prunellia thomson

❝ WHO AM I LIVING FOR? ❞

about games and relative.

➺ APPRÉCIES-TU LE VISIONNAGE DES JEUX ?

Je visionne les Jeux depuis mon enfance. Ma mère faisait parti de l'équipe de préparation du district quatre et mon père est un scientifique chargé, chaque année, d'inventer et créer des mutations génétiques toutes aussi cruelles et originales les unes que les autres, j'ai donc toujours vécu sous l'influence des Hunger Games. Et puis, comme pour beaucoup de monde, c'est devenu pour moi l'émission de l'année. Je n'irais pas jusqu'à dire le divertissement de l'année, car je dois avouer que regarder des enfants s'entre-tuer n'est pas quelque chose de très sain. Vous savez, j'ai déjà eu à soigner un gagnant des Jeux devenu fou, il y a quelques années. C'était un cas désespéré, je ne sais pas ce qu'il est devenu, mais il était vraiment mal en poing. Contrairement à beaucoup d'autres capitoliens, j'ai conscience des souffrances que peuvent produire les Jeux sur ces pauvres gens qui n'ont rien demandé. Enfin, je fais comme tout le monde, après tout, et je dois bien avouer que discuter chaque année de tous les candidats est plutôt divertissant, et que tout le monde attend cette période avec impatience.

QUE PENSES-TU DE LA REVOLTE ECHOUEE ET DES REBELLES ?

Je trouve cela assez désolant. Pourquoi défier le Capitol alors que celui-ci ne veut que l'unité, la paix et la bonne entente entre les districts ? Le président Snow est un homme bienveillant qui veut le bien de son peuple avant tout, et les Hunger Games ne représent, selon moi, pas une raison pour tant s'opposer à ses idées, choix et opinions. Enfin, je n'ai pas vraiment d'avis sur ces gens là. A partir du moment qu'ils restent loin de la capitale, loinde notre quotidien, loin de ma vie, et qu'ils ne me posent aucun problème, ni à moi, ni à ma famille, ni à mes amis, ni à mes patients, je ne les jugerais pas. J'estime simplement que chacun doit rester à sa place, et que cette révolte n'apporte que la peur, la terreur et la mort. Heureusement que le président Snow est assez intelligent et bon pour rassurer les districts avec ces dons de nourritures mensuel et ces magnifiques soirées à l'occasion de l'anniversaire de Panem !

➺ QUE PENSES-TU DES VAINQUEURS DES JEUX ?

Ce sont des gens courageux, effectivement. Ils ont sûrement tous fait preuve de beaucoup de sang-froid pour ne pas tomber dans la folie, pour beaucoup. D'un autre côté, la plupart sont des carrières sur-entrainés, programmés pour, dès qu'ils s'estiment près, se porter volontaires et remporter les Jeux en éliminant un à un et sans aucune pitié leur concurrent. Ils ont tous sur la conscience de nombreuses morts, c'est affreux. Cependant, je ne les plains pas, ils sont encore en vie, et c'est l'essentiel, non ? Je pense qu'ils ont de la chance, car ils pourraient très bien, à cette heure-ci, être morts, tués par d'autres tributs dans l'arène. J'ai mes petits préférés, comme beaucoup, que j'adorerais rencontrer, pour pouvoir recevoir leurs témoignages et impressions sur leurs propres Jeux. Ils sont les vainqueurs, les meilleurs d'entre tous, ils méritent gloire et respect !

➺ AS-TU PRIS PART AUX DERNIERS EVENEMENTS, QUE CE SOIT POUR OU CONTRE LE CAPITOLE ?

J'aurais plus tendance à aider le Capitol, évidemment, mais je n'ai pas pris part aux derniers évènements. J'ai mon avis, comme tout le monde, mais je ne préfère pas m'engager dans toutes ces histoires de révoltes ou autre. Chacun doit rester à sa place, comme je l'ai déjà dit, et la mienne est dans mon hôpital, à soigner les cas les plus désespérés. J'aime ce que je fais et je ne voudrais pour rien au monde changer de quotidien, changer de métier, changer de vie, elle me convient parfaitement. En revanche, j'ai beaucoup apprécié le banquet organisé au Capitol, en l'occasion du cent cinquantième anniversaire de Panem, je m'y suis évidemment rendue, ça a été grandiose !

➺ QUE PENSES-TU DE L'ORGANISATION DE PANEM (DISTRICTS/CAPITOLE) ?

Je pense que c'est assez juste, équitable, et qu'il s'agit d'un bon fonctionnement. Évidemment, j'ai conscience que le Capitol est largement plus avancé et avantagé que le reste du continent, mais après tout, il s'agit de la capitale, et seuls les plus riches peuvent y habiter. Et puis, certains districts ne sont pas trop mal non plus, d'après ce que j'ai pu comprendre, le Un et le Deux sont mêmes très appréciés et très demandés ! Pour preuve, beaucoup des vainqueurs sont originaires de ces deux districts, qui forment beaucoup de carrières. La seule chose qui me gène un peu est le fait que nous, capitoliens, ayons l'interdiction de nous rendre dans le reste de Panem, contraints de rester au Capitol tout le reste de notre vie, pour la plupart. Je m'y plais beaucoup, mais j'aimerais énormément visiter quelques districts, tout particulièrement le six, où vit ma chère petite Nephtys !

➺ COMMENT TE SENS-TU QUAND LE TEMPS DE LA MOISSON ARRIVE ?

Très clairement, impatiente et anxieuse ! J'ai hâte de voir ce que nous réserve les nouveaux tributs, et chaque année, je crains les réaction de ces pauvres familles qui voient leurs enfants se diriger vers le Capitol. Surtout depuis la révolte du 13 ! Cette année, j'espère que nous aurons de belles surprises, que nous puissions discuter longuement derrière des thés à la menthe, avec mes amis, devant nos écrans de télévision ! C'est ainsi tous les ans, et sincèrement, je ne m'en lasse pourtant pas, bien que certaines années, les Jeux soient moins intéressants que d'autres.

i see this life like a swinging vine.

(...) Ils étaient deux. Ses deux enfants, ses deux petites perles, ses deux étoiles qui venaient d'illuminer considérablement sa vie, en moins de quelques heures. Cersei Thomson avait toujours souhaité avoir des enfants, et depuis qu'elle avait rencontré Orion, son mari, les choses s'étaient rapidement accélérées. Elle pouvait très nettement dire qu'elle était une femme heureuse et épanouie, et un peu plus chaque jour. Elle avait toujours vécu au Capitole, et tout comme Orion, elle était issue d'une famille relativement riche de la capitale. Elle n'avait jamais manqué de rien, avait eu une enfance heureuse, grandissant dans la sécurité et l'amour, la joie et la bonne humeur. Rapidement, sa passion pour la mode s'était manifestée et dès son adolescence, ses souhaits d'avenir se concrétisaient ; c'était une évidence, elle voulait travailler dans une équipe de préparation. D'un district renommé, et ce serait parfait. Elle avait grandi en suivant les Jeux, comme beaucoup de jeunes gens de son âge, et entièrement dévouée et en accord avec ce système, ne se lassait pas de les visionner chaque année. Elle avait quitté l'école, pour suivre des apprentissages. très compétente, à peine âgée de la vingtaine, elle avait rapidement été repérée et acceptée dans l'équipe de préparation du district quatre. Chaque année, pendant plus de cinq ans, elle avait eu comme mission de rendre le plus jolis possible les carrières qui se présentaient à elle, toujours impatients de découvrir leurs tenues confectionnés par les soins de leur styliste. Elle adorait son travail. Puis, elle avait rencontré Orion, et plus d'un an après, elle se retrouvait enceinte de lui. Depuis, elle avait quitté ses fonctions de préparatrice pour un congé maternité, et aujourd'hui, enfin, ils arrivaient. Ses jumeaux. Ses deux trésors. Une infirmière se rapprocha, la bambine dans les bras, et proposa à Cersei de porter pour la première fois son enfant. Les larmes aux yeux, la jeune femme prit délicatement sa fille et cala sa tête contre son avant-bras. Son mari, assis à ses côtés, était tout aussi ému. Coucou Prunellia. Déclara-t-elle en couvrant sa fille d'un regard attentionné. Puis, elle releva les yeux vers Orion. Elle est belle, n'est-ce pas? L'homme esquissa un sourire, et passa délicatement ses doigts sur les joues de la petite. Doucement, Cersei la balança de gauche à droite, des larmes de joie roulant sur ses joues. Comme elle était heureuse. L'infirmière se racla nerveusement la gorge. La jeune mère releva la tête, et fronça les sourcils en voyant la mine grave de la femme. Excusez-moi, mais, votre fils.. Elle ne termina pas sa phrase, mais le ton employé voulait tout dire. Il se passait quelque chose. Quelque chose de grave. A bout de forces, Cersei ne put se relever, et ce fut Orion qui se déplaça jusqu'au lit de bébé où était allongé son lit. Un masque était accroché autour de sa mâchoire, relié à un instrument qu'Orion devina comme aidant à la respiration saccadée du bébé. Paniqué, il s'approcha de son fils. Que se passait-il? Il n'en avait pas la moindre idée, mais tout cela ne valait rien de bon. Il se retourna vers la première sage femme que croisa son regard, et la questionna du regard. Un problème de respiration, et je doute qu'il puisse s'en sortir.. Murmura-t-elle en reportant son attention sur le garçon, tout en appuyant légèrement plus fort sur son masque à oxygène. Cersei, encore allongée sur le lit, s'inquiétait de plus en plus. Son fils était en train de mourir, et elle était impuissante devant cette tragique situation. Elle adressa un regard implorant à la jeune femme qui avait l'air tout aussi chamboulée qu'elle. Je suis désolée.. Il ne respirait plus. La jeune mère fondit en larmes, tandis que le père, sous le choc, restait immobile, les yeux rivés sur son enfant qui était né et mort dans la même heure. Désormais, il ne restait plus que Prunellia. Qui, même si elle n'en avait pas conscience, venait de perdre son frère jumeau.

***

Prune tourna trois fois sur elle-même, faisant voler autour d'elle sa magnifique robe bouffante aux motifs colorés et joyeux. Ornée de dentelles, perles, fourrures, et autres accessoires tous plus fantaisistes les uns que les autres, le vêtement était magnifique. Sa mère l'avait acheté quelques jours plus tôt pour ce grand évènement qu'était, comme tous les ans, l'anniversaire de l'unique fille Thomson. Suite à un passage chez le coiffeur, ses cheveux étaient pour l'occasion teints en blond presque platine, parsemés de quelques mèches rousses et dorées qui se mariaient à merveille avec les tons de couleur du tissu. Une longue natte tressée sur le côté par un professionnel lui retombait au milieu du buste, et une frange bombée et fraichement coupée venait effleurer le bout de ses cils. Des ballerines beiges, chacune décorée d'un noeud à motif léopard, étaient enfilées par dessus son collant orangé. Ses parents l'avaient estimé trop jeune pour une coloration de la peau, elle avait donc échappé à cette étape de préparation pour être la plus jolie possible. Car sans aucun doutes, Prunellia serait la plus belle ce soir. Comme tous les ans, à l'occasion de l'anniversaire de leur fille, Cersei et Orion organisaient une fête, se déroulant dans une salle privée louée, où un bon de nombre de leurs amis, ainsi que ceux de la jeune enfant, étaient invité. Seulement, cette année était un peu plus spéciale que les autres. Prunellia fêtait ses dix ans. La future entrée à l'école secondaire. Le premier nombre à deux chiffres. La cour des grands. Ils étaient si fière de leur fille, qui, pour beaucoup de monde, était l'exemple incarnée de l'enfant modèle. Prune ramenait chaque semaine d'excellentes notes, et ses moyennes scolaires flirtaient avec la perfection. Elle s'intéressait beaucoup à la mode, ce qui était pour sa mère une réelle satisfaction, elle qui avait dû dire adieu à sa carrière de préparatrice pour les tributs du district quatre, elle espérait beaucoup que sa fille suive elle aussi cette voix qui lui apporterait gloire, richesse et renommée, assurément. Elle partageait les idéologies de ses parents, et, tout comme la plupart du reste des habitants de la capitale, respectait et adulait le président Snow. Elle suivait les Hunger Games, consciente de la chance qu'elle possédait d'avoir le privilège de pouvoir dire qu'elle ne serait jamais moissonnée, et, avec ses camarades de classe, alimentait les discussions sur les Jeux un peu plus chaque jour. Un vrai petit rayon de soleil, qui, en plus de cela, ne posait jamais aucun soucis, était obéissante, sérieuse dans son travail, responsable et impatiente de grandir pour réellement découvrir ce qu'on appelait la vie. Oui, elle serait la plus belle ce soir. On viendrait la féliciter pour cette superbe fête, lui caressant avec attention ses joues rosies. On la laisserait passer en formant de parfaites allées, lui adressant des sourires et des signes de main. On lui poserait des questions, sur ses opinions, sur ses idées, sur ses souhaits pour cette nouvelle année. Elle serait la reine, plus grande et plus forte que jamais. Souriante, comme toujours, elle apporterait de l'attention et de l'affection à chaque invité. Ainsi on l'avait élevé. Après avoir fini l'inspection de sa tenue, Prune se retourna vers sa mère, dont le regard pétillait d'émotion et d'admiration. Tu es magnifique, ma chérie. Déclara-t-elle. Prune lui adressa un sourire, puis, tant elle était heureuse, sauta dans les bras de sa mère et la serra le plus fort possible. Si elles étaient plutôt proches, les démonstrations d'affection comme celle-ci étaient plutôt rare et Prune, tout comme Cersei, regrettait de ne pas montrer plus souvent à sa mère qu'elle l'aimait. Les moments comme celui-ci étaient l'occasion pour elle de ne pas l'oublier. Oui, elle aimait ma maman plus que tout au monde. Et toi, tu es la meilleure des mamans!

***

L'adolescence. Une période de sa vie où l'on se cherche beaucoup. Et, comme tous les autres jeunes gens de son âge, Prune n'échappait pas à cette intense réflexion, qui durait déjà depuis ses douze ans, soit depuis deux ans, et qui risquait de la tourmenter pour encore quelques années. Qui était-elle vraiment ? Quels étaient ses intentions, ses buts ? Pour quoi, pour qui était-elle prête à tout faire, tout donner, tout sacrifier ? Quelles étaient ses valeurs ? Etait-elle une jeune fille bonne ou mauvaise ? Suivait-elle le bon chemin, ou du moins, celui qui lui correspondait le plus ? N'était-elle pas un peu trop dure avec elle-même, ou même avec les autres ? Etait-elle réellement chanceuse d'avoir la prétention de pouvoir dire qu'elle ne participerait jamais aux Hunger Games ? Vivait-elle vraiment dans la sécurité constante, dans le luxe total, dans le bonheur complet ? Son apparence avait-elle autant de répercussions que ce qu'elle pensait sur l'avis qu'avaient les autres d'elle ? Réussirait-elle ses études de médecine, était-elle assez intelligente et douée pour parvenir à franchir un tel niveau ? Etait-elle heureuse, épanouie ? D'innombrables questions s'installaient petit à petit dans son esprit. Evidemment, et malheureusement, les réponses étaient beaucoup moins nombreuses, ce qui d'ailleurs avait le don de l'agacer. Depuis un certain temps, elle avait l'impression que tout son monde s'écroulait, pour de petits problèmes d'adolescente qui ne pouvaient rivaliser avec ceux des adultes mais qui, pour la jolie Prunellia, relevaient du domaine de l'insurmontable. Elle n'avait jamais été confrontée à l'échec, et la moindre erreur la faisait toujours un peu plus défaillir. Une dispute avec une amie. Un cauchemar de plus à propos de ses peurs les plus cachées. Une journée de plus avec l'ignorance de ce garçon sur la conscience. Une mauvaise note, qui n'était pourtant pas si basse que ça. Un kilos en trop. Un vêtement démodé. Tout lui tombait dessus en même temps. Elle n'avait pas fait ses devoirs, ce soir, elle ne voulait rien faire, de toute façon. Elle ne voulait pas manger, pas parler, pas travailler, pas s'amuser, non, elle voulait pleurer, seule dans sa chambre, et surtout, surtout, elle voulait qu'on la laisse tranquillement méditer avec ses pensée. Une larme roula sur sa joue rosie par le tristesse et le chagrin, et d'un revers de main, elle écarta sa frange devenue un peu trop longue qui lui brouillait la vue. Quelqu'un toqua à la porte, elle se recroquevilla un peu plus sur elle-même et émit un léger gémissement, simplement pour signaler sa présence. La personne prit cela pour une autorisation d'entrée, et sa mère se présenta sur le seuil de la porte. La voir procurait à la jeune fille un immense soulagement comme une grande exaspération. Elle savait que sa mère serait toujours là pour elle, mais pour une fois, elle voulait se montrer forte à ses yeux. Et vider toutes les larmes de son corps n'était pas vraiment le meilleur moyen pour prouver sa force mentale. Prunellia.. Cersei s'avança de quelques pas dans la pièce et vint rejoindre sa fille sur ses draps bordeaux aux coutures dorés, qu'elle affectionnait tout particulièrement pour les avoir elle-même choisit. Elle passa délicatement sa main sur l'avant-bras de Prune, et en croisant son regard voilé et humide, elle lui adressa un sourire rassurant, qui eut l'effet de décrisper l'adolescente en détresse. Elle s'approcha et la serra dans ses bras. Comme elle détestait voir son rayon de soleil triste, c'était si.. inhabituel. Maman est là, maintenant, tu n'as plus aucune raison de pleurer. Explique-moi tout. Prune secoua négativement la tête, un sourire crispé se dessina sur les lèvres de Cersei. Sa fille avait sûrement besoin d'un peu d'intimité, après tout, elle comprenait. Elle reprit la parole, de sa traditionnelle voix douce. Je comprends, j'ai moi aussi eu quatorze ans, je l'oublie pas. Elle lui adressa un léger clin-d’œil, Prune ne put s'empêcher d'esquisser un très léger sourire. Puis, Cersei caressa le visage de sa fille, puis, après lui avoir déposé un baiser sur le front, quitta la pièce, non sans un dernier regard inquiet envers la jeune fille, toujours recroquevillée sur elle-même. Ça lui passera, se dit-elle, comme pour se rassurer que tout se passerait bien.

***

Prune attendait sur le quai de la gare, attendant avec impatience que ce train venant du district six arrive enfin. Cela faisait quelques jours qu'elle l'attendait, et le stresse avait petit à petit monté, l'impatiente de la rencontre s'était faite plus présente. Prune avait fait ses débuts en temps qu'infirmière, notamment pour les cas psychiatriques les plus désespérés, un an auparavant, et si elle ne s'était jamais vraiment lancée dans le vif du sujet, cette nouvelle patiente allait sûrement révolutionner sa carrière. Plutôt douée, ses supérieurs avaient fini par comprendre que Prunellia serait parfaite pour s'occuper d'une jeune fille comme Nephtys, atteinte d'une maladie neurologique avancée. Acharnée et assidue, elle avait beaucoup travaillé durant toute l'année, quitte à mettre tout le restant de sa vie de côté, ce qui avait fini par payer, ses efforts étaient récompensés, non seulement par une augmentation, qui, étant donné son statut financier, surtout grâce à l'aide de ses parents fortunés, ne lui était pas tellement utile, mais aussi et surtout l'attribution de cette nouvelle « mission », comme elle aimait appeler la prise en charge de cette jeune femme. Prune ne l'avait encore jamais rencontrée, et d'ailleurs, elle ne savait pas même si elle était au courant qu'une jeune infirmière allait la prendre en charge. Elle devait être totalement perdue, le Capitole était si grand, si impressionnant, qu'il était très facile de se sentir oppressé, surtout pour quelqu'un ne l'ayant jamais vu ou visité, ou autrement, un habitant d'un district. Prune ne s'était jamais rendu dans le district sept, mais dans quelques semaines, en fonction de l'évolution de sa nouvelle patiente, elle aurait peut-être une autorisation pour se rendre dans le sept, afin de mieux comprendre d'où proviens ce trouble dans le cerveau de la pauvre fille. Enfin, le train entra en gare. Les quelques personnes présentes sur le quai reculèrent, tandis que l'appareil sophistiqué s'arrêtait et que les portes s'ouvraient. Enfin, elle la vit, accompagnée d'un homme, que Prune devina comme un Muet. Elle se précipita vers elle, et lorsqu'elle croisa son regard, lui adressa un sourire radieux. Bonjour Nephtys, je suis Prunellia, l'infirmière chargée de m'occuper de toi lors de tes séjours au Capitole. Déclara la jeune femme en plongeant son regard dans celui, voilé, de la belle brune. Elle devait avoir dix-sept ans tout au plus, et était donc toute aussi vulnérable que les autres pour être tirée au sort lors de la moisson. A moins que son statut de patiente de l'hôpital psychiatrique du Capitole la dispense d'avoir son nom, une ou plusieurs fois, dans la coupe en verre. Elle regarda Prune d'un air perdu. Visiblement, elle n'avait pas l'air de comprendre ce qui lui arrivait. Tu as fait bon voyage? Voix douce, sourire rassurant, Prune se voulait la plus pétillante et chaleureuse possible. On lui avait dit que cette fille était un cas désespéré, ayant déjà fait quelques voyages au Capitole, mais Prune voulait leur montrer qu'ils avaient tord. Elle réussirait à trouver ce qui clochait dans l'esprit de cette habitante du sept, elle se l'était promis. Elle ne craquerait pas. La jeune fille ne répondit pas, comme habitée par une intense réflexion, puis revint à la réalité quelques secondes ensuite. Prune eut un moment de pur hésitation, et fronça les sourcils. Elle n'avait pas vraiment compris ce qui venait de se passer. Comment vous appelez-vous, déjà? Prune esquissa un sourire gentil et répondit calmement à la question de la jeune fille. Prunellia, mais tu sais, si tu n'aimes pas, tu peux tout simplement m'appeler Prune. Déclara-t-elle en prenant le bras de Nephtys autour du sien, l’incitant à la suivre à travers la foule. La jeune fille mit quelques secondes à réagir avant de répondre. Prune, c'est très joli. Nouveau sourire. Complètement d'accord avec toi. Je suis sûre que nous allons très bien nous entendre, Nephtys.