Je cours. Je cours, au milieu des flammes. Je dois m'enfuir au plus vite, fuir le district. Derrière moi, une horde de pacificateurs me poursuit. Je suis perdue à tout jamais. On m'attrape par le bras d'une force étonnante. J'hurle de toute mes forces, mais on me plaque au sol. Le choc m'extirpe un cri de douleur. Je tâte ma hanche, où le sang coule à flot. Je lève ma tête, prête à m'enfuir. Mais un fusil est braqué sur moi. Le pacificateur appuie sur la détente, et tout devient noir.

Mes yeux s'ouvrent, je reviens à la réalité. Je ne suis pas au milieu des flammes, mais dans mon lit, au Capitole. Encore un de ces horribles cauchemars. Je n'arrive plus à me rendormir. Je me glisse hors des draps et pose mes pieds nus sur le tapis. Ma longue chemise de nuit est collée à ma peau par la sueur, je décide de l'enlever. Je me retrouve là, nue, au milieu de mon immense chambre. Une douche, quelques habits en plus, et je suis déjà en bas de l'immeuble. Je marche dans les rues du Capitole -désertes-, jusqu'à la base des hovercrafts. "Lena Brennan, styilste du Quatre. J'aurais besoin d'un hovercraft pour le Un." Mon statut de styliste me permet d'utiliser les hovercrafts librement. On me conduit dans un hovercraft. Une horrible odeur de rose empeste l'air. Snow... Je m'installe sur un fauteuil, et m'endors.

Je suis réveillée par un pacificateur me demandant de descendre de l'appareil. Je quitte l'appareil et arpente les rues. J'arrive enfin à mon but principal : Le Village des Vainqueurs. Je m'arrête devant une maison où une inscription indique : Mr et Mme Nasuada. C'est la bonne. Je m'approche, le coeur battant, et toque à la porte. Quand il ouvre la porte, mon coeur manque de s'arrêter. Je le serre dans mes bras. "TYWIN !"

Je reprends mes esprits. Et là, j'ai envie de partir. Pourquoi ? Je ne sais pas... Je ne fais pas atteinte à sa vie privée, là ? Ah non, je fais partie de sa vie privée. Ou du moi, je le faisais... Dans ma tête, tout se mélange. Je ne sais plus qui sont mes amis, mes ennemies, mes alliés... Stop. Réagis. Mes amis, c'est ceux sur qui je peux vraiment compter. Tywin, ou Athénais, par exemple. Mais ils sont si peu... Bon, je ne suis pas venu ici pour rien. Je dois lui avouer mes projets, il faut au moins qu'une personne soit avertie, au cas ou je... Non ! Je ne dois pas penser à ça ! Je ne dois pas penser à ma mort rebelle ! Je commence. Mes mains sont moites, et je me tords les doigts. "Je vais....Je vais sûrement quitter le Capitole, pour rejoindre les rebelles. Tu vas me prendre pour une folle, je sais, mais là, je ne tiens plus ! Je dois partir, je n'arrive plus à survivre !" J'avais commencé sur un ton assez calme, mais à présent, je gémis. J'ai l'impression que je dois lui demander pardon. Pardon car je vais partir. Je vais risquer ma vie. Je vais sûrement mourir, pour défier le Capitole. Mais le pire, dans tout ça, c'est que lui, il est bien à l'aise au Capitole ! D'ailleurs, pourquoi ne le serais-il pas ? Là-bas, il est vénéré comme un dieu, et je ne sais pas combien il y a de zéro dans le nombre définissant sa richesse. Je murmure "Tu me pardonnes ?"

J'avais tellement de mal à tout comprendre. Le capitole m'avait tout pris. Ma famille, ma vie, mes idées. Comment j'avais réussi à tenir jusqu'ici ? « Tu penses au District treize, c'est ça ? Mais qu'est-ce que toi, tu vas faire chez eux ? » J'hausse les épaules, en hoquetant. Je ne serai pas utile au Treize. Je ne sais pas me battre, ou même diriger. Je ne sers à rien. Aux yeux des capitoliens, je suis "exceptionnelle" car je fais des habits. Des habits. Comment peut-on être exceptionnel juste grâce à ça ? C'est comme les gagnants, en faite. Les vainqueurs sont vénérés, ils sont pris pour des héros. Alors qu'en fait, ce sont juste des pauvres enfants qui ont réussi en premier à planter leur poignard dans la poitrine d'un autre. « En réalité, j'en sais rien. Mais je peux pas rester au capitole, ni dans un de ces districts hyper-surveillés. Alors je vais vadrouiller. J'ai peut-être une chance de quitter Panem, qui sait. » Vu sa tête, il comprenait ce que je venait de lui raconter aussi bien que moi. Entre deux hoquets, je me retrouve dans sa cuisine, un verre d'eau à la main. Je bois une gorgée, et l'eau fraîche descends dans ma gorge sèche. Ça fait un bien fou. Je ne m'étais même pas rendu compte que j'avais soif. Quand je lui demande pardon, il me fixe, la bouche ouverte, comme un gamin qui vient d'apprendre qu'il est tiré au sort. « Explique-moi la situation depuis le début, s'il te plaît. » Je hoche la tête, et pose le verre sur la table. Je replace quelques mèches rebelles derrière mon oreille, et je me mords la lèvre inférieure. Encore ce fichu tic. À chaque fois que je suis stressée, je fais ça. Bah, au moins, on va dire que ça m'aide à comprendre mes émotions. Enfin bon, pour le moment, je dois lui raconter. Alors je lui raconte ce qui s'est passé avec ma soeur, tout d'abord. Que quand j'étais encore une gamine de douze ans, elle s'est cassée au Treize. Et les disputes entre mes parents aussi. Ma mère rebelle, et mon père pro-capitole à fond. Qu'elle m'avait promis de m'emmener avec elle loin, au Treize. Pour échapper au capitole. Et puis, le sujet le plus horrible. Là, ça va être plus dur. J'inspire un grand bol d'air frais, et je me lève. « Un jour, un pacificateur a été trop loin avec moi. Il m'a menti. Il m'a dit qu'ils avaient torturés ma soeur, qu'ils l'avaient jeté dans un fossé. Il avait un sourire en coin. Mais elle est en vie, je suis sûre. » Alors je lui raconte que j'avais osé frapper ce connard. Je baisse un peu mon pull, pour lui laisser voir le bas de mon épaule gauche. Ici, une cicatrice séjourne. Avec des hématomes. Il a l'air horrifié. « C'était peu après notre séparation. Ils on essayé d'étouffer l'affaire, et m'ont obligé à devenir styliste. »Je me rassieds, et soupire. C'est fait. J'ai raconté cette histoire à au moins une personne. Est-ce qu'il peut comprendre, maintenant, mon envie de quitter le capitole ?