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 Playing with fire is bad for those who burn themselves. For the rest of us, it is a very great pleasure. Phoenix & Aileen

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Playing with fire is bad for those who burn themselves. For the rest of us, it is a very great pleasure. Phoenix & Aileen - Page 2 Vide
MessageSujet: Re: Playing with fire is bad for those who burn themselves. For the rest of us, it is a very great pleasure. Phoenix & Aileen   Playing with fire is bad for those who burn themselves. For the rest of us, it is a very great pleasure. Phoenix & Aileen - Page 2 Icon_minitimeMar 3 Jan - 20:43

Je n'avais jamais choisi mon métier. C'était Snow qui l'avait imposé à ma famille. Mes soeurs m'enviaient, parce que j'avais le droit de servir le Président... Mais j'aurais préféré être à leur place, avoir le choix entre devenir styliste ou tueuse. Pendant qu'elles se rendaient aux bals ou jouaient dans le jardin, je me faisais engueuler par mon instructeur de tir à l'arc ou je rampais dans la boue en essayant de franchir tous les obstacles d’un parcours dans le temps imparti. Tout le monde adorait Rosie et Jade, alors que les gens me trouvaient trop sérieuse et silencieuse. Je leur faisais peur. Ce n'était pas mon intention; je n'étais d'ailleurs ni méchante ni cruelle. Je me taisais pour mieux écouter, pour mieux espionner. Je souriais lorsque j'avais besoin de quelque chose, et alors les gens me trouvaient adorable et s'empressaient de faire ce que je voulais. J'étais déjà manipulatrice, calculatrice... Mais pas sadique. Jamais. Je faisais ce que je devais faire, le mieux possible, mais sans aucun plaisir. C'était déjà comme ça lors de mes premières missions d'espionnage, et c'était encore comme ça lorsque je fus obligée de tuer, de brûler, de torturer et de détruire. Alors, je ne pouvais me raccrocher qu'à une seule chose: ma loyauté. La promesse que j'avais faite à Snow et à ma famille. Je voulais qu'ils soient fiers de moi. Cela m'aida lorsque les gens commencèrent à me détester. J'étais l'instrument de Snow, et si cela me valait des louanges au Capitole, ce n'était pas le cas dans les districts. Là, je suscitais des émotions moins agréables: haine, désespoir, colère, tristesse, désir de vengeance... Mon nom était synonyme de mort, de destruction. Je savais ce qu'on disait de moi: que Snow avait remplacé mon coeur par une machine pour me rendre implacable. Pour les habitants des districts, j'étais un cauchemar, une ombre qui se faufilait dans leurs maisons pour y apporter la mort, une menace qui pesait sur leurs enfants, un vent froid qui emportait des vies. Ils ne me voyaient pas comme un être humain capable de souffrir, d'aimer ou même de penser. J'aurais pu devenir ce monstre qu'ils voyaient en moi. J'aurais pu prendre plaisir à faire du mal aux gens. J'aurais pu oublier qui j'étais vraiment pour me changer en une bête sanguinaire. Heureusement, cela n’arriva pas. Ce qui m'aidait à tenir le coup, c'était ma famille. L'amour de mes parents, la fierté de mon grand-père, le mauvais caractère de Jade, le rire de Rosie... Lorsque j'étais avec eux, je me retrouvais et je pouvais être heureuse. Malheureusement, Snow ne me permettait pas souvent de les voir... Alors, Phoenix était entré dans ma vie et cela avait changé beaucoup de choses. Au début, je m'amusais à le tourmenter, à le faire travailler dix fois plus que les autres, à lui lancer des remarques mesquines, à le rabaisser dès que je pouvais. A mon avis, il n'avait pas sa place dans les rangs des Pacificateurs. Je l'avais observé pendant ses Jeux, et je le trouvais trop gentil, pas assez sadique, pas assez cruel. Je ne comprenais pas pourquoi il semblait adorer le Capitole, qui lui avait pourtant enlevé sa petite soeur. J'étais l'une des seuls à savoir que la gamine était toujours en vie, mais je me gardais bien de le lui dire. Il était un Pacificateur, j'étais son mentor, point barre. Je me fichais de son passé, je me fichais de ce qu'il pensait de moi. Tout ce qui m'importait, c'était le présent, et son entraînement. Je voulais lui apprendre la vraie vie, le vrai courage, la vraie force. J'avais déjà eu des élèves avant, mais je n'avais encore jamais eu tant de plaisir à transmettre mon savoir et mes compétences à quelqu'un. Il apprenait rapidement, mais je ne le laissais pas oublier que rien n'était acquis et qu'il devait travailler sans cesse pour devenir un bon soldat. J'avais chamboulé sa vie, comme un ouragan, ne lui laissant pas le temps de penser à autre chose qu'à sa formation. J'étais fière de mon travail. Peu à peu, je commençai à lui accorder quelques bribes de confiance, à lui donner plus de liberté, à le complimenter au lieu de me moquer de lui. Il semblait aimer sincèrement son travail. Je l'admirais... Non, c'était plus que de l'admiration. C'était quelque chose que je ne comprenais pas... Quelque chose que je ne voulais pas comprendre. La vérité finit par émerger, malgré tous mes efforts pour l'en empêcher... Ce soir de décembre où Phoenix me sauva la vie.

Il faisait froid, ce soir-là. Le vent hurlait comme un loup menaçant, soulevant des paquets de neige fraîche. Parfait. Cela effacerait les empreintes de nos pas. Cette mission ressemblait à toutes les autres... Cela devenait presque ennuyeux. Derrière moi, j'entendais les pas des Pacificateurs. Il n'y en avait pas beaucoup, mais tous étaient des tireurs d'élite. Enfin, c'était ce qu'on m'avait dit, car je n'en connaissais pas la moitié. Quelques pas en arrière, à ma droite, se trouvait un Pacificateur que je n'aurais pas voulu emmener avec moi ce soir-là. Il s'appelait Phoenix Lewis. C'était mon meilleur élève... Mais, ces dernières semaines, j'avais presque peur de lui. Cette façon étrange qu'il avait de me fixer... Ce regard presque meurtrier... Cela me faisait froid dans le dos. D'habitude, je me vantais de pouvoir lire les pensées de mes hommes, mais je n'arrivais pas à deviner celles de Phoenix. Logiquement, il devait me détester... Mais il n'y avait nulle haine dans son expression, uniquement un désir déchirant que je ne comprenais pas. Qu'est-ce qu'il voulait ? Qu'est-ce qui le rendait fou à ce point ? Je ne savais pas si je voulais connaître la réponse... Nous arrivâmes bientôt dans le quartier où se trouvait une maison remplie de rebelles, d'après nos informateurs. Je lançai un ordre bref, et mes soldats encerclèrent le bâtiment. Pendant qu'ils entraient par les fenêtres, je pris le chemin le plus simple : la porte d'entrée. Comme je m'y attendais, elle était gardée, mais par un adversaire décevant : un adolescent maigrichon qui me regardait avec de grands yeux en pointant son arme dans ma direction. Ses mains tremblaient, mais une lueur de défi étincelait dans son regard. Snow avait dit : pas de pitié. Je devais lui obéir. Pourtant... Va-t’en! Lançai-je en le poussant brutalement. Comme il restait là, planté devant moi, serrant fort son vieux fusil de chasse, je répétai : Va-t’en ! Sauve-toi! Ce que je faisais était illégal, je le savais parfaitement... Mais ce garçon était tellement vulnérable, tellement ridicule, avec ce fusil qu'il ne savait même pas manier correctement... et il me rappelait quelqu'un. Il finit par comprendre que j'allais le laisser partir, car il se retourna et disparut rapidement dans la nuit. J'espérais sincèrement qu'il allait se contenter de se cacher dans un coin. S'il allait chercher des renforts... Je soupirai. J'avais été stupide de le laisser partir, mais je ne pouvais plus retourner en arrière. Je m'engouffrai dans le couloir sombre, aux aguets. Partout dans la maison, j'entendais des cris et le bruit des combats. J'avais perdu du temps. Je montai l'escalier en courant. Un homme me barra le chemin ; son bras droit était en sang. J'évitai de le regarder dans les yeux en lui tirant une balle en plein coeur. Il s'effondra devant mes pieds. C'était... tellement facile. Une simple pression des doigts, une seule balle, et sa vie s'envolait déjà. J'enjambai le corps sans vie et regardai autour de moi. Il n'y avait plus d'adversaires à abattre. Les Pacificateurs s’étaient occupés de tout. Je fis le tour de l'étage pour vérifier s'il y avait des documents secrets concernant les plans des rebelles... Mais il n'y avait rien. Soudain, le craquement d'une planche m'avertit d'une présence dans mon dos. Je me retournai, et la balle qui m'était destinée se ficha dans le mur à quelques centimètres de ma tête. Sans réfléchir, je me jetai sur l'homme et le fis tomber contre le mur avant de mettre fin à sa vie d'une seule balle. Puis, je descendis l'escalier à pas de loup, prête à tirer de nouveau. Heureusement, il n'y avait que mon escouade de Pacificateurs qui m'attendait en bas. Je constatai avec soulagement qu'il n'y avait pas de morts, seulement des blessés. Je donnai l'ordre de partir mais sortis en dernière, sans oublier de refermer la porte de la maison. Phoenix marchait devant moi. Il était indemne, ce qui m'emplit d'une joie que je ne comprenais pas. C'est juste un élève, Aileen. me dis-je sévèrement. Si je n'avais pas été plongée dans mes pensées, j'aurais peut-être vu le tireur, embusqué dans les buissons... J'aurais peut-être vu le révolver pointé sur mon coeur. Soudain, Phoenix se jeta devant moi, me renversant en arrière, en criant : « Carter, Attention ! » Un coup de feu retentit, tout près, faisant tinter mes oreilles. Phoenix me tenait plaquée contre la façade de la maison. Je repris mon souffle, secouée, confuse. Les bras du Pacificateur m'entouraient, et son corps était collé contre le mien. Une chaleur agréable m'envahit. Je levai les yeux vers le visage de Phoenix. La question que j'allais poser ne franchit pas mes lèvres. Mon coeur s'emballa brusquement, sans que je sache vraiment pourquoi. Je me sentais mal... affreusement mal, au bord de la nausée. Pourtant, je ne voulais pas que ça s'arrête. Phoenix était tellement proche de moi que je pouvais sentir son souffle sur mon visage. Je déglutis avec difficulté lorsque mon regard se posa sur ses lèvres, saisie par l'envie irraisonnable de l'embrasser. Non Aileen, non ! Qu'est-ce qui m'arrivait ? Pourquoi tremblais-je ? Pourquoi m'attirait-il comme un aimant ? Pourquoi... Je ne comprenais plus rien, je ne savais plus rien, sauf une chose : je perdais le contrôle. Je voulus le repousser, tant que j'avais la tête assez lucide pour le faire, mais mes bras ne m'obéirent pas. Mon regard fut attiré par un mouvement derrière lui. Le visage de l'adolescent que j'avais épargné, marqué par la haine et la tristesse, apparut pendant quelques secondes entre deux branches avant de disparaître. Ce fut seulement à ce moment-là que je me souvins du coup de feu. Par réflexe, je baissai les yeux sur ma propre poitrine, mais le sang qui recouvrait mes vêtements n'était pas le mien. C'était celui de Phoenix. Il avait été touché à l'épaule. Finalement, je m'étais trompée... Ce garçon était plus courageux que je ne pensais. Il avait voulu me tuer... Et Phoenix m'avait sans doute sauvé la vie. Je le dévisageai, à la fois horrifiée et touchée qu'il ait risqué sa vie pour moi. Vous êtes blessé. Murmurai-je, choquée, comme s’il ne le savait pas. Il me lâcha soudain et rejoignit calmement les autres. Reprends-toi, Aileen! Me dis-je. D'un ton froid et distant, j'ordonnai aux Pacificateurs de partir. Pas vous, Pacificateur Lewis. Lançai-je lorsque je vis qu'il s'apprêtait à les suivre. Il m'obéit, en silence. Je l'emmenai à la maison où j’habitais lorsque j'étais en mission dans le district onze. Phoenix devait sans doute beaucoup souffrir, mais aucune plainte de franchit ses lèvres. Il marchait à côté de moi, sans doute inconscient des nombreuses émotions contradictoires qui me tiraillaient. Je devenais folle. Il me rendait folle... et cela me faisait peur. Pourquoi, pourquoi me sentais-je tellement confuse, tellement perdue ? A présent, je ne pouvais plus nier que je ressentais quelque chose pour lui. Il y avait une part d'attirance physique... Mais ce n'était pas tout. J'avais déjà eu des petits amis, des amants. Je les gardais pendant une semaine ou deux, quelques mois au maximum, avant de me lasser et de les quitter. Ils étaient tous les mêmes : amusants au début, charmants, raffinés, mais terriblement ennuyeux, monotones. Je n'étais pas amoureuse d'eux. Ils me plaisaient superficiellement, et je supportais parfaitement d'être séparée d'eux. Avec Phoenix, c'était différent. Sa présence suffisait déjà pour me rendre nerveuse, et quand il n'était pas là, une anxiété déprimante m'envahissait. Cela faisait plusieurs semaines que ça durait, et j'étais épuisée. Lorsque je m'entraînais avec lui et que son corps frôlait le mien, cela éveillait un curieux chatouillis au creux de mon ventre. J'avais l'impression d'entendre le crépitement de l'électricité entre nous. C'était délicieux. C'était une torture. C'était... de l'amour ? Non, non, je ne pouvais pas croire ça ! Je savais qu'aimer m'était interdit. L'amour peut rendre un soldat trop tendre, pas assez cruel. L'amour peut émousser la loyauté. L'amour peut distraire du travail. L'amour éveille la peur qu'il arrive quelque chose à l'être aimé, l’hésitation dans le combat, la faiblesse du coeur. Tout cela, Snow me le répétait depuis toujours. Jusqu'ici, j'avais toujours réussi à combattre ce sentiment, et je ne le mêlais surtout pas au travail. Plusieurs Pacificateurs avaient déjà essayé de me séduire, mais je repoussais toujours leurs avances. Ils étaient mes collègues, ils pouvaient mourir chaque jour pendant une mission... et je ne ressentais absolument rien pour eux. L'un d'eux m'avait appelé la 'reine de glace' d'un air moqueur. Cela m'avait presque soulagée... L'idée que mon coeur soit cuirassé, glacial, imperméable à la souffrance des sentiments, me plaisait beaucoup. Peu à peu, je commençai à mon tour à dénigrer l'amour, à le condamner. Il m'avait joué un vilain tour... Car, à présent, j'étais à sa merci. Cela m'effrayait. C'était insupportable. Moi qui pensais tout contrôler, moi qui aimais tant avoir de l'ordre dans ma vie... J'étais ballotée comme par un ouragan par ce sentiment qui était nouveau pour moi. Je ne voulais pas être amoureuse, je ne pouvais pas être amoureuse. Non, non, NON ! Et pourtant... Je soupirai. Nous étions arrivés à 'ma' maison. Je fis rentrer Phoenix dans le salon. C'était une pièce peu agréable, aux murs de couleurs sobres et mornes. Je regardai autour de moi, gênée. Cette maison aurait pu appartenir à n'importe qui, homme ou femme. Je n'étais pas du genre à faire des caprices pour faire repeindre les murs, je n'aimais pas les plantes en pot et je ne voyais pas l'utilité d'apporter mes quelques bibelots et objets d'art du Capitole alors que je n'étais ici que pour quelques mois. Le salon était affreusement vide, anonyme. Il n'y avait que les meubles nécessaires. Fonctionnels. Je n'avais guère le temps de m'amuser ou de me détendre lorsque j'étais en mission au district onze, et cela expliquait ce cadre de vie dépouillé et spartiate. D'habitude, je ne laissais personne entrer. Heureusement, Phoenix ne fit pas de commentaires. Il s'assit sur le canapé. A côté de lui se trouvait une petite pile de livres, les seuls que j'avais emporté. C'étaient de vieux livres, qui appartenaient à grand-mère Carter avant qu'elle meure. Shakespeare, Baudelaire, Emily Brontë... Des classiques qui savaient toujours m'émouvoir. L'un d'eux, Les Hauts de Hurlevent, était encore ouvert sur une page froissée, abîmée par mes larmes de la nuit précédente. Je pris le livre et lus en silence les mots en haut de la page : « I cannot live without my life ! I cannot live without my soul ! ». Je refermai sèchement le livre en regardant Phoenix, le mettant au défi de faire une remarque. Il ne dit rien, il ne semblait même pas avoir remarqué ce que je faisais. Il observait son épaule, très pâle. Je me traitai d'idiote et m'empressai d'aller dans la cuisine. Je choisis mon infusion préférée, en espérant que Phoenix appréciait ce genre de boisson. Puis, je m'assis à côté de lui et commençai à le soigner. Je n'avais pas l'instinct d'une vraie guérisseuse, mais j'avais reçu une formation suffisante pour pouvoir aider Phoenix. Il se taisait et ne montrait pas qu'il souffrait, mais je le sentais. Il me serrait le bras, et je le laissais faire. Cela faisait mal, mais j'accueillais presque la douleur avec soulagement. Elle me distrayait, elle me faisait penser à autre chose qu'à la proximité de Phoenix...Concentre-toi.. Je le soignai rapidement, efficacement. Puis, je me levai et je sortis une arme de sa cachette. Cela faisait des semaines qu'elle était là... Des semaines qu'elle attendait le moment où je trouverai le courage de l'offrir à Phoenix. Je lui expliquai calmement qu'il avait gagné mon respect et qu'il était mon meilleur élève. Intérieurement, je tremblais. Voilà, j'avais fait ce que Snow redoutait. J’avais donné une arme à Phoenix… une arme qu'il pouvait utiliser contre moi ; pas le flingue qu'il tenait, mais ma confiance. C'était dangereux. Après tout, je ne savais pas ce qu'il attendait de moi. Quand il me regardait, j'avais l'impression qu'il... ressentait la même chose que moi. Pourtant, je pouvais me tromper. Il ne serait pas le premier à vouloir s'amuser avec moi avant de me rejeter. Je me sentais... déchirée. Partagée. Vulnérable. Courageuse, aussi, lorsque je pris une longue inspiration avant de dire : « Juste pour ce soir, appelle-moi Aileen, Phoenix. » C'était une invitation. Une permission. Avec ces mots, je lui ouvrais mon coeur. Je m'assis à côté de lui. Pas tout près, mais moins loin qu'avant. Je voulais apprendre à le connaître vraiment. Nous parlâmes longuement, de choses sérieuses et moins sérieuses, de nous, de notre vie. Je lui montrai l'autre Aileen, plus humaine, plus gentille. Lentement mais sûrement, ma peur disparut, emportant avec elle mes doutes et mes questions. Tout ce que j'avais fait, les semaines précédentes... Non, tout ce que j'avais fait depuis que je l'avais rencontré, de mes moqueries pendant son entraînement à ma demande de venir chez moi ce soir.... Tout semblait prédire ce moment, le préparer, l'anticiper. Je compris alors que j'avais cédé beaucoup plus tôt que je ne pensais. Il n'y avait plus de retour possible. La seule chose que je pouvais faire, c'était me laisser aller... Me laisser aller à la douceur et la tendresse de ce moment, me laisser aller dans ses bras et oublier le monde, pendant une nuit. Aimer, tout simplement... aimer et le montrer, et le vivre. Avant, il était un simple collègue. A présent, je pouvais enfin le voir comme un être humain doté d’émotions, comme une personne capable d’aimer, comme un homme qui me fascinait. Ce soir-là, pour la première fois, je l'appelai 'Phoenix'. Naïvement, je me promis que ce n'était que pour cette nuit, que le lendemain, je retrouverai la raison... Mais, au fond de moi, je savais déjà que ce serait impossible.

Aujourd'hui, je faisais confiance à Phoenix, assez même pour lui parler de ma haine envers Snow. Ce que je lui disais, je n'oserais jamais l'avouer aux autres. Ma propre famille n'en savait rien. Il était le seul à m'écouter sans me juger ni me condamner. Je murmurai un 'merci' timide mais empli de toute la reconnaissance que je ressentais. Il me sourit, et le bonheur simple de cet instant me fit frissonner. J'aurais voulu passer plus souvent mes soirées en sa compagnie, pour goûter encore à cette sensation qui me faisait tourner la tête. Malheureusement, le Président me l'interdisait. Snow, toujours Snow... Loin de se contenter de me tourmenter le jour, il revenait aussi la nuit, dans mes pires cauchemars. Je ne savais pas lui dire non. Je n'osais rien refuser, même quand je sentais que j'étais sur le point de m'écrouler de fatigue. Tous ces idiots du Capitole qui prétendaient que j'avais une belle vie n'avaient qu'à prendre mes soucis pendant un seul jour. Le sang et la boue, c'était beaucoup moins glamour que mes tenues du Capitole, mais cela faisait partie de ma vie quotidienne. L'argent, le respect des personnes haut placées au sein du gouvernement, les fêtes et le pouvoir : tout ça se payait. S'il n'y avait que moi, je refuserai de servir Snow. Je n'avais pas besoin de tout cet or, ces fanfreluches et ces sourires crispés de gens qui auraient préférés me voir morte. Je le faisais pour ma famille. Snow le savait, et il s'en servait scandaleusement pour s'assurer ma loyauté. Ma vie lui appartenait ; chaque seconde, chaque respiration, chaque battement de coeur, chaque goutte de sang. Si cela ne tenait qu'à lui, il m'aurait fait conditionner pour pouvoir contrôler mes pensées en plus de mon corps. Le fardeau qu'il faisait peser sur moi était beaucoup trop lourd pour moi, beaucoup trop lourd pour une seule personne. Egoïstement, je m'en déchargeais un peu en parlant à Phoenix. Il m'apprenait des choses bien plus précieuses que tout ce que je lui avais enseigné : l'amour, la compréhension, la confiance, la liberté... La vie, tout simplement. C'était effrayant, en un sens, puisque ces sensations étaient nouvelles pour moi... mais tellement grisant. Phoenix avait attendu patiemment que j'écarte mes peurs et mes doutes pour lui montrer qui j'étais vraiment. Ma confiance, il la méritait, plus que tous les autres. Quand j'étais avec lui, je ne voyais plus mon avenir comme un mur qui me barrait la route mais plutôt comme une toile infinie de possibilités. J'avais l'impression d'être quelqu'un, d'avoir le droit d'être heureuse et de vivre pour moi, et pas que pour servir Snow.

Je souris à Phoenix, sans pourtant réussir à cacher ma tristesse. Même quand j'étais avec lui, le Président était souvent présent dans mes pensées. Je frissonnai et touchai machinalement mon poignet, que Snow avait failli casser quelques jours plus tôt dans un accès de fureur. Respire, Aileen. Je ne pouvais pas le laisser avoir un tel pouvoir sur ma vie. Je ne pouvais pas me laisser noyer sous les souvenirs de toutes ces fois où le Président m'avait menacée, insultée, frappée ou humiliée. Il fallait que j'en parle à quelqu'un... Quelqu'un comme Phoenix, qui pourrait comprendre le déchirement que je ressentais. Je me mordis les lèvres et regardai attentivement Phoenix. Etait-il prêt pour entendre ça ? La peur de le faire fuir avec mes révélations était presque plus forte que mon désir de parler. Presque. Snow exige trop de moi. Toutes ces morts sur ma conscience... Je n'en peux plus, Phoenix. Ca me ronge. Ca me détruit. Le sang... Il ne part jamais, même quand je me lave les mains. Je ne peux pas effacer les souvenirs. Une légère note d'hystérie perçait dans ma voix. Je ne pouvais plus retenir mes paroles ; elles venaient toutes seules, elles montaient enfin à la surface après tant d'années de silence. Comment pourrais-je mériter l'amour ou même le respect de qui que ce soit, alors que je tue des innocents ? Pourquoi est-ce que je continue à vivre, jour après jour, alors qu'ils meurent ? Quel droit ai-je sur leur vie ? Ces questions m'obsédaient, me torturaient jusqu'à me rendre folle. Je suis perdue, Phoenix... Chuchotai-je. Je pris une grande inspiration avant de poursuivre d'une voix hachée par les sanglots refoulés. Mais le pire... c'est que je m'aperçois que j'aime ça. Tuer, c'est affreux, et ça me rend folle... Mais quand j'appuie sur la détente... quand j'entends les cris... L'adrénaline me donne presque l'impression de vivre. Voilà, c'était dit. S'il voulait me détester, ou me quitter, il pouvait le faire maintenant. Je baissai la tête, honteuse. Même si je détestais tuer, je ne pouvais pas empêcher ce... sentiment de puissance, cette énergie d'envahir mon corps. Je suis en train de m'effacer, Phoenix. C'était à peine plus qu'un murmure, mais qui contenait tout le désespoir que je ressentais à cet instant, toute l'angoisse qui m'étreignait à l'idée que mon identité m'échappe et que je devienne juste une machine sans coeur au service de Snow. Chaque jour, je disparais un peu plus. Et ça me fait tellement peur... Ces cachets que je prends, ils me font oublier qui je suis... Qui je veux être. Ces mots m'écorchaient la gorge, mais c'était la vérité. Je relevai enfin la tête et osai regarder Phoenix dans les yeux. J'avais peur, tellement peur d'y lire du dégoût ou du mépris... Son amour était un cadeau que je ne méritais pas, et qui pouvait m'être repris à chaque instant. Mais... Quand je suis avec toi... Murmurai-je, hésitante. Je me retrouve. Je lui offris un sourire reconnaissant. Tant pis s'il pensait que j'étais folle. Je voulais qu'il comprenne l'importance qu'il avait pour moi.

Notre conversation nous mena vers un autre sujet sensible : la soeur de Phoenix. Il l'avait enfin retrouvée, mais il était malheureux comme les pierres. Je n'aimais pas le voir aussi triste, aussi angoissé. Alors, je lui demandai, je le suppliai presque de tout me dire. Je le connaissais trop bien pour qu'il puisse me cacher quoi que ce soit. Il hésitait, et je savais à quel point il était difficile pour lui de parler de ce qui le tourmentait. C'était un Pacificateur, et on lui avait appris à ne pas montrer ses émotions et à ne pas exprimer ses soucis. « Elle n’est pas…. Une Lewis. Je veux dire. » Il détourna le regard, comme mal à l'aise. « Ceux qui l’ont …. Sauvé…. Recueillie, là-bas, au Capitole, ce sont ses parents. Je veux dire, ses parents biologiques, n’est-ce pas ? » Sa voix était un peu enrouillée, comme s'il se retenait de pleurer. Je posai une main sur son bras, simplement, gentiment. Pour lui dire qu'il n'était pas seul. En effet, ce sont ses vrais parents. C'était difficile pour lui d'entendre la vérité, mais il fallait qu'il le sache. Domino… s'appelle maintenant Renata McFeit. Ses parents sont riches... Mais ce n'est pas le plus important, Phoenix. C'est toujours ta petite soeur... celle que tu aimais, avant. J'aurais tellement voulu l'aider... le sortir de cette incertitude affreuse. Encore une fois, je constatais à quel point l'influence de Snow pouvait être destructrice. Il se fichait des sentiments de Phoenix, même s'il était un Pacificateur excellent. Il faisait ce qui lui convenait le mieux, sans penser aux conséquences pour ses sujets... Ses pions. Ses marionnettes. Ses esclaves. Si nous mourions, il nous remplaçait sans scrupules. Même moi. Je pris la main de Phoenix et lui dis, autant par mes paroles que par mon regard, qu'il pouvait toujours compter sur moi. Ce qu'il pensait, ce qu'il ressentait... Cela avait de l'importance pour moi, et je voulais qu'il le sache. Il ne devait pas cacher ses pensées pour moi. Ni sa colère, d'ailleurs, même si elle m'effrayait. Alors, lorsqu'il me dit qu'il savait qu'il pouvait se raccrocher à moi, je répondis avec soulagement que cela me touchait. C'était la vérité. Lui seul pouvait me toucher à ce point-là, atteindre la partie de mon âme que je cachais aux regards des autres et y éveiller des émotions. « Ce n’est que pure vérité. » Répondit-il simplement. Je hochai la tête, incapable de parler, étourdie par la gratitude qui m'envahissait. Finalement, je réussis à articuler que je ne voulais que son bonheur. C'était étrange et nouveau, pour moi, d'ouvrir mon coeur de cette façon. Phoenix m'avait pris de court, et avant que je m'en rende compte, il avait brisé la coquille de la froide Mlle. Carter pour chercher la Aileen qui se cachait en-dessous. Le pouvoir qu'il avait sur moi aurait été effrayant si je ne lui avais pas fait confiance. Lui, peut-être encore plus que Snow, pouvait m'anéantir complètement. Il lui suffisait de me rejeter. J'étais presque étonnée qu'il ne l'ait pas encore fait. C'était un Pacificateur, un tueur accompli... Mais j'étais bien pire encore. Tout ce qu'il m'offrait, son amour, son temps, ses sourires, ses baisers... Tout était dangereusement merveilleux. J'avais peur de me réveiller et de constater que tout ceci n'était qu'un rêve, que j'avais inventé cet homme merveilleux. Ma vie était un marécage d'illusions et de manipulations, et je me raccrochais désespérément aux derniers éléments stables. Si Phoenix disparaissait de ma vie, j'étais sûre de couler. Cette pensée me donna le courage de formuler à voix haute ce que j'osais à peine m'avouer : j'avais besoin de lui. Sans lui, je n'étais pas entière. C'était... l'autre moitié de moi, sans doute ce que certains appelleraient une âme soeur. Me passer de lui, c'était comme amputer une jambe, ou perdre un oeil. Si je parvenais à vivre sans lui pendant des mois, c'était uniquement parce que je savais que je le reverrais un jour. Les souvenirs des moments passés ensembles comblaient la monotonie et le vide de ma vie au Capitole. Je souris à cette pensée. Il me caressa la joue, tendrement, et je fermai les yeux pour mieux savourer la douceur de cet instant. C'était tellement parfait que cela me donna l'envie ridicule de pleurer. Comprenait-il à quel point il pouvait être adorable et séduisant ? Savait-il que son regard était irrésistible, que sa présence suffisait déjà pour faire battre mon coeur plus vite ? Pouvait-il seulement imaginer l'effet apaisant que ses paroles avaient sur moi, ou l'impression de sécurité que j'avais dans ses bras ? Sans doute pas.

Malheureusement, il y avait une tache, une tache affreuse sur ce beau tableau. Il m'avait dit qu'il n'avait jamais été heureux. Jamais. Ce mot me brûlait. Ainsi, tous mes efforts avaient été vains ? Tout mon amour, toute ma confiance n'avaient-ils pas réussi à le rendre heureux ? La déception me submergea, et je ne pus pas la cacher. Il me connaissait trop bien. « Aileen…. » Souffla-t-il, mais je ne le laissai pas parler. Je ne voulais pas entendre ses mensonges pour me convaincre que j'étais quelqu'un de bien. J'avais déjà causé trop de souffrance pour mériter ma place dans le paradis. Soudain, il s'empara de mon visage, ce qui m'obligea à le regarder dans les yeux. « Aileen, Stop ! Je t’en prie, arrête de te fourvoyer ainsi. Tu n’as pas failli à ta mission. Tu ne pas rendu malheureux. Et tu ne ressembles certainement à Snow. Je ne suis peut-être pas heureux, comment l’être dans un tel monde… mais je suis vivant. Profondément vivant, et c’est grâce à toi. Je ne suis pas triste Aileen, pas tant que tu seras là. » Il déposa un baiser sur mon front. J'essayai de déceler une faille dans ses paroles, un mensonge qui s'y serait glissé... Mais il n'y avait rien. Phoenix croyait vraiment ce qu'il disait. Tu arrives toujours à voir le meilleur en moi.Répondis-je avec un petit rire soulagé. Je le regardai en secouant la tête, étonnée par ses paroles. Elles trop belles pour être vraies... Mais cela me faisait plaisir de les entendre. Pourtant, malgré le bonheur éclatant qu'elles me procuraient, je n'étais toujours pas rassurée. Je ne comprenais pas pourquoi Phoenix m'aimait. J'avais l'impression d'être une voleuse, de ne pas mériter l'amour que je recevais. « Cherches-tu à comprendre pourquoi la lune, pourtant si inconstante, ne peut se séparer de la nuit ou des étoiles ? Ainsi Aileen, ne me demande pas pourquoi je te reviens toujours, et pourquoi je suis si attachée à ta vie. Les choses doivent être ainsi, et je ne les voudrais autrement pour rien au monde. » Je ne pouvais plus le regarder dans les yeux. Pas après ces paroles. Je laissai mon regard errer sur les arbres qui nous entouraient, comme s'ils cachaient un secret que je voudrais découvrir. Ne dis pas ça, s'il te plaît. Le suppliai-je presque d'une voix étranglée en posant un doigt sur ses lèvres pour l'empêcher de parler. J'essayai de reprendre mon souffle, de me calmer. C'en était trop pour moi. Le silence, uniquement troublé par les petits bruits de la forêt, m'apaisa. Finalement, je laissai tomber ma main. Phoenix avait le droit de recevoir une explication. C'est... difficile pour moi, de t'entendre dire des choses pareilles. Commençai-je presque timidement, le regard toujours baissé. Je n'ai pas le droit d'aimer. Je sais ça depuis toujours. Avant, ce n'était pas un problème, mais depuis que je te connais... J'eus un petit rire nerveux. J'ai peur, Phoenix. J'ai peur... de toi... de nous... parce que je ne sais pas ce que cela signifie. Parce que c'est nouveau pour moi. Quand je suis avec toi, je suis différente... une autre Aileen, celle que je n'ai pas le droit d'être au Capitole. Je découvre que je suis capable d'aimer, aussi, et d'être une autre personne que celle que Snow a voulu faire de moi. Un soupir m'échappa. Instinctivement, je cherchai la main de Phoenix et la serrai fort. J'avais tellement besoin d'être consolée... Alors, j'ai arrêté de prendre mes médicaments. Je les ai jetés à la poubelle, parce que je voulais goûter au bonheur de la vraie vie... parce que je ne voulais plus être une marionnette au calme artificiel. Oui, je pensais que Phoenix méritait mieux qu'une droguée sans coeur. Mais maintenant... Je suis en manque, et ça me rend folle… et beaucoup trop émotive. Je m'excusais... Je m'excusais presque parce que j'étais moi-même. C'était sans doute le monde à l'envers... Mais pour moi, c'était normal. Je lançai un regard furtif à Phoenix avant de me concentrer de nouveau sur mes mains. Quand je ne prenais pas mes médicaments, j'étais dépressive et j’avais beaucoup plus de mal à prétendre que la douleur et le désespoir des autres ne me touchaient pas. En toutes circonstances, mon plus précieux allié était ma capacité à me composer un visage indifférent et froid, et à garder mes pensées pour moi. Cependant, j'avais besoin de me défouler de temps en temps. L'enfermement mental dans lequel je vivais me frustrait et me rendait parfois folle de rage, ce qui se muait en une grande agressivité sur le terrain d'entraînement. J'aimais me battre, je ne pouvais pas le nier. M'exercer au tir à l'arc, essayer une nouvelle arme à feu, manier l'épée, combattre à mains nues, courir, sauter, grimper... Ces exercices physiques me faisaient oublier ma peine. C'était tout à fait différent lorsque je devais me battre pendant une mission. Là, je jouais avec ma vie... et avec celles des autres. Au fil du temps, j'avais appris à cesser de penser lorsque je pressais la détente, à ne plus considérer les personnes que j'interrogeais comme des êtres humains. Je canalisais toute ma colère envers Snow et tout mon désespoir sur mes adversaires, et je m'oubliais dans un monde de haine et de violence. J'étais dans un état second, hors du monde, féroce, et capable de tout faire. C'était facile. Parfois même plaisant. Peut-être que si je croyais vraiment en la cause du Capitole, si je vénérais Snow... si je n'étais pas obligée de tuer des innocents, s'il n'y avait pas cette violence gratuite et cette démonstration de pouvoir, cette cruauté... Non. Je n'aimerais toujours pas mon travail, ce travail qui m'avait détruite. Je n'étais pas une psychopathe, je n'étais pas sadique, et ce que je faisais me meurtrissait profondément. Pendant mes missions... pendant la journée... c'était supportable. Une fois que j'étais seule, le soir, j'étais hantée par tous ces visages, tous ces cris... toute cette injustice. Alors, j'étais heureuse lorsque je pouvais passer la soirée et la nuit en compagnie de Phoenix. Une heure à parler avec lui, une heure dans ses bras... Cela valait mieux que tous les médicaments du monde. S'il n'était pas entré dans ma vie... « je serais mort à l’heure qu’il est. » Termina-t-il ma phrase. Et moi aussi. Parvins-je à ajouter d'une voix tremblante. Je ne savais plus quoi dire. Je lui avouai que je n'avais pas l'habitude qu'on me parle si gentiment, si tendrement... Je me rendis compte du vide profond qu'il y avait dans ma vie, du manque d'un peu de douceur, d'un peu d'amitié. A cause de Snow, à cause de mon métier, je vivais dans une solitude épouvantable. Mon métier et ma réputation éloignaient les gens de moi. J'avais toujours été une bonne manipulatrice, mais cela ne pouvait pas m'offrir le genre de relation sincère que je voulais. La vie m'avait rendue méfiante, amère et dure. Je ne me faisais plus d'illusions, sur rien ni personne, je me fichais des autres et les méprisais. J'avais perdu tous mes rêves. Phoenix avait apporté du changement dans cette noirceur. Il m'avait fait redécouvrir le plaisir d'être humaine. Cela me rendait tellement vulnérable... mais beaucoup plus heureuse. Si Phoenix mourrait... Non, il ne pouvait pas mourir. Tous les autres, mais pas lui. Même s'il ne le croyait pas, c'était quelqu'un de bien, une personne qui méritait de vivre. Alors oui, je lui dis que cela ne me dérangeait pas de mourir si je pouvais ainsi le sauver. « Je préfère être damné, et rester une vie entière à des côtés, plutôt que de sauver mon âme au péril de ta vie. Tu te fiche peut-être de vivre, parce que l’idée de ta mort t’es devenue familière. Mais je ne l’accepterais pas. Ni aujourd’hui. Ni demain. »L'assurance et la ferveur avec laquelle il prononçait ces paroles me touchèrent. Je secouai lentement la tête en souriant. Avant, je voyais la mort comme une évidence, quelque chose que je devais accepter... Mais cela a changé depuis que je te connais, Phoenix. Tu m'as appris à vivre et à être heureuse... Alors je ne veux plus de la mort. Ni du paradis, si c'est un endroit sans toi. La réalité de mes sentiments pour lui me frappa de plein fouet, me coupa le souffle. Mes paroles étaient sorties de ma bouche sans que je réussisse à les retenir. Je me mordis les lèvres. Voilà que je commençais à faire précisément ce genre de déclarations que je voulais éviter... Mais c'était la vérité. Soudain, je voulus lui parler de moi. Je voulus qu'il sache qui j'étais vraiment, pour qu'il comprenne à quel point nos histoires se ressemblaient. D'une voix détachée, je racontai mon histoire. Ce n'était pas un conte de fées, contrairement à ce que beaucoup de gens pensaient. C'était un récit de sang, de souffrances, d'obstacles et de cauchemars. En parler me faisait mal, mais me procurait aussi un bien-être étrange. Le soulagement d'avoir supprimé la dernière barrière entre Phoenix et moi. J'en avais marre des mensonges et des illusions, et je ne voulais que la réalité de ses bras autour de moi, de sa présence, de ses paroles qui me consolaient. Pourtant, même lui ne pouvait pas faire disparaître toutes mes peurs. Troublée, confuse, j'évitai son regard lorsqu'il me demanda ce qui m'angoissait à ce point. N'était-ce donc pas évident ? Il s'approcha encore plus de moi pour entendre ma réponse. « J'ai peur de te perdre parce que je t'aime. » Je l'avais enfin dit. Après tant d'années. Je l'aimais. C'était merveilleux, mais terrifiant. Un saut dans l'inconnu. Comme le silence perdurait, j'osai enfin lever les yeux vers Phoenix pour voir sa réaction. Son expression disait bien plus que de simples mots pouvaient exprimer. Ses yeux brillaient sans doute de la même façon que les miens. Alors, je n’étais pas déçue parce qu’il ne répondait pas. Tout ce que je voulais savoir, je le voyais dans son regard.

Je fus reconnaissante lorsque Phoenix changea de sujet, car la conversation devenait trop intense pour moi. Je me concentrai sur ce qu'il me disait, m'interdisant de me laisser distraire par sa proximité. Il me parlait de la fillette qu'il avait adoptée. Tout d'abord, ma méfiance naturelle s'activa, et je me demandai s'il ne s'agissait pas d'une espionne. Cela peinait Phoenix, que je doute de son élève, mais je ne pouvais pas m'en empêcher. Déformation professionnelle, lui dis-je en souriant, alors que j'avais plutôt envie de pleurer. Parfois, j'avais l'impression que Snow, non content de meurtrir mon âme, y avait aussi laissé une partie de lui. Tous ces principes, toutes ces idées qu'il me répétait depuis toujours étaient ancrés plus profondément en moi que je ne croyais. Oui, il m'avait déformée, il m'avait changée à tout jamais. Pour Phoenix, il y avait encore de l'espoir... Il était quelqu'un de bien, comme je lui fis remarquer. « Tu en doutais encore ? » Rétorqua-t-il, ironique. Je comprenais pourquoi il se considérait comme le méchant de l'histoire... mais je ne voulais pas qu'il soit si négatif à propos de lui-même. Je n'en ai jamais douté. Répondis-je presque sévèrement, comme pour le mettre au défi de contester mes paroles. Puis je continuai d'un ton plus doux : Tu veux savoir pourquoi ? Sans attendre sa réponse, je poursuivis : Tu n'es pas comme les autres hommes, Phoenix. Eux... Parfois, il y en avait qui me disaient qu'ils m'aimaient, mais cela ne me touchait pas. J'avançais seule dans ma vie, et j'arrivais parfois à me persuader que j'étais heureuse ainsi. Tu as réussi... quelque chose que personne d'autre n'avait fait ou pourrait encore faire. Tu m'as regardée.Je souris, et levai une main pour toucher la joue de Phoenix, comme pour m'assurer qu'il était bien réel. Tu m'as regardée, moi, et pas l'image que tous les autres voyaient. Avec un simple regard... tu as brisé tout ce que j'avais construit depuis des années, cette carapace que je croyais invulnérable. Ma main descendit sur sa poitrine, se posa à l'endroit où je pouvais sentir les battements rapides de son coeur. Tu m'as sauvée, Phoenix.C'était un chuchotement, tout juste audible au-dessus de celui du vent. Tu m'as prouvé que tu as bien un coeur... Et c'est tout ce que je veux savoir.Ce qu'il faisait sous les ordres de Snow ne pouvait pas entacher notre relation.

Kamaria. La fille que Phoenix avait adoptée s'appelait Kamaria. Ce nom éveilla tout de suite un souvenir dans mon esprit. Je l'avais lu, quelques jours plus tôt... Oui, j'avais lu le dossier de Kamaria. Sans réfléchir, je le récitai à voix haute. Phoenix rit, croyant sans doute que je connaissais tous les dossiers par coeur... ce qui n'était absolument pas vrai. Enfin, j'en connaissais beaucoup, mais pas tous. Cette Kamaria... Elle avait volé une poire, non ? Phoenix acquiesça. Hunter m'en avait parlé ; voilà pourquoi j'avais lu le dossier de cette gamine. « Hunter n’était pas présent lors de la mort de la mère de Kamaria. C’était une erreur, commise par deux abrutis ! Je n’aurai pas dû la laisser seule avec eux. » S'énerva Phoenix. Ah, il ne savait donc pas que... Parles-en à Hunter quand tu le verras, d'accord ? Ce n'est pas mon rôle de distribuer les secrets des autres. Dis-je en souriant. Je ne savais pas si Hunter apprécierait que je raconte tout à Phoenix... La vérité, c'était que Hunter avait vu Kamaria avec sa fameuse poire volée, mais qu'il ne l'avait pas punie pour ça. Il l'avait laissée partir... Cela devait être une demoiselle bien spéciale, pour s'attirer ainsi la bienveillance de deux Pacificateurs... Une bonne espionne. Songeai-je involontairement. Il ne fallait pas que je pense à cette fille, ni que je fasse des recherches sur elle... Je le promis à Phoenix, mais il avait l'air sceptique. Cela me blessa. Il pensait donc que ma 'déformation professionnelle' allait prendre le dessus ? Il pensait que j'allais briser ma promesse pour Snow ? Etais-je vraiment à ce point marquée par mon travail ? Je secouai la tête et continuai à parler, à essayer de persuader Phoenix. Cette fois, je fus récompensée par un beau sourire. Tu me crois enfin ? Lui demandai-je, penaude. Arrête de penser au travail, Aileen. Phoenix était là, à côté de moi, et je ne faisais que parler travail... alors que tout ce que je voulais, c'était de me jeter dans ses bras. J'avais besoin d'un contact humain rassurant, je mourrais d'envie de sentir ses bras autour de moi et de savoir que j'étais en sécurité, que rien ne pouvait m'arriver. Phoenix créait un nouveau monde, une bulle de calme et de tendresse dans notre univers violent. Quand j'étais avec lui, je me sentais à l'aise et je n'avais jamais peur de parler, ou de montrer mes faiblesses. Phoenix était... spécial. Je ne trouvais pas d'autres mots pour le définir. A la fois dur et tendre, courageux et triste, gentil et cruel, tendre et impitoyable. C'était un être complexe, et sans nul doute déchiré... mais, à mes yeux, merveilleux, parce qu'il était lui. Mon Phoenix. C'était la première fois que je pensais à lui de cette façon, et cela me troubla. Mon Phoenix. Je le répétai plusieurs fois en pensée. Cela sonnait bien. C'était agréable de penser que quelque chose m'appartenait encore. Snow m'avait déjà pris ma famille, il m'avait pris mon corps pour en faire une machine de guerre, il avait empoisonné mon esprit... mais il n'avait pas encore atteint mon coeur. Il n'avait pas encore entaché notre relation. C'était sans doute la raison pour laquelle je chérissais tant ces petits moments hors du temps, ces instants volés où je pouvais être heureuse avec Phoenix. Je voulais profiter pleinement de cette soirée, je voulais m'oublier dans le bonheur de nos retrouvailles. Je me jetai dans les bras de Phoenix. Ce ne fut qu'à ce moment que je compris l'ampleur du manque d'affection qui m'avait tenaillée pendant tous ces mois sans lui. J'avais besoin de sa présence, de ses baisers, de ses caresses, de ses douces paroles. J'avais besoin de savoir que quelqu'un m'aimait. Nichée dans ses bras, j'envisageai mon avenir d'une façon plus positive et j'osai poser des questions plus délicates à Phoenix. Viendrait-il avec moi au Capitole ? Voulait-il rendre visite à sa soeur ? Il m'avoua qu'il n'était pas encore prêt. Je lui fis comprendre qu'il ne devait pas se presser pour moi. Il me serra plus fort encore dans ses bras. Oui, il m'aimait. Pourtant, sans trop savoir pourquoi, je pleurais. Phoenix m'écrasait dans ses bras, mais ce n'était pas encore suffisant. Je m'accrochais désespérément à lui, je me collais contre lui dans l'espoir de disparaître, de me faire toute petite pour que le monde m'oublie et que je puisse vivre en paix. Phoenix... Phoenix était le seul à me connaître vraiment, et à me comprendre. Avec lui, j'étais en sécurité. Mon coeur lui appartenait déjà depuis longtemps, alors pourquoi ne pas lui dévoiler le reste ? Pourquoi ne pas lui montrer entièrement qui j'étais vraiment ? Il le méritait. Il m'avait sauvé la vie, tant de fois déjà. Pas seulement pendant les combats, mais aussi tous les jours, par sa simple présence, ses paroles rassurantes, son amour qui m'empêchait de devenir folle. Je dépendais de lui, comme une droguée. Ce qui nous liait était plus fort qu'une promesse, plus fort même que l'amour. J'avais enfin trouvé la partie manquante qu'il me fallait pour être entière. C'était lui. Phoenix, mon Phoenix. En sa présence, je me sentais plus forte. J'avais l'impression que ma vie servait à quelque chose. Je ne voulais plus le quitter. Plus jamais. Malheureusement, c'était impossible. Je refusais de l'obliger à me suivre, car cela me faisait trop penser au lien entre Snow et moi. Je n'étais pas libre, mais j'espérais qu'il pourrait l'être. Un soupir m'échappa. Tout ce que je pouvais encore dire, tout ce que je voulais dire... cela n'avait plus d'importance. Phoenix comprendrait. Je mis ma peur de le perdre et mes doutes de côté. Même si demain, quelqu'un me prendrait Phoenix, il y avait encore toujours aujourd'hui… Il y avait encore cette soirée, cette soirée qui nous appartenait entièrement. Alors, pour une fois, je me contentai de penser au présent. Il y avait juste lui et moi. Juste nous, et la nuit qui nous enveloppait. Juste ses baisers et sa tendresse.

Un bruit. Un craquement infime. Une branche qui se cassait. Un souffle froid qui me ramena à la réalité. Immédiatement, la combattante en moi prit le dessus. Je me levai, aux aguets. Phoenix fit la même chose. La forêt semblait calme. Pourtant... J'étais sûre d'avoir entendu quelque chose. Là. Une ombre. Un ombre qui partait en courant... Phoenix fut plus rapide que moi. Il sortit son arme, et tira sans hésiter. Je fus étonnée de le voir manquer sa cible. D'habitude, il ne ratait jamais... Mais l'ombre se baissa juste à temps pour éviter la balle mortelle. On aurait presque dit... que cette personne avait suivi un entraînement de Pacificateur. Qui était-ce ? Un espion de Snow, ou des rebelles ? Qui que ce soit, cette personne représentait une menace pour nous. Phoenix avait immédiatement conclué qu'il faudrait l'abattre. Il avait sans doute raison... Mais je ne voulais pas tuer juste pour garder le secret de notre relation. Je connaissais assez d'autres moyens pour parvenir à mes fins ; le chantage, les menaces, les pots-de-vin, pour n'en citer que quelques-uns. J'étais lasse de toutes ces tueries, ces boucheries. Tout ce sang sur mes mains... Quand j'étais en mission, c'était différent. Surtout lorsque je prenais mes cachets, je devenais un robot, et les autres humains étaient mes cibles. Rien de plus. Leurs noms ne voulaient rien dire. C'était facile, de leur tirer une balle dans la tête et de se poser des questions après. C'était facile, de se boucher les oreilles pour ne pas les entendre parler. C'était facile, d'appuyer sur la détente et de s'imaginer qu'on ne tuait pas vraiment des êtres humains, mais juste des choses, des ennemis. Quand j'agissais sous les ordres de Snow, c'était facile de dire que ce n'était pas de ma faute, que je ne faisais qu'exécuter les ordres. Mais maintenant... Cet espion méritait-il de mourir ? J'étais bien la dernière à pouvoir répondre à cette question. Qui étais-je, finalement, pour décider du sort des autres ? Qu'est-ce qu'il fallait faire ? Cette personne... Elle pouvait signer notre arrêt de mort, à tous les deux. Si Snow apprenait que je lui avais caché ma relation avec Phoenix... Je ne voulais même pas penser aux conséquences. Angoissée, je demandai à Phoenix ce qu'il fallait faire. Il était la dernière bouée qui me maintenait à la surface et m'empêchait de me noyer, et je m'accrochais désespérément à lui. Il répondit qu'il voulait faire souffrir l'espion. Son air dur me faisait presque peur... Non, je ne voulais pas qu'il poursuive cette personne. Je ne voulais pas qu'il gâche cette soirée. Pas de sang, pas de cris. Je ne voulais pas perdre le Phoenix que j'aimais tant, cet homme tendre qui m'embrassait quelques instants plus tôt.« Viens. »Murmurai-je. Il me suivit.

Il m'emmena à travers de la forêt, sur le chemin qui menait à sa maison. Je serrais sans doute trop fort sa main, mais il ne dit rien. Le silence entre nous n'était pas calme et paisible, mais chargé de tension et d'électricité. Trois mois. Cela faisait trois mois que je n'avais plus vu Phoenix... Et maintenant, tout ce que je voulais, c'était d'oublier le monde dans ses bras. La chaleur de sa main dans la mienne éveillait des picotements qui couraient le long de mon bras et finirent par enflammer tout mon corps. Même la bruine qui tombait ne pouvait éteindre l'envie folle de me jeter dans les bras de Phoenix et de l'embrasser, ici et maintenant. Pour me distraire, j'observai les arbres, dont les cimes oscillaient doucement sous la pluie. J'écrasai plus fort encore la main de Phoenix, incapable de parler. Notre silence était plus éloquent que toutes les paroles du monde. Les bruits nocturnes de la forêt, le son de nos pas... tout cela créait une petite musique douce et calme. J'avais l'impression d'avancer dans un rêve. La seule chose qui me semblait réelle était cette main dans la mienne… si douce. Finalement, une clairière apparut devant nous. Au milieu, la maison de Phoenix se dressait, solitaire. Il n'avait pas de voisins, je devinais aisément pourquoi. Nous étions seuls. Enfin. Il ouvrit la porte et me laissa entrer en première. Mon 'merci' me resta en travers de la gorge lorsqu'il me frôla pour entrer à son tour. Mon coeur fit une embardée avant de battre encore plus vite. J'étais à deux doigts de craquer, de tout laisser tomber pour écouter le désir qui m'enflammait et me rendait folle. Je m'écartai de Phoenix, comme si j'avais peur de me brûler, et entrai dans le salon. En passant, je posai mon arme sur la table. Je n'en aurais plus besoin. Je restai debout devant une fenêtre, dos à Phoenix, et contemplai le spectacle de la pluie sur l'herbe, des arbres et des étoiles. Sous le voile satiné de la nuit, tout semblait plus beau. Cela me donnait envie de pleurer. C’était trop parfait. Phoenix était là, derrière moi. A quelques pas seulement. Une distance ridicule, mais qui me semblait immense. Je me retournai. Mon regard s’attarda sur son visage, sur ses yeux plus noirs que la nuit… Alors, je m’autorisai à perdre le contrôle. Un pas, un autre pas, et je me retrouvai dans ses bras. Ses lèvres frôlaient les miennes, les touchaient presque… Je perdais pied. Plus rien n’avait d’importance. Je m’accrochais à lui, mais je n’avais même plus la force de franchir ces quelques millimètres entre nos lèvres. Il m’embrassa. J’étais en feu. Je cessai de penser. Je me collai contre lui, le serrai contre moi de toute la pauvre force de mes bras, dans l’espoir fou de me fondre en lui. Mon coeur était prêt à exploser. Mes jambes tremblaient tellement fort que j’avais peur qu’elles se dérobent sous moi. Les lèvres de Phoenix se détachèrent des miennes, juste un instant, et je murmurai d’une voix étranglée : Ne me lâche pas. Oui, ne me lâche plus jamais, Phoenix. Plus jamais. Je ne voulais pas que ça s’arrête. Ni ses baisers, ni ses caresses. Je voulais… plus. Lui, entièrement. Phoenix… Mon Phoenix.

Soudain, il brisa notre étreinte. Je repris mon souffle, légèrement désorientée. La pièce tanguait autour de moi, et mes jambes semblaient être faites de coton. Phoenix me prit la main et me mena vers sa chambre. Il referma la porte derrière nous et me cloua aussitôt contre un mur, me coupant le souffle. Mon coeur battait tellement vite et fort que Phoenix devait sans doute le sentir à travers de mes vêtements. Le feu qui était né au creux de mon ventre se dispersa et me dévora toute entière. Ses lèvres, qui me semblaient brûlantes... Sa langue qui se mêlait à la mienne, la caressait, la défiait... Ses mains qui erraient sur mon corps... C'en était presque trop. Mes vêtements m'irritaient la peau, me gênaient, formaient une barrière entre son corps et le mien. Comme s'il pouvait lire dans mes pensées, Phoenix me délivra de mon haut avant de me guider vers son lit. Il me couvrit de baisers, dans mon cou, sur mes joues, sur mes lèvres... Je bataillai pour lui ôter sa chemise. Mes doigts se prirent dans le tissu, défirent maladroitement les boutons en griffant sans doute Phoenix au passage. Enfin, enfin, je pouvais sentir sa peau contre la mienne, sans aucune barrière. Enfin, je pouvais redécouvrir ce corps aimé, le caresser, et me laisser aller à la passion de cet instant parfait. Ce n'était pas un rêve. Non, c'était beaucoup mieux : c'était réel. Jamais je ne m'étais sentie aussi vivante. Phoenix... Je chuchotai son nom dans la nuit, je le murmurai à son oreille, inlassablement, comme une prière, pendant que nos vêtements tombaient un par un. Lui et moi. C'était tout ce qu'il fallait pour me rendre heureuse. Soudain, Phoenix se dégagea de moi pour se redresser. Le souffle court, je me relevai sur un coude pour le regarder. Ses lèvres formèrent un mot, mais le rugissement qui emplissait mes oreilles m'empêcha de l'entendre. Heureusement, il le répéta :« Aileen, épouse-moi. ». Je le regardai, sans comprendre. Puis, soudain, la réalité de ses paroles me frappa de plein fouet.

« Epouse-moi. » Mon coeur manqua un battement. Je fixai Phoenix, stupéfaite. Il voulait se marier avec moi. Il voulait lier sa vie à la mienne pour l'éternité. Pourquoi ? Je ne savais plus quoi penser, déchirée par une foule d'émotions contradictoires. Mariage. Soudain, j'eus la vision de moi en robe blanche, face à Phoenix en costume. C'était... étrange. Choquant, presque. Moi, la tueuse, moi qui avais tant de sang sur les mains, je m'imaginais mal dans cette robe de couleur pure et virginale. Mariage. Je n'aurais jamais pensé me marier un jour. Je n'y avais pas souvent songé, et quand je le faisais, je me voyais toujours liée à un toutou de Snow. Un homme que le Président aurait choisi spécialement pour moi. Une union non pas par amour, mais par obligation. Un nouveau moyen d'introduire un espion dans ma vie, de me faire surveiller, un outil de chantage, un moyen de pression. Nous formerions un couple parfait à l'écran, et les citoyens du Capitole suivraient notre évolution avec attention et envie. Mariage. Cela signifiait que je resterais avec Phoenix pour le reste de ma vie. Une vie qui allait sans doute être courte, de toute façon. Cela voulait dire que je tremblerais encore plus qu'avant lorsqu'il partirait en mission. Cela impliquait que je serai infiniment vulnérable. En temps de guerre, il n'y a pas d'arme plus mortelle que nos proches. Je refusais qu'on lui fasse du mal pour m'atteindre. Mariage. Cela pourrait signer notre arrêt de mort. Comment Snow allait-il réagir ? Allait-il accepter ou refuser ? Il ne nous accorderait pas ce bonheur sans rien demander en retour. Tout avait un prix, avec lui. Qu'exigerait-il ? Que pouvais-je encore lui donner ? Il m'avait déjà tout pris. Phoenix, c'était l'un de mes seuls secrets, une partie de moi que Snow n'avait pas encore souillée ni asservie. Dès l'instant où il apprendrait son existence, le Président pouvait tout lui faire. Le torturer. Le rendre fou. Le tuer. Je savais qu'il n'hésiterait pas. S'il ne voulait pas que je me marie avec Phoenix, rien ne l'empêcherait de l'assassiner. En devenant sa femme... Je l'exposais au même danger que moi : celui d'être complètement parasité par Snow. La pensée de le voir à la merci du Président me rendait folle de peur. Mariage. Me lier pour l'éternité. Cela me faisait peur. Je ne connaissais qu'une sorte de lien : celui, malsain, entre Snow et moi. Ce lien qui m'empêchait d'être libre, qui m'entravait, qui m'enlevait ma joie de vivre. Ce lien tellement fort qu'il ne serait coupé qu'à la mort de l'un d'entre nous. Ce lien qui m'empoisonnait la vie et faisait de moi la triste petite esclave du Président. Ce lien qui sapait ma vie. Oui, j'avais peur de me lier de nouveau. Peur de perdre ma liberté, de prendre sa liberté. Mariage. Alliances. Décorations. Fête. Témoins. Bébé. Tous ces mots tournaient et défilaient à une vitesse vertigineuse dans ma tête. La peur me paralysait, collait ma langue à mon palais. Le doute me serrait le coeur. Le désir m'enflammait. Puis, il y avait la joie. Une joie éclatante, une folle ivresse, un bonheur absolu. Il voulait m'épouser. Moi. Il m'aimait assez pour vouloir passer sa vie avec moi. C'était merveilleux. C'était incroyable. Je regardai Phoenix dans les yeux, pendant qu'une larme coulait lentement le long de ma joue. Pleurer de joie. Je n'aurais jamais cru que cela m'arriverait un jour. Je ne voulais pas réfléchir. Je n'arrivais plus à réfléchir. Toutes mes autres émotions, toutes mes grandes et petites angoisses, tout était balayé par ce bonheur parfait. Alors, sans quitter Phoenix du regard, je murmurai : Oui. Un seul mot. Un mot qui avait le pouvoir de faire basculer ma vie. Oui, je veux t'épouser. Répétais-je plus fort. C'était fait. C'était décidé. Tout ce qui pouvait nous arriver, tous les malheurs qui pouvaient s'abattre sur nous... cela m'importait peu, à présent.

J'allais me marier. J'allais devenir Madame Lewis. Je souris à Phoenix, radieuse, avant de l'attirer contre moi. Je t'aime. Murmurai-je simplement en prenant son visage entre mes mains. C'était tellement... agréable de le dire. Tellement naturel. Je lui offris un long baiser plein d'amour, de tendresse et d'espoir. Mais... Snow... Je... Commençais-je avant de me taire, submergée par une vague de peur. J'avais accepté, et je ne le regrettais pas... Mais lorsque je pensais au Président, j'avais la chair de poule. Non. Je ne devais pas penser à ça. Je ne pouvais pas lui donner la satisfaction d'avoir gâché ce moment parfait. Je serrai Phoenix contre moi, plus fort, toujours plus fort. Le souffle me manquait. D’une main, j'agrippai ses cheveux pour approcher son visage du mien, pour goûter de nouveau à ses lèvres. Je fis descendre l’autre main sur son torse et la posai à l'endroit où je sentais les battements rapides de son coeur. J'interrompis notre baiser pendant un instant, le temps de lui chuchoter malicieusement à l'oreille :J'ai hâte de devenir Madame Lewis.. Oui, j'avais hâte. Au diable Snow et ses serviteurs, au diable mes peurs, mes doutes et mes soucis. J'avais Phoenix, et cela suffisait amplement à me rendre heureuse. Dans ses bras, je pouvais oublier le monde. Ne voir que son sourire, que son regard irrésistible, n'entendre que ses tendres paroles, ne sentir que la douceur de sa peau, redécouvrir la géographie de son corps musclé, m'imprégner de son parfum, me laisser enivrer par la folie et la passion de l'instant. Cesser de jouer un rôle, pour être, tout simplement. Vivre.

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Playing with fire is bad for those who burn themselves. For the rest of us, it is a very great pleasure. Phoenix & Aileen - Page 2 Vide
MessageSujet: Re: Playing with fire is bad for those who burn themselves. For the rest of us, it is a very great pleasure. Phoenix & Aileen   Playing with fire is bad for those who burn themselves. For the rest of us, it is a very great pleasure. Phoenix & Aileen - Page 2 Icon_minitimeSam 18 Fév - 21:21

La pluie... J'aimais la pluie. Les gouttes s'écrasaient sur ma tête, ruisselaient le long de mes joues, comme des larmes. J'étais trempée, mais je m'en fichais. J'offrais mon visage au ciel et accueillais avec soulagement la fraîcheur de cette fine pluie d'été. « Il est temps de partir, Aileen. » Cette voix me ramena brusquement à la réalité. Snow. Qu'est-ce qu'il faisait ici ? Où voulait-il m'emmener ? Soudain, le décor changea. Je me retrouvais dans les sous-sols du Capitole. Ma prairie paisible et mon averse avaient disparu. J'étais allongée sur le sol froid. Comment étais-je arrivée là ? Quelque chose coulait le long de ma joue gauche. Ce n'était pas une goutte de pluie. C'était du sang. Ma peau me cuisait. Quelqu'un m'avait frappée. Pourquoi ? Je n'avais rien fait de mal. « Tire, Aileen. » Toujours Snow. Derrière moi. Je n'osais pas me retourner pour le regarder. Je me rendis compte que je tenais une arme. « Tire, et tout te sera pardonné. » Je hochai la tête, soulagée, avant de me lever péniblement. Mes jambes supportaient à peine mon poids. J'avais mal partout. Je baissai le regard vers mes vêtements déchirés, mes bleus, mes contusions, mes coupures. Si je tirais, ce serait enfin terminé. Il me laisserait tranquille. Ma victime se trouvait de l'autre côté de la pièce. Une petite fille. Elle me suppliait. J'hésitai. Je la connaissais, non ? « Tire, Aileen. Maintenant. » Je n'avais pas le choix. Je tirai. Une balle en plein coeur. La fillette s'effondra. Ses cheveux flamboyants glissèrent devant son visage qui avait gardé son expression horrifiée. Ses cheveux qui ressemblaient étrangement aux miens... « Tire, Aileen. » Maintenant, c'était un homme. Son visage me rappelait quelque chose. Je tirai. Il mourut. Une autre femme. Un vieillard. Deux filles. « Tire, Aileen. » Cette fois, c'en était trop. Je me retournai vers Snow. « Non. » Voilà le moment où je découvrais toujours que l'homme était Phoenix. Le moment où je me rendais compte que je venais de tuer ma famille. Le moment où le Président aurait dû entrer dans une fureur noire pour me frapper encore et encore, me rouer de coups jusqu'à ce que je le supplie d'arrêter. Pourtant, cela n'arriva pas. Au lieu de ça, je basculai dans un autre décor. Une partie de moi savait que je rêvais, mais ce qui m'entourait semblait tellement réel... Je courais dans un champ de blé, en riant aux éclats. Phoenix courait devant moi. J'essayais de le rattraper, mais il était trop rapide. Finalement, il se retourna et m'ouvrit ses bras. Je m'y jetai, et il me fit tournoyer en l'air, une fois, deux fois, trois fois. Lorsqu'il me reposa par terre, j'avais la tête qui tournait. Je m'accrochai à lui, mais nous fis tomber tous les deux. Son rire se joignit au mien. Puis, nous restâmes allongés, main dans la main, en regardant le ciel. Parfait. C'était parfait.

Je gardai les yeux fermés, savourant encore mon rêve. Mon rêve qui avait commencé comme mon vieux cauchemar, celui que je connaissais si bien. Mon rêve qui avait effacé la douleur et la peur de l'autre et qui m'avait calmée. La terreur que je ressentais d'habitude après mon cauchemar s'était évaporée. Je me sentais... bien. Heureuse. Je pris lentement conscience de ce qui m'entourait. J'étais allongée, à moitié couverte par des couvertures douces. Un rayon de soleil joueur me picotait le nez. A côté de moi, je sentais la chaleur du corps de Phoenix. J'entendais sa respiration, calme et régulière. Son bras gauche m'entourait les épaules. Un petit sourire m'étira les lèvres. J'ouvris les yeux. Je voyais le plafond clair de la chambre à coucher de Phoenix. Je me redressai lentement, pour ne pas le réveiller. Il marmonna quelque chose dans son sommeil, mais sans bouger. Je le regardai. Sous la douce lumière de l'aurore, sa peau semblait dorée. Ses cheveux étaient emmêlés, et une mèche lui tombait devant les yeux. Un soupir s'échappa de ses lèvres entrouvertes, mais il ne se réveilla toujours pas. Son torse nu se soulevait et s'abaissait au rythme lent de sa respiration. Endormi, il avait l'air plus jeune, plus vulnérable. Toute dureté s'était effacée de son visage. Il souriait. Rêvait-il, lui aussi ? De temps en temps, il fronçait les sourcils. Il y avait quelque chose... d'innocent, d'enfantin dans son expression, qui fit fondre mon coeur. J'aurais pu le regarder pendant des heures, des jours. Il était tellement... beau. J'avais envie de déposer un baiser sur ses lèvres, de le toucher, de dégager ses cheveux de son front... Mais je ne voulais pas le réveiller. Je m'étirai doucement. D'où me venait ce bonheur, ce bien-être ? Je mis quelques instants à m'en souvenir. Il m'avait demandée en mariage. Et j'avais accepté.

Je fermai les yeux pendant quelques instants. Calme-toi, Aileen. J'allais devenir... sa femme. L'épouse de Phoenix. J'allais vivre avec lui. Voudrait-il... des enfants ? J'imaginai une fillette à la chevelure flamboyante avec le même regard que son père. Je la vis, courant dans le champ de mon rêve, riant aux éclats. Jouant avec son père. Apprenant à écrire. Allant à l'école. Me parlant de son premier amour. Un enfant joyeux, magnifique. Un enfant qui ne pourrait jamais naître, jamais exister. Cette pensée me fit presque physiquement mal. Je l'aimais, ce bébé. Je l'aimais avant même sa conception. Je voulais tant le tenir dans mes bras un jour... Mais je ne pouvais pas. La seule façon de protéger cet enfant, c'était de ne jamais le laisser naître. Ne jamais être enceinte. Je savais que Snow me le prendrait. Il me volerait mon enfant, comme il avait volé ma famille, mes rêves, ma vie. Il voudrait en faire une deuxième Aileen. Une esclave de plus. Je refusais que cela arrive. Je refusais d'accoucher dans un monde aussi, sombre, violent et cruel. Un monde impitoyable, qui n'hésiterait pas à dévorer mon bébé, à effacer son sourire, à lui briser le coeur. Comment l'expliquer à Phoenix, s'il me le demandait un jour ? Comment lui refuser ce que je désirais moi-même avec tant de force ? Une famille... Un, ou plusieurs enfants. Un chien, quelques chats. Une belle maison avec jardin. N'était-ce pas ce que tout le monde souhaitait ? N'était-ce pas la définition du mariage pour les enfants ? Malheureusement, ce n'était pas si simple... Pour nous, cela impliquait de devoir sacrifier des choses. Cela voudrait dire qu'on devrait s'opposer à Snow. Cela signifierait que je devrai expliquer à mon père pourquoi j'avais choisi de me marier avec un 'simple Pacificateur' et non avec un immonde gosse de riche du Capitole. Le chemin vers notre mariage était un parcours du combattant. Qu'allait changer cette simple cérémonie ? Cela faisait longtemps que j'avais offert mon coeur à Phoenix. Longtemps aussi que mon corps lui appartenait. Mais... En me mariant avec lui, j'allais pouvoir vivre avec lui. Tous les jours. Et j'aurai sa promesse. Je lui appartiendrai enfin, entièrement... et je pourrai avoir la certitude qu'il en était de même pour lui. Il serait mon Phoenix. Mon époux. Avec lui à mes côtés... j'étais sûre de mieux pouvoir supporter la vie. Il me rendait plus forte. Pour lui, pour son amour, j'aurai le courage de faire face à Snow. Cela n'était pas arrivé souvent. Deux fois seulement, j'avais osé m'opposer contre la volonté du Président. Les deux fois, je l'avais regretté amèrement. Finalement, j'avais toujours réussi à obtenir ce que je voulais... Mais à un prix beaucoup trop élevé. Pourtant, j'étais prête à recommencer. Je voulais bien vendre mon âme à Snow si cela pouvait assurer mon mariage. Cette pensée m'arracha un sourire. Je lançai un regard à Phoenix. Il dormait toujours, sans bouger d'un poil. Comme une statue vivante. Pendant quelques instants, je me perdis dans la contemplation de cet homme qui allait bientôt m'épouser. En souriant, je repensai à la nuit que nous avions passée. Personne ne connaissait Phoenix comme moi. Personne d'autre ne pouvait soupçonner que derrière cet uniforme de Pacificateur se cachait de la tendresse, de l'amour et tant de passion. Tout doucement pour ne pas le réveiller, je me levai. Sur le sol, les vêtements de Phoenix se mélangeaient aux miens. Je les ignorai et décrochai plutôt son peignoir, imprégné de son odeur. Dans la cuisine, je fis chauffer de l'eau pour notre thé matinal en regardant par la fenêtre. Le ciel était paré de ses plus belles couleurs, allant du bleu clair au rose léger. La journée promettait d'être belle. Je regardai autour de moi. Etais-ce ici que nous allions vivre après notre mariage ? Cela ne me dérangeait pas vraiment. J'aimais cette maison... mais j'allais devoir vivre loin de mes parents, loin de mon district natal. Je lâchai un soupir. Pourquoi rien n'était-il simple dans ma vie ? En sortant deux tasses, je me souvins de l'autre personne présente dans la maison. Kamaria. Une petite fille. Qu'allait-elle faire si elle découvrait une inconnue dans sa cuisine ? Une inconnue qui, en plus, était manifestement l'amante de son nouveau père... Encore un problème. Je ne voulais pas y penser. J'en avais marre. Je voulais simplement mener une vie normale et être heureuse. Etait-ce donc trop demandé ? Je décidai de préparer le reste du petit déjeuner après avoir réveillé Phoenix. Nous aurions sans doute beaucoup de travail, et il était temps qu'il émerge de ses rêves.

Je m'assis à côté de Phoenix sur le lit. Il avait l'air tellement heureux, dans son sommeil... Je regrettais de devoir le réveiller. Tout doucement, je dégageai une mèche de cheveux de son front. Il ne bougea pas. Phoenix... Réveille-toi, mon amour. Murmurai-je tendrement à son oreille avant de déposer un doux baiser sur ses lèvres. Puis, un autre sur son nez. Enfin, un sur son front. Il ouvrit les yeux, et je lui souris, sans cesser de caresser ses cheveux, attendant qu'il se réveille complètement. Il était tellement beau... Je me levai pour ouvrir les rideaux, laissant le soleil inonder la chambre. Puis, je me retournai vers Phoenix, toujours au lit, qui me regardait. Debout!Fis-je sévèrement, mais sans pouvoir m'empêcher de sourire. Je lui pris les mains pour le tirer hors du lit. Lorsqu'il se leva, je l'attirai contre moi pour un baiser. Tu as bien dormi?Demandai-je gentiment. Cela faisait tellement longtemps que je n'avais pas aussi bien dormi... Longtemps aussi que je me sentais vraiment reposée quand je me levais. Pas de cauchemars. Lui dis-je en le serrant contre moi. Il était mon remède magique contre les mauvais rêves. Quand je dormais dans ses bras, mon sommeil était paisible. Mes cauchemars se transformaient en beaux rêves et je me réveillais heureuse et détendue. A regret, je lâchai Phoenix pour retourner dans la cuisine. Je vais préparer le petit déjeuner. Annonçai-je avec un clin d'oeil avant de sortir de sa chambre. Je n'avais pas souvent eu l'occasion de dormir chez Phoenix, mais je connaissais à peu près l'emplacement des choses dans la cuisine. Je préparai le thé et réussis à trouver du pain. Du vieux pain. Je soupirai et sortis une poêle. Cela faisait longtemps que je n'avais plus fait de pancakes. Cela me rappelait... Ma grand-mère. Grand-mère Carter, qui était morte depuis longtemps déjà. Une femme discrète, toujours dans l'ombre de son mari. Elle m'avait appris à cuisiner. Il m'avait appris à tuer. Je secouai la tête ; j'avais failli me brûler, perdue dans mes pensées. Heureusement, il y avait tous les ingrédients dont j'avais besoin. C'était... agréable, de m'activer comme ça dans la cuisine. Comme si j'étais une femme normale, avec une vie normale. Phoenix entra dans la cuisine, juste à temps pour recevoir le premier pancake. Peu après, j'étais assis avec lui à la table, savourant mon petit déjeuner. C'est bon? Demandai-je avec un sourire. Cet instant était tellement paisible, tellement parfait que j'aurais voulu arrêter le temps. Malheureusement, notre avenir n'attendrait pas. Alors... Tu viens avec moi au Capitole ? Ce ne serait sans doute pas facile pour lui. Retourner au Capitole, ce serait raviver ses souvenirs des Jeux. Revoir sa soeur, peut-être. Affronter Snow. Mais je serai là pour l'aider, pour le soutenir. Je voulais lui montrer le beau côté du Capitole. Lui prouver que tous ses habitants n'étaient pas des monstres. Lui faire visiter les plus beaux coins. Lui présenter ma famille. Je me levai pour sortir le dernier pancake de sa poêle. Je sentais le regard de Phoenix posé sur moi et je me retournai à moitié pour lui sourire. Sans penser à la poêle. Je lâchai un petit cri lorsqu'une douleur cuisante se manifesta dans mon pouce. Quelle belle idiote je faisais... Je m'étais brûlée. Je tins mon doigt sous l'eau froide. C'est de ta faute.Dis-je malicieusement à Phoenix. Tu m'as distraite. Mon pouce devenait rouge. Ce n'était qu'une petite blessure... Mais désagréable quand même. J'exige un bisou pour réparer ça. Poursuivis-je d'un ton joueur, sans me retourner. Phoenix s'approcha de moi. Malgré mes efforts pour rester calme, mon coeur s'affola lorsqu'il déposa un baiser dans mon cou. Je restai immobile pendant quelques instants. Puis, je me retournai et me perdis dans son regard. Sans réfléchir, je répondis à l'envie brûlante qui m'avait envahie et l'embrassai fougueusement. Comme pour nier mes angoisses. Comme pour prétendre que je n'avais pas peur de cette journée. En ces temps sombres, la dernière chose à laquelle je pouvais m'accrocher était l'amour. Son amour. Maintenant que je m'apprêtais à avancer dans les ténèbres de l'inconnu avec lui, j'avais besoin d'être réconfortée. J'avais besoin d'aimer. Aimer pour oublier la mort, le sang, les souffrances. Aimer pour effacer tout le reste. J'avais l'impression que tous les sentiments qui s'agitaient en moi pouvaient me faire exploser. Je serrais Phoenix contre moi en l'embrassant, fort, sans doute trop fort. Ses lèvres me semblaient aussi brûlantes que mon pouce. Sans interrompre le baiser, je laissai glisser le peignoir de mes épaules. Puis, je pris les mains de Phoenix et les posai sur mes hanches. Je ne voulais que ses caresses, que ses baisers. Mes mains erraient sur son torse nu, dessinaient le contour de ses muscles. Ce n'était pas la même folie qui m'avait envahie la nuit précédente. C'était un désir plus profond, l'envie presque désespérée d'amour. Toute la solitude des mois précédents me tombait dessus, et je cherchais à l'effacer, à éradiquer cette douleur en collant presque violemment mes lèvres contre celles de Phoenix, en lui offrant mon corps, mon amour, ma vie. Rien, absolument rien ne pouvait me déranger à cet instant-là. Rien… Sauf peut-être le bruit de la sonnette, strident, qui déchira notre intimité. Quelqu’un attendait à la porte. Qui ? Un ami… ou un ennemi ?

A vrai dire, je ne m'en souciais guère. Passé le premier instant de surprise et de frustration, je murmurai : Tu n'es pas à la maison.. Je ne voulais pas qu'il ouvre la porte. Je le retins par les épaules, l'empêchant ainsi de partir. S'il l'avait vraiment souhaité, il aurait pu m'échapper, mais il avait sans doute autant envie que moi de continuer sans tenir compte du visiteur indésirable. Il reviendrait. Je me concentrai de nouveau sur Phoenix et me rendis compte que je l'avais légèrement griffé en le retenant. J'embrassai ses griffures, puis revins à sa bouche, avant de le couvrir de baisers le long de sa mâchoire, de son cou, jusqu'à arriver sur son torse. L'envie de lui, de faire l'amour là et tout de suite, dans la cuisine, me rendait folle. Je ne le lui cachais pas. Il était tout simplement irrésistible. Le bruit de la sonnette nous dérangea encore une fois. Puis encore. Et encore. Apparemment, le visiteur était bien décidé à entrer. Je lâchai un soupir, exaspérée, avant de repousser Phoenix. Va ouvrir. Je ramassai son peignoir et le lui donnai. Habille-toi un peu avant. Lui conseillai-je avec un sourire avant de m'éclipser dans sa chambre. Je rassemblai mes vêtements et les posai sur le lit, en tendant l'oreille. Phoenix ouvrit la porte, et je me raidis lorsque j'entendis la voix du visiteur. Non. Pas lui. Tout le monde, mais pas lui ! Les deux hommes entrèrent dans le salon. Comme je ne trouvais pas Mademoiselle Carter, j'ai pensé qu'elle serait peut-être chez son Pacificateur Parfait... Dans sa bouche, le terme devenait une insulte. Et puis, ce petit ton suffisant qui sous-entendait qu'il était au courant de notre relation... Phoenix répondit quelque chose que je ne comprenais pas. Ne t'énerve pas... Pourquoi, parmi tous les Pacificateurs du district onze, fallait-il que ce soit lui qui me cherchait ? Mes mains tremblaient presque trop pour que je réussisse à enfiler mes vêtements. Il saurait. Non, il le savait déjà. Et il l'avait sans doute déjà dit à Snow. Bien entendu, Phoenix et moi voulions mettre le Président au courant et lui demander l'autorisation de nous marier... Mais pas de cette façon. Je détestais cet homme. Il vénérait le Président et jouait tout le temps aux espions pour lui. Cela faisait déjà des années qu'il me surveillait. Je le savais, mais je tentais de l'ignorer. Snow me trouvait assez dangereuse pour me faire suivre... Cela me flattait, mais c'était aussi inquiétant. J'avais l'habitude de voir surgir cet homme n'importe où. Il me faisait peur. Il me terrifiait. C'était lui que Snow chargeait parfois de me 'punir', lorsque j'avais mal exécuté ses ordres. Phoenix ignorait cela. Je n'avais jamais osé le lui révéler. Il avait vu mes cicatrices, mais il ne connaissait pas leur signification.

Une partie de la conversation m'avait échappé pendant que je réfléchissais. Je m'empressai d'enfiler mes chaussures. Puis, je me regardai dans le miroir en peignant mes cheveux avec mes mains en toute hâte. Ça n'allait pas. Pas du tout. Je n'étais pas présentable : les vêtements chiffonnés, les cheveux en bataille, les joues roses, les yeux brillants... S'il me voyait, il devinerait immédiatement ce qui se passait avant son arrivée. Bon. J'allais rester ici, alors. Il ne viendrait quand même pas voir dans la chambre de Phoenix, si ? Pour m'occuper, je ramassai les vêtements de Phoenix et les pliai, en envisageant de faire disparaître l'homme. Non. Ce serait sans doute trop suspect. Le ton montait dans le salon. Je ne comprenais pas ce qu'ils se disaient... mais cela avait l'air plutôt violent. Alors, contre toute attente, le Pacificateur ouvrit la porte. Je sursautai. Il pointa un doigt vers moi et dit avec satisfaction : La voilà. Je m'en doutais. Je me levai, sans pouvoir m'empêcher de rougir. Pour une fois, je ne trouvais pas les bonnes paroles. J'avais la langue collée au palais. Il me toisa, méprisant. Je crois que je vais devoir signaler ceci au Président, Mademoiselle Carter. Je croisai les bras, en essayant de ne pas penser à mon apparence. Sans armes, je me sentais nue sous son regard. Je m'imaginai que je portais un uniforme avec mon révolver dans ma ceinture et relevai le menton. Je ne pouvais pas lui montrer ma faiblesse. Je pense plutôt que je devrai signaler votre comportement inacceptable à ce cher Coriolanus. Dis-je d'une voix glaciale. D'ailleurs, il est déjà au courant de notre relation et nous avons sa bénédiction pour notre mariage. C'était du bluff. Du bluff pur. Maintenant, nous allions voir lequel de nous deux était le plus fort.

Il me jaugea du regard, cherchant sans doute à voir si je mentais ou pas. Je le regardai droit dans les yeux, sans montrer ma peur. C'était un combat silencieux, un combat entre nos volontés. Finalement, l'homme inclina légèrement la tête. Très bien.Dit-il sèchement. Je pus de nouveau respirer, soulagée. Mais j'en toucherai deux mots à Coriolanus quand je le verrai. Ajouta-t-il, menaçant. Je lui souris, mais mon regard était toujours meurtrier. Je lui en parlerai moi-même cet après-midi, lorsque je le verrai. Lui assurai-je calmement. Il hocha la tête de mauvaise grâce et marmonna quelque chose qui ressemblait à des félicitations. C'était à mon tour de l'attaquer. Pourquoi me cherchiez-vous? Il réfléchit un peu trop longtemps avant de répondre : Il y a une capture de rebelles prévue au district 12 dans quelques heures. Je pensais que vous ne voudriez pas rater le spectacle. J'acquiesçai et lui promis d'être là à temps. Maintenant qu'il avait délivré son message, il devrait partir... Mais non, il restait là, à me regarder comme s'il essayait de lire mes pensées. Au revoir.Lui dis-je sèchement, pour lui signaler qu'il était temps de partir. Je n'avais plus de patience. Oui, je m'en vais. Désolée de vous avoir... dérangés. Dit-il avec un sourire qui ne me plaisait pas. Sans doute était-il jaloux. Au début, avant qu'il ne devienne mon tortionnaire, il avait parfois essayé de me séduire, mais je l'avais repoussé à chaque fois. Maintenant, il devait se demander pourquoi je préférais Phoenix. Pour moi, la réponse était évidente. Je l'accompagnai jusqu'à la porte, sans dire un mot de plus. Lorsqu'il fut enfin parti, je m'adossai contre un mur en soupirant. Phoenix entra dans le couloir, et je lui offris un triste sourire. Il est parti.Dis-je inutilement, soulagée. Je n'étais plus obligée de faire semblant d'être forte, à présent. Alors, je me jetai dans les bras de Phoenix. Je tremblais. Aucune parole n'était nécessaire entre nous ; je sentais qu'il comprenait ma détresse et la respectait. Il me caressa les cheveux, me calma. Désolée. Murmurai-je à son oreille. Peu à peu, je retrouvais le sourire. Bon, je vais devoir me préparer pour aller manger du rebelle.Soupirai-je. Je regardai Phoenix, toujours en peignoir, et mon sourire s'agrandit. Mais d'abord... Rappelle-moi un peu ce que nous étions en train de faire. Dis-je, espiègle, en tirant à ses cheveux. Il ne se fit pas prier et fondit sur moi pour m'embrasser. Cela raviva mon désir. Je pris les devants et le débarrassai de son peignoir. Pendant un instant, je le tins à distance, me contentant de le regarder. Emerveillée, encore une fois, par la beauté de ce corps musclé. Puis, je l'attirai contre moi et lui offris un long baiser sensuel, jouant avec sa langue pendant que mes mains redécouvraient le bas de son dos. Je m'écartai légèrement de lui, le temps d'envoyer valser mes chaussures. Ah oui, je m'en souviens. Dis-je. Je commençais à reculer vers la porte de la cuisine ; Phoenix me suivait. Soudain, je me retournai et lui échappai en courant. A présent, je me trouvais d'un côté de la table de la cuisine, et lui de l'autre. Lentement, en regardant Phoenix d'un air provocateur, j'ôtai mon haut avant de le laisser choir sur le sol. J'avais dû me rhabiller en vitesse à cause de la venue du Pacificateur, et je n'avais pas eu le temps de remettre mon soutien. A présent, il ne me restait plus que mon pantalon, qui tomba rapidement aussi lorsque Phoenix me rejoignit. Je n'avais pas assez de mains pour le caresser, pas assez de lèvres pour l'embrasser, pas assez de mots pour lui dire mon amour. Je poussai un petit cri de surprise lorsqu'il m'allongea sur la table. Une fourchette tomba par terre avec un tintement aigu, le pot de confiture se renversa, un pancake à moitié mangé alla rejoindre la fourchette. Je ris, étonnée mais ravie par la fougue de Phoenix. J'avais la tête qui tournait, et une délicieuse sensation de chaleur qui m'envahissait. Un peu de confiture avait coulé tout près de moi, et cela me donna une idée. J'en enduis mon doigt et m'écartai juste assez de Phoenix pour pouvoir dessiner un coeur à la confiture sur son torse. Tu es adorable, comme ça. Dis-je avec un clin d'oeil malicieux. Mais, après réflexion... Je le regardai pensivement. Je te préfère sans. Dis-je avant de m'appliquer à lécher lentement la confiture. Délicieux.Murmurai-je. Je plongeai dans son regard, et m'y perdis pendant qu'il me faisait l'amour. Et après ? En souriant, je songeai : Ils vécurent heureux et eurent beaucoup d'enfants.
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Playing with fire is bad for those who burn themselves. For the rest of us, it is a very great pleasure. Phoenix & Aileen - Page 2 Vide
MessageSujet: Re: Playing with fire is bad for those who burn themselves. For the rest of us, it is a very great pleasure. Phoenix & Aileen   Playing with fire is bad for those who burn themselves. For the rest of us, it is a very great pleasure. Phoenix & Aileen - Page 2 Icon_minitimeMar 28 Fév - 23:09

ce qu’il avait pris la décision de cesser de vivre ? De ne plus se raccrocher au fait de vivre chaque instant comme s’il avait la chance de rêver à un avenir. Lorsqu’il était enfant il se laissait aller parfois à s’imaginer adulte, travaillant dans les champs, comme son père, et vivant dans une famille unie et aimante. Pauvre, sans doute, avec la peur de voir ses enfants envoyés aux jeux. Oui, il aurait sans doute pu avoir une vie telle que celle-ci, si jamais il n’avait pas été appelé aux jeux ce jour-là. Peut-être qu’il aurait choisir de devenir un paysan, un boulanger, ou alors de rejoindre les rebelles du treize. Il ne doutait pas – en outre – qu’il aurait fini par rendre la vie impossible au Capitole. Jérémy Lewis avait été un enfant des rebelles, qui avait grandi dans l’idée qu’un monde meilleur était tout aussi possible, à condition que des hommes forts aient la assez de courage pour se soulever contre le Capitole. Le courage, voilà une chose dont Jérémy Lewis ne manquait pas. Il avait grandi dans une famille défavorisée, et de ce fait il n’avait pas hésité à voler de la nourriture lorsque cela était nécessaire à la survie de sa famille et au bien être de sa petite sœur. Il ne supportait pas l’idée de la voir manquer de quoi que ce soit. Il ne voulait pas que Domino soit semblable à ces enfants dont le corps décharné faisait pitié à voir. Donc les joues creuses données l’impression qu’ils allaient s’effondrer à tout moment et redevenir poussière. Lorsqu’il était enfant, il avait toujours fait en sorte de Domino mange à sa faim, quitte à ce que lui saute des repas. Il n’hésitait pas à voler dans les champs, fouiller les poubelles de commerçants ou encore aller au-delà des barrières de son district pour chasser. Il n’était pas très doué pour cela en outre. Il savait faire autre chose : il pouvait faire du pain avait peu de chose. Une autre chose pour laquelle il était doué, c’était pour quémander toujours plus de tessarea. Il le faisait dans le dos de sa sœur bien souvent, et n’en parlait pas à son père de peur de l’inquiéter. Mais ce dernier n’était pas dupe, et il savait que c’était grâce à cela qu’ils pouvaient survivre. Alors, le risque de voir Jérémy partir aux jeux était vite dissimuler par le plaisir de voir Domino grandir et manger à sa femme. Devenir une jeune femme belle et séduisante. Elle n’avait pas ce corps maigre, elle n’était pas épaisse certes, mais elle n’était pas squelettique, et avec les entraînements que lui faisaient subir son frère on pouvait même dire qu’elle était belle. Elle était musclée, tout comme Jérémy, et semblait manger à sa faim. Ou tout du moins, manger convenablement. C’est pour cela que lorsqu’ils ont été appelés aux Jeux ils partaient déjà avec un avantage. Ils n’étaient pas diminués physiquement. Cela n’avait pas été sans sacrifice, mais cela leur avait sans doute sauver la vie. C’était un temps où Jérémy avait foi en l’avenir. Il regardait les filles qui habitaient dans son district, mais aucune n’avait jamais retenu son attention. Il croyait en l’amour, certes, mais l’avoir n’avait jamais été dans ses priorités absolues. Il pensait principalement au bien être de sa sœur. Car elle était tout ce qui importait à ses yeux. Il n’aimait qu’elle, et il n’avait de désire que de la voir vivre. Jamais plus, jusqu’à aujourd’hui, il n’avait aimé quelqu’un comme il avait pu aimer Domino. Il avait aussi deux petits frères jumeaux, mais à l’époque où il était parti aux Jeux, ils n’avaient pas encore l’âge d’y être appelé. De ce fait, il n’avait jamais eu à s’occuper d’eux comme il s’était occupé de Domino. De la voir grandir et s’épanouir. Devenir forte et courageuse. Il lui avait appris à se cacher, à se faire discrète, à viser un ennemi en mouvement, avec des couteaux principalement. Il l’avait vu s’intéresser aux herbes, à la médecine. Elle était altruiste et généreuse, et passionnément aimée dans le district onze. Lui beaucoup moins. Si Domino était la jeune femme adorable et aimante, lui était le grand frère protecteur et effrayant. Intimidant. Mais il était devenu le frère hypocrite, cruel et malfaisant. Il avait fallu quelques instants. Il avait alors décidé de survivre le temps de la sauver. Lorsque cette femme horrible avait pioché le nom de Domino. Il savait qu’il avait suffi de cela. S’il n’avait pas été appelé ensuite, il se serait porté volontaire. Sans nul doute cela aurait-il était une première dans l’histoire du district onze, mais il n’aurait pas hésité. À partir du moment où Domino avait été appelé aux Jeux, ils étaient condamnés tous les deux.

« Jérémy Lewis » Avait-elle appelé d’une voix doucereuse et nasillarde. Il s’en souvenait encore. Il n’oubliera sans doute jamais cette voix horrible qui l’avait hanté durant des années. Tout comme il n’oubliera jamais les visages des enfants qu’il avait tué dans l’arène pour protéger sa sœur. A partir du moment où Domino avait été appelé il avait oublié ses rêves d’avenir. Il avait laissé de côté son désire de fonder une famille aussi unie que la sienne, de devenir un jour un travailleur dans les champs. Ou encore d’être comme tout le monde. Il avait cessé de vouloir vivre. Il n’avait plus eut que pour désire de survivre assez longtemps pour la sauver elle. C’est tout ce qu’il voulait qu’elle vive. Parce que personne dans le district onze n’allait prendre sa place. Parce que personne n’aurait le désir de la sauver comme il en avait le désir ardent. C’est pour cela qu’il n’avait pas espérer voir quelqu’un se porter volontaire pour elle. Il n’avait pas le droit de demander cela aux gens de son district, ils souffraient déjà assez. De ce fait, il avait simplement inspirer profondément et il avait attendu le moment propice pour crier « je suis volontaire comme tribut » mais il n’en avait pas eu le besoin. Il avait été appelé lui aussi. Ironiquement il pensa que cela n’était pas dû au hasard. Que voir un frère et une sœur envoyés aux jeux était une chose assez excitante pour être préparé par le Capitole. Alors il avait quitté les rangs, et il s’était approché de l’estrade en faisant tête haute. Mais il avait pris sa décision alors. Il n’avait pu se l’avouer que lorsque son père était venu le voir à l’hôtel de ville pour leurs adieux. Jamais Phoenix n’oubliera ses mots. Il n’aimait pas y penser, mais quelque part il savait que c’était à ce moment-là qu’il avait reçu le premier coup assassin en plein dans le cœur. Il se souvenait de son père entrant presque timidement dans la pièce. Phoenix l’attendait sans rien dire. Il savait que son père était sans doute la seule personne qu’il verrait aujourd’hui. « Il faut que l’on parle fils. » Jérémy avait simplement acquiescé. Il ne souriait pas, il attendait simplement, regardant par la fenêtre les quelques rares lumières qui éclairaient le district onze. Seulement l’hôtel de ville, le reste était plongé dans la pénombre. Il aurait tout donné pour profiter d’un bon feu de cheminé entouré de sa famille. Avec sa mère morte des années auparavant. « Domino est encore jeune, elle ne mérite pas ce qu’il lui arrive. » Moi non plus. Jérémy n’avait pas eut la force de dire quoi que ce soit. Il savait que ce n’était pas tant des adieux qu’une supplication. Jérémy avait levé des yeux assassins sur son père qui semblait alors vouloir faire demi-tour. Mais tout ce que le garçon désirait c’était entendre son père le condamner. Il voulait qu’il lui dise vraiment ce qu’il avait sur le corps. « Jérémy, un seul de vous survivra. » le jeune homme sourit. Lorsqu’il disait cela son père ne pensait pas aux 24 autres participants qui seront avec eux dans l’arène. Non, il pensait uniquement à Jérémy et Domino. Il avait foi en ses enfants, et il savait que l’une d’entre eux reviendrait. « Ils ne la toucheront pas. » Assura Jérémy avec courage. Il était évident pour lui qu’elle survivrait. Lui n’avait pas le désire de vivre. Il ne voulait que la voir vivre, elle. Quitte à en mourir. Quitte à se tuer au dernier moment pour ne pas qu’elle ait à le faire. Il voulait la protéger comme toujours. Son amour inconditionnel pour sa sœur le mènerait à l’orée de la mort. « Bien. C’est tout je crois. » Oui sans doute… « C’est ce que maman aurait voulu sans doute. Aurevoir Papa. Prends soin des jumeaux. » Dit Jérémy avait une voix empli de déception. Son père marqua un arret sur le bas de la porte, et sans se détourner il soupira avant de partir. Jérémy se rassit et attendit le moment fatidique où il retrouvera sa sœur. Dés lors, il avait tout fait pour la convaincre qu’il se battrait pour vivre. Non pas pour qu’elle elle puisse vivre. Mais il avait échoué. Et finalement elle était morte. Il avait gagné les jeux, et il avait survécu jusque là, porté par la solitude et la recherche constante de plaisirs.

Jusqu’à Aileen. Avant elle Phoenix n’avait jamais aimé une femme. Il était encore puceau lorsqu’il était entré à son service. Non pas parce que idéologie, mais parce qu’il n’avait pas trouvé d’intérêt à l’amour et aux choses du sexe. Il s’était simplement laissé porter par la vie. Il n’avait rien fait. Il avait vaincu un an comme un vainqueur, puis au retour de la Tournée il avait disparu dans la nature. Dans l’immensité de son district. Les autorités du Capitole ne l’avaient pas toujours retrouvé pour qu’il mène à bien son rôle de mentor. Il n’était retourné qu’une fois ou deux au Capitole pour soutenir les nouveaux tributs. Mais il s’avait que c’était peine perdu. Car durant des années il ne s’agissait que de pauvres enfants qui n’avaient pas le désire de se battre. Ou alors qui n’avaient aucun motifs valables pour rester en vie. Lui il avait eut sa sœur, mais eux n’avait rien eut. Alors il n’avait trouvé l’intérêt de se battre pour la survie d’enfant qui se condamnaient. Il préférait de loin les laisser courir à la mort comme ils le voulaient et se laissait aller à sa petite vie tranquille. Mais un jour il avait simplement pris la décision de retrouver un intérêt à la vie. S’il était incapable de mourir, et qu’il n’avait pas le courage de se faire mourir, alors il devait simplement changer. Devenir quelqu’un d’autre et oublier Jérémy. Oublier les jeux, et sa famille. Il devait tout faire pour oublier Domino et changer. Il était devenu Phoenix, un nom choisi pour son symbolisme. Le Phoenix était un oiseau de feu, qui renaissait toujours de ses cendres. Jérémy s’était consumé dans la folie des jeux, il était revenu de ses cendres après des années. Mais il en était revenu, changé, plus fort. Pendant longtemps il avait réellement cru qu’il était quelqu’un d’autre. Avec Aileen il avait gout au plaisir du sexe, et à quelque chose de plus qu’il n’avait pas tout de suite accepté. Elle avait allumé en lui une flamme de passion qui ne s’était jamais éteinte depuis. Mais il lui avait fallu du temps pour accepter ce qu’il était devenu. Et encore aujourd’hui il avait du mal à accepter son passé, celui qu’il a été, celui qu’il était devenu, son amour pour Aileen, ses plaisirs passés, sa solitude, et son traumatisme. Car même s’il l’avait voulu, il n’avait jamais pu oublier la folie des jeux. Il n’avait pu oublier cet enfant qu’il était, tuant des gamins plus jeune que lui dans le seul but égoïste de sauver sa sœur. Il avait accepté de devenir un tueur. Il avait accepté de tuer des jeux pour le plaisir du Capitole, à sa demande. Pour le sauver, ou tout du moins pour faire régner la loi. Il avait tué des dizaines de personne d’une balle dans la tête. Il se souvenait de l’avoir fait. Mais il n’avait aucun souvenir de ce qu’avait pu être ces personnes ou leur faute. Il ne se souvenait pas de leur visage. Il prenait conscience de plus en plus qu’en réalité tous ses souvenirs étaient flous. Sauf en ce qui concernait l’arène. Il était incapable d’oublier la mort de Jérémy. Il était incapable d’oublier son meurtre, ou sa déception. Il sentait le poids de ses souvenirs, le besoin qu’il avait d’en parler. Mais il doutait que d’en parler à Aileen était une bonne chose. Elle aussi était une tueuse, mais il ne pensait pas qu’elle appréciait tant que cela ce métier que personne dans tout Panem ne pouvait convoiter. « Snow exige trop de moi. Toutes ces morts sur ma conscience... Je n'en peux plus, Phoenix. Ca me ronge. Ca me détruit. Le sang... Il ne part jamais, même quand je me lave les mains. Je ne peux pas effacer les souvenirs. » Il n savait que dire. Il savait qu’elle avait besoin d’en parler, et qu’il était sans doute la seule personne en ce monde avec qui elle pouvait être absoluement elle-même. Phoenix ne jugerait jamais Aileen, parce qu’elle représentait tout ce qu’il aimait à présent dans ce monde. Il se raccrochait à elle tel un naufragé perdu en pleine tempête. Il avait besoin de la sentir proche de lui, car ainsi il avait l’impression que sa solitude devenait une illusion, qu’il y avait quelqu’un en ce monde pour prendre conscience de son existence. Non pas seulement entant que pacificateur, que tueur, ou que gagnant des jeux. Mais en tant qu’homme. Aileen le voyait comme il était : un homme, fort, séduisant mais avec ses peurs et ses traumatismes. Un homme. Il prit Aileen dans ses bras, dans un geste de réconfort et de chaleur. Il ne voulait pas qu’elle souffre, mais quelque part il en était presque ravi. C’était affreux. Mais ce qu’elle ressentait, il le ressentait aussi. Il était moins seul dans sa douleur, et dans un sens c’était assez réconfortant. « Je suis incapable de me souvenir de leurs visages. Pas de ceux qui j’ai tué en tant que pacificateur… » Dit-il dans un souffle tout en lui caressant les cheveux dans un geste empli de tendresse et de réconfort. Il ne savait pas pourquoi il lui dit cela. Le message était équivoque et elle comprendrait sans doute qu’il parlait des jeux. Mais cela ne la réconforterait peut-être pas. Cependant pour Phoenix c’était déjà quelque chose de réconfortant, que de savoir qu’il n’était pas le seul ainsi traumatisé par ses meurtres. Elle aussi en souffrait. Il ne pouvait pas s’en réjouir, mais il pouvait au moindre se griser du sentiment de ne plus être seul dans cette situation. De pouvoir compter sur elle, encore une fois, pour le soutenir. Ils pouvaient partager ce sentiment avec elle, et peut –être que cela allait l’aider, à l’instar de la sauver. Car ce qu’il y avait de pire dans le sentiment d’être un monstre c’était cette solitude qui vous ronge jusqu’à ce qu’il ne reste de vous qu’un vague souvenir remplacé par des cris et des nuits d’insomnie à tenter d’échapper aux cauchemars. Si Phoenix pouvait trouver le moyen de sauver Aileen de cela, alors il le fera sans hésiter une seule seconde. Elle méritait mieux qu’une vie entière à se fuir elle-même. Alors il la serra contre lui, en espérant qu’elle aussi sentait sa solitude se dissiper dans cette étreinte. « Comment pourrais-je mériter l'amour ou même le respect de qui que ce soit, alors que je tue des innocents ? Pourquoi est-ce que je continue à vivre, jour après jour, alors qu'ils meurent ? Quel droit ai-je sur leur vie ? Il ne sut que dire. Il ne s’était jamais posé cette question principalement parce qu’il savait qu’elle ne trouverait pas de réponses satisfaisantes. En réalité, il se bornait à accepter une seule et bonne réponse à ce genre de question. Lorsqu’il se demandait pourquoi il assassinait des enfants sans frémir. Pourquoi il violait des rebelles sans honte. Pourquoi il torturait des hommes avec autant de plaisir. Parce que ce qu’il faisait était dicté par une instance suprême qui avait tous les droits sur la vie humaine, qu’importe que cela soit ou non moral. Ces meurtres étaient dictés au nom de la loi.

Il ne s’était jamais demandé si le fait de tuer un enfant était moral ou pas. Le monde autour de lui n’était dicté par aucune loi morale mais pas le désir d’un seul homme qui était connu pour son sadisme et son coup pour le pouvoir. Le Président Snow ne se contentait pas d’être le dirigeant de Panem, il faisait en sorte d’en être le tyran, et pour ce fait il dictait ses propres lois à mesure des jours et des circonstances. Un homme qui tente de tuer un pacificateur est condamné à mort. Normal. Une fillette affamée qui vole une poire pour tenter de nourrir sa famille, était une voleuse et devait être condamnée également. Au fouet, dans le meilleur des cas, mais dans le district onze, on appréciait les choses plus simples : une balle dans la tête. Si possible administrée devant un maximum de personne, sur la place publique. Les pacificateurs du onze n’étaient pas connu pour être des tendres, et la loi dictée par le Président Snow ils l’appliquaient à l’extrême. Ils étaient considérés comme des monstres sans aucune humanité. Des êtres abominables qui ne ressentent aucune compassion pour la vie humaine. La misère qui était de mise au district onze n’était pas forcément dû à l’unique répression fiscale imposée par Snow qui obligeait les habitants à donner au Capitole la quasi-totalité des récoltes. Elle était dûe également à ces pacificateurs qui ne font preuves d’aucune miséricorde, ni d’aucune pitié. Ils ne pardonnaient pas une faute commise par désespoir. Ils ne voyaient plus le désespoir dans le regard de ces habitants. Parce que ce désespoir était à la base de leur vie. Phoenix se nourrissait de ce désespoir pour vivre, car il ne lui restait rien de plus que le silence et la solitude sinon. Il ne pouvait pas vivre de néant, alors il vivait de la peur et de la solitude des autres. C’était plus simple que d’affronter sa propre solitude, et sa peur du vide constant. Il marchait sur la corde raide depuis des années, et il en avait parfaitement conscience. Mais il adorait cela en un sens, cela lui donnait l’impression d’être en vie. Loin d’exister en tant qu’homme, il existait en tant que pacificateur. Il avait un rôle, un métier, et cela lui donnait l’impression d’avoir quelque chose à faire. Cela lui donnait l’impression qu’il avait encore un avenir, ou tout du moins un rôle à jouer dans cette immense mascarade qu’était le monde. Après avoir été un enfant comme tout le monde, il était devenu un meurtrier, un paria, puis à présent, un monstre. Peut-être qu’un jour il arrivera à être un homme. Il n’en avait nul désire pour le moment, car être un homme signifiait se réaliser en tant que personne, en tant qu’être humain et en cela accepter d’être humain. Il était plus facile pour Phoenix de se considérer comme une machine à tuer, simplement, un meurtrier. Un être exempté de toute pitié, qui n’avait plus de cœur ou d’âme pour réussir à comprendre les hommes. Il ne voulait pas les comprendre, se poser des questions sur les raisons qui les poussent à voler, à piller, ou à mentir. Il n’en avait cure. Il se contentait de prouver leurs fautes et de les punir pour cela. Il agissait en fonction des ordres, et ainsi il se délivrait de toute forme de remord ou de culpabilité. Il ne faisait que répondre aux ordres. Il exécutait son méiter, comme d’autre le faisaient en coupant les blés en été. Pourquoi devait – il s’en vouloir ? Cependant, il était sans doute un des rares pacificateurs a pouvoir se poser aussi indifférent face à la nature humaine. Parce qu’il n’avait plus rien. Mais il pouvait comprendre pourquoi Aileen, elle, s’en voulait. Pourquoi elle était victime de ces remords, de ces regrets, et de ces interrogations. Aileen, contrairement à lui, n’avait pas tout perdu. Elle avait encore une famille, plus ou moins unis, au Capitole et dans le district deux. Phoenix le savait, le père d’Aileen n’était autre que le chef des pacificateurs du deux. Et son grand-père était un haut juge. Il savait tout cela. Tout le monde à Panem le savait. La jeune femme était proche du Président Snow, et de ce fait, elle avait des privilèges. Mais lourds de conséquences. Elle n’avait pas le droit à l’erreur, elle n’avait pas le droit de le décevoir. Elle était une meurtrière, mais elle ne l’avait pas choisi. Elle le subissait. Phoenix le comprenait, alors qu’il lisait dans son regard une souffrance longtemps enfouie.

Mais Phoenix continuait de croire qu’aucun d’entre eux n’étaient entièrement innocents. Ils avaient tous commis une faute, un jour ou une autre, ou rêvait d’en commettre une. Dans un monde tel que la société de Panem, la pensée et l’action avaient la même valeur. Au final il était rare qu’un homme ne soit pas pendu, que les preuves soient là ou pas. Cependant, tout le monde ne partait pas avec ce principes. Certains pensaient réellement que ces hommes avaient des raisons de se battre. Ces êtres, qui voyaient en l’homme un être innocent, terminaient souvent par rejoindre la rébellion. C’était bien la preuve que dans la tête des capitolistes et de Snow – sans doute – l’homme était coupable au départ, du pêcher de vivre. Son existence même le rendait coupable, tout comme sa pensée, son espoir un jour, son envie ou une simple idée pouvait lui valoir d’être fouetté. Mais en y réfléchissant, un homme qui vole un bien qu’il a travaillé, pour faire vivre sa famille, n’a-t-il pas raison de le faire ? lorsque les lois allaient à l’encontre de la morale l’homme n’avait –il pas des raisons de se battre ? Dans l’esprit de Phoenix tout cela n’était pas si simple. Ce n’était pas héroique que de se lever contre le Capitole dans une rébellion qui n’avait pas d’avenir selon lui. Il doutait que ces rebelles aient de meilleures idées pour la liberté et l’égalité. Leur haine allait à l’encontre de Snow, non pas pour sa politique. Les choses ne changeront jamais. « Je suis perdue, Phoenix... » Il se contentait de la serrer contre lui, lui confirmant ainsi qu’il la comprenait. Il ne savait que dire. Cette conversation n’était pas naturelle, pas alors qu’il s’agissait d’Aileen Carter. C’est elle qui lui apprit à tuer. Elle avait fait de lui ce qu’il était : un pacificateur parfait sans état d’âme et doué pour ce qu’il faisait. Pour tuer, pour torturer, pour faire respecter la loi. Il n’était pas perdu, car il avait accepté cela. Parce qu’il n’avait jamais reçu de mission qui lui semblait infondée. Il ne s’était jamais posé la question de savoir s’il avait raison ou pas de faire ce qu’il avait à faire. Ce qu’il faisait. Parce que les raisons qui l’avaient poussé à devenir un pacificateur était les mêmes qui l’avaient mené à Aileen. Il s’était sauvé de la mort, de la solitude, de la souffrance. De ce désespoir encré en lui, d’un enfant perdu qui ne savait pas qui il était, ce qu’il était. Il était devenu quelqu’un, et qu’importe qui était cette personne, il l’acceptait. Parce que c’était la seule chose qui soit réelle dans son monde. Il était Phoenix Lewis. Il était un pacificateur. Il n’avait besoin de rien d’autre. « Mais le pire... c'est que je m'aperçois que j'aime ça. Tuer, c'est affreux, et ça me rend folle... Mais quand j'appuie sur la détente... quand j'entends les cris... L'adrénaline me donne presque l'impression de vivre. » Il sourit. Evidemment, tout serait plus simple si cela réussissait à les répugner. Mais le fait de sentir ces cœurs battre au creux de leurs mains étaient bien plus intenses et appréciables que tout le reste dans ce monde. Le fait de posséder quelqu’un. Pas uniquement de le connaître, ou de savoir son nom, pouvoir deviner ses moindres mouvements, mais avoir un droit de vie ou de mort sur ces êtres. Se sentir comme Dieu. Car c’était bien de là que venait l’adrénaline lorsqu’ils appuyaient sur la détente. Ils se sentaient comme Dieu. Le fait de pouvoir simplement ôter la vie à un être d’un simple geste, qui n’avait rien de fatigant, ni rien de particulièrement incroyable. Appuyer sur une détente. N’importe qui pouvait le faire, mais la loi n’autorisait pas n’importe qui à avoir ce pouvoir. Le pouvoir, voilà ce qui régissait la vie des hommes et même à Panem. L’envie de pouvoir, la soif de pouvoir, c’est cela qui motivait les êtres dans leurs recherches d’éternité et de reconnaissances. Le fait de pouvoir contrôler la vie des autres, d’avoir un impacte sur leurs décisions, c’était une sensation incroyablement agréable. La puissance, le fait de se sentir important, le fait de se sentir invulnérable. Et l’apogée de cette émotion était atteinte lorsque vous pouviez choisir de laisser la vie à une homme ou de la lui prendre. Il n’y aviait rien de plus appréciable en ce monde que cela. Pouvoir jouer à être Dieu. Pouvoir choisir de sauver un homme ou de lui prendre sa vie. « C’est le pouvoir, Aileen. Rien de plus que le pouvoir. Cela aura notre perte à tous. » La vie alors devenait un élément fragile. Qu’était-ce la vie finalement ? ce souffle qui emplissait ses poumons ? ce battement qui rythmait son cœur ? ces pensées qui emplissaient sa tête ? qu’était-ce la vie, sinon un hasard, un évidence. Une erreur. Mais le pouvoir qui venait avec ce plaisir était si enivrant qu’il rendait les hommes fous. Il était peut-être temps que Phoenix et Aileen se rattachent à quelque chose d’autre, de plus pure, de plus … humain.

« Je suis en train de m'effacer, Phoenix. » Il serrait les dents en entendant cela. Il n’aimait pas être le témoin de sa souffrance, de ses peurs et de ses inquiétudes. De ses doutes. Il n’aimait pas la voir fragile, car cela le renvoyait à ses propres peurs. Il les refusait, car elles lui rappelaient constamment ce qu’il avait pu être. Alors, il passait outre et ne sachant que dire il se contentait de l’écouter. Elle avait besoin d’en parler, elle se raccrochait à lui à cet instant. Il comprit que cette discussion marquait un tournant dans leur relation. Quelque chose était en train de changer. Aileen lui avait donné sa confiance, aujourd’hui elle lui offrait tout le reste : ses peurs, ses craintes, ses faiblesses. Ce qui était étonnant, c’est que cela la mettait en danger. Phoenix était capable de la détruire. Il lui suffirait pour cela d’un geste, d’un coup de téléphone, d’une lettre. Mais il n’en ferait rien, car les sentiments qui le liaient à Aileen était bien trop forts pour qu’il puisse allait contre. Il avait besoin d’elle, et si elle avait besoin de se confier à lui, alors il l’écoutait. Il faisait en sorte qu’elle se sente bien, en sécurité auprès de lui. Il était attaché à elle, depuis le premier jour. Elle était sa première maîtresse, elle était la femme qui l’avait sauvée de la mort et de la solitude. Il lui devait tout. Alors, l’entendre parler ainsi de ses sentiments le blessait. Elle souffrait. Lorsqu’elle disait qu’elle s’effaçait le message était clair mais il ne pouvait pas l’accepter. Ces morts qu’elle avait sur la conscience étaient simplement en train de la tuer à petit feu et elle ne pouvait rien faire pour l’éviter, sauf peut être prendre des médicaments prescrits par le Capitole. Car comment pourrait-elle survivre à cela sinon ? Elle n’était pas assez forte, elle seule avec sa conscience et les hurlements de ses victimes qui lui déchiraient les tympans. Les visages de ses victimes, qui toujours venaient la hanter lorsqu’elle fermait les yeux. Phoenix se demanda si tout comme lui elle avait peur de s’endormir. Si tout comme lui elle chassait le sommeil. C’était un traumatise qui avait beaucoup aidé Phoenix lors de sa formation il fallait l’avouer. Le fait de ne pas supporter l’idée de dormir l’avait aidé lors des missions où Aileen l’avait contraint à rester éveillée plusieurs jours d’affilé. Il avait l’habitude. Depuis les Jeux de la Faim il avait compris que le sommeil était un ennemi redoutable. Car après tout, c’est durant son sommeil que sa sœur a quitté sa cachette pour se faire assassiner. Depuis il avait peur, constamment, de fermer les yeux. Il avait beau n’avoir plus rien à perdre, le sommeil restait un moment redouté pour le pacificateur. Il ne voulait pas dormir. Il ne voulait pas rêver. Ces rêves où constamment, ces enfants venaient crier à l’injustice. Ces enfants, qui auraient peut être étaient de meilleurs vainqueurs que lui. Lui, qui était devenu un tueur. Il soupira. Oui… Lui aussi avait du sang sur les mains. Et lui aussi s’était effacé à force de tuerie. Pour renaître de ses cendres. « Chaque jour, je disparais un peu plus. Et ça me fait tellement peur... Ces cachets que je prends, ils me font oublier qui je suis... Qui je veux être. » Il fronça les sourcils. Si elle ne supportait pas de prendre les cachets que le Capitole lui prescrivait, mais qu’elle ne pouvait pas non plus supporter le souvenir de sa culpabilité et de ses meurtres, comment vivra-t-elle ? Phoenix était inquiet. Il ne voulait pas la perdre. Pas elle. Il n’y survivrait sans doute pas. Il ne savait pas quoi faire ou que dire pour la sauver. Car il s’agissait bien là de la sauver. Il l’écoutait, et ses mots sonnaient comme une alarme, un appel désespéré. Le dernier appel. La dernière chance. Phoenix devait absolument trouver ce qui pouvait sauver Aileen d’elle-même. Il l’écoutait, la regardait, posant sur elle un regard brillant de crainte et d’un sentiment profondément enfui en lui depuis le premier jour de leur rencontre, mais qu’il n’acceptait pas encore tel quel. « Mais... Quand je suis avec toi... » Il retint sa respiration. Ses mots n’avait pas de sens. Il ne pouvait croire ce qui allait suivre, il ne voulait pas l’espérer. Cela marquerait la fin d’une époque. Le début d’une air nouvelle. « Je me retrouve. » Il posa sur elle un regard brillant. Son cœur se mit à battre rapidement dans sa poitrine, et il eut le désire de l’embrasser. Mais il n’en fit rien. Tout cela était bien trop brillant, évident, et inespéré. Elle mourrait à petit feu, mais sous son regard, elle allait renaître.

C’était une déclaration d’amour, tout du moins le voyait-il ainsi. Aileen venait de passer une frontière qu’il leur était interdit de franchir. La raison n’en était pas professionnelle, ni même du fait de leur différence d’âge ou de métier. La raison était plus profonde, plus tordue, et à cette instant, ce n’était pas suffisant pour les empêcher de se révéler leurs sentiments. Phoenix comprenait pourquoi il était terrifiant de se laisser aller à ces sentiments qui les tiraillaient. Ils risquaient leurs vies dans cette affaire. En y réfléchissant de plus près plusieurs raisons les poussaient à ne pas s’aimer, ou tout du moins à continuer cette relation non-officielle et infructueuse. Car qu’importe ce qu’il en pensait tous les deux, il était évidemment que cela ne les menait nul part. Pourtant, à chaque fois qu’ils se retrouvaient il semblait difficile de les séparer. Phoenix avait de plus en plus de mal à chaque rencontre à laisser Aileen lui échapper. Il avait peur de ne pas la voir revenir vers lui. Pourtant, jusqu’à aujourd’hui s’accoutumer tout à fait de l’idée qu’elle ne lui appartenait pas. L’idée même qu’elle couche avec d’autres hommes que lui ne le révulsait pas. Tout du moins il arrivait à maîtriser la jalousie en se persuadant qu’elle n’était pas sa petite amie, sa fiancée ou sa femme. Il n’avait aucun droit sur elle, et il pouvait même se satisfaire de ce qu’elle acceptait de lui offrir. Ils étaient bien lorsqu’ils étaient ensemble. Phoenix en venait même à se demander quand est-ce que les choses étaient devenues plus compliquées entre eux. Après tout, ils semblaient bien s’accommoder à cette relation à distance, sans complication, et sans lendemain. Mais ils étaient aussi deux être profondément seuls et apeurés par ce qu’il pourrait advenir dans un futur proches. Ils flirtaient avec la mort impunément, et bien vite, ils risquaient de perdre toutes leurs accroches à la vie. En ce qui concerne Phoenix, il avait déjà tout perdu. Avant Aileen il avait vécu comme un zombie, sans réel sentiment d’être vivant. Il marchait telle une ombre, incapable de vivre et incapable de se laisser mourir. Seul, et faible. Surtout faible. Aileen lui avait insufflé une force qu’il ne maîtrisait pas vraiment. Il était devenu plus courageux et plus fort. Aujourd’hui, au lieu de vouloir se jeter dans les bras de la mort, il voulait devenir son allié. Cependant, il savait qu’il était tout de même sur la limite, et qu’il risquait fort bien de se laisser sombrer dans le néant, si jamais rien de le retenait à la vie. C’est peut-être pour cette raison qu’il s’accrochait à Aileen comme un naufragé. Les instants qu’il passait avec elle était empli d’une vivacité et d’une envie de vivre redoublés par leur connaissance intime de la mort. Ils étaient sans doute les êtres les plus passionnés qu’il eut pu exister à Panem. Et pour cause, aucun autre habitant n’avait vu la mort d’aussi près. A présent qu’ils étaient deux face à la faucheuses, ils avaient deux fois plus de raison de tenir bon, et de ne pas se laisser engloutir par le silence de la mort et l’atrocité de leurs meurtres. Ils pouvaient se battre pour vivre. Survivre. Ils devenaient enfin eux-même.

Cependant les choses ne s’arrêtaient pas là, et Phoenix sentait qu’il arrivait à un moment de sa vie où il était nécessaire qu’il prenne une décision. Les choses allaient rapidement, trop rapidement pour lui, et il était apeuré, et excité. D’une part il y avait Aileen, qui aujourd’hui se dévoilait à lui comme jamais. Ensuite, il y avait Kamaria qu’il avait adopté quelques semaines plus tôt, remédiant à sa solitude. Enfin, il y avait la nouvelle atroce de la résurrection de Domino. Phoenix avait du mal à l’accepter, et pour cause. Les souvenirs de sa sœur étaient une chose qu’il gardait profondément enfoui en lui, persuadé qu’ils seraient à jamais des reliques d’une vie où il pouvait encore être heureux, et se satisfaire de ce qu’il avait. Uniquement de cela : sa petite sœur et son sourire. Il se serait battu jusqu’à la mort pour ca. La sienne, malheureusement, car c’est bien Domino qui avait parti de cette passion que son frère avait pour elle. C’était plus qu’un amour fraternel, Jérémy et Domino étaient inséparables, et le jeune homme avait toujours tout fait pour qu’elle ne manque de rien et puisse sourire, profitant de la vie comme si elle fut la plus belle de tout Panem. Domino restait une princesse dans l’esprit de Jérémy, de Phoenix. Cependant, il restait certains souvenirs que Phoenix n’arrivaient pas à expliquer. Il n’arrivait pas simplement à accepter l’idée que Domino n’eut pas toujours était une Lewis. Il avait quatre ans quand elle est arrivée dans sa famille, et il est vrai qu’il ne gardait aucun souvenir de sa mère enceinte avant elle. D’ailleurs, il se souvenait avoir été très surpris de voir son ventre répondit lorsqu’elle est tombée enceinte des jumeaux quelques temps après l’arrivée de Domino. Il ne comprenait pas tout cela. Ou plutôt il arrivait à trouver une réponse à ces questions, mais une réponse qui était presque insupportable. L’idée d’avoir pris la vie de sa sœur lui était insupportable et il vivait avec celui depuis des années. Alors il ne pouvait tout simplement pas accepter le fait que ce n’eut pas été vrai. Que Domino lui ait menti. Cela ne ressemblait pas à sa petite sœur, sa chère petite sœur qui ne jurait que par lui. Qui vivait dans un monde où il était son protecteur et son meilleur ami. Phoenix ne pouvait pas simplement comprendre pourquoi elle ne lui avait rien dit. L’idée qu’elle fut prisonnière de ses parents au Capitole ne lui avait pas même effleurer l’esprit. L’idée même qu’elle ne fut pas réellement une Lewis ne vint à lui qu’en désespoir de cause. En posant la question à Aileen, il espérait presque qu’elle démente ses propos. Qu’elle le rassure et lui promette qu’elle était sa petite sœur. Une véritable Lewis. La fille de ses parents. Il voulait croire qu’ils étaient liés par le sang. Parce qu’ainsi il aurait de véritable raison de lui en vouloir. Si elle n’était pas vraiment sa sœur alors il ne lui restait que la désillusion et la solitude mortifère. Il ne comprenait pas vraiment ce sentiment d’injustice et de peur qui s’insinuait en lui à l’idée que sa sœur ne fut pas réellement sa sœur biologique. L’idée que des capitolins se soient joués des Lewis de la sorte ! Il repensa aux discours amers de son père alors qu’il le virait de la maison à son retour des Hunger Games. Il se souvenait des accusations de ses frères alors qu’ils pensaient que Jérémy avait tué Domino. Il se souvenait des cauchemars, et des pleurs, du désespoir profond. L’idée que cela soit le résultat nécessaire pour qu’un couple de riche récupèrent leur petite princesse.

Il se souvenait des retrouvailles avec sa sœur. Il l’avait reconnue avec peine alors qu’elle était affublée des habits à la mode ridicule du Capitole. « En effet, ce sont ses vrais parents. » Les mots d’Aileen s’insinuaient doucement en lui. Il lui semblait ne pas les comprendre, en pas vouloir les entendre. Il ne comprenait pas ce qu’elle disait. C’est pourquoi il resta stoïque. Il avait beau prétendre être fort, en ce qui concerne sa sœur, il restait profondément fragile et colérique. Il risquait à tout moment de perdre contenance et de simplement laisser exploser sa rage. Domino était le point de départ de sa déchéance, si elle n’étiat pas morte dans ses bras sans doute n’en serait-il pas là aujourd’hui. Sans doute n’aurait-il tué personne. Et peut être même n’aurait-il pas gagné les jeux. Il serait donc mort à l’heure qu’il est. Cela aurait sans doute éviter beaucoup de désagrément aux rebelles. Il se demanda alors ce que serait Aileen ? Peut être serait-elle simplement égale à elle-même. Sans amour, carnassière et cruelle. Est-ce qu’elle serait tombée amoureuse d’un autre homme ? Car il s’agissait bien de cela. C’était de l’amour que Phoenix voyait dans le regard brillant et inquiet d’Aileen, dans ses gestes et ses paroles réconfortantes et sincères. Il se rendit compte alors qu’il ne savait rien de son passé amoureux. Est-ce qu’elle avait aimé un autre homme avant lui ? cette idée lui était désagréable. En réalité, il désirait garder Aileen pour ses bras, pour lui seul. Egoiste. Il avait peur de passer cette frontière cependant. Parce qu’il n’avait pas le droit de le faire. Cependant, alors qu’ils parlaient de Domino, il se reposait sur Aileen. Elle était sa bouée de sauvetage, et il s’accrochait à ses mots comme un naufragé. « Domino… s'appelle maintenant Renata McFeit. Ses parents sont riches... Mais ce n'est pas le plus important, Phoenix. C'est toujours ta petite soeur... celle que tu aimais, avant. » Il resta silencieux pendant un instant. Renata McFeit. Ce nom ne lui était pas totalement inconnu. Il crut se rappeler d’un juge ou d’un homme de haut rang au Capitole qui s’appelait ainsi. Durant un instant il s’imaginait aller au Capitole pour assassiner cet enfoiré pour lui avoir pris sa sœur. Il s’imaginait parfaitement, habillé dans son uniforme, posant la pointe de l’arme qu’Aileen lui avait offert sur sa tempe avant de simplement tirer. Peut-être, par pure poésie, aurait-il dit quelque chose de fort. De violent. Ou alors il l’aurait tué de loin. Dans la foule lors des jeux. Mais cela risquerait d’être vu comme une action rebelle. Cependant peut être que c’était une solution finalement. Cela apprendra à Snow à jouer ainsi avec ses soldats comme s’ils étaient de vulgaires pions en plomb, sans émotions et sans sentiment. Cependant, si Phoenix était découvert et attraper il n’en reviendrait pas, cela il le savait. Et il n’avait pas le désire de mourir. De même il se demanda comment réagirait sa sœur s’il en venait à tuer son père « biologique » puisque apparemment c’est ce qu’il était. Est-ce qu’elle en voudrait à Phoenix pour cela ? Est-ce qu’elle le suivrait ? Et pour aller où ? Il ne pouvait pas la sauver de son père, il ne pouvait pas la mener vers les rebelles et il ne pouvait sans doute pas la garder chez lui. Il était coincé. Qu’y avait-il de plus à en dire ? « Non elle… C’est plus compliqué que je ne pensais. Oublions cela pour le moment. » Dit-il dans un souffle. Il était fatigué, vidé de toute sa force physique. Finalement, en y réfléchissant, la seule chose qu’il avait besoin de savoir c’était que sa sœur était en vie. Il n’y avait rien de plus important que cela à ses yeux. Sa petite sœur, qu’il aimait plus que tout au monde, était encore en vie. Elle était quelque part dans Panem, et elle était sans doute heureuse. Ou tout du moins ne manquait-elle de rien. Alors Phoenix sut qu’il aurait la force d’aller la voir. De lui parler. De la protéger à nouveau. Parce que rien n’était plus important que cela : ils avaient survécu aux jeux, ensemble. Tout les deux.

Il avait du mal à accepter cette nouvelle condition. Il n’arrivait pas encore à totalement prendre conscience de ce qu’il était en train de se passer. Serait-il possible qu’il quitte enfin la solitude d’une existence faite de sang et de meurtre. De destruction. Car il s’agissait bien de cela. Une destruction totale de ce qu’il pouvait y avoir d’humain en lui. Il n’était pas réellement sur d’être capable d’une once d’humanité encore aujourd’hui. Il était capable de sauver la vie d’une enfant parce qu’elle lui rappelait sa propre douleur, mais cela pouvait tout aussi bien être l’expression de son égocentrisme. Il était un homme comme les autres, qui s’intéressait bien plus à ses problèmes qu’à la douleur des autres. Qui trouvait toujours que sa souffrance était bien plus atroce que celle des autres autour de lui. Cependant, durant longtemps il avait tout simplement mit de côté ces idées sur la douleur et la solitude. Il avait simplement vécu de rencontres et de possibilités qu’il avait su saisir au bon moment. Il avait rencontré bon nombre de gens. Mais est-ce qu’ils avaient vraiment compté dans sa vie ? Il avait des collègues qu’il considérait presque comme des amis. Cependant il ne leur faisait pas vraiment confiance. Sauf peut être en ce qui concernait Hunter et qui était quasiment son maître à penser. Cet homme était sans nul doute le plus cruel qu’il eut rencontré, et il idolâtrait sa manière de faire, de tuer, de détruire, de torturer. Il arrivait à Phoenix de se demander ce que cacher Hunter. Du point de vue du Pacificateur un homme ne pouvait pas être né et éprouvé autant de sadisme, être aussi cruel avec ses paires par simples instincts. Hunter cachait quelque chose. Une blessure profonde, une meurtrissure cruelle. Tout comme Phoenix. Tout comme Aileen. Le pacificateur en venait presque à ce dire que c’était pour cela qu’il aimait tant ces deux personnes. Elles comptaient plus pour lui que n’importe qui en ce monde. Sauf peut être Domino aujourd’hui, mais il restait encore indécis en ce qui concernait la manière dont il devait agir avec la jeune femme. Est-ce qu’il devrait aller la voir ? La sauver de ses parents ? La pardonner ? se faire pardonner ? et de quoi … Arrête d’y penser Phoenix. mais il n’y pouvait rien. Ses pensés le ramenaient toujours auprès de Domino.
Il préféra se concentrer sur Aileen. Elle le fascinait. Il était comme un papillon attiré par la lumière de sa magnificence. Cela lui apparaissait comme une évidence alors qu’il se trouvait auprès d’elle. Son cœur battait plus vite, son regard se voilait, et son corps entier était attiré irrévocablement vers celui de la jeune femme. Il l’admirait. Elle n’avait pas vraiment changé depuis la dernière fois qu’il l’avait vue. Elle était toujours aussi belle. Elle lui apparaissait toujours comme étant la plus belle femme qu’il eut connue de sa vie. Son regard froid et victorieux. Sa bouche pulpeuse et attirante. Ses longs cheveux de feu qui entouraient son visage de poupée. Elle était d’une beauté fatale, presque cruelle. Mais au-delà de cela Phoenix voyait autre chose. Dans son regard bleu clair, elle voyait de la mélancolie. Dans ses mots violents et sarcastiques, il voyait une peur de l’attaque, un moyen de se défendre, de se cacher. Il voyait la manière qu’elle avait de repousser ses mèches en arrière quand elle était en colère, de les faire revenir devant quand elle était gênée, de jouer avec quand elle était mal à l’aise. Aileen avait quelque chose de fragile en elle, que peu de personne avait su percevoir. Tout du moins c’est que Phoenix pensait. Sinon il semblait évident qu’elle ne serait pas tant craint à Panem. Les gens faibles et blessés – et qui surtout le laissait paraître – n’étaient pas craint, ils étaient grisés, et souvent abattus rapidement. Les pacificateurs qui survivaient étaient ceux qui cachaient leurs émotions. C’est pour cela qu’Hunter était des personnes les plus craints de Panem. Parce que les gens ne percevaient que le monstre en lui. Ils n’arrivaient plus à voir l’homme. Phoenix laissait encore parfois l’homme faire surface, mais à de rare occasion. Quant à Aileen, du fait de ses relations étroites avec le Président, elle avait du se résoudre à n’être qu’une machine à tuer. Elle n’avait pas eu le choix de garder cette lueur d’humanité dans le regard. De la pitié. Elle n’en avait pas. Pas tant que le Président la gardait sous son contrôle. Grâce à ses cachets et des punitions cruelles. Phoenix était parfois plus prompt à détruire le président que les rebelles. Notamment lorsqu’il s’agissait d’Aileen. Le Pacificateur serait prêt à tout pour la voir heureuse. C’était bien en cela qu’il était dangereux pour elle.

Mais la solitude commençait à le ronge, et il ne supportait plus l’idée de vivre seul. Loin d’elle. Il s’en était accoutumé jusqu’à présent. Mais au vu des récents évènements, il apparaissait de plus en plus évident à Phoenix que les choses n’étaient pas si figées à Panem. Il ne s’agissait pas seulement de se choisir un rôle et de le jouer à la perfection jusqu’à sa mort. Les gens pouvaient prendre la décision de changer, de faire d’autres choix, d’aller dans une autre direction. Lui n’avait pas encore bougé. Il se trouvait à un carrefour et il devait absolument prendre une décision cruciale. Il pouvait continuer sur le même chemin, seul et noir, froid. Il s’ennuyait dans son existence. Il le savait. Cependant il devait se rendre à l’évidence que le chemin ne sera plus jamais le même. Il aviat Kamaria aujourd’hui et ne serait-ce que cela lui ôtait sa solitude. Alors il pouvait s’offrir une autre vie. Une vie où il s’autorisait à aimer. A ne plus être seul. C’était une chose interdite pour un pacificateur, et il avait eu la preuve que cela pouvait mal finir lorsque l’être aimé disparaissait. Mais il n’en avait cure. Soudainement il sut qu’il avait fait son choix. La seule chose qui lui restait à faire c’était de convaincre Aileen de prendre ce chemin avec lui. Cela ne serait sans doute pas une mince à faire, car la jeune femme était prisonnière de la peur qu’elle ressentait pour Snow, et de ce fait des règles qu’il lui imposait. Mais Phoenix se sentait bien assez fort pour convaincre Snow. Il se sentait bien assez fort pour déplacer des montagnes pour elle. Il ferait tout pour elle ; pour qu’elle n’ait plus peur. C’était sans doute illusoire, et très niais, mais c’est ainsi qu’il le ressentait. Il voulait la protéger, c’est tout ce qu’il désirait. C’est d’ailleurs toujours ce qu’il faisait quand ils étaient en mission avec elle. En général il laissait de côté les ordres pour rester dans son ombre et s’assurer que rien de fâcheux ne lui arriver. En liant sa vie à la sienne, il savait que cela serait d’autant plus insupportable de la voir partir en mission. Que la peur de ne pas la voir revenir le rendrait sans doute fou. Mais il n’en avait cure. Il préférait de loin être avec elle, que loin d’elle. Il préférait de loin la protéger que la voir le quitter encore. Et il préférait de loin mourir pour elle plutôt que mourir sur un ordre de Snow. Il se fichait de Snow. Il ne vivait que pour Aileen, et cela depuis longtemps. Il voulait qu’elle soit fier de lui, de ce qu’elle avait fait de lui. Un tueur, certes, mais de talent. « Tu arrives toujours à voir le meilleur en moi. » Il sourit. Elle ne semblait pas convaincue par ses paroles, mais il n’en avait cure. C’est ainsi qu’il la percevait, alors pourquoi devait-il lui mentir. Il ne voulait pas lui mentir. Pas à elle. Elle méritait de voir l’homme derrière le masque de pacificateur. N’était-ce d’ailleurs pas elle qui avait voulu le découvrir. Ce soir-là, lorsqu’elle lui avait autorisé à l’appeler par son prénom. Elle avait voulu devenir plus humaine sous son regard. Phoenix ne pouvait qu’en faire autant de son côté. « Et toi tu as su faire sortir ce qu’il y avait de mieux en moi. » Dit-il sur le même ton. Dans un murmure d’assentiment. Il continua sur sa lancée. Il sentait qu’il perdait le contrôle. Il devait faible, révélant à Aileen des choses qu’elle ne devait sans doute pas savoir. Ses sentiments pour elle, principalement. Une chose qui leur était interdite. Ils le savaient tous les deux, mais ce soir-là Phoenix avait décidé de briser ce mur de silence entre eux. Cela faisait longtemps qu’il se trouvait sur leur chemin. Il s’était aminci avec le temps et aujourd’hui il suffisait qu’un mot à Phoenix pour le briser entièrement.

« Ne dis pas ça, s'il te plaît. » La voix d’Aileen résonnait comme une mince supplication à côté de la ferveur de Phoenix. Il sentait qu’elle lâchait prise, mais comme il l’avait prévue, elle était plus dure à convaincre que lui. Il voyait là la marque de Snow. La solitude dans laquelle il avait enfermé Aileen de peur de voir son jouet lui échapper, devenir moins performante. Phoenix ne pouvait pas accepter de voir Aileen restait seule plus longtemps. Il voulait la sauver. De Snow, de la solitude, d’elle-même si c’est ce don elle avait besoin. Il était devenu son meilleur soldat. Pas parce qu’il avait le désir d’être un puissant pacificateur. Mais parce qu’il se battait sous ses ordres à elle. Pour qu’Elle soit fière de lui. Depuis toujours, depuis qu’il était arrivé à l’école des pacificateurs, ses actes étaient hérigés pour Aileen, pour qu’elle ressente cette fierté d’avoir compté pour quelqu’un. Phoenix vivait pour elle, pour cela. Uniquement. Si elle désirait qu’il devienne un rebelle il en deviendrait sans doute un. Il était prisonnier des paroles et des ordres de la demoiselle. Il lui était entièrement soumis. CE n’était plus même de la confiance, c’était de la dévotion que le jeune homme ressentait pour cette femme. Mais il n’avait pas le droit de le lui offrir. Parce qu’il savait qu’Aileen ne lui était pas indifférente non plus. Elle n’était pas froide avec lui, pourtant le comportement de Phoenix aurait mérité quelque réprimande. Elle pouvait sans doute le faire torturer ou tuer pour ses déclarations et son amour pour elle. Un pacificateur n’avait pas le droit d’aimer, et encore moins au grand jour. Mais l’amour ne Phoenix n’était pas une liberté, c’était une prison dans laquelle il vivait depuis longtemps. Il ne vivait que pour cela en outre. S’il se liait à Aileen, Phoenix n’en deviendrait sans doute que plus redoutable, plus cruelle ou plus imprudent encore. Il n’aurait plus aucune limite. Pour elle. Toujours pour elle. Mais cette extravagance devait pour le moment être cachée à la jeune femme. Elle ne l’accepterait sans doute pas. De plus, Phoenix lui-même avait du mal à l’accepter. Il en avait conscience mais cela l’effrayait plutôt que de le rendre plus heureux encore. Il savait qu’il avait placé sa vie entre les mains d’Aileen. L’amour qu’il lui portait n’était qu’un pis-aller. Une chose en plus. Un rien. C’était la déclaration d’un avoir qu’elle possédait depuis toujours. « C'est... difficile pour moi, de t'entendre dire des choses pareilles. » Il ne pouvait pas répondre à cela. Il devait laissé ses mots faire effet. Il croisait les doigts, espérant faire flancher la volonté d’Aileen de rester seule. De le protéger d’elle et de Snow. Sans doute. Surtout. Mais il se fichait de Snow. Il ne le craignait pas. Pas lui. Il comprenait les risques cependant et les raisons qui poussaient Aileen à vouloir le repousser à refuser ce qu’il lui offrait en tout état de cause, en toute conscience. Il ne répondit rien, mais ne la quitta pas des yeux. Elle était perdue, il le voyait. Elle essayait de trouver une raison à tout cela. Mais cette passion n’avait nulle raison. Elle était simplement, elle flamboyait en eux comme une lueur nouvelle. Cruel, dangereuse, mais violente. Elle pouvait faire d’eux des dieux. Phoenix n’allait pas faire marche arrière, c’était bien trop tard. Il partait vers un chemin plus abrupte que l’autre, plus dangereux, et peut être sans doute empli de pièges douloureux. Mais il voyait au loin cette lumière qui l’attirait. Il savait que cela ne pourrait que bien finir. Parce qu’au bout de ce chemin, il aimait à croire qu’il se trouvait une chose qu’ils attendaient tous les deux : la liberté.

Ils étaient des monstres. C’était ainsi que Snow voulait qu’ils soient perçus par le reste des habitants de Panem. Par le reste du monde. Lorsqu’ils se réveillaient le matin, se regardant dans la glace, nus et à l’abris des regards, il découvrait un corps tuméfiés et marqués par les tortures, les punitions et la haine. La colère qui les habitait. Ils n’étaient pas moins humains que les autres, mais la colère qui les habitaient les rendait plus violents et plus cruelles. En tout cas c’était le fait de Phoenix. C’était ainsi qu’il se percevait. C’est ainsi qu’il voulat voir les choses lorsqu’il se découvrait capable de tuer une enfant ou une femme enceinte. Il ne regrettait pas ces morts, il n’arrivait pas à les pleurer ou à espérer les voir lui survivre dans un monde meilleur. Un paradis, en dehors de la terre, où ils vivraient tous après leur mort injuste pour le maudire de toute éternité. Il ne croyait pas à un après, en réalité. Pour lui, l’univers entier n’était que néant. Il ne croyait pas à une vie après la mort, il ne croyait pas à une possible possibilité de devenir meilleur pour l’homme. Il ne croyait pas au pardon, à l’absolution. Il était bien trop marqué par ses pêchers pour oser croire qu’un jour il pourrait se pardonner pour ce qu’il avait fait. Il ne pensait en général pas au mal qu’il pouvait faire en tant que Pacificateur, et même si – au début – il avait pu profiter de son rang de soldat, aujourd’hui il se contenter de respecter les ordres à la lettre, du mieux qu’il pouvait. Au début, il torturait, violait, ou profitait de la faiblesse de ses victimes. Aujourd’hui il faisait de même – le viole en moins – pour découvrir leurs pêchers, et les tuer à leur tour. Il ne devait pas s’en vouloir pour cela, car il était persuadé qu’ils l’avaient mérité. Non, s’il y avait bien une chose pour laquelle il ne pardonnerait pas, c’était d’avoir envoyé ce couteau dans la gorge d’un enfant terrorisé. D’avoir assassiné cette enfant endormir trop proche de sa cachette. De s’être battu avec cette enfant qui ne rêvait que de sortir de cet enfer comme lui. Tel était les règles du jeu, sans doute, mais il n’avait pas été obligé de tuer, Lui. S’il ne l’avait pas fait, un autre tribut s’en serait sans doute chargé. Comment pouvait-il se pardonner pour cela ? Il avait pris des vies innocentes. Les vies des coupables qu’il prenaient aujourd’hui n’étaient rien comparés à ce qu’il s’était passé dans l’arène. Oui, il était un monstre. C’était sans doute pour cela qu’il avait été autorisé à devenir Pacificateur. Parce que les autres l’avaient perçus également. Cette cruauté, cette monstruosité que les gagnants des jeux possédaient. Elle était exacerbée. C’est pour cela qu’ils gagnaient. Parce qu’ils étaient des tueurs de talent. Rien ne pouvait les sauver de cela, les pardonner de cela.

Est-ce qu’alors il pouvait avoir le droit d’aimer ? Il ne se posait pas même la question. Ce n’était pas un droit, quelque chose qu’il pouvait simplement décider, en réalité. C’était une évidence, c’était une chose qu’il possédait, en lui. Qu’il l’habitait. Cet amour qu’il possédait pour Aileen était une évidence à laquelle il s’accrochait et rien ni personne ne pourrait sans doute le convaincre de l’oublier, de passer outre, ou de l’ignorer. L’amour était un poison, une cruauté sans limite pour son possesseur. Mais c’était également une force. Il n’avait aucune limite dans ses actes lorsqu’il s’agissait de se battre pour Aileen. Elle était … sa muse. Elle était tout. Absolument tout. « Je n'ai pas le droit d'aimer. Je sais ça depuis toujours. Avant, ce n'était pas un problème, mais depuis que je te connais... » c’était la même chose pour tous les soldats du Capitole. Cette règle était essentielle chez les Pacificateurs, mais Phoenix ne connaissait pas un seul d’entre eux qui réussit à la respecter jusqu’à la fin de sa vie : un pacificateur ne devait pas aimer. Un pacificateur n’avait pas le droit d’avoir une famille, une femme, l’amour. Il ne devait rien avoir à perdre, parce qu’il pouvait mourir à tout instant. Parce qu’il n’étiat pas un être humain comme les autres. Il était un soldat, un jouer, un simple pion sans importance dans le jeu de grand envergure qu’étiat Panem. Un soldat qui devait pouvoir mourir sans personne pour le pleurer. L’amour était un poids mort du point de vue du Capitole. Mais là c’était différent. Aileen n’était pas une femme des districts comme toutes les autres. Elle n’était pas une rebelle, elle n’était pas une gagnante des jeux, ou une simple boulangère. Elle était un soldat également. Elle était vouée à mourir de la même manière que Phoenix. Aucun des deux ne seraient pleurés, sauf par l’autre. Le lien qu’ils avaient été sans nul doute inébranlable. Alors pourquoi ne pas les lier officiellement ? De toute manière, la mort de l’un entraînerait sans doute la mort de l’autre. Qu’ils acceptent ou pas l’évidence de cette passion, ils étaient condamnés à en mourir. Phoenix découvrit autre chose, de la même manière. Elle n’avait aimé que lui ? réellement ? Il sentait une joie étrange l’étreindre. Une sorte de fierté. Etait-il le premier homme a réussir à passer outre la carapace de cruauté et de froideur d’Aileen Carter ? Il pouvait sans doute en être fier. Cependant, en même, il la condamnait. Il ne s’en voulait pas pour cela. Il ne pouvait pas s’en vouloir pour cela. La mort était – pour lui – une évidence. Quelque chose contre laquelle il ne pouvait pas se battre. Une douleur passagère. Rien de plus qu’une douleur passagère. Terrifiante, mais facile, elle l’attirait en même temps qu’il la craignait. Mais mourir pour Aileen serait plus facile, sans doute que tout le reste. Mourir pour elle, avec elle. Non, jamais il ne pourrait vivre dans un montre où le Soldat Carter ne serait plus qu’un vague souvenir. « J'ai peur, Phoenix. J'ai peur... de toi... de nous... parce que je ne sais pas ce que cela signifie. Parce que c'est nouveau pour moi. Quand je suis avec toi, je suis différente... une autre Aileen, celle que je n'ai pas le droit d'être au Capitole. Je découvre que je suis capable d'aimer, aussi, et d'être une autre personne que celle que Snow a voulu faire de moi. » Il sondait son regard, à la recherche d’une preuve de sa défiance, de sa moquerie. Mais tout ce qu’il voyait dans le regard bleu d’Aileen c’était sa peur – réelle, profonde – et son excitation. La lueur qui brillait dans son regard n’était pas nouvelle mais elle redoublait de luminosité. Jamais elle n’avait eu cette ora jusqu’à présent. Cette joie qui l’entourait. Cette excitation dans la voix, qui allait croissante. Phoenix était persuadé de sa sincérité. Il ne pouvait pas en douter – en outre – par alors qu’il perçait tant d’émotion dans ses discours. Il était terrifié également. Mais non pas à l’idée de l’aimer ou de voir Snow s’opposer à leur histoire. Il était terrorisé à l’idée de voir Aileen le quitter. Elle pouvait sans doute le faire, et peut être cela serait-il mieux pour eux d’eux. Elle devait le quitter, aller loin de loin et ne plus le revoir pendant plusieurs mois. Phoenix avait dépassé les limites aujourd’hui, il avait détruit les frontières qu’ils s’étaient imposés dés le soir où il avait prononcé son prénom dans la chaleur d’une étreinte intime. Depuis ce jour-là elle aurait du l’interdire de la regarder avec cette confiance, avec cette douceur. Mais elle n’avait rien fait. Percés par leurs sentiments ils s’étaient tous les deux laissés aller sans s’inquiéter des conséquences de leur choix.

Elle devrait partir, c’était une chose évidente pour Phoenix. Il ne le désirait pas, loin de là, mais si réellement elle avait peur de ce qu’elle ressentait, de ce qu’il ressentait pour elle, alors elle devrait partir. Parce que Phoenix n’était pas assez fort pour s’imposer des règles. Il ne voulait pas s’obliger à la quitter, à la laisser, et à faire taire cet amour qui avait naquis en lui dés le premier jour de leur rencontre. Il n’était pas un monstre incapable d’aimer, incapable de ressentir le moindre sentiment. Il ne l’avait jamais été, mais durant des années il avait été plus facile pour lui que de penser n’être qu’un profiteur, un homme de pouvoir. Rien de plus. Un enfoiré. Cependant, aujourd’hui il désirait plus que cela. Il voulait changer, évoluer et il ne le ferait pas sans Aileen. Elle lui avait tout donné, elle avait fait de lui ce qu’il était et il l’avait si souvent pensée que cette idée lui était à présent familière. Alors tomber amoureux d’elle ce n’était pas une chose qui avait étonné le pacificateur. C’était presque naturel pour lui. Elle était la seule femme à laquelle il pensait lors des nuits solitaires qu’il passait dans sa maison du district onze. Elle était toujours présente à son esprit. Jamais en réalité il n’aurait été capable de l’oublier dans les bras d’une autre femme. Il lui revenait toujours. Irrévocablement. Cela ne l’inquiétait pas. Il ne savait pas pourquoi il devrait craindre ces sentiments. Rien ni personne ne semblait pouvoir l’empêcher de déclaration son amour passionnel pour cette femme. Mais il était éga
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Playing with fire is bad for those who burn themselves. For the rest of us, it is a very great pleasure. Phoenix & Aileen - Page 2 Vide
MessageSujet: Re: Playing with fire is bad for those who burn themselves. For the rest of us, it is a very great pleasure. Phoenix & Aileen   Playing with fire is bad for those who burn themselves. For the rest of us, it is a very great pleasure. Phoenix & Aileen - Page 2 Icon_minitimeMar 13 Mar - 11:12

Elle devait être elle-même. Enfin. Elle devait sortir de la prison dorée que Snow avait crée pour elle. Phoenix la regardait et se demandait comment tout cela avait bien pu se dérouler. Est-ce que Snow avait payé ses parents ? est-ce que c’était une promesse de longue date ? Est-ce qu’il avait vraiment vu dans les yeux d’une enfant la promesse d’une femme capable de tuer sous ses ordres ? Est-ce que Snow était fou ? Phoenix savait qu’il pouvait être torturé ou encore tué pour de telles pensées. Il avait tué sans doute pour bien moins que cela. Mais son secret était bien gardé avec Aileen, et il pouvait parler en toute liberté avec elle. Cela il en était sur. Il la regardait. Il sentait qu’elle était en train de faire un pas vers lui. Elle était en train de passer les dernières barrières qui les séparaient. Phoenix était lui persuasé qu’ils seraient invincibles à deux. « Alors, j'ai arrêté de prendre mes médicaments. Je les ai jetés à la poubelle, parce que je voulais goûter au bonheur de la vraie vie... parce que je ne voulais plus être une marionnette au calme artificiel. » Il fut surpris d’apprendre cela. Qu’Aileen soit sous médicaments l’étonnait déjà, mais pas tant que cela. Il n’ignorait pas que plusieurs tueurs étaient aussi sous anti-depresseurs. Des médicaments qui permettaient d’oublier à quel point il pouvait être terrible de prendre la vie à un être humain. Terrible, sans doute, mais nécessaire. C’était abominable de penser de la sorte, Phoenix en avait conscience, mais il avait fini par accepter cette monstruosité en lui. Il tuait, certes, mais il n’avait pas besoin de médicaments pour le supporter. Il ne dormait pas la nuit, ou très peu, voilà tout. Il supportait mal les cauchemars, mais il savait qu’il ne pouvait pas comprendre contre cela. Il était calme quand il appuyait sur la gâchette. Parce qu’il avait compris depuis longtemps que la mort n’était pas quelque chose de douloureux. Ce n’était que du vide. Un néant éternel, deux choses qu’il ne pouvait pas comprendre car il était un être vivant. Mais il savait que ce n’était que cela. Les morts n’en avaient que faire des vivants. Ils n’étaient plus, voilà tout. Voir sa sœur réssucité ne changeait rien à sa conception de la mort. Elle n’était pas morte, justement. On lui avait menti. Quant aux autres, ils ne reviendront pas jusqu’à lui. Les autres ne restaient que des souvenirs qui venaient à lui pour le tuer dans ses rêves. Il ne risquait rien face à eux. Un mort ne pouvait aps tuer un vivant. C’était un fait dont il était persuadé. Cependant, cela n’était pas suffisant, et depuis longtemps Phoenix s’était vu interdire tout droit au bonheur. Il ne pouvait pas accepter l’idée même d’être heureux. Pas alors qu’il tuait, violait, torturait des personnes chaque jour. C’était son métier, sans doute, mais il aimait cela. Cette sensation de pouvoir. C’était sans doute une chose abominable.
Malgré cela, voir dans les yeux d’Aileen un désir véritable d’être heureuse, il ne pouvait que sourire. Qu’elle est encore la possibilité de goûter à cela était une joie pour lui également. « Je te ferai goûter au bonheur Aileen. Mais crois –moi il n’est pas seulement un fait de la vrai vie. C’est plus complexe que cela encore. » Dit-il en remettant une mèche de cheveu de la jeune femme derrière son oreille. Il caressa sa joue et lui sourit. Non, le bonheur n’était pas uniquement un élément de la vraie vie. Phoenix douta qu’un quart des habitants de Panem eut connu le bonheur un jour. Le vrai bonheur tel que Aileen méritait de le connaître. La majorité des gens connaissaient quelques instants de plaisirs, de joie, tout au plus de jouissance. Mais est-ce qu’ils pouvainet réellement parler de Bonheur ? Est-ce que les seuls à pouvoir être heureux n’étaient pas ces enfants, qui courrant dans les champs, entouraient des barrières de leur district, ne prenaient pas conscience de ce qu’ils se passaient autour d’eux ? Ces enfants qui pouvaient encore sourire et rire aux éclats sans se douter qu’un jour ils n’auraient que la mort pour seuls alliés. Phoenix voulait espérer qu’Aileen gouterait un jour au bonheur comme elle l’entendait. Mais lui avait perdu toute espoir de le saisir un jour encore depuis qu’il avait atteint l’âge de douze ans. « Mais maintenant... Je suis en manque, et ça me rend folle… et beaucoup trop émotive. » Elle perdait le contrôle. Alors, Phoenix se saisit de sa main droite et la porta à ses lèvres. Il la regardait dans les yeux et alors qu’il posait ses lèvres sur la peau douce de la jeune femme. « Tu es plus humaine, Aileen. » murmura-t-il avec un sourire attendri. Elle semblait perdue, comme un enfant qui se trouverait dans un lieux inconnu. Phoenix trouvait cela adorable. Il ne craignait pas de la voir s’évanouir, pas tant qu’elle sera avec lui. Il était convaincu qu’elle lui reviendrait toujours. Il avait besoin de croire qu’elle lui reviendrait toujours. Qu’il ne la perdrait pas. Il la regardait dans les yeux et lui sourit. Dans son regard il voyait tout ce pourquoi il avait le désire de se battre…


Il se demandait parfois comment les autres pouvaient être aussi aveugles quand ils se trouvaient alors elle. Il ne voyait pas sa solitude, son désarroi, la prison de cristal dans laquelle elle était enfermée par Snow depuis toujours. Ils ne voyaient pas qu’elle n’avait nulle liberté, qu’elle n’était pas plus considérée que les autres. Snow ne l’aimait pas, il ne l’appréciait pas même. Elle était un instrument, une marionnette, un soldat comme tous les autres. Peut être plus servil, peut être plus cruel, plus utile que les autres parfois, mais un soldat tout de même. Avec Snow elle devait se montrer froide, inhumaine, cruelle. Avec Phoenix elle devoilait cette enfant apeurée qui n’avait pas eu le droit de rire et de jouer comme les autres. Qui n’avait pas eu le choix de ce qu’elle voulait devenir. Peut être était-ce aussi le genre de chose qu’il avait en commun. Certes, Phoenix avait pris la décision de devenir un pacificateur, mais les raisons qui l’avaient poussé à venir se présenter au district deux à la sortie des jeux étaient simple. Il avait été tiré au sort, et dés cet instant son destin avait été tracé, sans doute. Il n’avait plus eu le choix d’être quelqu’un de bien. Être appelé aux jeux avec sa sœur, c’était le condamné à devenir un meurtrier. A l’époque il n’avait sans doute pas vu les choses jusque là. Mais c’était un fait : les jeux créés des meurtriers à tour de bras. Certains s’en sortait bien comme lui ou Sergei. Ils étaient tous les deux devenus pacificateurs après avoir gagné les jeux. Ils s’entendaient plus que bien en outre, malgré leurs vingt ans de différence. Sans doute parce qu’ils avaient eu à peu de chose près le même parcours. Peut être que sans Sergei Phoenix se serait senti très seul et ne serait jamais devenu le petit dernier de la bande. Il était un bon pacificateur et il faisait son travail consciencieusement, mais il ne pouvait pas s’empêcher d’être rebelle avec le chef et de toujours tenter de le rendre complètement fou. Ce n’était pas une chose qui fonctionnait, Eli faisait preuve d’une sorte de patience étrange avec Phoenix, mais au moins cela permettait au jeune étalon de se défouler de temps en temps et il n’avait rien contre cela. Chez les pacificateurs il y avait ceux qui craignaient absolument le chef, il y avait ceux qui faisaient mine de ne pas faire attention à lui , et il y avait Phoenix qui lui faisait du rentre dedans à coup de déclaration bien senti et de moquerie acerbes. Mais si le pacificateur était puni à coup de mission suicide ou profondément chiante, cela s’arrêtait là. Au final, Phoenix pouvait dire qu’il appréciait son rôle de Pacificateur, et il avait sans doute de la chance d’avoir accepté l’idée d’être un meurtrier. Lorsqu’il était appelé par le Capitole, les premières années, pour jouer son rôle de mentor auprès des tributs du district onze, il avait pu observé les autres gagnants. Et ce spectacle n’avait jamais rien eu de réjouissant. Beaucoup n’avait pas supporté l’idée d’être des tueurs, d’avoir gagné à l’inverse des gamins qui avait eu le crâne défoncés par leurs soins. Beaucoup avaient fini par se réfugier dans l’alcool, déprimant, prenant des cachets de toutes les couleurs pour oublier le rouge qui leur opprimait le regard. Mais rien n’y faisait, et Phoenix ne doutait pas que tous ces gagnants faisaient toujours les mêmes cauchemars. Même ceux qui avaient fini par fonder une famille, et avoir une vie tranquille dans leur district, dans leur magnifique maison du village des vainqueurs. Une maison dont lui n’avait jamais profité. Il avait eu la chance d’accepter ce qu’il était devenu. La mort de sa sœur l’avait détruit. Pour s’en sortir, lui-même avait touché à la drogue. La drogue douce du district onze, les herbes qu’il trouvait sur le marché noir. La seule chose illégale qu’il s’autorisait. Parce qu’il avait besoin de cela pour se supporter. Parce que se droguer lui donner une impression de puissance violente. Mais il avait trouvé une drogue plus pure. Plus violente, et plus parfaite encore. Sa rencontre avec Aileen avait fait de lui quelqu’un de nouveau, de meilleur sans doute que ce qu’il avait pu être auparavant. Il ne regrettait rien de sa vie. Absolument rien. Il n’avait rien à regretter en outre. Sauf peut être d’être incapable de sauver Aileen de l’emprise de Snow. Phoenix le désirait ardemment, plus que tout autre chose en ce monde, mais ce désir lui semblait irréalisable. Quoi que la demoiselle avait déjà commencé, elle, à s’émanciper des griffes de son patron. Arrêter de prendre ses médicaments, c’était comme sonné une alerte. Elle disait clairement à Phoenix qu’elle voulait que tout cela s’arrête. Qu’elle voulait s’en sortir. Que ces morts lui pesaient beaucoup trop sur la conscience. Elle était toujours humaine, contrairement à lui. Lui avait sans doute la force de la sauver de ce fait. Il pouvait faire au moins cela. Personne ne pouvait le sauver lui, car il n’avait plus aucun respect pour la vie en tant que telle. Mais elle, si elle avait encore la force de se priver de ce qui la rendait inhumaine, si elle avait conscience encore de l’injustice, et de l’horreur de cette situation, alors c’est qu’elle avait encore une conscience. Chose dont lui était dépourvue.

Il ne pleurait pas la perte de son humanité, il n’avait pas de raison de le faire. Il ne pouvait pas être humain et être pacificateur. Pas dans les district onze en tout cas. Il était de notoriété publique que les pacificateurs du onze étaient sans nul doute les pires de tous. Parce qu’ils n’avaient aucune pitié, parce qu’ils avaient la gâchette facile. Et parce qu’ils avaient un certain gout de la mise en scène. Les pacificateurs du onze étaient de ces pacificateurs qui flinguaient des vieillards lors de la tournée du vainqueurs, devant des foules. Ils étaient du genre à flageller des jeunes hommes sur la place publique et de laisser leur corps attaché à des poteaux à la vue de tous pour donner l’exemple. C’était des choses que Phoenix avaient faite. Et pire encore. Il aviat des choses atroces, et pourtant il n’y repensait jamais. Comme si ces actes avaient été commis par un autre que lui. Une sorte de démon qui partageait son corps et qui commettaient ces crimes à sa place. Il ne rêvait jamais de ses victimes. Ses cauchemars étaient fait d’une autre substance. Peut être qu’il devait commencer à se poser des questions sur sa culpabilité. Mais il n’y pensait pas. Ses crimes étaient justifiés selon lui par le fait qu’il lui ai commis sur des gens qui l’avaient sans doute mérité. C’était ce que sa formation de pacificateur lui avait appris. Ces gens méritaient la torture, la souffrance, et la mort parfois, quand c’était nécessaire. En outre, Phoenix n’avait pas honte de tuer ses propres collègues lorsque c’était absolument nécessaires. Lorsqu’ils étaient des traîtres à leur pays. Et à leur chef. Le pacificateur avait sans doute des victimes innocentes sur sa liste de tuerie. Mais dans son esprit personne n’était innocent. Dans son esprit tous les habitants des district se valaient. Tous méritaient la mort. « Avant, je voyais la mort comme une évidence, quelque chose que je devais accepter... Mais cela a changé depuis que je te connais, Phoenix. Tu m'as appris à vivre et à être heureuse... Alors je ne veux plus de la mort. Ni du paradis, si c'est un endroit sans toi. » Mourir. Ce n’était pas une chose qui faisait peur au pacificateur. Mais l’imaginer, elle, dans les bras froids de la mort, c’était une chose qu’il ne pouvait tout simplement pas accepter. Cette image ne quittait pas son esprit, mais il ne pouvait pas la supporter. Il tâchait de l’oublier. De penser à autre chose. Il lui sourit. Il arrivait réellement à la rendre heureuse ? Est-ce qu’il était une des raisons qui l’avait poussé à arrêter de prendre ses médicaments ? Si tel était le cas, alors il était plutôt fier de lui. Il lui sourit. Parce qu’elle aussi le rendait différent. Il ne pouvait pas expliquer cela. Mais lorsqu’il était en sa présence il avait envie de sourire. Il avait le désire de profiter de chaque instant. Il était présent, réellement, au monde. A la vie. Lorsqu’il était en mission c’est comme s’il se trouvait déconnecter, dans un ailleurs. Comme s’il préférait observait le monde à travers une vitre opaque pour se cacher son horreur. Avec Aileen il goutait à chaque instant comme pour le suspendre, pour qu’il reste éternel. « Tu n’auras plus à être seule. » Chuchota-t-il, sans la quitter des yeux. Elle était tout ce qu’elle désirait, et si elle avait besoin de lui pour vivre, alors il n’allait pas s’en plaindre, c’était un fait. Il était près à tout pour elle.

La conversation devint plus enfantine pendant un certain temps. Ils commencèrent à se taquiner, alors que leur proximité physique s’accentuait encore. Elle se retrouvait allongée sur lui, et lui, bien trop heureux de l’avoir aussi proche. Il la serrait contre lui, et très vite la conversation dévia de nouveau sur le charme évident de Phoenix et sur le fait qu’il était tout simplement irrésistible. Aileen lui avoua qu’elle n’en avait jamais douté, et sa déclaration fut reçut par un éclat de rire du Pacificateur. AIleen se releva pourtant, et planta son regard sans le sien. Elle semblait émue, avec une pointe d’appréhension qui inquiéta Phoenix pendant un moment. « Tu n'es pas comme les autres hommes, Phoenix. Eux... Parfois, il y en avait qui me disaient qu'ils m'aimaient, mais cela ne me touchait pas. J'avançais seule dans ma vie, et j'arrivais parfois à me persuader que j'étais heureuse ainsi. Tu as réussi... quelque chose que personne d'autre n'avait fait ou pourrait encore faire. Tu m'as regardée. » Il avait perdu son sourire, ému par la sincérité qu’elle dégageait à cette instant précis. Elle semblait réellement croire à ce qu’elle disait et lui avait du mal à imaginer que ce ne fut pas la vérité. Pourtant il n’avait pas le sentiment d’avoir fait quelque chose d’extraordinaire. Il avait plutôt pensé que les autres avaient été aveugles, et non pas lui plus lucide. Mais elle semblait croire qu’en réalité il avait su voir en elle des choses que les autres n’avaient pas perçu. C’était peut être vrai. C’était une chose qu’il ne pouvait pas expliquer. Il la regardait. Il la voyait vraiment. Il aviat le désire de la voir. Elle. Et pas la machine froide créée par le capitole. Elle, Aileen Carter. L’enfant qui n’avait jamais eu le droit de jouer. « Tu m'as regardée, moi, et pas l'image que tous les autres voyaient. Avec un simple regard... tu as brisé tout ce que j'avais construit depuis des années, cette carapace que je croyais invulnérable. » Il fronçait les sourcils. Il ne pensait pas que la carapace d’Aileen avait fondu aussi facilement. Il l’avait vue comme imprenable, une rose enfermée sous une cloche de verre que rien ne pouvait briser. Est-ce qu’il lui avait simplement suffit de relever la cloche pour pouvoir la cueillir. Il doutait que ce fut aussi simple et en outre peut être préférait-il protéger la rose sous sa cloche, pour être sur que personne n’irait la souiller. Il la voulait entièrement. Avec ses défauts, ses peurs, ses cauchemars, son sal caractère, ses instants de joie, ses sourires, ses soupirs, ses craintes. Il voulait absolument tout d’elle. Il l’aimait. Il l’aimait comme aucun homme n’aurait pu l’aimer. Entièrement. Absolument.



Il ne pouvait pas croire l’idée qu’il y eut en ce monde un homme capable d’aimer Aileen Carter comme lui l’aimais. Il lui appartenait, elle avait fait de lui ce qu’il était, et plus qu’une muse encore, elle était sa créatrice. Il n’avait aimé qu’une seule femme en dehors d’Aileen et avec tant de simplicité et de douceur, que cela c’était apparenté à une sorte de songe, rien de plus. Il n’y repensé que très rarement, en réalité presque jamais. Il n’avait pas besoin de penser à elle. Il avait couché avec d’autres femmes, beaucoup d’autres femmes. En réalité, il ne se refusait aucune « gâterie » lorsqu’il croisait une femme qui avait un certain charme. Il ne demandait pas même qu’elle soit sexy, ou qu’elle ait un profil spécial. Il se contentait de chacune de celle qui retenait un temps, soit peu son attention. En ce qui concerne Aileen ce n’était pas simplement un temps. Elle était constamment présente dans son esprit. Elle était absolument tout. Est-ce qu’elle se rendait compte de l’importance qu’elle avait pour lui, dans sa vie ? Alors non, sans doute qu’aucun homme ne l’avait jamais regardé comme il la regardait. « C’est qu’il est difficile de me résister, avec mon charme fou. » Il n’aimait pas sentir la conversation devenir aussi sérieuse. Il ne voulait pas la voir se tourmenter avec ces questions-là. Elle le regardait cependant toujours avec cete gravité, même si la plaisanterie de Phoenix lui eut au moins arraché un sourire. « Tu m'as sauvée, Phoenix. » Il fronça les sourcils mais l’étincelle dans son regard trahit sans doute son émotion. Il eut l’envie de … L’embrasser. Absolument. Il l’avait sauvée, elle l’avait créé. Ils ne pouvaient pas seulement vivre l’un sans l’autre, c’était devenue une évidence pour Phoenix. Ils avaient besoin l’un de l’autre pour réussir à avancer dans la vie. Pour devenir quelqu’un. Alors il accepté ses déclarations. Il acceptait tout cela parce qu’il avait besoin de ca. Il avait besoin d’elle. Il avait besoin de croire qu’il avait autant d’importance dans la vie d’Aileen qu’elle n’en avait dans la sienne. « Tu m'as prouvé que tu as bien un coeur... Et c'est tout ce que je veux savoir. » Il lui sourit, et caressant sa joue, il déposa un baiser presque chastement sur ses lèvres. « Ne va pas crier ca à tout le monde, je ne voudrais pas perdre ma réputation de pacificateur cruel et sans cœur. » Oui, il l’aimait. Il n’aimait qu’elle en réalité. Elle était … Elle était… la raison pour laquelle son cœur battait si vite à cet instant. La raison pour laquelle il perdait son souffle. La raison pour laquelle il sentait son corps entier s’échauffer. Elle était la raison pour laquelle à cet instant précis il était persuadé d’être en vie.

La conversation pris encore une nouvelle direction. Ils se mirent à discuter au sujet de Kamaria, et en réalité cela failli mal se terminer. Aileen ne comprenait pas l’intérêt que Phoenix pouvait avoir pour la jeune fille, et en réalité, lui-même avait du mal à accepter l’idée que s’il eut envie de sauver la jeune femme c’est parce qu’elle lui ressemblait en beaucoup de points. Il essayait de se sauver lui-même,de reprendre le contrôle d’une vie qui lui échappait complètement. Cependant une remarque d’Aileen le mit mal à l’aise. Elle intégra Hunter à cet affaire. Hunter… qui était l’un des rares pacificateurs qui étaient restés proches de Phoenix. En réalité, le jeune homme était proche – vraiment – de peut être quatre de ses collègues. Il préférait considérer les autres comme … des passants. Des ombres. Ou peut être même des robots, simplement. Pas même des êtres humains. Ils n’étaient tout simplement rien pour le jeune homme. Hunter était un modèle pour Phoenix. Il apprenait beaucoup au contact de son collègue et ami. Il le vénérait presque et espérait pouvoir un jour prendre sa succession, la succession de sa réputation qui le faisait craindre dans tous les districts. Phoeix était aussi proche de Sergei et de Finnick mais pour d’autres raisons. Il avait commencé sa formation avec eux. Hunter était apparu plus tard. A un moment où le trio ne fonctionnait plus vraiment, alors que Finnick et Phoenix avaient fait une chose atroce à leur collègue. Le trio des frères n’avaient plus fonctionné. Aujourd’hui le seul pacificateur qui avait la confiance de Phoenix c’était Hunter. « Parles-en à Hunter quand tu le verras, d'accord ? Ce n'est pas mon rôle de distribuer les secrets des autres. » Les secrets. C’était justement ce putain de secret qui lui valait d’être en froid avec Sergei et Finnick. C’était ce putain de secret qui faisait qu’il n’était plus aussi proche de ces amis. Il ne voulait pas de secret avec Hunter. Et quant bien même ; qu ‘est-ce que cela allait changer aux faits finalement ? Phoenix avait fini par croire que les secrets avaient parfois du bons. « Je le ferai.. peut être. » après tout si Hunter ne lui parlait pas il n’avait pas de raison d’exiger des informations de lui. Il ne lui demanderait sans doute pas. Il tenait bien trop à cette amitié. Aileen lui promit – en outre – de ne pas faire de recherches sur Kamaria, mais Phoenix ne pouvait pas s’empêcher d’être sceptique. En rélaité, Aileen avait été entrainée et formée pour être une espionne. Pour tout savoir, toujours chercher à connaître. Et même quand elle ne cherchait pas à savoir, elle était sans doute les yeux et les oreilles de Panem. Au courant de tous les faits et gestes de ces citoyens. « Tu me crois enfin ? » Demanda-t-il alors qu’elle lui avait juré discrétion. Phoenix sourit et laissa même échapper un rire en déposant un baiser amusé sur le nez de la jeune femme. « Je te fais confiance. Et ce n’était pas peu dire en réalité, car la confiance était bien une chose que Phoenix ne donnait pas facilement. Il décida cependant de faire confiance à Aileen et de la croire lorsqu’elle promettait de ne pas s’informer sur Kamaria.

Ils se perdirent dans la volupté de l’instant. Il n’y avait plus rien à dire, en réalité. Ils venaient de passer une barrière, et ils ne pouvaient plus faire marche arrière. Phoenix, en outre, ressentait le manque profond et violent qu’il avait d’elle. Il avait besoin de l’aimer, de la protéger, de la sentir contre lui simplement. Il se contenta dans un premier de leurs étreintes, sur ce banc, sous la voûte étoilée. Mais cela fut de bien courte durée, alors qu’un autre espion les surprit. C’était bien la première fois que quelqu’un d’autre était au fait de leur relation. C’était une chose qu’ils cachaient depuis des années. Peut être que le temps était venu pour eux également de sortir du secret. Peut être qu’il était temps pour eux de simplement montrer à tout Panem combien ils pouvaient être plus féroces encore lorsqu’ils étaient ensemble. Après tout ils n’avaient jamais ratés une seule mission en duo. Ils s’étaient souvent retrouvés blessés, dans des sales états, mais ils avaient toujours menés à bien leurs misions. Peut être parce qu’ils étaient véritablement des âmes sœurs. Deux partis d’un être qui ne pouvait être parfaits que lorsqu’ils étaient réunis. Ils se complétaient. Ils se comprenaient parfaitement. Et ils étaient attentifs l’un à l’autre. Ils pouvaient se blesser mais personne ne se comprenaient mieux qu’eux-mêmes. Ils avaient besoin d’être ensembles, toujours. Pour toujours. Aileen le regardait, et dans un geste lui demanda de la suivre. Il sentait l’électricité qui se trouvait dans l’air, les enveloppant dans une bulle de désir qui risquait à tout moment de les faire exploser. Il avait le désire de protéger ce secret, sachant que cela ne les mènerait nulle part tous les deux. Mais elle ne désirait pas cela. Elle désirait qu’il la suive et c’est ce qu’il fit jusqu’à ce qu’elle le mène chez lui. Sa maison, qui se trouvait solitaire dans une nature endormie. Il la fit entrer, et alors qu’ils se trouvèrent enfin seuls, et en sécurité, ils fondirent l’un sur l’autre, s’embrassant à en perdre le souffle. « Ne me lâche pas. » Exigea-t-elle. Il posa son front contre le sien. Il la tenait serré contre lui, ses mains sur ses hanches. Il voulait la posséder, qu’elle soit entièrement sienne. « Jamais. » Promit-il en l’embrassant de nouveau. Il la mena vers la chambre et entreprit de la déshabiller. Chose qu’il fit avec précaution, découvrant les blessures qui lui venaient des entraînements dans le douze. Il l’embrassait et la caressait avec douceur, redécouvrant son corps. Il se sentait perdre pied. Il sentait qu’il avait retrouvé le plaisir, le bonheur… ce bonheur qu’il pensait ne jamais revoir, ne jamais connaître. Ce bonheur qui n’était possible dans les bras d’Aileen, alors seulement qu’il la regardait dans les yeux. Le désir de l’épouser lui vint presque naturellement, à la manière d’une évidence. Après tout, il ne voulait qu’elle, il n’aimait qu’elle. Elle était la seule femme qui fut capable de le faire sourire, de lui rappeler qu’il était encore humain. Epouse-moi. Alors que les mots lui échappèrent, dans la pénombre, il crut que cela fut suivit par les battements hiératiques de son cœur. Il n’entendait plus que cela dans le silence qui suivit. Il aviat trouvé le regard brillant d’aileen dans lequel il lut toute sorte d’émotion : de la surprise, de la stupeur, de la peur, de l’inquiétude, du stresse, et … du bonheur ? il ne pouvait pas y croire. Il était pétrifié, apeuré. Il se sentit extrême seul. Il eut peur alors qu’elle ne parte, prise par la peur. Peut être avait-il était trop brusque, peut être que c’était trop. Peut être qu’elle .. « Oui. » Quoi ? « Oui, je veux t'épouser. » Aileen… Dieu comme je t’aime. Il resta un court instant ainsi, sans réussir à réagir. Venait-elle de se donner à lui pour l’éternité ? Des mots, certes. Venait-elle d’accepter d’être sienne pour le restant de sa vie ? Il n’osait pas espérer plus. Après tout, il ne pouvait croire que lui, un vainqueur des jeux, un garçon traumatisé et seul, avait eu la capacité d’aimer et d’être aimé par cette femme si fantastique. Si spectaculaire, et si … si … parfaite. Je crois que je peux mourir de bonheur. Il sourit et la pris dans ses bras, l’embrassant, souriant, riant même contre elle. Amoureux. Profondément amoureux. « Je t'aime. » Il l’embrassait, sa bouche, ses joues, ses yeux, son cou, sa poitrine. Tout, il aimait tout, en elle. Elle l’aimait. Elle le lui disait. Elle l’aimait. Il avait la conviction qu’elle lui disait la vérité. Et peut être était-ce en dessa de la vérité. « Je t’aime ! Dieu comme je t’aime… » Répétait-il en l’embrassant, caressant son corps avec dévotion et passion. Il remonta vers sa bouche, l’embrassant avec passion, et violence. La faisant sienne. Encore et encore dans de longs mouvements. « Mais... Snow... Je... » Le regard que lui lança Phoenix sembla la dissuader de parler de Snow. Il ne voulait pas penser à Snow. Il voulait profiter de cette instant de perfection. Cet instant où ils s’appartenaient complètement. Un rêve. Peut être mais le plus beau. « J'ai hâte de devenir Madame Lewis.. » « Madame Lewis… Madame Lewis… » Répétait-il. Heureux. Il l’embrassa une fois encore, et se mit à rire, alors qu’il sentait le bonheur le saisir et le rendre fou. Il la fit sienne, dansant avec elle, l’embrassant avec passion et ferveur. Madame Lewis… oui, elle sera un jour Madame Lewis. Sa femme… c’est sur cette pensée qu’il s’endormit, alors qu’au dehors, les premières lueurs de l’aube dissipés ses dernières peurs.

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Il n’aimait pas dormir. Principalement parce que lorsqu’il dormait il ne contrôlait plus ses pensées. Il ne pouvait pas contrôler ses rêves. S’il le pouvait, il dormirait sans nul doute normalement, comme n’importe qui. Dés qu’il fermait les yeux il entrait dans un monde où il ne voulait plus. Trop souvent il se retrouvait dans l’arène, entourait de ces tributs qu’il avait tué, de sa sœur qui le poursuivait en souriant et en chantant, les paroles d’une comptine qu’il lui avait appris lorsqu’elle était enfant. Ce n’était qu’une chanson pour les enfants, mais c’était devenu le symbole de cette enfance perdue pour Phoenix. Des meurtres qu’il avait commis. De la perte de ses espoirs et de ses prétentions en tant que rebelle. Il avait compris qu’il n’était pas un héros. Pas plus que tous les autres. L’heure n’était plus aux héros. Il l’était pour les lâches. Les hommes comme lui qui évitait la nuit parce qu’ils avaient peur de ne pas réussir à sortir de leurs cauchemars. Il lutta longtemps contre le sommeil. Il était resté allongé contre le corps nu d’AIleen, caressant ses longs cheveux roux. Il remarqua qu’elle souriait dans son rêve et cela surprit le Pacificateur. Il aimait la voir sourire. Elle était paisible, peut être même était-elle heureuse. Il s’endormit en espérant qu’elle rêvait de lui, emportait pas l’épuisement et la volupté de cet instant. Il ne rêva pas. Le fait d’être absolument à bout de force le plongea dans un trou noir, d’où il ne sortie qu’après le levée du soleil. Il ne rêva pas de la nuit, mais lorsqu’il sortie de la profondeur de son sommeil, il put admirait un levée de soleil étrange. Les lueurs roses et jaunes lui frôlaient le visage et le chatouillaient. Le soleil était plus gros, plus proche de lui, mais il n’était pas éblouissant. Il était chaleureux, enflammé, mais sa lumière était protectrice, non pas agressive. Phoenix s’approcha de lui, d’un pas dansant. Il se sentait heureux, léger. Il n’y était plus habitué et cela le fit rire. Il était humain. Il s’arrêta un moment, dans un bosquet fleuri, et posa sa main sur son cœur. Il se rendit compte qu’il battait plus fort que de coutume. Il releva le visage, et retint sa respiration. Elle se trouvait là, lui souriant, comme s’il était le seul homme qui exista au monde. Il sentit son cœur s’arrêter. Elle s’approcha. Elle portait une robe blanche, d’été, très simple qui s’envolait sous les bourrasques de vent. Elle était magnifique. Il tendit une main vers elle, pourtant elle s’arrêta trop loin pour qu’il puisse l’atteindre. Il fronça les sourcils. Elle lui offrit un sourire moqueur. Un de ces sourires qui le faisaient fondre et qui l’excitait. « Vous me voulez Lewis ? Attrapez-moi ! » Elle partie en courant dans un immense éclat de rire. Et il la suivit. Il se mit à courir à sa suite, et ils se retrouvèrent très vite dans une forêt qui était bien trop familière à Phoenix. Le temps était plus sombre. Il eut soudainement très froid, comme si la présence chaleureuse d’Aileen l’avait quitté. Il la cherchait du regard mais il ne la trouvait pas. Il sentit l’angoisse le prendre. Il se trouvait dans la forêt de l’arène, il la reconnut immédiatement. Il cria le nom d’Aileen mais le silence qui l’entourait était assourdissant. Il se remit à courir. Il paniquait, regardant autour de lui, comme un fou en espérant l’apercevoir. Puis soudainement, au sommet d’une immense falaise, elle se tenait, dans une tenue rouge sang. Elle regardait le soleil avec une sorte de mélancolie. Il s’approcha d’elle. Il portait un costume noir et rouge. Lorsqu’il arriva à sa hauteur il lui prit la main. « Maintenant que je t’ai attrapé, accepte-tu de m’appeler Phoenix ? » Elle lui sourit. Il sourit attendri. Adorable. Elle s’approcha de lui, posa une main sur sa joue. Il retrouvait sa Aileen. Celle qu’il aimait tant. Elle approcha son visage du sien, doucement, comme si la scène était suspendue. « Et pourquoi pas mon époux ? » Proposa-t-elle, malicieuse. Elle déposa un léger baiser sur les lèvres de Phoenix. Il eut l’impression que le décor autour de lui changea, devint plus flou. Mais Aileen restait là, intact. Parfaite. « Mais pour cela Phoenix, il faut que faut que tu te réveille, mon amour » Il fronça les sourcils. Il ne voulait pas quitter son rêve. Il craignait qu’une fois réveillé elle ne soit plus là. Elle due le comprendre, cependant elle se mit à rire, et posa sa main sur le visage de Phoenix elle le contraint à fermer les yeux …

Il ouvrit les yeux, et la première chose qu’il vit se fut le regarde bleu d’Aileen. Il sentit son cœur entreprendre un rythme effréné. Trop d’émotions de bon matin. Il n’était pas habitué. La fourbe lui sourit et le quitta, alors qu’il profitait de la douceur de ses baisers pour se réveiller tranquillement. Au lieux de quoi sa fiancée ouvrit grand les rideaux et laissa le soleil éblouir Phoenix qui ne put retenir un grognement de mécontentement. Il foudroya la jeune femme du regard, qui pour seule réponse le regarda avec amusement. « Debout! » Il fit une mine boudeuse. Il préférait de loin la perspective de l’attirer plutôt avec lui dans les draps et lui montrer à quel point il l’aimait encore et encore et encore, jusqu’à ce qu’ils n’aient plus assez de souffle pour respirer. Et encore, là, il trouverait sans doute le moyen de faire de l’apnée pour continuer. Il l’avait dans la peau. Sa fiancée… Il l’avait demandé en mariage. Il s’en souvenait à présent. Il sourit. Il ne pouvait pas s’empêcher de sourire en y pensant. Aileen Carter allait devenir Madame Lewis. Sa femme pour l’éternité, jusqu’à la fin de sa vie. Il allait posséder cette femme. Entièrement. Autant qu’il lui appartenait. Cela faisait bien longtemps qu’il était amoureux d’elle. Cela faisait des années qu’elle avait un pouvoir sur lui que personne d’autrre n’avait. Elle pouvait faire de lui ce qu’elle voulait. Il lui était entièrement soumis et dévoué. Mais l’obliger à se lever ce matin-là, ce n’était définitivement pas une chose qu’elle pouvait faire. « Et si je refuse ? » Demanda-t-il avait malice. Elle s’approcha de lui et lui prit le bras pour l’obliger à se lever. Elle était de bonne humeur et cela fit sourire Phoenix. Ils étaient rares les jours où il pouvait jouir du sourire et de la malice d’Aileen. Mais c’était un jour spécial. Le premier jour de leurs fiançailles ! Il ne pouvait aps vraiment y croire et probablement qu’une partie de lui était encore persuadé qu’il s’agissait d’un rêve. Cette même partie qui préféra céder et se lever. Elle portait un peignoir et Phoenix, lui, était entièrement nu quand il sortit de son lit. Elle l’embrassa. Un baiser furtif, mais qui suffit à réveiller le désir de Phoenix. « Tu as bien dormi? » Il sourit. Moqueur. « Pas assez… » Réponditi-il sur le ton de la plaisanterie. Elle lui sourit, sans se laisser démoraliser. Il n’était pas du matin mais avec l’aide d’Aileen il était sur qu’il pouvait commencer à l’être. « Pas de cauchemars. » Dit-elle en le prenant dans ses bras. Il fut surpris, un temps, puis profondément soulagé. Peut être qu’il pourrait vraiment la sauver finalement. Il la prit contre lui, dans une étreinte protectrice, et resta un instant à savourer ce moment. Ce moment où il savait qu’il avait été plus fort que Snow, qu’il avait eu plus d’influence que lui sur un de ses pions principaux. Cet instant où il ressentait une lueur d’espoir. L’espoir de sauver la femme qu’il aimait en faisant ce qu’il faisait de mieux : lui appartenir. L’aimer. Être présent, simplement. Aileen se défit de son étreinte beaucoup trop vite. Mais elle n’avait pas perdu son sourire, et même au contraire. Elle était radieuse. « Je vais préparer le petit déjeuner. » Dit-elle en faisant un clin d’œil à Phoenix avant de lui échapper. Il la regarda sortir de la chambre en souriant. Il regarda autour de lui les vêtements éparpillés sur le sol, et les draps complètement défaits. Pas de cauchemars. Petit déjeuner. Nuit plus que satisfaisante. Et son cœur qui ne voulait pas cesser de battre comme un fou. Sans nul doute pourrait-il s’habituer à ces matins auprès d’Aileen. Définitivement il était près à vivre avec elle. A fonder une famille avec elle. A vivre. Enfin. A vivre avec elle, pour elle.

Il soupira. Un soupire d’aise qui le surprit. Mais alors qu’il entendait le bruit des placards et des tiroirs que l’on ouvrait dans la cuisine, lui-même rejoint la salle de bain adjacente à sa chambre. Il se regarda dans le miroir. Il avait les traits tirés, fatigués, mais un stupide sourire semblait ne pas vouloir quitter son visage. Il semblait presque heureux. Il avait les yeux brillants et était moins pâle que ces derniers temps. La présence d’Aileen le rendait toujours plus … vivant. Il vivait lorsqu’elle était à ses côtés, il ne s’agissait pas seulement pour lui d’être. De passer l’épreuve du temps avec désinvolture. Il s’agissait de réellement profiter de chaque instant comme s’il fut le dernier mais le plus précieux de sa vie. Il regarda autour de lui. Il alla sous la douche et laissa le jet brûlant effacer les dernières traces de fatigue. Il ne resta que quelques minutes dans la douche avant de sortir, entourant ses hanches d’une serviette alors qu’il prenait conscience que son peignoir n’était pas accroché à sa place. Dans la chambre il prit un caleçon qu’il enfila. Et alors qu’il allait se munir d’autres vêtements une odeur bien trop alléchante lui arriva de la cuisine. Il sourit, et guidait par les hurlements de son ventre, se dirigea vers la cuisine. Il resta un instant sur le seuil. Aileen était là, s’activant, prenant divers ingrédients qu’elle mélangeait avant de les mettre dans une pôelle. Des pancakes… Durant un instant le sourire de Phoenix se fit plus mélancolique. Il avait déjà mangé des pancakes. Il y avait bien longtemps de cela. Alors que sa mère était encore de ce monde. Alors que … quelqu’un dans sa famille semblait encore capable d’offrir sa vie pour lui. Sa mère était une femme absolument parfaite. Il gardait d’elle un souvenir féerique. Elle était aimante, touchante, et dévouée à ses enfants et à son mari. Le père de Phoenix avait aimé sa femme plus que tout en ce monde. Elle savait cuisiné, mieux que personne. Et elle le faisait fort bien malgré le manque de moyen dont ils disposaient dans le district onze. Tout avait changé lorsqu’elle était morte en couche en donnant naissance aux jumeaux. Phoenix c’était retrouvé alors dans une famille détruite. Avec trois enfants, et son père désemparé par la mort de sa mère. Il avait commencé à prendre des Tessarea, à entraîner sa sœur au lancé de couteau et à se cacher, à travailler dans les champs, et à braconner… a vendre les herbes hallucinatoires qu’il trouvait dans les forêts autour du district onze. Des drogues qu’il avait pris après être revenu des jeux. Le seul bon côté c’est qu’après être revenu des jeux il avait pu entretenir ses frères. Bien qu’ils ne lui parlèrent plus. Phoenix n’avait pas coupé absolument tous les ponts avec sa famille. Il avait continué à envoyer de l’argent à ses frères. Il espérait qu’aujourd’hui ils s’en sortaient. Il secoua la tête. Il ne devait pas réfléchir à cela. A présent il était temps pour lui d’avoir sa propre famille. Avec Aileen. Est-ce qu’ils auraient des enfants ? Phoenix imaginait déjà deux ou trois marmots courant dans les prairies et les champs autour du district onze… Non. Ils auront des enfants. Trois. Quatre. Même Cinq peut être. Mais pas ici. Phoenix ne pouvait pas supporter l’idée de ses enfants grandissant dans le district qui l’avait détruit. Courir dans les mêmes champs où il courait avec sa sœur, enfant. Marchant sur le même sentier qu’ils prenaient pour apprendre à se cacher. A disparaître. Il préférait imaginer ses enfants en sécurité. Au Capitole… Au District deux. Ou dans le premier. Dans un endroit plus calme qu’ici. Le onze n’était pas un cadre idéale de vie. C’est sur ces pensées qu’il arriva près d’Aileen. « Tu m’avais caché certains de tes talents. » Lui sussura-t-il à l’oreille alors qu’elle lui servait le premier pancackes. Il oublia ses problèmes et ses pensées lugubres et mélancoliques. Il était affamé. Un orge cet homme. Il se mit à dévorer le petit déjeuner qu’Aileen leur avait préparé. Lui-même ne s’entretenait pas aussi bien. La plupart du temps il mangeait de la viande, du pain, et prenait un café avant de partir travailler. Ou alors il prenait à manger au marché lors de sa tournée. Il était plus qu’agréable de se retrouver près d’Aileen. Partageant un petit déjeuner avec elle. Il la regardait. Souriant. « C'est bon? » Il sourit et pris encore une bouchée comme pour appuyer son propos. « Succulent. » Dit-il, sans s’empêcher à poser sur elle un regard pervers. Elle portait son peignoir et il était sur qu’en dessous elle était entièrement nue. Ce qui ne l’aidait pas à seulement profiter de ce repas comme d’un simple repas. Tout prenait une importance sensuelle avec Aileen.

Elle le regarda un instant, mais le sérieux qu’elle affichait failli faire éclater la bulle de bonheur où se trouvait Phoenix. « Alors... Tu viens avec moi au Capitole ? » Il perdit son sourire. La veille même il lui avait dit qu’il l’accompagnerait au Capitole. Afin de la soutenir, de revoir sa sœur, de voir Snow. A présent il … il ne pouvait pas simplement se dérober. Et pourtant, il n’aviat pas remis les pieds au Capitole depuis deux ans. Depuis que Paige avait gagné les jeux. Phoenix avait beau être un pacificateur il avait été aussi le mentor des tributs du onze pendant des années. Il n’avait pas pu se dérober à cette sorte de mission. Durant des années il avait assassiné ces gamins. Il n’avait vu chez eux aucune envie de gagner, de se battre. Ils n’avaient aucune raison de se battre. Mais Paige était différente. Paige avait eu la force de se battre. Et Aujourd’hui elle était mentor à son tour et Phoenix pouvait éviter le Capitole et ses habitants. Ces sourires forcés, ces airs ridicules. Tout cela lui était insupportable. Et surtout revenir toujours dans ce bâtiment immense, dans cette chambre où il avait été avec sa sœur… chaque année la blessure qui s’ouvrait dans sa poitrine était béante. Et il mettait des mois à s’en remettre avant d’y retourner encore. Définitivement il détestait aller au Capitole. Mais il s’agissait de son avenir. Il s’agissait – d’autant plus – de son avenir avec Aileen. « Ne te l’avais-je pas promis ? » Demanda-t-il en avalant la dernière part de pancakes qui restant dans son assiette, du ton le plus détaché possible. Cela sembla convenir à la demoiselle qui se leva et rejoint une fois de plus la cuisine. Phoenix la suivit du regard. Son regard monta de ses jambes dévoilées à ses fesses rebondit, son dos caché et sa chevelures flamboyantes. Elle du sentir son regard car elle se tourna un instant pour lui sourire. C’est alors qu’elle lâcha un cris de douleur qui fit sursauter Phoenix qui se retrouvait à ses côtés en un instant. Il était derrière elle. Elle avait mis son doigt sous l’eau. Elle s’était brulée. Il se mordit la lèvre. Il trouvait… il avait l’impression d’être quelqu’un de normal. « C'est de ta faute. » Dit-elle d’un ton boudeur. Il se mit à rire face à sa mine déconfite. « C’est évident ! » Dit-il, hillare et moqueur. N’avait-il rien fait de mal ? Il l’avait simplement regardé. « Tu m'as distraite. » Il haussa un sourcil l’air de vouloir dire Je ne suis pas la plus grande distraction dans la pièce… Il se trouvait dos à elle, et elle passait son dos paresseusement sous l’eau. Phoenix s’approcha encore, jusqu’à faire corps avec elle. Son torse épousa parfaitement le dos de la jeune femme. « Et pour quelle raison as-tu était distraite exactement ? » Elle pouvait sans nulle doute sentir toute l’étendue de son excitation dans cette position. « J'exige un bisou pour réparer ça. » Il rit et embrassa son cou. Une multitude de baisers mouillés. « Tu peux même avoir plus si tu veux … » dit-il d’une voix rendue roc par le dire. Il suffit de cela. Elle se retourna et dés qu’il croisa son regard il ne put se contenir. Il fondit sur elle, l’enveloppant dans une étreinte passionnelle. Une fois encore. Il n’était définitivement plus du tout fatigué. Il ôta le peignoir de la jeune femme. Entièrement nue, évidemment. Il lui sourit et ses mains partir caresser les courbes de son corps. Ce corps qu’il connaissait parfaitement. Il l’embrassait incapable de quitter son étreinte une seule seconde. Il désirait la posséder une fois encore, entièrement. Son corps, son cœur, sa vie. Il voulait qu’elle lui appartienne tout comme il était sien. Entièrement. Parfaitement. Il se perdit dans son délire sensuel, l’embrassant comme un fou. Il murmurait son nom, délirant complètement. Il se trouvait dans une bulle protectrice et sensuelle. Qui explosa soudainement, le laissant stupéfait. Alors que la sonnette de sa maison sonna. Bordel !
Il se trouvait sur Aileen, elle totalement nue, et lui en pleine érection et il semblait que même l’urgence des coups tapaient à la porte n’étaient pas capable de le calmer. Il était trop proche d’Aileen. Il avait besoin d’elle. Il la désirait bien trop ardemment pour pouvoir simplement se détacher d’elle. En outre, elle semblait dans la même situation que lui. C’est pourquoi quand elle lui murmura « Tu n'es pas à la maison.. » Il ne put retenir un sourire coquin. Ravi, il se pencha sur et embrassa son cou de baisers légers et humides. Mais la personne derrière la porte ne semblait pas décider à partir de là aussi rapidement. Inlassablement il poussait sur la porte. La sonnette retentit une fois encore. Phoenix n’y fit pas vraiment attention. AIleen se trouvait contre lui, décidée – apparemment – à embrasser chaque parcelle de son corps. Il était comme fou. Il avait envie de la faire sienne sur le champ, sans attendre plus longtemps. Mais elle le coupa net dans sa décision. « Va ouvrir. » Dit-elle en le repoussant, se levant, exaspérée. Elle ramassa son peignoir et le tendit à Phoenix qui la regarda d’un air … Sceptique. « Habille-toi un peu avant. » Il baissa le regard. Effectivement, il serait sans doute mal venu d’accueillir qui que ce soit dans cette tenue-là. Il ne portait qu’un caleçon qui cachait peu de chose de son état d’excitation actuel. Il prit donc le peignoir des mains d’Aileen alors que cette dernière se réfugia dans la chambre, entièrement nue. Elle était tout simplement adorable. Et sexy. Il ria avant d’aller ouvrir la porte. Il était frustré, énervé, et insatisfait. De ce fait, lorsqu’il découvrit son visiter il lâcha un juron. « Sérieusement Finnick ? Tu sais quelle heure il est Mec ? » demanda-t-il d’un ton sévère et accusateur avant de s’effacer pour laisser entrer son collègue dans le salon. Afin de se calmer Phoenix prit un paquet de cigarette qui se trouvait sur la table du salon et en alluma une. Il prit une bouffée. « Comme je ne trouvais pas Mademoiselle Carter, j'ai pensé qu'elle serait peut-être chez son Pacificateur Parfait... » Phoenix haussa un sourcil en le fixant. « Tu semble presque … jaloux. Finnou, tu sais pourtant que nous deux c’est pour la vie. » répondit Phoenix en le foudroyant du regard. La manière dont Finnick prononçait le nom d’Aileen énervait Phoenix. Il semblait… Sarcastique, moqueur. Trop moqueur. Et l’état d’insatisfaction de Phoenix ne l’aidait pas à se calmer. Soudain, le regard de Finnick se fit plus calculateur et accusateur. « Tu te souviens ce qu’il s’est passé pour Sergei. L’amour est interdit aux pacificateurs, Lewis ! Tu devrais le savoir. » La voix de Finnick était bien trop paternaliste. Phoenix fumait à côté de lui. Et cela l’agaça. Il ne voulait pas penser à ce qu’il c’était passé pour Sergei. Jamais. C’était une chose à laquelle il ne pensait pas, tout simplement. Il avait trahi son ami. Plus encore que son ami, Sergei représentait quasiment une sorte de frère pour Phoenix. Un Grand frère qui l’empêchait de faire n’importe quelle connerie. Et Phoenix avait tué la femme qu’il aimait. Comment pouvait-il simplement y penser ? Il se répugnait parfois. « Ne parle pas de cela Finn. Ca n’a rien à voir et tu le sais parfaitement. » Son ami le regarda avec un air mauvais, mais il semblait comprendre. Evidemment. « Je dois voir Mademoiselle Carter, Pacificateur Lewis. Où est-elle ? » Phoenix leva les yeux aux ciel et s’approcha de la fenêtre en prenant une seconde cigarette. « J’imagine que si je te dis qu’elle n’est pas ici tu fouilleras quand même chaque pièce de cet appartement, alors à quoi bon ? » Dit Phoenix avec un air malin. Il commençait à s’énerver. Finnick connaissait le lieu. La première pièce qu’il ouvrit fut la bonne. La Chambre.

Phoenix ne voulait pas entendre leur discussion. De ce fait, il sortit de la pièce et monta à l’étage. Là, il entra dans la chambre de Kamaria. La jeune femme se trouvait là, dans son lit. Elle dormait presque paisiblement. Phoenix resta un instant à la regarder. Elle était toujours là. Et elle allait bien. Elle était à lui. Il était sans nulle doute devenue fou. Il condamnait Kamaria, il condamnait Aileen. Il ne pouvait pas aimer. Il ne pouvait pas être heureux. Il était un pacificateur. Il tuait des jeux, il devait rester froid et distant par rapport au reste des hommes. Il devait les détester. Comment le pouvait-il s’il apprenait à les aimer ? Soupirant il ferma la porte derrière lui et termina sa cigarette. Il entendit les dernières brides de la conversation qu’Aileen avait échangé avec Finnick. Ce dernier s’excusa de les avoir déranger, et partit au moment où Phoenix arriva dans le couloir. « Il est parti. » Confirma-t-elle avant de simplement se jeter dans les bras de Phoenix. Elle tremblait. Phoenix ne savait pas du tout ce qu’il c’était passé avec Finnick. Alors le pacificateur se contenta de la serrer contre lui en la câlinant calmement. « Il était temps… » Dit-il en caressant ses cheveux doucement. « Désolée. » Muramura-t-elle. Il ne comprenait pas pourquoi elle s’excusait mais il ne posa pas de question. « Bon, je vais devoir me préparer pour aller manger du rebelle. » Déjà… Pensa-t-il attristé. Elle était habillée. Bordel ! Elle s’était habillée. Il perdit son sourire. Il se sentait profondément frustré, encore plus en apprenant qu’elle allait le quitter pour aller bouffer du rebelle. Sans lui en plus. Lui aussi voulait bouffer du rebelle. Ils avaient fait du bon boulot hier soir. Il avait le désire de recommencer encore. Il aimait travailler sous ses ordres. C’était presque quelque chose de naturel pour lui. Mais non, aujourd’hui il devrait surveiller les champs immenses du district onze. « Mais d'abord... Rappelle-moi un peu ce que nous étions en train de faire. » Dit-elle avec un air espiègle qui eut le pouvoir de rendre le sourire à Phoenix presque directement. Il la regardait alors qu’elle s’offrait à lui une fois encore. Elle lui ôta son peignoir, alors il se retrouva presque nu devant elle. Il ôta lui-même son caleçon, sans la lâcher du regard. Alors elle pouvait prendre conscience de toute la portée de son désire pour elle. Il baissa le regard avant de remonter sur le corps de la jeune femme d’un air tout à fait pervers et … Gourmand. « Le petit déjeuner… je crois que j’ai une brulure que tu dois soigner… » Dit-il en lui offrant un sourire moqueur mais adorable. Il s’approcha d’elle alors qu’elle toucha son torse. Elle l’embrassa. Un long baiser langoureux. Le jeune homme joua avec sa langue, approfondissant le baiser, doucement. « Ah oui, je m'en souviens. » Il sourit contre elle. « Tu vas t’occuper de moi alors… » Demanda-t-il en la suivant alors qu’elle allait vers la cuisine. Il la suivit, comme aimanté. Jusqu’à ce qu’elle parte en courant. D’abord surprit, il mit un moment avant de se mettre à courir après elle. Les rires d’Aileen éclataient autour de lui, pétillants. Il en accompagna les siens. C’est alors qu’elle se retrouva d’un côté de la table de la cuisine, et lui de l’autre. Il la regarda, bavant littéralement sur elle. Elle ôta son haut… Révélant glorieusement sa poitrine. Le cœur de Phoenix se mit à battre plus fort et plus vite. Il bougea d’un côté, elle voulut partir de l’autre. Il courut de l’autre, et lorsqu’elle le suivit à l’inversé, il changea de chemin et la rejoint. Il attaque sa bouche, la débarrassant de son pantalon avec une vitesse extraordinaire. Il caressait chaque parcelle intime de son corps, embrassant chaque millimètre de sa peau. Il la redécouvrait. Il la souleva et la fit s’allonger sur la table de la cuisine. Sous elle, il envoya valser fourchette, couteau, brioches, pancakes. Il l’embrassait, goûtant à la saveur de sa peau. Il adorait cela. Il se faisait moins pressant plus tendre. Il la surmontait de tout son long. Il sentit Aileen le repousse un peu et pendant un instant il se détacha d’elle. Alors elle fit une chose étonnante. Elle dessina un cœur en confiture sur son tourse. « Tu es adorable, comme ça. » Il sourit. « Mais, après réflexion... » Il haussa un sourcil. Il adorait la voir ainsi. « Je te préfère sans. » Malicieuse, joueuse, adorable, mignonne, sensuelle. Heureuse. Elle lêcha chaque parcelle de la peau de Phoenix, et celui-ci ne fut plus en état de contenir son désire. « Délicieux » Murmura-t-elle. Il plongea son regard dans le sien et la fit sienne. Il lui fit l’amour avec passion et amour. Autant d’amour qu’un homme tel que lui était capable d’offrir. Infiniment. « Divine. » répondit-il en écho aux compliments que lui faisait Aileen. Car elle était sa déesse. La femme qui compterait le plus dans sa vie. Sa femme. Pour toujours. Et à jamais.

HS : il ne resta plus que mon petit bonus (a) que tu auras demain (a)

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MessageSujet: Re: Playing with fire is bad for those who burn themselves. For the rest of us, it is a very great pleasure. Phoenix & Aileen   Playing with fire is bad for those who burn themselves. For the rest of us, it is a very great pleasure. Phoenix & Aileen - Page 2 Icon_minitimeVen 30 Mar - 7:00

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Il dormait, paisiblement. Cela faisait longtemps que ses cauchemars ne le torturaient plus. Ils ne revenaient en réalité que lors de la saison de la Moisson, lorsque les Hunger Games prenaient place, et que les enfants étaient piochés par le Capitole pour s’entretuer. Cela faisait plus de 80 ans que ca durait, il avait l’habitude. Et pourtant, il ne pouvait pas simplement l’accepter. Chaque année, il se dirigeait vers la place de l’hôtel de ville, dans son uniforme blanc, et chaque année il regardait les visages décomposés des familles et des enfants qui étaient appelés. Pourtant il savait que pour le moment il n’avait aucune raison d’avoir peur. Ainsi, il dormait paisiblement. Il sentit cependant un contact, léger comme une plume, qui lui chatouilla le cou, remontant sur sa joue, avant d’atteindre finalement ses lèvres. Un baiser. Mouillée, doux, tendre. Il sourit. « Réveillez-vous, Pacificateur Lewis. » murmura-t-elle à son oreille d’une voix joueuse. Le sourire de Phoenix s’élargit encore. Il aimait tant ces réveils. « Et si je refuse ? » Demanda-t-il sans ouvrir les yeux, espiègle. Il entendit le rire guilleret de sa femme qui vint lui voler un baiser plus langoureux encore. Il y répondit avec passion. Se perdant dans leur étreinte ils ne firent pas cas de la porte de leur chambre qui s’ouvrit soudainement. « AAAAH C’est dégueulasse ! Mes yeux ! Au secours mes pauvres yeux ! » Cria la jeune enfant qui entra en jouant la comédie. Elle avait de longs cheveux roux, comme sa mère, mais son regard était plus sombre, d’une couleur noisette. Elle se jeta sur le lit en riant et pris place entre le couple qui le regarda d’une air perplexe. « Je dois parler avec maman » Dit-elle en regardant Phoenix, sans rien ajouter de plus. Celui-ci fit une moue boudeuse, joueuse. « Donc… tu me jettes de mon propre lit c’est bien cela jeune fille ? » Elle lui sourit, ce sourire malicieux qu’elle partageait avec Aileen. Attendri le jeune père soupira avant de quitter les draps chauds où sa fille prit sa place. Il quitta la pièce mais pas sans se tourner une dernière fois vers les deux femmes de sa vie. « Tu devras te faire pardonner Dawn. Ton père est trèèèès rancunier. » Tirant la langue, il quitta la pièce avant de rejoindre la cuisine. Le jour était levé depuis longtemps sur le district deux, et dehors la ville s’agitait déjà. Phoenix mit en marche la machine à café, et sortie de quoi cuisiner des œufs et des pancakes aux membres de sa famille. Aileen cuisinait sans nulle doute mieux que lui, mais il avait finalement dû s’y mettre. Même si sa première grossesse c’était plutôt bien passé, le fait qu’elle ne puisse pas même approcher la cuisine lors de la deuxième avait poussé Phoenix à se mettre au fourneau. Chose qu’il ne regrettait pas. Un aboiement sur le côté le sortie de sa rêverie. Il regarda le chien énorme et noir qui le fixait avec un air décontenancé. « Oooh non Vilenix, ce n’est pas moi qui te donnera à manger, tu le sais. » Dit-il. La bête sembla comprendre et partant dans le couloir à l’opposer de la chambre de Phoenix et Aileen, il s’arrêta devant une chambre et se mit à japper. Un jeune garçon au regard bleu perçant en sortie en courant, tenant dans la main un os empli de moelle. Le chien se mit à courir à sa suite. Les rires de l’enfant se répercutèrent dans toute la demeure, et il finit par sortir courir dans le jardin immense. Phoenix en profita pour mettre table et servir le déjeuner. C’est à cet instant que sa fille sortie de la chambre, sa femme à sa suite. Il sourit à Aileen. SA fille prit place et se mit à manger, tandis qu’Aileen rappelait leur fils pour qu’il vienne également. Ils prirent place, et une fois encore ils déjeunèrent dans une ambiance joyeuse. Phoenix passait la majorité du temps à observer, assis près d’Aileen il ne pouvait pas simplement la quitter des yeux, n’osant encore réaliser qu’il vivait près d’elle chaque jour. Elle était sa femme. Elle lui avait donné deux enfants. Et l’amour qu’il avait pour elle – même s’il était peut être plus mature – était toujours ardent. Il regardait ses enfants, et alors une pointe de mélancolie le saisit. Il regardait sa fille, pourtant si joyeuse et pleine de vie. Mais la réalité était toujours là. Elle fêtait ses douze ans cette année.

THE END


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