Je m’appelle Caïn. Pourquoi Caïn ? Pourquoi attribuer à un enfant le prénom d’un des fils d’Adam et qui plus est, le plus fourbe de tous ? Parce que je suis un enfant qui n’était pas désiré, un accident, une erreur qu’on aurait préféré raturer sur le papier. Mon vrai prénom c’est Charlie, mais mon père a préféré surnommer son fils par un prénom qui susciterait les interrogations, un prénom qui donnerait une certaine assurance à celui qui le porte, qui pourrait le rendre fier et qui pourrait aussi effrayer. Personne ne m’a jamais appelé Charlie, d’ailleurs c’est bien « Caïn » qui apparaît sur les papiers. Pourquoi ne pas garder Charlie ? Trop féminin pour mon paternel qui a toujours été en désaccord avec ce que décidait ma mère. Le jour de ma naissance, Henry Bridgestone était bien plus occupé à se saouler qu’assister à la naissance de son fils. Absent et pitoyablement incapable de prendre une décision quelconque, c’est ma mère Jena qui a décidé seule du prénom que je devais porter. Mais voilà, le gros Henry Bridgestone en a décidé autrement. Et comme vous l’aurez deviné, mon deuxième prénom est en « hommage » pour mon père.
Mon nom, Bridgestone est celui qui est transmit de père en fils depuis des générations. Je viens d’une famille dont l’héritage pourrait dépasser toutes les espérances des districts les plus modestes.
Comme mes ancêtres, mon père, ma mère, je suis né au Capitole le 11 Novembre 2290, j’ai 23 ans et je suis en début de carrière dans la branche du journalisme. J’ai choisi d’exercer ce métier tout simplement parce que je veux voir ce qui se passe « ailleurs » de mes propres yeux, je suis un curieux de l’extrême, un accro de la découverte.
Si je devais décrire mon caractère je me baserais uniquement sur ce que j’entends autour de moi. Bon journaliste que je suis, je n’oublie jamais de me renseigner sur ce que les gens pensent de moi. Impatients de savoir les tréfonds de ma personnalité ? Très bien, je suis un garçon qui adhère parfaitement à la catégorie des « petits cons ». Je suis un vantard, un orgueilleux, le genre de garçon qu’on remarque pour sa méchanceté et sa fourberie. Je suis un manipulateur effréné, j’obtiens ce que je veux à n’importe quel prix et personne ne doit se mettre au travers de mon chemin. J’aime provoquer, j’aime séduire, j’aime être propre sur moi, impressionner et éblouir. Je veux faire parti des meilleurs, de ceux qu’on envie jusqu’à la moelle. Je suis aussi quelqu’un de studieux, j’obtiens tout ce que je veux certes mais pas sans un travail fourni. La plupart des gens me détestent, je suis sans pitié. Seuls ceux qui me ressemblent peuvent espérer une quelconque sympathie de ma part. C’est pourquoi la majeure partie des gens pensent que je porte mon surnom –qui me sert de prénom- à merveille. Caïn fût le premier tueur, celui qui vécu rongé par la culpabilité d’avoir assassiné son frère. La seule chose qui me différencie de ce personnage est que moi, Caïn Henry Bridgestone, je ne culpabilise jamais.
Lorsque j’étais petit, mon père me comparait souvent à un serpent. J’étais vil et sournois et très souvent incompris. Fin, grand mais possédant néanmoins une certaine musculature, j’illustre parfaitement le profil type d’un garçon de 23 ans vivant depuis sa naissance au Capitole. Ma mère, elle, a toujours été fasciné par mon regard qu’elle juge mauvais, mystérieux mais avant tout sensible. Facile pour la femme qui a dû m’élever aux côtés d’un mari alcoolique qui m’a accordé plus de coups que de sourires. D’ailleurs, mon dos abrite de nombreuses cicatrices qu’on m’a accordées gratuitement lorsque mon père n’avait pas le moral. Et ma mère dans tout ça ? Ma mère est une faible qui n’est pas capable de prendre une quelconque décision. Oh et puis je suis fils unique, un fils unique qui vécu dans le luxe mais qui n’a jamais eu l’occasion de faire ses caprices de gosse de riche.
Depuis que j’ai 20 ans, j’ai exigé à mes parents d’avoir mon propre logement pour ainsi me concentrer sur mon futur métier. Je suis un solitaire qui s’accorde des aventures d’un soir mais rien de plus car je suis aussi quelqu’un d’égoïste. Le portrait de son père dîtes-vous ? Non, je n’ai jamais levé la main sur quelqu’un. Après est-ce que je respecte la personne, ça c’est une autre histoire… Mais parfois, les mots sont plus durs que les coups et j’entre plus dans cette catégorie. Ce qui me sort de mon quotidien de bosseur acharné c’est bien évidemment les fêtes mais aussi l’art, la musique, la littérature, tout ce qui peut réveiller mon imagination.
Pour moi, habiter au Capitole est une chance. C’est cette capitale aux opportunités infinies. Et puis qui voudrait vivre ailleurs franchement ? Je plains tellement ces districts où l’on ne mange pas à sa faim. C’est triste mais c’est comme ça, parfois la chance sourit pour à certains qu’à d’autres. Et entre nous, je suis un sacré petit chanceux.