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 Sing for Absolution [Adrian&Silk]

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Silk Preston
DISTRICT 8
Silk Preston
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MessageSujet: Sing for Absolution [Adrian&Silk]   Sing for Absolution [Adrian&Silk] Icon_minitimeVen 18 Mai - 2:31

Sing for Absolution [Adrian&Silk] Silkian


    On dit que l’histoire est écrite par les vainqueurs. On oublie les perdants au fils du temps. Leurs noms s’effacent doucement, paisiblement sans laisser la moindre trace dans l’histoire. Ils ne sont plus que des anonymes, des dommages collatéraux, des pertes humaines nécessaires. Pourtant, ces inconnus avaient des familles, des amis, des gens qui les aimaient. Qu’advient-il de ceux qui restent ? De ceux qui doivent faire leurs deuils, de ceux qui doivent continuer à vivre avec le souvenir de ceux qui sont partis, de ceux à qui ils n’ont pas pu dire au revoir ? Plaint-on jamais les survivants ?

    Le cul de la bouteille formait des cercles humides sur la petite serviette en papier blanche, le liquide ambré remuant paresseusement à chaque fois que Silk portait le goulot à ses lèvres. C’était le genre de bière que les habitants du Capitol affectionnaient particulièrement, insipide et trop sucré. Celle qui était bue dans les districts était rude et amère, comme les hommes et les femmes qui la brassaient. La télévision à écran plat sur le mur diffusait des images des jeux sous les acclamations enthousiastes des clients déjà bien alcoolisés. Son dernier tribut était mort hier, une mauvaise chute d’une des nombreuses falaises de l’arène. Ce n’était pas une mort glorieuse, ce n’était pas une mort remarquable et tous avaient déjà oublié le tribut du district 8 qui ne savait pas regarder devant lui.

    Silk soupira et alluma une cigarette. Autour d’elle, les volutes de fumée des autres clients tourbillonnaient doucement, s’entremêlant dans des arabesques multicolores. Les odeurs lui montaient à la tête et lui anesthésiaient doucement les sens. C’était ce qu’elle était venue rechercher, s’enivrait pour oublier le sang sur ses mains, oublier qu’une fois de plus elle n’avait pas réussi à sauver quiconque. Le goût de l’échec était amer, bien plus que celui des baisers du député qu’elle avait quitté quelques heures auparavant. Elle pouvait encore sentir la sensation fantôme de ses mains contre ses hanches et de doigts rugueux sur sa peau. Elle s’était douchée, bien plus longtemps que nécessaire pour essayer de faire disparaitre la sensation de malaise qui l’avait prise à la gorge et qui ne l’avait plus quittait depuis. Elle se sentait déconnectée de cet environnement exubérant et festif. Elle voulait rentrer dans son district, retrouver ses cheminées d’usine et son ciel anthracite. Elle voulait se perdre dans la monotonie de sa vie dans le 8, retrouver Adonis pour qu’il la trouve ridicule d’être affectée ainsi. Elle voulait redevenir anonyme et haïe parmi ses pairs. Elle avait la nausée et l’alcool qu’elle avait déjà ingurgité commençait à faire son effet. Elle n’était rien, rien de plus que l’un de ces gagnants pathétiques qui n’avaient jamais réussi à sortir de l’arène. Elle ne rêvait pas, elle ne rêvait jamais. Elle se souvenait seulement. Dans cet instant entre la conscience et le sommeil, pas tout à fait éveillé, mais déjà ailleurs, oscillant dangereusement entre ces deux mondes, il lui arrivait de voir des de choses qu’elle pensait avoir oubliées. Simplement des brides d’images, de sensations, sans connecteurs logiques entre eux, comme un montage sans queue ni tête de souvenirs enfouie au fond de sa mémoire qui lui revenait, parfois ; l’odeur fétide du sang séché, du rouge partout sur elle, sur ses mains et ses vêtements, le goût de la rouille sur sa langue et les cris d’agonies.

    Elle tira une nouvelle bouffée sur sa cigarette et tenta de calmer le tremblement de ses mains. Ici, les gens l’appelaient par son prénom, parce qu’ils pensaient la connaitre, comme si le fait de l’avoir vu à la télévision suffisait à créer une intimité, comme si elle était l’un d’entre eux. Plutôt manger du verre pilé que d’être comme eux. Elle les haïssait presque autant qu’elle se haïssait elle-même. Et pourtant, elle revenait, sans cesse attirée comme un papillon par les lumières du Capitol. Parce qu’elle n’avait personne d’autre. Elle n’était rien pour personne et personne n’était rien pour elle.

    Elle allait esquisser un geste pour sortir une nouvelle cigarette de son paquet quand un homme s’assit sur le tabouret en cuir violet à côté d’elle. Elle tourna légèrement la tête pour observer le profil du nouvel arrivant. Les courbes de son visage étaient étrangement familières, comme un souvenir enfoui depuis longtemps, refoulé au fond de sa mémoire. Elle plissa légèrement les sourcils et alluma sa cigarette. D'un geste elle indiqua au serveur de lui apporter une nouvelle bière et d'un déposer une en face de l'homme.

    On ne se soucie pas des survivants, parce qu’on pense qu’il vaut mieux vivre que mourir. Qu’un vivant malheureux est plus chanceux qu’un mort heureux. Qui se soucie des survivants quand ils n’ont personne ?

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MessageSujet: Re: Sing for Absolution [Adrian&Silk]   Sing for Absolution [Adrian&Silk] Icon_minitimeVen 18 Mai - 13:04




    « Mission accomplis, tu peux avoir ta soirée Adrian. On part demain juste avant l'aube. », j'acquise légèrement de la tête. Nous venions de récupérer quelques informations sur le Capitole auprès d'une fouine. J'étais accompagné d'une femme légèrement plus âgé que moi, l'entente était plutôt bien. Je sortis alors de l'appartement. Le soleil faisait sa révérence pour laisser place à la lune. Le Capitole ne m'inspirait pas vraiment la sécurité, un sentiment d'être épié et espionné me sautait à chaque fois à la gorge. Je décidais alors de prendre de plus petite ruelle avec un peu moins de foule, ce qui est presque impossible dans cette ville toujours éveillé et regorgeant d'excentriques. J'avais envie d'aller au siège du gouvernement pour pointer mon canon en dessous de la tête du vieux fou qui nous sert de président et lui décrocher une balle avant de jouir de son sang qui s'étale peu à peu sur le marbre de ses appartements. Ce n'est pas vraiment de la cruauté, c'est une vendetta, une rancune qui s'accumule peu à peu. Enfin je devais oublier pour me calmer.

    Je finis par déboucher dans une ruelle, un bar assez rustique trônait en son milieu, je finis par y entrer. La lumière était diffuse est plutôt dans les tons chauds, contrairement aux autres bâtiments. Une odeur de bière prenait la totalité de mon odorat, il y avait aussi un nuage de fumer au plafond qui venait des fumeurs de part et d'autre du bar. Il ne restait plus beaucoup de place, au départ je voulais avoir un coin seul loin des autres buveurs et clients. Mais c'était peine perdue. Je finis par m'installer à côté d'une jeune femme, je ne m'intéressai d'abord aucunement à elle. Quand elle fit signe au serveur de me déposer une bière devant moi un sourire se dessina sur mes lèvres et tout en tournant ma tête en éjectant un « Merci ». Son regard, oh oui son regard. Il me percuta, je le connaissais, je la connaissais. Sa bouche fine et son menton discret, je l'avais déjà vu, j'en étais sûr. Je fronçais légèrement un sourcil cherchant dans ma mémoire où je l'ai vu. Mais non, rien ne sorti. « On ne sait pas déjà vu quelque part, par hasard ? Votre visage, il me dit légèrement quelque chose... ». Je passais mes yeux sur chaque passerelle de sa tête, sa bouche, son nez, ses cheveux, ses oreilles, ses yeux surtout. Non, je l'avais déjà vu, j'en suis sûr . Je la regardais sans doute un peu trop, avec une once d'indiscrétion. « Excusez-moi, c'est seulement que je suis sûr de vous connaître, mais je ne sais pas où... ». J'étais assez confus, je pris la bière doucement entre mes mains avant de glisser le liquide enivrant dans ma gorge. Il n'y avait pas vraiment de bière dans le treize, et je dois avouer que son goût m'avait manqué.

    Ma mission au treize tombait doucement dans l'oubli éphémère. Je jouais avec ma bouteille, la fixant avec attention. Le Capitole était plus superficiel que je pensais, ils avaient des costumes qui peuvent nourrir au moins cinq districts. Je m'affalais doucement contre le comptoir, j'avais l'impression d'être ici depuis une heure alors que je venais à peine d'arriver. J'avais sans doute besoin de dormir, au final j'étais crevé. Cyprian pouvait entrer à tout moment, je pouvais aussi le croiser. Comment il réagirait ? Que ferait-il ? Je me tourmentai trop, comme à mon habitude. Je devais me détendre, je me tournai alors vers la jeune femme que je venais d'aborder pour me détourner un peu mes souvenirs : « Je ne me suis pas présenté, je suis Cyprian, Cyprian Asgard. ». Être jumeau a un avantage et un inconvénient, l'avantage est qu'on peut se faire passer pour lui, l'inconvénient c'est que si lui est connu on ne peut pas avoir d'autre identité que lui. « Pacificateur du district numéro deux. »


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MessageSujet: Re: Sing for Absolution [Adrian&Silk]   Sing for Absolution [Adrian&Silk] Icon_minitimeVen 25 Mai - 1:45

    Il y avait quelque chose de secret dans le sourire de l’inconnu. C’était le sourire de quelqu’un qui avait vu des choses, qui avait vécu bien plus que son âge n’aurait dû le permettre. C’était le cas de beaucoup de personnes dans les districts. À l’inverse au Capitol, personne ne faisait vraiment son âge, pas une ride ne venait déranger leurs visages, pas une imperfection qui n’était pas volontaire. L’homme n’était pas du Capitol,de ses épaules carrées et son visage anguleux à sa manière de se tenir sur chaise, tout dans son attitude indiquait la rudesse des districts. Elle lui sourit en retour, les lèvres autour de sa cigarette. Beaucoup de personnes semblaient la reconnaitre sans jamais vraiment réussir à se souvenir de qui elle était. Elle n’avait plus rien de la Silk qui avait gagné les jeux 17 ans auparavant. Elle n’était plus qu’un visage parmi tant d’autres, un portrait sur le mur de la gloire des Hunger Games.

    « J’étais justement en train de me faire la même réflexion à votre sujet. »

    Elle se concentra sur son visage. La familiarité ne s’arrêtait pas simplement au physique, quelque chose dans ses yeux provoquait une réaction étrange. Quelque chose de plus lointain semblait remonter du plus profond de sa mémoire, quelque chose d’oublié, de refoulé qui se frayait un chemin vers la surface telle un monstre sortit des entrailles de son inconscient. Cette sensation étrange semblait s’accentuer au fil des secondes passées à observer l’inconnue. Ils devaient avoir l’air malin, les yeux plissés cherchant un repère dans le visage de l’autre, quelque chose qui produirait un déclic.

    Et puis un nom, Cyprian Asgard et les pièces du puzzle se mirent en place. Elle connaissait ce nom, bien sûr qu’elle le connaissait. L’homme à ses côtés avait gagné les Hunger Games. Il était un meurtrier, tout comme elle. Elle se demanda soudainement si le sort en avait décidé ainsi. Elle se souvenait de ses jeux et de la violence avec laquelle il s’était battu. Il était un tribut de carrière, une machine à tuer, programmée pour exterminer ses adversaires sans états d’âme. Adonis lui avait parlé des séances d’entrainement, du culte des jeux. C’était un concept tellement lointain pour les habitants des districts, de ne pas craindre le jour de la moisson, mais de le célébrer comme une fête. Cela la rendait presque malade. Elle venait de perdre deux tributs dans l’arène, une année de plus à faire le voyage retour avec deux cercueils, une année de plus confronté à la souffrance des familles qui porteront le blâme sur la personne la plus facile à atteindre, elle. Elle qui avait gagné alors que leurs enfants étaient morts, elle qui représentait un espoir infime, l’espoir que si elle avait pu s’en sortir d’autres le pourraient. Elle n’avait aucune réponse, pas de solution miracle pour apaiser les pleurs, pas d’antidote à l’espoir. Parce qu’il lui arrivait d’en avoir, parfois. Car nul ne peut tuer l’espoir, car c’était au fond la seule chose qui lui restait.

    « Je me souviens de vous à présent, votre victoire était très impressionnante. »

    Elle ne l’était pas, cela avait été une exécution simple et expéditive comme seuls les carrières en étaient capable. Dans quel but au final ? La gloire ? L’argent ? La reconnaissance éternelle ? Des compensations éphémères et dérisoires pour des vies humaines. Les années où le tribut gagnant était un tribut de carrière étaient les pires de toutes. Leurs sourires victorieux et supérieurs qu’elle aurait voulu leur arracher à main nue. Cyprian avait été l’un d’eux, l’un de ces tributs pleins d’orgueil. Pourtant, il était devenu pacificateur. C’était un drôle de choix après avoir goûté à la sensation grisante de toute puissance qui vient avec le statut de gagnant. Peut-être était-il comme Adonis, plein de conviction et d’admiration pour le Capitol ?

    Pourtant, elle n’arrivait pas à réconcilier l’image de la férocité de Cyprian avec l’homme calme à ses côtés. Quelque chose clochait dans le tableau. De dit on pas qu’il faut un menteur pour un reconnaitre un autre ? Elle lui tendit une main engageante.

    « Vous savez c’est un drôle de hasard Cyprian que l’on se retrouve tous les deux dans ce bar. On dirait que le sang appelle le sang pas vrai. Silk, je m’appelle Silk Preston, j’ai gagné les 58éme Hunger Games. »
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