« When the night falls, demons arise. »

ssise dans un champs, ton dos était arqué au dessus d'un cahier. Tu ne travaillais pas aujourd'hui, tu avais ta journée de libre et tu t'attelais à une de tes passions : le dessin.  Avec l'écriture, c'était l'un de tes meilleurs moyens d'expression. Il t'était déjà arrivé de passer des nuits entières à dessiner tout et n'importe quoi mais ta muse préférée restait ton petit frère, Nathael, alors qu'il était endormi. Qu'est-ce que tu aimais observer les personnes dans leur sommeil. Elles semblaient si paisibles, si douces et si vulnérables. De ton point de vue, c'était aussi à cet instant que l'on pouvait voir leur vrai visage. Alors tu les dessinais. Là encore, tu analysais un homme qui dormait dans le même champs que toi non loin de là. Certainement avait-il arrêté quelque minutes son travail afin de reposer ses muscles endoloris par l'effort. Tu traçais les moindres plis de ses vêtements usées et t'amusais à retranscrire sur le papier les grains de beauté qu'il avait au visage. Jusqu'à ce qu'il ouvre un œil et croise ton regard. Immédiatement, ta respiration se coupa, comme si tu avais été prise en flagrant délit. Tu le voyais qui commençait à se lever tout en grognant des injures, prêt à venir à ton encontre. Sans attendre, tu pris tes affaires et marcha d'un pas rapide jusqu'à la forêt pour te cacher. Ridicule. Tu étais tellement froussarde que tu avais tout de suite imaginer cette homme lever la main sur toi. Impossible de te défendre, impossible de crier au secours. Dans un soupir, ton désespoir se manifesta alors que tu te tenais derrière un grand arbre. Puis, tu baissas les yeux sur ton esquisse et soupira une seconde fois, déçue. Il fallait que tu trouves un nouvel endroit où te poser.
Après des minutes de marche lasse, tu te tenais debout devant une grande cours où des enfants jouaient dans la poussière. Si tu t'étais arrêtée à leur apparence sale et maigre, tu aurais eu un rictus. Mais tu vis bien au delà de cela. Tu voyais des petits êtres se balançant sur leurs pieds et rigolant de leurs âneries. Tu t'installas alors par terre et tourna la page de ton carnet avant de poser ton crayon dessus et de laisser tes mains pour maîtres. De temps en temps, des mèches s'échappaient de ton chignon négligé mais tu ne les remarquais même pas, absorbée par la vue. Tu dessinas ainsi jusqu'à la fin de journée, jusqu'à que les enfants rentrent chez eux auprès de leurs parents. De ton côté, tu retardais ce moment. Le retour à la maison. La confrontation avec tes propres parents. Tu ne savais pas si Nathael serait là à ton arrivée, mais tu l'espérais bien plus que l'on se permette de le croire. Tu avais ton idée sur ce qui allait se passer : tu allais rentrer, monter directement dans votre chambre avant de t'enfermer dans votre petite salle de bain miteuse et de prendre un bon bain chaud -un plaisir que presque seule la famille Brightcourt pouvait s'offrir. Puis, tu irais te coucher dans le lit de ton frère attendant son retour pour qu'il puisse te raconter sa journée de travail et que tu puisses lui montrer tes dessins. Il était le seul à avoir la permission de les voir. Non pas que tu étais timide mais plus que c'était ton jardin secret. Et tu ne le remercierai jamais assez de t'avoir acheter ce carnet avec ses économies. Il y avait tout dans ce carnet, et le fait qu'il ne restait plus beaucoup de pages blanches t'angoissaient. Le papier n'était pas donné et les cahiers encore moins. Alors tu avais commencé à économiser aussi de ton côté, allant jusqu'à faire des heures sup à la boulangerie afin d'augmenter le peu d'argent de poche que tes paternels te donnaient.

Comme tu l'avais imaginé, ton arrivée dans la maison fut furtive et brève. Tu n'offris ni un geste, ni un regard à ta mère que tu croisas et t'enfermas dans la salle d'eau. Une fois ta robe à tes pieds, tu enfonças ton corps frêle dans l'eau chaude avec un sourire tendre. Lorsque le liquide t'enveloppa entièrement, tu souries tendrement, appréciant ce contact avec ta peau gelée. Rougis par le changement de température, tu admirais tes membres et t'arrêtas sur un bleu sur ton bras droit. Comme une enfant, tu appuyas dessus afin de voir si cela te faisait mal. Et ton petit gémissement te fit comprendre qu'il ne valait mieux pas retenter l'expérience. Un simple coup de coude de ton père arrivait à te marquer. A croire que même ta peau était impuissante, chétive. Tu te perdais ainsi dans tes pensées jusqu'à ce qu'on toque à la porte. Tu manquas de boire la tasse, t'amusant auparavant à souffler sur la surface de l'eau.

« Lou ! J'ai une surprise pour toi dans la chambre... Dépêches toi soeurette. » annonça Nathael à voix basse.

Une surprise... La dernière en date ne t'avait pas laissé de bons souvenirs. Tes sourcils se froncèrent et des questions commencèrent à fuser dans ta tête. Qu'est-ce que cela pouvait bien être ? Devrais-je me préparer au pire ? Après tout, avec Nathael, on ne sait jamais... Ta curiosité grandissante, tu te levas et sortit du bain, te séchant à grande vitesse. Tu laissas tes cheveux mouillés tomber dans ton dos et revêtis ta robe. Lorsque tu ouvris la porte dans la volée, tu fus surprise de croiser le regard de ton frère qui t'attendait de pieds fermes. Cela ne voulait rien dire de bon d'après toi. Et pourtant, la surprise ne fut pas si mauvaise. Quand vous arrivâtes à l'entrée de votre chambre commune, ton regard se posa sur un jeune homme dont tu ne connaissais que trop bien les traits. Tu fus étonnée par ses paroles hésitantes et son expression presque apeurée. Ressemblais-tu à un monstre à cet instant ? Avais-tu oublier quelque chose ? Pourtant, tu ne décrochas pas de son regard. En premier lieu, tu fus heureuse de le voir, la journée ne pouvait pas mieux se finir. Mais en second lieu, tu pensas à la réaction que pouvaient avoir tes parents en le voyant ici. Ça ne ferait que vous mettre en danger, vous deux ainsi que Nathael. Mais avant même que tu n'ais le temps de réagir, ou même de réfléchir un peu plus, ses bras t'encerclèrent. Quand il nicha sa tête dans tes cheveux, tu resserras votre étreinte désirant profiter de cet instant un peu plus longtemps. Tu n'as jamais su pourquoi depuis votre rencontre, il t'avait toujours autant attiré. Ce n'était sûrement pas à cause de ses muscles jugés bien trop petits pour un soldat rebelle ou même de son intelligence hors du commun. Non, toi tu avais craqué pour ses yeux aussi puéril que cela puisse paraître. Tu chérissais cette couleur noisette autant que ta propre chair et te régalait dès que tu la voyais. Il n'avait aucun problème pour communiquer oralement et pourtant, tu avais toujours préférer te jeter dans la lecture passionnantes de ses iris. Elles montraient tellement sans même qu'il ne s'en rende compte.
Lorsqu'il te relâcha, tu relevas les yeux vers lui et un léger sourire apparut au coin de tes lèvres à cause de sa gêne. Pourtant, Nathael résuma très bien la situation en lui expliquant qu'il était le bienvenue ici -et tu ne tiquas même pas quand ce dernier vous surnomma les amants. Puis vous vous installâtes sur le lit de Nathael tandis que celui-ci demander à votre invité spontané la mission qu'il lui avait été confié. Machinalement, tu levas les yeux au ciel. Cette obsession qu'avait ton frère avec les rebelles t'exaspérait autant qu'elle t'effrayait. En ta présence, c'était un sujet assez sensible. Et ils le savaient, tous les deux. Pourtant, le jeune garçon ne s'était pas gêné pour poser cette question. Cependant, à ton plus grand bonheur, l'intéressé ne répondit pas de suite et se tourna plutôt vers toi, t'imposant un dilemme plutôt amusant à ton goût :

« Si ma présence te dérange, gifle moi. Si ce n'est pas le cas, et bien ... Prouve moi le parce que je me sens horriblement gêné ... » dit-il en prenant tes mains.

C'était ainsi qu'il avait appris à communiquer avec toi. Un certain système de "si oui, fais ceci, si non, fais cela" . Ça n'aidait pas vraiment à la conversation, dans le fond, mais tu appréciais ses efforts et ses idées. Bien heureusement, Nathael était souvent là et permettait de traduire tes paroles, mais quand il était absent, c'était une tout autre histoire. Quelque secondes passèrent et tu connaissais d'ores et déjà la réponse. Lui mettre une gifle aurait pu être tentant mais ce n'était pas vraiment ton style. Alors tu te penchas et déposa sur sa joue un bisou. Oui, un bisou. Un bisou qui souscrivait non seulement qu'il ne te dérange pas, pour le moins du monde mais qu'en plus, tu étais heureuse qu'il soit là. Le jeune Brightcourt était prêt à faire un commentaire jusqu'à ce que tu lui lances un regard qui en disait long. Tais toi. En temps normal, tu aurais dû rougir vis à vis de ton approche avec le rebelle, mais elle avait été trop tentante.

« Tu n'as pas répondu, quelle était ta mission ? » insista Nathael.

Il n'en fallut pas une de plus pour que tu réagisses. Tes gestes étaient rapides, fluides et précis. Tu savais parfaitement comment tu devais faire pour parler avec ton frère et tu savais qu'il allait comprendre.

« Nathael, je pense qu'il a autre chose à raconter que ses missions. Arrêtes de l'ennuyer avec ça ! » fais-tu en langage des signes avec de grands yeux.

« Roh ça va Lou, je n'ai pas non plus demander tous les détails. Arrêtes de faire ta rabat-joie. » répondit-il à voix haute avant de se tourner vers le troisième protagoniste « Elle pense que ça t'embêtes que je te pose cette question. C'est le cas ? » continua-t-il, las du comportement de sa soeur.