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 scorpiana ▷ cause when a heart breaks no it don't break even.

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scorpiana ▷ cause when a heart breaks no it don't break even. Vide
MessageSujet: scorpiana ▷ cause when a heart breaks no it don't break even.   scorpiana ▷ cause when a heart breaks no it don't break even. Icon_minitimeMar 31 Juil - 15:39




sometimes when people grow, they grow apart.
A quoi bon ? Je jette un énième coup d’œil dans le miroir poussiéreux et soupire. Je ne suis pas jolie. Du moins, je ne le suis pas autant que je le voudrais. Aujourd’hui, c’est un jour spécial. Aujourd’hui, ce n’est pas pour moi que je me lève, ni pour papa. C’est pour mon frère. C’est d’ailleurs pour lui que j’ai enfilé cette robe beige en tissu fin. Je déteste porter des robes mais lui adorait me voir dedans : il disait que je ressemblais à un oiseau et que, si j’en portais encore et encore, je resterais libre. A l’époque, je ne comprenais pas vraiment ce qu’il entendait par être libre. Et puis il est mort et ça m’a claqué au visage : on ne nous laisse plus beaucoup de droits ici. Interdiction de parler, parfois même de penser. Interdiction d’aimer les gens qui ne sont pas comme nous. Mais la beauté, ça, ils ne peuvent pas nous l’enlever. On peut rayonner après les coups dans les genoux, après les coups dans les côtes. Ce n’est qu’une question de volonté. C’est pour ça que mon frère souriait tout le temps, c’est pour ça qu’il laissait son rire écraser le silence qui pèse sur le district Trois : il arrachait un peu de sa liberté au monde. J’aurais aimé avoir la même hargne que lui. Mais il est mort et je crois qu’il a tout emporté avec lui. Ou alors, c’est juste moi qui n’ai pas su tirer assez sur les choses pour lesquelles il voulait que je me batte. La vie. L’espoir. La liberté. La vérité, c’est que je n’ai plus l’impression d’être utile. Ici bas. Avant, je me sentais utile parce qu’il posait son regard sur moi et qu’il me faisait sentir essentielle, comme si j’étais destinée à faire de grandes choses, à changer Panem, peut-être. Mais il ne pose plus son regard nulle part et je ne me sens plus rien. Comme un tableau qui a perdu toutes ses couleurs, comme la justice sans droit. Comme quelqu’un à qui il manque un poumon. Je finis par hausser les épaules et descends les escaliers de ce qui me sert de baraque à toute allume : rester près de ce miroir une seconde de plus m’aurait sûrement donné envie de retirer cette robe et je veux lui faire plaisir, je veux l’imaginer me dire tu es jolie Svetlana, tu es jolie et ce n’est pas seulement parce que tu portes une robe petite, c’est parce que tu n’as pas besoin que je te regarde pour l’être. Tu es jolie parce que peu importe ce que tu feras, tu le seras quand même. Et tant qu’on y est, j’voulais te dire que je suis fier de toi, j’suis fier d’avoir une petite sœur qui n’a jamais arrêté de se réveiller, ni hier, ni les jours d’avant, ni même le tout premier jour, quand la douleur était si lourde qu’elle te faisait remplir des bocaux de larmes. T’arrête jamais mon ange, t’arrête jamais de bouffer la vie parce qu’un jour, ce sera à son tour de te bouffer. « Tu me manques tellement Loukian. Pourquoi tu n’es plus là ? Pourquoi tu ne sors pas d’un placard pour me faire une surprise ? » Et, comme toujours, personne ne me répond. Comme toujours, il n’y a que l’écho de ma voix puis le silence.

Je traîne des pieds, j’y vais à reculons. C’est toujours comme ça : j’y vais parce qu’il faut y aller, j’y vais parce qu’il faut bien s’occuper de cette vieille pierre, y déposer des fleurs que je suis obligée de voler, nettoyer un peu, et repartir. Parfois, il m’arrive d’arriver là-bas et de faire demi-tour aussi vite. Comme s’il y avait un mur invisible qui m’empêchait de franchir l’allée principale du cimetière. Et d’autres fois, la culpabilité est encore plus forte que ce mur invisible et je vais jusqu’au bout du chemin. Puis je reste des heures là, assise devant ce mètre carré destiné à mon frère, silencieuse et seule jusque dans la moelle. Je suis extirpée de mes pensées par le bruit de mes semelles sur le gravier. J’ai pénétré dans le cimetière sans même m’en rendre compte. Et maintenant que j’en ai conscience, je presse le pas, pressée d’en avoir fini avec tout ça. Pressée de pouvoir rentrer à la maison, dormir toute la journée pour que demain arrive et qu’aujourd’hui ne soit plus qu’un mauvais souvenir. Sa tombe est là, toujours à la même place. Mais il y a déjà quelqu’un, accroupi près de la pierre. Qu’est-ce qu’il fait là ? J’aurais pu reconnaître ce dos entre mille autres tant il me l’avait tourné. J’aurais pu reconnaître cette silhouette au beau milieu d’un champ de bataille tant je l’avais effleurée. Du regard. Des mains. Des lèvres. Scorpius. Et comme à chaque fois depuis presque deux ans, je perds mes moyens simplement parce que je sais qu’il est là, simplement parce que je sais que le regard qu’il plantera sur moi me retournera l’intérieur. « Tu es venu, alors ? » J’oublie de le saluer, j’oublie de lui dire que je suis soulagée de le trouver là et que j’aurais bien besoin de lui là, tout de suite, que j’aurais bien besoin de lui parce qu’il est encore vivant et qu’on pourrait faire semblant juste aujourd’hui de ne pas avoir cramé notre histoire à coups d’insultes qui laissent des bleus sur le corps. J’aurais dû lui dire tout ça mais je ne dis rien. J’ai envie de sentir sa peau sous mes doigts rien qu’un instant mais, une fois les derniers pas qui me séparent de lui franchis, je reste là, les bras ballants, dans un silence qui pèse et qui nous dévisage. « Tu es venu aussi tôt pour ne pas me croiser ? » Je n’espère rien de sa réponse, je n’espère rien et j’ai l’intime conviction que c’est bien pour ne pas me voir qu’il est venu si tôt, alors que le jour n’est même pas encore totalement levé. « Tu m’évitais… » Il y a un goût de déception dans ma voix, comme si je ne savais toujours pas, après tout ce temps, qu’il ne faut plus rien attendre de lui. Loukian aurait eu vingt ans aujourd’hui. Il aurait eu vingt ans et Scorpius et moi aurions encore eu des milliers de raisons de nous aimer à en faire crever les autres de jalousie. Des milliers de raisons qui n’existent plus. Des milliers de raisons enterrées avec mon frère.
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scorpiana ▷ cause when a heart breaks no it don't break even. Vide
MessageSujet: Re: scorpiana ▷ cause when a heart breaks no it don't break even.   scorpiana ▷ cause when a heart breaks no it don't break even. Icon_minitimeMer 24 Oct - 17:05


« stronger than our love »

Le district trois. J'aime pas ce district. Je le déteste. Je hais ses grand lacs et toute sa technologie, je hais ses habitants. Je hais tout ce qui y vit. Et pourtant. Pourtant, je peux encore me rappeler d'une époque où j'aurai tout donné pour y habiter. Mais vraiment, tout. J'ai encore en tête chacun de ces jours où mon père nous amenait, Nash et moi, avec lui lors de ses missions dans le district trois afin de nous faire découvrir le monde. Chaque annonce de départ était attendue comme un cadeau et il n'y avait qu'une seule et unique raison à cela. Loukian, mon meilleur ami. J'aurai tellement de choses à raconter sur lui. Sur nous. Comme la fois où on a réussi à sauver cet écureuil d'une mort certaine, ou encore quand on est parvenu à voler des bonbons dans la boulangerie sans que personne ne s'en rende compte. C'était les meilleurs jours de ma vie, et de loin. Ce mec est tellement tout pour moi. Tellement plus qu'un frère. Tellement plus que tout. Ce mec était tout ça. Maintenant... Maintenant où est-il ?

D'un revers de la main j'essuie la larme qui s'est formée au coin de mon œil. Putain Loukian, tu fais chier. J'aurai tellement envie qu'il sorte de l'ombre et vienne se foutre de moi parce que "je pleure comme une fillette, comme dab' !". Je donnerai tellement tout, mais rien ne bouge. Je souris en repensant à tout ça, même si c'est au moins la centième fois aujourd'hui. Mes genoux me font mal, je les décolle l'un après l'autre du sol pour essayer de les soulager. Cela doit faire au moins deux heures que je suis devant cette tombe. Les fleurs dans ma main commence à fatiguer, alors je les dépose doucement près de la pierre tombale. Avec la manche de mon costume, j'effleure le nom inscrit sur le marbre blanc pour le nettoyer. Loukian Sejdic. Je pose ma main nue sur la pierre et reste ainsi quelques instants. Tout mon corps est endoloris, et j'ai du mal à me relever. Un mouvement attire mon attention et je me retourne brusquement. Oh non. Mon cœur rate un battement et j'ai du mal à respirer de façon continue. Je n'aurai pas du venir aujourd'hui. J'aurai du venir hier. Ou demain. Ou n'importe quand. Mais pas aujourd'hui. J'aurai du savoir, qu'elle allait venir. « Tu es venu, alors ? » Sa voix résonne dans ma tête. Cela fait si longtemps que je ne l'ai pas entendu, et pourtant c'est comme si elle ne m'avait jamais quitté. Je perds mes mots, tout comme le fil de mes pensées. Sa voix. Cette sensation. C'est comme si j'étais transpercé par des milliers de lames et qu'en même temps je pouvais voler. C'est comme si je pleurais toutes les larmes de mon corps et qu'en même temps je riais. C'est comme si j'étais heureux. Comme si. Parce qu'en réalité, ça fait mal. Bien trop mal. En réalité, ça me tue.

Je crève d'envie de la prendre dans mes bras et d'oublier tout le reste. Je voudrais poser une bombe dans ce cimetière et juste m'arracher avec elle. J'aimerai remettre à zéro ce merdier, ce putain de compteur qu'on appellerait "nos conneries". Je voudrais qu'on ravale notre égo et qu'on oublie. J'ai juste envie qu'on oublie. Mais ce n'est pas possible. Alors je me contente d'hôcher la tête et de fourrer mes mains dans mes poches. Svetlana. On est toujours les même toi et moi. C'est ce qui rend les choses à la fois si faciles et si dures.

« Tu es venu aussi tôt pour ne pas me croiser ? » Je n'arrive pas à saisir si cette phrase est un reproche ou une simple constatation. J’essaie tant bien que mal de me persuadé que je n'avais pas pensé qu'elle serait là, mais je sais pertinemment que c'est faux. Chaque infime petite parti de mon être espérait que je la croiserai aujourd'hui. Et pourtant, sa remarque me blesse. « Laisse tombé Svet, faisons comme si on ne s'était jamais vu » Je passe si près d'elle que nos bras se frôle. J'en frissonne. « Tu m’évitais… » Je m'arrête et me retourne lentement. Je l'évitais ? Je l'évitais ? Bon ok, elle n'a peut être pas tout à fait tord. Mais je sais pertinemment que je n'étais pas le seul à agir comme ça. « Arrête de faire croire que tu es la seule victime dans l'histoire. Ouais, je t'évitais, mais n'agit pas comme si ce n'est pas exactement ce que tu faisais aussi. » Mon sang commence à bouillonner dans mes veines. Trente putain de secondes que l'on parle, et je suis déjà fatigué de me prendre la tête avec elle. Pourquoi c'est si dur ? « J'arrive plus à faire semblant. Je sais jamais comment réagir avec toi. Et regarde, on ne peut pas passer plus d'une minute ensemble sans que ça déraille. Qu'est ce que tu attends de moi Svetlana ? Faut que tu me dises. »

Je hais l'idée qu'on soit entrain de se disputer lamentablement devant la tombe de son frère. Mais c'est plus fort que moi. C'est plus fort que nous. Plus fort que notre amour.

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