Siloë ne comprenait pas l’engouement des Jeux. Parce que cet événement annuel venait clairement chambouler son quotidien parfois monotone mais indispensable à la survie. Là où le District pouvait sembler calme au quotidien, voilà que depuis ces derniers jours, tout s’animait au sein du district. Elle avait bien compris que le nombre de Pacificateurs avaient triplé au sein des rues et que les caméras étaient partout. A son grand désespoir. La petite Siloë traça son chemin à travers d’épais feuillages bordant une frontière du district 5. Elle avait passé une bonne partie de sa journée à traîner autour de son ancienne maison sans se faire remarquer. Depuis la mort de ses parents, elle n’allait plus à l’école puisqu’elle était morte aux yeux d’une bonne partie du district. Certains l’avaient probablement reconnu mais personne n’était encore venu la chercher. Son petit estomac se mit à gargouiller, lui rappelant une fois de plus qu’elle n’avait rien avalé depuis ce matin. D’ordinaire, elle avait pour habitude de se glisser au sein du village des vainqueurs pour y trouver son repas. Mais ces derniers jours, l’emballement médiatique autour des Jeux rendait ce périple bien trop risquée pour Siloë.

C’est comme cela qu’elle se retrouva dans un quartier ouvrier, doucement animé par les allers-retours des travailleurs. Se faufilant le long d’un mur, elle désigna une maison au hasard avant d’observer par la fenêtre s’il n’y avait personne. Soulagée de voir que cette première maison serait probablement la bonne, la petite tête brune vérifia une énième fois que personne ne l’observait. Deux secondes plus tard, Siloë était déjà en train de s’affairer à ouvrir la fenêtre, technique qu’elle améliorait de jour en jour et qui lui éviter de rentrer par des portes parfois bien trop visibles. Et il était bien plus simple de ressortir par une fenêtre que par une porte en cas de problème. D’un pas léger, la fillette trouva rapidement la petite cuisine. Oh, ce n’était pas la cuisine de Payne, l’une des gagnantes du D5 mais ça aurait au moins le mérite de calmer son estomac vide. Son petit sac en tissu sur son dos, elle s’empressa de l’ouvrir pour y glisser le reste de pain qui trônait sur la table. Clairement affamée, Siloë ouvrit le premier tiroir qui lui tomba sous la main, avant de s’accroupir pour voir ce que ce dernier pouvait bien cacher. Elle savait très bien que sa maman lui avait toujours interdit de voler, lui rappelant sans cesse qu’il était important de travailler pour obtenir ce qu’elle voulait. Alors la petite Siloë avait essayé, se nourrissant de baies sauvages du mieux qu’elle pouvait. Mais rapidement, elle avait renoncé, trop affamée pour continuer comme cela. Agenouillée devant l’armoire, Siloë n’y voyait pas grand-chose dans l’obscurité de l’armoire mais vraiment, elle était sûre qu’elle pourrait trouver quelque chose. Elle s’apprêta à attraper quelque chose quand une voix la fit sursauter violemment… « Je sais que vous êtes là, sortez tout de suite de votre cachette ! Parce que si je vous trouve, je vous botterait le cul jusqu'à ce qu'il soit plat comme une galette ! » Lâchant la boîte qu’elle tenait dans la main, Siloë se glissa rapidement sous la table, son cœur battant violemment dans sa petite poitrine. Accroupie sous la table, elle repéra rapidement les pieds de la personne. Ni une ni deux, elle se précipita vers la fenêtre qu’elle avait mise contre en arrivant. Posant son pied sur le tabouret, elle s’apprêta à enjamber la fenêtre quand le tabouret se déroba sous son pied, laissant la petite tête brune tomber sur le sol de la cuisine. Siloë grimaça en voyant son genou écorchée mais elle releva aussitôt la tête vers la fenêtre. Le tabouret avait roulé bien trop loin et elle était bien trop petite pour sortir sans ce dernier. Effrayée, la fillette croisa le regard de la propriétaire des lieux avant de se relever, collant son dos contre l’un des murs de la cuisine. Oh, elle était dans une belle situation… Son regard se posa sur la porte d’entrée, elle aurait pu essayer de s’y faufiler si la jeune femme ne se tenait pas là. « J’me… J’me suis trompée d’maison ! » Quoi, qui avait dit qu’elle était la reine des excuses ? Personne.