night and lay me down the street   II,4. BRAEGAN ➺ So take this night and lay me down the street Icon_minitimeMer 15 Mai - 20:31

Qu'importait au fond le nombre de nos sympathisants que les rebelles avaient assassiné avant que leur action ne soit réduite en cendres. Au fond ils restaient ceux qui avaient perdus, ceux que nous avions écrasés et qui malgré toute leur volonté n'étaient pas parvenus à renverser l'ordre des choses et à s'approprier Panem. Et si certains partisans de la cause rebelle s’imaginaient sans doute que la purge qui venait de débuter était la sanction par excellence pour leur volonté de désobéir j’étais certain qu’il n’en était rien, et que si ces exécutions avaient un côté certes un peu théâtre elles ne servaient pourtant ni plus ni moins qu’à éliminer les nuisances que représentaient les opposants au gouvernement. Non, la véritable sanction, celle dont les gens se souviendraient, celle dont les livres d’histoire feraient état plus tard était encore à venir, et passait, j’en étais quasiment certain, par l’organisation des prochains jeux. Ils étaient le reflet de la société dans laquelle nous vivions, peu importait l’opinion que nous en avions, l’opinion que j’en avais, il s’agissait de la vitrine du Capitole dans le reste du pays et il paraissait logique que redorer le blason du gouvernement passe en partie par cet évènement. Y impliquer des enfants qui pour certains n’avaient rien à voir avec les rebelles me chagrinait sans doute un peu, et à dire vrai j’aurais préféré balancer les exécutés du jour dans une arène pour les regarder s’entretuer jusqu’au dernier et révéler au grand jour la barbarie animale dont ils étaient pourvus … Mais qu’importe. D’une manière ou d’une autre la gangrène que représentait la rébellion avait perdue, et d’ici quelques semaines les caveaux des districts seraient plein à craquer de ceux qui avaient souhaités mettre le trouble, et en avaient payé le tribut. « Tant mieux. » avait simplement constaté la pacificatrice Moriarty, et d’un simple signe de tête j’avais montré toute mon approbation, avant d’attraper à nouveau mon verre pour en boire quelques courtes gorgées.

    « Ce sera quelque chose dont on se souviendra en tout cas, pas de doutes là-dessus. » Et ce qui faisait notre curiosité actuelle faisait sans doute la crainte des enfants et de leurs parents, ceux qui une année encore se lèveraient sans savoir si le sort leur serait ou non favorable. Et puis, nul besoin de connaître Snow dans les détails pour savoir qu’il n’avait pas dû supporter un tel affront, et ruminait dans l’ombre une vengeance à la hauteur de l’humiliation qu’il considèrerait avoir subi. « Tant qu’il fait assez peur pour dissuader quiconque de recommencer, ça me va. » Le ton de la pacificatrice en chef était tranchant, sans appel. Là où certains pacificateurs s’étaient délectés du début à la fin de cette occasion trop belle d’exercer leur cruauté et de satisfaire leur besoin de sang, elle semblait de ceux qui souhaitaient simplement maintenir l’ordre ; C’était peut-être ce qui m’aidait à avoir un si bon à priori la concernant. Allez savoir. « Ces exécutions devraient déjà les faire réfléchir. On est sans doute au moins tranquille pour soixante-quinze années supplémentaires, et rien que pour ça on mérite de trinquer. » Sans me démonter j’avais levé mon verre encore à moitié plein en direction de la pacificatrice. C’était peut-être un peu présomptueux de ma part, mais qu’importe.

Sans aller jusqu’à dire que j’étouffais d’ignorance à n’avoir jamais quitté le district trois – et si la chose était normale pour un habitant lambda, pour un pacificateur elle l’était déjà un peu moins – il était clair que je n’avais jamais rien connu d’autre, et que même dans mon métier je n’avais expérimenté qu’une seule et unique manière dont été gérée un district : celle d’Hildegarde. Hildegarde que je considérais bien entendu comme ma supérieur mais pour laquelle j’avais sans doute malgré moi mais sans pouvoir y remédier un certain attachement. Sans elle ne je serais pas ici aujourd’hui, sans elle je serais probablement mort voilà longtemps ; Hilda m’avait sauvé la vie, et elle m’avait donné l’occupation parfaite pour espérer un jour me venger de ceux qui m’avaient dépossédé de moi-même en me privant de mon passé, fusse-t-il glorieux ou non. Je n’avais pas à me soucier de cela concernant Moriarty, je ne lui devais rien et j’avais ainsi l’occasion de découvrir une autre façon de diriger, une autre manière d’envisager la révolte et la façon dont nous devions faire notre boulot. Je n’étais pas naïf au point de croire la chef du cinq moins cruelle que celle du trois, j’ignorais sans doute encore beaucoup de choses mais j’en savais assez pour avoir conscience que n’arrivaient à la tête des districts que les pacificateurs qui faisaient leurs preuves en matière de répression et de sanction, mais j’admirais la femme qui se tenait face à moi pour sa ténacité et sa volonté à voir plus loin. Relativement loin, si j’en croyais ce que j’avais entendu dire, au point de ne pas pouvoir m’empêcher de faire preuve d’un brin de curiosité à ce sujet.

    « C’est exact. Et j’ai bien hâte de quitter cet endroit ! » Comme je pouvais la comprendre. La vie au district cinq était pourtant bien moins misérable pour les habitants qu’elle ne l’était au trois, et le climat était même plus clément lui aussi … Mais qu’importe, cela ne m’empêchait pas de ne pas aimer cet endroit. Je n’étais peut-être juste pas le genre à aimer le changement, allez savoir. Comme si elle avait lu mes pensées la pacificatrice avait d’ailleurs questionné « Et vous ? Votre district ne vous manque pas trop ? Racontez-moi comment c’est le trois ! » La gratifiant d’une légère grimace, j’avais haussé les épaules en reposant mon verre sur le comptoir, avant de me décider à donner une réponse, veillant tout de même à ne pas me montrer trop rude envers le cinq … qui sait si elle ne cherchait pas à me tester ? « Et bien … C’est compliqué, j’avais jamais mis les pieds en dehors du trois avant alors c’est un peu déroutant … » Je ne savais même plus si cette femme savait ou non que j’étais l’exception, la paria des pacificateurs qui parce qu’il n’avait jamais suivi la formation du district deux avait forcément volé sa place. C’était injuste, au fond, je n’avais pas moins de mérite que les autres, mais ils pouvaient bien penser comme bon leur semblait, j’étais en paix avec ma conscience. Pour en revenir au district trois « C’est bien plus petit qu’ici, et bien moins riche, mais … je ne sais pas, plus … moderne ? » Pour faire simple le district cinq malgré son activité semblait être à l’agriculture ce qu’était le trois à la technologie. Aussi improbable que cela puisse paraître je n’avais jamais vu un champ autrement qu’en photos avant de débarquer au cinq. « Et il y a bien moins de moustiques qu’ici, si je peux me permettre. » Mais nous avions du blizzard et de la neige en hiver, quand ils semblaient ici n’avoir que moyennement froid. « Vous n’êtes pas originaire du cinq, alors ? »

On en revenait toujours à la même chose en fin de compte, j’avais la sensation d’être affreusement ignorant en ayant jamais foutu les pieds ailleurs que dans ce district où je m’étais réveillé voilà deux ans, le visage d’Hilda penché au-dessus de ma tête et la tête plus vide qu’une coquille d’huître après un repas de fête. Mais qu’en savais-je au fond, je ne savais même pas d’où je venais … pas du trois, assurément, puisque je n’y avais jamais trouvé la moindre trace de ce qui aurait pu être mon passé. Pas du cinq non plus, du moins je le pensais, car j’avais toujours l’espoir naïf que je si je mettais un jour les pieds dans mon district natal j’aurais un sentiment de familiarité, même minuscule, et ce sentiment je ne l’avais pas eu une seule fois depuis que j’étais arrivé au cinq.
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