Alice Dolly Pleasance

❝ WHO AM I LIVING FOR? ❞

about games and relative.

➺ COMMENT VOIS-TU TA MORT ?

Ma mort ? Quelle étrange question... que je me suis posé tant de fois, pourtant. Je la vois de différentes façons, toutes plus imaginatives les unes que les autres. J'aurais aimé mourir de chagrin, hélas, c'est impossible. Mourir à la place d'une personne qui m'est cher me paraît la meilleure façon de disparaître mais j'ai perdu cette chance la seule fois où elle s'est annoncé. C'est trop tard... m'a-t-elle tant de fois nargué. Ma mort, j'aimerais tant qu'elle survienne lorsque je l'attendrai le moins, qu'elle me prenne au dépourvu, par surprise et que je ne la vois pas arriver. Qu'elle m'arrache le coeur et que je voie mon âme s'élever dans le ciel. Voilà comment je vois ma mort. Ou plutôt, comment j'aimerais ne pas la voir venir.

➺ POUR QUI/QUOI POURRAIS-TU MOURIR ?

J'aurais pu mourir pour ma soeur. J'aurais dû mourir pour ma soeur. Mourir encore et encore pour elle. Seulement pour elle, d'ailleurs. Elle était ma moitié et mon tout à la fois, la plus importante à mes yeux. Il fallait que je parte avant elle, j'aurais préféré pouvoir l'imaginer creuser ma tombe et pleurer sur mon triste sort. Je pense que j'aurais été heureuse de mourir à sa place. C'était pour moi la seule fin plausible, la seule et unique façon dont les choses auraient dû se passer... J'aurais dû être là, c'était à elle d'assister à ma mort, pas l'inverse. Hélas, j'aurais dû... J'aurais dû être morte avant elle.   

➺ QUEL(S) PETIT(S) PLUS T'AIDE(NT) DANS LA VIE (OU LES JEUX) ?

Les rêves. Mes rêves. Ce sont eux. Eux, qui me sauve chaque jour, qui m'ont tant de fois épargné, qui m'écarte de la fin et m'encourage à continuer, à me battre pour ce en quoi je crois. Si j'ai tendance à me perdre dans mes songes, ils n'en sont que plus utile et m'offre cette force et ce courage que je n'ai pas dans la vie réelle. Ils m'aident à devenir quelqu'un d'autre, une autre, cette fille que je ne serai jamais. Alors j'essaie de les préserver, tous, de croire en eux, les prier de ne pas s'arrêter, de croire en moi, tel que eux seuls peuvent le faire.

➺ AS-TU DES PROCHES QUI ONT PARTICIPÉ AUX JEUX ?

J'aurais tant aimé répondre que non. Mais je me dois de dire oui. Ma soeur y était. Parmi tous ces enfants, elle était là, également. Elle n'avait que treize ans et une once d'espoir. Elle était si belle, ne me ressemblait en rien et ses grands yeux avaient toujours cet air émerveillé. Je savais ce qu'elle pensait, je ne la connaissais que trop bien. Elle aurait voulu gagner pour que je sois fière d'elle. Elle priait, elle le souhaitait tellement fort... si seulement elle avait su que je l'avais toujours été. Sa victoire aurait été merveilleuse et elle y croyait dur comme fer. Quant-à moi, je la savais morte avant même que les jeux ne commencent.

➺ CROIS-TU AU BONHEUR ?

J'y croyais. Il fut un temps où l'espoir de vivre un jour heureuse suffisait à me garder en vie. Je pensais qu'un beau jour, ce fameux bonheur surgirait et qu'il nous emmenerait, ma soeur et moi, loin d'ici. Mais il n'est jamais venu nous chercher. A la place, il a envoyé le malheur s'abattre sur Hanna et peu de temps après, c'est la mort qui est venu le succéder. Le bonheur, je n'y crois plus depuis longtemps. Depuis ce jour, pour être plus précise.

JE VIENS D'UN MILIEU défavorisé, AINSI, POUR MOI, LA NOURRITURE tient bien plus de la légende. DU COUP, MON NOM A aucune CHANCES D'ÊTRE TIRE AU SORT. JE N'EXERCE pas de métier fixe ET POUR TOUT VOUS DIRE, J'aime être libre. JE SUIS DANS LE 13ÈME DISTRICT. AYANT 20 ans JE ne peux plus PARTICIPER AUX HUNGER GAMES MAIS j'appréhende tout de même l'arrivée de la prochaine moisson. ENFIN, J'ATTESTE QU'EN CRÉANT CE PERSONNAGE, J'ACCEPTE DE LE LIVRER À LA BARBARIE DES JEUX S'IL EST TIRÉ AU SORT.

tell us your story.

Soixante-seizième édition des jeux. huitième district. La moisson. Je me frayais un chemin entre les habitants et me cachais parfois tout en tenant fermement la main de ma petite soeur. Un simple coup d'oeil vers elle m'annonçait qu'elle redoutait ce moment, qu'elle avait peur. Tout comme moi. Je regardai en arrière et y croisai le regard de mon beau-père, apperçevant le sourire presque malsain qui se dessinait sur ses lèvres. J'avais dix-neuf ans et je savais qu'il regrettait que mon nom n'ait jamais été tiré lors d'une moisson. Il voulait se débarasser de moi, de ma soeur, afin d'être le seul à toucher l'héritage de ma défunte mère, morte il y a quelques années suite à une maladie incurable. Mais les hunger games ne m'avait jamais eu et aujourd'hui, je n'avais plus qu'à ésperé que ma soeur y échappe tout comme je l'avais fait. Son nom n'avait pas été appelé lors de la soixante-quinzième moisson et j'espérais qu'il ne le soit pas aujourd'hui. Hélas, même s'il y avait un "si", il restait encore cinq ans et malgré la probabilité qui s'annonçait minime, je retiendrai mon souffle jusqu'à ses dix-huit ans. Du moins, si elle les atteignait. Le brouhaha me fatiguait et je maudissais tous ces gens. Je voulais que cela se termine, s'arrête enfin, je voulais dire, crier, hurler "stop !" mais au lieu de cela, je restais stoïque et me contentai d'observer la scène avec insistance. Le silence surgit de nul part, balayant le moindre son qui menaçait de ressurgir et je n'osais pas regarder le tirage au sort. Comme si cela empêcherait d'y saisir le nom que je refusais d'entendre. Je sentais le regard d'Hanna sur moi mais je l'ignorais. Je préférais ne pas la regarder et attendre que ces interminables minutes passent afin que je continue de profiter de ma chère et tendre... du moins, jusqu'à la prochaine moisson. Mais on ne m'y laissa pas le temps. Je n'eus pas ce privilège. Une voix fluette annonça : « Hanna Pleasance ! » et un affreux bourdonnement me parvint aux oreilles. Ce bruit incessant persistait encore et encore. Je sentis ma petite soeur serrer ma main de plus en plus fort, s'accrocher à moi désespérémment, mais c'était comme si je ne pouvais plus bouger. Je ne fis aucun mouvement, gardai la tête baissée et c'est seulement lorsque je sentis mon adorée s'éloigner de moi que je réagis. C'est là que je compris. Dans un brusque élan, je relevai mon visage et suivis ma soeur du regard, l'observai partir, impuissante. C'était comme si l'on venait de m'arracher une moitié de moi-même. Le ciel était devenu gris mais je ne m'en souciais pas. Je me mis à hurler son nom, la priant de revenir, les suppliant de ne pas me l'enlever. Je la vis à peine se retourner vers moi, l'air peiné. Je n'y croyais pas, c'était impossible. Pas elle. Je ne pouvais pas y avoir échappé alors que... J'aurais voulu y aller à sa place. Et alors que je me mis à courir vers elle sans cesser de crier, je me sentis voler. On m'avait arrêté. Deux hommes, deux pacificateurs voulaient m'arracher à ma soeur. J'essayais de m'en soustraire, de les éloigner de moi mais rien n'y fit. Ma rage ne s'était pas atténué et eux, ils étaient encore là, m'empêchant d'avancer plus. Je luttais en vain contre le capitole. Alors je les suppliais de ne pas me prendre la seule chose qui me restait. Encore une fois, rien ne se passa, ils ne firent que me serrer plus fort. Alors je me proposai, les priai de me prendre à sa place, mais c'était trop tard. J'avais dix-neuf ans, soit un an de trop. Et ma soeur... ma soeur était condamnée à seulement treize ans.