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 i am nothing but a human alien. ☞ (charlie)

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i am nothing but a human alien. ☞ (charlie) Vide
MessageSujet: i am nothing but a human alien. ☞ (charlie)   i am nothing but a human alien. ☞ (charlie) Icon_minitimeDim 9 Fév - 17:20


inside the devil's dreams.


Lately I've been wondering what's been going on, I've been here before but I don't remember when. And every time we get to where we're entering, I feel my beliefs and hopes surrendering.

Il ne semblait y avoir aucune raison justifiant sa présence en ses lieux. Ce district, qui avait été soigneusement évité par son unité, quelques temps, pendant la rébellion. Pourtant, il y était de retour. Il aurait aimé que ce soit pour quelque bonne raison. Pour pouvoir s’y promener librement, souriant. Aller prendre sa mère dans ses bras, serrer sa sœur à l’en étouffer, et en s’excusant d’avoir disparu si soudainement. Malheureusement, ce genre de situation n’existait plus que dans ses rêves. Lorsqu’il fermait les yeux, son royaume onirique lui permettait de revoir sa famille, et de rire avec sa sœur. De voir ce qu’elle était devenue. De l’imaginer comme quelqu’un de responsable, heureuse, travaillant au district, entretenant sa famille, en compagnie de quelque charmant mari. Pourtant, il n’en savait rien, en vérité. C’était ce qu’il lui espérait. Et il aurait également souhaité que sa mère soit toujours bien. Peut-être que Neela prenait soin d’elle, vivait toujours avec elle. Peut-être pas. Mais quoi qu’il en soit, il espérait que tout allait bien. Il le voulait, de tout son cœur. Et si un jour il pouvait revenir au district la tête haute, la première chose qu’il ferait serait de toquer à la porte de leur ancienne maison, souhaitant plus que tout y trouver un sourire, quelques bonnes odeurs et de vieux souvenirs.

Pourtant, il était là. Au district quatre. Mais bien loin de s’y promener tranquille. C’était le lieu où il avait le plus de chances d’être reconnu par quiconque. Mais aussi celui où il saurait le mieux se cacher, s’il y avait à fuir à un moment donné. Paradoxalement, il y était plus en danger mais également plus en sécurité que n’importe où d’autre. Et le contact qui était à joindre, au Quatre, ç’avait été pour sa poire. Il s’y collait. Tant pis. Tant mieux. L’unité qu’il avait intégrée à cet effet n’était pas loin. Il pourrait facilement les rejoindre, et ceux-ci ne lui poseraient probablement pas trop de tort. Pour une fois, on se servait de lui à de bonnes fins. On le livrait également en pâture à tous ces regards qu’il avait connus, mais qu’importe ? Pour la gloire de Panem et celle de Coin, il semblait ne plus y avoir la moindre limite au sacrifice humain. Et quand bien même il se demandait parfois à quoi rimait toutes ces actions, toutes ces missions et toutes ces pertes, cela ne faisait que l’enfoncer un peu plus dans cette noirceur d’esprit qu’il avait développée ces deux dernières années. L’on ne pouvait douter de lui. Il ne pouvait pas perdre une nouvelle fois sa liberté, et pour cela, il lui fallait être parfaitement digne de confiance. Et comment l’être, s’il en venait à douter de lui-même ? Impossible. Il s’efforçait de rester sûr de ce qu’il faisait. Sans quoi, tout l’univers qu’il s’acharnait à se reconstruire depuis ces deux dernières années s’effondrerait de nouveau. Et il ne pourrait désormais plus rien faire que de se laisser sombrer. Disparaître. Et oublier. Mourir. Et enfin, arrêter de se torturer l’esprit.

Un regard autour de lui. Il n’y avait personne. La nuit était à une heure bien avancée, épaisse, presque étouffante. Les étoiles miroitaient, paillettes sur la voûte céleste. Et Jules marchait. La tête chargée de souvenirs, à chaque pas. Il aurait voulu aller goûter la fraîcheur de la mer. Il aurait souhaité, plus que tout, aller glisser ses pieds dans l’eau, et retrouver l’espace de quelques secondes cette sensation qui lui manquait plus que tout au monde depuis sa capture et son enfermement au district treize. Cependant, il lui paraissait évident que le temps froid ne lui permettrait pas ce luxe. Mais peut-être, alors, simplement voir la mer. Sentir le vent et les embruns salés de l’océan. Le sable qui s’enfonce sous ses chaussures, et s’il en a le courage, la plante de ses pieds nus. Il le voudrait. Un coup d’œil à sa montre, grâce à l’obscurité d’un réverbère, debout non loin de là. Il avait le temps. Le crochet par la plage ne lui prendrait pas beaucoup de temps. À croire que la chance était avec lui, le campement avait été installé tout à fait à proximité de la ville, comme de l’océan. Pour mieux fuir, probablement.

Il replaça sa capuche sur sa tête, s’éloignant de quelques pas, les mains dans les poches. Sa veste coupée modestement, ses vêtements simples. Il avait fait en sorte d’avoir le moins de chances possible de trahir le district dont il provenait actuellement, au cas où il serait tombé sur quelque suspicieux villageois. Il ne préférait pas penser à l’hypothèse pourtant bien envisageable où il aurait croisé un Pacificateur. Il voulait imaginer que tout se passerait bien. Il voulait se dire qu’il était presque en sécurité, dans ces environs. Rien que quelques instants.

Son pied s’enfonça dans le sable, alors qu’il s’empressait de faire tomber sa capuche, et de savourer ce qui s’offrait à lui. Un mince sourire apaisé se traça sur ses lèvres. Il sentit son cœur accélérer quelque peu, et s’avança. Au loin, le ronron régulier des vagues se faisait entendre. Il s’en enivrait. Ses paupières se fermèrent automatiquement, alors qu’il continuait d’avancer. La nuit était presque opaque, et les lumières vacillantes de la ville se faisaient de plus en plus lointaines. Les marées étaient grandes. L’océan remontait ; il n’eut pas à parcourir une immense distance avant de se retrouver à quelques mètres seulement de l’eau. Et, là, il s’arrêta. Il n’y avait rien. Rien pour perturber sa tranquillité, et la sérénité qui venait de l’envahir. Il n’était pas exactement là où il aurait dû être, mais quelle importance ? Son contact ne devait pas le retrouver avant une bonne demi-heure. D’ici là, il aurait le temps de retourner au point de rendez-vous. Bien largement.

L’apaisement. Voilà une sensation qu’il n’avait pas ressentie depuis bien longtemps. Il s’efforçait de trouver du réconfort dans chaque petite chose, depuis son enfermement. Chacune des missions à l’extérieur était une force qu’il gardait précieusement, et les bouffées d’air frais lui faisaient un bien fou. Mais celle de ce soir n’était pas n’importe laquelle bouffée d’air frais. C’était l’air marin. Ce vent aux effluves salés, ce coup de fouet vivifiant qui claquait sur son visage, à lui en assécher les joues. Ce même air qui avait brassé son enfance, et duquel il gardait un souvenir viscéral, essentiel à sa personnalité. Il était la mer. Il en avait besoin. Et tant pis pour ce contact qui aurait peut-être pu qui sait, arriver en avance. Il se ressourçait. Après plus de deux années enfermé loin de son district, il retrouvait la pureté de l’océan et ses bienfaits. Il se sentait revivre. Étrangement. Mais simplement.

Il aurait pu en pleurer. Pourtant, les larmes restaient bien sagement dans ses yeux, les nimbant d’un étrange reflet, s’il les avait ouverts. Ce qu’il fit, au bout d’un certain temps. Ses muscles se tendirent légèrement. Il avait l’impression de ne pas être seul. Et, instinctivement, il savait qu’il ne l’était plus. Et qu’on l’avait vu. Il ne bougea pas, tout d’abord. Le cœur battant, l’esprit perdu au milieu des vagues clapotantes de l’océan. Puis, il tourna la tête. Lentement, et pas entièrement. Affichant tout au plus la moitié d’un profil, essayant de remarquer un quelconque trait qui aurait pu indiquer une présence rassurante. Il avait laissé la seule protection couvrant son visage tomber, quelques instants auparavant, dans le but de savourer cette présence au bord de l’eau. Et maintenant, il le regrettait presque. Il n’avait plus que la nuit sur laquelle compter. Si l’on ne le connaissait pas, ou qu’on ne l’avait pas vu, cela ne serait pas bien compliqué à l’autre de passer son chemin. Dans le cas contraire, les difficultés se présenteraient. Mais il n’arrivait pas à s’en inquiéter réellement. Le cœur balançant.

Il était chez lui. Pourquoi ne pouvait-il pas y être seul ? Pourquoi fallait-il toujours que quelqu’un s’en mêle ? Il sentait son myocarde battre les barreaux encore fragiles de sa cage thoracique. Et il se prit à espérer s’être trompé. À espérer qu’il n’y avait personne. Et que cette présence était une illusion de son esprit.

Il n’arrivait plus à penser comme ce soldat du treize, traître aux yeux du Capitole, si l’on avait appris qu’il était encore en vie. Il ne le pouvait pas.
L’espace de quelques instants, il était redevenu Jules.
Le gamin, plus que le Pacificateur.

Jules.


code (c) about today.


Dernière édition par J. Siegfried Leews-Raine le Jeu 31 Juil - 10:37, édité 1 fois
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Charlie T. Seearden
DISTRICT 11
Charlie T. Seearden
△ correspondances : 181
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△ à Panem depuis le : 21/09/2013
△ humeur : Troublée.
△ âge du personnage : Vingt-sept ans.
△ occupation : Pacificatrice, médecin de terrain.



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MessageSujet: Re: i am nothing but a human alien. ☞ (charlie)   i am nothing but a human alien. ☞ (charlie) Icon_minitimeJeu 27 Mar - 18:58

Hj : Désolée du retard i am nothing but a human alien. ☞ (charlie) 178029134/me se cache dans un trou de souris.

Perdue, désemparée. Vide, comme morte à l’intérieur. Voilà comment je me sentais depuis ma rencontre inattendue avec Jorah, et les souvenirs douloureux que son visage avait ravivés chez moi. Je ne savais pas, je ne savais plus si ma place était ici. Je venais même à douter de la fonction que j’exerçais et qui, jusqu’à présent, m’avait toujours semblé d’une importance capitale. Panem ne devait pas, ne pouvait pas tomber aux mains des rebelles ; le gouvernement qu’ils instaureraient ne serait pas forcément meilleur que le précédent. Les gens avaient toujours cet espoir fou de changer les choses, de les améliorer, mais parfois le rêve devenait cauchemar. Nous ne pouvions pas prendre ce risque, l’enjeu était bien trop important. Mais l’entrevue avec ce fantôme du passé avait ébranlé mes convictions et, en proie au doute, je ne savais plus quoi penser, quoi faire. Mais tôt ou tard, je le savais, il faudrait bien que je prenne une décision.

La nuit était tombée depuis plusieurs heures déjà, et pourtant, j’étais encore ici, assise sur le sable humide à ruminer mes pensées, bercée par le murmure des vagues, alors que comme tous les autres habitants de ce District, j’aurai dû me trouver chez moi. Face à ces idées de révolte qui prenaient de plus en plus d’ampleur au Quatre, les Pacificateurs avaient ordonné un couvre-feu. Et quiconque serait surpris dehors la nuit serait abattu sans sommation. Ma balade nocturne pourrait me coûter cher si je venais à être découverte, elle pourrait me coûter la vie. Mais entre nous, rien n’y fait, je ne me suis jamais pliée à une quelconque autorité, pas plus que je n’ai respecté les règles, même celle que j’étais censée imposer. Un sourire las étire subrepticement mes lèvres quand je songe que je fais une bien piètre Pacificatrice, mais de mon point de vue, c’est plutôt une bonne chose. Certains d’entre nous peuvent se montrer si violent que j’ai parfois une boule au ventre rien qu’à l’idée de les croiser, alors même que je me trouve du bon côté de la barrière. N’allez pas vous méprendre sur mes intentions ; je suis fière de me battre pour mes idéaux, fière de prendre part à ce combat qui me tient personnellement à cœur, fière d’empêcher les rebelles de nuire à Panem, mais je ne ressens pas le besoin de me montrer cruelle et sanguinaire pour parvenir à mes fins.

La caresse d’un vent frais sur mon visage m’est agréable. J’aime ce District, ici je me sens libre. Beaucoup plus que dans mon District natal, cerné de toutes parts par ces imposantes fortifications qui nous coupaient du reste du monde, ou que dans le Treize et ses interminables souterrains. Avant d’être envoyée ici avec mon unité en renfort, je n’avais encore jamais vu la mer. On m’en avait déjà parlé, mais je n’arrivais pas à m’en faire une représentation concrète. Tout au plus, je me l’étais imaginé comme un grand lac, mais l’idée que j’avais toujours eu en tête n’avait absolument rien à voir avec la réalité. Il n’y avait rien de plus magnifique, de plus apaisant que l’océan, cette vaste étendue d’eau salée qui semblait ne pas avoir de fin. Je pouvais rester des heures assise au bord de l’eau, sans jamais m’en lasser. Souvent, je laissais mon esprit vagabonder et je m’imaginais une contrée éloignée de l’autre côté de ces flots, et je me demandais si là-bas aussi, la peur, la famine, la violence et la mort étaient leur lot quotidien. Mais peut-être n’y avait-il rien. Rien d’autre que de l’eau.

Un mouvement sur la gauche m’extirpe de mes pensées. Et alors qu’une silhouette se dessine sur la plage, je me retrouve dans l’impossibilité de fuir et n’ai d’autre choix que de me coucher à plat ventre sur le sable. Vêtue d’un caban noir qui se fond dans le décor, je prie pour que l’obscurité me dissimule aux yeux de cet intrus, craignant qu’il représente une menace pour ma sécurité. Car j’ignore si j’ai à faire à un insomniaque inconscient des dangers qui pèsent sur lui, ou à un rebelle qui profite du cœur de la nuit pour rencontrer ses complices, ce qui me placerait en fâcheuse posture. Le cœur battant à tout rompre, j’attends, mais rien ne se passe. Mes muscles crispés se détendent peu à peu, jusqu’à ce que cet homme retire sa capuche et qu’un rayon de lune n’éclaire son visage. Mon cœur rate un battement tandis qu’une exclamation de stupeur s’échappe de mes lèvres ; aussitôt, je presse mes mains contre ma bouche pour la réprimer, mais trop tard, elle s’est déjà envolée dans les airs, alertant l’homme de ma présence sur les lieux. Ce n’est sûrement qu’une simple méprise. Ça ne peut être que ça.

Pourtant, quand tu tournes vers moi pour jeter un regard inquiet dans ma direction,  je comprends que je ne me suis pas trompée sur ton identité. Toi ici, je ne peux le croire. Je crois devenir folle. Tu ne devrais pas te trouver ici, c’est impossible ! Et pourtant, ton visage m’est si familier. Oui, c’est le tien, Jules. Plus qu’un collègue, un ami. Un ami mort et enterré. Un ami que j’ai longtemps pleuré, terriblement affectée par sa perte. Ils sont venus un matin pluvieux pour m’annoncer que tu avais été tué au cours d’une mission. Et au moment où tu comprends que la forme sombre que tu aperçois quelque mètre plus loin n’est pas une butte de sable, mais bel et bien une personne de chair et d’os, je me relève et m’élance vers toi avant que tu ne puisses t’enfuir. Plantée bêtement devant toi, bouche bée, j'observe ton visage baigné par les rayons de lune. Ma gorge sèche m’empêche de te poser toutes les questions qui se bousculent dans mon esprit. Mort, tu es mort ! Et sans même me rendre compte de ce que je suis en train de faire, je t’assène une gifle magistrale qui résonne dans ce silence.

« Ils m’ont dit que tu étais mort. Mort ! » j’hausse le ton de ma voix, ma surprise et ma colère prennent le dessus sur ma prudence. « Comment tu as pu me faire ça ? T’avais pas le droit ! Si tu étais en mission, tu aurais au moins pu me prévenir, me faire passer un message, quelque chose, n’importe quoi ! » Furieuse, blessée, trahie par ton mensonge, je te pousse en arrière en frappant ton torse de mes paumes. Peut-être que le Capitole t’avait confié une mission d’infiltration, ce qui expliquerait que l’on t’ait fait passer pour mort, mais me laisser dans l’ignorance, c’était… c’était… Je ne trouve même pas mes mots. C’était terriblement cruel de ta part. Je croise mes bras sur ma poitrine, attendant une bonne explication.


Dernière édition par Charlie T. Seearden le Lun 26 Mai - 0:39, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: i am nothing but a human alien. ☞ (charlie)   i am nothing but a human alien. ☞ (charlie) Icon_minitimeJeu 10 Avr - 9:42

Il regardait cette silhouette, sans réellement comprendre ce qui était en train de se jouer. La peur d’être pris en flagrant délit par un Pacificateur se fit ressentir, mais il resta immobile, battant des cils, attendant que la fatalité ne le rattrape. Sans se douter que ce qui allait s’approcher de lui serait bien pire encore qu’un simple Pacificateur. Une bourrasque de vent fit voler ses cheveux bruns en mèches éparses sur son front. Il avait serré les poings, bien inconsciemment. Et sentait bel et bien que quelque chose clochait. Qu’il y avait cet instant de latence anormal, dans cette scène. Aussi, lorsque la silhouette se leva pour se précipiter vers lui parvint-il à peine à esquisser un pas en arrière. Son pied s’enfonça lourdement dans le sable, et il eut l’impression que sa cheville ne dépassait plus. Fausse idée, bien entendu. Mais son état d’engourdissement ne le lâchait pas. Et il se contenta de regarder le visage venu se planter devant lui avec un air totalement ébahi et hébété. Et, alors, ses pensées s’envolèrent à nouveau. Loin. Bien trop loin pour que les choses soient simples. Bien trop loin pour qu’il puisse se sentir à l’aise, et stable.

Il perdit la notion du lieu, et du temps. Plongé dans des souvenirs qui, semblait-il, ne lui appartenaient pas. Et pourtant, s’ils étaient là, c’est qu’ils étaient bien siens. Pourtant, s’ils remontaient à la surface comme des dizaines de bulle éclatant sur un miroir d’eau, c’était qu’ils résidaient au fond de son crâne depuis tout ce temps. Rendus amorphes et apathiques par les médicaments, les heures de brainwashing efficaces du District Treize. Mais ils étaient là. Pourtant, il ne se représentait pas encore le mal qu’on lui avait fait, depuis la dernière fois qu’il avait vu Charlie. Il ne comprenait pas encore. Et le prénom revenait à peine des tréfonds de son esprit. Alors, qu’en faire ?

Soudain, tout sembla se remettre en place. Et cela coïncida étrangement avec la gifle qu’il reçut, et qui lui fit tourner mollement la tête, sans qu’il ne comprenne. Son regard partit vers le sable humide, quelques instants, alors que les idées reprenaient lentement leur cheminement habituel. Les cris éclatèrent dans tes oreilles, et il leva son regard perdu vers Charlie, les yeux écarquillés. … Oui. Charlie. C’était ça, c’était elle. Accompagnée d’un lot étrange de souvenirs émaciés, rongés par le temps et par une brume qu’il parvenait encore moyennement à identifier. Une brume composée de médicaments, de coups et d’heures de famine. Une brume méchante, vile et pernicieuse, qui te détruisait l’esprit depuis plus de deux ans déjà.

Un temps de réflexion. Un temps de réaction. Elle martelait son torse du plat de ses paumes, le forçant à reculer sans ménagement, alors qu’il la regardait, ne se sortant pas de ce choc qui l’avait frappé avec bien plus de violence encore. Mort ? Était-il mort ? Réellement mort ? Il lui semblait, parfois, qu’il ne lui restait plus grand chose. Alors, en fin de compte, peut-être qu’elle avait raison. Peut-être qu’on lui avait raconté la vérité, et qu’il était réellement mort. L’envie de vomir lui saisit alors les tripes, tandis que la moindre des paroles de Charlie se frayait un chemin jusqu’à son esprit. Une mission ?! Comment aurait-on pu appeler ce qu’il avait subi une mission ?

Que lui avait-on dit ? Pourquoi le lui avait-on dit ? Il ne comprenait plus ce qui se passait, et ce ne fut qu’un pauvre : « Je… Heu… » qui parvint à s’échapper d’entre ses lèvres. Le vent lui semblait soudainement plus fort, et le sol plus instable. Il aurait pu tomber, sans comprendre ; et ne comprenait d’ailleurs pas comment il parvenait à tenir encore sur ses jambes si faibles, alors que ses genoux flanchaient dangereusement. Et elle se planta finalement devant lui, croisant les bras sur sa poitrine, attendant visiblement une explication bien plus valable que ce qu’il pourrait jamais lui fournir. Car il n’y avait pas d’explication. Il s’était retrouvé au Treize, et n’avait absolument aucun souvenir de son arrivée sur les lieux. Comment allait-il pouvoir le lui expliquer ? Comment allait-il pouvoir lui dire ? Il la regardait, la dévisageant doucement, s’imprégnant du moindre de ses traits et essayant de ne pas se perdre dans le fil de ses pensées. Ne cours pas après le lapin blanc. Il t’emmènera trop loin. Et tu n’aimeras pas ce que tu vas y trouver.

« Je… Je pouvais pas savoir… Charlie, crois-moi, j’y suis pour rien… » Son nom lui paraissait si familier, ainsi prononcé. Roulant sur sa langue, prenant une intonation toute particulière. Et il se sentait proche d’elle. Il se souvenait d’elle. Sans comprendre ce qui avait pu lui arriver. À elle. À lui. Leur arriver. À eux. « Mais j’suis pas mort, j’te jure, je… » Il n’y avait rien de plus stupide que ce qu’il pouvait avoir sorti à cette seconde là. Et sa propre main frappa d’ailleurs son front, d’un air exaspéré, alors qu’il tentait de reprendre ses esprits. Pacificatrice. Le mot lui monta dans l’esprit, et son cœur s’affola. Elle était Pacificatrice. Elle n’avait pas son uniforme, aussi cela ne l’avait-il pas frappé plus que cela. Mais elle était de ces gens qu’il devait absolument éviter. Pour le bien de la mission. Pour le bien du treize. Il ne put empêcher la peur de lui saisir les tripes, et il déglutit doucement, la dévisageant. Il ne pouvait décemment pas la planter là et s’en aller. Elle aurait eu tôt fait de le rattraper et de lui faire payer cette insolence. Mais il ne pouvait rien lui dire. Rien lui expliquer. Aussi la simple phrase qui lui vint à l’esprit fut-elle peut-être la pire parmi toutes celles qu’il aurait pu lui envoyer. La plus cruelle. Mais aussi la plus folle. « … Je suis désolé, je peux rien te dire. » Et pourtant. C’était vrai, mais. La peine se lisait au fond des yeux de l’homme, tandis qu’il dévisageait celle qui lui faisait face. Il crevait d’envie de lui raconter la vérité. De lui dire à quel point il était en train de devenir fou, à quel point tout ceci lui faisait du mal. Lui dire qu’il voulait rester sur cette plage des heures encore, jusqu’à la fin de sa misérable vie de traître, paria méprisé, peut-être. Il aurait voulu lui exprimer ses sentiments, lui dire qu’elle lui avait manqué, et qu’il ne voulait plus de cette vie. Mais on l’avait conditionné pour ce genre de situation. Très bien conditionné. Il fit un simple pas en arrière, ne la perdant pas de vue, ses prunelles chocolatées hurlant des excuses muettes et une déception sans non, une souffrance à peine imaginable.

S’il te plaît, Charlie. Ne cherche pas à comprendre. Ne me retiens pas. Laisse-moi partir. Oublie-moi. S’il te plaît, Charlie. Ne fais rien de stupide. Je t’en prie. Laisse-moi.

Mais une petite voix lui soufflait, bien cruellement, que ce ne serait pas aussi simple.
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Charlie T. Seearden
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△ âge du personnage : Vingt-sept ans.
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MessageSujet: Re: i am nothing but a human alien. ☞ (charlie)   i am nothing but a human alien. ☞ (charlie) Icon_minitimeDim 4 Mai - 21:12

Je ne peux pas croire que tu bafouilles, que tu cherches tes mots, que tu sois incapable de m’apporter la moindre explication qui justifierait ton absence. Ton silence. Ton mépris. Tu étais en vie et tu me l’as délibérément caché, tu m’as laissée seule avec mon chagrin, et il ne me restait plus que mes yeux pour pleurer. Pour te pleurer, toi. En me mentant, peut-être as-tu cru agir pour le mieux, ou peut-être n’avais-tu tout simplement pas le choix. En endossant cet uniforme qui est le nôtre, nous avons prêté serment à Panem, au Capitole, à Snow en personne, et notre devoir envers notre Pays devait rester notre unique priorité ; nos responsabilités primaient sur notre famille, nos amis. J’étais bien placée pour le savoir puisqu’en acceptant ce poste, j’avais dû renier ma propre famille, traitres aux yeux de la Nation, les rayer de ma vie, de mon cœur et de ma tête. Me laver de cette infamie. Je te regarde, droit dans les yeux, et je peux aisément comprendre qu’il t’était interdit de me révéler la supercherie, mais cela n’atténue en rien la douleur qui me déchire de l’intérieur. Mais pire encore, tu as menti à ta mère, à ta sœur, à ces femmes qui comptent énormément pour toi.  Tu les as brisées, tu m’as brisée, moi, et rien ne pourra jamais excuser ton geste.

« Je… Je pouvais pas savoir… Charlie, crois-moi, j’y suis pour rien… » Je soupire devant la banalité de tes propos, en passant une main dans mes cheveux. Désemparée. Bien sûr que je te crois, Jules, ne l’ai-je pas toujours fait ? Bien sûr que tu n’y aies pour rien, juste… Juste que je me suis sentie trahie. Blessée. Meurtrie de découvrir que tu étais toujours en vie quand je te croyais mort et enterré. Je crois rêver, mais tout me semble pourtant si réel. Cette brise qui caresse mon visage et s’engouffre dans mes cheveux, les battements frénétiques de mon cœur qui cogne dans ma poitrine, et cette peur… cette peur viscérale qui m’envahit quand je m’imagine ce qui a bien pu t’arriver pour que tu refuses ainsi de m’en parler. De te confier.

  « Mais j’suis pas mort, j’te jure, je… » « J’le vois bien ça !, je rétorque, agacée par tes explications chancelantes. Et c’est justement ça le problème ! » « … Je suis désolé, je peux rien te dire. ». Tu t’entêtes, tu persistes dans ton silence et ton refus me coupe le souffle aussi efficacement qu’un coup de poing dans l’estomac. Nous sommes seuls sur une plage déserte, personne ne t’écoute, tu peux tout me dire, Jules. Tu sais que tu le peux. Tu le sais, bon sang ! Et soudain, une terrible hypothèse me traverse l’esprit. Tu ne veux rien me dire parce que… Oh, Jules. Mon cœur se serre à cette idée. Je dévisage tes traits que je connais par cœur, et je n’ose formuler mes pensées à voix haute. Si le Capitole ne t’a pas confiée la moindre mission, serait-il possible… que tu les aies suffisamment contrariés pour te sentir obliger de fuir pour ta vie ? Je fronce les sourcils, alors que je tente de démêler le vrai du faux, mais mes pensées se bousculent tellement dans mon esprit que j’ai l’impression que ma tête va exploser. Après un bref silence, je trouve enfin le courage de t’exposer ma théorie. « Est-ce que… Est-ce que tu as fait quelque chose de mal, Jules ? Est-ce que le Capitole t’en veut ? … » Le ton de ma voix est triste, résigné, mais soudain, la colère, surgie de nulle part, m’enveloppe toute entière jusqu’à me submerger de toute part. T’as merdé, c’est ça ? Je recommence à t’agresser, à frapper ton torse de mes poings, furieuse contre toi, contre ton imprudence. « Qu’est-ce que tu as fait à la fin ?! Dis-le moi !, je te hurle, à bout de patience. « Qu’est-ce que tu leur as fait pour te sentir obligé de te faire passer pour mort ? C’est si grave que ça ? Pourquoi t’as fuit comme ça ? Je pouvais t’aider Jules, tu le sais ! Tu pouvais compter sur moi. Fallait pas partir comme ça ! Il fallait pas ! Tu pouvais avoir confiance en moi, comment tu as pu en douter ?! » Je continue de te frapper et tu ne réagis même pas, comme si tu estimais que tu méritais d’être traité de la sorte. Et la question tourne en boucle dans ma tête, qu’est-ce que tu leur as fait, bordel ?!


Dernière édition par Charlie T. Seearden le Lun 26 Mai - 0:38, édité 1 fois
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i am nothing but a human alien. ☞ (charlie) Vide
MessageSujet: Re: i am nothing but a human alien. ☞ (charlie)   i am nothing but a human alien. ☞ (charlie) Icon_minitimeVen 9 Mai - 9:30



I WILL TRY TO FIX YOU.


Il ne s’attendait pas à ce que tout ceci fasse aussi mal. Plus douloureuses que les coups, encore, étaient les paroles. Charlie avait le don de le faire culpabiliser plus que beaucoup n’auraient été capables de le faire. Et c’était injuste. D’un autre côté, depuis l’arrivée de Siegfried au district treize, personne n’avait tenté de le faire se sentir coupable, autrement que sur son ancienne nature de Pacificateur. Il en était rendu à avoir haï ce qu’il avait en tant que gardien de la paix pour le Capitole, mais au fond de lui, il ne parvenait à renier entièrement tout cela. Il était figé. Figé, entre deux eaux, à ne savoir quoi penser, quoi faire. Quel comportement adopter, quel camp réellement soutenir. Il se détestait bien souvent d’être encore en vie, et de se voir si fréquemment porté à confusion par tous les protagonistes l’entourant.

Seul. Il aurait voulu être seul. C’était pour cette raison qu’il avait mis les pieds sur cette plage, ce soir-là, et qu’il s’était laissé porter par le bruit des vagues, du vent, des embruns. Il avait fermé les yeux et savourer le seul petit réconfort qu’il espérait trouver en ce bas-monde, et qui lui avait tant manqué. Vivre dans les souterrains du treize le bouffait de l’intérieur, et il n’en pouvait plus. Alors, il avait tout fait pour retrouver la mer. Il aurait pu attendre au point de rendez-vous jusqu’à ce que son contact rebelle arrive, mais il avait fallu qu’il cède à la tentation de revoir, juste quelques instants, le plus bel espace naturel qu’il avait jamais contemplé de sa vie : l’océan. Il n’y avait rien de plus cher à ses yeux ; réellement. Mais son désir de se perdre à nouveau dans la tranquillité l’avait perdu. Charlie était arrivée. Et avec elle, la souffrance, la culpabilité, l’horreur et le doute. Le doute. Petite bête vicieuse, prenant un malin plaisir à s’insinuer dans son esprit, à le rendre fou. Et la Pacificatrice venait de déclencher une nouvelle vague de ce doute. Malheureusement.

Les poings de Charlie s’abattirent à nouveau sur le torse de Siegfried, tandis qu’il ne réagissait même plus. Sa lèvre inférieure tremblait légèrement. Les larmes n’étaient pas loin, et le désespoir avait asséché son cœur, sans qu’il ne puisse rien y faire. Il se retrouvait condamné à subir, et à encaisser. Mais dans son esprit, les certitudes vacillaient. Il ne pouvait rien dire, avait-il lâché à son ancienne amie. Mais pourquoi n’aurait-il rien pu lui dire ? Parce que c’est une Pacificatrice, ducon. Une Pacificatrice, et que si elle apprend que tu es maintenant au district treize, elle te fera la peau, comme n’importe quelle autre personne de son rang. Sauf que Charlie était son amie. Et il refusait de croire qu’elle aurait pu lui faire une chose pareille. Lui ôter la vie. Ou pire, le kidnapper, et le servir en pâture au Capitole. Pourtant, ce n’était pas la méfiance qui s’était emparée de la jeune femme alors qu’elle prononçait l’idée qu’il avait fait quelque chose de grave contre le pouvoir en place. Ce fut de la colère, du désespoir, et semblait-il un réel chagrin. La salve d’accusations que Siegfried encaissait devenait insupportable. Et, finalement, il craqua.

Ses mains attrapèrent les poignets de Charlie. Elle avait beau être entraînée, avoir de la force, il n’en était pas à ça près, et avait lui aussi une résistance particulière. Il avait, de plus, la carrure d’un homme, et même s’il détestait l’imposer face à une femme, il n’en restait pas moins que dans ce genre de circonstances, il n’y réfléchissait plus. Il s’efforça de ne pas trop serrer. De simplement écarter les poings de lui, de l’empêcher de continuer de le marteler. Le regard sombre, les lèvres tremblantes, et les larmes, au bord de ses paupières. « Arrête, Charlie. Arrête ça. » Il déglutit lentement. Serra un peu plus. Il ne voulait pas lui faire de mal, mais il ne voulait plus qu’on le frappe. Qu’on le rabaisse. Qu’on le traite comme s’il n’était rien, alors qu’elle clamait que pour elle, il importait. Stop. « Mais je te fais confiance ! … Je ne leur ai rien fait, Charlie, mais s’ils me retrouvaient, maintenant, ils me tueraient… J’peux pas rentrer et faire comme si de rien n’était, tu sais… J’peux pas… » Non. Parce qu’on lui avait lavé le cerveau, parce qu’il avait disparu trop longtemps, et que le Capitole, lui, savait qu’on l’avait enlevé. Que tout était foutu. Que rien n’allait se passer correctement. Il y aurait du grabuge, s’ils apprenaient qu’elle l’avait vu. Et il ne voulait pas qu’elle ait d’ennuis. Pas à cause de lui. « Faut pas que tu dises que tu m’as vu. Faut pas qu’tu le dises, sinon ils vont te chercher des embrouilles. Et j’ai pas envie que tu sois dans la merde à cause de moi, tu comprends ? … » Son ventre se tordait. Il fallait qu’il fuie. Avant qu’elle ne remarque son uniforme du treize. La nuit le couvrait, mais à cette proximité, il avait peur que ce ne soit plus très long. « J’voulais pas partir, je te le jure… » T’es pas parti, on t’a enlevé. « Je… Je t’ai pas prévenue, parce que je le pouvais pas, tu comprends ?! J’suis parti en patrouille, normalement, et je n’avais jusque là aucune raison de disparaître dans la nature, c’est pour ça que j’t’en ai pas parlé, mais… » Mais maintenant tu parles trop. « … Mais j’te jure que si j’avais su, je t’aurais prévenue… » Charlie… « J’voulais pas que ça se passe comme ça… »

Son cœur battait la chamade. Il avait cette envie de disparaître de la surface de la Terre, en cet instant précis. Il tenait à elle, sans pour autant réussir à se l’avouer. Et il la regardait, chercher à accrocher son regard, ou une lueur d’espoir.

Espoir terne, qui n’avait plus sa place dans son monde depuis bien longtemps.


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Charlie T. Seearden
DISTRICT 11
Charlie T. Seearden
△ correspondances : 181
△ points : 0
△ multicomptes : Reed, Julian & Gold
△ à Panem depuis le : 21/09/2013
△ humeur : Troublée.
△ âge du personnage : Vingt-sept ans.
△ occupation : Pacificatrice, médecin de terrain.



i am nothing but a human alien. ☞ (charlie) Vide
MessageSujet: Re: i am nothing but a human alien. ☞ (charlie)   i am nothing but a human alien. ☞ (charlie) Icon_minitimeMer 6 Aoû - 20:12

Comme si tu venais soudainement de te réveiller, tu réagis enfin à mes assauts en glissant tes mains autour de mes poignets pour m’empêcher de te marteler à nouveau le torse de mes poings vengeurs. Tu resserres ta prise, peut-être as-tu peur que je ne me laisse pas faire et que je me défende, mais non, Jules, je ne suis pas ici pour me battre avec toi. Et qui plus est, j’étais assez lucide pour me rendre compte que je n’étais pas de taille à lutter contre un tel adversaire. Oh, je pourrais te tenir tête plusieurs minutes, c’est vrai, mais plus grand et plus musclé que moi, tu finirais inévitablement par avoir le dessus. Résignée,  je me soumets docilement à ton emprise et cesse immédiatement de te frapper ; à vrai dire, je n’en ressentais même plus l’envie. Le contact de tes mains sur mes bras suffit à m’apaiser, et c’est les yeux plein d’espoir que je relève la tête vers ton visage ; baigné par le clair de lune, j’en distingue parfaitement tous les traits. Tu n’as pas changé et pourtant, tu n’es plus tout à fait le même, je le vois bien. La lassitude que je lis dans tes yeux, cet éclat terne dans ton regard que je ne lui ai jamais connu, me brise le cœur et je comprends que la vie n’a pas été facile pour toi depuis ta présumée disparition. Mais maintenant que tu étais de retour parmi les tiens, les choses ne pouvaient que s’arranger.

« Mais je te fais confiance !, me confirmes-tu. Je ne leur ai rien fait, Charlie. » Je soupire de soulagement et un léger sourire se dessine au coin de mes lèvres; comment avais-je pu être assez bête pour m’imaginer que tu prendrais parti contre le Capitole, que tu nous tournerais le dos ? C’était mal te connaître. « Mais s’ils me retrouvaient maintenant, ils me tueraient… » Je fronce les sourcils, perplexe. Tes mots me déstabilisent et tout ce mystère qui t’entoure m’agace plus de raison, plus tu t’expliques, et moins je comprends la logique de la situation. J’ai la désagréable impression d’avoir pris le film en cours de route, et l’intrigue me semble floue, décousue. Incompréhensible. C’est insensé, pourquoi voudraient-ils te tuer ? Je secoue légèrement la tête de gauche à droite, dubitative, un tas de questions se bousculent dans mon esprit mais aucun mot ne franchit mes lèvres entrouvertes. « J’peux pas rentrer et faire comme si de rien n’était, tu sais… J’peux pas. Faut pas que tu dises que tu m’as vu. Faut pas qu’tu le dises, sinon ils vont te chercher des embrouilles. Et j’ai pas envie que tu sois dans la merde à cause de moi, tu comprends ? … » Non. Non, je n’y comprends absolument rien mais j’hoche la tête pour acquiescer à tes paroles. « Je ne dirai rien. », je te promets d’une voix douce. Je ne parlerai à personne de cette rencontre fortuite, ni à ta mère, ni à ta sœur, même si c’est dur de garder le secret, parce que l’idée même que je puisse le faire semble t’inquiéter au plus haut point. Et quoi que tu aies pu faire, je suis et reste ton amie, et ne ferai rien contre ta volonté.

« J’voulais pas partir, je te le jure… » souffles-tu avec une telle sincérité que je te crois aussitôt, sans plus me poser de questions. « Je sais, Jules. Je sais. » Compréhensive, je pose doucement ma main sur ton avant-bras dans un geste qui se veut tendre, complice. Jamais tu n’aurais quitté ta famille de ton plein gré. « Je… Je t’ai pas prévenue, parce que je le pouvais pas, tu comprends ?! » Nouvel hochement de tête. « J’suis parti en patrouille, normalement, et je n’avais jusque là aucune raison de disparaître dans la nature, c’est pour ça que j’t’en ai pas parlé, mais… Mais j’te jure que si j’avais su, je t’aurais prévenue. J’voulais pas que ça se passe comme ça… » Oh Jules, qu’a-t-il bien pu t’arriver pour que tu aies l’air soudainement si effrayé par ma présence ? Avais-tu assisté malgré toi à une scène compromettante ? Dès lors, avais-tu été contraint de te cacher, de fuir pour ta vie ? Je passe rapidement en revue toutes les hypothèses envisageables qui pourraient expliquer ta brusque disparition, puis ton étrange attitude, mais tous les scénarios que j’ai en tête pourraient convenir. Sans plus réfléchir, je laisse mon instinct prendre le dessus et je te prends dans mes bras, ma tête nichée au creux de ton cou, mes bras autour de ta taille. Et putain, ça fait un bien fou de te sentir à nouveau contre moi. « Tu m’as manqué Jules. Tu m’as tellement manqué. » Doux euphémisme. En vérité, ton absence avait creusé un vide immense dans ma vie, un vide que jusqu’à présent, je n’avais pas encore réussi à combler. Tu étais mon ami, mon meilleur ami, et je n’ai jamais réussi à accepter ta mort, pas plus que je n’ai pu la surmonter. Mais te revoilà. Te revoilà. Des larmes de joie me montent aux yeux, mais je tente de les refouler du mieux que je le pouvais. Je n’allais quand même pas me mettre à pleurer, si ?

Je me recule de quelques pas, un grand sourire aux lèvres, quand un coup de vent plus fort que les autres s’engouffre dans ta veste et en soulève les pans. Pendant une fraction de seconde, mon esprit refuse d’accepter ce que j’y avais vu en-dessous. Un uniforme gris. Tellement, tellement familier. Mes pensées s’accélèrent. Et le sceau du Treize, discret mais présent, apposé contre ton cœur. J’ai peut-être mal vu. J’ai sûrement mal vu. Mais le doute s’insinuant dans mon esprit, je devais en avoir le cœur net. Sans te laisser le temps d’agir, j’attrape ta veste des deux mains et l’écarte brusquement sur les côtés. Et les rayons de lune qui te frappent de plein fouet affichent ta traîtrise aux yeux du monde entier. Tu portes l’uniforme du Treize, un uniforme que je pourrais reconnaître entre milles pour l’avoir endossé des années durant dans mon adolescence. Un uniforme que j’en étais venue à haïr. Je pousse un petit cri surpris, avant de reculer précipitamment. Ma main droite tâtonne machinalement ma cuisse à la recherche de mon arme, et je me rappelle soudainement que je ne suis pas en uniforme. Je pointe alors sur toi un index tremblant (c’est ce que j’ai de plus menaçant sur moi) qui t’accuse impitoyablement, qui te juges d’ores et déjà coupable. « Tu es des leurs ! Tu es… tu es un putain de rebelle ! » Prononcer l’évidence à voix haute me fait tout à coup prendre conscience des faits. Abasourdie, comme assommée par une telle révélation, je porte la main à mon cœur comme si tu venais d’y planter un couteau. « Tu es un traître ! » Ma voix que la colère et la déception ont rendue suraiguë s’élève dans les airs et brise le silence majestueux des lieux. « Comment… ? » Non. Non, pas comment. Ce n’était pas ça, la question qui m’importait le plus. « Pourquoi ? » Le Capitole avait toujours été bon avec nous, pourquoi se dresser aujourd’hui contre lui ? Et toutes les pièces du puzzle s’emboitent parfaitement : ta soudaine disparition, ton manque d'explication, et ton anxiété grandissante à l’idée de te retrouver face à moi… face à une Pacificatrice.

Mais je n’aurai peut-être jamais la réponse à mes questions, car des silhouettes font irruption sur la plage, certainement alertées par les cris. Sûrement des Pacificateurs. Qui d’autre ? Le couvre-feu était tombé depuis plusieurs heures déjà, et personne n’était autorisé à se trouver dans les rues une fois la nuit tombée. On allait me passer un sacré savon, mais ce n’était rien à côté du sort qu’ils te réservaient, Jules. Est-ce que j’allais rester impassible et leur laisser te faire du mal ? Après tout, tu restais mon ami, envers et contre tout. Ce garçon que j’avais tant aimé, et pour qui j’avais même eu un petit béguin. Mais plus les ombres se rapprochent et plus je comprends que ce ne sont pas des Pacificateurs. Mais alors… J’ai l’impression de me prendre une grande claque dans la gueule, et je recule encore de quelques pas, décontenancée. S’ils n’étaient pas avec moi, alors ils étaient contre moi. Des rebelles, Jules. Tu as emmené ta bande de merdeux au Quatre, ton propre District, celui qui t’a vu naître, qui t’a vu grandir. Comment as-tu pu ?, te hurlent mes yeux.
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