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 ❝ did you know the night was made out of our cries ? † (eglenver)

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❝ did you know the night was made out of our cries ? † (eglenver) Vide
MessageSujet: ❝ did you know the night was made out of our cries ? † (eglenver)   ❝ did you know the night was made out of our cries ? † (eglenver) Icon_minitimeVen 28 Sep - 18:28



standing in the dark
I'M BULLETPROOF NOTHING TO LOSE, FIRE AWAY FIRE AWAY
YOU SHOOT ME DOWN BUT I WON'T FALL, I AM TITANIUM

Les Jeux s'étaient terminés depuis un mois et demi, et pourtant, Eden avait l'impression que c'était hier. Elles les avaient apparentés à ses flashs, qui s'étaient déclenchés à ce moment-là, mais ils avaient bien vite cessé, depuis plus d'un mois à présent, ce qui lui donnait l'impression lancinante de rester ancrée dans le passé. Après l'avoir abreuvée de tant de souvenirs qui l'avaient terrifiée par l'inconnu qu'ils avaient suscité, son esprit s'était subitement tu. Elle qui avait naïvement pensé que, malgré les bouleversements que ces flashs amenaient dans sa petite existence bien planifiée, elle allait bien vite récupérer l'unité de ses souvenirs et pouvoir s'habituer à vivre avec, s'était trompée. Pendant un temps, elle avait été terrifiée à l'idée des images, pourtant banales la plupart du temps, qui apparaissait devant ses yeux sans qu'elle ne puisse jamais les stopper. Elle en devenait hystérique, ne pensant pas pouvoir en supporter davantage, pas plus que son orgueil ne voulait avouer qu'elle était impuissante face à la situation. A présent, elle comprenait que cela pouvait être pire. Elle essayait d'attirer les souvenirs à elle, espérait nuit et jour que quelque chose lui revienne, mais il n'y avait plus rien. Rien que du vide. Ce n'était même plus de l'ordre de la peur.

En quelques semaines, elle avait vite perdu l’immaturité qui caractérisait ce qu'elle considérait comme un retour dans le passé, ayant perdu tous ses souvenirs des trois dernières années. Elle avait toujours l'impression d'avoir quatorze ans, mais se rendait à présent à l'évidence que tout ça n'était qu'un leurre. Elle n'était plus ce qu'elle pensait être, ou du moins, n'était plus censée l'être. Pour autant, elle n'avait pas perdu sa joie de vivre, et bien qu'elle se montre moins gamine qu'elle l'avait été lorsqu'elle avait réellement quatorze ans, il était facile de décerner sur son visage que malgré ses traits tirés par le rire et ses remarques puériles, il y avait quelque chose de changé en elle. Personne n'aurait pu la qualifier de torturée ou de névrosée, puisqu'elle s'escrimait à ne rien laisser paraître, mais elle ne pouvait tout masquer. Ses sautes d'humeur intempestives. Son regard perdu. Ses moments d'égarement. Ça la rongeait bien plus qu'elle ne voulait encore y croire.

Accoudée au bord de la fenêtre de sa chambre, seule, ses yeux fixaient avec fascination la lune qui déroulait son emprise sur le village des vainqueurs, le district, et même Panem. En temps normal, elle ne serait sans doute pas adonnée à une telle activité, trouvant ça beaucoup trop ennuyant pour la jeune fille à la vie remplie qu'elle était, mais ce soir-là, la vision de l'astre la calmait. Comme si cela lui permettait de ne pas penser à autre chose. Elle était encore bien éveillée malgré l'heure tardive, et décida donc de descendre dans la rue profiter un peu de l'air frais, ne trouvant rien de plus intéressant à faire. Le village des vainqueurs était désert à cette heure-là, ce qui ne l'étonnait pas. Elle décida donc de continuer un peu plus loin pour se retrouver dans les rues du district lui-même, où l'activité n'était pas non plus à son comble. Au loin, il lui sembla apercevoir une silhouette se profiler, mais qui ne tarda pas à disparaître. Eden avait tendance à se surestimer, mais une des choses dont elle avait vraiment conscience était sa trouille naturelle. Une froussarde hors-catégorie. La nuit, les balades dans la forêt, ça n'était définitivement pas pour une personne de sa condition, bien trop dangereux. Elle préférait le luxe de son sofa et le doux crépitement de son écran plat à cet extérieur bien sombre. Avant. Maintenant, elle sentait en quelque sorte qu'elle n'avait plus rien à perdre. Une branche sur la tête, des souvenirs en lambeaux, la peur constante d'une situation où elle se trouverait dénuée de toute compréhension. Et puis, qui oserait bien s'attaquer à elle, sachant qu'elle n'était pas la première bucheronne venue ? Elle se sentait tellement bête d'avoir eu peur pendant toutes ces années de tout ce qui pouvait lui échapper, de ce qui devait lui échapper. Qu'elle ait peur de tout l'handicapait, l'empêchait de vivre normalement. Qu'elle ne soit pas préparée à tout paraissait pourtant normal ; il fallait bien qu'il y ait une partie noire quelque part, qu'elle ne sache pas tout. Ce qui n'était pas normal quand il s'agissait de sa propre personne, en revanche. Parfois, elle en revenait même presque à espérer que quelqu'un lui tombe dessus et l'amoche suffisamment pour qu'elle arrête de se faire des nœuds au cerveau en permanence. Cependant, bien que cette idée lui ait plusieurs fois traversé l'esprit, elle aurait un minimum de d'instinct de survie pour s'enfuir et hurler comme un goret s'il lui arrivait vraiment le moindre problème.

Alors qu'elle avait les yeux levés vers la lune, elle finit par perdre soudain l'équilibre et faillit tomber en arrière, ce qui la ramena un peu plus au moment présent. Sa première réaction fut de regarder tout autour d'elle, à la recherche d'un quelconque personne qui aurait pu largement se moquer d'elle. Hormis les façades des boutiques poussiéreuses, non, elle ne voyait pas. En revanche, avoir détaché quelques secondes ses yeux du ciel et de ses pieds lui avait permis d'observer une chose inhabituelle grâce aux lumières suspendues à intervalles réguliers dans les rues. Une forme, au loin. Dans le cimetière. Elle n'y allait jamais, pas même pour aller voir les tombes de ses grands-parents, parce que cet endroit lui avait toujours donné la chair de poule et que des frissons glacés lui courraient dans le dos rien qu'à l'idée. Pourtant, elle avait l'habitude de le voir de loin, et avait une image bien précise dans la tête, perturbée ce soir-là par la chose imforme qu'elle distinguait. Etrange. Assez étrange pour qu'elle brave sa répulsion et s'éloigne de la rue principale pour se rapprocher des clotûres qui entourait ce lieu si particulier. Arrivée à quelques mètres seulement de l'entrée, elle put distinctement voir ce qu'elle avait pris de loin pour quelque chose d'inconnu. Eglenver. Sans doute la dernière personne qu'elle aurait espéré croiser à ce moment précis, où Eden ne recherchait rien d'autre qu'une douce quiétude.

Puis elle se rendit vite compte de la situation. L'autre était endormie. Et autant dire que vu la relation houleuse qui les unissait, elle n'allait sûrement pas la prendre dans ses bras pour la ramener chez elle avec précaution. Peut-être même que sous ses airs frêles, elle était super lourde ; ça n'aurait étonné Eden qu'à moitié. Pas question qu'elle se montre sympathique avec cette espèce de sans-coeur ; le fait qu'Atlas soit fasciné par cette fille dépassait l'entendement même d'Eden, et malgré toutes ses remarques, rien ne changeait. Pourtant, cette Englenver n'avait de cesse de le repousser comme s'il n'était qu'une larve ignorante. Cela insupportait proprement l'amie d'Atlas qui ne pouvait s'empêcher d'avoir de réelles pulsions violentes lorsqu'elle voyait la manière hautaine et hypocrite dont Eglenver regardait les autres. Peut-être qu'Eden n'était pas assez objective pour juger ça. Mais elle n'avait pas besoin de l'être pour savoir qu'elle se serait très bien vu envoyer la blondasse contre un mur sans remords. Elle vit sa présence ici comme un signe, et même l'occasion de prendre une petite revanche bien méritée. Non qu'elle ait déjà perdu, mais tout de même. Elle s'approcha le plus silencieusement possible, serra la mâchoire lorsque le portail grinça en tournant sur ses gonds, puis s'approcha d'Eglenver en fronçant les sourcils. La jeune fille était endormie sur une tombe, comme si c'était l'endroit le plus approprié pour dormir. Evidemment, c'était bien connu. Cette fille était vraiment bizarre. Elle cachait le nom du malheureux se trouvant à cet endroit, et Eden se demanda donc ce qu'elle pouvait bien faire là, mais peu important pour elle. Un instant, elle hésita à faire quoi que ce soit, parce qu'elle avait tout de même un certain respect pour le lieu, et que cela lui fichait une peur bleue dans le noir, bien plus qu'elle ne voulait bien le montrer.

Avant qu'elle n'ait pu la voir s'activer, et être l'Eglenver qui allait l'exaspérait au plus haut point, elle eut un instant pitié de celle qu'elle voyait endormie ici, ce qui n'était pas un comportement considéré normal. Il devait lui être arrivé quelque chose, sans doute loin d'être joyeux... Comme tout le monde, elle méritait un peu de compassion. Mais celle-ci ne dura pas longtemps. Eden expira un bon coup puis donna une claque sur l'épaule d'Eglenver, bien trop énergique pour paraître contrôlée. Un peu de vigueur ne lui ferait pas de mal. Dans le même temps, elle poussa ses jambes qui traînait d'un coup de pied, ne se gênant pas pour l'atteindre physiquement comme elle n'en avait jamais l'occasion. Puis elle lâcha un glacial « Réveille-toi » avant de contourner la grève et de se placer face au visage de la fille. Pâle, dans l'obscurité de la nuit. Si pâle, presque maladif, ce qui devait être dû au peu d'éclairage et à sa piètre qualité. Lorsqu'elle vit ses paupières bouger, elle profita du fait qu'elle allait sûrement être désorientée – à moi qu'elle ait l'habitude dormir ici toutes les nuits, ce dont Eden doutait malgré tout – et tâcha de lancer d'une voix pressée et pourtant étouffée « Vite, bouge-toi, les Pacificateurs arrivent ! » En vérité, elle ne savait même pas si le fait de dormir dans le cimetière était puni de quelque chose, puisqu'elle n'avait jamais tenté l'expérience, mais elle espérait que cela éveillerait au moins un peu plus vite Eglenver. Eden était maintenant curieuse de savoir ce que l'autre pouvait bien faire ici à cette heure-là, et cela semblait aussi être la parfaite occasion pour lui faire clairement comprendre ce qu'elle pensait d'elle, sans que quelqu'un ne lui dise de se calmer. La situation était presque rêvée. Le serait, une fois qu'elle ne se trouverait plus ici.
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❝ did you know the night was made out of our cries ? † (eglenver) Vide
MessageSujet: Re: ❝ did you know the night was made out of our cries ? † (eglenver)   ❝ did you know the night was made out of our cries ? † (eglenver) Icon_minitimeDim 30 Sep - 15:11

i'm listening but there's no sound
❝ WON'T SOMEBODY COME TAKE ME HOME ? ❞
Je l'ai regardé tomber sans mot dire, sans réagir. J'ai simplement observé ses genoux fléchir sous son poids, et sa vie entière se dérober sous lui. Ça ne pouvait être possible, c'était trop rapide, je ne pouvais m'y résoudre. Pas lui ! alors qu'il était, probablement, la seule et unique personne que j'avais jamais aimée ! On me l'enlevait. Comme on m'avait enlevé Cybéline il y a quelques mois à peine. Je ne comprenais pas. Pourquoi tout se brisait si brutalement, sans préavis, alors que nos existences minables semblaient nous avoir offert une éternité de bonheur, et ce, sans doute pour se faire pardonner des épreuves auxquelles elles nous avaient confrontés ? Comment pouvait-on être si cruel avec nous ? Avec lui ? Avec moi ? Comment cet être si vivant pouvait-il s'éteindre comme ça, en un instant, disparaître, s'évaporer, s'essouffler ? Et moi, bon sang, moi ? Pensait-on à moi ? Pourquoi ne m'avait-on rien dit, quelque chose comme, tiens Eglenver, Skyler va mourir, prépare-toi, fais-lui tes adieux. Mais non, rien de ça, on n'a rien su me dire. Et Skyler et moi n'avons rien pu nous dire avant qu'il se prenne cette balle. Il est simplement parti contrer les Pacificateurs, et moi je suis restée plantée là comme une conne, à le laisser faire, perchée sur le perron de la maison. J'aurais très bien pu le rattraper et lui crier ah non Skyler, ne me fais pas ça, tu en as assez fait comme ça pour le restant de tes jours, et si tu mourrais ? Hein, et si tu mourrais ? Non, on va rester à deux, tu vas m'embrasser, rire un peu, et puis tout à l'heure on ira boire du thé, peut-être cueillir quelques framboises dans le jardin, et un jour tu décideras de m'épouser, et puis on aura des enfants. On fera tout ça, d'accord ? Mais ne va pas là-bas, c'est trop dangereux, pourquoi prendrais-tu le risque de mourir, sérieusement ? Skyler...

Je l'ai regardé, simplement. Je n'ai toujours su faire que ça, de toute manière. Regarder. Je n'agis jamais. Je l'ai regardé, j'ai attendu, j'étais hébétée, je n'ai su bouger, me mouvoir, courir vers lui. Les heures ont passé. Quand les choses se sont calmées, la nuit était déjà tombée. L'émeute passée, je me suis précipitée sur son corps inerte. Je pleurais à chaudes larmes, tu parles, il n'y avait que ça à faire, maintenant qu'il ne respirait plus. Je me suis accroupie à son côté et ai observé sa cage thoracique immobile, puis ses yeux ouverts, qui fixaient le ciel, qui ne me voyaient pas, dans lesquels je m'étais noyée tant de fois, et que je ne voulais pas quitter. Et enfin, mon regard embué a glissé sur sa gorge, toute de vermillon tâchée, dont la peau diaphane n'inspirait plus la vie. Il n'était plus qu'un tas de cellules mortes. Un amas d'os, de chair et de sang séché. Il n'était plus rien. Mais je m'accrochais à son cadavre tout de même, je m'effondrais même sur lui et le serrais contre moi. Je hurlais, je sanglotais, je me disais mais pourquoi ? Pourquoi, pourquoi ? Je humais son parfum avec ferveur et dévotion, celui qui émanait de son épiderme, celui qui allait bientôt se disperser dans l'air pour ne plus jamais venir satisfaire mon odorat. Diable que j'aurais voulu entendre sa voix à nouveau, et son rire, et que j'aurais aimé pouvoir admirer son sourire, ou bien lui donner un coup de poing, ou même qu'il me dise Eglenver je vais aux toilettes. J'aurais voulu qu'il soit vivant, juste cela. Que cette fichue rébellion ne l'ait pas tué, lui qui aspirait seulement à la liberté et qui n'en était qu'à son deuxième affrontement contre les autorités. Je me suis dit que ce n'était pas possible, que mon imagination me jouait des tours, que j'aurais dû le retenir, que j'aurais dû lui montrer davantage mon amour, que j'aurais dû...

On m'a arrachée à lui et je suis rentrée à la maison. J'ai séché mes larmes, je n'ai pu me résoudre à m'endormir, et de toute manière je n'aurais pu le faire, car je pensais sans arrêt à lui ; ma conscience me tourmentait. Il me manquait déjà. Je ne savais pas ce qu'on faisait de son corps, actuellement. Je crois que j'hésitais entre deux envies : qu'on l'empaille ou qu'on le brûle.
D'un sens, je voulais qu'il ne me quitte jamais, car c'était mon premier amour, je voulais qu'il reste avec moi pour toujours. C'était niais, j'en étais consciente. Mais j'étais rongée par la douleur, et nous avions vécu tant de choses ensemble... Les Hunger Games, le district Treize, la clandestinité... Je me remémorais incessamment ces nuits que nous avions partagées, ces baisers, et j'en concluais que la vie était cruelle, et que je n'aimerais plus jamais personne.
D'un autre sens, je ne pouvais me résoudre à m'attacher à lui toujours plus à travers la mort. Il me fallait ne plus l'avoir sous les yeux pour m'apaiser. Mais à cette idée, le torrent de larmes qui s'échappait de mes prunelles rougies amplifiait. Finalement, je me suis tout de même endormie, épuisée, à bout de forces, le vendre vide et l'esprit débordant de souffrance et de pensées confuses.

La nuit, j'ai rêvé que Skyler me serrait dans ses bras, et qu'il était encore là, vivant. Mais soudain, son corps s'est décharné ; sa peau est tombée par lambeaux, sa chair a suivi, et il ne restait plus qu'un squelette dont émanait une odeur de pourriture écœurante. Je me suis alors réveillée en sursaut et j'ai vomi sur le parquet vermoulu de ma chambre.

Le lendemain, on l'a fait entrer dans le caveau des Blackheart. Ça faisait six cercueils disposés dans la fosse désormais remplie. Quand on a ouvert cette grande tombe, j'ai pu admirer une dernière fois le cercueil de Cybéline, celui qui couronnait la funeste pyramide. J'aurais aimé ne pas avoir l'occasion de le faire. Que ce soit mon propre cercueil qu'on dépose ici, dans plusieurs décennies... Malheureusement, deux mois à peine après avoir enterré ma cadette, c'était Skyler Adkins que je devais inhumer. Je pense qu'il n'aurait pas aimé finir ici, bien qu'il ait toujours manifesté une sorte d'affection pour ma famille. Il aurait sans doute préféré reposer parmi les siens, et non avec mes frères, ma sœur, ma mère et un cercueil factice sensé contenir mes restes. Il aurait été plus judicieux qu'il ne terminât jamais ici. Mais de toute manière, je n'avais pas d'autre alternative. Les combats étaient encore rudes dans le District, et je ne pouvais me permettre d'envoyer le cercueil au District 12 en joignant un charmant paraphe « Skyler Adkins, ancien tribut mort ». Je ne savais même pas où en était Panem dans tous ses conflits, et à vrai dire je m'en fichais bien. La politique nationale m'avait fait assez de mal pour que je décide de l'ignorer royalement jusqu'à la fin de mes jours. Quoiqu'il en soit, j'ai donc dû enterrer Skyler dans le caveau familial. Des voisines m'ont aidé, celles qui m'avaient ramenée chez moi la veille. Elles me reconnaissaient très bien, elles savaient que j'étais la vraie Eglenver, mais elles étaient trop candides pour avoir quelque arrière pensée au sujet de ma triste situation. Elles voyaient bien que j'étais de nouveau hébétée, comme parfois lorsque j'étais enfant. Je venais de perdre Skyler et j'avais dû mal à m'en remettre, mais bon. Je me disais que ça passerait sans doute... Non ?

Chaque nuit je revivais mes instants avec lui. Chaque nuit j'étais parcourue de frissons. Le seul garçon à qui j'avais daigné offrir mes lèvres. La seule personne qui m'avait ouvert son cœur.

Une semaine a passé. Rien n'a changé, sinon le District qui est tombé sous le joug des rebelles. Si seulement Skyler avait survécu une semaine de plus, il aurait pu admirer une situation qu'il avait fantasmée depuis longtemps ! Je me renfrogne souvent. A la maison, je suis froide et expéditive. Je n'ai pas de temps à consacrer à mes cadets, alors je leur fais à manger, je les nettoie, c'est amplement suffisant. Quant à mon père, il sait se débrouiller. Tout mon esprit est tourné vers Skyler, vers son esprit qui flotte je ne sais où, vers son corps qui sommeille au cimetière. Ce cimetière m'obnubile. Ce tombeau aussi. J'ai une fascination macabre pour tout ce qui touche à son cadavre. Alors je vais le voir souvent. Cette après-midi, j'y reste plusieurs heures, assise sur l'herbe fraîche, le soleil inondant mon visage de lumière dorée. J'observe les noms qui figurent déjà sur la stèle commémorative :

Mme Jane Zélie
BLACKHEART
née Fawner
2275-2310

et ses enfants


Wender Zakary
BLACKHEART
2293-2308
Leith Jackson
BLACKHEART
2308


Echinacéa Eglenver
BLACKHEART
2293-2310
Rose Cybéline
BLACKHEART
2296-1311

On a fait refaire les inscriptions en l'honneur des funérailles de Cybéline, grâce à l'argent de Skyler, en juillet dernier. Une jolie plaque de pierre grise dont l'acquisition m'avait empli d'une certaine fierté. Tout était plus doux, à l'époque, puisque je n'étais pas seule. Il reste juste un peu de place pour un autre nom, alors je le grave au silex, en m'appliquant :

Skyler Nahuel
ADKINS
2292-2311
Maintenant qu'il n'y a plus de risque avec les pacificateurs, je suis libre d'inscrire sa vraie identité, et c'est une marque de respect, je trouve. Il faut que les gens sachent que c'est vraiment lui qui repose ici. Je trouve ça beau de voir nos deux noms l'un en dessous de l'autre, comme si nous étions unis même au travers de la mort. Ça me touche. Une larme glisse sur ma joue et s'écrase sur le sol terreux où fleurissent quelques pâquerettes. Je me laisse tomber et j'attends que le temps passe, puisqu'il n'y a plus que ça à faire désormais. Je n'ai plus de but. Je n'ai plus rien.

Quand on me réveille, il fait nuit. Je mets un certain temps à me rappeler où je suis. Mes paupières s'ouvrent avec une certaine difficulté, et la brume suivant le sommeil ne me permet pas d'avoir une réflexion très cohérente sur la situation. Combien de temps ai-je dormi ? J'ai mal au crâne, j'ai dû m'affaler sur la tombe. J'aperçois quelqu'un devant moi, ou peut-être à côté, je ne sais pas. Je fais un effort surhumain pour me concentrer, mais une voix s'élève alors, et elle me paraît si stridente que j'ai envie de me boucher les oreilles. « Réveille-toi. » C'est une jeune fille qui vient de parler. Le ton est sec et peu agréable. Je marmonne quelque chose cependant que la personne se déplace autour de mon corps. Je suis recroquevillée sur moi-même et ne parviens pas encore à détendre mes muscles. Je tente d'identifier la fille qui m'a accostée, mais tout ce qui me vient à l'esprit, c'est que j'ai froid. Je ne suis vêtue que d'un chandail et d'un jean, et la brise qui souffle sur le cimetière n'est pas des plus réchauffantes. La Lune recouvre la scène d'un voile de ténèbres fantomatiques. « Vite, bouge-toi, les Pacificateurs arrivent ! » Soudain, je suis prise d'un élan de volonté extraordinaire, et je me mets sur pieds. La terre semble vaciller sous moi, mais peu importe. Je me stabilise et prends la voix la plus assurée et hautaine pour déclarer : « Eh, poulette, les rebelles sont arrivés, serait temps que tu te mettes à la page, hein. » Mes paupières s'ouvrent et se ferment incessamment, sans que je puisse les contrôler. Tant pis, je baisse les bras ; je n'arriverai pas à tenir une conversation décente ce soir. Je fais volte face avec théâtralité – du moins c'est ce qu'il me semble - et me dirige vers la sortie du cimetière. Ma démarche est féline et déterminée, je me sens belle et fraîche. Je n'ai pas fait deux pas que je me prends les pieds dans le tombeau familial et m'étale de tout mon long par terre. Je jure. J'ai mal aux coudes, j'ai dû me les égratigner. La migraine fait pulser le sang à mes tempes. Bordel.

Je reste quelques secondes ainsi, allongée sur la tombe, face contre pierre, maugréant inlassablement. Je finis par me relever. « Bonne soirée ! » dis-je comme si rien n'avait interrompu ma sortie des plus élégantes.
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❝ did you know the night was made out of our cries ? † (eglenver) Vide
MessageSujet: Re: ❝ did you know the night was made out of our cries ? † (eglenver)   ❝ did you know the night was made out of our cries ? † (eglenver) Icon_minitimeDim 28 Oct - 14:06



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« Eh, poulette, les rebelles sont arrivés, serait temps que tu te mettes à la page, hein. » Poulette. Eden en fronçe les sourcils, tant elle s'attendait à autre chose qu'à ; elle en oublie le fait qu'effectivement, les Pacificateurs ne sont plus d'actualité ici Il semblerait qu'Eglenver ne la reconnaisse même pas, sûrement à cause de la nuit de l'obscurité, et du fait qu'elle ne semble plus toute fraîche non plus. La jeune fille regarde avec circonspection l'autre qui essaie tant bien que mal de tenir sur ses pieds avant de s'étaler de tout son long. Si l'endroit était plus approprié, Eden en aurait presque ri, tant cela lui fait plaisir de voir Eglenver un tant soit peu diminuée. A défaut, elle pouffe, ne pouvant pas retenir un sursaut de surprise. Elle lui aurait bien proposé son aide, mais c'est finalement bien plus drôle de la voir se débrouiller par elle-même. Mais la situation lui paraît soudain moins marrante quand elle voit Eglenver se remettre à nouveau sur ses pieds et partir en direction de la sortie, à quelques mètres de là, dans un « Bonne soirée ! » désintéressé. Tout ça pour rien ? Il n'était pas question qu'elle la laisse partir sans même chercher à savoir pourquoi elle faisait des trucs si étranges, ou sans même qu'elle se serve un peu des informations qu'elle avait, pour une fois... Avec les rebelles ayant envahi le district, il ne serait pas difficile de dénoncer Eglenver. Depuis le temps, tout le monde avait bien compris que si elle était morte au Jeux, visiblement elle ne l'était plus, et qu'elle s'était échappée du 13. Pourquoi, Eden n'en avait aucune idée... Mais ce serait peut-être l'occasion de l'apprendre, en faisant du chantage à la fugitive.

Elle attendit donc qu'Eglenver ait passé le portail qui servait de limite au cimetière pour la rattraper en quelques foulées rapides. Elle se sentit soudain mieux, éloignée de cette atmosphère pesante qui lui fichait clairement la chair de poule. Eden ne se plaça même pas au niveau de la jeune fille et contenta de lui lancer vivement « Alors comme ça tu sors la nuit, pour éviter que les rebelles te repèrent ? ». Puis elle décida d'arrêter de continuer à courir après Eglenver, ce qui pourrait lui laisser croire qu'elle s'intéressait à elle, ce n'était pas le cas. Elle voulait juste l'énerver un peu, ou mieux, lui faire peur. « Mais puisqu'ils sont là, pourquoi est-ce que j'irais pas les voir pour leur dire que la petite protégée perdue du 13 est ici ? Je suis sûre qu'ils seraient ravis de te revoir ! ». Il y avait quelque chose de plaisant à se savoir supérieure à quelqu'un d'autre, en particulier lorsque cette personne vous insupportait au plus haut point. Elle n'avait jamais vraiment su pourquoi elle ne pouvait pas apprécier cette fille, pourquoi la voir lui hérissait toujours l'échine et lui faisait relever la tête en un signe de défi. En soi, elle ne l'aurait peut-être pas vu telle qu'elle la voyait aujourd'hui si Athos ne s'était pas retrouvé au milieu. Vraiment, il n'y avait que le jeune homme qui justifiait l'animosité qu'elle lui portait. Mais à aucun moment Eden ne s'était remise en question ou avait essayé d'imaginer qu'il était possible qu'elle s'entendent en réalité peut-être bien. Même cette nuit, à deux pas du cimetière où était enterré des gens cher à Eglenver, Eden n'avait aucune pitié pour elle. Peut-être parce qu'elle n'avait jamais perdu quelqu'un de proche, et qu'elle ne pouvait donc pas imaginer à quel point cela pouvait faire mal ; si cela avait été le cas, elle aurait sans doute évité de s'imposer maintenant, à l'instant où de toute évidence, Eglenver ressassait le passé, au point de s'endormir sur une tombe... Mais Eden ne savait pas, ne savait rien. Et c'est ce qui la poussait donc à agir ainsi, en vraie garce, ne voyant pas plus loin que le bout de son nez. Elle était juste trop protective envers son meilleur ami, ce qui l'empêchait d'être réellement objective. Même s'il n'y avait aucun doute qu'Eglenver était vraiment mauvaise avec lui et méritait sans doute de se faire remettre à sa place. Cette nuit n'était juste pas le meilleur moment.

Voyant que la jeune fille commençait à s'éloigner de plus en plus loin, elle haussa le ton, le rendant mielleux et sirupeux au possible, sans oublier d'y placer une bonne dose de cynisme. Vu comme ça, cela avait presque l'air d'une invitation. « Dis, tu comptes t'arrêter un jour ? Ça me ferait plaisir de parler avec toi, un peu. On a pas si souvent l'occasion d'échanger quelques mots, c'est tellement dommage. » Une invitation plus que forcée. Eden n'aurait absolument aucun scrupule à aller la dénoncer aux Rebelles, bien qu'elle n'ait pas absolument aucune affinités avec de genre de gens. Elle se fichait bien des conséquences d'un tel acte et du fait qu'elle se comporterait en gamine inconsciente en faisant cela. Elle agissait juste pour une cause qui lui paraissait juste, aussi mesquin et méchant que son geste puisse être.
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MessageSujet: Re: ❝ did you know the night was made out of our cries ? † (eglenver)   ❝ did you know the night was made out of our cries ? † (eglenver) Icon_minitime

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