Le spectacle qui se jouait devant mes yeux était magnifique; Des couleurs dans les tons orangés se succédaient dans une danse un peu folle, poussant de l’air chaud un peu partout autour. C’était beau, tellement, que j’oubliais presque que c’était Ezea qui servait de carburant. J’étais toujours là, avec lui. Je respectais ses derniers souhaits. Le capitole ne devait pas l’avoir. Il devait être bien différent. Il brûlait. Le feu était bien haut, visible des quatre coins de l’arène, probablement. Il allait attirer petits tributs et carrières restants. J’allais pouvoir m’amuser. Passer ma rage sur le courageux qui viendrait se réchauffer, auprès de mon joli feu. J’attendais, profitant du calme pour manger un morceau de je-ne-savais-quoi, qui se trouvait dans le sac que feu-Ezea avait ramené de la corne d’abondance, au premier jour. Garder tout en dedans était un grand défi; L’odeur du corps brûlant devant moi me donnait la nausée, mais je devais tout de même m’alimenter.
Le temps passa. Vite, les visages des morts de la journée illuminèrent le ciel. J’avais vécu un jour de plus. Je me rapprochais de la victoire, seconde après seconde; canon après canon. Je m’occupai quelques heures en ramassant un peu de bois, pour garder les flammes bien hautes, attendant qu’un tribut remarque que le feu était toujours bien vivant. Ezea ne ressemblait plus à rien, je le vis, en rajoutant les quelques branches que j’avais trouvé. Son visage avait fondu; ses vêtements avaient disparu depuis bien longtemps et ce qui lui restait de peau pétillait. Je souris. J’avais réussi. Il avait eu ce qu’il voulait. Je n’étais pas triste, ni même bouleversée. J’avais fait mon devoir; me restait plus qu’à gagner. Pour lui. Pour moi. à ce moment-là, je n’avais plus aucun doute. J’allais retourner chez moi. J’oubliais qu’on était seulement au jour trois, que le danger était toujours partout, juste derrière moi, peut-être.
Soudainement retombée sur terre, je regardai derrière moi. Non, il n’y avait rien. Je me faisais des idées; mon cerveau était mon pire ennemi. Je reposai mon regard sur le feu; c’est là que je vis son visage, dans un mouvement des flammes, et que je senti sa flèche me toucher à la hanche. Aïe. Je la cassai, sans la retirer, le gardant en visuel. J’étais prête le tuer, à passer ma colère sur celui qui se tenait devant moi. Le garçon du deux. Un tribut de qualité. Pour une fois dans ces jeux, les spectateurs allaient en avoir pour leur argent.