Anthéa était en train de finir une tisane lorsqu’elle avait entendu la porte d’entrée de leur demeure s’ouvrir puis se refermer. Il y avait eu ensuite un moment de silence… Puis le son des pas de Félix dans un couloir, le bruit d’une conversation à sens unique… probablement avec Aramis de fait. Elle avait donc joué de patience, attendant qu’ils en aient terminé. Ca pouvait être long parce que parfois Félix s’enfermait des heures durant dans son bureau, avec ou sans Aramis. Il y faisait dieu seul sait quoi : elle n’était pas dans le secret des dieux. Pas qu’elle ait jamais cherché à vraiment savoir non plus ceci dit.

Le mois dernier, Félix et elle avaient une la décision d’essayer de concevoir un enfant. Ca lui avait prit un temps infini pour se remettre de ses émotions. Après des années de mariage et un espoir qui s’était amenuisé Anthéa n’avait plus vraiment cru qu’un jour l’idée germerait positivement dans la tête de Félix. Pourtant c’était le cas, même si dans leur vie de couple les choses allaient toujours de manière plus ou moins chaotique. C’est vrai que dans l’intimité de leur chambre à coucher les choses avaient évoluée, elle n’allait pas le nier. Si depuis des mois Félix ne la touchait presque plus que par erreur voilà que ses doigts avaient recommencé à glisser sur son épiderme, que son bassin avait à nouveau embrassé le sien et que ses lèvres avaient caressé la peau fine de son cou ou d’une épaule. Elle-même avait retrouvé ce frisson si spécial d’être avec le seul homme auquel elle se soit jamais donné. Elle l’avait redécouvert au sens biblique du terme et de ce point de vue donc les choses allaient dans un meilleur sens entre eux.

Mais Félix compensait ça par un relatif absentéisme le reste du temps, comme s’il avait fallut qu’il mette en balance leur relation pour n’atteindre jamais plus qu’une valeur étalon dont elle ne connaissait pas le degré. Ca soufflait un peu chaud et froid sur elle, bien qu’elle fasse bonne figure. Heureusement les jeux étaient terminés, un gagnant avait vu le jour… Et elle supposait que la tension et le stress des derniers jeux allaient un peu retomber.

Bref… L’envie de passer du temps de qualité avec Félix était là… Alors lorsque sa tisane s’est vidée et que la tasse à été passée sous l’eau et remise à sa place, Anthéa quitte le salon d’hiver où elle se trouvait pour rejoindre le bureau de son époux. Aramis en sort, silencieux, la toisant un moment tandis qu’elle lui rend son regard. Aucun mot n’est échangé. Bientôt ils auraient cette conversation qu’il semblait absolument nécessaire à Aramis d’avoir… Celle qu’ils auraient à trois à propos du « mutisme » de l’homme. Mais Anthéa espérait qu’elle pourrait repousser un moment cette discussion. Il était évident que Félix ne serait pas ravit par la situation… Et elle préférait éviter de le contrarier pour le moment ! Son mari avait le chic pour « punir » plus ou moins explicitement l’attitude de ceux qu’il côtoyait, elle comprise. Impensable pour elle qu’il songe à la punir en mettant à nouveau de la distance entre eux !

La porte est laissée ouverte et Anthéa se pose donc dans le cadre de cette dernière, frappant délicatement pour attirer l’attention de Félix.

« Bonjour, mon chéri. »

Elle a un sourire, usant de tout ce qu’elle peut de charme et de douceur pour l’amadouer ! Ses chances de réussite ? Pas forcément démentes mais elle avait l’habitude et Anthéa était le genre de femme à savoir se satisfaire du minimum ! En tout cas elle avait apprit à le faire !

« Je ne te dérange pas j’espère. »

Elle évitait de formuler ce genre de phrase sous forme de question… Parce que c’était un risque de se prendre un « si, justement » avec un manque de subtilité et de tact certain ! Ca aussi elle avait apprit à le faire avec le temps ! Mais bon, c’était le principe de l’évolution (ou de l’éducation à la Pavlov…) que de s’enrichir de l’expérience pour acquérir de nouvelles compétences !

Bon après ça ne marchait pas à chaque fois… Peu importe.

« Est-ce que tu veux que je te serve quelque chose à boire ? Ou à grignoter ? »

Elle entre définitivement dans le bureau puisqu’elle n’en avait pas encore été chassée ouvertement, se renseignant encore :

« Tu as passé une bonne journée ? Pas trop difficile ? »

La question l’intéressait vraiment. Pas pour les réponses en elles-mêmes mais simplement par soucis de savoir l’état d’esprit dans lequel Félix se trouvait de manière générale.

« Je suis sûre que tu songes déjà aux prochains jeux, alors qu’on est encore en train de féliciter le dernier gagnant ! »

Ca lui ressemblerait bien !