Je passe mon bras sur mon front humide de sueur pour l’essuyer un peu. Quelques mèches de mes cheveux tressés et relevés se sont échappées et je tente de remettre un peu d’ordre dans ma coiffure, en vain j’en ai peur. Mais il me suffit d’un coup d’œil sur les autres tributs pour me rassurer un peu sur mon apparence. Les carrières mis à part, tous les autres ont l’air essoufflés, fatigués de leur journée et ils se trainent plus qu’ils ne se déplacent. Je ne fais pas exception et il m’est pénible de continuer à errer dans la grande salle pour m’orienter vers ce qui sera mon dernier atelier alors que je n’aspire qu’à m’étendre un peu et souffler.
Pourtant j’ai l’habitude des journées épuisantes au district onze, mais la fatigue n’est pas la même. Je suis loin de chez moi, j’ai dû rester concentrée une partie de la journée sur des défis plus intellectuels que physiques et essayer d’impressionner les carrières et Racaël sur la course d’obstacles a mis mes nerfs autant que mes muscles à rude épreuve. Papa me manque… Lorsque je travaille, je m’arrange toujours pour l’avoir dans mon champ de vision. Le voir me rassure car je sais qu’en cas de pépin, il viendra immédiatement me donner un coup de main. Mais ici je suis seule, livrée à moi-même, et mes réussites et échecs ne reposent que sur mes propres capacités ou incapacités.
Et puis savoir que l’on s’avance vers une mort certaine, que chaque minutes nous rapproche du moment où les tubes nous porteront dans l’Arène, ajoute une tension supplémentaire à gérer.

Je me sens incapable de me diriger vers un atelier qui me fera utiliser mes méninges. A ce stade, ce serait une pure perte de temps et je n’en ai pas tellement à gaspiller, n’est-ce pas ? Du coup, je préfère m’aventurer du côté du maniement des armes. En fait, je me laisse surtout attirer par la silhouette de la tribut du neuf, occupée à lancer des couteaux avec dextérité. Elle n’a pas l’air exagérément concentrée, pourtant ses lames atteignaient pratiquement toutes les cibles mise à notre disposition. Je dois avoir l’air d’un insecte stupide attiré par la lumière… J’occulte peu à peu le reste du monde et fixe simplement les mouvements déliés et précis de la blonde. Elle est la sœur d’un ancien tribut devenu vainqueur qui a certainement dû l’entrainer pour mettre toutes les chances de son côté, au cas où. Et pour la seconde fois de la journée, je ressens un pincement familier de rancœur… Pourquoi est-ce que personne ne m’a préparée moi ? Pourquoi est-ce que mon père ne m’a pas appris à manier une arme ? Il n’a jamais voulu que je touche la hachette qu’il utilise fréquemment…  
J’essaye de regarder ses gestes avec intelligence, de mémoriser ses postures, de comprendre comment les couteaux deviennent des sortes de prolongations de son bras tout en muscle… Mais je ne suis pas certaine d’y parvenir. Ma cervelle est trop anesthésiée, elle a trop de choses à digérer.
Je me sens à nouveau complètement nulle avec mes connaissances stupides des plantes. Faire un feu va me servir à quoi face à une adversaire qui peut m’atteindre à distance avec autant de facilité ? Et en même temps, qu’est-ce que ça changerait pour moi de savoir manier une arme quelconque, si je ne me sens pas prête à l’utiliser ? A rien… Un savoir mort. Aussi mort que je le serai bientôt…
« Tu veux ces couteaux pour tirer ? »
« Oh euh… »
Elle me tend ses armes et mes joues s’enflamment sous le sentiment d’impuissance qui m’accable tout à coup.
« Je ne suis pas sûre de pouvoir en faire quoi que ce soit… Je n’ai jamais essayé de tirer avec des couteaux, je… »
Je ne devrai pas avouer mes faiblesses aussi facilement. Alexiane serait furieuse… Alors j’essaie de me rattraper.
« Ce n’est pas mon arme préférée. »
 

Je déglutis péniblement, attendant que le verdict tombe parce que je la sens hésitante. Elle a passé un moment à m’observer puis à regarder les couteaux encore dans sa main, comme si elle pesait le pour et le contre… Mais à quoi est-ce qu’elle réfléchit ? Est-ce que c’est de l’intimidation ? Est-ce qu’elle essaye de me faire comprendre que si je ne m’écarte pas très vite, elle va lancer ces couteaux sur moi une fois dans l’Arène ? C’est typiquement le genre de choses que feraient Leevy je crois… Pourtant à première vue, il en semble pas si agressif et il a toujours ce petit sourire en coin... C’est ce sourire en quoi qui est perturbant en fin de compte. Parce que ses yeux, eux, ne sourient pas du tout. Mais je ne ressens pas la même animosité du côté de Virani.
« Comment tu t’appelles ? »
Là encore, j’avale laborieusement ma salive, stressée. Comme si ma réponse à cette question pouvait avoir le moindre impact sur la suite des évènements. Si elle n’aime pas mon nom, elle va m’envoyer promener… Sauf que ça n’a aucun sens, je le sais.
« Zeena Kenway. Et…et toi ? »
En vérité je connais son nom, tout le monde ne parle que d’elle et de sa relation avec Elyas Chesterfield, un ancien vainqueur. Mais puisque Virani ne connaissait pas le mien et qu’apparemment, c’est monnaie courante ici, je vais faire semblant.

« Okay. Je peux te montrer deux trois trucs... »
Je sursaute presque et mon cœur manque un battement. Je n’ai jamais dis que je voulais qu’elle m’apprenne quoi que ce soit, même si c’est bien évidemment le cas. Est-ce que c’est si évident que je suis nulle ? Apparemment oui. J’en ressens une petite pointe de frustration et de vexation, bien vite éclipsées par le soulagement et la reconnaissance qui m’envahissent.
Du moins jusqu’à ce que Virani ajoute : « Si tu me montres quelque chose que tu sais faire toi aussi. »
Elle a l’air aussi mal à l’aise que moi en formulant sa demande. Je ne peux pas lui répondre que je ne maitrise aucune arme parce qu’Alexiane serait vraiment fâchée. Elle m’a bien mise en garde contre ça et m’a dit et redit que je ne devais surtout pas laisser entrevoir mes faiblesses. Mon physique ne m’avantage déjà pas, si je prouve à tous les tributs que je ne suis bonne à rien, ils vont s’arranger pour m’éliminer très rapidement. Aucun des carrières ne veut prendre le risque de se faire voler la vedette par une gamine qui se planquera et survivra uniquement grâce à sa chance pendant qu’ils prendront tous les risques et se battront avec acharnement…
D’un autre côté, je ne peux pas lui faire croire que je maitrise un instrument pour qu’elle m’apprenne les rudiments du lancé de couteaux, avant de l’envoyer promener et de lui révéler la supercherie. Je m’en ferai une ennemie et je n’en ai pas du tout envie. Virani a l’air gentille et douce… Et elle m’a bien traitée jusque là, mieux que beaucoup d’autres tributs.
Je pourrai lui apprendre à faire un feu ou soigner quelques blessures, mais elle n’apprendra rien de plus de ma part que ce que les vidéos proposent déjà dans les ateliers de connaissance et de survie.
Alors quoi faire ?
« Je…je… »
Je ne veux pas non plus renoncer, je veux réellement qu’elle m’apprenne à viser et lancer. Déjà parce que ce serait gratifiant, ensuite parce que si je veux dissuader quelqu’un d’approcher sans pour autant le tuer, il faut que je sache viser un minimum pour lui faire peur, non ? Et en même temps, il y a peu de chance que j’arrive à maitriser le lancé en quelques leçons…
Je me sens acculée… J’ai à nouveau envie de fondre en larmes. Cette journée a été fatigante il faut dire.
« Je ne sais pas faire grand chose » craqué-je finalement, alors qu’elle vient de planter sa lame au milieu de sa cible dans un geste plus vigoureux que les précédents.
Elle a l’air toute chamboulée. Est-ce que c’est à cause de moi ? Je l’ai énervée ?
« Je suis désolée... »
Et là-dessus, j’écrase une larme au coin de mes yeux. Encore une, décidément… Je n’ai donc pas de limite ? C’est peut-être ça mon grand et inutile talent : celui de produire des larmes indéfiniment…

Je caresse doucement les manches lisses et encore chauds des couteaux que Virani tenaient il y a un instant et dont elle s’est débarrassée. Même s’ils ne sont pas à elle, je sais que je n’oserai plus les prendre en main sans sa permission à présent.
« Mon père a une petite hache. Je l’ai vu s’en servir deux fois pour faire partir des gens qui voulaient nous voler des choses. Il n’a tué personne il leur faisait juste peur avec. Mais il ne m’a jamais laissé la toucher. Il trouvait ça trop dangereux...» lui expliqué-je sans trop savoir pourquoi, gardant la tête basse.
Il ne faudra surtout pas que je raconte ça à Alexiane ce soir, quand elle me demandera comment s’est passé mon entrainement.
   

Je la sens tout à coup aussi émue et fébrile que moi, même si je suis la seule à avoir les yeux embués de larmes. Pour être honnête, je ne sais pas vraiment comment réagir face à sa gentillesse, sa gêne qui fait écho à la mienne et ses sourires doux. Je n’y suis pas étrangère bien sûr, mais entre tributs, ce n’est pas quelque chose que j’ai réellement pu expérimenter. Certains se sont montrés aimables, comme Racaël qui a même pris ma défense, mais là c’est différent. Je me sens tout à coup proche de Virani… Comme si nous pourrions être sœurs. Je ne sais pas ce qui est à l’origine de ce sentiment étrange, mais j’ai l’impression que je pourrai la comprendre et que l’inverse est vrai aussi.
C’est curieux et au lieu de me rassurer, cette idée me terrifie. Parce que je sais ce qui nous attend et je sais que je ne peux pas me permettre d’essayer de me rapprocher d’elle. D’elle en particulier, parce qu’elle est la sœur d’un ancien vainqueur. Pourtant, je n’ai pas l’impression qu’elle représente une plus grande menace pour moi que n’importe lequel des autres tributs, mais Alexiane m’a mise en garde. Je ne dois pas en faire mon alliée. Ca reviendrait à signer mon arrêt de mort et mes chances de survivre dans l’Arène sont déjà trop minces.

« Je… C'est avec un ami que j'ai appris à lancer. Il est mort. À chaque fois que je lance un couteau, j'ai l'impression de le revoir à côté de moi, je..., j'étais moins douée que lui. Il était fort. »
Je ravale mon chagrin et essaye de reléguer mes impressions dérangeantes au second plan. Mais ça n’est pas évident avec ses confidences… J’ai envie de trouver les bons mots, d’effacer la peine qu’elle a pu éprouver et me heurte de plein fouet, mais je ne trouve rien à lui répondre. Ma gorge est trop nouée pour ça.
Et puis une part de moi est tout de même honorée d’avoir droit de recevoir de telles informations… Une part que je dois faire taire à tout prix. Je ne peux pas me laisser attendrir ou m’imaginer que nous pourrions être amies.
« Mais je peux toujours te montrer comment lancer, si tu veux. »
Je suis soulagée qu’elle ait préféré enchainer et surtout, qu’elle n’ait pas renoncé à m’apprendre le lancer de couteaux, malgré le fait que, de mon côté, je n’ai rien à lui apprendre. Et en même temps, je sais que justement, le fait qu’elle ne renonce pas devrait me faire fuir…
Pourquoi est-ce que tout doit être si compliqué ?

« Il faut que tu te places comme ça. »
« D’accord… » soufflé-je, essayant de chasser toute pensée parasite pour me concentrer sur ce que Virani a à m’apprendre. Je ne veux pas la décevoir alors qu’elle prend des risques pour me former.
J’écoute donc ses conseils avec la plus grande attention, essayant de m’imprégner de ses mots, comme je l’ai fait de ses gestes pendant qu’elle s’entrainait sans m’avoir repérée.
Mon premier essai est pourtant un échec cuisant. Je me sens rougir et me confonds en excuse. Elle me rassure gentiment et me propose de remettre ça et de lâcher le couteau moins tôt. Le second coup n’atteint pas non plus sa cible. Je suis trop crispée. Il me faut une douzaine d’essais pour parvenir à faire s’enfoncer la lame là où je le souhaitais.
Je pousse un petit cri de victoire et me tourne vers la blonde à mes côtés. J’aimerai me jeter dans ses bras et me laisser aller, comme je le fais avec mes amies du D11, mais je me contente de sourire et de croiser mes mains dans mon dos pour ne pas avoir l’air gourde.
« Merci, Virani. Je crois que je commence à comprendre le truc. »
Je m’emballe très certainement un peu trop et rien ne garantit que j’arrive à atteindre à nouveau ma cible de sitôt. D’autant que cette cible-ci est immobile…et ne risque pas de répliquer. Mais il faut savoir savourer les petits victoires, non ?
 
Je me sens à nouveau nerveuse. Je me demande si je devrai réaborder le sujet de son ami ou si je ferai mieux de m’abstenir. Et finalement, je parviens à un compromis. Enfin je crois…
« J’ai souvent l’impression que Maman est avec moi aussi. Mais pas quand je fais quelque chose de particulier… Papa dit que quand on meurt, on monte au ciel et on se retrouve tous ensemble. On retrouve tous les gens qu’on a aimé et on peut manger tout ce qu’on veut. On n’a plus jamais faim ou soif. »

 Je me fige en la voyant commencer à pleurer. Je savais que ça pouvait arriver, évidemment, mais je me laisse tout de même surprendre. En d’autres circonstances, je me serai empressée de la prendre dans mes bras pour lui permettre de déverser son flot de larmes, j’aurai essayé de l’apaiser en parlant ou simplement en écoutant, peut-être même en chantonnant si c’était de ça qu’elle avait eu besoin, à l’image d’Ezio que la musique parvenait toujours à apaiser.  Mais elle n’est pas de ma famille, nous ne sommes même pas officiellement amies. Non, Virani et moi sommes des tributs de Panem et bientôt, nous seront peut-être forcées de nous entretuer pour… pour… Eh bien très honnêtement, j’ai beau avoir vu le film expliquant le but des Jeux de la Faim, je ne comprends toujours pas comment un massacre d’enfants peut permettre aux gens de faire pénitence et d’oublier l’idée de se révolter. Mais je ne suis qu’une gamine naïve, ceci explique cela…
En attendant, je reste pétrifiée face à la détresse de mon interlocutrice qui finit heureusement par se calmer d’elle-même. Ca me fait me sentir un peu coupable. Alors qu’elle se montre si gentille avec moi, je ne suis pas capable de faire le moindre pas vers elle quand elle en a besoin. Quel genre de personne suis-je donc ? En quoi est-ce que le Capitole me transforme ? Pourquoi est-ce que chaque geste doit être calculé de cette manière ? Je déteste cette façon de faire…
Maman et Papa ne seraient pas fiers de moi à cette seconde.
« Je ne crois pas à ce genre de choses. »

Je déteste encore plus entendre ça. Pas parce que ça me fait de la peine pour Virani qu’elle n’y croit pas, mais parce que j’ai moi-même un doute quant à l’existence d’un tel endroit… Si c’est vrai qu’on finit par se retrouver tous ensemble : pourquoi mon père n’arrêtait pas de pleurer et de dire qu’il voulait juste la revoir une dernière fois ? S’il savait que ça allait se passer à sa propre mort, pourquoi est-ce qu’il était si désespéré ? Et s’il voulait tant la revoir, pourquoi ne pas simplement se tuer comme certains le faisaient ? Pourquoi ne pas tous nous laisser mourir pour rejoindre maman ?
Je déglutis péniblement, mon cœur cognant dans mes oreilles brûlantes tout à coup. Je ne me sens pas très bien. J’ai à nouveau envie de pleurer…
« Mais si ton papa te le dis... Cela doit être sûrement vrai. Je pense qu'on ne ressent plus rien à ce moment là, tu sais. Mais qu'on finit par comprendre qu'on a rejoint les autres. Un endroit comme ça...ce serait merveilleux. »
Je relève les yeux pour lui sourire (un sourire complètement crispé), mais je remarque qu’elle recommence à pleurer. Et une fois encore, je n’agis pas. Par peur d’être vue par les autres tributs et jugée faible ? par peur de la mettre mal à l’aise ? parce que je me sens maladroite et que j’ai peur de faire un faux pas ? Un peu de tout ça, mais il y a autre chose à présent. A présent je lui en veux aussi un peu pour ce qu’elle vient de dire. Je lui en veux d’avoir semé le doute en moi sur un tel sujet…

« Il est mort aux Jeux ! » explose-t-elle soudain.
Il me faut un long moment pour comprendre qu’elle fait à nouveau référence à son ami, celui avec qui elle a appris à lancer les couteaux. Son ami, mort aux Jeux… J’essaye de me souvenir d’un garçon du district neuf qui pourrait avoir marqué mon esprit mais c’est stupide : je n’ai jamais regardé les Hunger Games et je ne verrai pas de qui Virani parle même si elle me donnait son nom et prénom…
Je me sens encore idiote, ignorante et je ne sais à nouveau pas quoi faire de moi-même ou comment soulager un peu mon interlocutrice. Tous mes réflexes ont l’air d’avoir tout à coup disparu. Alors qu’auparavant une étreinte m’aurait parut toute naturelle, là, je reste les bras ballants et l’idée de l’approcher me paraît dérangeante, déplacée.  J’ai l’impression que des tas de regards sont braqués sur nous. Pourtant, il me suffit d’un coup d’œil aux alentours pour constater que ça n’est absolument pas le cas. Ce qui vaut sans doute mieux pour mon interlocutrice qui a finit par s’asseoir.
« Je… »
Mais je ne trouve rien à dire. De toute manière, elle n’a pas l’air capable de m’entendre. Ca me rappelle Papa… Ca me rappelle la mort de Maman… Ma gorge se noue et je sens l’émotion menacer de me submerger moi aussi.   Je serre les dents, je sers les poings. Je ne dois pas craquer. Je l’ai suffisamment fait ces temps-ci. Et puis de quoi aurions-nous l’air toutes les deux ?
De toute manière, Virani a l’air de se ressaisir. Elle se redresse et me présente des excuses inutiles. Pourquoi devrait-elle se sentir gênée ? Son ami est mort… Elle va peut-être mourir et parle à une future morte…  
« Tu veux reprendre tes lancers ou on s’arrête là ? » me demande-t-elle après avoir récupéré les couteaux.

Une fois encore, je me retrouve perdue entre deux émotions. Je réfléchis à ce qu’elle pourrait vouloir et je ne trouve pas comment trancher. Je ne la connais pas assez. J’ai envie de l’aider, de l’écouter, de lui parler, d’apprendre justement à la connaître, mais une petite voix me dit que je ferai mieux de m’abstenir. Une petite voix me crie de ne pas m’attacher, de ne surtout pas chercher à savoir ce qu’elle aime et déteste, ce qui la chagrine et la fait mourir de rire…
Je ne veux pas en rester là, faire comme si de rien était. Je veux lui montrer qu’elle compte. Et puis parce qu’en le faisant, j’aurai l’impression de me retrouver un peu moi-même aussi. Mais je me dis qu’elle ne veut peut-être pas non plus qu’on tisse le moindre lien.
Attend-t-elle de moi que je la repousse, ou qu’au contraire, je lui tende la main ? Depuis quand est-ce que je me pose autant de questions ?
« Je…je vais peut-être continuer un peu… Mais tu n’es pas obligée… Enfin si tu as mieux à faire, je comprendrais. Tu m’as déjà bien aidée… » finis-je par répondre, lui offrant ainsi une porte de sortie si elle se sent trop mal à l’aise. Si elle choisit de rester, alors je jugerai qu’elle a besoin de mon aide et agirai en conséquence. Si elle s’en va…alors je la laisserai partir en la remerciant pour son aide.