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 Remember the day you killed me - Alexiane & Zoé

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Zoé E. Williams
DISTRICT 4
Zoé E. Williams
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MessageSujet: Remember the day you killed me - Alexiane & Zoé   Remember the day you killed me - Alexiane & Zoé Icon_minitimeSam 9 Fév - 20:56

“Locked into loneliness were we two and looking at one another we each saw the one we blamed for it.”
Robin Hobb

L’odeur ne me quitte pas. Comme une seconde peau, elle adhère à mes vêtements, mes cheveux, mes armes. Elle s’insinue dans ma bouche, dans mon nez, dans ma gorge, jusqu’à ce que je n’aie plus d’air à respirer, pas la moindre petite goulée, et que ma vision se teinte de rouge. Je la sens lorsque j’essaye de boire après un coup de poing. Je la sens quand je change mes bandages. Je la sens lorsque je m’endors, lorsque je m’éveille, lorsque je rêve. Le sang. Mon sang.

Je porte la main à mon cou et la retire aussitôt lorsqu’un liquide poisseux me coule sur les doigts. La plaie s’est rouverte. Tant pis. J’ai avalé pas mal de sang, ces derniers jours. Je sens que mon organisme essaye de l’évacuer, de se purger de cette substance qu’il ne parvient pas à digérer. Peut-être cela irait-il mieux si j’avais mangé. Inutile d’évoquer mon dernier vrai repas, car il remonte à tellement longtemps. Une miche noire et dure. Pas de quoi faire saliver même une affamée. Pourtant, je me plie en deux avec un petit gémissement lorsque mon estomac manifeste bruyamment sa désapprobation. Je me ronge les ongles en voyant passer une fillette, un panier de fruits à la main. Je pourrais lui sauter dessus avant qu’elle ne comprenne ce qui lui arrive. Je pourrais lui arracher le panier, et mordre dans ces fruits délicieux, juteux, et laisser couler le jus le long de mon menton, et tout manger, même le trognon, si seulement, seulement, je pouvais attaquer cette fille… Elle est riche, et ça ne se voit pas qu’à ces vêtements, son petit manteau rembourré. Elle possède des fruits. Des pommes. En hiver. Même au Onze, cela doit être rare, non ? Et la guerre entre le Capitole et les Districts fait toujours rage. Alors pourquoi ose-t-elle marcher en chantonnant au beau milieu de la rue, sans cacher son précieux butin, dans un District où beaucoup meurent de faim ? J’en viens presque à espérer que quelqu’un d’autre le fera pour moi, un désespéré qui la frappera et enverra valser son petit panier… Peut-être une pomme rouge et brillante roulerait-elle alors jusqu’à ma cachette, peut-être suffirait-il de tendre le bras pour m’en emparer… Je ferme les yeux pour ne plus voir la gamine et m’enfonce plus profondément dans mon taillis épineux. Mes écorchures se remettent à saigner, mais ce ne sont que des douleurs mineures. Je lèche une plaie que j’ai au doigt. Le goût du sang. Il me revient en force, m’envahit les papilles pendant que l’odeur me pique le nez. Pourtant, je n’arrête pas. Parce que ce goût horrible me rappelle l’arène. Se souvenir est toujours douloureux, mais il le faut. Il le faut. Je me rappelle la peur, les combats, la mort. Mon pouls s’accélère, un rugissement emplit mes oreilles, l’adrénaline court dans mon corps, l’angoisse me tord l’estomac. Pourtant, je souris. C’est bien, Zoé. C’est bien. C’est ce que je dois faire. Parce qu’aujourd’hui, je suis de nouveau dans l’arène. Elle ne m’avait jamais quittée, en un sens, mais à présent je suis prête à y retourner. Y retourner pour achever ma dernière tâche, pour faire ce que j’aurais dû faire depuis des mois, depuis plus d’un an : tuer Alexiane Hawthorne.

Le soleil tape dur. Même à l’abri sous le feuillage touffu d’un arbre, je continue à haleter. Avec effort, j’humecte mes lèvres craquelées. Ma langue, irritée, enflée, se remet à saigner. Je serais prête à boire n’importe quoi. Même de l’eau de mer, qui pourtant accentuera ma soif et brûlera mes plaies. Je m’en fiche. Je me fiche de tout – même des Hunger Games. Rien n’aurait pu me préparer à une telle chaleur, une chaleur impitoyable qui s’abat comme un mascaret sur mon crâne, éradiquant toute pensée logique. J’ai oublié pourquoi je marche, mais cela me semble important, alors je poursuis mon chemin. Un pas après l’autre. Et encore un. Encore un. Je vole dans le ciel et je nage dans une mer de sable. Comment distinguer le haut du bas, la réalité de l’illusion ? J’ai de la poussière dans le nez. Je suis allongée face contre terre pendant que le monde se tord autour de moi. Comment suis-je arrivée ici ? Je ne m’en souviens plus. Tombée, évanouie, bousculée ? Un Carrière va-t-il se précipiter vers moi pour m’achever ? Non, c’est impossible. Ils sont tous morts. Il ne reste plus que moi. Moi et la personne que je dois tuer.

Cette fois, je suis bien préparée. Je sais quand elle sortira de sa maison, sa belle petite maison au Village des Vainqueurs. J’attends, cachée derrière une poubelle couverte de neige. La patience n’a jamais été mon fort, si ? Je me souviens vaguement d’une Zoé différente, une fille qui pouvait chanter la même berceuse pendant des heures pour calmer un enfant et passer une journée entière à attendre que ces poissons stupides mordent à l’hameçon. C’est fini, tout ça. Il ne reste plus que le vide laissé par mon ancienne existence, un trou béant que je n’essaye même plus de refermer. Il n’y a qu’une seule personne qui puisse remplir les blancs et me rendre ce qui me revient de droit. Une seule personne qui passe devant ma cachette sans me voir, sans savoir que c’est la dernière fois qu’elle emprunte ce chemin, la dernière fois qu’elle se rend à la Grand-Place. Dès qu’elle disparaît derrière le coin de la rue, j’entre en action. Même moi, je ne suis pas assez folle pour forcer la porte d’entrée de sa demeure en pleine journée. Je passe par derrière, par les jardins, entre les ordures. La serrure de la petite porte ne me résiste pas longtemps, et je pénètre dans la cuisine de ma pire ennemie. Je le repère tout de suite, avant même de le voir. Je sens son odeur. Le pain. Posé sur la table. Pas un pain frais du jour. Mais une belle miche, dont il reste plus que la moitié. Je ne réfléchis pas. Manger, c’est vivre. Je me lèche les doigts, je poursuis de ma langue les miettes restantes. La mie fondante, la croûte délicieusement craquante, tout cela a un goût de vengeance, un goût de justice. Je suis sûre que les armoires doivent receler toutes sortes d’autres merveilles, mais je me retiens à temps. Plus tard. Quand elle sera morte. « Morte. » Je prononce le mot, dans la cuisine vide, et il se répercute autour de moi. Ce que je m’apprête à faire prend soudain tout son sens, et je m’effondre, une fille en loques sur le sol propre, une fille brisée sur les dalles brillantes. Je dégaine mon couteau, Le Couteau. Celui qu’Alexiane a planté dans mon ventre, dans l’arène. L’instrument de ma propre mort, à présent celui de ma vengeance. Je le regarde, je passe ma main sur la lame glacée, en espérant y puiser du courage. En vain. Je me relève et le dépose bien au milieu de la table de la cuisine. Même si mes jambes tremblent toujours, même si mon corps tout entier tremble toujours, il faut que je me dépêche. Je n’ai pas le temps de réfléchir, pas le temps d’écouter la fillette horrifiée en moi, pas le temps de me laisser persuader par cette petite voix dans ma tête. Si je l’écoute maintenant, c’est fichu : je partirai d’ici et ne tuerai jamais Alexiane. Alors, malgré la désagréable impression de sel frotté sur ma conscience à vif, je commence mon exploration de la maison. Cette partie-là de mon plan, au moins, me réjouit. Je découvre le salon, le hall d’entrée, avec l’impression de voler des morceaux d’Alexiane, de sa vie. J’observe les photos dans leurs jolis cadres, je passe un doigt sur le dos des livres qu’elle lit. Après tout, ce n’est que justice. Elle m’a pris ma vie, ma vie entière, elle m’a même pris ma mort en refusant de m’achever rapidement. Alors, je prends plaisir à fureter dans sa maison, à glaner des bribes d’information sans qu’elle le sache. Arrivée à l’étage, j’ouvre la porte de la salle de bains, l’estomac noué par une soudaine appréhension. Pour la première fois depuis des mois, je contemple mon reflet dans un miroir. J’ai changé. Je le sais, je le sens. Mais j’ignorais que ce serait tellement… visible. Je pose une main sur la surface lisse du miroir, et la Zoé en face de moi en fait de même. Mes cheveux ont bien repoussé, mais ils sont d’un blond terne, tout reflet doré éteint. Je suis maigre, plus encore que pendant les années de famine au District 4. Regard fiévreux, halluciné, peau sèche et gercée. Méconnaissable. Et puis, il y a les blessures. Le sang. Partout. Non pas les cicatrices de l’arène ; les médecins du District 13 les ont effacées. Ce que je vois, ce sont les marques de ma capture lors de la Moisson, puis des longs mois d’enfermement et de torture. Je ferme les yeux. Mes larmes brûlent lorsqu’elles se mélangent au sang de mes entailles. Je l’ai promis. Plus jamais. Plus jamais je ne penserai à Jessie, devenu Pacificateur. Plus jamais je ne penserai à son rire cruel, un rire tellement différent de celui du Jess que j’aimais, du Jess que j’aime. Ces heures, ces jours passés avec lui, je les bannis de ma mémoire. Même si cela signifie que je dois aussi éradiquer le souvenir de ses lèvres, de son corps, de tout ce que nous avons dit lorsqu’il m’a libérée, et de tout ce que nous n’avons pas dit, que nous ne dirons peut-être jamais, mais qui n’en est que d’autant plus précieux. J’ai mal en pensant à lui. Je pourrais supporter sa haine. Sa colère. Mais pas cette passion aveugle, pas cet amour destructeur. Je l’ai rendu à lui-même, et en retour, il m’a rendu Zoé. L’ancienne Zoé, mon ancienne vie, dans un paquet cadeau. J’aurais pu rester Erinys. J’aurais pu. Mais j’ai choisi d’avancer.

Je l’aime et je la déteste. Elle me rappelle ma maison et elle me brûle. L’eau de mer, si claire, si propre sur mes pieds crasseux, encroûtés de sang. Mes pieds nus à présent que j’ai ôté mes bottes afin de sentir le sable entre mes doigts de pied. C’est ici qu’aura lieu la grande finale. Ma finale. Ma fin ? Non. Car je suis prête à me battre. Tout comme la silhouette qui apparaît non loin de moi. Qui est-ce ? Qui ? Qui vais-je devoir tuer ? Je m’en fiche. Je mérite de vivre. Je mérite plus de vivre qu’eux tous réunis ! En pointant mon arme vers mon ennemi, je pousse un rugissement de défi.

La couleur de l’essuie après que je l’aie utilisé m’horrifie : un brun sale combiné avec la couleur rouille du sang. Je n’ai pas réussi à me décrasser complètement, mais l’eau chaude sur ma tête et mes bras m’a revigorée. Je me sens presque tentée de prendre une douche, mais je n’ai pas le temps. J’emprunte sans vergogne la brosse à cheveux et les élastiques d’Alexiane pour natter mes cheveux dégoulinants. Puis, mue par une impulsion soudaine, je me rends dans sa chambre à coucher et ouvre les portes de son armoire. Je palpe l’étoffe d’une blouse, écarte une rangée de robes, grimace devant quelques vêtements manifestement venus du Capitole. Un scintillement au fond de l’armoire me fait cligner des yeux. Mes mains rencontrent un tissu doux, si doux… Impossible. Je tire la robe de l’armoire. Mes larmes tombent sur la soie émeraude, les broderies dorées, la traîne élégante. Un simple vêtement, un souvenir. Alors, une violente nostalgie m’envahit, non pas d’un lieu ni d’une personne, ni même d’un objet, mais d’un temps. Une période de ma vie désormais inaccessible. Comment se l’est-elle procuré ? De quel droit possède-t-elle cette robe, vestige de ma gloire éphémère, de ma beauté, de ma joie de vivre ? Je la portais lors de l’interview avec Caesar Flickerman. Il me semble légitime qu’elle me revienne à présent, et c’est avec soulagement que je me débarrasse de mes vieilles frusques pour enfiler la robe. Elle pend lamentablement autour de moi, devenue trop grande pour mes maigres espoirs. C’est alors que le claquement de la porte d’entrée me fait revenir à moi. Je ne suis pas ici pour jouer avec le passé comme avec une croûte douloureuse que l’on arrache lentement d’une blessure mal cicatrisée. Lentement, je me faufile dans le couloir, je descends l’escalier, pénètre dans le hall d’entrée. La cuisine, elle se trouve dans la cuisine. Je m’aperçois que je tremble comme une feuille, j’ai chaud et j’ai froid, l’air me manque. Elle a sans doute déjà découvert la disparition du pain, et, posé au milieu de la table, le couteau. Le reconnaîtra-t-elle ? Sans aucun doute.

Un terrible silence. L’incompréhension. Puis, peu à peu, l’horreur qui monte, qui monte en refoulant toute autre émotion. C’est Alexiane. Mon alliée, que je dois à présent tuer.

Elle se retourne lorsque j’entre dans la pièce, et pour la première fois depuis des mois, depuis plus d’une année, nos regards se croisent. C’est pire que ce que j’avais imaginé. Presque pire que les mutations génétiques, l’arène, les morts. Presque pire que ma propre mort. Parce que je revis tout. J’ai tenté d’oublier, d’enterrer les souvenirs, de les recouvrir d’une épaisse couche de haine. Ils ne me l’ont jamais pardonné, et maintenant ils ressurgissent en force, dans une ultime vengeance. Prise entre l’envie de m’enfuir à toutes jambes et le vertige qui fait tanguer le monde autour de moi, je m’appuie contre le chambranle de la porte en essayant de me rappeler comment respirer. « Alexiane. » Ma voix, ni assurée, ni haineuse, ni soulagée. Juste lasse, tellement lasse. J’ai presque envie de dire « Finissons-en ici. Je te tue, je gagne et je rentre dans mon District. » Sauf que nous ne sommes plus dans les Hunger Games. Il n’y aura pas de vainqueur. Juste deux jeunes femmes qui essayent de trouver un sens à leur vie. « Je ne suis pas morte. » Même si parfois, j’en doute encore. « Je n’ai même pas eu droit à un départ paisible. Ils m’ont réveillée. Ils ont obligé mon cœur à battre, mes poumons à aspirer de l’air, mon sang à circuler dans mes veines. Ils m’ont forcée à vivre ! A vivre une vie dont je ne voulais plus, une vie qui ne m’appartenait plus. Et tout ça, c’est à cause de toi ! De toi ! » La colère m’anime, me réchauffe agréablement, pourtant quelque chose cloche. Je devrais ressentir quelque chose, non ? Du soulagement, une joie sauvage à l’idée d’enfin pouvoir me venger. Je m’étais promis d’être forte. Je m’étais promis d’être impitoyable. Mais ma belle détermination envolée, il ne me reste rien. Rien.
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Alexiane R. Hawthorne
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MessageSujet: Re: Remember the day you killed me - Alexiane & Zoé   Remember the day you killed me - Alexiane & Zoé Icon_minitimeDim 10 Fév - 0:53

◮◮ FLASH-BACK ◮◮

Je crois que je suis heureuse. Je crois que j'ai pas réellement le droit de mettre un mot sur ce sentiment qui m'habite, mais que si je devais, alors je dirais que je suis heureuse. Oui, je le suis. Aussi étonnant que cela puisse paraitre, je suis heureuse. Je suis vivante. Vingt-trois sont morts. Mais moi, je me tiens debout, bien vivante, dans une salle comble qui scande mon nom, qui m'applaudit et qui me félicite. Qui me voue un culte pour avoir tué les enfants de la nation. En avoir massacré une demi-douzaine sans le moindre remord, simplement pour être là ce soir, vivante. Et je suis heureuse. Je devais pas. Mais je le suis. Je souris. Je passe de bras en bras, je serre des mains les unes après les autres, je discute avec des gens que je ne connais même pas mais qui connaissaient désormais tout de ma vie. « Bravo, très belle victoire. » « Jamais le onze n'aura été aussi charmant. » « Ces jeux, c'était une tuerie ! » On me parle dans tous les sens, je ne sais plus où donner de la tête. Tout le monde se bat pour avoir un bout de moi, un minimum d'attention que je porterais à leur personne, qui a côté de la mienne, parait insignifiante. La fête bat son plein. La musique est forte et me donne le tournis, mais me fait me sentir bien vivante. Je goûte à différents plats qui sont proposés, tous plus savoureux les uns que les autres. Je picore à droite et à gauche car mon corps n'est pas encore habitué à ingurgiter tant de nourriture à la fois après plus d'une semaine de privation. Mon corps ... je suis heureuse, parce qu'il ressemble à nouveau à quelque chose. Je suis cadavérique. Mais ça ne choque personne. Parce que je suis bien habillée, bien maquillée et bien souriante. J'ai pu me laver. Enfin. Ma peau n'est plus noirâtre et le sang séché ne me démange plus. Je ressemble à quelque chose. Je ressemble à quelqu'un, mais pas à moi. Je suppose que je vais devoir m'y habituer. Je suppose que désormais, ça va se passer ainsi. Aller de soirées en soirées, sourires aux lèvres, en hochant la tête quand on me complimentera sur mon fabuleux parcours lors des Hunger Games, en portant des robes, un maquillage et une coiffure qui me correspondent pas, mais qui correspond à l'opinion que les autres se font sur moi. Et moi, je vais m'y soumettre. Parce que pour l'instant, je suis perdue. Comme jamais. Il y a encore deux jours j'étais au fond de l'arène, à me battre pour ma survie, alors que mes organes lâchaient les uns après les autres, que mon corps me suppliait d'arrêter les frais. Avant qu'ils me ramènent, qu'ils m'opèrent, qu'ils me soignent. Plus aucune cicatrice des Jeux, mise à part mon doigt manquant, vite remplacé par une prothèse. Personne n'aurait pu croire que deux jours auparavant, j'étais à deux doigts de mourir. Qu'il y a encore deux jours, j'étais en train de tuer Zoé.

Je crois que je suis en colère. Je crois que malgré les sourires, les félicitions et surtout le bonheur d'être vivante, je suis en colère. Et que rien ne pourra changer ça. Pas même le retour parmi les miens, dans quelques semaines, après la Tournée du Vainqueur. Je crois que je dois pas me voiler la face. Que malgré ce qu'on me dit, de ce qu'on tente de me convaincre, je suis en colère. Contre eux. Contre eux tous. Ils m'accueillent comme une héroïne, alors que j'ai tué les enfants de la nation. Une demi-douzaine d'entre eux. De mes propres mains. Et, le plus souvent, lentement. Et c'est ça qu'ils aiment chez moi ? Le sang que j'ai fait couler, doucement, non sans un certain plaisir en sachant que ça me rapprochait chaque jour d'un retour chez moi ? « La façon dont vous avez tué cette blonde ! C'était fantastique ! » « Il n'y a rien de mieux que des alliées qui se retournent contre l'autre durant une finale ! » « Quelle finale, mais quelle finale ! » Elle avait un nom. Elle avait un nom putain. C'était pas juste la blonde, la tribut du quatre, celle-là, l'autre-là, l'alliée. C'était Zoé. Zoé, la tribut du quatre peut-être, mais surtout l'amie. Une personne chère à mes yeux, une personne qui était bien meilleure qu'eux tous réunit. Et dont il apprécie la mort, dont il me félicite. Mais il n'y a rien à féliciter. Je suis heureuse. Heureuse d'être en vie. Mais pas heureuse d'avoir tué. Et je ne le serais jamais. Et malgré tout, ils ne pourront jamais obtenir cela de moi. Ils peuvent me forcer à être heureuse, à agir comme bon leur semble, mais ils ne pourront jamais me forcer à apprécier ce que j'ai fait.

Je crois que je suis heureuse. Je crois que je suis en colère.
Mais, surtout, je crois que je ne serais plus jamais la même.

◮◮ FIN FLASH-BACK ◮◮

Quand j’ouvre les yeux, je suis essoufflée, en sueur et à terre. Mon sommeil a été agité. Le réveil est douloureux, mais étrangement agréable. Pour la première fois depuis longtemps, j’ai passé une nuit pratiquement sans me réveiller. De longues heures de sommeil. J’ai presque oublié le bien que cela faisait. Je m’étire quelques instants et me lève péniblement. Je ne sais pas quelle heure il est, mais cela m’est égal. J’ai dormi, et c’est tout ce qui compte. Je file prendre une bonne douche froide pour me réveiller et m’habille. Je descends les escaliers deux par deux. Etrangement, passer une nuit sans insomnie me met de bonne humeur. La journée commence bien. Peut-être que pour une fois, je ne vais pas juste rester dans ma chambre à attendre que l’horloge tourne. Je file dans la cuisine, et tente de mettre la main sur du café. Si habituellement je ne bois pas la moindre tasse pour mettre toutes les chances de sommeil de mon côté, cette fois j’en ai sérieusement besoin pour émerger de mon état végétatif. J’ai beau chercher dans chaque placard, impossible de mettre la main sur le moindre grain. Et bon sang, j’ai envie de café. Si seulement je pouvais retourner au Capitole, et simplement claquer des doigts pour qu’on m’apporte ce que je veux. Je regarde par la fenêtre. En ce moment, il ne fait pas bon de sortir. Avec ces combats entre rebelles et pacificateurs, j’ai clairement pas envie d’aller me faire malencontreusement tuer. Mais … j’ai envie de café. Et pour une fois, je suis presque motivée à sortir de cette maison. Peut-être qu’il est temps que je commence à étouffer. Oui, il est temps de sortir d’ici. Ne serait-ce que pour aller dans le jardin. Mais putain, j’ai besoin d’air. J’enfile ma veste et mes chaussures, sort précipitamment tant que je suis encore motivée et verrouille la porte. Je marche d’un pas rapide, tête baissée en évitant soigneusement le regard des gens. Mais je marche, et je suis à l’extérieur. Et c’est déjà une victoire. Je ne dois pas mettre plus de dix minutes à faire l’aller-retour tant mes pas sont rapides, mais je profite de chaque bouffée d’air frais. Et ça me fait le plus grand bien. Je reviens rapidement vers ma porte d’entrée, que je verrouille aussitôt que je suis à l’intérieur. Je suis essoufflée, je peine à respirer, mais malgré tout un sourire se dessine sur mes lèvres. Pour le commun des mortels, il n’y a absolument rien d’exceptionnel dans le fait de sortir de chez soi, mais pour moi, c’est déjà beaucoup. Je me dirige vers la cuisine, pose le café sur le comptoir et m’apprête à enfin faire le breuvage tant convoité.

Soudain, des pas se font entendre derrière mon dos, et je me retourne rapidement en étant persuadée qu’il s’agit d’Avery. Sauf … sauf qu’il ne s’agit pas d’Avery. Je manque de défaillir quand je reconnais la personne qui se trouve face à moi. Je lâche mon couteau, je m’appuie sur le plan de travail et je reste bouche-bée quelques minutes qui me paraissent être une éternité. Je crois rêver. Je crois que je suis dans un de ces mauvais cauchemars qui hantent mes nuits et mes pensées dans la journée qui suive. Un instant, je crois que j’ai une hallucination, comme il m’en est arrivé tant depuis mon retour des Jeux. Mais j’ai beau fermer les yeux de longs instants, Zoé refuse de s’en aller. « Alexiane. » Sa voix, bien que légèrement différente de la dernière fois où je l’ai entendue, et bien la même. C’est bien celle de Zoé. C’est bien Zoé que j’ai face à moi. Je perds l’équilibre, je sens la chaleur me monter aux joues, la sueur perlé sur mon front. Je sens la panique envahir chaque parcelle de mon corps, et les souvenirs des Hunger Games remonter à mon esprit. Je regarde autour de moi. Pourtant, tout est bien réel. Nous sommes chez moi, dans ma superbe maison, décorée avec goût où mes objets personnels se confondent avec ceux d’Avery. C’est bien réel, et pourtant si peu à la fois. « Je ne suis pas morte. » « Je sais. » Je le sais. Je savais qu'elle n'était pas morte, qu'elle a été l'une des rares tributs à se voir sauver par le district treize. Et quand Kathleen me l'avait annoncée, j'ai été immédiatement soulagée. Car s'il y avait une mort que j'ai regrettée au plus profond de mon être, c'est bien celle de Zoé. Et même si j'ai été rassurée de la savoir en vie, cela n'enlève rien à ma culpabilité. Cela m'aide juste à cohabiter avec elle. Je le sais depuis longtemps, mais je n'ai jamais cherché à la revoir. Car même si j'aurai voulu m'excuser, me mettre à ses genoux en implorant son pardon, je savais que ça n'aurait jamais été suffisant. Et puis ... elle faisait partie de mon passé jusqu'à maintenant. Elle n'était plus qu'un mauvais souvenir. Le treize l'avait sauvée, lui avait offert une meilleure vie... Mais à en croire son apparition magique face à moi, cela ne lui suffit visiblement pas. Elle veut plus. Mais quoi ? « Je n'ai même pas eu droit à un départ paisible. Ils m'ont réveillée. Ils ont obligé mon coeur à battre, mes poumons à aspirer de l'air, mon sang à circuler dans mes veines. Ils m'ont forcée à vivre ! A vivre une vie dont je ne voulais plus, une vie qui ne m'appartenait plus. Et tout ça, c'est à cause de toi ! De toi ! » Sans même réfléchir, ma main vient violemment frapper la joue de Zoé. Je recule de quelques pas, je la regarde dans les yeux durant quelques instants, je respire, je tente de me calmer. Mais je n'y arrive pas. « À cause de moi ? À cause de moi ?! C'est une blague j'espère ? » Je tente de me calmer, de ne pas crier, de ne pas perdre les pédales comme j'ai pu le faire face à Phoenix. Mais je n'y arrive pas, tout simplement parce que je ne peux pas accepter les paroles de Zoé. Ce n'est pas de ma faute. Ce n'est pas ma putain de faute si elle est en vie ! Je n'ai jamais demandé au district treize de la sauver ! J'aurai mille fois voulu être à sa place ! Si seulement, si seulement elle savait la chance qu'elle, ou même Kathleen, ont eue, elle ne pourrait pas dire ça. Pourtant, elle vient de le faire. « J'ai jamais demandé à ce que tu sois ramenée à la vie ! Comme je n'ai jamais demandé à te tuer ! Mais je voulais rentrer chez moi putain, je voulais juste rentrer. Je savais pas qu'ils allaient vous ramener à la vie ! » Qu'est-ce qu'elles ont mes alliées, à toujours imaginer que leur sort est quinze fois pire que le mien sous prétexte qu'elles ne sont pas passées par l'étape Capitole et grande fête à leur honneur ? Nous en sommes en même stade, nous sommes en vie sans pour autant l'être. Sauf qu'elles n'ont pas eu à se pavaner durant un an, à vanter les Jeux, à aller de district en district en tenant des discours sur la façon dont elles ont tué leurs victimes. Qu'elles se taisent bon sang ! Qu'elles se mettent à ma place quelques secondes ! Je ne suis pas responsable de leurs malheurs, alors qu'elles la ferment ! « Si tu voulais être à ma place, tu n'avais qu'à te battre, Zoé. » C'est dit. Balancé en plein visage, sans prendre la moindre pincette. Elle veut jouer à ça, on va jouer.
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http://www.mockingjay-rpg.net/t6442-get-along-with-the-voices-inside-of-my-head-alexiane http://www.mockingjay-rpg.net/t152-11-this-is-survival-of-the-fittest-this-is-do-or-die-alexiane
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Remember the day you killed me - Alexiane & Zoé Vide
MessageSujet: Re: Remember the day you killed me - Alexiane & Zoé   Remember the day you killed me - Alexiane & Zoé Icon_minitimeMer 27 Fév - 8:23

Au-delà de la douleur, au-delà de la peine.
Un endroit qui m’appartient encore, peut-être. Une partie de moi qui se souvient de Zoé.
Je m’y réfugie, me pelotonne avec bonheur dans cette sensation délicieuse d’oubli, ce vide rassurant. Ici, il n’y a que moi. Même le temps ne passe plus ; il se contente d’observer, spectateur muet à présent qu’il a perdu son emprise sur moi. La solitude a comme un goût de sel, une odeur de sable chaud, et je l’accueille avec empressement. C’est comme dériver sans fin sur une mer inconnue. Non : comme nager dans l’air. Non : comme flotter sur les nuages. Comment donc décrire cet état parfait en n’utilisant que des mots, des pauvres mots humains ? Mieux vaut se taire. Sombrer dans le silence moelleux. Cependant, le mal est déjà fait : plus j’essaye de retrouver cette paix, plus elle me fuit. C’est comme essayer de se noyer en refusant de respirer : je ne peux pas résister à l’appel de la vie dans mon sang. Je suis brutalement ramenée dans mon corps.


La seule chose qui parvient à me rassurer, à m’amuser même, c’est de voir qu’Alexiane aussi est bouleversée par cette rencontre inattendue. Nous nous toisons en silence, tremblantes, hésitantes, abasourdies. Deux filles, autrefois alliées. Et maintenant ? Soudain, je vois dans tout ceci une horrible parodie des Jeux. Le couteau sur la table de cuisine immaculée, la robe de mon interview sur mon corps perclus de douleur, Alexiane face à moi dans cette maison douillette. Comme des pantins qui répètent inlassablement les mêmes mouvements, jusqu’à ce que leurs fils cassent. Quelles raisons nous retiennent ici, si ce ne sont celles que le Capitole nous a données ? Laborieusement, j’entretiens la petite flamme de ma haine, la nourris de pensées sournoises, d’images, de mots. Un seul coup de vent, un seul souffle suffirait à l’éteindre. Alexiane ferme les yeux un instant, comme pour se convaincre que je ne suis pas une hallucination. Je ne lui en veux pas. Même moi, j’ai parfois du mal à me convaincre que je suis bien réelle. « Alexiane. » C’est une constatation, un appel à l’aide, un cri de vengeance. Prononcé d’une voix brisée qui lui enlève tout son tranchant. Soudain, je ressens le besoin de me justifier, d’expliquer. Peut-être comprendrais-je alors mieux ce qui m’est arrivé, moi aussi. « Je ne suis pas morte. » Je cherche d’autres mots pour continuer, mais aucun ne me vient. « Je sais. » Cette simple réponse suffit à me glacer. Elle sait. Une peur abjecte me tord les intestins, et je réfrène à grand-peine l’envie de m’enfuir. « Tu les as vues, n’est-ce pas ? » Ce n’est pas vraiment une question. « Kathleen ? Catalina ? » Je demande à voix basse, comme pour ne pas réveiller les morts. Ironie du sort, nous nous sommes sans doute toutes les trois retrouvées chez Alexiane un jour. Comme des fantômes, nous continuons à hanter la seule personne qui nous rattache à l’horreur que nous avons vécue dans l’arène, la seule personne peut-être capable de nous apaiser. Parce qu’elle a partagé cette souffrance avec nous, et qu’à travers elle ces jours sous un soleil artificiel semblent plus réels. Pas de pitié, ni de dégoût, ni d’aversion dans son regard. Elle est l’une de nous, aussi clairement que si nous étions toutes marquées de la même façon. Sauf que cette marque n’est pas visible.

Un bruit de tonerre. L’air moite qui torture mes poumons et calcine ma peau à vif. Tout va vite, trop vite. Mon endroit hors du temps, mon cocon protecteur a disparu. Je veux quitter ce corps qui n’est plus que douleur, cette chair entaillée, brûlée, ces organes abîmés. Mais on ne me laisse pas le choix. On ne m’a jamais laissé le choix. « La perfusion, vite ! » Je sursaute intérieurement, mais mon corps ne bouge pas d’un pouce. « Elle perd trop de sang… » Un cri m’échappe. Le cri de l’agonisant, le cri de l’enfant qui vient de naître. Je suis les deux à la fois. Et je suis en feu. Quelqu’un pose un masque sur ma bouche et mon nez. Je respire l’air à l’odeur de médicament. Et je sombre de nouveau, mais pas assez vite, pas assez vite pour ne pas comprendre… Ils m’ont ramenée à la vie.

La colère, ma vieille amie. Elle m’enflamme à nouveau, mais je note avec tristesse qu’elle a perdu de sa force. Au District 13, j’étais capable d’attaquer n’importe qui puis de tambouriner pendant des heures contre la porte de ma cellule capitonnée. Aujourd’hui, je suis trop fragile pour cela, trop épuisée presque pour tenir debout, et sans doute incapable de donner ne serait-ce qu’un coup de poing à Alexiane. Mais ce n’est pas tout. Au-delà de ma faiblesse physique, il y a aussi une douleur intérieure. Une douleur qui me ronge toujours, qui me mine et me vide de mes forces. Heureusement, le couteau, c’est facile. Il suffit d’enfoncer, comme dans une orange. Cela s’est passé comme ça avec cette fille… Avec Catalina. Penser à elle fait trop mal. Après tout, je lui ai fait la même chose, je lui ai infligé la même mort que celle qu’Alexiane m’a donnée. Un poignard dans le ventre, puis un réveil sous terre, dans l’enfer du District 13. Alors, pour oublier ma peine et mes remords, je crie : « Je n'ai même pas eu droit à un départ paisible. Ils m'ont réveillée. Ils ont obligé mon coeur à battre, mes poumons à aspirer de l'air, mon sang à circuler dans mes veines. Ils m'ont forcée à vivre ! A vivre une vie dont je ne voulais plus, une vie qui ne m'appartenait plus. Et tout ça, c'est à cause de toi ! De toi ! » Je lui lance un regard haineux, espérant à demi qu’elle se jette à mes pieds, qu’elle me supplie de lui pardonner. Au lieu de ça, sa main atterrit sur ma joue, rejetant ma tête en arrière. Je n’arrive pas à y croire. Je n’arrive pas à y croire. Mais qu’est-ce qui cloche chez elle ? Elle m’a tué ! Elle a enfoncé ce fichu couteau dans mon abdomen ! Maintenant que je me retrouve devant elle, démunie, affaiblie, elle n’essaye pas de se racheter ? Comme si tout cela n’était pas horriblement familier. L’impact de sa main sur ma joue, la douleur cuisante, mon cri involontaire. Un geste d’un autre temps, d’un autre lieu. Un geste que je pouvais comprendre sous le ciel trop bleu de l’arène, mais pas ici. Pas maintenant. « À cause de moi ? À cause de moi ?! C'est une blague j'espère ? » Je ne trouve pas de réponse, confuse. A quoi joue-t-elle ? « J'ai jamais demandé à ce que tu sois ramenée à la vie ! Comme je n'ai jamais demandé à te tuer ! Mais je voulais rentrer chez moi putain, je voulais juste rentrer. Je savais pas qu'ils allaient vous ramener à la vie ! » Je hoche lentement la tête. Ça, je veux bien le croire. Elle ne savait pas. Elle ne voulait pas. A sa place, j’aurais fait la même chose. Cependant, je ne le lui avouerai jamais, car cela revient à dire que ma vengeance est inutile, irréfléchie. Un instant, je me vois à la place d’Alexiane. Tuant mon alliée. Sortant de l’arène blessée, mutilée, mais vivante. Je vois la foule en liesse au Capitole, l’interview avec Caesar Flickerman. Les félicitations pour mes actes les plus vils, encore et encore. L’hostilité secrète des Districts. Et une vie dans une maison trop grande, à essayer d’oublier, à s’inventer des passe-temps. Aurais-je d’avantage apprécié cette fin-là ? Je secoue la tête. Pas de compassion, pas d’hésitation. Si près du but, je ne peux renoncer. L’attaque d’Alexiane m’a donné un avantage : c’est elle qui a porté le premier coup. Ainsi, peut-être me sentirai-je moins coupable lorsque j’enfoncerai le couteau dans son ventre. « Pourquoi, Alexiane ? » J’avance d’un pas. « Pourquoi n’es-tu pas heureuse ? Tu as tout ce que tu veux, non ? Tout ! Tout ce que je n’aurai plus jamais ! C’est si horrible que ça, la vie de château, les soirées au Capitole, les admirateurs ? Cette fois, c’est moi qui suis en colère. Et pour de bon. « Ça te dérange de mentir, c’est ça ? De jouer le chien de manchon de Snow ? Mais merde alors, laisse-moi prendre ta place ! Je me fiche de devoir lui lécher les bottes ! Je le ferai tous les jours si cela pouvait me rendre… si cela… » J’ai horreur de cette faiblesse, et plus horreur encore qu’Alexiane en soit témoin. L’air me manque, et mes mains se crispent sur mon ventre, à l’endroit où cette garce a enfoncé son couteau…

Une peau lisse, parfaite. Rose comme celle d’un nouveau-né. Comme s’il ne s’était rien passé. En effaçant mes cicatrices, ont-ils aussi tenté d’effacer les souvenirs ? Je me roule en boule autour de ma propre misère. « C’est totalement guéri. » Ont-ils affirmé, et « Tu ne garderas pas de séquelles. » Pourquoi alors la douleur me foudroie-t-elle encore de temps à autre, me réduisant à l’état d’animal à l’agonie ? Pourquoi revois-je toujours le regard Alexiane dans mes rêves, cent fois, mille fois, avant que la douleur ne me réveille ? Mon corps, tout comme mon esprit, refuse d’oublier.

« Si tu voulais être à ma place, tu n'avais qu'à te battre, Zoé. » C’est comme prendre un coup en plein visage, comme se noyer dans… Non, surtout ne pas penser à ça. Ne pas penser aux sirènes, à leurs voix magnifiques au beau milieu de la bataille finale. Ne pas penser à la façon dont j’ai failli succomber, ensemble avec Alexiane. Leurs voix me parlaient de ma maison, de ma famille, et d’autres choses encore. Des choses que je n’avais peut-être jamais dites ni pensées, mais qui étaient là, enfouies au fond de mon être souffrant le martyre, un noyau dur de rêves que même la perspective de ma propre mort ne pouvait entamer. J’aurais pu les écouter. M’offrir une mort douce, paisible, m’enfoncer dans l’eau sans en avoir conscience et vivre dans mes souvenirs jusqu’à ce que l’eau pénètre dans mes poumons. Mais je voulais me battre. Avec un sursaut, je reviens au présent. Combien de temps a passé ? Une seconde ? Une heure ? Alexiane se trouve toujours devant moi, pendant que j’essaye de démêler mes pensées. Pourquoi suis-je ici ? L’injustice de la situation, la cruauté d’Alexiane : c’est comme l’une de ses tours en blocs de bois que je construisais enfant. Tombée à terre, elle perd toute sa signification. « Tu étais peut-être plus forte que moi. Mais je me suis battue. Je me suis battue. J’ai tué, tout comme toi, j’ai fait des choses dont j’avais honte. Parce que j’espérais pouvoir gagner… » Je secoue la tête, dégoûtée. Mes jambes tremblent d’épuisement à présent, et je ne peux m’empêcher de lorgner une chaise. Cependant, pour m’asseoir, je dois passer devant Alexiane, et quelque chose me dit que ce n’est pas une bonne idée. Alors, je tiens bon. « Tu aurais dû me tuer, Alexiane. » Je murmure. « Vraiment me tuer. Un coup de couteau en plein cœur, des dommages impossibles à réparer. Une mort rapide, facile. Ils n’auraient jamais pu me réveiller. » Un soupir m’échappe, et je m’appuie discrètement contre le mur. Si elle essaye de me tuer maintenant, je la laisserai faire. Mais elle n’esquisse pas le moindre geste, et malgré moi, je recommence à parler. Comme si la colère d’Alexiane avait percé un abcès. Je ne peux plus retenir les mots, les mots douloureux, les mots acides, les mots désespérés. « Après, au District 13… C’était une tombe déguisée, une fosse commune suppurante de désespoir. Et les hommes en uniforme gris… Ils fondaient sur nous comme des corbeaux sur une charogne, picoraient des morceaux de notre vie, tout ce qui pouvait leur servir. Nous n’étions que des objets à leurs yeux, des soldats, des instruments mortels dans la rébellion. Mais ils ont eu une mauvaise surprise… » Je ris, mais c’est un rire rauque, le rire de quelqu’un qui a oublié comment être heureux. « Quand ils se sont enfin rendu compte que nous n’étions que des poids morts, que nous ne guéririons jamais vraiment, leur attitude a changé radicalement. ‘Inutile’, c’est pratiquement une insulte au District 13. Et nous ne faisions rien, à part dévorer comme quatre et attaquer des civils innocents… » J’entends des cris, dehors. Encore une attaque ? Des mutations génétiques, des rebelles sanguinaires ? Entre Snow et Coin, je ne sais pas qui choisir. Sûr que l’un me torturerait pour obtenir des informations, pendant que l’autre me ferait exécuter par ses petits militaires. Lentement, très lentement, je commence à contourner Alexiane. Le couteau sur la table de la cuisine, il faut que j’arrive à l’attraper… Avant que quelqu’un vienne nous déranger. Pour la distraire, je parle, je parle, je parle… « Ma première mission… Un échec. Il m’a attrapée. Jessie. Tu te souviens de Jessie Chase ? Celui que j’ai tué lorsque nous étions encore alliées, amies ? » J’y suis presque. Pourvu qu’elle ne remarque rien. S’il vous plaît, faites qu’elle ne remarque rien. Mais Alexiane n’est pas bête. Il faudra être rapide. « On lui a offert un lavage de cerveau. Il est devenu Pacificateur. » Ca y est, je passe mes mains derrière mon dos et ma main se referme autour de l’instrument de mort. L’émotion me submerge et je pointe l’arme en direction d’Alexiane. « Il m’a torturée ! » Je hurle. « Pendant que toi, Alexiane, tu étais tellement malheureuse dans tes robes de bal, on m’arrachait la peau du dos ! On me battait à mort ! C’est vrai, il est tellement plus difficile de jouer au Grand Vainqueur. Tu veux échanger ? Tu veux mes doigts cassés, mes brûlures, mes coupures infectées ? C’est ce que tu veux ? Avoir la gorge à vif à force de crier alors que personne ne t’écoute ? Crever de faim, terrée dans une cave ? C’est ça que tu veux ?! C’est ça ?! Mon couteau sur sa gorge. Ce n’était pas un rêve. Je ne me souvenais pas d’avoir fait le moindre geste, mais soudain j’étais là, tenant la tête d’Alexiane en arrière par ses cheveux, le couteau si proche du sang qui affluait sous sa peau… J’étais hors de moi. Hors du temps. Hors de contrôle.
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Alexiane R. Hawthorne
DISTRICT 11
Alexiane R. Hawthorne
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△ à Panem depuis le : 08/05/2011
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Remember the day you killed me - Alexiane & Zoé Vide
MessageSujet: Re: Remember the day you killed me - Alexiane & Zoé   Remember the day you killed me - Alexiane & Zoé Icon_minitimeDim 3 Mar - 12:59

Elle n’a rien à faire ici. Sa place est ailleurs. Dans les souterrains du treize, auprès des autres tributs. Auprès de ceux qui l’ont sauvée, qui lui ont permis d’avoir accès à une nouvelle vie. Loin du Capitole. Loin des districts. Loin de la peur. Loin de ceux qui souffrent. Loin de ceux qui combattent. Loin de tout. Elle avait eu cette chance, mais elle ne semblait pas vouloir la saisir. Pourquoi ? Pourquoi n’était-elle pas capable d’accepter cette vie qu’on lui offrait ? Une vie où elle n’avait pas à mentir pour rester en vie. Une vie où on ne décidait pas pour elle. Une vie où elle pouvait … elle pouvait être elle, tout simplement. C’était un cadeau qu’on lui faisait. Un magnifique cadeau que j’aurai voulu saisir à sa place. Raison pour laquelle elle n’avait rien à faire ici. Elle n’avait pas le droit d’être ici. Pas le droit de débouler ainsi dans ma vie, de revenir d’entre les morts et de me confronter à ce que je n’aurai jamais. Sa vie. Sa vie dans les souterrains. Où elle peut se reconstruire sans qu’on la mette sous le feu des projecteurs ou qu’on s’en serve comme une vulgaire poupée de chiffons. Elle n’avait aucun droit d’être là. C’était le dernier espace à moi qu’il me restait. Et Zoé venait de le souiller. De toute souiller. À en croire sa tenue, elle s’était permise de fouiller les placards. Mais pas n’importe lesquels. Ceux de ma chambre. De ma chambre, là où même Avery n’a pas le droit d’entrer. Elle avait souillé mon espace, mais pire que tout, mon intimité. Elle avait bien fait de reprendre sa robe, robe que j’avais gardée précieusement, comme un souvenir. Désormais, son empreinte serait partout. Que je ferme les yeux ou non, je saurais qu’elle est passée ici. Et je n’avais plus besoin de garder un vulgaire bout de tissu pour sentir sa présence. Elle était en vie. Tant mieux pour elle. Je le savais. Et je ne ressentais pas le besoin de le voir pour le croire. « Tu les as vues, n’est-ce pas ? » Je ne parvenais pas à ôter mon regard de sa robe. De repenser à la façon dont elle s’était permise d’entrer. De fouiller. De percer mon intimité. « Kathleen ? Catalina ? » À l’entente du prénom de cette dernière, je relevais la tête. « Catalina ? » Je m’approchais d’elle. « Comment oses-tu prononcer son prénom sous mon toit ? » Je me mordis la lèvre, je serrais les poings. Elle venait ici. Prononçait le prénom de Catalina. Me renvoyer ce que j’aurai jamais en pleine figure. Phoenix était mort pour moins que ça. Mais nous avions été alliées. Nous avions vécus des choses terribles ensemble. Et c’était probablement la raison pour laquelle je m’empêchais de l’égorger, là tout de suite, alors qu’elle faisait preuve d’un manque de respect incroyable. « Je les ai vues, oui. Je vous ai tous vu. Kathleen, Catalina, Skyler, Kirsen, toi… mais ici, vous n’étiez que des fantômes. Vous n’étiez que des fantômes jusqu’à ce que tu viennes. Jusqu’à ce que tu brises tout ça. » J’étais en colère. J’étais en colère contre elle, comme je ne l’avais jamais été. « J’ai vu Kathleen. Mais dehors. Elle ne s’est jamais permise de briser mon intimité, ou du moins ce qu’il en restait. » Ma maison. C’était la seule chose qui avait été préservée par le Capitole. Ici, pas de caméras. Pas de micros. Pas d’interviews. La tranquillité. Brisée par Zoé.

Mais ce qui suit est pire. C’est pire que tout ce qu’elle aurait pu faire. Elle m’a frappé de nombreuses fois. Elle m’a poignardé. Elle a tenté de me tuer. Mais ça, c’était rien à côté de ce qu’elle vient de dire. L’impact de ses paroles est deux fois plus fort que l’impact de ses coups. « Et tout ça, c'est à cause de toi ! De toi ! » Sauf que ça ne l’était pas. Non, ça ne l’était pas. Et j’allais le lui faire comprendre. Rien de tout cela n’était ma faute. Je ne savais pas. Je ne savais pas qu’ils les ramèneraient à la vie. Si je l’avais su, je … j’aurai abandonné bien vite. Je n’aurai pas lutté pour ma survie au détriment de mon humanité. J’aurai baissé les bras. J’aurai attendu qu’un tribut plus fort m’achève, et que le treize me récupère. Peut-être que … peut-être que tout aurait été mieux de cette façon. Si on m’avait ramené à sa place. Mais en aucun cas tout cela n’était de ma faute. Je ne regrettais pas mon geste. Je ne regrettais pas de l’avoir giflée avec la force nécessaire. Elle le méritait. Elle ne le savait pas encore, mais elle l’avait amplement mérité. « Pourquoi, Alexiane ? » Je soupirais. Pourquoi quoi ? Pourquoi je pense que c'est une blague ? Pourquoi je pense que ces paroles n'ont aucun sens ? Pourquoi elle m'agace ? Pourquoi elle n'a rien à faire ici ? Pourquoi ? Qu'elle m'explique. Qu'elle arrête de dérailler, qu'elle arrête de prononcer des phrases qui n'ont aucun sens. « Pourquoi n'es-tu pas heureuse ? Tu as tout ce que tu veux, non ? Tout ! Tout ce que je n'aurai plus jamais ! C'est si horrible que ça, la vie de château, les soirées au Capitole, les admirateurs ? » Je manquais de la gifler une nouvelle fois. Non. Pas juste la gifler. Je manquais de foncer sur elle afin de la pousser à terre. Je manquais de la frapper encore. Encore. Un coup de poing. Sur le visage. Dans le ventre. Là où j'avais enfoncé mon couteau afin de la tuer, des mois auparavant. Je manquais de faire tout ça, mais heureusement que ses nouvelles paroles m'empêchèrent. En me concentrant sur celle-ci, en m'obligeant à l'écouter alors que je n'avais aucune envie, je m'empêchais de la frapper. « Ça te dérange de mentir, c'est ça ? De jouer le chien de manchon de Snow ? Mais merde alors, laisse-moi prendre ta place ! Je me fiche de devoir lui lécher les bottes ! Je le ferai tous les jours si cela pouvait me rendre... si cela... » Elle ne se rend pas compte. Zoé ne se rend pas compte des sacrifices qu'elle devrait faire si elle avait été ma place. Si on échangeait nos places. Mais ça, c'est pas possible. Et ça le sera malheureusement jamais. C'est pas aussi simple qu'elle le pense. Il ne suffit pas de mentir. Il faut être convaincant. Et Dieu sait comme cela est difficile au Capitole. Mais extrêmement facile pour eux de nous faire comprendre que ça ne suffit pas. Elle ne comprenait pas. Et cela me tuait. Parce qu'elle ne pourrait jamais comprendre. Et qu'elle continuerait avec ses informations mensongères. Que ces paroles m'énerveraient de plus en plus. Jusqu'à ce que ... jusqu'à ce que je ne parvienne plus à me contrôler. Depuis l'incident avec Phoenix, j'avais peur. Peur de commettre l'irréparable une nouvelle fois. Je devais lui répondre. Je le devais, car elle n'avait pas le droit de penser ainsi. Mais il fallait que je modère mes propos, que je serre les poings, que je me calme. Et ce n'était pas si facile. « Tu veux savoir la vérité ? Oui. Oui, c'est si horrible que ça. » Je marquais une pause, tandis que ma main vint frapper ma cuisse à plusieurs reprises afin d'éviter le visage de Zoé. Mon cœur s'accélérait. Ma colère s'envenimait. « Tu comprends pas. Tu peux pas comprendre. » Elle ne le pourrait jamais. Alors pourquoi est-ce que j'essayais de lui expliquer ? Cela ne servait à rien. C'était un dialogue de sourd. Pourtant, j'y tenais. « Ce n'est pas juste mentir. Ce n'est pas juste être un bon petit toutou. C'est être convaincant. Être persuasif. Leur prouver que tu as ta place parmi eux. Que tu es comme eux. Sinon ... un claquement de doigts, et s'en est fini de toi. Il y a bien d'autres gagnants à exhiber, alors un de plus, un de moins, ça change pas grand-chose au final, pour eux. Mais toi... toi, tu t'es pas battu dans une putain d'arène pour crever comme une merde après. » Je repensais à ces dernières paroles. ''Si cela pouvait me rendre...'' lui rendre quoi ? Sa vie ? Sa vie en dehors des souterrains est finie. Et ce n'est pas une mauvaise chose pour elle. C'est une chance. « C'est pas parce que tu te pavanes, que tu vas à des réceptions, que tu souris à t'en déboiter la mâchoire, que ça te rend ta vie. Désormais, elle leur appartient. Et tu exécutes les choix qu'ils font pour toi. C'est pas aussi simple que tu le penses Zoé. » Je m'arrêtais un instant, juste pour pouvoir constater les mains de la jeune femme qui s'agrippaient à son ventre. Là où j'avais porté le coup fatal quelques mois auparavant. La blessure mortelle que je lui avais infligée.

Zoé est juste venue se plaindre. Juste venue pleurer auprès de quelqu’un, pour ne pas avoir la vie que je mène. Ce n’est pas mon problème pourtant. C’est moi qui me suis battue, qui est survécu. Ce n’est pas elle. Et elle n’a aucun droit de venir ici et de m’en vouloir pour cela. Les Hunger Games sont ce qu’ils sont. Un endroit où l’on se bat les uns contre les autres, jusqu’à ce qu’il n’en reste qu’un. Moi. J’avais … j’avais juste suivi les règles du jeu. Elle ne pouvait pas m’en vouloir pour cela. Elle avait fait de même. Je n’avais pas été délicate dans mes paroles. Mais est-ce qu’elle l’avait été, elle ? Non. Je n’avais aucune raison de faire preuve de délicatesse alors qu’elle-même ne le faisait pas. Et j’avais raison. Si elle voulait être à ma place, elle n’avait qu’à se battre. S’il y avait une personne à blâmer, ce n’était certainement pas moi. « Tu étais peut-être plus forte que moi. Mais je me suis battue. Je me suis battue. J’ai tué, tout comme toi, j’ai fait des choses dont j’avais honte. Parce que j’espérais pouvoir gagner… » Il est vrai qu’elle s’était battue. Mais pas suffisamment. Elle n’avait qu’à m’arracher cette foutue victoire si elle y tenait tant ! J’ai tenu bon alors que j’aurai pu y rester. J’ai failli y passer, à quelques minutes près. Mais j’ai tenu bon. Parce que je voulais la victoire, que je voulais revenir chez moi. J’ai réussi. Grâce à ma volonté. Elle aurait pu faire de même. « Tu aurais dû me tuer, Alexiane. » Je la regardais, ahurie. N’était-ce pas ce que j’avais fait ? N’était-ce pas ce qui m’avait empêché de trouver le sommeil de nombreuses nuits ? « Vraiment me tuer. Un coup de couteau en plein cœur, des dommages impossibles à réparer. Une mort rapide, facile. Ils n’auraient jamais pu me réveiller. » Je n’en pouvais plus. Je n’en pouvais plus qu’elle rejette sans-cesse la faute sur moi. Je n’avais aucun pouvoir sur le district treize bordel, quand est-ce qu’elle allait se mettre cela dans le crâne ? « CE N'EST PAS MA FAUTE ! CE N'EST PAS FAUTE PUTAIN ! » Je hurlais, je frappais la table afin d'éviter une nouvelle fois son visage. Je m'approchais d'elle, prête à lui sauter à la gorge, mais, comme toujours, me retenant. « Comment tu peux dire ça ? Comment tu peux dire ça ! Je t'ai tué ! Je t'ai tué bordel, je pourrais jamais oublier la scène ! Je t'ai planté ce foutu poignard, je t'ai vu te vider de ton sang ! Je n'ai peut-être pas visé ton coeur, mais tu étais morte, Zoé ! Tu as cessé de respirer, et le coup de canon est parti. Il n'y avait plus rien, plus aucun battement, plus rien ! Tu étais morte, tu étais morte putain ! Je t'ai tué ! » Je me mordis la lèvre jusqu'au sang pour me retenir, pour ne pas lui exploser le crâne contre le mur. Je ne sais pas ce qu'il me retenait. Elle faisait tout pour. Nous n'avions plus rien d'alliées, à présent. Absolument plus rien. C'était ... c'était simplement une menace. Quelqu'un qui venait de s'introduire chez moi, qui dérangeait ma tranquillité et qui me provoquait. Une menace. Que je pouvais éliminer. « Je t'interdis. Tu comprends ? Je t'interdis de venir sous mon toit quand tu n'y es pas invitée et me parler de cette façon. De me traiter de cette façon. Je t'ai tué. Tu étais morte. Tu aurais dû finir dans un cercueil. Tu n'aurais jamais dû revenir. Je savais pas, je savais pas qu'ils allaient faire ça. Et ce n'est pas de ma faute. Parce que tu étais morte. MORTE. » Je suis à vif. Une larme coule le long de ma joue. Avant, je ne lui aurais jamais parlé de cette façon. Avant, je n'aurai jamais autant insisté sur le mot mort. Je n'aurai jamais été aussi violente dans mes propos. Mais... c'était avant. C'était l'ancienne Alexiane. Celle qui considérait Zoé comme une alliée, et non comme une ennemie.

Je reculais, marquant une nouvelle distance entre nous. Parce qu’à mesure que je me rapprochais d’elle, l’envie de passer mes mains autour son cou et de bloquer sa respiration devenait de plus en plus tentante. « Après, au District 13… C’était une tombe déguisée, une fosse commune suppurante de désespoir. Et les hommes en uniforme gris… Ils fondaient sur nous comme des corbeaux sur une charogne, picoraient des morceaux de notre vie, tout ce qui pouvait leur servir. Nous n’étions que des objets à leurs yeux, des soldats, des instruments mortels dans la rébellion. Mais ils ont eu une mauvaise surprise… » Je l’écoutais, je l’écoutais me raconter le récit de sa nouvelle vie tout en observant son cou, sa respiration régulière. Elle était faible. Cela se voyait sur elle. Qu’elle n’était clairement pas au mieux de sa forme. Incapable de résister à la moindre attaque de ma part. « Quand ils se sont enfin rendu compte que nous n’étions que des poids morts, que nous ne guéririons jamais vraiment, leur attitude a changé radicalement. ‘Inutile’, c’est pratiquement une insulte au District 13. Et nous ne faisions rien, à part dévorer comme quatre et attaquer des civils innocents… » Je pourrais simplement avancer rapidement. Quelques mètres nous séparent. Quelques pas suffiraient. Je lui sauterais dessus, passerais mes mains autour de sa nuque et les serrerait. Elle se débattrait quelques minutes, tenterait de s’en sortir. Mais n’y arriverait pas. Les cris à l’extérieur me ramènent à moi et je plongeais à nouveau mon regard dans le sien. Ses paroles me frappèrent après coup, comme si je les avais enregistrés inconsciemment quand elle parlait et que je ne l’écoutais pas. « Et là, c’est le moment où je suis censée pleurer ? Plaindre ta pauvre vie ? Au moins, quelqu’un se préoccupe de la vôtre. Tente de vous aider. Sont là. Peut-être pour les mauvaises raisons. Mais vous n’êtes pas seuls. Aussi inutiles que vous êtes. » Et c’est ça qui était important. Ils n’avaient pas été seuls. On pouvait les insulter, les rouer de coups. Les utiliser comme de vulgaires objets. Au moins, quelqu’un s’intéressait à eux. Se souciait d’eux. Avait été là pour eux après leur… mort. Et je n’avais pas eu cette chance. C’est pour cela que j’étais en colère contre eux, contre le district treize. Pour avoir des gens à leurs côtés, prêt à leur offrir une nouvelle chance. Je l’observais me contourner, méfiante. Je n’avais plus confiance en elle. Plus maintenant. « Ma première mission… Un échec. Il m’a attrapée. Jessie. Tu te souviens de Jessie Chase ? Celui que j’ai tué lorsque nous étions encore alliées, amies ? » « Je me souviens. » répondis-je rapidement. Je me souvenais. Mais quel rapport ? Quel rapport avec nous, avec notre rencontre ? « On lui a offert un lavage de cerveau. Il est devenu Pacificateur. » « Fallait pas foirer la mission. » Cela peut paraitre injustice. Cela est injuste. Mais quitte à ce qu’elle tienne absolument à mettre la faute sur moi concernant sa nouvelle vie, autant que je lui renvoie l’ascenseur comme je le peux. Quitte à la faire souffrir. Quoi que, elle n’a pas pesé ses mots quand il s’agissait de me faire souffrir moi. Juste retour des choses. « Il m’a torturée ! » Je sursaute quand je vois le couteau face à moi. Visiblement, elle n’est pas la seule à être d’humeur à trancher des gorges ce soir. « Pendant que toi, Alexiane, tu étais tellement malheureuse dans tes robes de bal, on m’arrachait la peau du dos ! On me battait à mort ! C’est vrai, il est tellement plus difficile de jouer au Grand Vainqueur. Tu veux échanger ? Tu veux mes doigts cassés, mes brûlures, mes coupures infectées ? C’est ce que tu veux ? Avoir la gorge à vif à force de crier alors que personne ne t’écoute ? Crever de faim, terrée dans une cave ? C’est ça que tu veux ?! C’est ça ?! » Sans réfléchir, ma main se pose sur le couteau, la lame me brûle la paume, et j’arrache ce dernier des mains de Zoé, en le jetant derrière moi. J’essuie le sang qui commence à couler le long de mon pantalon, tout en sachant qu’il va continuer à couler quand même. « ça dépend. Tu veux assister à des réceptions à ton honneur ? Où on te rappelle dans les moindres détails, au détour d’une conversation, à quel point tu as été une meurtrière géniale ? Oh, mais attends, il n’y a pas que les mots ! J’oublie les images, très importantes les images ! Tu veux t’abreuver d’images de toi tuant les autres ? Ralentis, commentaires et effets sonores dramatiques en prime ? Tu veux qu’on te force à écumer les réceptions, à visionner encore et encore la façon dont tu es devenu quelqu’un que tu ne reconnais même pas ? Soit ! Oh, mais non, peut-être préfères-tu une bonne petite Tournée du Vainqueur ? C’est vraiment génial, ça, vraiment ! Tu te pavanes dans les districts en belles robes, en prônant oh combien les Jeux ont changés ta vie, oh combien tu es ravie d’y avoir participé. Ah mais attends, c’est pas le pire. Non, le pire c’est de regarder les familles de ceux que tu as tué. Les regarder dans les yeux, et tenir un magnifique petit discours dans lequel tu dis à quel point c’était des gens formidables alors que tu les as tués. Dire qu’ils étaient capables de gagner alors qu’ils ne sont jamais revenus. Dire que tu étais ravi d’avoir à tuer un adversaire pareil pour gagner. Mais, j’oublie les interviews ! Oh, formidables ces interviews. Prônant le Capitole, leur suprématie, tenant un discours à l’encontre de ton idéologie, discours écrit sur mesure pour toi, discours que tes proches ont en horreur parce que ce n’est pas toi. Que suis-je bête, je ne t’ai pas parlé de la façon dont on essaie de te vendre comme un vulgaire bout de viande au plus offrant, sous prétexte que tu es célèbre, que tu es la personnalité la plus en vue, qu’on te veut. Que les vieux pervers te veulent. On sait combien c’est excitant, une jeune gagnante, vierge qui plus est ! » Je passe ma main autour de son cou, serre mes doigts contre celui-ci, marque la peau de la jeune femme de mon sang. « Je pourrais continuer des heures tu sais. » Je la pousse en arrière, la bloque contre le mur. « Je suis désolée. Je suis sincèrement désolée de ce qu'il t'es arrivé. Je ne souhaitais cela à personne, pas même à mon pire ennemi. Je suis désolée. Et je suis désolée de devoir dire cela... Mais oui. J'aurai bien échangé. Volontiers même. Je doute pas que tu sois perturbée mentalement. J'en ai même la preuve. Mais les souffrances physiques, ça se soigne. Plus aucune trace. Les souffrances psychologiques... c'est plus délicat. Alors quitte à souffrir mentalement, j'aurai préféré que ce soit à cause de tortures. Parce que j'aurai moins de risque de subir cela au quotidien. » Je resserre ma prise autour de son cou, je plante mes ongles dans sa peau. « Je suis plus forte que toi, Zoé. On ne peut pas le nier. Je mange à ma faim, j'ai des médicaments me permettaient de passer une bonne nuit, je suis soignée dès que j'ai un bobo... Je suis plus forte que toi. Alors ne joue pas à ce petit jeu stupide. » J'approche sa tête de quelques centimètres avant de l'envoyer dans le mur, sans décrocher ma main de son cou. « Maintenant, écoute-moi bien. Tu vas sortir d'ici avant que je ne fasse quelque chose que je pourrais regretter, comme je l'ai fait pour le dernier visiteur. Tu vas franchir cette porte, sortir de ma vie pour ne plus jamais y revenir. Et tu vas redevenir ce que tu étais pour moi. Morte. » Je desserre la prise, libère son cou, et m'écarte de son chemin afin qu'elle puisse prendre la direction de la porte. Faire ce qu'elle aurait dû faire. Sortir de ma vie.


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