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 Hand of sorrow Δ Laurel

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Hand of sorrow Δ Laurel Vide
MessageSujet: Hand of sorrow Δ Laurel   Hand of sorrow Δ Laurel Icon_minitimeMar 24 Sep - 10:49


Laurel "Auri" Lydia Tanner
❝ Hello darkness, my old friend❞

Des mots. Chuchotés, murmurés, criés. Des mots doux, des mots durs. Des mots qui roulent sur la langue comme des cailloux. Des mots qui piquent, des mots qui déchirent. Des mots lourds comme du plomb. Des mots qu’on ne prononce pas de peur qu’ils ne s’envolent. Il m’arrive de m’asseoir sur le petit banc derrière la maison, après une longue journée de travail, pour écouter ces mots. Avec aucun autre repas en perspective, je sirote une tisane. A la menthe. A l’ortie. A la camomille. Peu importe, tant que cela fait croire à mon estomac qu’il n’avale pas que de l’eau chaude. Ou tiède. Parfois, je mâche de l’écorce jusqu’à avoir mal aux dents pendant que mon esprit vagabonde. J’écoute les mots que le vent m’apporte. J’écoute ses soupirs, ses secrets. J’écoute jusqu’à ce qu’il n’y ait plus rien à écouter, jusqu’à ce que les rires des enfants dans la rue se taisent, jusqu’à ce que les oiseaux retournent dans leurs nids. J’écoute jusqu’à ce que mes oreilles bourdonnent et que la tête me tourne. Alors, je me lève et je rentre pour me glisser sous ma maigre couverture, dans la chambre que je partage avec Ambre. Je me roule en boule pour avoir l’impression qu’il fait chaud. Et dans le silence qui envahit la chambre, je me souviens de tous les mots que le vent m’a chuchotés. Parfois, il chuchote mon nom. Laurel. Laurel. Je sais alors que quelqu’un, quelque part, a parlé de moi. Le vent n’invente rien, il ne fait que répéter ce qu’il entend. Ce que les gens disent de Laurel Lydia Tanner. Ce que les gens disent de moi.

« Tu as entendu la nouvelle ? Laurel, tu sais, la petite Laurel, a encore dû ramener son frère à la maison, fin saoul. Ils ne l’appellent pas Thorn pour rien, celui-là. C’est une épine dans le pied de cette jeune fille. Dire qu’elle est si gentille… Elle lui pardonne tout, lui permet tout. Dès qu’il l’appelle par ce petit surnom marrant qu’il lui a donné quand ils étaient encore des gosses, Auri, elle sourit. Elle pourrait avoir une belle vie, si elle ne s’acharnait pas à trainer ce bon à rien derrière elle, si elle ne fréquentait pas la môme Galeoni. Je pense qu’elle ne peut pas s’empêcher de les aider. C’est dans sa nature, dans son cœur. Cette fille est altruiste à l’excès. L’hiver dernier, lorsque j’avais le poignet cassé, elle m’a apporté du pain et elle m’a soigné. Elle a les mains de sa mère, des mains de guérisseuse. Dommage qu’elles soient abîmées par le travail à l’usine… Dommage qu’une fille si intelligente se casse le dos jour et nuit pour quelques maigres sous… D’autres qu’elle auraient déjà craqué. Il y a beaucoup de filles comme ça : fatiguées de devoir travailler pour nourrir leurs familles, elles se mettent à voler. Ou se prostituent. Essayent de s’enfuir. Se pendent. La petite Auri, je veux dire Laurel, n’est pas comme ça. Elle ne se donne pas en spectacle. Elle est discrète, efficace mais effacée. Elle ferme son clapet et garde ses idées pour elle. On ne la remarque pas. Mais elle est toujours là, bien vivante. Elle est toujours là parce qu’elle est forte. Parfois, quand je la regarde, toute fine, toute pâle, le visage caché derrière ses cheveux sombres, j’ai envie de l’aider. Mais les apparences sont trompeuses. Je suis sûr qu’elle est trop fière pour accepter qu’on lui donne quelque chose par charité, trop fière pour admettre qu’elle a besoin d’aide. Une vraie tête de mule, cette fille. On dirait qu’elle essaye de porter le poids du monde sur ses épaules, et qu’elle se sent coupable lorsqu’elle n’y parvient pas. Je trouve qu’elle est trop exigeante envers elle-même. Sans doute parce qu’elle a perdu ses parents si jeune – elle avait, quoi, 14 ans ?- et qu’elle a dû s’occuper de tout pendant que son frère s’amusait avec les filles. En tous cas, je vous le dis, si elle a besoin d’aide un jour, je serai là. Ainsi que beaucoup d’autres habitants du District 7. On tolère Isaac, mais on apprécie Laurel. » Un habitant du District 7

« Je viens de voir une chose étrange. Laurel n’était pas à son poste quand je suis arrivé à l’usine. Flairant un secret ou même un scandale, je l’ai cherchée. Elle était dans la réserve de petit bois, alors que nous n’en avions pas besoin. Le dos tourné vers la porte, elle… ne faisait rien. Laurel, la fantastique, la travailleuse Laurel, ne faisait rien. Ha, s’ils avaient vu ça… Ils cesseraient de porter cette idiote aux nues. Mais le plus étrange dans cette affaire… Elle tremblait. Comme si elle avait vraiment très froid, ou comme si elle était en état de choc. Je lui ai fait bien peur, en surgissant derrière elle ! Entre nous, je trouve qu’elle travaille moins bien, ces derniers temps. Elle est devenue maladroite. La semaine dernière, je l’ai poussée, juste un peu, en sortant de l’usine, et elle a aussitôt perdu l’équilibre. Laurel par terre à mes pieds, c’est une image que je n’oublierai jamais… Elle m’a lancé un regard d’excuse, comme si c’était de sa faute. J’aimerais tant la mettre vraiment en colère, rien qu’une fois ! Cette petite impertinente se donne le nom de Tanner, alors que tout le monde sait que c’est une bâtarde, que sa mère batifolait avec des inconnus… Je l’appelle Laurier-rose pour lui rappeler qu’elle n’est que ça à mes yeux : une plante, toxique peut-être, mais facile à piétiner. Un parasite qui s’accroche à la vie. Mine de rien, cette gamine de 18 ans à peine est dure en affaires. Si elle n’hésite pas à donner sans compter aux autres, elle marchande âprement au marché noir. Je suppose qu’elle doit se montrer économe pour réparer les excès de son frère… Vous l’aurez deviné, je ne l’apprécie pas. Je me fous de ce que les autres disent d’elle, de sa prétendue gentillesse. Tout ce que je sais, c’est que son rire sonne faux, que son regard est souvent distant, et qu’elle n’a pas pu sauver mon frère quand il s’est coupé le pied. » Le cousin d'un Pacificateur du District 7


Ask me no questions and I'll tell you no lies

Ma mort aurait pu survenir le jour même de mes quatorze ans, lorsque notre boutique est partie en fumée en même temps que mes parents. J’aurais pu m’asseoir par terre pour ne plus jamais me relever, j’aurais pu m’avancer moi-même dans ce brasier infernal et mettre fin à ma vie. Mais je n’ai jamais aimé ce genre d’actes dramatiques. J’ai donc pris Isaac par la main, et je suis partie. J’ai formé un groupe avec Dav, parce que c’était la seule façon de survivre. Et j’ai survécu. Parfois, il n’y a pas grand-chose à manger. Parfois, il n’y a que de la soupe claire et froide pour calmer nos estomacs affamés. Mais nous sommes toujours là, nous tenons bon. J’ai 18 ans, et je ne peux plus mourir dans l’Arène. Par contre, je peux toujours mourir de faim, de soif, de froid. Je peux mourir d’un accident à l’usine. D’une maladie. D’une balle dans la tête, si je fais quelque chose qui déplaît aux Pacificateurs. Je peux mourir de tant de façons qu’il est ridicule d’y penser. A quoi bon se casser la tête à ce sujet, à quoi bon se faire peur avec ces histoires de fantômes ? Ça n’apportera pas de pain dans notre assiette. Ça ne nous rendra pas heureux.

Je regarde les Jeux parce que c’est ce que je suis sensée faire. Je me fonds dans la masse, devant l’écran géant sur la place de la mairie, et je regarde ces enfants qui tuent d’autres enfants. Je n’apprécie pas ça. Ça me dégoûte, ça me révulse. Ce n’est pas la vue du sang, des corps, mais l’inutilité du massacre qui m’effare. Pourtant, je me tais. Je me tais, et je m’applique à ne retenir aucun nom, à n’accorder aucune attention particulière aux tributs de mon District. Mais avant tout, j’essaye de bannir l’image de Dav de ma tête, l’image de Dav mourant dans l’Arène. Il était l’un de nous. Pas le meilleur, pas le plus fort. Juste l’un de nous. Juste quelqu’un que j’ai vu chaque matin au petit déjeuner, quelqu’un que j’ai soigné lorsqu’il était blessé, quelqu’un que je respectais. Une victime de plus, un bourreau de plus. Aujourd’hui, quand je regarde l’écran, je ne vois que des formes grises, indistinctes. Je regarde sans vraiment voir.

Je pense qu’il nous arrive tous de critiquer le gouvernement. Il n’existe pas de gouvernement parfait, et quand les temps sont durs, les gens maugréent. Il m’est arrivé de critiquer le Président, quand j’étais plus jeune. C’était l’hiver, j’avais peur, j’avais faim. J’ai parlé trop fort, et les Pacificateurs m’ont entendue. Ils m’ont punie. Depuis ce jour, je garde mon opinion pour moi. Je n’aide ni les rebelles, ni le Capitole. Je ne fais que soigner les blessés des deux camps, lorsqu’ils sont à ma porte. Je ne fais que porter des médicaments et de la nourriture aux gens qui en ont besoin. Non, je n’ai pas pris part aux derniers évènements. Je n’appartiens à aucun camp. Je n’appartiens qu’à moi-même, je ne me bats que pour mon demi-frère, pour moi et pour les gens qui ont besoin d’aide, je ne suis loyale qu’à nous, et je ferai tout ce qu’il faut pour assurer notre survie.

Le District 7 n’est pas un bon endroit pour vivre. Il fait souvent froid, il pleut, et les gens sont pauvres. Notre District est éloigné des autres, et les provisions mettent du temps à nous parvenir. J’ai l’impression que Capitole ne nous estime guère. Ça pourrait être pire, bien sûr. Je n’aimerais pas du tout vivre au District 12, où ils travaillent tous à la mine, ni au Huit, où il n’y a que des immeubles crasseux et pas un brin de verdure. Mon rêve est de travailler dans une pharmacie, ou de devenir docteur. Malheureusement, c’est impossible au District 7. Alors, je me contente d’aller travailler à l’usine tous les jours et parfois même la nuit, et de travailler dur. Je mets de l’argent de côté, même si ce n’est pas beaucoup. Et j’espère pouvoir me rendre un jour au District 6, le district de la médecine… Ou ailleurs, dans un District plus plaisant. Je ne compte pas finir mes jours au Sept. Parfois, tout ce qui me retient de prendre mes jambes à mon cou et d’aller chercher mon bonheur ailleurs, c’est le sourire d’Isaac et la gratitude des enfants que je soigne.

Il y a toujours eu des gens chargés de maintenir l’ordre. Avant, c’étaient les policiers, les militaires. Maintenant, ce sont les Pacificateurs. Ils ne sont pas pires ni meilleurs que leurs prédécesseurs. Ils font leur boulot, ils exécutent des ordres. La plupart d’entre eux se fondent dans la masse. Et puis, il y a ces quelques Pacificateurs qui donnent mauvaise réputation aux autres. Des cruels, des sadiques, des fous. Ils pourraient vivre à peu près normalement, s’ils n’avaient pas choisi de porter l’uniforme blanc. Mais quand on leur met un fusil entre les mains, quelque chose déraille dans leur tête. Ils prennent plaisir à faire mal, tout comme les habitants du Capitole prennent plaisir aux Jeux. Ces Pacificateurs-là, je les évite. Je fais un détour s’il le faut pour ne pas passer devant leur habitation. Je n’ai pas peur. Je suis juste prudente. Ils m’ont déjà attrapée une fois, et j’en garde des cicatrices. Pourtant, je ne les hais pas… Pas vraiment.

Les êtres humains ont un talent certain pour donner un nom aux choses qu’ils ne comprennent pas et qui leur font peur. A cette chose qui les change et qui change le monde, qui fait vieillir et faner, ils ont donné le nom de temps. Ils ont découpé le temps en segments, siècles, années, semaines, jours et heures, pour avoir l’impression de le contrôler. A cette chose qui les brûle d’un feu invisible, qui les tourmente jour et nuit, ils ont donné le nom d’amour. Ils écrivent des poèmes à ce sujet et prétendre comprendre cette passion. C’est la même chose avec le bonheur. Qu’est le bonheur, sinon une invention purement humaine destinée à nous leurrer ? Qu’est le bonheur, sinon quelque chose qui nous rassure ? Je crois qu’on peut être heureux, parfois, rire de bon cœur, oublier ces soucis. Mais je ne crois pas au bonheur. S’il existait vraiment, pourquoi perdrait-on tant de temps à essayer de le décrire, de le comprendre ? Personne ne perd son temps à décrire un cheval, une table ou une pomme. Ces choses existent, elles sont réelles, elles n’ont pas besoin d’explications. Le bonheur n’existe pas. C’est une illusion.

Fiévreuse. Fébrile. Je ne dors plus la nuit, je ne mange presque plus. La seule pensée qui m’habite est : et si ?. Et si c’était moi ? Et si c’était Isaac ? Ou nous deux en même temps ? Ou Ambre ? Ou Ambre et Isaac ? Je passe et repasse toutes les combinaisons dans ma tête, même si c’est inutile. J’invente des bouts de dialogue, je songe à ce que je dirai si c’est moi, à ce que je dirai si ce n’est pas moi. Je rêve de l’Arène, je vois l’Arène, je peux presque sentir l’odeur du sang et de la mort. J’ai envie de dire : même pas peur. Mais c’est faux. J’ai peur des Jeux, parce que je sais que je ne saurais pas gagner. Récemment, ma peur a changé. Je ne suis plus éligible, mais Isaac l’est toujours. Encore un an. Il faut qu’on tienne bon. Je lui ai interdit de prendre des tesserae, j’ai tout pris à sa place. L’année prochaine, il n’y aura que quelques billets portant le nom d’Isaac Tanner dans la boule en verre. Pourtant, mon angoisse ne disparait pas. Je pense qu’elle ne disparaitra jamais.

JE VIENS D'UN MILIEU plutôt défavorisé, AINSI, POUR MOI, LA NOURRITURE n'a jamais vraiment été abondante. DU COUP, MON NOM A 35 RISQUES D'ÊTRE TIRE AU SORT. J'EXERCE LE MÉTIER D' employée à l'usine ET POUR TOUT VOUS DIRE, JE n'aime pas du tout ça. JE SUIS DANS LE 7ÈME DISTRICT. AYANT 18 ans JE ne peux plus PARTICIPER AUX HUNGER GAMES MAIS j'appréhende la prochaine Moisson, car mon demi-frère est encore éligible. ENFIN, J'ATTESTE QU'EN CRÉANT CE PERSONNAGE, J'ACCEPTE DE LE LIVRER À LA BARBARIE DES JEUX S'IL EST TIRÉ AU SORT.
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MessageSujet: Re: Hand of sorrow Δ Laurel   Hand of sorrow Δ Laurel Icon_minitimeMar 24 Sep - 10:54


IT'S LIKE EVERYONE TELLS A STORY ABOUT THEMSELVES INSIDE THEIR OWN HEAD.
ALWAYS. ALL THE TIME. THAT STORY MAKES YOU WHAT YOU ARE.
WE BUILD OURSELVES OUT OF THAT STORY.


La lune, ma mère. La lune, ma sœur. La lune, mon amie. Elle m’observe, pâle et distante. Elle ne sourit jamais, mais elle enregistre le moindre détail. Elle me protège. Au District 7, on dit que les enfants abandonnés sont les enfants de la lune. Je ne suis pas l’un de ces enfants. Je suis une orpheline. Une bâtarde. Ma mère avait peur de m’aimer, peur de montrer son affection pour moi. Mon père adoptif ne me regardait jamais dans les yeux, des yeux verts alors que dans la famille tout le monde avait les yeux bleus. Les yeux verts de mon père biologique, que je n’ai jamais connu. J’ai eu la chance de grandir dans une famille. J’ai eu le malheur de la perdre. Maintenant, il ne reste plus qu’Isaac et moi. Plus que nous deux, depuis une éternité déjà. Comme si nos parents n’avaient jamais existé. Comme si nous étions réellement les enfants de la lune. Parfois, j’essaye de me représenter le visage de maman, mais le temps qui passe a brouillé ses traits. Avait-elle les cheveux courts ou plutôt longs ? Souriait-elle souvent ? Je ne m’en souviens plus, et ça me fait honte. La lune comprend tout cela. Elle regarde, mais elle ne juge pas. Elle se contente d’exister. Parfois, il me semble étrange qu’elle soit toujours la même alors que j’ai tellement changé. Parfois, j’ai envie de hurler à la lune comme un loup, de lui hurler mon chagrin et ma joie. En un sens, nous sommes tous des loups, des loups solitaires qui se sont réunis quand le froid de l’hiver a menacé leur survie. Il y avait Dav, le chef de notre meute pour la seule raison que je ne voulais pas de ce rôle. Il était fort et compétent, et je le respectais pour ça. Un jour, il nous a ramené Ambre. Dav est mort mais Ambre est restée. Puis, il y a Isaac. Je le considère secrètement comme le louveteau de la bande. Canaille, joueur, turbulent. Bien sûr, je n’oserais jamais lui dire ça. Il travaille autant que nous ; il est bûcheron et il chasse. Mais je suis sa grande sœur, et je ne peux m’empêcher de vouloir le protéger. Je ne peux pas m’empêcher de penser que c’est lui, le secret de notre survie. Lui qui assure la cohésion du groupe maintenant que Dav n’est plus là. Lui qui me donne le courage de me lever tous les matins pour partir à l’usine. Ca non plus, je ne le lui dirai pas. C’est mon secret ; mon secret et celui de la lune. La lune connaît l’histoire de ma vie.

Δ Δ Δ

La nuit tombe et la lune apparaît dans le ciel. Il fait froid ; l’air a une odeur de pluie. Roulée en boule dans mon lit, je me rappelle soudain que j’ai laissé ma poupée dans la grange où j’ai joué avec Isaac. Ce n’est qu’une poupée en tissu rembourré de fougères, mais elle est douce, elle sent bon et c’est la seul poupée que j’aie. Je me lève. Je sors de la chambre sur la pointe des pieds. Isaac ne se réveille pas. La porte d’entrée grince un peu, mais il suffit de l’entrouvrir pour me glisser par l’interstice. J’ai oublié mes chaussures. Trop tard. Pas le temps ni le courage d’aller les chercher. J’enfonce mes orteils dans la terre légèrement humide ; ça chatouille un peu. La grange n’est pas loin. J’ai peur, mais je ne pleure pas. Pleurer ne sert à rien. Au lieu de ça, je chante. Je chante une petite chanson que maman a inventée lorsqu’une abeille m’a piquée et que j’ai cru que j’allais mourir. «Pourquoi une p’tite abeille/Me fait-elle tellement peur/Si la p’tite abeille me pique/La p’tite abeille meurt ». Ce qui est chouette, avec cette chanson, c’est qu’on peut changer les paroles à l’infini en remplaçant l’abeille par toutes sortes d’autres choses. « Pourquoi une p’tite fourmi/Me fait-elle tellement peur/Si la p’tite fourmi me mange/La p’tite fourmi meurt ». C’est triste, quand on y pense, de parler d’abeilles et de fourmis qui meurent. Je préfère parler de monstres, de démons, de fantômes.  « Pourquoi un fantôme/Me fait-il tellement peur/Si le fantôme m’attaque/Le fantôme meurt ». J’y suis presque. Je peux déjà distinguer la porte de la grange. Je grelotte, je sais que je vais me faire gronder, mais je m’enhardis et je chante, toujours plus fort : « Pourquoi le Président/Me fait-il tellement peur/Si le Président m’attrape/Le Président meurt ». Je sais aussitôt que j’ai commis une erreur. Que j’ai dit ce que je ne pouvais jamais, jamais dire. Mais il n’y a personne. Personne pour m’entendre. Pas aujourd’hui.

Le lendemain, je chante la chanson dans mon bain. En allant chercher du bois. Au marché. Je chante pour éradiquer ma peur, pour oublier que notre garde-manger est vide et que je ne peux pas prendre de tesserae, pas encore. Je chante pour m’empêcher de saliver devant la boulangerie, pour faire oublier à Isaac que ses pieds sont gelés. Et les Pacificateurs m’entendent.

Ce jour-là, je décide que je ne chanterai plus. Je décide que se taire est plus prudent, que les mots sont des armes à double tranchant. Je décide que je n’aurai plus peur.

Δ Δ Δ

La nuit tombe et la lune apparaît dans le ciel. Assise dans le fauteuil devant la fenêtre, je reprise une vieille chemise d’Isaac. Il grandit tellement que tous ses habits sont devenus trop petits ou s’usent aux coutures. Je travaille tranquillement, méthodiquement. Il n’y a que moi dans la pièce. Je pense qu’Ambre est dans sa – dans notre – chambre. Isaac… Je ne préfère pas savoir où il se trouve en ce moment. Dav est parti chasser. C’est une soirée comme une autre, en somme. Une soirée joyeuse, parce qu’Ambre nous a rapporté du pain, et qu’Isaac nous a régalé d’histoires sur la fille du boulanger. Une soirée triste, parce que demain c’est la Moisson et que l’un de nous sera peut-être choisi. Je plie soigneusement la chemise, redoutant le moment où je n’aurai plus rien à faire. J’ai déjà fait la vaisselle et rangé la maison. J’ai préparé quelques pots d’onguent supplémentaires au cas où quelqu’un se blesserait. J’ai laissé un morceau de papier sous mon oreiller, un billet indiquant où trouver ma réserve d’argent personnelle. Même Isaac ne le sait pas, parce que je n’ai pas envie qu’il utilise cet argent pour aller boire en ville. Si je dois partir aux Hunger Games, au moins les autres hériteront-ils d’une maison bien en ordre et quelques sous pour les temps durs. Soudain, j’éprouve l’envie de parler à quelqu’un. Juste parler, de tout et de rien, de choses qui ne sont pas d’importance capitale. Je jette un coup d’œil dans ma chambre, mais Ambre dort ou fait semblant de dormir. Je ne peux pas l’en blâmer. Je sors de la maison avec l’intention d’attendre Isaac sur le petit banc. Cela ne le surprendra pas ; j’ai souvent des insomnies depuis que je travaille de nuit à l’usine, et je guette souvent son retour. J’ai emporté un verre d’eau froide que je bois à petites gorgées. J’enlève mes chaussures, trop petites mais trop précieuses pour que je les jette, et je laisse vagabonder mes pensées. Je pense à la petite fille qui a la grippe, à la femme aux pieds gonflés, au jeune homme qui a reçu une écharde dans son œil. Je pense à tous ces gens qui vivent dans la misère, tous ces gens que je pourrais aider, j’y pense tellement fort que je sursaute lorsqu’un bruit me ramène à la réalité. Je veux boire, mais le verre me glisse entre les doigts et tombe par terre. Il ne se brise pas, et même s’il s’était brisé, je ne lui consacrerais pas la moindre attention. Je n’ai d’yeux que pour ma main. Ma main qui a laissé tomber le verre. Ma main qui tremble, qui est agitée de spasmes. Je croise les bras pour arrêter le tremblement, ce tremblement incompréhensible, mais ça ne sert à rien. Mon corps tout entier tremble. Je veux me lever mais j’ai peur de tomber, alors je me laisse glisser par terre. Qu’est-ce qui m’arrive ? Qu’est-ce qui … ? « Laurel ? » Ce n’est pas la voix d’Isaac. C’est Dav. Je sursaute. « Quelque chose ne va pas ? » Il me tend la main. Ravalant ma fierté, je l’attrape. J’ai de la terre sur mon pantalon, et un goût de sang dans la bouche. Je me suis sûrement mordu la langue. « Ça va. Tout va bien. » Je tremble encore légèrement. Dav n’est pas dupe. Je tente désespérément de détourner son attention Je déteste qu’on me voie ainsi, faible et malade. « La chasse était bonne ? » Je distingue une forme sombre accrochée à sa ceinture, un lapin peut-être, ou un pintadeau.  « Laurel… Qu’est-ce qu’il y a ? Tu es malade ? » Il est agacé, et peut-être aussi inquiet. Je lui attrape le bras et je serre, très fort. « Il ne s’est rien passé. Rien, tu m’entends ? Rien. » Il hésite, puis il hoche lentement la tête. Son regard est impénétrable. « D’accord. » Je le lâche, et il rentre dans la maison sans ajouter un mot. J’apprécie qu’il me laisse tranquille. J’apprécie vraiment, mais… C’est Dav. Il fait ce qu’il veut. S’il estime que c’est nécessaire, il en parlera aux autres. A Ambre. A Isaac. Au pharmacien. Il le fera, pas par mesquinerie, pas par pitié, mais parce qu’il sait que je suis trop fière pour demander de l’aide moi-même. Mais je doute que le pharmacien puisse m’aider. Je doute que le médecin officiel puisse m’aider, en admettant que j’aie assez d’argent pour le payer. Je ne sais pas ce que j’ai, je ne comprends pas d’où vient cette crise de tremblements, mais je sais que ce n’est pas comparable aux maux que je soigne tous les jours. Et si ça revenait ? Si ça m’arrivait alors que je suis au travail ? Je me mords les lèvres. Je ne veux pas que Dav en parle aux autres. Je ne veux pas paraitre faible. Je veux lécher mes plaies seule, en silence, comme un animal. Ce serait plus facile si Dav oubliait cette affaire. Mais il n’oubliera pas. Sauf si… Dans l’obscurité de la nuit avant la Moisson, je me prends à souhaiter que Dav soit choisi pour participer aux Jeux. Un désir stupide, égoïste, que je refoule aussitôt.

Le lendemain, sur la Grand-Place, l’Hôtesse de notre District choisit un petit papier portant le nom de Dav.

Une semaine plus tard, Dav meurt dans l’Arène.

Je ne peux pas m’empêcher de penser que c’est de ma faute, qu’un mauvais esprit a exaucé mon vœu irréfléchi, que le destin m’a joué un mauvais tour. Je ne peux pas m’empêcher de me sentir coupable.

Δ Δ Δ

La nuit tombe comme elle l’a toujours fait, la lune apparaît parce qu’elle n’a pas le choix. Je suis sa progression avec attention. Je me dis que ma vie pourrait être meilleure. Je me dis que ma vie pourrait être pire. Ce n’est qu’une question de point de vue. Je n'ai pas de montre, mais je pense qu'il est une heure du matin. Voilà 18 ans que je suis née. Voilà 4 ans que ma maison est partie en flammes et que mes parents sont morts. Voilà 3 ans que Dav est mort. Voilà 1 an que j'ai fait un vœu: un jour, je partirai, j'irai chercher mon bonheur ailleurs. Quand Isaac sera prêt. Quand Ambre sera prête. Une heure du matin. Je souris à la nuit, et je chuchote:« Bon anniversaire, Laurel »


Real or not real?


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FEATURING Willa Holland © COPYRIGHT picture: celebs101.com ; quotes: Within Temptation, Simon and Garfunkel, Oliver Goldsmith, Patrick Rothfuss, Suzanne Collins




Dernière édition par Laurel "Auri" L. Tanner le Dim 29 Sep - 21:07, édité 2 fois
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HBHABJLJNOIAJPOE chou 
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Enfin tu postes Kath moves her ass! 
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MessageSujet: Re: Hand of sorrow Δ Laurel   Hand of sorrow Δ Laurel Icon_minitimeMar 24 Sep - 17:23

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MessageSujet: Re: Hand of sorrow Δ Laurel   Hand of sorrow Δ Laurel Icon_minitimeMar 24 Sep - 23:08

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MessageSujet: Re: Hand of sorrow Δ Laurel   Hand of sorrow Δ Laurel Icon_minitimeMer 25 Sep - 11:21

reBienvenue sur MJ I love you
Bonne chance pour la fin de ta fiche Hand of sorrow Δ Laurel 1147778360
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http://www.mockingjay-rpg.net/t19-avalon-why-does-my-heart-cry http://www.mockingjay-rpg.net/t82-avalon-can-t-live-without-you http://www.mockingjay-rpg.net/t74-avalon-journal-de-bord
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MessageSujet: Re: Hand of sorrow Δ Laurel   Hand of sorrow Δ Laurel Icon_minitimeMer 25 Sep - 12:04

Merci mes petits, vous êtes adorables. I love you chou

Ambre, je te gnutgnut bien fort. Hand of sorrow Δ Laurel 2166578461 Hand of sorrow Δ Laurel 2166578461
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MessageSujet: Re: Hand of sorrow Δ Laurel   Hand of sorrow Δ Laurel Icon_minitimeMer 25 Sep - 14:20

rebienvenue I love you 
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Gargaria-Khloé P. Miller
DISTRICT 7
Gargaria-Khloé P. Miller
△ correspondances : 999
△ points : 0
△ multicomptes : léo. (04)
△ à Panem depuis le : 10/11/2012
△ âge du personnage : 31 ans.
△ occupation : mentor.


can you save me?
statut: alone
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MessageSujet: Re: Hand of sorrow Δ Laurel   Hand of sorrow Δ Laurel Icon_minitimeMer 25 Sep - 21:28

Bienvenuuuue Hand of sorrow Δ Laurel 3686848491
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http://www.mockingjay-rpg.net/t5186-gargaria-la-barbare http://www.mockingjay-rpg.net/t5254-07-khloe-madness http://www.mockingjay-rpg.net/t5255-07-khloe-insanity
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MessageSujet: Re: Hand of sorrow Δ Laurel   Hand of sorrow Δ Laurel Icon_minitimeJeu 26 Sep - 17:13

omg I love you

AGIEJFH KH ZKJZK FJEKF JHZKF UEFH KZEJF ZHF ZFJGZ F ZJHFZKJ

les mots me manquent Hand of sorrow Δ Laurel 3920004554 Hand of sorrow Δ Laurel 324208944 Hand of sorrow Δ Laurel 324208944 Hand of sorrow Δ Laurel 324208944 Hand of sorrow Δ Laurel 324208944 Hand of sorrow Δ Laurel 324208944
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Ambre L. Galeoni
DISTRICT 7
Ambre L. Galeoni
△ correspondances : 852
△ points : 0
△ multicomptes : tris fanshawe (d2)
△ à Panem depuis le : 24/08/2013
△ âge du personnage : 18 y.o


can you save me?
statut: condamnée
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MessageSujet: Re: Hand of sorrow Δ Laurel   Hand of sorrow Δ Laurel Icon_minitimeJeu 26 Sep - 18:16

Isaac, tu crois pas que tu fais un peu dans la démesure là ? Hand of sorrow Δ Laurel 1881463262
Juste à peine Suspect
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MessageSujet: Re: Hand of sorrow Δ Laurel   Hand of sorrow Δ Laurel Icon_minitimeVen 27 Sep - 16:39

Pas du tout Arrow innocent 
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MessageSujet: Re: Hand of sorrow Δ Laurel   Hand of sorrow Δ Laurel Icon_minitimeSam 28 Sep - 20:03

Ooooooooooh mon frérot ! chouchouHand of sorrow Δ Laurel 2774444739Hand of sorrow Δ Laurel 2774444739crac craccrac crac
Merci à vous tous. I love youI love you
J'ai presque terminé la suite de ma fiche, je la posterai sans doute demain. Hand of sorrow Δ Laurel 3523041270 Mon PC est enfin réparé, du coup j'ai le moral, l'inspiration (et surtout le matériel What a Face) nécessaires pour écrire. Hand of sorrow Δ Laurel 4083136502
Je vous gnutgnut tous. Hand of sorrow Δ Laurel 2166578461
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Jorah E. Baÿs-Galor
DISTRICT 13
Jorah E. Baÿs-Galor
△ correspondances : 461
△ points : 2
△ multicomptes : ∇ aiden
△ à Panem depuis le : 11/11/2012
△ humeur : ∇ coincé entre le marteau et l'enclume.
△ âge du personnage : ∇ trente-et-un ans.
△ occupation : ∇ trafiquant, receleur, proie à temps complet.


can you save me?
statut:
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MessageSujet: Re: Hand of sorrow Δ Laurel   Hand of sorrow Δ Laurel Icon_minitimeDim 29 Sep - 11:36

re-bienvenue chez toi I love you
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