« Oh mon cher Tywin, toujours aussi ponctuel que d'habitude! Viens, entre, entre! » J'étouffais un rire en entrant dans le hall de la grande maison resplendissante de marbre et autres matériaux nobles. Même un aveugle aurait comprit que la famille qui vivait ici était blindée aux as et en essayant d'estimer la valeur monétaire de la propriété, j'arrivais approximativement à rebâtir à neuf un quartier entier du district douze en utilisant l'argent virtuel stocké ma tête. Dingue, quand même. Est-ce que ces gens haut-placés du Capitole se rendaient vraiment compte de leur privilèges ? Je n'en n'étais pas certain... plus après tout ce temps passé à les côtoyer. Pour eux, c'était normal d'obtenir ce qu'ils voulaient, qu'il s'agisse d'objets ou d'êtres humains... et par-là, on en venait donc à la raison de ma présence dans la demeure. Le fait est que j'avais été amicalement convié à rencontrer la fille des Poezyn par la mère de cette dernière, dans le but de passer du temps avec la jeune femme, tout ceci moyennant bien entendu une certaine somme d'argent. Pas besoin d'être magicien pour comprendre que son but était de nous mettre en contact dans l'espoir qu'il se passerait 'quelque chose', mais il ne fallait pas se faire trop d'espoirs sur mon cas... et ça, elle le savait pertinemment. Tss.... franchement ? Ca m'agaçait au plus haut point qu'après toutes ces années, je garde encore un statut si différent des habitants de la capitale aux yeux des gens. Malgré ma notoriété, on pouvait encore me louer et m'utiliser comme un animal de compagnie durant le temps imparti, si ça c'était pas ce qu'on appelle du foutage de gueule. C'était dégueulasse, mais je devais quand même éviter de me plaindre parce que j'avais accepté cette situation en connaissance de cause il y a longtemps, même si je n'avais aucune idée de quand tout cela prendrait fin, de quand on arrêterait de vouloir de moi parce que je ne susciterais plus assez d'intérêt. C'était pas demain la veille, en tout cas, d'autant plus que je n'aidais en rien à arranger mon cas, étant donné que j'étais tout sauf quelqu'un qui cherchait à se faire oublier.

Paradoxal. Non, mon nom, c'est Tywin.

Et Tywin sait très bien ce qu'il fait ici : il entre en contact intime avec l'entourage des Flickerman et il n'en n'a plus rien à cirer du politiquement correct, parce que son meilleur pote Noa a décidé de se barrer au district treize pour rester en vie et qu'on le reverrait pas, parce que son autre meilleure pote Jules est mort durant la Purge et que la seule fille qu'il aime s'est faite emporter par le rébellion elle aussi. De toute façon, tous ceux qui lui importent crèvent à un moment ou à un autre, alors Tywin, il en a assez de vos conneries. Il va se ramasser un maximum d'infos confidentielles avant de tout balancer aux membres de la résistance pour qu'ils viennent vous enculer, et puis il ira ensuite se faire tuer à son tour pour qu'on le laisse enfin tranquille. Comme ça il pourra retirer son collier de petit chien d'appartement et retrouver ses amis et ses amours, si tant est qu'ils veulent encore d'un homme aussi sali. Et on écrira sur sa tombe


C'est bien vrai, ce qu'on dit... quand on n'a plus rien à perdre, c'est là qu'on se sent le plus libre de ses mouvements. Actuellement, j'avais tellement touché le fond à la suite des derniers hunger games que j'avais même l'impression que des ailes me poussaient dans le dos, tant toute chose avait perdu de son importance.

Un grand sourire sur le visage, j'écoutais attentivement ce que me racontait Mme Poezyn tout en montant à l'étage en sa compagnie pour me laisser amener jusqu'à la chambre de sa fille. C'est dingue, toute cette richesse qui nous entourait... rien que les poignées des portes auraient pu nourrir une famille pendant une semaine dans d'autres contrées si elles avaient été vendues contre de la nourriture. Fin bref, je dis ça, mais c'est pas comme si j'étais pauvre non plus... je gardais juste un certain sens des réalités, j'imagine.

Arrivés à hauteur de la chambre, je m'arrêtais et me tournais vers la maitresse de maison pour poser une main sur son épaule tout en établissant un contact visuel, avant qu'elle fasse quoi que ce soit. « Je pense que ça ira à partir de là, merci beaucoup. » Après un instant d'hésitation, la femme retourna donc sur ses pas, mais j'étais prêt à parier qu'elle resterait dans les alentours pour vérifier que tout 'se passait bien' de notre côté, ce qui ne me dérangeait pas plus que ça.

Je fermais les yeux un instant et soupirais en silence avant de me redresser pour toquer à la porte. Salut Bambi, c'est l'prince charmant. On s'est jamais rencontrés et j'ai dix ans de plus que toi, mais c'est qu'un détail, l'âge est une variable relative ici bas. Il paraît que sa mère voudrait bien qu'on s'marie.

Et sinon, ça va ?

Il n'y a pas à dire, j'avais beau avoir passé une éternité au Capitole, j'arrivais encore et toujours à m'étonner de certaines découvertes que j'y faisais. Un peu comme celle de Bambi, ce jour-là. Jeune femme élégante, mignonne et bien entretenue.. pourtant, la première impression qu'elle m'avait donné était celle d'une fleur fanée... ou alors d'un petit animal blessé. Sa manière de se tenir et l'expression sur son visage laissaient présager un mal-être bien enfoui que je cernais quasi immédiatement... et pas besoin d'aller chercher trop loin pour comprendre que je l'intimidais. Pourquoi ? Hm... est-ce que sa mère lui avait parlé de moi avant que j'arrive ? Je plissais légèrement les yeux, puis fis quelques pas en avant, tout en refermant la porte derrière moi. Une fois seuls à seuls, j'étouffais un léger rire, puis, les lèvres étirées en un sourire chaleureux, me penchais poliment en avant, une main dans mon dos. « Je suis désolé si je t'ai fais peur, ce n'était pas le but. » Après m'être redressé, mon regard éclatant d'une joie de façade croisa le sien et j'écoutais alors sa question. 'Qui étais-je'. Quoi ?! Elle me posait sérieusement la question ? Je ne pus me retenir de hausser un sourcil de surprise face à sa méconnaissance de mon identité. Qu'est-ce que c'était que cette famille où l'on ne communiquait pas ? Sont cinglés, ma parole... ? Le simple fait de me rendre compte que Mme. Poezyn m'avait engagé dans le dos de sa fille me fit un peu plus bouillir de l'intérieur et il me fallut faire un petit effort pour ne pas avoir l'air dégoûté d'être là, autant pour moi-même que pour cette gamine. Je ne comprenais décidément pas leur système de pensée, à ces riches des hautes sphères... si j'étais son père, jamais j'aurais forcé quoi que ce soit dans sa vie sans qu'elle en ait envie. « Juste un ami. » Mes jambes me portèrent jusqu'au lit adjacent à l'endroit où se tenait la demoiselle et je m'assis sur le rebord. Un temps de réflexion s'en suivit. « Iyorik. » Mon regard se leva au plafond deux secondes d'un air pensif. « C'est pas mon premier prénom, mais tu peux m'appeler comme ça. » Après avoir reposé mes yeux sur ceux de mon interlocutrice, je croisais mes mains sur mes genoux. J'avais l'impression de me trouver face à une personne qui pouvait se briser en mille morceaux pour un rien et encore, je suis gentil quand je dis ça. « ... est-ce que tu sais pourquoi je suis ici, Bambi? »