❝ On finit par survivre, on n'oublie jamais, la douleur est toujours tapie au fond de notre cœur, mais on finit par survivre. ❞
Cours petite, ton chemin n’est pas encore tracé. Tu as du temps devant toi. Tu as la vie devant toi.
« Arrête-toi ! » Non, surtout ne les écoute pas. Tu risques de souffrir. Tu continues ta course dans le District, tes poumons manquant cruellement d’oxygène. Les semelles de tes baskets heurtent le sol de ton village natal. Tu as tellement couru dans ces rues avec ton frère mais jamais pour ta survie alors là, tu te donnes tous les moyens pour distancer tes poursuivants. Le choc contre la terre se répercute violemment dans tes jambes. Tu souffres déjà mais sûrement moins que ce qu’ils ont prévu de te faire.
N’abandonne pas, la sortie n’est pas loin. Oui, tu la vois se dresser devant toi. Imposante et calme. Loin de ce tumulte. La montagne. Elle t’appelle. Tu te dois d’y aller. Pour leur échapper. Pour fuir le Capitole et ses infamies.
« Elle est cernée, elle ne nous échappera pas ! » La végétation se fait plus dense sur ton passage. Les branches viennent fouetter ta peau et te font couler quelques larmes. Ça fait mal mais tu supportes la douleur. Après tout, tu n’as pas le choix. Le cuir du fouet serait encore pire car c’est ce qui t’attend. Ce vil objet créé pour faire du mal. Il meurtri la chair et marque la personne à jamais. Comme du bétail. Fuis ma jolie, tu n’es pas loin de la liberté. Le pied de la montagne s’offre enfin à tes yeux. Tu accélères, prête à toucher ton indépendance du doigt. Les cailloux de différentes tailles glissent en dessous de la plante de tes pieds. Tu trébuches, te relèves et repars. Ton escalade te coupe le souffle et te fais tourner la tête mais tu ne t’arrêtes pas. Tu les entends t’insulter derrière mais tu les entends aussi souffler comme des bœufs. Contrairement à eux, la jeunesse coule dans ton sang. Tu es plus rapide, plus endurante. Tu sais que tu peux leur échapper. Tu t’aides de tes mains pour avancer, marquant quelques rochers de la couleur vermeille qui suinte de tes mains. Tu t’es échappée trop vite et la morsure du froid colore tes bras et tes jambes nus d’une teinte bleutée. Tes lèvres sont tout aussi proches de cette nuance. De l’eau salée mouille ton visage. Tu es énervée, exténuée mais tu tiens bon. Bientôt, ils cesseront de te poursuivre car tu seras en dehors de leurs limites. Le sommet n’est pas loin. Encore quelques efforts ! Mais une pierre s’enlève de ton pied et tu glisses. Tu essayes de te raccrocher à quelques branches qui cèdent sous ton poids. Ta peau te brûle là où la nature y a marqué ses droits. Tu entends un craquement et une douleur fulgurante irradie dans ta jambe. Il semblerait que ta cheville se soit brisée. Tu cries de douleur et te recroqueville sur toi-même, continuant à glisser. Avec la vitesse, tu renverses un de tes poursuivants qui avait enlevé son casque pour pouvoir mieux respirer. Sa tête heurte un rocher et son teint pâle se retrouve couvert de son sang.
« Aldrick est à terre ! » Tu entends ces hommes vociférer et tu trembles. C’est terminé pour toi.
« Toi, t’es bonne pour une superbe correction ! » On te relève et l’on te force à marcher. Ton visage est crispé par la douleur. Tu es faite comme un rat.
« Kalixte January Emerson est jugée pour insultes et blessures graves envers des Pacificateurs ! » La voix résonne, forte, au milieu de la Grande Place. Le District est rassemblé et moi, je suis ligotée en petite tenue au poteau du lieu. Mon corps est déjà bien meurtri par ma récente chute et je ne peux m’empêcher de trembler lorsque le vent caresse ma peau. J’ai froid. J’ai mal.
« Drake Lewis se chargera de ton cas ! » Un coup de pied dans mes jambes pour m’indiquer qui est le chef. Je grogne et baisse la tête. Tout ça parce que j’ai osé dire à un agent qu’il n’avait pas le droit de passer devant tout le monde, au boucher, grâce à son statut.
Ça m’apprendra ! Mais depuis la rébellion, j’aurai du me méfier. Et avec l’autre qui se retrouve à l’hôpital, j’ai tout gagné. Mais le pire de tout, c’est de me faire punir par mon amant. Il obéira. Je n’ai été qu’un jouet pour lui après tout et je me suis enfuie comme une voleuse la dernière fois que je l’ai vu. Au secours …