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| RAVEN&MILENA ⊱ ❝i tried so hard, thought i could do this on my own❞ | |
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Auteur | Message |
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Miléna E. Andréis-Wheeler △ correspondances : 5888 △ points : 1 △ multicomptes : (l. c. meery) △ à Panem depuis le : 04/09/2011 △ humeur : cruellement arrachée à sa famille △ âge du personnage : vingt sept ans pour toujours
| Sujet: RAVEN&MILENA ⊱ ❝i tried so hard, thought i could do this on my own❞ Jeu 19 Juil - 11:22 | |
| Je savais très bien que je n'allais pas passer la plus agréables des journées. Je le savais, je l'avais su avant de partir qu'il y aurait des conséquences. Des conséquences vis à vis de mes coéquipiers qui ne manqueraient pas de s'énerver pour leur avoir faussé compagnie quelques heures, du district pour avoir volontairement quitté une mission et être allée voir Blackbird-Crowley sans en avoir reçu l'ordre, mais surtout, oui surtout de Raven. Avant de partir, je n'avais pas pensé au fait qu'il puisse ne pas me pardonner, parce qu'il ne fallait pas que je le fasse si je voulais trouver le courage d'aller trouver et affronter celui qui hantait mes nuits depuis mon retour du capitole. Je m'étais dis que j'aurais le temps de penser aux conséquences plus tard. J'avais même réussit à cesser d'y penser lorsque j'étais là bas, lorsque j'avais faussé compagnie durant la nuit a l'unité, lorsque j'étais entrée dans cette maison, lorsque j'avais été face à lui. J'avais réussis à oublier que tout ça aurait des conséquences, J'avais fini par oublier que ce mensonge, je risquais de le payer le prix fort.
Assise sur le lit d'infirmerie, c'est à ça que je pensais. A ça et aussi à la personne que j'avais été là bas. Aux mots que j'avais prononcés, à chaque blessure que j'avais provoquées, à chaque goutte de sang que j'avais faite couler. Mais surtout au plaisir que j'avais pris à tout ça, à cette vague de plaisir qui s'était emparée de moi à chaque coup que j'avais porté au pacificateur. Ce sentiment de puissance intense, parfois même de pouvoir de vie ou de mort sur lui. Ça avait été grisant, chaque minutes, chaque coup de couteau. J'avais apprécié chaque seconde. Et maintenant que j'étais là, je me posais des questions. Je ne regrettais rien. Je regrettais d'avoir du le cacher à Raven, mais vis à vis de ce que j'avais fait au pacificateur je ne regrettais rien. Et durant le trajet du retour j'avais fuit la compagnie du reste de l'unité et c'était à ça que j'avais réfléchis. Qu'est ce que ça voulait dire, est-ce que ça voulait dire que je ne valait pas mieux que lui ? Que nous étions semblables ? La seule idée d'avoir un point commun avec ce type me filait la nausée et me foutait la chair de poule, et pourtant j'avais découvert que c'était le cas. Moi aussi j'étais capable d'être cruelle, j'étais capable d'être sans pitié, d'aimer faire couler le sang et de prendre du plaisir à la souffrance d'autrui. Moi aussi j'étais capable du pire sadisme et de la pire cruauté. Moi aussi j'étais capable d'être un monstre. Et c'était aussi pour cette raison que je n'avais rien dit à Raven. Parce que j'étais certaine qu'il ne me laisserait pas partir, ou qu'au moins il voudrait m'accompagner. Et au fond j'avais toujours eu cette crainte que si Raven savait réellement qui j'étais, s'il me connaissait entièrement et pas seulement les parties que je voulais bien lui faire connaître, s'il savait qui j'étais réellement, alors il ne pourrait pas m'aimer. Que c'était impossible pour quelqu'un comme lui d'aimer quelqu'un comme moi. Qui en plus d'être égoïste et non maternelle était en plus cruelle et sadique. Assise sur le lit de l'infirmerie je n'avais qu'à fermer les yeux pour sentir à nouveau l'odeur du sang et les frissons que ça avait provoqué en moi. Et la pire chose dans tout ça c'est que cela ne m'effrayait pas tant que ça. J'avais toujours vécu avec cette partie de moi, j'avais appris à m'y faire. Ce qui me terrorisait c'était qu'un jour Raven s'en rende compte et qu'il me quitter.
Sans dire un seul mot je m'étais laissée faire pendant plusieurs heures, me contentant de serrer les dent lorsqu'un infirmier m'avait fait les quelques points que nécessitait ma blessure à l'arcade pour cicatriser correctement, et à quelques autres endroits du corps. Je m'en était bien tirée, je m'en était réellement bien tiré. Ce n'était rien, des blessures superficielles ou peu graves, pour une fois Hunter avait été celui de nous deux qui avait été le plus amoché, celui qui avait le plus souffert de cette rencontre. Et plus que de la satisfaction j'en tirais une certaine fierté. Et revoyant le sans couleur de sa main meurtrie j'étais fière d'être celle qui avait fait ça et de m'en être sortie qu'avec quelques points de suture et des hématomes qui ne tarderaient surement pas à apparaître. Rien de bien grave. Il y avait aussi ce coup que j'avais pris qui m'avait clairement fêlé une côté, vu l'énorme trace rouge en dessous de ma poitrine du côté droit et le fait que chaque bouffée d'air me tire des grimaces de douleur, mais j'aurais pu m'en tirer bien plus mal que quelques semaines de repos et sous anti douleurs, surtout au vu de mes dernières rencontres avec le pacificateur.
J'avais malgré tout pris sur mon pour demander au médecin qui s'occupait de moi de faire venir Vanya avant qu'il me laisse sortir. Et c'est plus pour pouvoir assurer à Raven que l'enfant que je portais allait bien, que ce que j'avais fais ne l'avais pas blessé ou je ne sais quoi d'autre, que pour me rassurer moi même. J'avais beau essayer de tout mon cœur, je n'arrivais pas à m'intéresser à cette grossesse, je n'arrivais pas à être heureuse à l'idée de cet enfant à venir. Cela faisait un moi et demi que j'étais enceinte, un mois et demi, un long mois et demi et je peinais toujours à réaliser. A réaliser que ça allait arriver plus vite que ce que je ne pensais et que ça allait radicalement transformer ma vie. Lorsque la jeune femme était entrée dans la pièce je n'avais pas eu à lui dire pourquoi je l'avais demandé, elle avait deviné. Elle s'était simplement contenté de me poser quelques questions ciblée, avant de toucher mon ventre quelques minutes, alors que je tentai de ne pas laisser apparaître la douleur causée par ma côte à chaque fois que ses doigts touchaient ma peau. Elle avait finalement finit par me dire que normalement tout devrait bien aller, tout en me demandant de la prévenir à la moindre douleur inhabituelle. Je devais bien lui reconnaître à Vanya. Il était impossible de deviner ce qu'elle en pensait, de cette grossesse, comme il m'avait toujours été impossible de savoir ce qu'elle pensait de moi, tant elle était aimable et polie. J'en venais à m'en demander si cette fille s'était déjà énervée dans ça vie, si elle avait déjà ressenti quelque chose de fort ou non. Quoi qu'il en soit après avoir eu sa bénédiction je m'étais dépêchée de sortir, parce que c'est pas que de devoir lui parler deux fois en moins de deux mois me troublait mais comme on ne pouvait pas réellement dire que j'étais fan de sa présence...
Arpentant les couloirs du treize, je tentais tant bien que mal de trouver le courage d'aller trouver Raven. Il savait que j'étais rentrée, il le savait forcément. Et il avait fait le choix de ne pas venir me trouver pendant les quatre heures que je venais de passer à l'infirmerie. Cela ne pouvait rien cacher de bon, mais ça je le savais et il fallait que je me prépare à recevoir une salve de reproches, et je ne voulais pas me l'avouer mais peut être même au pire. Alors que j'étais sur le chemin toutes ces choses auxquelles j'avais refusé de penser jusque là avaient envahi mon esprit. A quel point Raven allait-il m'en vouloir ? Au point de jeter l'éponge et de me quitter ? Serait-il capable de me laisser après avoir dit qu'il ne le ferait jamais, à cause de ce que j'avais fait. J'avais trahis sa confiance, c'est ce que j'avais fait et je le savais, mais j'espère qu'il pourrait réussir à me le pardonner, parce que si je l'avais fait c'est que j'en avais eu besoin, réellement besoin. J'avais besoin que Hunter sache qu'il avait détruit ma vie, et j'avais besoin de tout faire pour tenter de détruire la sienne. Je ne pouvais pas en parler à Raven. Je ne pouvais pas, pour moi c'était une évidence. Mais je savais que lui ne verrais que la trahison. Et j'avais peur, oui peur de me retrouver dans la même situation que plus de trois ans auparavant. J'avais peur qu'il me quitter, qu'il me dise que c'était fini. Et je pense que si cela se reproduisait à nouveau,je ne saurais y faire face. Cette fois ci je m'effondrerais, simplement.
17h. Si ses habitudes et son emploi du temps n'avait pas trop changées il devait être à l'entrainement à l'heure qu'il était. Je n'avais pas envie de l'affronter, mais j'avais besoin de le voir, et j'allais être forcée de passer par là de toute façon, je le savais. Pour c'est pas pour autant que j'arrivais à trouver le courage. Je m'étais arrêtée devant l'une des porte de la salle d'entrainement de tir, et cela faisait à présent plusieurs minutes que tentant de trouver le courage j'étais plantée là, incapable de saisir le poignée et de pousser la porte. J'avais peur, oui moi j'avais peur de ce qui m'attendait. J'avais peur des mots que Raven allait m'adresser, parce qu'ils allaient m'atteindre je le savais, j'avais peur que mes réactions ne lui suffisent pas et qu'il déclare que c'était fini. J'avais peur de le perdre, oui. Finalement j'avais doucement poussé la porte. Raven était là, il était là ainsi que les neuf autres hommes de son unité. Me mordant la lèvre j'étais restée dans l'entrée, incapable de bouger. Le plus jeune du groupe, celui qui vivait en face des quartier de Raven et qui nous avait surpris un mois et demi auparavant lorsqu'il m'avait à nouveau embrassée pour la première fois avait été le premier à m'apercevoir et à lever les yeux vers moi. Raven avait tourné la tête dans ma direction quelques secondes pour me jeter un regard impossible à décrypter, mais qui n'augurait pourtant rien de bon j'en étais persuadée. Puis il s'était à nouveau concentré sur ses hommes pour terminer la discussion qu'ils semblaient avoir avant que je ne pénètre dans la pièce. Cette équipe, ces hommes, ils avaient été mon équipes pendant deux ans, à quelque exceptions prêt. Le second que je lui avait connu avait trouvé la mort en mission, et il avait été remplacé. Je l'avais appris, et sans réellement m'en rendre compte ça j'avais été atteinte. Pas comme la disparition d'une personne proche, certainement pas comme Cray, mais j'avais été atteinte. Parce que je l'avais connu, je l'avais côtoyés, et même si je l'avais toujours soupçonné de désapprouver notre relation à Raven et moi je l'avais respecté. Alors oui sa mort m'avait fait quelque chose. Et il y avait cet autre recrue, celle qui avait pris ma place lorsque Raven avait demandé ma réaffectation. Mais sinon c'était mon équipe. Ces hommes je les avais côtoyés, chacun d'entre eux. Et j'aurais été prête à donner ma vie pour chacun d'entre eux parce que c'est ce qu'on attendait de moi, c'est ce qu'on attendait d'une soldate ce genre de sacrifice. Et lorsque Raven m'avait rayée de l'unité, j'avais perdu le contact avec chacun d'entre eux. Parce que j'avais dit adieu pour de bon à tout ce que touchait de prêt ou de loin à Raven. J'avais eu l'impression de tirer un trait sur toute une partie de ma vie à cette époque, et vu la façon dont certains me regardaient du coin de l'œil alors que Raven finissait de leur parler certaines choses avaient disparu pour de bon et ne reviendrait pas, même si Raven m'était revenu. Une autre partie de ma vie, ces gens appartenaient à une autre partie de ma vie.
Finalement l'entrainement toucha à sa fin, puisque Raven congédia ses hommes. Quittant la pièce par la porte près de laquelle je me tenais, j'avais eu le droit à quelques regards intrigués, mais pas à un sourire. Étais-ce parce que pendant ces presque quatre jours durant lesquels j'étais partie on avait parlé de moi, de ce que j'avais fait, ou bien était-ce la tension qui s'était installée dans la pièce au moment ou j'avais poussé la porte qui faisait cela ? Mais finalement ils étaient partis, tous, étrangement aucun ne semblait vouloir s'attarder dans le coin. Raven me regardait, et avant que nous ne soyons tous les deux réellement seuls je m'étais contentée de soutenir son regard en silence. Puis je m'étais avancée vers lui, non sans quelques hésitations. Arrivée à seulement deux mètres de lui je n'avais pas osé me rapprocher plus, comme si cette tension présente m'atteignait moi aussi, et me retenais de trop m'avancer vers Raven. Comme si j'avais peur de quelque chose d'indéfinissable. Je l'avais regardé dans les yeux quelques secondes, sans trouver mes mots. Le regard qu'il me lançait me faisait mal, rempli de colère et de déception, mais s'il me faisait aussi mal c'était aussi parce que je savais l'avoir mérité. Je savais qu'il était légitime, mais j'avais peur de jusqu'où sa colère pouvait aller.
« Je suppose que tu vas pas me sauter dans les bras... » J'avais trouvé le courage de parler, mais pas forcément de dire quelque chose de très intelligent. Pourquoi fallait-il que je soit incapable de faire la maligne ? Instantanément j'avais regretté mes paroles et baissé la tête. « J'suis désolée... » Mal à l'aise, j'avais beau tenter de me donner une contenance rien n'y faisait, j'étais toujours aussi mal à l'aise à surtout paniquée au plus profond de moi. Je m'étais forcée pourtant à relever les yeux vers lui. Je ne voulais pas qu'il pense que je n'en avais rien à faire, parce que c'était loin d'être le cas, mais j'étais tellement mal à l'aise. Déglutissant difficilement, j'avais rajouté. « Je sais que je mérite tout ce que tu peux me dire, alors vas-y. » Mais s'il te plait, ne me quitte pas. Je t'en supplie ne me laisse pas, n'abandonne pas ne nous fait pas ça...
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| | | Raven H. Abernathy △ correspondances : 2104 △ points : 1 △ multicomptes : thybalt, gwendal, eurydice (denahi) △ à Panem depuis le : 22/01/2012 △ humeur : la mort de Coin, dont les idées commençaient à lui déplaire, a donné un nouvel élan à son implication dans la lutte contre le Capitole △ âge du personnage : trente-six ans △ occupation : lieutenant-colonel dans l'armée du 13 (chef de section, tireur d'élite) ~ membre du conseil de décision post-Coin
| Sujet: Re: RAVEN&MILENA ⊱ ❝i tried so hard, thought i could do this on my own❞ Ven 20 Juil - 16:50 | |
| Miléna & Raven TO FORGIVE, FORGET, MOVE ON Ҩ my eyes are painted red the canvas of my soul, slowly breaking down again. today I heard the news the stories getting old, when will we see the end ? of the days, we bleed for what we need, to forgive, forget, move on ... cause we've got one life to live, one love to give, one chance to keep from falling, one heart to break, one soul to take us not for sake us, only one ...
gifs © yumita • codage © yumita • musique only one, by alex band Je n'en revenais tout simplement pas. D'avoir été naïf à ce point là, de m'être laissé berné et d'avoir et trop aveugle pour réaliser quoi que ce soit ... Est-ce que c'était l'image que je donnais ? Celle d'un type trop gentil ou tellement confiant que l'on pouvait lui faire gober ce qu'on voulait et faire n'importe quoi sous son nez sans qu'il ne se rende compte de rien ? Est-ce que c'était l'image que je renvoyais à Miléna même après tout ce temps ? J'étais tombé des nues en découvrant ce qu'elle avait fait, en réalisant qu'elle avait simplement quitté mon appartement ce matin là trois jours plus tôt, n'avait pas répondu lorsque je lui avais dit à ce soir ... et n'était effectivement pas revenue le soir, partie en mission sans même avoir pris le soin de me prévenir. Pas parce qu'elle avait oublié, mais parce qu'elle avait sciemment décidé de ne pas me mettre au courant et de partir sans que je puisse être un poids ou un boulet pour elle ... un mois que je me forçais à ne rien dire qui pourrait la brusquer, et c'était ce que je recevais en échange. Un mois que je me taisais quant à la façon dont ses mots m’avaient blessés « Je veux pas d’enfant Raven, j’en ai jamais voulu. » et que je me contentais de me répéter que je devais laisser faire le temps et qu’en l’espace de huit ou neuf mois elle aurait peut-être changé d’avis, que j’aurais peut-être réussi à la convaincre que ce n’était pas une malédiction ou bien quelque chose qui était en train de gâcher sa vie. Un mois que j’avais passé à craindre qu’elle ne finisse par me reprocher la situation, ou par me reprocher de ne pas m’en désoler autant qu’elle … un mois que malgré moi je m’attachais et me questionnait à propos de cet enfant à venir, alors que je n’étais même pas certain d’en être le père. Des raisons de provoquer ces discussions sérieuses qu’elle détestait j’en avais des tas, mais j’avais pris sur moi pour ne rien dire parce que je ne voulais pas la brusquer ou lui donner l’impression d’être prise au piège, mais elle n’avait rien vu et s’entêtait à prendre ses décisions comme si elle était seule et comme si nous ne formions pas un nous. Et ce n’était pas simplement le fait qu’elle ait délibérément choisi de me mentir, c’était le fait qu’elle m’ait menti pour aller là-bas, pour aller le voir lui. Celui à cause de qui notre couple avait volé en éclats la première fois, celui qui avait bien failli la tuer et à cause de qui j’avais bien cru ne jamais la revoir en vie. Elle m’avait menti à moi pour aller le confronter lui, faisant une nouvelle fois passer son intérêt personnel avant l’équilibre fragile que constituait notre couple. Alors oui je lui en voulais, et oui je me sentais trahi. J’avais compris dès l’instant où j’avais appris qu’elle avait elle-même demandé –non, insisté– pour être sur cette mission, qu’elle n’était pas simplement partie parce que le terrain lui manquait mais parce qu’elle avait un compte à régler, et dès lors je n’avais eut cesse de m’inquiéter jusqu’au moment où son équipe avait été sur le chemin du retour. La dernière fois que Miléna s’était retrouvée face à Hunter elle était passée à deux doigts de ne jamais revenir, elle avait passé dix jours dans le noir et pendant lesquelles j’avais cru ne plus jamais avoir l’occasion d’entendre à nouveau le son de sa voix, puis plusieurs semaines de convalescence … et pourtant à peine en avait-elle eut l’occasion qu’elle avait décidé de se jeter à nouveau dans la gueule du loup. J’avais passé une nuit entière à traverser ma chambre de long en large comme un lion en cage, me repassant malgré moi en boucle les souvenirs que j’avais de Miléna lorsque nous l’avions retrouvé dans cette pièce de Capitole, et me répétant que je n’étais pas prêt à revivre ce genre de choses une seconde fois. L’équipe qu’elle avait intégrée était sur le chemin du retour lorsque j’étais sorti de la cafétéria avec le reste de mon unité après notre pause de midi, mais rapidement j’avais pris la décision de ne rien changer à mon emploi du temps habituel sous prétexte qu’elle était rentrée ; Leur mission n’avait fait vent d’aucun problème en dehors de la désobéissance de Miléna et je savais qu’en cas de problème Vanya ne manquerait pas de me prévenir au plus vite, aussi je n’avais eut aucun scrupule à décider de … bouder ? Appelez cela comme vous voudrez, reste que puisqu’elle n’avait pas eut besoin de moi pour s’en aller, elle n’avait certainement pas besoin de moi non plus pour lui tenir la main pendant qu’on la contrôlait à l’infirmerie. De ce fait j’avais suivi à la minute près l’emploi du temps tatoué sur mon bras, et passé toute l’après-midi à l’entrainement avec mon unité, bien décidé comme à chaque fois que chacun d’eux ressorte le soir en ayant l’impression d’avoir appris quelque chose de plus, ou eut l’impression de s’être amélioré … cela pouvait n’être qu’un détail, mais cela aurait toujours son importance, et pour un ou deux d’entre eux leur amélioration au tir devenait une réelle nécessité, surtout avec la mission qui nous attendait. « Wakefield continue de respirer quand tu tiens ta visée, non seulement tu vas finir par changer de couleur, mais en plus c’est ce qui fait trembler ton bras. » avais-je lancé à la dernière arrivée de l'équipe, celle qui avait comblé le vide laissé par Byron, mon second mort en mission voilà un an maintenant. Passant derrière elle pour corriger la posture de son bras, déviant légèrement, j’avais ensuite rejoint à l’autre bout de la pièce les deux avec qui je voulais m’entretenir quelques instants. Ce n’est que lorsqu’un des deux sembla arrêter de m’écouter pour fixer un point derrière moi que je m’étais arrêté au milieu de ma phrase était avait à mon tour regarder en arrière, pour découvrir Miléna dans l’encadrement de la porte. Elle se doutait forcément que si je n’étais pas venue la voir c’était parce que je lui en voulais, et pourtant elle était quand même venue, peut-être même en espérant que parce que j’étais devant mes hommes je ne lui ferais pas de scandale. Et elle avait raison, je n’avais aucune intention de me donner en spectacle devant mes hommes et après un regard lourd de sens dans sa direction je lui avais à nouveau tourné le dos pour reprendre ma phrase là où je l’avais laissée. Regardant l’heure j’avais finalement écourté tout cela, sentant bien que l’ambiance s’était alourdie depuis que Miléna était entrée dans la pièce ; Dire qu’il y avait trois ans cette équipe était encore la sienne, et ces membres ses coéquipiers. « Ça ira pour aujourd’hui allez-y. » avais-je lancé à la cantonade avant de les voir ramasser leurs affaires et se bousculer vers la sortie, certains fixant Miléna d’un air intrigué, d’autres préférant visiblement l’ignorer … La chose me rendit mélancolique l’espace d’un instant, mais dès qu’elle et moi avions été seuls dans la pièce je m’étais souvenu que j’étais en colère, et que la discussion qui s’annonçait serait sans doute houleuse, et peut-être à sens unique. Une pièce de viseur dans la main, je fixais Miléna sans rien dire, bien décidé à ne pas être celui des deux qui ferait le premier pas, puisque je n’étais pas celui qui était en tort. « Je suppose que tu vas pas me sauter dans les bras … » Elle plaisantait. Je venais de passer trois jours à craindre de ne pas la voire revenir et à me sentir comme le dernier des imbéciles, et elle me balançait une plaisanterie acide comme si c’était moi qui avait quelque chose à me reprocher. Baissant les yeux presque aussitôt elle avait marmonné ensuite un « J’suis désolée … » que je ne savais du coup même plus si je pouvais considérer comme sincère ou non. Lorsqu’elle avait relevé la tête vers moi je m’étais contenté de lui adresser un regard ne laissant aucun doute sur ce que je ressentais, et avait répondu d’une voix sombre « A la bonne heure. » et de lui tourner à moitié le dos, faisant mine de ranger du matériel de tir qui l’avait en réalité déjà été quelques minutes auparavant. La voix tremblant légèrement elle avait ignoré ma remarque pour tenter de m’amadouer en s’auto-présumant fautive « Je sais que je mérite tout ce que tu peux me dire, alors vas-y. » Un rictus d’ironie apparaissant furtivement sur mon visage, j’avais secoué la tête d’un air résigné avant de me tourner à nouveau vers elle … mais simplement pour lui passer devant et quitter la pièce pour rejoindre les vestiaires, après avoir répondu d’un ton froid « Puisque tu sais déjà tout, pas la peine que je perde mon temps à te le répéter dans ce cas. » J’étais injuste, j’en avais conscience, mais ce n’était selon moi qu’un juste retour des choses. A vrai dire j’avais surtout l’impression que rien de ce que je dirais n’aurait une quelconque utilité, puisque Miléna ne se souciait de toute évidence pas ce que j’avais à dire pour prendre ses décisions … mon avis au fond, ne semblait pas lui causer beaucoup de souci, encore moins de cas de conscience. Etait-elle incapable de comprendre ce que son acte signifiait pour moi, le fait ME mentir simplement pour aller retrouver CE type là ? J’en venais même à me demander si notre rupture lui avait servi de leçon, j’avais l’impression qu’elle n’avait rien compris, rien du tout à ce que signifiait pour moi le fait de lui faire confiance … comment était-je censé avoir confiance si elle profitait que j’avais le dos tourné pour faire ce genre de choses ? Elle aurait pu revenir blessée une fois encore, elle aurait pu à nouveau passer des semaines en rééducation, elle aurait même pu perdre l’enfant qu’elle attendait … elle aurait pu ne jamais revenir, elle aurait pu mourir et ne jamais revenir, ne jamais ME revenir. Mais elle s’en fichait, rien d’autre n’avait jamais d’importance quand il s’agissait de la fierté de Miléna, pas même moi ; J’avais seulement eut la bêtise de penser qu’après ce que notre couple avait traversé elle aurait modifié un peu son jugement à ce sujet. Mais non, comme elle me l’avait elle-même avoué un mois plus tôt elle m’avait pris pour acquis, elle avait agi sans se soucier de me faire du mal parce qu’elle était persuadée que je n’aurais jamais ni le courage ni la force de la quitter, parce qu’elle me pensait trop faible pour cela. Est-ce que c’était le raisonnement qu’elle avait eut cette fois encore ? Il ne me quittera pas parce que je suis enceinte, est-ce que c’était l’excuse qu’elle s’était trouvée pour se donner bonne conscience en partant ? J’essayais de me dire que je m’avançais trop, et qu’elle ne pouvait pas me prendre à ce point là pour un faible et un imbécile … Mais c’était plus fort que moi, j’en venais à me poser la question, et pour cela aussi je lui en voulais, parce qu’il n’y avait rien de plus douloureux que l’idée qu’elle se foute de moi quand je faisais tout mon possible pour laisser notre passé derrière nous. « C’est ça l’image que tu as de moi ? » Faisant volte-face en claquant la porte du casier que je venais d’ouvrir, je l’avais regardé dans les yeux, l’air déçu mais aussi et surtout profondément blessé « Sois honnête, c’est ce que tu pense de moi ? Que tu peux faire n’importe quoi et venir ramper en t’excusant parce que je suis trop faible d’esprit pour t’en vouloir sérieusement ? Tu te rappelles de ce qui s’est passé pour nous la dernière fois que tu as mis les pieds chez ce type, ça t’as pas servi de leçon ? Ou alors c’était que des paroles en l’air tout ça, tes excuses … » J’avais l’air terriblement amer, et à vrai dire ce n’était pas qu’une impression, je l’étais. Le peu d’importance que Miléna semblait donner aux répercutions que ses actes pouvaient avoir sur moi me remplissait d’amertume. Si elle me connaissait assez elle ne pouvait pas passer à côté du fait que mes reproches envers elles n’avaient rien à voir avec un caprice de ma part ; J’étais réellement blessé, et parce que cela allait de paire j’étais aussi en colère, terriblement en colère contre elle. « C’est facile de dire que t’es désolée, mais c’est juste des mots … moi ce que je veux c’est que tu le penses. » Qu’elle me dise qu’elle était désolée m’importait peu si elle le faisait simplement pour me faire plaisir ou essaye de minimiser ma réaction. Je voulais qu’elle le soit, qu’elle soit désolée de me faire du mal et me donner une nouvelle fois l’impression que je ne méritais pas qu’elle y réfléchisse à deux fois avant de risquer sa vie pour redorer son égo. « Et plus encore, ce que je voudrais c’est que tu arrêtes de penser qu’on peut être un couple seulement quand ça t’arranges, et que le reste du temps je t’attendrais sagement comme le dernier des abrutis … C’est pas comme ça que ça marche. C’est pas ce que je veux. » Je ne pouvais pas être plus clair, et elle ne pourrait pas dire qu’elle ne comprenait pas, ou que je ne l’aurais pas prévenue. Je voulais être avec Miléna, je voulais passer toute ma vie avec elle, tout simplement parce que je l’aimais plus que je n’avais jamais aimé personne auparavant et que je savais d’expérience que j’étais malheureux sans elle … Mais justement, si je voulais être avec elle c’était pour ne plus être malheureux, et je n’étais pas certain de réussir à supporter une relation dans laquelle elle ne m’accepterait qu’à certains moments mais me relègueraient en arrière-plan à d’autres. Je ne voulais pas d’une relation à mi-temps, je voulais faire partie de la vie de Miléna autant qu’elle faisait partie de la mienne, et de ce fait je voulais que mon avis soit aussi important pour elle que le sien l’était pour moi.
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| | | Miléna E. Andréis-Wheeler △ correspondances : 5888 △ points : 1 △ multicomptes : (l. c. meery) △ à Panem depuis le : 04/09/2011 △ humeur : cruellement arrachée à sa famille △ âge du personnage : vingt sept ans pour toujours
| Sujet: Re: RAVEN&MILENA ⊱ ❝i tried so hard, thought i could do this on my own❞ Sam 21 Juil - 21:34 | |
| Le regard que Raven m’avait lancé lorsqu’il avait posé les yeux sur moi m’avait glacée. Si bien que s’il avait eu une seule chance que j’ai ressenti l’envie de m’approcher elle serait morte directement. Alors pour ça et parce que de toute façon je n’avais en aucun cas l’intention de m’approcher alors qu’il s’adressait encore à ses soldats j’étais restée figée, sans savoir réellement comment réagir. Non, sans oser respirer même, tant ce regard était rempli de tension. Tant j’avais l’impression d’avoir fait quelque chose d’impardonnable, tant j’avais le sentiment qu’il avait du passer trois jours à me haïr. J’avais pensé que cela ne serait pas irréversible, que j’arriverais à me faire pardonner même si je savais que ça ne serait pas forcément facile. Je méritais qu’il me hurle dessus, je méritais même qu’il n’ait pas fait signe de vie cette après midi alors qu’il savait que j’étais rentrée. Pourquoi est-ce que je l’avais rejoins directement ? Pourquoi je ne l’avais simplement pas attendu devant chez lui, devant sa porte. Je n’aurais eu que quelques minutes, une heure tout au plus supplémentaire à attendre. Mais j’avais besoin de le voir. Je savais qu’il ne m’offrirait très certainement que son mépris, même si j’avais osé espérer qu’il ait l’air un peu soulagé de voir que j’allais plutôt bien malgré tout, une trace qu’il avait été inquiet pour moi. Mais dans ses yeux tout ce que j’étais capable de voir alors qu’il me fixait tandis que son équipe partait c’était sa colère. Une colère immense, et une colère qui me faisait peur. Je ne pouvais pas attendre une heure de plus sachant qu’il était près de moi, je ne pouvais pas attendre une heure de plus alors que je ressentais le besoin de voir son visage. C’était totalement ma faute mais mon entretien avec Hunter m’avait plus bouleversée qu’autre chose. D’une part parce que j’avais eu peur de cette partie de moi, celle à laquelle j’avais eu à faire. J’avais eu peur de ce que son existence pourrait changer si Raven et les rares personnes que j’aimais la découvrait. Mais aussi parce que Hunter m’avait appris des choses, il m’avait appris qu’il était celui qui avait exécuté Cray, mais il m’avait aussi pour le coup appris que Raven était capable de me mentir en soutenant mon regard. De me dire qu’il n’en savait pas plus en ayant l’air le plus sincère du monde. Moi qui ne le croyais pas capable de le mentir. Parce que tout s’était éclairé quand Hunter avait fait sa réflexion. Pourquoi Raven m’avait paru si évasif et peu au courant de la situation. La seule raison c’est parce qu’il ne me faisait pas assez confiance, parce qu’il ne me faisait pas assez confiance pour me dire la vérité. Ou qu’il ne me respectais pas assez, et ne respectait pas assez Cray pour ça. Et je comptais bien lui demander des explications à ce sujet. Quand je ne sais pas, mais me connaissant je ne réussirais jamais à garder toutes ces questions pour moi, et même, ces reproches. Mais des reproches il devait avoir tant à m’en faire…
Finalement je m’étais approchée de lui, et son regard était resté vrillé dans le mien. Je savais qu’il ne prendrait pas la parole. Qu’il attendait que je le fasse, qu’il estimait que c’était à moi de le faire. Et après tout, c’était à moi. Je le savais. Ce n’est pas pour autant que je savais quoi dire, mais je le savais. J’avais déglutit, et fait tout pour ne pas baisser les yeux. Parce qu’il méritait que je ne baisse pas la tête, il méritait que je le regarde en face. J’étais la fautive.
« A la bonne heure. » Sa voix. Sa voix glaciale. Et son langage corporel, même son langage corporel criait qu’il me détestait, il s’était tourné, dos à moi, pour continuer de ranger son matériel d’entrainement. J’avais peur, terriblement peur. De ce peu d’intérêt qu’il me montrait, comme s’il s’en fichait, cette indifférence me tuait. J’aurais préféré qu’il crie. J’avais hésité quelques secondes, avant de poursuivre. Je voulais l’encourager, l’encourager à hurler, à faire quelque chose tout simplement. « Puisque tu sais déjà tout, pas la peine que je perde mon temps à te le répéter dans ce cas. » J’étais restée choquée. Il allait réellement faire ça ? M’ignorer ? Il allait réellement me laisser deviner le fond de sa pensée ? Alors quoi, il voulait que je parte ? Je ne savais même pas, je ne savais même pas quoi penser. Il voulait que je m’en aille, et puis quoi, que je rentre chez moi ? Que je revienne le voir lorsqu’il se serait calmé, ou bien que je ne revienne jamais le voir ? Il ne voulait plus de moi, il voulait une pause ? Mon cerveau tournait à deux cent à l’heure, examinant toutes les possibilités, alors que mon corps lui finalement restait bloqué, bloqué a cause de son indifférence apparente. Les mots de bousculaient dans ma tête, mais j’avais terriblement peur de dire ce qu’il ne fallait pas, et la peur gardait mes lèvres closes, m’empêchant peut être de dire quelque chose qu’il ne fallait pas. Sans un mot et sans un regard il était passé devant moi, pour sortir par la porte rejoignant le vestiaire des hommes. Mettant quelques secondes à réaliser qu’il m’avait simplement laissée plantée là comme une idiote, j’avais accéléré le pas pour revenir à son niveau et retenant au dernier moment la porte du vestiaire je m’y étais engouffrée à sa suite. Le regardant faire, je ne savais tout simplement pas quoi dire. J’avais tenté de me préparer à ce qu’il me hurle dessus, qu’il crie plus fort qu’il n’avait jamais crié, qu’il me dise que je l’avais blessé et déçu, j’avais même envisagé avec une terreur sans nom la possibilité qu’il me quitte, mais je n’étais pas préparée à cette indifférence. Je savais, je savais qu’il ne pouvait pas comprendre que cette vengeance j’en avais réellement besoin, parce que c’était comme ça que j’étais, parce que je ne pourrais pas avancer tant que cette idée de le voir souffrir m’obsédais, et tant que ces cauchemars me hantaient. Parce que oui, en allant là bas j’espérais aussi pouvoir retrouver mon sommeil tranquille, j’espérais aussi pour voir autre chose que son visage lorsque je plongeais dans le sommeil. Je voulais voir Raven, je ne voulais plus voir de sang et entendre de cris. Lorsque claquant violement la porte de son casier il s’était retourné vers moi j’avais sursauté. Surprise par le geste et par sa violence. Le regard, le regard qu’il portait sur moi. Blessé, trahi, déçu. Un regard que je ne supportais pas. Surtout lorsqu’il m’était adressé. Surtout lorsqu’il venait de lui.
« C’est ça l’image que tu as de moi ? » Il ne pouvait pas être si indifférent, au fond il bouillonnait, et ça y est j’arrivais à le sentir. D’où la violence de son geste, d’où la violence volontaire ou pas de son ton. Il m’avait surprise, mais au fond je préférais ça. Je ne voulais pas qu’il se taise. Pour autant je ne savais pas quoi lui répondre, parce que je ne voyais pas où il voulait en venir. « Sois honnête, c’est ce que tu pense de moi ? Que tu peux faire n’importe quoi et venir ramper en t’excusant parce que je suis trop faible d’esprit pour t’en vouloir sérieusement ? Tu te rappelles de ce qui s’est passé pour nous la dernière fois que tu as mis les pieds chez ce type, ça t’as pas servi de leçon ? Ou alors c’était que des paroles en l’air tout ça, tes excuses … » Faible d’esprit ? Il pensait que je le croyais faible d’esprit ? Il pensait réellement ça ? Il croyait que je me foutais de lui, comme j’avais dit à Cray me foutre de lui et de ce qui pouvait lui arriver, en toute somme ? J’étais réellement choquée. Ce qu’il avait rajouté je le comprenais, et ça trouvait du sens à mes yeux. Mais j’étais restée coincée sur le fait que je le pense… Stupide ? Faible ? Simple d’esprit ? « J’ai jamais pensé que tu… » Ne réussissant pas à terminer ma phrase, j’avais tenté de remettre mes idées en ordre, mais il avait poursuivit. « C’est facile de dire que t’es désolée, mais c’est juste des mots … moi ce que je veux c’est que tu le penses. » Je le pensais. Du moins je pensais le penser. Pas simple non ? Parce qu’il y a des choses pour lesquelles je n’étais pas désolée. Je n’étais pas désolée d’avoir fait ce que je pensais devoir faire, je n’étais désolé pour aucun des coups que j’avais porté à Hunter, je n’étais pas désolée de m’être comportée en monstre, mais j’étais désolée. Désolée de l’avoir fait sans oser le lui avouer au préalable. Désolé de lui avoir menti à lui. « Et plus encore, ce que je voudrais c’est que tu arrêtes de penser qu’on peut être un couple seulement quand ça t’arranges, et que le reste du temps je t’attendrais sagement comme le dernier des abrutis … C’est pas comme ça que ça marche. C’est pas ce que je veux. » Comment pouvait-il penser que je ne voulais être avec lui que lorsque ça m’arrangeait ? Alors que je mourrais d’envie d’être dans ses bras en permanence ? Il ne comprenait pas, il ne comprenait pas que pour partir au 1 et une fois la bas j’avais cessé d’être moi, j’avais cessé d’être cette fille qu’il aimait, si c’était encore le cas, et j’avais laissé cette autre part, cette part bien plus sombre de moi prendre les rênes. Ce côté qui pourtant faisait partie intégrante de ce que j’étais, mais que je ne voulais pas lui laisser rencontrer. Par peur qu’il cesse de m’aimer. Je n’en revenais toujours pas qu’il puisse croire que je le pensais simple d’esprit, que je le pensais faible. Parce que depuis la première fois que j’avais rencontrée je n’avais cessé d’admirer Raven. Pour sa droiture, pour cette foi non seulement en la cause qu’il défendait, mais contrairement à une grande majorité de soldats du 13 cette foi en la valeur de la vie humaine. Raven était l’homme le plus droit que je connaisse, il était prêt à prendre une balle pour quiconque en avait besoin, que cette personne le mérite ou pas d’ailleurs. Il était bon, profondément bon. Il était dans l’armée par conviction, et s’il aimait le 13 comme nous tous il était prêt à tous pour protéger les autres habitants de Panem. Du moins c’est comme ça que je le voyais. Et avec les gens qu’il aimait, il était tout simplement prêt à tout, à n’importe quel sacrifice. Raven était le genre de type qui aurait demandé à échanger sa vie contre la mienne si j’étais menacée de mort. Il pensait que ce genre de chose le rendait faible à mes yeux ? Mon dieu s’il savait à quel point je le respectais et je respectais ça. A quel point je l’enviais même parfois, alors que je savais que ce genre de chose je n’en serais jamais capable. J’aurais donné ma vie pour Raven. Mais parce que je l’aimais, parce que j’avais besoin de lui. Et il en était de même pour Kathleen. Mais c’était tout. J’étais prête à mourir sur le champ de bataille, bien sur, mais c’était différent. Je n’aurais pas demandé à quelqu’un de mettre une balle dans la tête plutôt que dans celle d’un inconnu, aussi bon soit-il. Raven n’étais pas capable de haïr comme j’étais capable de le faire, il n’était pas capable de faire subir à quelqu’un ce que j’avais fais à Hunter, et certainement pas en y prenant du plaisir.
Il me fixait. Il me fixait du regard et je sentais à présente toute sa rage et sa colère. Je pouvais le sentir bouillonner, je pouvais sentir que je l’avais blessé, réellement. Et pourtant j’étais toujours aussi désarçonnée. J’étais blessée. Oui, j’étais blessée qu’il puisse seulement envisager que je pense ces choses de lui, alors que dans ma tête tout était limpide. Alors que je n’avais jamais aimé quelqu’un comme je l’aimais.
« Je suis réellement désolée Raven. Je sais pas quoi te dire, je sais pas ce qu’il faut que je fasse pour que tu y crois. Je sais que tu comprends pas pourquoi j’ai fais ça. Je sais que tu comprends pas que d’aller là bas j’en avais réellement besoin. Et ça n’a aucun rapport avec ce qu’il s’est passé il y a trois ans bon sang, tu le sais. » Aucun. Comment pouvait-il comparer ma trahison passée à ce qu’il s’était produit ? Ce que j’avais fait il y a trois ans était bien pire. Je le savais. Et si les mots durs qu’ils m’avaient offerts à cette époque m’avaient blessée, et si j’étais toujours blessée de ne jamais avoir eu de réelles excuses pour ça, je savais, j’étais capable d’avouer que je lui avais fait mal. Que ce que j’avais fais c’était mal. Et cette fois ça l’étais surement aussi, mais pas comme ça. Non il ne pouvait pas juste mettre ça au même niveau. « Raven j’en avais besoin pour arrêter de me dire que jamais ce type serait puni pour ce qu’il m’a fait. J’en avais besoin pour arrêter de me réveiller toutes les nuits en criant, pour arrêter de commencer à paniquer dès que je dois fermer les yeux pour tenter de m’endormir. Et je savais que tu m’en aurais empêché. Tu m’en aurais empêché parce que tu aurais eu peur qu’il m’arrive quelque chose, et surtout tu aurais eu peur qu’il lui arrive quelque chose. » Parce que oui. Je me doutais qu’au fond il devait me trouver égoïste, d’avoir pris le risque de perdre cet enfant que je portais pour une vengeance qu’il ne comprenait pas, une vengeance qu’il devait trouver ridicule. Mais ce qu’il ne comprenait pas c’était qu’à mes yeux cette vengeance était bien plus réelle et concrète que cet enfant, cet enfant dont je n’arrivais toujours pas à appréhender la venue.
« Je te prend pas pour le dernier des abrutis. Je te prends pas pour un faible d’esprit. C’est à l’opposé de ce que je pense. Je… Je suis désolée de t’avoir blessé et je sais que je l’ai fait. Mais tu peux pas remettre en cause tout ce que je t’ai jamais dit pour autant. … » Parce que oui, des choses je lui en avais dites finalement. Jamais je ne lui avais avoué l’aimer, mais je lui avais dit que j’avais fait la plus grosse erreur de ma vie en ne me battant pas pour lui, je lui avais dit que j’avais besoin de lui… Des choses je lui en avait dites, et qu’il puisse simplement remettre tout ça en question à cause de quelque chose que j’avais fait… Je ne savais pas quoi en penser. Que pensait-il de moi au fond pour être capable de se dire ce genre de chose ? De se dire que je le prenais pour un idiot, que je ne voulais pas être réellement avec lui, seulement quand ça ne me gênait pas. Avait-il passé trois ans à remettre tout en doute, à oublier tout ce qu’il savait sur moi ? A se dire que si j’avais été capable de le trahir comme je l’avais fait c’était parce que tout ce qu’il avait pu voir de moi, ou penser c’était faux ? Que mes regards étaient faux, que nos caresses, nos baisers, tout ça était faux ? « T’as passé tant de temps à douter de nous pendants ces trois dernières années ? Je veux dire, de ce que nous étions ? T’as passé autant de temps à te dire que j’avais jamais été sincère ? » J’étais blessée, mais cette fois ci je n’allais pas fondre en larme, je n’allais pas laisser mon regard briller. J’étais juste choquée. Choquée et blessée. Le regardant dans les yeux, j’avais tenté de comprendre, de comprendre ce qu’il se passait dans sa tête. Mais j’avais tellement peur. Parce qu’au fond j’étais persuadée qu’il avait déjà a moitié décidé de me quitter en venant ici. Et que l’autre moitié dépendait de ce que je dirais. Et vu que je n’avais jamais été très douée avec les mots, surtout lorsqu’il était question de ce que je ressentais pour Raven, et j’avais peur de ne pas être à la hauteur. Je savais, je savais que je l’aimais de tout mon cœur. Plus que je n’avais jamais aimé cela va de soi, mais surtout plus que je n’avais jamais pensé qu’il soit possible d’aimer. Mais j’avais toujours eu du mal à lui faire comprendre. Et si j’avais longtemps pensé qu’il savait, j’avais avec le temps de plus en plus le sentiment qu’il n’avait jamais été sur, qu’il n’y avait pas un seul moment où il ait jamais douté.
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| | | Raven H. Abernathy △ correspondances : 2104 △ points : 1 △ multicomptes : thybalt, gwendal, eurydice (denahi) △ à Panem depuis le : 22/01/2012 △ humeur : la mort de Coin, dont les idées commençaient à lui déplaire, a donné un nouvel élan à son implication dans la lutte contre le Capitole △ âge du personnage : trente-six ans △ occupation : lieutenant-colonel dans l'armée du 13 (chef de section, tireur d'élite) ~ membre du conseil de décision post-Coin
| Sujet: Re: RAVEN&MILENA ⊱ ❝i tried so hard, thought i could do this on my own❞ Jeu 26 Juil - 23:02 | |
| Pendant les trois jours où Miléna avait été absente j’avais eut le temps de me poser mille fois la même question : était-ce ce qui m’attendait dans les semaines, les mois voir les années à venir ? Être relégué au second plan et ne pas avoir suffisamment grâce aux yeux de Miléna pour qu’elle prenne la peine de me demander mon avis avant de prendre ce genre de décisions ? C’était peut-être égoïste de ma part, mais je ne pensais pas pouvoir supporter cette situation indéfiniment … Cela n’avait rien à voir avec la façon dont j’aimais Miléna, parce que je l’aimais plus que je pensais pouvoir aimer quelqu’un, je l’aimais assez pour n’avoir pas réussi à l’oublier même trois ans après l’avoir quittée, je l’aimais tellement que même si je n’avais pas peur de grand-chose la simple idée de la perdre à nouveau me terrorisait. Je n’étais bien sûr pas sans ignorer les risques de notre métier, ils faisaient partie intégrante de nous, mais je ne comprenais pas ce désir de Miléna d’aggraver les choses et de prendre des risques supplémentaires comme si ce qui pouvait lui arriver n’avait aucune importance, ni conséquences. Je me rappelais très bien de mon raisonnement à l’époque où nous étions ensemble, et même à celle où j’étais encore avec Vanya, je n’avais jamais eut peur de prendre des risques ou même de la mort, si j’en avais eut peur jamais je n’aurais fait le métier que je faisais aujourd’hui, mais dans chaque situation à risque à laquelle j’étais confronté c’était la même chose qui me revenait en mémoire : Je dois la revoir, je peux pas la laisser. J’ai besoin de la revoir. Et ce qui me blessait autant c’était l’idée que la façon de raisonner de Miléna était peut-être toute différente, que peut-être je n’entrais pas en compte, ou presque pas, lorsqu’elle prenait la décision de mettre sa vie en danger. Je ne remettais pas en cause les sentiments de Miléna pour moi, j’avais simplement l’impression que ces sentiments ne l’empêchaient pas de penser et d’agir en fonction de sa seule personne, sans que je ne rentre véritablement en ligne de compte, comme si je n’étais pas assez important … comme si je n’étais bon qu’à attendre et subir sans broncher les conséquences d’actes parfois irrationnels de sa part. Comme si elle partait du principe que je ne pouvais pas comprendre, ou au moins essayer « J’ai jamais pensé que tu … » Bien sûr que si. Sinon comment expliquer qu’elle soit prête à risquer une relation encore si fragile avec aussi peu d’hésitation ? Est-ce qu’elle ne comptait pas une nouvelle fois sur le fait que je n’ait pas le courage nécessaire pour la quitter, ou au moins pour lui dire tout ce que je pouvais avoir sur le cœur ? Je n’ignorais pas les difficultés de Miléna à se confier, ou à mettre des mots sur ses sentiments, et longtemps j’avais su me contenter de ce qu’elle voulait bien me donner sans jamais me poser de questions. Je savais qu’elle m’aimait même si elle ne me l’avait jamais dit parce qu’il y avait des regards et des gestes qui ne trompaient pas, je savais que je comptais pour elle parce que mon indifférence la rendait folle de rage à l’époque où elle travaillait encore sous mon commandement et que je mettais un point d’honneur à ne pas l’avantager … quitte à la traiter malgré moi plus durement que les autres. Alors aujourd’hui ce n’était pas de savoir si elle m’aimait qui m’inquiétait, c’était simplement de savoir si elle m’aimait assez pour me donner la place que j’espérais avoir à ses yeux. Parce que je l’aimais au point de ne plus pouvoir m’imaginer vivre sans elle, au point d’avoir l’impression que ces trois dernières années n’étaient qu’un mauvais rêve dont j’avais enfin réussi à me sortir, au point encore que je ne me voyais pas prendre une décision sans réfléchir aux conséquences que cela pourrait avoir sur elle … Alors c’était sans doute terriblement égoïste de ma part, mais j’avais besoin qu’il en soit de même, peut-être pas complètement mais un peu. Je voulais qu’elle ait besoin de moi parce que j’avais besoin d’elle, et que j’avais la sensation que si ce n’était pas réciproque je finirais par la perdre une nouvelle fois. Et je ne pensais pas pouvoir me relever de la perdre encore. « Je suis réellement désolée Raven. Je sais pas quoi te dire, je sais pas ce qu’il faut que je fasse pour que tu y crois. Je sais que tu comprends pas pourquoi j’ai fait ça. Je sais que tu comprends pas que d’aller là-bas j’en avais réellement besoin. Et ça n’a aucun rapport avec ce qu’il s’est passé il y a trois ans bon sang, tu le sais. » Je le savais ? Je ne savais même plus, je pensais comprendre où était la différence pour elle, mais pour moi le résultat était le même en fin de compte … c’était sans doute différent pour elle, mais pour moi cela revenait au même. J’avais toujours cette même sensation que peu importe le lien destructeur et malsain qui la liait à ce pacificateur elle ne pensait pas faire d’erreur en le faisant passer avant moi, et avant nous. « J’essaye … je t’assure que j’essaye mais … jusqu’à quand ça va durer ? Jusqu’à quand tu feras passer ce type avant tout le reste, et jusqu’à quand tu lui donneras une importance qu’il ne mérite même pas d’avoir … ? » Parce qu’il vivait toujours, et que désormais tout ce que je réussissais à me demander c’était combien de fois encore se lancerait-elle dans une vendetta contre lui, au risque d’y laisser sa propre vie ? Combien de temps encore allait-il l’empêcher de recommencer à vivre et continuerait-il d’avoir une telle emprise sur elle ? « Raven j’en avais besoin pour arrêter de me dire que jamais ce type serait puni pour ce qu’il m’a fait. J’en avais besoin pour arrêter de me réveiller toutes les nuits en criant, pour arrêter de commencer à paniquer dès que je dois fermer les yeux pour tenter de m’endormir. Et je savais que tu m’en aurais empêché. Tu m’en aurais empêché parce que tu aurais eut peur qu’il m’arrive quelque chose, et surtout tu aurais eut peur qu’il lui arrive quelque chose. » J’avais secoué la tête d’un air désemparé, réalisant avec amertume qu’elle justifiait son comportement en rejetant la faute vers moi, comme si j’étais celui à cause de qui elle s’était sentie obligée de mentir, comme si j’étais la seule chose qui se mettait en travers de sa route « Alors quoi, je suis censé être désolé ? Je dois m’excuser de m’être inquiété pour toi pendant trois jours et de pas avoir réussi à penser à autre chose qu’à l’état dans lequel on t’a retrouvé la dernière fois qu’on a du te ramener ici ? Désolé mais je m’excuserai pas … T’as aucune idée de ce que c’est, de rester des heures à craindre qu’on vienne frapper à ta porte pour t’annoncer le pire, parce qu’on est déjà venu m’annoncer ta mort une fois … et je sais pas si je pourrais le supporter une fois de plus. » Comment pouvait-elle s’en soucier si peu ? Cray était mort il y avait un mois à peine, et parfois quand je la regardais j’avais l’impression qu’elle ne s’en remettrait jamais, encore plus depuis qu’elle m’avait confié ses regrets quant à la dernière conversation qu’ils avaient eut. Maintenant elle savait ce que c’était de perdre quelqu’un, quelqu’un qui comptait réellement, et pourtant elle n’avait pas hésité un seul instant à prendre le risque de me confronter à la même chose. « Et je m’excuserai pas non plus de m’inquiéter pour l’enfant que tu attends … parce qu’il faut bien qu’un de nous deux le fasse. » J’avais tenté de cacher la rancœur dans ma voix, mais sans grand succès. J’avais encore assez confiance en elle pour pouvoir me persuader que cela ne pouvait pas être volontaire, et qu’elle n’avait pas décidé de prendre de pareils risques justement parce qu’elle était enceinte. Du moins je l’espérais vraiment, parce que si le contraire finissait par m’être prouvé je ne savais pas si je serais capable de le lui pardonner … pas complètement du moins. Au fond ce n’était pas tant du reproche que de l’incompréhension que je ressentais à l’égard de Miléna à ce sujet, parce que je ne comprenais tout simplement pas comment l’idée d’avoir un enfant pouvait la rebuter à ce point là, comme s’il s’agissait d’une tare, d’une malédiction ou d’une affreuse dose de malchance. Et ce qui me blessait tellement en fin de compte c’était surtout m’ait balancé cela comme ça, comme si ce n’était pas négociable et comme si le fait que mon avis ne soit pas le même lui soit totalement égal. Combien de fois durant le mois qui venait de passer j’avais tenté de lui dire ce que j’en pensais réellement, de trouver les mots juste pour lui faire comprendre sans la brusquer que je ne pouvais pas me forcer à faire comme si je partageais son opinion à ce sujet … Je ne savais même plus si c’était une bonne chose ou non mais cet enfant je le voulais, je ne savais même pas si j’en étais le père mais je m’en fichais, je ne le voulais pas moins pour autant. Aussi je pensais réellement ce que je venais de dire, puisque Miléna n’avait pas d’autre choix que de le garder mais n’en avait aucunement envie, il fallait bien que cette envie soit présente chez l’un de nous deux. J’avais cherché en vain des arguments pour tenter de la convaincre que ce n’était pas aussi terrible qu’elle ne semblait l’imaginer, que c’était même un signe pour nous … Mais je savais d’avance que rien de ce que je dirais ne la ferait changer d’avis, tout comme rien de ce qu’elle ne me dirait ne me ferait changer d’avis non plus. Et cette perspective me faisait peur, bien plus que je ne voulais le laisser paraitre. « Je te prends pas pour le dernier des abrutis. Je te prends pas pour un faible d’esprit. C’est à l’opposé de ce que je pense. Je … Je suis désolée de t’avoir blessé et je sais que je l’ai fait. Mais tu peux pas remettre en question tout ce que je t’ai jamais dit pour autant … » Elle semblait réellement blessée, et cette partie de moi qui n’avait qu’envie de la prendre dans mes bras et de lui dire que j’étais désolé n’était pas loin … mais je ne pouvais pas. Je savais que si je devais dire ce que j’avais sur le cœur c’était maintenant ou jamais, tout comme je savais qu’il faudrait bien plus pour effacer le fait qu’elle avait agi dans mon dos en sachant qu’elle me blesserait par la même occasion. Elle m’avait blessé en toutes connaissances de cause et si je ne voulais pas que cela se reproduise je savais que je ne pouvais pas laisser passer cela aussi facilement. « T’as passé tant de temps à douter de nous pendant ces trois dernières années ? Je veux dire, de ce que nous étions ? T’as passé autant de temps à te dire que j’avais jamais été sincère ? » J’avais peur de répondre à cette question, parce que je savais d’ores et déjà que si je répondais autre chose que « Bien sûr que non » elle tirerait forcément des conclusions qui n’étaient pas la réalité. Mais dire que je n’avais jamais douté serait un mensonge également « Si j’avais jamais douté j’aurais pas fait ce que j’ai fait … je t’aurais pas quittée. » Déglutissant avec difficulté je l’avais fixée pendant plusieurs secondes sans rien dire de plus, avant de pousser un soupir de lassitude et de m’adosser contre le casier que j’avais violemment refermé quelques instants plus tôt. « Mais c’est pas ce que j’ai dit, je remets pas en cause tout ce que tu as pu me dire et je dis pas que c’était pas sincère, c’est juste que … » Qu’entre ce qu’elle disait ou essayait à défaut de me montrer, et ce qu’elle faisait ensuite il y avait un gouffre. « Le problème c’est que quand tu décides de quelque chose la seule personne à laquelle tu penses c’est toi. Et uniquement toi. » C’était ce qu’elle avait fait en décidant d’aller voir Hunter alors qu’elle savait que je j’aurais tout tenté pour la persuader de ne pas le faire, et c’était déjà ce qu’elle avait fait il y trois ans lorsqu’elle avait décidé que rien ne valait cette mission au cinq, pas même nous, ni même sa dignité en tant que soldat. La plupart du temps elle ne prenait même pas la peine de réfléchir avant d’agir mais lorsqu’elle le faisait ce n’était qu’à son propre bénéfice … et j’étais tombé de haut en réalisant que cette partie d’elle n’avait pas changé, et qu’elle n’avait eut aucune hésitation à reproduire la même erreur une seconde fois. Elle pouvait bien m’assurer que les deux situations n’avaient rien de comparables pour moi elles revenaient au même, et ce qui m’avait déçu en définitive c’était qu’elle n’hésite pas à reproduire une erreur qui jadis nous avait coûté notre couple … comme si c’était le risque à courir, ou le prix à payer pour une vengeance qu’elle estimait être LA chose la plus importante à ses yeux. Passant une main fébrile sur mon visage j’avais fermé les yeux quelques instants pour tenter de remettre mes idées en place, avant de reprendre « Tu crois que c’est parce que je peux pas comprendre que je t’en aurai empêché ? Tu pense que j’aurais tout fait pour que tu n’y aille pas parce que je comprends pas que tu veuille te venger, ou lui rendre le quart de ce qu’il t’a fait ? » A nouveau je la regardais dans les yeux, l’air grave. « Je t’en aurais empêché c’est vrai, mais pas pour les raisons que tu penses. Je l’aurais fait parce que je sais que ça changera rien, tu penses que le jour où tu le mettra toi-même dans sa tombe tu te sentiras mieux mais c’est pas vrai, tu oublieras rien, ça sera toujours là dans ta tête. Je t’aurais empêché d’y aller parce que j’ai envie que tu passes à autre chose et le plus tôt sera le mieux … » Quittant le casier sur lequel j’étais jusque là adossé j’avais fait un pas vers elle avant de continuer « Je veux que tu réalises enfin que chaque décision que tu prends a des conséquences, pas seulement sur toi mais aussi sur moi, sur nous … T’as aucune idée, aucune idée de combien j’ai besoin de toi et même si c’est égoïste je veux que tu y penses à chaque fois que tu décides de prendre de tels risques inconsidérés. Est-ce que t’as seulement pensé à ce qui se serait passé si t’étais pas revenue, et à ce que j’aurais ressenti si je t’avais perdu ? » Une nouvelle fois j’avais fait une pause, ravalant avec difficulté ma salive et sentant les mots se coincer douloureusement dans ma gorge tandis que je tentais de terminer ma phrase. Fixant un court instant le sol entre Miléna et moi j’avais relevé les yeux vers elle, à nouveau « J’aurais pu le tuer … là-bas au Capitole, j’aurais pu le descendre et ça aurait été fini. Je l’ai pas fait parce que c’était les ordres, mais maintenant y’a plus un seul moment ou je regrette pas de pas l’avoir fait … parce que si je l’avais fait on en serait pas là. Il serait mort, et je serais pas en train de me demander combien de fois encore tu le feras passer avant tout le reste comme s’il dirigeait ta vie, et combien de fois tu me mentiras encore avant que l’un de vous deux ait définitivement eut raison de l’autre. » Maintenant elle ne pouvait plus dire qu’elle ne savait pas, elle n’avait plus aucune excuse. J’avais besoin d’elle et j’avais besoin que sa priorité redevienne à nouveau son district, ses idéaux, notre couple et même cet enfant dont elle ne voulait pas mais que je ne désespérais pas de la voir apprivoiser avec le temps … Il fallait qu’elle redevienne celle qu’elle avait toujours été, pas seulement pour moi mais parce que si elle ne le faisait pas non plus pour elle, elle finirait consumée par sa propre vengeance.
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| | | Miléna E. Andréis-Wheeler △ correspondances : 5888 △ points : 1 △ multicomptes : (l. c. meery) △ à Panem depuis le : 04/09/2011 △ humeur : cruellement arrachée à sa famille △ âge du personnage : vingt sept ans pour toujours
| Sujet: Re: RAVEN&MILENA ⊱ ❝i tried so hard, thought i could do this on my own❞ Dim 29 Juil - 12:26 | |
| Quand je disais n’avoir pas pensé que c’était la même chose, je ne disais que la vérité. Pour moi ce n’était pas la même chose, et pour moi si j’avais peut être trahit la confiance de Raven ce n’était quand même pas une raison suffisante pour me quitter. Je m’attendais à ce qu’il ne me saute pas au cou, je n’étais pas totalement stupide non plus, seulement je ne m’attendais pas à ça, pas a tout ce qu’il avait à me dire. Je savais qu’il m’en voudrais terriblement d’avoir mis la vie de cette petite chose qui grandissait au fond de moi en danger, j’avais même peur qu’il ai plus eu peur pour elle que pour moi, c’était une pensée égoïste et qu’on ne dit pas à haute voix, qu’on ne pense même pas si on est une bonne mère d’ailleurs ce genre de chose. Encore une preuve de plus que je n’étais pas faite pour ça. Pauvre gosse. Il n’étais même pas né et je jalousais déjà dans un certain sens la façon dont Raven semblait déjà l’aimer. Parce que je n’étais pas aveugle, ni stupide, et que si il avait tenté de me faire comprendre tout ça de façon subtile et délicate, ça crevait les yeux que ce gosse il l’aimait déjà. Et ça me faisait peur. Parce que pour l’instant il n’avait rien dit, mais j’appréhendais ce jour, ce jour où il me reprocherait de ne pas l’aimer moi. Parce que c’était le cas, je n’arrivais pas à l’aimer, je n’arrivais même pas à m’attacher un tant sois peu à cet enfant. Et je m’en voulais, je m’en voulais de ne pas être capable de me réjouir comme Raven le faisais. Mais j’avais l’impression qu’il ne se rendait pas compte de ce que c’était, qu’il ne se rendait pas compte que ça allait changer les choses et notre vie pour toujours. Qu’il ne serait plus capable de partir en mission sans avoir cette boule au ventre, sans cette peur de le ou de la laisser tout seul ou toute seule, de ne jamais revenir. Et il ne semblait pas comprendre que cet enfant c’était moi sa mère, la personne la moins maternelle du monde, et que le pauvre gosse en souffrirait surement. Au fond j’étais contente qu’il se réjouisse de sa venue, comme ça ce pauvre enfant aurait au moins une personne qui l’aimait et capable de bien s’occuper de lui à sa naissance.
Mais ce qu’il ne semblait pas comprendre par-dessus tout c’était pourquoi j’avais fait ce que j’avais fait. Pourquoi n’était-il pas capable de voir que ce qui m’avait permis de guérir, permis de commencer à aller mieux pendant ces longues semaines ou je ne pouvais au début même pas marcher, permis de me relever et de tenter de me reconstruire c’était entre autre l’idée qu’une fois guérie je ferais payer à ce fumier ce qu’il m’avait fait subir ? Ce n’était pas la seule chose, la présence de Cray, puis la sienne dans un second temps m’avait aidée, jamais je ne tenterais de minimiser ce qu’ils m’avaient apporté, mais ce n’était pas tout. Ce n’était pas ce qui m’avait donné la force de me plier aux caprices de mon corps, et à la dureté de la rééducation, ce n’est pas ce qui m’avait donné la rage de me relever et de marcher alors que j’avais l’impression que mon corps brulait lorsque je posais le pied par terre. Non, ce n’était pas ça. C’était la certitude qu’un jour j’irais voir Hunter, et je lui ferais payer ma souffrance et ma détresse, et plus que ça je lui ferais payé de s’être offert l’image de ma vulnérabilité et de mon désespoir, et de l’avoir apprécié comme un spectacle. Je lui ferais payer de m’avoir détruite tant physiquement que dans ma tête. Par ce que je n’étais pas stupide, et je ne me voilais pas la face. Au fond de moi je savais. Ou plutôt je ne savais pas. Si je serais capable de me reconstruire totalement un jour.
« J’essaye … je t’assure que j’essaye mais … jusqu’à quand ça va durer ? Jusqu’à quand tu feras passer ce type avant tout le reste, et jusqu’à quand tu lui donneras une importance qu’il ne mérite même pas d’avoir … ? » Une importance qu’il ne méritait pas d’avoir ? Alors à ces yeux ça n’avait pas d’importance, ce que la pacificateur m’avait fait ça n’avait pas d’importance ? Qu’est ce qu’il entendait pas lui donner une importance ? J’avais l’impression qu’il faisait exprès de ne pas comprendre, qu’il faisait exprès de tourner sa phrase pour donner l’impression que j’accordais une importance à un type pour lequel je l’avais trahit autrefois, qu’il donnait le même sens à l’importance que je donnais à Hunter qu’à celle que je lui donnait à lui ou que j’avais même pu donner a Cray. Je voulais le rassurer, lui dire que ça n’avait rien à voir avec lui, mais nous ne voyions simplement pas les choses de la même façon. Pour moi justement ça n’avait rien à voir avec lui, c’est pour ça et pour ne pas qu’il m’en empêche que je l’avais tenu en dehors de ma décision. « Ca a de l’importance Raven, que tu le veuille ou non ce qui m’est arrivé a de l’importance, et lui faire payer ça a de l’importance aussi. » Et quand à jusqu’à quand ça allait durer j’avais été très claire avec moi en partant. C’était la seule fois, l’unique fois que je m’étais donnée. Pour passer à autre chose, pour pouvoir avancer. Et même si je n’en étais pas forcément plus capable qu’avant, je m’étais promis. Et je savais aussi que je ne pouvais pas recommencer, je ne pouvais pas faire ça à Raven. Pas une fois de plus. « Et pour répondre à ta question c’est fini. C’était… J’en avais besoin mais c’était la dernière fois que je partais le trouver. » Que je partais le trouver. Je ne pouvais pas dire ce qu’il se passait si je me retrouvais en face de lui pendant une mission par contre. Mais ça n’avait rien à voir. En mission j’avais le droit de tenter de m’en débarrasser. Il était l’ennemi. Mais je pouvais au moins promettre ça à Raven. « Alors quoi, je suis censé être désolé ? Je dois m’excuser de m’être inquiété pour toi pendant trois jours et de pas avoir réussi à penser à autre chose qu’à l’état dans lequel on t’a retrouvé la dernière fois qu’on a du te ramener ici ? Désolé mais je m’excuserai pas … T’as aucune idée de ce que c’est, de rester des heures à craindre qu’on vienne frapper à ta porte pour t’annoncer le pire, parce qu’on est déjà venu m’annoncer ta mort une fois … et je sais pas si je pourrais le supporter une fois de plus. » Je n’avais rien à répondre à ça. Il avait raison. Il n’avait pas à s’excuser, je ne lui avais jamais demandé de le faire. Il ne pouvait pas dire ça, je ne lui avais rien demandé. Rien d’autre que d’être comprise et pardonnée. Parce que oui c’était moi qui devait m’excuser pour ça. « J’ai pas dit ça Raven… J’essaye juste de t’expliquer, je t’ai en aucun cas demandé de t’excuser t’as pas à le faire… » Et j’étais vraiment sincèrement désolée, désolée qu’il ai eu à retraverser ça, et je ne pensais pas en partant que cela serait ce qui se passerait dans sa tête, parce que je n’avais pas envisagé possible une seule fois que je ne revienne pas. J’avais peut être pris des risques, mais rien qui a mes yeux n’étais idiot voire mortel. J’avais envie de le prendre dans mes bras, de mes prendre dans mes bras et de lui demander pardon. Mais j’étais arrêté par toute sa rancœur. Alors j’avais simplement esquissé un pas vers lui, et un second, puis. « Et je m’excuserai pas non plus de m’inquiéter pour l’enfant que tu attends … parce qu’il faut bien qu’un de nous deux le fasse. » Je m’étais arrêtée net, coupée dans mon élan par les mots qu’il venait de prononcer. De la rancœur, des reproches. Et ceux la que je les avais pas vus venir. Je savais qu’il aimait cet enfant, je savais qu’il le voulait réellement. Mais je n’avais pas encore compris, pas avant aujourd’hui à quel point il m’en voulait de ne pas le désirer comme lui, à quel point il m’en voulait que cette nouvelle ne me remplisse pas de joie. A quel point il m’en voulait de ne pas aimer cet enfant. Et il avait tenté de se contenir, je pouvais le sentir, il avait tenté de masquer sa colère, sa rancœur, et sa déception. Mais pour la première fois en un mois il n’avait pas réussit. Comment n’avais-je pas pu le voir avant ? Qu’il m’en voulait terriblement ? Plus que je ne l’imaginais. Il m’en voulait vraiment. C’était injuste, je n’y étais pour rien si j’étais ce que j’étais, si j’avais les opinions que j’avais sur le fait d’avoir un enfant. Nous ne vivions pas dans un monde dans lequel il était sain d’avoir des enfants, c’était mon opinion, et nos parents étaient tous fous. Qu’est ce qu’il pensait, il pensait que nous allions avoir cet enfant, et qu’après nous allions être heureux jusqu’à la fin de nos jours, que rien n’arriverait jamais ? Si des choses arriveraient, et des choses atroces, parce que c’était la guerre. Mais je ne voulais pas me projeter dans le futur, je voulais vivre ce que j’avais avec lui. Sans penser que le Capitole, la plus grosse puissance de Panem nous voulait tous morts et enterrés. Il n’avait pas le droit de m’en vouloir pour une opinion, c’était injuste. A moins qu’il pense carrément que je me sois mise en danger dans le simple but de me débarrasser de cet enfant ? Il pensait que j’étais capable de ça ? Ca m’aurait pas surprise, ce qu’il pouvait penser de moi sans oser me l’avouer ne pouvait plus me surprendre.
« Je suis désolée de ce que j’ai fais, je suis désolée si tu le prend comme une trahison mais ça… » Ca, ce que tu viens de dire, ce que je pense au sujet de cet enfant. Oh oui ce que je pense au sujet de cette grossesse. « Je vais pas m’excuser pour ça je… C’est qui je suis, c’est ce que je suis. Et peut être que j’aurais du te le dire avant, peut être que j’aurais du. Mais j’ai pas tort. Je dis pas que j’ai raison non plus, mais j’ai pas tort. J’ai pas à m’excuser parce que cet enfant j’en veux pas… » Je cherchais mes mots, je tentai de les peser, de ne rien dire pour le froisser, ou lui faire penser quelque chose que je ne voulais pas qu’il penser. Seulement qu’il comprenne, je voulais seulement qu’il comprenne. Je tentais de le comprendre moi, j’essayais réellement et de tout mon cœur. « Mais puisque t’as l’air d’avoir pas mal de choses à dire, vas-y fait le. Arrête de m’épargner. Je peux supporter ce que t’as à dire. Je peux supporter que tu m’en veuille terriblement, mais vas-y, dis le. » Si il devait le dire c’était maintenant. Je n’avais pas besoin de protection, je n’avais pas besoin d’être épargnée. Je n’allais pas forcément être d’accord avec ce qu’il avait à dire, ça n’allais certainement pas me faire plaisir, mais je pouvais le supporter. Je n’étais pas en sucre, je voulais arrêter d’être traitée comme si je l’étais. Je comprenais ce besoin de me protéger, après ce qu’il s’était passé, après la mort de Cray. Je comprenais que après m’avoir vue, après avoir vu mon sang étalé sur le carrelage dans cette pièce au capitole il puisse ressentir le besoin de tout faire pour que je ne souffre pas. Mais je n’avais pas besoin de ça, plus, je ne voulais pas ça. De la pitié c’était certainement la dernière chose que je voulais, et certainement pas de la part de Raven. J’avais perdu mon équipe, j’étais passé à côté de la mort, j’avais perdu Cray, c’était assez. Je n’avais pas besoin que les gens se sentent désolés pour moi. Je détestais que les gens se sentent désolés pour moi. Je voulais que Raven me voie comme la fille forte que j’avais toujours été, je voulais redevenir cette fille forte et presque insensible parfois que j’avais été. Je ne voulais plus pleurer, je ne voulais plus faire des crises de paniques la nuit, je ne voulais plus qu’il ait besoin de me bercer comme une enfant qui a fait un cauchemar. Je voulais redevenir moi.
« Si j’avais jamais douté j’aurais pas fait ce que j’ai fait … je t’aurais pas quittée. » Le regardant s’appuyer sur le casier, et l’ayant regardé chercher ses mots, peser ses mots, j’étais restée interdite. Il avait soupiré. Je ne m’étais pas préparée à ça. Mais j’avais réussit à retenir mes larmes, et empêcher mon visage d’afficher la profonde tristesse dans laquelle cette déclaration me mettait. Je n’avais jamais pensé ça. J’avais envisagé la possibilité que Raven ait cru pendant trois ans que… Que quoi ? Que je ne l’avais jamais aimé ? Que je m’étais servie de lui ? Je n’osais pas imaginer ce qu’il avait pu penser. Tentant de garder une voix froide et neutre, j’avais essayé de calmer les pulsations de mon cœur. « Je vois… » Ne le quittant mes des yeux j’étais restée immobile. J’avais baissé les yeux quelques secondes, ne sachant pas quoi répondre face à ça. « Mais c’est pas ce que j’ai dit, je remets pas en cause tout ce que tu as pu me dire et je dis pas que c’était pas sincère, c’est juste que … » J’avais à nouveau plongé mon regard dans le sien, relevant la tête. « Non plus maintenant. Mais y’a trois ans, tu t’es dis quoi encore ? Que je m’étais servie de toi ? Que je t’avais séduit juste pour… Pour quoi d’ailleurs, pour coucher avec mon supérieur ? Ou juste pour te pourrir la vie ? Dis moi, t’as pensé que j’avais juste voulu te briser le cœur ? Non parce qu’autant que je sache ce que t’as pensé de moi… » J’étais cruelle, et peut être que j’exagérais, mais je voulais savoir. Je voulais savoir tout ce qu’il avait pensé après notre rupture, je voulais savoir tout ce dont nous ne parlions pas depuis que nous nous étions retrouvés. Parce que s’il avait seulement pu penser que je ne l’avais jamais aimé, qu’avait-il pensé d’autre ? Et parce que je devais savoir. Je pensais qu’il me connaissait, je pensais qu’il était la seule personne à réellement savoir qui j’étais. Déjà à l’époque. Mais peut être que je m’étais trompée. « Le problème c’est que quand tu décides de quelque chose la seule personne à laquelle tu penses c’est toi. Et uniquement toi. » J’avais voulu répondre, j’avais cherché quoi dire mais la vérité… La vérité c’est que ce qu’il venait de me dire me faisait mal. Il venait de me dire que j’étais égoïste, et ce qui faisait le plus mal c’était que c’était vrai. Oui je l’étais. Je ne me l’avouerais probablement jamais complètement mais j’étais profondément égoïste. « Je… » J’avais baissé les yeux. J’étais comme ça, je l’avais toujours été, et ça ne changeais rien au fait que j’aimais Raven, et s’il ya avait une seule personne à laquelle je pensais en plus de moi c’était lui, s’il y avait une personne dont je voulais le bonheur c’était lui, et si j’avais une chose importante dans ma vie c’était ma relation avec lui. Alors oui j’avais une grande place dans ma vie, mais la sienne était plus importante encore. Mais il avait raison, j’avais pensé à moi en prenant la décision d’aller au district un, et pour ça je ne trouvais rien à lui répondre. Pour ça et parce que j’étais blessée. J’étais peut être égoïste mais si un jour je devais donner ma vie pour sauver la sienne, je le ferais sans hésiter. C’était plus compliqué que ce à quoi il semblait vouloir réduire la situation. Oui j’avais pensé à moi, parce que je ne le pensais pas concerné par cette décision.
« Tu crois que c’est parce que je peux pas comprendre que je t’en aurai empêché ? Tu pense que j’aurais tout fait pour que tu n’y aille pas parce que je comprends pas que tu veuille te venger, ou lui rendre le quart de ce qu’il t’a fait ? » Non il avait raison. Je pensais en partie qu’il ne pouvait pas comprendre ce besoin de vengeance. Je pensais qu’il ne pouvait pas comprendre ce besoin de faire du mal parce que je pensais qu’il fallait être en partie mauvais pour le ressentir. Et je ne pensais pas qu’il possédait une seule once de mauvais en lui. Pas comme moi. « Je t’en aurais empêché c’est vrai, mais pas pour les raisons que tu penses. Je l’aurais fait parce que je sais que ça changera rien, tu penses que le jour où tu le mettra toi-même dans sa tombe tu te sentiras mieux mais c’est pas vrai, tu oublieras rien, ça sera toujours là dans ta tête. Je t’aurais empêché d’y aller parce que j’ai envie que tu passes à autre chose et le plus tôt sera le mieux … » Il m’en aurait empêché, il l’avouait lui-même. Et je… Je ne pouvais pas le laisser prendre une décision comme celle là à ma place, je ne pouvais juste pas lui permettre d’être celui qui déciderait si oui on non j’avais le droit à ma vengeance. Parce que j’avais décidé. Et j’y avais le droit. « Je veux que tu réalises enfin que chaque décision que tu prends a des conséquences, pas seulement sur toi mais aussi sur moi, sur nous … T’as aucune idée, aucune idée de combien j’ai besoin de toi et même si c’est égoïste je veux que tu y penses à chaque fois que tu décides de prendre de tels risques inconsidérés. Est-ce que t’as seulement pensé à ce qui se serait passé si t’étais pas revenue, et à ce que j’aurais ressenti si je t’avais perdue ? » J’avais senti mon cœur et ma gorge se serrer. Je ne savais pas quoi répondre tant ce que Raven disait était beau, et tant je sentais son amertume. Il croyait que je ne savais pas combien il avait besoin de moi ? Il pensait que j’ignorer ce qu’il ressentirait s’il me perdait. Je savais, du moins j’arrivais à imaginer. Parce que moi aussi j’avais peur de le perdre chaque jour, moi aussi j’avais besoin de lui et je prenais de plus en plus conscience du fait que je me relèverais pas de le perdre une seconde fois. Je n’avais jamais été très douée pour ce genre de grandes déclaration, et encore une vois Raven me laissait le souffle coupé. « J’aurais pu le tuer … là-bas au Capitole, j’aurais pu le descendre et ça aurait été fini. Je l’ai pas fait parce que c’était les ordres, mais maintenant y’a plus un seul moment ou je regrette pas de pas l’avoir fait … parce que si je l’avais fait on en serait pas là. Il serait mort, et je serais pas en train de me demander combien de fois encore tu le feras passer avant tout le reste comme s’il dirigeait ta vie, et combien de fois tu me mentiras encore avant que l’un de vous deux ait définitivement eut raison de l’autre. » Je savais qu’il en aurait été capable, de le tuer. Je ne le pensais pas capable de cruauté gratuite, mais je savais qu’il en aurait été capable. Parce que si quelque osait un jour le toucher lui, je lui ferait bien pire que ce que j’avais jamais rêve de faire à Hunter. Je voulais réussir, je voulais réussir à lui dire tout ça sans que cela ne sonne faux, sans que ma voix ne tremble, sans avoir envie de partir en courant. Mais je ne savais pas si j’en étais capable. Pas parce que je ne le pensais pas, mais seulement parce que je ne savais pas faire ce genre de chose, ce n’était pas naturel pour moi. Je l’avais regardé un moment, quelques longues, secondes, quelques minutes surement aussi d’ailleurs, mais le temps semblait s’écouler si doucement. Il n’avait pas lâché mon regard, pas une seule seconde. Finalement je m’étais appuyée à mon tour contre un casier.
« Je… Je suis égoïste… » J’avais pris une grande respiration, portant mes mains sur à ma taille pour tenter de combattre la douleur et la brulure que ma côte fêlée me procurait. « Je le suis, c’est vrai. » Gardant mes yeux dans les siens je tentais de trouver comment amener ce que je voulais dire, ce que mon cœur me criait. Mais non, effectivement, je n’étais pas particulièrement douée pour ça. « Et oui j’ai pris cette décision en t’en excluant volontairement. Parce que justement je sais, je sais pourquoi tu m’aurais pas laissé le faire. Je le sais parce que… Parce que je crois pas que je serais capable de continuer à vivre et à faire comme si j’avais une chance d’être heureuse si un jour il t’arrivait quelque chose. Parce ce que j’ai besoin de toi aussi Raven. Plus que tu semble le croire, apparemment. » J’avais fait une pause, prenant encore quelques respirations, le plus doucement possible. « Je crois… Je crois que si je te perdais un jour… Je sais même pas ce que je serais capable de faire à la personne qui t’emmènerait loin de moi. Je sais pas ce que je serais capable de me faire d’ailleurs… » Prendre ma vie ? Etait-ce de ce genre de choses que je parlais lorsque je disais que je ne savais pas ce que je serais capable de me faire à moi-même ? Peut être. Peut être pas intentionnellement, peut être en prenant des risques stupides et encore moins calculés que ceux que je prenais habituellement. Peut être en me laissant me faire tuer, mais je ne voulais pas penser à ça, à l’éventualité de le perdre un jour. J’avais pris ma tête dans mes mains, comme si ce que je m’apprêtais à dire était douloureux, comme si c’était dur à dire. Et ça l’étais, bon sang ce que ça l’était. « Parce que… Parce que je t’aime Raven… » Jamais, jamais je n’avais dit à Raven ce que je ressentais pour lui. Jamais je n’avais dit que t’aime, à qui que ce soit. Et avant lui jamais je le l’avais pensé. Mais je… J’avais ce sentiment que je devais tout faire pour le garder, pour le convaincre de ne pas me laisser, parce que oui j’avais terriblement peur qu’il me laisse pour ce que j’avais fait. Malgré ce qu’il disait, et ce malgré tout ce que je pouvais dire. Mon cœur battait à cent à l’heure, comme si avec cette petite phrase, cette toute petite stupide phrase je lui donnait un pouvoir sur moi que personne n’avait jamais eu.
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| | | Raven H. Abernathy △ correspondances : 2104 △ points : 1 △ multicomptes : thybalt, gwendal, eurydice (denahi) △ à Panem depuis le : 22/01/2012 △ humeur : la mort de Coin, dont les idées commençaient à lui déplaire, a donné un nouvel élan à son implication dans la lutte contre le Capitole △ âge du personnage : trente-six ans △ occupation : lieutenant-colonel dans l'armée du 13 (chef de section, tireur d'élite) ~ membre du conseil de décision post-Coin
| Sujet: Re: RAVEN&MILENA ⊱ ❝i tried so hard, thought i could do this on my own❞ Mar 31 Juil - 21:10 | |
| Il m’arrivait parfois d’oublier la dangerosité de notre métier à tous les deux, durant de fugaces instants j’en arrivais à oublier que la vie que nous avions choisi elle et moi ne tenait qu’à un fil et que des occasions de nous perdre nous en avions des tas, dès que l’un de nous deux partait en mission. La présence de Miléna avait fini par me devenir indispensable, même à l’époque où nous n’étions plus ensemble si la voir me faisait du mal ne pas la voir me perturbait et il n’y avait pas une seule des missions où elle avait participé sur laquelle je ne m’étais pas renseigné, et sans que je m’en rende compte j’avais fini par oublier le risque élevé et évident que j’avais de la perdre. Ce risque je me l’étais repris en pleine figure le jour où son équipe avait été décimée et que j’avais bien cru ne plus jamais la revoir vivante, regrettant alors tout ce que j’avais pu lui dire sans le penser, et penser sans le lui dire … Finalement je n’avais jamais eut aussi peur de la perdre que depuis que nous nous étions retrouvés, et si je réagissais aussi vivement aujourd’hui c’était parce que les occasions de perdre la vie étaient déjà trop nombreuses dans notre métier pour qu’elle puisse prendre de tels risques sans jamais penser aux conséquences. Mon père avait coutume de dire que lorsque l’on tirait trop sur la chance elle finissait par vous faire faux bond, et de la même manière j’avais peur que la tendance de Miléna à prendre des risques sans jamais réfléchir ne se retourne un jour contre elle. Et d’un point de vue personnel je ne savais pas si je serais un jour capable de m’en relever, si je la perdais … La première fois j’avais tenu en niant ce qui aurait du être la réalité, en me répétant à longueur de journées que non, Miléna n’était pas morte et que tant que nous n’en aurions pas eut une preuve formelle et irréfutable il s’agissait d’une erreur ; Mais ce genre de chance ne se reproduirait pas une seconde fois, je le savais, si un jour on venait à nouveau m’annoncer la mort de Miléna je savais que ce ne serait plus une erreur ou une conclusion hâtive, mais une réalité, et je n’osais même pas imaginer comment je réussirai à surmonter cela, tant l’avoir retrouvée m’avait fait réaliser à quel point elle m’était désormais indispensable. J’avais besoin d’elle, terriblement besoin d’elle, et si je réagissais aussi mal au final c’était parce que j’avais la sensation que de son côté elle avait plus besoin de sa vengeance qu’elle n’avait besoin de moi. Et je ne savais absolument pas comment lutter contre cela, je me sentais totalement impuissant face à la situation. « Ça a de l’importance Raven, que tu le veuille ou non ce qui m’est arrivé a de l’importance, et de lui faire payer ça a de l’importance aussi. » J’avais secoué vivement la tête avant même qu’elle n’ait terminé sa phrase, elle ne comprenait pas. Je n’essayais pas de lui dire qu’elle devait oublier ce qui s’était passé ou bien que cela ne comptait pas … Parce que ça comptait, pour elle mais aussi pour moi, ça comptait parce que j’avais failli la perdre, et qu’il n’y avait pas un jour où je ne pensais pas à la chance que j’avais qu’elle soit toujours là. « Non c’est, c’est pas ce que je veux dire c’est … ce qu’il t’as fait ça a de l’importance. Mais lui … lui il est rien, c’est un minable, et en le diabolisant tu le fais se sentir puissant, tu lui donnes l’impression qu’il dirige ta vie. Et ça il en vaut pas la peine. » J’avais l’impression de m’emmêler un peu les pinceaux, je ne savais pas trop comment lui expliquer que ce n’était pas ce qui lui était arrivé qui n’avait pas d’importance, mais l’importance que ce pacificateur essayait de se donner qui était exagérée, et qu’en agissant comme elle le faisait elle lui donner une puissance qu’il ne possédait pas et ne méritait pas. « Et pour répondre à ta question c’est fini. C’était … J’en avais besoin mais c’était la dernière fois que je partais le trouver. » J’avais envie de la croire, d’ailleurs j’étais même persuadé qu’elle pensait ce qu’elle disait … Mais cela ne m’empêchait pourtant pas de me poser cette question, l’affreuse question qui avait déjà fait douter n’importe qui au moins une fois : Et si ? Et si un jour elle allait contre cela en prétextant une nouvelle fois qu’elle n’avait pas le choix, que c’était un cas de force majeur, quelque chose dont elle avait besoin ? Et si ? J’avais la sensation qu’elle essayait de me faire culpabiliser, qu’elle voulait me faire passer pour le fautif alors que c’était elle qui avait fait une faute en agissant dans mon dos. « J’ai pas dit ça Raven … J’essaye juste de t’expliquer, je t’ai en aucun cas demandé de t’excuser t’as pas à le faire … » Non je n’avais pas à le faire, et je n’avais aucune intention de le faire. Je m’inquiétais pour elle parce que je l’aimais, et j’espérais ne jamais en venir à devoir m’excuser de l’aimer. « Alors pourquoi j’ai l’impression que tu me reproches de pas rester sans rien dire … » C’était ce dont j’avais l’impression, qu’elle estimait que puisque je ne comprenais pas je n’avais pas mon mot à dire, ni sur sa décision de me mentir ni sur son obsession pour Hunter. Comme si le fait que j’ai pu être mort d’inquiétude ne comptait pas, comme si le fait qu’elle avait mis sa vie et la vie de notre enfant en danger ne comptait pas … Et au fond est-ce que cette dernière question comptait vraiment pour elle ? Durant le mois qui venait de s’écouler nous n’avions presque pas abordé le sujet, et dans un certain sens j’avais rapidement eut l’impression qu’elle fuyait la réalité comme en espérant qu’ainsi elle finirait par disparaitre. Très vite j’avais eut la sensation de me sentir plus impliqué qu’elle, en étant pourtant même pas certain d’être le père, et je m’étais senti terriblement seul, me sentant presque coupable de ne pas partager la même détresse qu’elle. Par le passé j’avais blessé Miléna en laissant mes mots dépasser ma pensée, je le savais et je le regrettais, mais aujourd’hui je ne regrettais pas ce que je venais de dire en fin de compte … Parce que je le pensais, réellement. Elle n’en voulait pas, elle me l’avait très clairement signifié, mais cependant elle n’avait pas le choix et ce que je lui reprocher c’était de considérer l’enfant qu’elle attendait comme le problème qui lui gâchait actuellement l’existence, tel un virus dont on avait hâte de se débarrasser … C’était son enfant, notre enfant même possiblement, et elle se comportait comme s’il s’agissait d’une parasite. « Je suis désolée de ce que j’ai fait, je suis désolé si tu le prends comme une trahison mais ça … » Elle avait raison, je me sentais trahi, et plus encore je me sentais ignoré, parce que qu’il s’agisse d’Hunter, de sa grossesse, ou du reste elle ne prenait jamais la peine de me consulter avant, elle se contentait d’agir et de le laisser sur le côté, content ou pas. « Je vais pas m’excuser pour ça je … C’est qui je suis, c’est ce que je suis. Et peut-être que j’aurais du te le dire avant, peut-être que j’aurai du. Mais j’ai pas tort. Je dis pas que j’ai raison non plus mais j’ai pas tort. J’ai pas à m’excuser parce que cet enfant j’en veux pas … »J’essayais de rester impassible, de la regarder dans les yeux et de me concentrer assez pour ne pas laisser paraitre la moindre émotion supplémentaire, mais à l’intérieur j’avais l’impression de saigner. Ce qu’elle venait de dire je le savais déjà, mais l’entendre de vive voix faisait encore plus mal, tellement plus mal « Mais puisque t’as l’air d’avoir pas mal de choses à dire vas-y fais-le. Arrête de m’épargner. Je peux supporter ce que t’as à dire. Je peux supporter que tu m’en veuille terriblement, mais vas-y, dis-le. » Elle ne comprenait rien, rien du tout. A l’entendre je passais mon temps à chercher n’importe quelle raison de lui faire des reproches, ou bien à provoquer une dispute, est-ce qu’elle pensait sérieusement que la situation me satisfaisait ? « Arrête Milé … » Passant à nouveau ma main sur mon visage d’un air las, j’avais déglutis avec difficulté en tentant de ravaler à la fois ma salive et ma rancœur « A t’entendre je passe mon temps à te reprocher tout et n’importe quoi, tu penses pas que c’est un peu exagéré ? » J’étais fatigué, je ne comprenais pas ce qu’elle attendait de moi. J’avais l’impression de passer pour le fautif dès que je la brusquais un peu dans ses opinions, comme si parce que c’était elle qui était enceinte c’était à moi de me plier sans rien dire à son point de vue. « C’est même pas que tu n’en veuilles pas qui me contrarie, même si j’aurais préféré l’apprendre autrement que de la manière dont tu me l’as fait comprendre … Mais c’est fait, que tu le veuilles ou non cet enfant existe et tu peux pas continuer à faire comme si c’était pas le cas. Et si tu penses être la seule à te sentir dépassée ou à être morte de trouille, rassure toi c’est pas le cas non plus. » Je n’inventais rien, c’était peut-être l’impression que je lui donnais par le simple fait de vouloir des enfants mais cela ne voulait rien dire, au fond de moi je n’en menais pas large. Est-ce que vouloir d’un enfant suffisait à s’assurer de pouvoir s’en occuper correctement ? Est-ce que je serais capable de le ou la regarder dans les yeux si en grandissant ses traits se révélaient être ceux de Cray et non les miens ? Est-ce que Miléna réussirait à témoigner un peu plus d’intérêt à cet enfant une fois né, et sinon m’obligerait-elle à faire un choix ? C’était beaucoup de questions, pour des réponses que j’aurais voulu chercher avec Miléna et non pas tout seul de mon côté … Mais comment les poser alors qu’elle semblait décidée à faire comme si rien de tout cela n’existait, et comme si à force de faire l’autruche elle se réveillerait un matin en réalisant que tout cela n’était qu’un cauchemar de sa part. « Ce que je te reproche c’est de penser que sous prétexte que je suis le seul à ne pas détester la situation, je dois être le seul à l’assumer … un enfant ça se fait à deux, que tu le veuille ou non tu es concernée. » C’était peut-être ce qui me désolait le plus au fond, le fait que pour moi l’attente d’un enfant cimentait un couple, et en ce qui nous concernait j’avais l’impression que c’était tout le contraire. Nous n’avions pas besoin de cela en ce moment, de nous éparpiller, le mois et demi qui venait de s’écouler m’avait semblé passer à toute vitesse et parfois je ne savais toujours pas vraiment où j’en étais, comme si ayant momentanément pris le contrôle de ma vie le destin ne m’en avait pas encore rendu les rênes. Au fond j’avais quitté Miléna il y a trois ans sur une première erreur, n’ayant pas encore appris la véritable valeur du pardon, et si aujourd’hui les choses étaient différentes c’était parce que j’avais fini par comprendre qu’aimer c’était aussi faire des erreurs et pardonner ; Et c’était pour cette raison que je n’avais aucune intention de baisser les bras aujourd’hui, de m’avouer vaincu ou de me braquer à la première difficulté. « Je vois … » C’était tout ce qu’elle avait répondu, avant de baisser les yeux vers le sol, interdite. J’aurais voulu pouvoir deviner ce qu’elle pensait mais pour la première fois depuis le début de la conversation je ne réussissais pas à lire quoi que ce soit sur son visage. Tentant maladroitement de justifier ma réponse je ne semblais pas l’avoir convaincue pour autant « Non plus maintenant. Mais y’a trois ans, tu t’es dit quoi encore ? Que je m’étais servie de toi ? Que je t’avais séduit juste pour … Pour quoi d’ailleurs, pour coucher avec mon supérieur ? Ou juste pour te pourrir la vie ? Dis moi, t’as pensé que j’avais juste voulu te briser le cœur ? Non parce qu’autant que je sache ce que tu as pensé de moi … » Cette fois-ci c’était moi qui était resté interdit, choqué par la teneur de ses propos, et me demandant si ces questions elle se les posait vraiment ou bien si elle essayait simplement de trouver les bons mots pour être certaine de m’atteindre, et éventuellement de me blesser. C’était faux, je n’avais jamais pensé toutes ces choses, je n’avais pas décidé de la quitter parce que j’avais remis sa sincérité en doute, cela n’avait jamais été la raison « J’ai jamais pensé que t’étais pas sincère, c’est pas la raison pour laquelle j’ai jeté l’éponge … trop vite, et j’ai eut tort, mais ça a jamais été à cause de ça. » J’avais marqué une pause, ne sachant pas si je devais ou non prendre le risque d’aller plus loin et de tenter de me justifier. Finalement j’avais décide que c’était le moment ou jamais « Je me suis senti trahi, c’est tout. Ca s’explique pas, c’est ce que j’ai ressenti c’est comme ça … et j’ai pas réussi à l’accepter. Mais puisqu’il faut être honnête alors oui, y’a une époque où je me suis posée la question, est-ce que je t’aurais autant intéressé si j’avais pas été ton supérieur, parce que je voyais bien comment tu devenais avec Cray et ce qui se racontait dans votre dos et je … même si j’en suis pas fier je me suis laissé monter la tête par tout ça. » Je jouais avec le feu, j’aurais souhaité ne jamais avoir à lui dire cela mais elle avait posé la question, et je ne voulais pas mentir. « Mais j’ai jamais pensé que tu t’étais fichue de moi ou que tu m’avais fait du mal volontairement. Je t’en ai simplement voulu de m’en avoir fait et de ne pas le regretter, d’estimer sans hésitation qu’une mission à la con avait plus d’importance que notre relation, ou que le fait de me blesser … et je t’en ai voulu de pas te battre, et de pas avoir cherché à me faire changer d’avis, parce que ce jour là tu m’as donné l’impression que le fait que ce soit fini te vexait peut-être, maisne te blessait pas plus que ça. » Réalisant à peine tout ce que je venais de dire j’avais à mon tour baissé les yeux vers le ciel, tentant l’espace de quelques instants de reprendre mes esprits. C’était LA conversation, celle qui nous pendait au nez depuis que nous nous étions retrouvés mais qui nous le savions arriverait forcément un jour ou l’autre « Maintenant tu sais … » Mais j’étais loin d’avoir terminé, finalement je n’avais pas pu m’empêcher de continuer sur ma lancée des confidences et bientôt j’avais déballé tout ce qui m’avait pesé sur le cœur pendant ces trois derniers jours, durant lesquels je n’avais pas eut grand-chose d’autre à faire de mon temps libre que de penser à ce que j’étais prêt à faire et à supporter pour que ma relation avec Miléna fonctionne de nouveau. J’avais besoin qu’elle comprenne à quel point j’avais besoin d’elle et à quel point chaque décision qu’elle prenait aurait forcément des conséquences sur moi aussi, parce que c’était le principe d’un coupe et que c’était ce que nous étions … ses décisions avaient une influence sur moi et les miennes avaient forcément des conséquences sur elle également. J’avais peur d’être devenu trop dépendant d’elle, bien plus qu’elle ne l’était de moi, et j’avais peur qu’elle estime un jour avoir fait une erreur en revenant frapper à ma porte il y avait de cela six semaines désormais. Je connaissais assez Miléna et ses difficultés relationnelles et sentimentales pour savoir que trop la brusquer me ferait prendre le risque de la perdre une seconde fois, pour de bon cette fois-ci, mais pour autant je savais aussi que je ne pourrais pas passer mon temps à peser chacun de mes mots et que si nous voulions vraiment aller quelques part nous devions pouvoir nous parler sans hésitation. M’écoutant jusqu’à la fin sans chercher à m’interrompre Miléna me regardait dans les yeux, s’étant à son tour appuyée contre un casier en face du mien ; Pour la seconde fois déjà je ne réussissais pas à lire l’expression sur son visage et je sentais le stress s’ajouter à tous les autres sentiments qui s’emmêlaient déjà dans mon esprit. « Je … je suis égoïste … » Prenant une inspiration comme si elle s’apprêtait à plonger en apnée, elle avait continué « Je le suis, c’est vrai. » Je ne la quittais plus des yeux, n’osant pas dire quoi que ce soit de peur de la voir se braquer, et réalisant bien vite que Miléna fournissait un véritable effort pour tenter de mettre des mots sur ses pensées, chose qu’elle ne faisait que rarement et qui m’avait longtemps obligé à me contenter de suppositions ou bien à deviner. « Et oui j’ai pris cette décision en t’en excluant volontairement. Parce que justement je sais, je sais pourquoi tu m’aurais pas laissé faire. Je le sais parce que … Parce que je crois pas que je serais capable de continuer à vivre et à faire comme si j’avais une chance d’être heureuse si un jour il t’arrivait quelque chose. Parce que j’ai besoin de toi aussi Raven. Plus que tu sembles le croire, apparemment. » A nouveau elle avait marqué une pause, et de mon côté j’avais baissé les yeux d’un air fautif, sachant pertinemment que le fait que je puisse simplement douter lui faisait du mal. Et c’est vrai je doutais, parce que ses décisions me donnaient l’impression que si elle avait besoin de moi ce n’était pas ce dont elle avait le plus besoin ; J’étais derrière sa vengeance, et je ne pouvais m’empêcher d’en être frustré et blessé. Assez pour me laisser dévorer par mes doutes « Je crois … Je crois que si je te perdais un jour … Je sais même pas ce que je serais capable de faire à la personne qui t’emmènerait loin de moi. Je sais pas ce que je serais capable de me faire d’ailleurs … » Brusquement j’avais relevé la tête vers elle, la simple pensée liée aux mots qu’elle venait de prononcer me glaçant littéralement le sang dans les veines. Plus encore que le fait de la perdre, le fait qu’elle se perde si je venais à disparaitre m’était insupportable « Milé … » Pour une fois c’était moi qui ne savait pas quoi dire, mais mon manque d’éloquence eut au moins le mérite de permettre à Miléna d’aller jusqu’au bout de son raisonnement, et de conclure avec quelque chose que jamais je n’aurais espéré entendre, pas aujourd’hui, pas maintenant tout du moins. « Parce que … parce que je t’aime Raven … » Les secondes semblant tout à coup s’étirer pendant des heures j’étais resté muet plusieurs secondes, mon regard ne quittant pas celui de Miléna, tant ce qu’elle venait de me dire me surprenait autant que me chamboulait. Pas dans un sens négatif, mais dans le sens où je ne m’y attendais pas, ou plutôt je ne m’y attendais plus après le nombre de fois où ces mots sortis de ma propre bouche étaient restés sans véritable réponse de sa part. J’avais senti les battements de mon cœur s’accélérer brusquement, et si les mots tardaient venir j’étais certain que mes yeux eux ne trompaient pas, fixant Miléna dans un mélange d’émotions et de fébrilité, mais aussi peut-être un peu de … tristesse ? Ce n’était pas qu’elle m’ait dit qu’elle m’aimait qui me rendait triste, bien au contraire j’étais certain qu’elle savait à quel point ces trois petits mots comptaient et avaient fini par me manquer, ce qui m’attristait au final c’était de me dire que sans cette discussion, sans cette vague mutuelle de reproches et d’incompréhension elle ne l’aurait peut-être pas fait, pas aujourd’hui du moins. Comme si en questionnant mes supposés doutes concernant sa sincérité elle en avait fini par se demander si le fait qu’elle m’aimait me semblait aussi abstrait ou incertain. Je me souvenais encore de la première fois que je lui avais dit que je l’aimais, et qu’elle ne m’avait rendu en guise de réponse qu’un baiser et le silence ; Je mentirais en affirmant que je n’avais pas dit cela en espérant entendre la même chose en retour, et j’étais resté interdit plusieurs secondes, me sentant affreusement ridicule et seul. Un silence, est-ce que cela voulait dire non ? Cette question avait pesé sur mon esprit de longues journées avant que je ne réussisse enfin à me faire une raison et à me dire que n’étant pas très loquace de manière générale elle ne l’était peut-être pas plus, voir encore moins quand il s’agissait de mettre des mots sur ce qu’elle ressentait. Après notre séparation pourtant j’avais douté de nouveau, appuyé par son absence presque totale de réaction lorsque je l’avais quitté, sa passivité me donnant la sensation d’être le seul à souffrir et à regretter la façon dont les choses s’étaient terminées. Est-ce qu’elle m’aimait ? Peut-être. Est-ce qu’elle m’aimait de la même manière que je l’aimais … Peut-être. Voilà la conclusion à laquelle j’étais finalement arrivé, celle de ne plus être sûr de rien. « Je sais … » Ce n’était pas de la prétention de ma part, et même si une fois les mots sortis de ma bouche j’avais peur qu’ils soient mal interprétés ce n’était pas de la prétention. Simplement une façon de lui faire comprendre que même en ne l’ayant jamais entendu j’avais fini par y croire, malgré tout. « Et je t’aime aussi, j’ai même jamais cessé mais … » Peut-être parce que je l’avais quitté pensait-elle que ce n’était pas le cas mais je n’avais jamais cessé de l’aimer, même après l’avoir quitté, même après une année, puis deux, puis trois. C’était pour cette raison aussi que toutes les femmes que j’avais brièvement fréquenté durant cette période avaient toutes le même défaut majeur et irrévocable : elles n’étaient pas Miléna. Elles ne lui arrivaient même pas à la cheville. « C’est pour ça que je veux pas, que je veux plus être mis sur le côté comme ça, parce que tout ce que tu fais m’atteint aussi et parce que même si t’es visiblement pas de cet avis je suis certain qu’on est plus fort à deux que chacun de son côté … Je veux pas rester en retrait, je veux être là pour toi autant que je veux que tu sois là pour moi. » Paradoxalement j’avais la sensation que ce que je ne disais n’avait aucun sens et que pour une fois c’était moi qui avait de la peine à trouver quoi dire. Quittant le casier contre lequel j’étais adossé je m’étais finalement assis sur le banc qui se tenait entre Miléna et moi ; Un mètre à peine nous séparait mais pourtant j’avais la sensation qu’elle était loin, qu’elle m’échappait. J’aurais voulu me lever, la serrer dans mes bras pour être certain qu’elle ne m’échappe pas mais j’étais comme tétanisé.
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| | | Miléna E. Andréis-Wheeler △ correspondances : 5888 △ points : 1 △ multicomptes : (l. c. meery) △ à Panem depuis le : 04/09/2011 △ humeur : cruellement arrachée à sa famille △ âge du personnage : vingt sept ans pour toujours
| Sujet: Re: RAVEN&MILENA ⊱ ❝i tried so hard, thought i could do this on my own❞ Mar 31 Juil - 21:29 | |
| Je ne pouvais pas en vouloir à Raven de s'énerver, parce que je savais très bien que c'était légitime, je savais que je méritais la plupart de ses reproches, et s'il n'avaient dit certaines choses j'aurais accepté sans broncher la moindre de ses critiques, mais il y avait des choses qu'il avait dites que je ne pouvais pas ne pas relever. Oui je l'aurais accepté, et je ne pouvais pas lui en vouloir parce qu'il avait raison, parce que j'avais réellement tenté d'oublier que je ne pouvais pas lui faire ça, que ce n'était pas correct, alors que je savais, je savais comme je me sentirais si jamais il me faisait ça. Pas seulement parce que je me sentirais trahie, mais parce que je ne pourrais pas supporter de ne pas savoir ce qu'il faisait, comment il allait, si seulement il était encore vivant... Une des ces missions avait mal tourné durant les trois années où nous avions été séparés, et si nous n'avions perdu le contact de l'équipe de Raven que quelques heures, et non quelques jours j'avais été morte d'inquiétude, mise face au fait qu'ici au district 13 je ne pouvais rien faire pour l'aider, et que je n'étais pas là bas pour le faire. J'aurais du être là bas, j'aurais du encore faire partie de cette équipe. Et lorsqu'il étaient revenu et qu'ils nous avaint appris la mort du bras droit de Raven, je n'avais pas pu m'empêcher de me poser une question. Et si ça avait été lui ? Si ça avait été Raven, et non Byron qui avait trouvé la mort lors de cette mission ? Alors que nous ne nous étions pas parlé en deux ans, a part à de rares occasion où nous étions obligés d'échanger quelque moi, alors que je n'avais pas osé le regarder pendant deux ans, a part ces regards pleins d'amertume que nous nous étions lancés. Certains regards que j'avais même pris comme de la haine de la part de Raven. Et si il était mort en pensant que je m'en fichais de lui ? S'il était mort, et que la dernière chose qu'il ai faite soit de me détester ? Je m'étais posé cette question des jours durant, sans réussir à trouver de réponse convenable. A certains moment je m'étais dit que j'étais ridicule, qu'il était passé à autre chose qu'il serait temps que je le fasse aussi. Un jour pendant un dixème de seconde en arrivant et en le voyant seul à une table à la cafétéria j'avais été tentée d'aller m'asseoir à côté de lui, pour prendre de ses nouvelles, pour tenter de... Je ne sais pas, pouvoir redevenir ce que nous étions je ne pensais pas ça possible, mais juste tenter de cesser cette guerre entre nous que je ne pouvais plus supporter. Puis quelqu'un l'avait rejoins, un homme de son unité, et Cray m'avait fait un léger signe de la main. Alors j'avais passé mon chemin. J'avais passé mon chemin avec ce pincement au cœur, ce pincement qui me disait que je faisais une bêtise, alors que ma tête me disait que c'était la seule chose sensée à faire. Si j'avais fait ce qui m'avait traversé l'esprit un instant, si j'étais allée m'asseoir en face de lui, que se serait-il passé ? Où en serions nous aujourd'hui ? Je ne préférais même pas me poser la question, parce que j'étais persuadée qu'à l'époque Raven aurait été tout sauf ravi de mon initiative. Donc je savais, je savais ce que c'était de s'inquiéter pour une personne importante. Je savais que ça n'avait rien d'enviable. Et j'étais coupable d'avoir fait subir ça a Raven en connaissance de cause, j'étais coupable et il avait le droit de me hurler dessus pour ça.
« Non c’est, c’est pas ce que je veux dire c’est … ce qu’il t’as fait ça a de l’importance. Mais lui … lui il est rien, c’est un minable, et en le diabolisant tu le fais se sentir puissant, tu lui donnes l’impression qu’il dirige ta vie. Et ça il en vaut pas la peine. » C'était lui qui ne comprenait pas. Il ne comprenait pas que ce qui était arrivé, ces journées que j'avais passé au capitole, cette soirée que j'avais passé dans cette petite pièce avait tout à voir avec le pacificateur, et que je ne pouvais pas dissocier l'un de l'autre. C'était tout simplement impossible. « Mais il est puissant bon sang Raven ! » J'avais haussé le ton, alors que ce n'était pas ce que je voulais, je ne voulais pas m'énerver, pas du tout. Tentant de me calmer j'avais fait une pause, fermant les yeux comme pour me calmer avant de les rouvrir. Et de reprendre, plus hésitante, plus calme, avec une émotions dans la voix que je ne parvenais pas à maîtriser. « Il... Il est puissant... Il a un pouvoir sur moi que personne n'a jamais eu... Il est capable de me réveiller en suffoquant et en ayant l'impression que j'ettouffe toutes les nuits sans même être là, il est... Il a... » Il a tué Cray. Voilà ce que je voulais dire. Mais je m'étais retenue, parce que je ne savais pas encore l'attitude que je voulais adopter quand au mensonge de Raven, quand à la vérité sur la mort de Cray. Je ne savais pas si je voulais l'entendre, l'entendre qu'il le savait pertinnement, et qu'il avait volontairement choisi de ne rien me dire. « Alors pourquoi j’ai l’impression que tu me reproches de pas rester sans rien dire … » Je ne lui reprochais pas de crier, je ne lui reprochais pas de ne pas être en colère. Je... Mais je ne pouvais simplement pas rester là sans rien faire, sans rien dire. J'étais comme ça. « Je te le reproche pas... Je veux... J'essaye juste de te faire comprendre. Et qu'est ce que tu voudrais, que je t'écoute sans rien dire ? Je suis désolée mais je sais pas faire ça. » C'était un mensonge. J'en était capable. Je l'avais déjà fait. Et j'étais même certaine qu'il s'en souvenait, parce que la dernière fois que je l'avais fait un m'avait quittée. Et si je l'avais fait c'est parce que j'avais pensé l'issue inévitable. Et parce que je n'avais pas su passer outre ma fierté. Et je l'avais regretté pendant trois années entière. « Et je veux pas le faire. Je ferais pas cette erreur une seconde fois. » Je ne savais pas ce qu'il voulait faire. Je ne savais même pas encore s'il comptait me quitter, parce que je n'arrivais pas à savoir ce genre de chose avec lui. Parce qu'avant je n'avais jamais cru ça possible et il l'avait fait, parce que là j'en avais terriblement peur alors qu'il avait promis de ne jamais me laisser. Je ne savais pas quel était le réel problème de cette discussion, ni quelle était la chose que Raven me reprochait le plus dans tout ça. De ne penser qu'à moi, de ne pas l'aimer assez, de ne pas l'inclure dans mes décision, ou encore de ne pas partager son enthousiame pour cette grossesse ? Etait-ce réellement cet enfant le réel soucis ? J'avais l'impression que ce n'était certainement pas le seul soucis, mais que c'était la chose qui pesait le plus à Raven. Parce que cet enfant nous n'en avions jamais parlé, j'évitais soigneusement toute discussion à ce sujet et je le savais, alors que je savais pertinnement que des choses il devait avoir à en dire. Alors que je savais que ce n'était pas juste. Mais je ne m'en sentais juste pas la force. Etait-ce une des raison qui le poussait à me trouver égoïste ? Et je n'arrivais pas à la croire. Je n'arrivais pas à le croire que cet enfant il en voulait réellement, parce que je n'arrivais pas à croire qu'il voulait vraiment de moi comme mère pour ses enfants. Il ne comprenait pas ? Que j'étais certainement la moins bonne personne pour élever qui que ce soit ?
« Arrête Milé … A t’entendre je passe mon temps à te reprocher tout et n’importe quoi, tu penses pas que c’est un peu exagéré ? » C'était moi qui exagérait ? Je n'avais fait que lui répondre. Il l'avait fait, il m'avait reproché de me pas m'inquiéter pour cet enfant. Je lui avais répondu, avec toute la sincérité du monde. Non, je ne m'inquiétais pas. Parce que non, je n'en voulais pas. Et je ne voulais pas non plus des responsabilités que ça impliquait. Raven voulait que j'y fasse fasse, mais j'étais tout simplement pas prête. Je ne pouvais pas simplement surmonter ça, parce que ça me paralysait, j'avais tant de doutes, de peurs, je n'étais pas prête à y faire face. Mais ce n'était pas non plus ce que j'avais dit. Je n'avais jamais dit qu'il passait son temps à me reprocher tout et n'importe quoi, tout ce qui lui passait par la tête. Seulement je voulais qu'il me dise ce qu'il retenait apparement depuis un mois, ce que cachait cette rancoeur et cette amertume qu'il avait laissées echapper. « C’est même pas que tu n’en veuilles pas qui me contrarie, même si j’aurais préféré l’apprendre autrement que de la manière dont tu me l’as fait comprendre … Mais c’est fait, que tu le veuilles ou non cet enfant existe et tu peux pas continuer à faire comme si c’était pas le cas. Et si tu penses être la seule à te sentir dépassée ou à être morte de trouille, rassure toi c’est pas le cas non plus. Ce que je te reproche c’est de penser que sous prétexte que je suis le seul à ne pas détester la situation, je dois être le seul à l’assumer … un enfant ça se fait à deux, que tu le veuille ou non tu es concernée. » J'étais persuadée, il avait beau dire ce qu'il voulait j'étais persuadée qu'au fond de lui il ne pouvait pas s'empêcher de m'en vouloir. J'étais certaine qu'il savait qu'il ne pouvait pas m'en vouloir, mais que c'était forcément le cas. Parce que moi aussi à sa place, je m'en serais voulue. Si j'avais voulu fonder une famille comme il semblait le vouloir. Si je n'étais pas tombée enceinte par accident, cela aurait-il finit par nous déchirer ? Cela finirait-il par nous déchirer ? « Parce que tu crois que je suis pas au courant que je suis concernée ? » C'était bien ça, qui me faisait peur justement. J'étais la première à être concernée, j'étais censée m'intéresser, et prendre des décisions importantes. « J'ai pas seulement peur je... » Je ne savais pas si j'arriverais à mettre les mots justes, les mots qui exprimerait la totalité de ma détresse. « J'ai l'impression que je suis en train de sombrer. Si je fais comme si c'était pas le cas c'est parce que dès que j'y pense j'ai... J'ai l'impression de me perdre je... Et si cet enfant n'est pas le tien ? Et si je meurs, et si tu meurs un jour en le laissant tout seul qu'est ce qu'il se passera ? Parce qu'on a de grandes chances de mourirs tous le jours, tu le sais, et tous les deux. Et si il ou elle devient complètement fou ou folle, bon à enfermer. Parce que pour autant que je sache ça a pas mal de chance d'arriver, autant que tu sois au courant. Et si ... » Je devais avoir l'air d'une folle, a parler sans respirer, et en tremblant même. Oui ce pauvre gosse avait toutes ces chances d'avoir de sérieux désordre d'ordre psycologiques, vu ce que je me trainais sans même savoir si c'était génétique ou si c'était juste moi. J'avais laissé ma phrase en suspens, incapable d'exprimer ma dernière peur. Fermant encore une fois les yeux et le rouvrant, comme si ça pouvait me calmer ou calmer ma respiration j'avais trouvé le courage de terminer ma phrase, me demandant au passage si Raven allait me détester pour ce que je m'apprétais à dire, ou pour juste le penser. « Et si j'arrive pas à l'aimer ? Parce que je l'aime pas Raven, je suis désolée mais je l'aime pas. Si j'y arrive pas ? » Parce que je savais que c'était pas normal. Que j'étais censée aimer cet enfant, que j'étais censé l'aimer depuis déjà un mois parce que c'était comme ça que nous étions. Si même à sa naissance rien ne changeait ? Comment je pourrais vivre, comment je pourrais me regarder dans un miroir en n'aimant pas mon propre enfant ? Parce qu'au fond je savais que je ne pouvais pas revenir en arrière, et c'était bien ça dont j'avais le plus peur. Bon sang j'avais 26 ans, mais j'avais l'impression d'en avoir à la fois 20 tant la situation me paniquait. Allait-il me détester pour ce que je venais de dire ? Parce que je me détestais, je me détestais de penser comme ça. Quel genre de personne j'étais pour ne pas être capable d'aimer son enfant un tant soi peut ? J'étais certaine que même des ordures telles que Phoenix ou Hunter aimaient leurs enfants à leur façon. Je m'étais toujours demandé si Raven m'aimerait quand même s'il savait réellement qui j'étais, s'il était dans ma tête. Non, il me haïrait, j'en était sure. Et j'avais peur d'en avoir dit trop, à propos de cet enfant. Mais il ne pouvais pas nier que je ne pouvais juste pas réagir comme lui. Il avait eu une enfance et une adolescence normale, il avait très certainement eu la certitude de vouloir fonder une famille très jeune, parce que c'étaient les valeurs qui lui avaient été transmises. Moi c'était pas mon cas. J'avais découvert les relations il y a quatre ans seulement, j'avais découvert ce que c'était que d'aimer quelqu'un, et de se préocuper de quelqu'un d'autre que soit même. En réalité j'avais réellement la maturité d'une adolescente à ce niveau. Alors que Raven était déjà un adulte qui savait ce qu'il voulait faire de sa vie.
« J’ai jamais pensé que t’étais pas sincère, c’est pas la raison pour laquelle j’ai jeté l’éponge … trop vite, et j’ai eut tort, mais ça a jamais été à cause de ça. » Alors c'était quoi ? Pourquoi avait-il fait ça s'il n'avait pas pensé que je m'en fichais de lui, et que par conséquent je n'en valais pas la peine ? « Je me suis senti trahi, c’est tout. Ca s’explique pas, c’est ce que j’ai ressenti c’est comme ça … et j’ai pas réussi à l’accepter. Mais puisqu’il faut être honnête alors oui, y’a une époque où je me suis posée la question, est-ce que je t’aurais autant intéressé si j’avais pas été ton supérieur, parce que je voyais bien comment tu devenais avec Cray et ce qui se racontait dans votre dos et je … même si j’en suis pas fier je me suis laissé monter la tête par tout ça. » J'étais profondément choquée et blessée, par ce que j'entendais. Parce que je n'avais jamais pensé qu'il ai pu croire ça. Comment avait-il pu juste penser ça ? Je n'avais pas retenu le début de sa phrase, c'était la seule chose que j'avais assimilée. Il avait pensé ça, comment avait-il pu penser ça ? Ne comprenait-il pas a quel point ça pouvait être blessant ? Il aurait mieux fait de ne jamais me le dire. C'était plus que blessant, c'était humiliant. Est-ce que c'était ça, l'image qu'il avait de moi, l'image que tout le monde avait de moi ?C'était ça l'image que je renvoyais ? Je m'étais prise ma tête dans mes mains, pour m'empêcher de verser une larme qui n'avait rien a faire dans cette discussion. Parce que je ne voulais pas, mais c'était ce que ce qu'il venait de dire me donner envie de faire, de fondre en larmes. Relevant la tête je l'avais secouée d'un air désolé. « Je sais très bien ce qu'il se disait. Je... Mais que toi... Que toi tu ai pu le penser... » J'avais presque terminé ma phrase en murmurant. J'avais le souffle coupé par cette révélation. Jamais je n'avais douté de la réalité de notre relation. Pas une seule fois. Mais j'avais bien été la seule. « Mais j’ai jamais pensé que tu t’étais fichue de moi ou que tu m’avais fait du mal volontairement. Je t’en ai simplement voulu de m’en avoir fait et de ne pas le regretter, d’estimer sans hésitation qu’une mission à la con avait plus d’importance que notre relation, ou que le fait de me blesser … et je t’en ai voulu de pas te battre, et de pas avoir cherché à me faire changer d’avis, parce que ce jour là tu m’as donné l’impression que le fait que ce soit fini te vexait peut-être, mais ne te blessait pas plus que ça. » C'était la meilleure, la meilleure chose que j'ai pu entendre. Je ne m'étais pas battue, je le savais, et je le regretterais jusqu'à la fin de mes jours. Parce que je ne voulais pas que Raven pense ce genre de connerie. Mais l'entendre, l'entendre me parler en face, et me dire ça... « Que ça me vexait ? Que ça me VEXAIT ? » Comment pouvait-il dire qu'il n'avait pas tout remis en question s'il avait juste pensé que j'avais été vexée ? « J'ai fait des erreurs, et ma plus grosse ça a été de rien dire ce jour là mais... J'ai … J'ai pleuré toutes les larmes de mon corps à peine sortie de chez toi ! J'ai passé la nuit, et celle d'après, et la suivante à pleurer ! Comment tu as pu pensé que ça n'avait fait que me vexer ? Comment tu as pu penser ça et m'affirmer maintenant que tu n'as pas tout remis en question, toute notre relation, que tu ne m'as pas complètement remise en question ? » Je ne savais pas si j'arrivais à être claire ou pas mais dans ma tête tout l'étais. Ce n'était pas possible, ce n'étais pas possible qu'il m'ai pensé capable de juste être vexée, mais de ne rien en avoir à faire au fond, ce n'était pas possible qu'il ai pensé ça mais pour autant qu'il n'ait jamais pensé que je n'avais pas joué avec lui. Mes pensées étaient tellement confuses... Mais j'étais sous le choc, et même si cette discussion je savais très bien au fond qu'on finirait par l'avoir un jour je ne pensais pas que ce qu'il aurait à dire ressemblerait à ça et me blesserait à ce point. « Maintenant tu sais … » Laissant échapper un rire ironique j'avais simplement gardé mes yeux dans les siens. « Ouais, maintenant je sais. » Oui je savais, je savais comment il me voyait. Peut être que je l'avais un peu cherché, certainement que je l'avais un peu cherché. Mais entre le savoir et l'entendre c'était bien différent, et la différence était que de l'entendre ça faisait mal, réellement mal, alors que même si on le savait on pouvait juste se contenter de l'ignorer. Je m'étais contentée de soutenir son regard quelques secondes avant de baisser les yeux. Je ne pouvais pas le blammer, ou lui en vouloir pour quelque chose qu'il avait pensé trois ans auparavant, je le savais, mais cela ne m'empêchais pas d'être terriblement blessée. Et je ne pouvais pas juste me taire et faire comme si ce n'était pas le cas. Il était peut être capable de faire ça mais moi c'était pas le cas, et je doutais sérieusement que ça soit un jour le cas. J'étais trop... Moi pour ça. Je l'avais écouté, écouté continuer, me dire que j'étais égoïste, parce que peut être que c'était ça au fond le réel problème, ma personnalité. Sauf que ma personnalité je ne l'avais jamais cachée. Et j'avais tenté de changer, j'osais croire que pour lui j'y avais même réussit un peu, je voulais croire que c'était le cas et que si egoïste je ne cesserai surement jamais de l'être il était entré dans le cercle restraint des personnes pour lesquelles je serait prête à tout. J'étais peut être egoïste, mais je me serais faite passer après lui même, je le ferais sans hésitation si un jour le cas de figure se présentais. Alors oui, si jamais le réel problème c'était moi et qui j'étais, je lui en voulais de ne s'en rendre compte que maintenant. Alors que j'étais définitivement amoureuse de lui, et que j'en mourrais si je venais à le perdre et ça, même son « Milé … » choquée et le regard qu'il m'avait jetté ne pouvaient rien changer.
Je l'avais observé resté muet pendant de longues secondes après que les mots « je t'aime » soient sortis de ma bouche. Et je ne savais pas quoi penser. Etait-ce l'était d'esprit dans lequel il était, était-ce ce qu'il avait ressenti lorsque je n'avais pas répondu la première fois ? Non, non c'était différent. Raven m'avait déjà dit qu'il m'aimait. A de nombreuses reprises. Et pourtant j'étais incapable de lire sur son visages tant des émotions contradictoires y défilaient.
« Je sais … » J'avais en effet toujours pensé que c'était le cas. Jusqu'à aujourd'hui du moins, j'avais pensé que malgré le fait que je ne sois pas très loquace, que malgré le fait que je puisse paraître farouche il savait. Etait-ce pour ça que je l'avais dit ? Parce qu'aujourd'hui j'avais douté, j'avais pensé qu'il l'ignorait ? Parce qu'il m'avait laissé croire qu'il ne savait que penser ? Parce qu'il m'avait laissé croire que je renvoyait l'image de n'en avoir rien a faire de lui ? Oui pour moi aujourd'hui il avait remis mon amour pour lui en question, parce que je n'étais pas capable de me torturer l'esprit comme lui, parce que je n'étais pas capable de faire de la psycologie, parce que finalement j'étais déplorable en rapports humains. Et peut être aussi parce que c'était un peu ce qu'il avait dit, peut être sans le vouloir très certainement. Ou alors si, je n'en savais rien. Alors oui, si je l'avais dit c'était peut être aussi un peu parce que pour la première fois depuis que nous étions ensembles j'avais pensé qu'il n'en avait pas conscience, ou du moins qu'il l'avait oublié, mais si ça m'avait peut être influencée ce n'était pas la seule raison, et surement pas la principale. Je ne l'aurait jamais dit si je n'avais pas été prête. Je ne l'aurais jamais dit si je n'en avais pas eu envie, malgré cette peur qui me bouffait le ventre. Et je l'aurais encore moins dit si je ne l'avais pas pensé. Et quant à savoir si je l'avais imaginé comme ça quand j'avais pensé à l'éventualité de lui dire et bien... A vrai dire je n'y avais jamais pensé, ça m'avait toujours semblé être une épreuve insurmontable, et si aujourd'hui ça m'avait presque échappé, ce n'était pas juste parce qu'il me faisait des reproches. « Et je t’aime aussi, j’ai même jamais cessé mais … » Et je le savais aussi. Je l'avais également toujours su. Peut être que finalement j'étais plus douée pour lire en lui qu'il l'était pour lire en moi. « C’est pour ça que je veux pas, que je veux plus être mis sur le côté comme ça, parce que tout ce que tu fais m’atteint aussi et parce que même si t’es visiblement pas de cet avis je suis certain qu’on est plus fort à deux que chacun de son côté … Je veux pas rester en retrait, je veux être là pour toi autant que je veux que tu sois là pour moi. » Je l'avais regardé se décoller de son casier pour s'asseoir doucement sur le banc en face de moi. Croisant mes bras sur ma poitrine je l'avais regardé faire. Il s'était rapproché de moi mais il me semblait pourtant toujours si loin. Finalement j'avais pris une respiration, et lâché un soupir. Pas un soupir d'énervement, pas un soupir agacé. Non, plus quelque chose de … Je ne sais pas. Je prenais juste consience de la situation, des mots que nous nous étions dit. Je ne savais plus trop mais j'avais l'impression qu'il ne me quitterait pas pour ce que j'avais fait. Et si j'aurais voulu en être heureuse je n'arrivais pas encore à me l'autoriser parce qu'il me semblait toujours si loin. Nous avions dit des choses que nous ne pouvions pas retirer, il avait dit des choses qui resteraient marquée dans mon esprit probablement pour toujours, comme cette confession qu'il m'avait faite sur les choses qu'il avait pu penser après notre séparation. « D'accord. » Il avait relevé les yeux quand après plusieurs secondes de silence, comme analysant chacun de ses mots j'avait répondu. Je ne m'étais pas étalée, ce n'était pas mon genre. Mais il serait capable de comprendre que c'était plus, et que si j'avais réussit à mettre des mots sur mes sentiments précédemment je n'y arriverais pas pour autant toujours. J'étais frustrée et soulagée à la fois. J'étais à la fois attristée par la situation dans laquelle nous étions que … Je ne sais pas, heureuse était un mot que je ne pouvais pas employer, pas maintenant, pas après tout ce que nous nous étions dis. Mais Raven et moi n'avions nous pas franchi un pas aujourd'hui ? Ce qu'il avait dit il devait le faire. Mais moi il restait encore une chose. Une chose importante. Il en restait pleins des choses que je n'avais jamais dites, mais celle ci était importante.
Me décollant à mon tour du casier contre lequel j'étais appuyée j'étais doucement venue m'assoir à côté de lui. J'aurais voulu lui prendre la main, mais je ne pouvais pas et je n'osais pas. Alors j'avais posté mes mains de chaque côté de mes jambes au niveau de mes genoux, m'appuyant sur mes avants bras, avant de prendre une inspiration douloureuse supplémentaire.
« Alors pourquoi tu m'as menti ? » J'avais tourné la tête vers lui pour trouver son regard. Pourquoi m'avait-il caché la vérité a propos du meurtre de Cray s'il voulait une telle relation fusionelle – relation que je me sentais prête à tenter de lui offrir – s'il ne supportait pas de rester en retrait, pourquoi m'avait-il volontairement tiré de la mort de Cray ? « Pourquoi tu m'as mise de côté ? Tu pensais que ça ne m'atteignait pas ? Que ça ne me concernait pas ? Tu croyais que ... » J'avais fait une nouvelle pause. Ce que je m'apprêtais à dire était douloureux, mais justement parce que c'était vrai. « Tu croyais pouvoir me cacher longtemps encore que c'était ma faute ? Qu'il était mort par ma faute ? Et tu pensais pouvoir me cacher que tu savais très bien qui l'avait tué combien de temps ? » J'avais gardé mon regard dans le sien, laissant échapper un soupir, fixant le carrelage un instant, avant de reprendre la parole d'un air résigné. « Parce que tu le savais hein ? T'as pas besoin de répondre, je sais que tu le savais... » Oui tout s'était même éclairé lorsque j'avais appris ce qui était réellement arrivé. L'évasivité de Raven, le fait que le 13 ignore où était Cray. Il avait désobéi aux ordres pour me venger, voilà pourquoi tout le monde ignorait ou il était. Et Raven avait certainement refusé de m'en dire trop pour éviter que je fasse ce que j'avais précisement fait. Mes paroles pouvaient sonner comme des reproches, et si elles en étaient certainement un peu ce n'était pas tout. Je voulais juste le mettre face au fait que lui non plus n'avait pas été totalement honnête avec moi, et que ça ne changeait rien au fait que je l'aimais. Que je lui avais dit alors que j'étais parfaitement conscience de ses mensonges. Et oui, ça ne changeait rien, j'aurais simplement aimé qu'il me le dise dès le début. Et dire que j'avais toujours pensé que Raven était incapable de me mentir sans que je ne le remarque, j'avais été bien naïve.
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| | | Raven H. Abernathy △ correspondances : 2104 △ points : 1 △ multicomptes : thybalt, gwendal, eurydice (denahi) △ à Panem depuis le : 22/01/2012 △ humeur : la mort de Coin, dont les idées commençaient à lui déplaire, a donné un nouvel élan à son implication dans la lutte contre le Capitole △ âge du personnage : trente-six ans △ occupation : lieutenant-colonel dans l'armée du 13 (chef de section, tireur d'élite) ~ membre du conseil de décision post-Coin
| Sujet: Re: RAVEN&MILENA ⊱ ❝i tried so hard, thought i could do this on my own❞ Lun 13 Aoû - 3:43 | |
| Rarement encore je m’étais senti impuissant face à une situation, voir même dépassé … et pourtant aujourd’hui je l’étais, dépassé. Je l’étais parce que j’avais la sensation que ce qui était arrivé à Miléna demeurerait à partir d’aujourd’hui toujours une barrière entre elle et moi, un mur que jamais je ne serais capable de franchir parce que comme elle venait de me le faire remarquer avec sa délicatesse habituelle je ne comprenais rien du tout et ne serais jamais capable de le faire. Et c’était tellement frustrant, de réaliser que quoi que je fasse elle me tiendrait toujours rigueur de cela, de savoir que je pouvais rien faire, rien du tout … je voulais qu’elle aille mieux, c’était ce que je voulais par-dessus tout, et non seulement j’avais l’impression de ne rien pouvoir faire pour l’aider mais surtout j’avais l’impression qu’elle faisait tout pour me laisser à l’écart et m’empêcher de le faire quoi qu’il en soit. Finalement, et aussi douloureux que cela soit à admettre pour moi, Hunter avait peut-être gagné … Il avait plus d’emprise sur Miléna que n’importe quoi d’autre, il avait réussi à obscurcir presque totalement son jugement au point qu’elle ne voyait plus rien d’autre que lui et la vengeance qu’elle rêverait de lui infliger, au point d’en oublier que surenchérir toujours plus ne lui ferait jamais oublier ce qu’elle avait déjà vécu. Est-ce que je pensais que le fait qu’elle essaye de venger l’aiderait à mieux dormir la nuit ? En toute honnêteté non, et elle pouvait bien le nier cela ne me ferait pas changer d’avis ; J’étais sûr et certain que pour réussir à retrouver un semblant de sérénité –quoi qu’il s’agissait d’un bien grand mot en ce qui concernait Miléna– ce qu’elle devait faire c’était laisser tout cela derrière elle. Mais j’avais pris la décision de ne rien dire, parce que je savais que quoi que je dise elle continuerait de simplement me dire que je ne comprenais rien, et surtout son « Mais il est puissant bon sang Raven ! » m’avait atteint telle une gifle en pleine figure et m’avait dissuadé de dire quoi que ce soit de supplémentaire. Donc j’étais censé simplement accepter le fait qu’elle avait sciemment pris le risque de se faire tuer, par quelqu’un qui justement avait déjà failli la tuer une fois ? Il y avait une réelle différence entre penser à se sacrifier si nécessaire –c’était quelque chose que chaque membre de notre armée s’était engagé à faire– et se jeter tête baissée dans la gueule du loup parce que l’on avait aucune considération pour sa propre vie … Et dans l’esprit de Miléna je soupçonnais que la limite entre les deux ne soit pas très bien définie. Quoi qu’il en soit j’avais été tellement surpris par le ton avec lequel elle avait répondu que je n’avais rien osé répondre, me contentant donc de la regarder fermer les yeux d’un air las, sans pouvoir m’empêcher de me demander si c’était le fait que je tente d’éviter qu’elle se fasse tuer bêtement que la fatiguait à ce point. « Il … Il est puissant … Il a un pouvoir sur moi que personne n’a jamais eut … Il est capable de me réveiller en suffoquant et en ayant l’impression que j’étouffe toutes les nuits sans même être là, il est … il a … » Je n’étais pas certain de vouloir entendre la suite de sa phrase, je n’étais pas certain du tout de vouloir l’entendre encore une fois me répéter que sa vie désormais se résumait à Hunter et à l’obsession qu’elle avait développé pour lui qui n’était rien de plus qu’un homme. Dérangé, cruel et indigne de respirer le même oxygène que les autres habitants de cette planète peut-être, mais un être humain, comme elle et moi. Et elle en faisait une espèce de mythe, sans même s’en rendre compte. « Et tant que tu continueras à en faire le centre de ta vie ça changera pas … c’est cette obsession de lui faire payer qui t’empêche de passer à autre chose. Mais c’est vrai qu’est-ce que j’en sais après tout … » Mais dernière réflexion n’était pas acide ou même moqueur, simplement … résignée ? J’avais haussé les épaules, je n’essayais plus de lui faire entendre raison, je savais que c’était peine perdue. Hunter avait gagné, et si tenté qu’il soit encore en un seul morceau il devait jubiler. Et rien de ce que je pourrais dire n’aurait de toute façon grâce aux yeux de Miléna « Je te le reproche pas … Je veux … J’essaye juste de te faire comprendre. Et qu’est-ce que tu voudrais, que je t’écoute sans rien dire ? Je suis désolée mais je sais pas faire ça … » Si, elle savait. Elle savait parce que c’était exactement ce qu’elle avait fait ce soir là il y a trois ans, lorsque j’aurais eut besoin qu’elle m’offre n’importe quoi d’autre que son silence et son apparente indifférence. Elle savait, et tandis que je secouais négativement la tête elle semblait avoir réalisé que oui. « Et je veux pas le faire. Je ferais pas cette erreur une seconde fois. » Et ce n’était pas ce que je lui demandais, ça n’avait jamais été ce dont il était question … je voulais juste comprendre, et qu’elle comprenne en retour. « Je veux juste que tu réalises que tant que tu penseras qu’à ça tu avanceras jamais. Et il t’as déjà fait assez de mal, il mérite pas que tu t’arrêtes de vivre pour lui. » J’avais l’impression que plus la conversation avançait plus elle essayait de se débarrasser de tout ce qui pouvait lui donner l’impression que j’avais une quelconque emprise sur elle, quand en réalité j’avais la sensation de n’en avoir aucune. C’était comme si au fond d’elle elle espérait que je ne comprenne vraiment rien pour avoir une excuse au fait de se sentir toujours plus perdue … Comme si là où nous devrions faire front commun elle s’entêtait à vouloir rajouter des briques au mur qui se dressait déjà entre nous. Le fait d’attendre un enfant la terrorisait, je n’étais pas assez stupide pour ne pas l’avoir remarqué, mais j’étais loin de la ramener aussi en e qui me concernait et si je voulais qu’elle se sente concernée et qu’elle l’assume c’était parce que les choses ne s’arrangeraient jamais en continuait à agir comme si tout cela n’existait pas ; Cela fonctionnait encore pour le moment, et pendant quelques semaines supplémentaires, mais cela ne fonctionnerait pas éternellement, et j’étais persuadé que plus longtemps elle refuserait de voir la réalité en face plus difficile serait la chute. Le fait de n’être potentiellement même pas le père de cet enfant me faisait me sentir à côté de la plaque, et qu’elle s’entête à ignorer la situation comme si elle espérait que cela la ferait disparaitre ne faisait qu’empirer cette sensation. En refusant de me dire quoi que ce soit elle me laissait sur le bord de la route, et si les choses étaient déjà ainsi maintenant je n’osais pas imaginer ce qu’elles seraient dans quelques mois, si le gouffre qu’elle avait décidé de creuser continuait de grignoter du terrain. « Parce que tu crois que je suis pas au courant que je suis concernée ? » Fallait-il vraiment que je réponde à cette question ? Parce que oui, je me posais sérieusement la question. Quelqu’un de concerné, même mort de trouille, n’aurait pas employé autant de temps et d’énergie à ignorer le sujet, et n’aurait pas non plus agi de manière si inconsciente en mettant sa santé en danger. Parce qu’elle essayait de me faire croire qu’elle n’avait écopé que d’un pansement sur le front j’étais censé gober qu’elle avait mis sa raclée à cet imbécile sans qu’il n’oppose la moindre résistance ? Je n’étais pas totalement naïf, même si parfois j’avais l’impression que c’était ce qu’elle espérait. « J’ai pas seulement peur je … » J’étais suspendu à ses lèvres, littéralement. Je savais, ou plutôt je me doutais que ce qu’elle avait à me dire si elle se montrait totalement sincère ne me plairait peut-être pas, sans doute pas même. Mais je préférais cela à ce silence qu’elle me servait depuis un mois, je voulais qu’elle me dise ce qu’elle avait réellement sur le cœur parce que c’était de me poser sans cesse la question qui me fatiguait le plus. « J’ai l’impression que je suis en train de sombrer. Si je fais comme si c’était pas le cas c’est parce que dès que j’y pense j’ai … J’ai l’impression de me perdre je … Et si cet enfant n’est pas le tien ? Et si je meurs, et s tu meurs un jour en le laissant tout seul qu’est-ce qu’il se passera ? Parce qu’on a de grandes chances de mourir tous les jours, tu le sais, et tous les deux. Et si il ou elle devient complètement fou ou folle, bon à enfermer. Parce que pour autant que je sache ça a pas mal de chances d’arriver, autant que tu sois au courant. Et si … » Laissant sa phrase en suspend elle semblait hésiter à la terminer, à moins qu’elle ne reprenne simplement sa respiration après avoir déclamé tout cela presque sans respirer. « Et si j’arrive pas à l’aimer ? Parce que je l’aime pas Raven, je suis désolée mais je l’aime pas. Si j’y arrive pas ? » Je ne devais pas me laisser dépasser, je ne devais pas montrer à quel point ce qu’elle disait m’atteignait. Je ne pouvais pas parce que j’étais celui qui avait voulu qu’elle soit honnête, et parce que je savais que ce que j’entendrais ne me plairait peut-être pas. Sans doute pas. Et ça ne me plaisait pas. « Et si tu y arrives ? » J’avais relevé les yeux vers elle et était bien décidé à ne plus la quitter du regard. Marquant une pause, comme pour lui laisser le temps d’assimiler la question que je venais de poser, j’avais finalement ajouté « Je sais ce qu’implique notre métier, je connais les risques aussi bien que toi … Mais parce qu’on est en temps de guerre on devrait juste s’arrêter de vivre ? » C’était sans doute ce que le Capitole espérait au fond, qu’à force de nous laisser livrés à nous-mêmes notre district finisse par s’éteindre … Mais c’était mal nous connaître. « C’est pas ça qui m’empêche d’espérer qu’un jour j’aurais vu cet enfant grandir, et de l’entendre me demander ce que c’est la guerre parce qu’elle aura pas subsisté assez longtemps pour qu’il ou elle s’en souvienne. Et si par malheur je suis plus là pour lui dire moi-même alors j’espère que toi ou quelqu’un d’autre pourra répondre à cette question à ma place. » Parce que c’était ce dont il était question au fond non ? Ce qui faisait vivre le district et l’empêchait de sombrer c’était l’espoir qu’un jour nous retrouverions ce que nous avions perdu il y a soixante-seize ans. « Et pour ce qui de sa santé et de la tienne, tu sais que j’ai horreur que tu parles de toi dans ces termes là … C’est valable aussi pour lui maintenant. » Parfois il m’arrivait d’oublier comme derrière son côté grande gueule Miléna pouvait douter d’elle, et je savais aussi que ses antécédents psychologiques n’étaient pas pour rien dans cela. Je ne savais pas avec certitude ce qu’elle pensait d’elle-même, à vrai dire j’étais certain que même si je lui posais la question jamais je n’obtiendrais une réponse entièrement sincère –et qui pouvait l’en blâmer ? Je n’étais pas certain de répondre sincèrement moi non plus si l’on venait à me poser la même question– mais ce que je savais en revanche c’était que l’opinion qu’elle avait d’elle-même était à n’en pas douter beaucoup trop sévère. Elle avait des défauts c’est vrai, dont certains m’exaspéraient parfois au plus haut point, et avait vécu des choses sans doute traumatisantes bien avant que toute cette histoire de pacificateurs ne vienne en rajouter une couche … Elle était un tout, un enchevêtrement compliqué de bons et de mauvais côtés, de bons plus que de mauvais je n’avais aucune hésitation là-dessus, et c’était pour tout cela que je l’aimais. Et pour tout cela que je détestais l’entendre se dénigrer comme elle venait une fois de plus de le faire. Quant au fait que je ne sois possiblement pas le père de cet enfant il ne s’agissait pas d’un oubli mais bien d’une omission volontaire de ma part … Sans doute parce que je ne savais pas quoi en dire ou en penser ; Peut-être aussi parce que j’avais peur de me porter la poisse. Mais bien entendu cette question me travaillait, bien trop pour que je ne puisse cesser d’y penser. Je ne savais seulement absolument pas comment je réagirai si une fois le moment venu il s’avérait que cet enfant ne soit pas le mien … Je le considérai déjà comme le mien, j’avais essayé de me raisonner mais rien n’y faisait, je ne savais pas si ce serait mon sang qui coulerait dans ses veines mais ce que je savais c’était que j’avais la sensation de l’aimer déjà comme le mien. De l’aimer, quand Miléna venait de me confier que pour elle il n’en était rien … Là-dessus non plus je ne savais pas quoi dire. Que pouvait-on dire dans ce genre de situation ? Je ne pouvais pas l’obliger à changer ce qu’elle ressentait, je ne pouvais rien faire du tout si ce n’était tenter d’accepter la situation, et c’était à trouver comment gérer cela que j’allais devoir m’employer dans les semaines et même les mois à venir. Reste qu’au fond je le savais. A la minute où j’avais su quand Miléna reviendrait au district treize j’avais compris que cette conversation ne serait pas seulement l’affaire de ma colère envers le fait qu’elle avait agi en me mettant à l’écart et en mettant surtout sa vie en danger de manière délibérée ; Elle serait aussi LA conversation. Celle que elle comme moi avions maladroitement tenté d’éviter pendant plus d’un mois tout en sachant que nous n’y couperions pas et que plus nous attendrions plus douloureuse serait la chose … Et douloureux ça l’était, plus encore que je ne l’imaginais. Le fait de repenser à la façon dont les choses s’étaient terminés était douloureux, retrouver le goût amer de la rupture dans ma bouche était douloureux, me souvenir de ce que j’avais ressenti devant l’apparent mépris de Miléna lorsque j’avais exprimé la décision de la quitter était douloureux … Mais nécessaire, sans doute. Soigner le mal par le mal comme on dit, et primer l’honnêteté même si elle faisait mal, pour pouvoir apprendre de nos erreurs ; La mienne étant surtout d’avoir douté, d’avoir été tiraillé entre ce que je pensais connaitre de Miléna et ce que la rancœur et la déception avaient tenté d’insinuer sournoisement en moi, ces doutes, et ces questions que je pensais sans réponse. « Je sais très bien ce qu’il se disait. Je … Mais que toi … Que toi tu aies pu le penser … » J’avais baissé les yeux sans rien répondre. J’aurais voulu qu’il en soit autrement, j’aurais voulu ne jamais avoir le moindre doute ni sur elle, ni sur moi, ni sur nous, mais je l’avais fait, même guidé par une colère éphémère et même si il n’en était plus de même aujourd’hui. Mais de mes justifications elle semblait n’avoir que faire, du fait de n’avoir pas montré le moindre signe de regret ou de tristesse lorsque j’avais évoqué de manière sérieuse le fait de vouloir la quitter elle ne semblait pas trouver qu’il s’agissait d’une raison suffisante. Pourtant moi je le savais, si elle avait dit quelque chose, tenté la moindre petite chose pour essayer de me faire changer d’avis ou me montrer qu’elle regrettait je n’aurais pas été si catégorique, parce qu’au fond je l’avais quittée à conte-cœur. « Que ça me vexait ? Que ça me VEXAIT ? » J’étais resté stoïque, ne sachant pas comment ce que je venais de dire pouvait l’étonner à ce point là. La blesser oui, mais l’étonner ? Elle était là comme moi ce jour là, elle avait choisi elle-même de ne rien dire, de se contenter de m’offrir son mépris comme si j’étais celui qui avait eut quelque chose à se reprocher … A quoi s’attendait-elle ? « J’ai fait des erreurs, et ma plus grosse ça a été de ne rien dire ce jour là mais … J’ai … J’ai pleuré toutes les larmes de mon corps à peine sortie de chez toi ! J’ai passé la nuit, et celle d’après, et la suivante à pleurer ! Comment tu as pu penser que ça n’avait fait que me vexer ? Comment tu as pu penser ça et m’affirmer maintenant que tu n’as pas tout remis en question, toute notre relation, que tu ne m’as pas complètement remise en question ? » Elle était injuste, en avait-elle seulement conscience ? C’était elle qui avait choisi de ne jamais rien dire, de passer l’intégralité de notre relation à espérer que je devinerais ce qu’elle pensait et que je saurais m’en contenter éternellement, mais je n’étais pas infaillible et il arrivait un moment où les suppositions ne suffisaient plus. J’étais donc selon elle censé continuer à supposer qu’elle m’aimait alors que le fait de me faire mal comme elle m’en avait fait semblait au mieux l’agacer, au pire la laisser de marbre ? « T’as tout fait pour que j’en arrive à cette conclusion … T’as jamais rien dit, jamais, et pendant un an j’ai appris à m’en contenter, mais y’arrive un moment où ça suffit plus. Et là ça suffisait plus, pas après ce qui s’était passé … Tu m’as simplement accusé de ne pas comprendre mais JAMAIS, pas à une seule seconde tu m’as laissé entendre que tu regrettais ce que tu avais fait. Et j’étais supposé faire quoi ? Le deviner ? Ma perspicacité a des limites … » Marquant une pause, j’avais tenté de peser mes mots avant de terminer ma phrase. « Alors c’est vrai, tu as peut-être raison, j’ai douté et j’ai remis certaines choses en question … Mais c’était tout ce à quoi je pouvais me raccrocher, des suppositions. Et c’était pas assez. » Et là-dessus elle ne pouvait pas me jeter la pierre, si elle était un tant soit peu honnête envers elle-même elle ne pourrait pas nier le fait que si je l’avais elle aussi laissée à ses suppositions sans jamais rien dire elle aurait douté elle aussi, autant voir même plus que moi. Alors elle n’avait pas le droit de me blâmer, et pourtant au ton de sa réponse « Ouais, maintenant je sais. » c’était ce qu’elle semblait faire. Me passant la main sur le visage d’un air las j’avais d’abord murmuré « T’aurais préféré que je te mente … ? » avant de laisser retomber mes bras le long de mon corps en soupirant et de la regarder à nouveau dans les yeux et de secouer doucement la tête, moralement épuisé par cette conversation « Ecoute, j’ai vraiment pas envie de m’engueuler … j’suis fatigué, et j’suis désolé. Et surtout je tiens pas à ce que ce qui nous a séparé y’a trois ans se mette à nouveau au milieu … On a pas fait tout ça pour en arriver là une fois encore. » Est-ce que c’était calculé ? Ou bien est-ce que c’était ce que je venais de dire qui avait provoqué cet élan soudain d’honnêteté quant à ce qu’elle ressentait ? J’étais resté silencieux non pas parce que ce qu’elle disait ne provoquait chez moi aucune réaction mais parce que j’avais attendu tellement longtemps qu’elle me dise ces choses là à voix haute que j’avais peur en l’interrompant de la dissuader de continuer. Elle m’aimait. J’avais fini par conclure de mon propre chef que c’était le cas mais jamais encore je ne l’avais entendu me le confirmer, et c’était maintenant que je l’entendais pour de bon que je réalisais combien j’en avais besoin … Pour arrêter de refouler dans un coin de ma tête un Et si ? qui pouvait causer bien des dégâts. Ce Et si ? qui avait été la cause de ces doutes qui m’avaient parasité l’esprit. Elle m’aimait. Et je l’aimais aussi, ça aussi elle le savait mais pourtant j’avais préféré le lui redire, par peur que mes aveux précédents ne la fassent douter à son tour. Ce n’était pas parce que j’avais douté que j’avais cessé de l’aimer, les choses n’étaient pas aussi simples … Et c’était parce que je l’aimais que je n’acceptais pas qu’elle mette sa vie en danger de cette façon, comme si elle était encore seule. Elle n’était plus seule, et elle devait apprendre à agir en conséquence. « D’accord. » M’avait-elle simplement répondu, d’une voix étonnamment calme, avant de soupirer à son tour avec lassitude. Sans un mot de plus d’abord elle s’était à son tour décollée du casier qui me faisait face et s’était finalement assise à côté de moi, et tandis que mes bras mourraient d’envie de s’enrouler autour d’elle mais raison m’empêchait encore de le faire, par peur sans doute d’être rejeté. « Alors pourquoi tu m’as menti ? » Tournant à nouveau la tête vers moi elle me fixait, tandis que de mon côté je fronçais les sourcils et secouait légèrement la tête, sans vraiment comprendre où elle voulait en venir. « Pourquoi tu m’as mise de côté ? Tu pensais que ça m’atteignait pas ? Que ça me concernait pas ? Tu croyais que … » Elle avait marqué une pause, et tandis que je réalisais peu à peu horrifié à quoi elle faisait sans doute référence elle avait repris avant que je ne puisse répondre quoi que ce soit « Tu croyais pouvoir me cacher encore longtemps que c’était ma faute ? Qu’il était mort par ma faute ? Et tu pensais pouvoir me cacher que tu savais très bien qui l’avait tué combien de temps ? » Soupirant, détournant quelques instants son regard pour fixer le carrelage, elle m’avait à peine laissé le temps de trouver de quoi haïr Hunter encore plus que ce n’était déjà le cas et alors que je pensais ne pas pouvoir le détester plus, et finalement elle avait repris d’un ton presque résigné « Parce que tu le savais hein ? T’as pas besoin de répondre, je sais que tu le savais … » C’était vrai, et puisque qui ne dit mot consent mon silence à lui-seul faisait aussi office de répondre. Secouant la tête, fixant le vide devant mes yeux, j’avais finalement murmuré d’un air presque cynique « Justement à cause de ça ... » avant de poser mes coudes sur mes genoux et de cacher mon visage dans mes mains quelques instants. Je ne savais pas pour quelle raison elle pensait que j’avais menti, mais j’étais pratiquement certain qu’elle était loin de la vérité. Passant machinalement une main dans mes cheveux j’avais relevé la tête vers elle avant de répondre « Je savais que tu dirais ça, que c’est de ta faute, et c’est pas vrai … Le seul à blâmer c’est lui. » Reposant mes mains de chaque côté de moi j’avais machinalement agrippé le bord du banc, cherchant mes mots en sachant que mes paroles ne lui feraient pas plaisir ; Mais elle devait les entendre, il le fallait. « Il a agi en égoïste, il a choisi tout seul d’aller là-bas, il s’est jeté dans la gueule du loup sans réfléchir parce qu’il se pensait invincible et parce que son envie de se venger l’a complètement aveuglé … Et on voit où ça l’a mené. Alors tu penses que c’est ce que je voulais pour toi ? Que tu fasses la même connerie que lui, et que tu finisses de la même façon ? Tout ça pour quoi, Cray est mort et il reviendra pas, peu importe ce que tu diras ou feras à celui qui l’a tué. » Cray était mort bêtement et après avoir désobéi à Coin, voilà ce qu’on retiendrait de lui, il était mort de s’être cru invincible et sa bêtise avait eut des répercutions auquel il aurait normalement du penser s’il ne s’était pas montré si égoïste. Et pour cela il ne méritait pas que Miléna vive avec une telle culpabilité « Je te l’ai pas caché parce que je te pensais pas concernée, je voulais simplement pas entendre ça, t’entendre dire que c’est de ta faute … Parce que maintenant je sais que je pourrais te dire n’importe quoi tu continueras de le penser même si c’est pas le cas. Et si tu veux la vérité je lui pardonnerai jamais d’avoir agi sans prendre le temps de penser à ce que te ferai s’il lui arrivait quelque chose. Je lui pardonnerai jamais d’avoir été à ce point égoïste avec toi. » Avalant ma salive j’avais à nouveau relevé la tête vers elle, attendant avec appréhension des reproches que je savais presque inévitables du fait que j’ai osé critiquer Cray. Cray, qui comme le quasi-totalité des personnes qui mourrait était devenu tout de suite parfait et irréprochable dès l’instant où il avait passé l’arme à gauche … comme si on pouvait tout pardonner à quelqu’un sous prétexte qu’il avait cessé de vivre.
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| | | Miléna E. Andréis-Wheeler △ correspondances : 5888 △ points : 1 △ multicomptes : (l. c. meery) △ à Panem depuis le : 04/09/2011 △ humeur : cruellement arrachée à sa famille △ âge du personnage : vingt sept ans pour toujours
| Sujet: Re: RAVEN&MILENA ⊱ ❝i tried so hard, thought i could do this on my own❞ Jeu 16 Aoû - 21:34 | |
| Je ne voulais pas que Raven pense que son avis ne comptait, parce que c'était faux, ça comptait, et ça comptait énormément, c'était aussi pour ça que je ne lui avais pas laissé le choix avant de rendre visite au pacificateur, parce que je savais que s'il me l'interdisait formellement, s'il me suppliait de ne pas y aller, ça aurait été beaucoup plus dur. J'aurais du faire un choix, et si j'avais choisis d'écouter Raven je n'étais pas certaine que je ne lui en aurais pas voulu toute ma vie, de m'avoir ainsi privé de ma vengeance. Alors j'avais pris cette décision. Cette décision que c'était mieux comme ça, bien mieux comme ça. Je ne voulais pas vivre avec des regrets, et ce qu'il s'était passé au district un... Je ne regrettais rien, absolument rien. J'étais désolée d'avoir donné l'impression à Raven qu'il ne comptait pas, parce que rien n'était plus faux, mais je ne regrettais pas la décision que j'avais prise. Il m'en aurait empêché, il l'avait lui même avoué, il l'aurait fait. A partir de là tout était dit. Il ne m'aurait pas laissé y aller. Je savais qu'il ne comprenait pas. Je le savais. Mais pourquoi essayer de me convaincre qu'il avait raison ? Nous ne voyions pas les choses pareilles. Et si pour lui la façon dont j'avais agi n'avait pu que renforcer mon obsession pour le pacificateur, l'emprise dévastatrice qu'il aurait toujours sur moi même dans la mort, je n'arrivais pas à penser comme ça. Non à mes yeux c'était différent, à mes yeux cette vengeance me permettrait bel et bien d'avancer, et à mes yeux rendre la monnaie de sa pièce à Hunter, c'était important. Non n’étions pas fait pareil, nous n’avions pas le même point de vue sur les choses, c’était un fait et c’était surtout pas la première fois et ça ne serait pas la dernière non plus que ça nous arriverai. Alors pourquoi ? Pourquoi ce besoin de me pousser à penser comme lui, pourquoi cette incompréhension devant mon mode de fonctionnement ? Je ne lui demandais pas de changer, je ne lui demandais pas de changer pour me ressembler et pour penser les même choses que moi, et jamais je ne le ferais. Parce que j’étais tombée amoureuse de lui comme il l’était, avec sa façon parfois vieux jeu de penser, avec ses manies adorables comme les plus insupportable, mais je l’aimais entièrement.
« Et tant que tu continueras à en faire le centre de ta vie ça changera pas … c’est cette obsession de lui faire payer qui t’empêche de passer à autre chose. Mais c’est vrai qu’est-ce que j’en sais après tout … » J’avais secoué la tête doucement. Ca me faisait mal, réellement mal cette impression qu’il donnait, que je passais mon temps a agir comme s’il était idiot, que je faisais tout pour le faire passer pour un crétin. Non, je n’avais jamais dit qu’il ne savait pas. Mais j’avais l’impression qu’il ne voulait pas comprendre. Et que parce que ma réaction face à un traumatisme qui était mien ne lui plaisait pas il voulait me faire comprendre que j’avais tort, et que je devrais réagir autrement. Seulement ça non, il ne le savait pas. Parce qu’il n’était pas moi tout simplement. Et parce que je ne le pensais pas capable de réfléchir et de réagir comme moi, tout comme je ne me pensais pas capable de le faire à sa façon. Il avait haussé les épaules. J’avais l’impression qu’un mur s’était dressé entre nous, ou plutôt que nous avions dressé un mur, un mur d’incompréhension. Je respectais sa façon de penser, je respecter sa façon de penser même si je ne la comprenais pas. Mais je n’étais pas certaine qu’il respecte la mienne. Et au fond, c’était peu être ce qui me faisait le plus mal dans toute cette histoire. « Je veux juste que tu réalises que tant que tu penseras qu’à ça tu avanceras jamais. Et il t’as déjà fait assez de mal, il mérite pas que tu t’arrêtes de vivre pour lui. » Je veux. Je veux que tu réaliste quelque chose que je pense. Non, ça ne marchais pas comme ça. Tant que ce fils de pute n’aurait pas eu ce qu’il méritait je n’avancerais pas. Je ne savais pas comment évoluerait les choses, mais aussi étrange que ça puisse paraitre j’étais fière, fière de ce que je lui avais fait. Et si pour Raven ça ne changeait rien, pour moi c’était pas le cas. Je ne cesserais peut être pas de me réveiller la nuit en sueur et morte de peur à cause de cauchemars ou pire de souvenirs, de flashbacks très précis, mais au moins j’aurais à ces moments la pour me réconforter la pensée qu’il avait eu ce qu’il méritait. Et croyez moi, c’était mieux que rien. Et je prenais ça comme un cadeau. « Ca fait plus de deux mois que j’essaye comme je peux de continuer a vivre Raven, je sais pas si tu t’en rends compte … » Deux mois. Un peu plus de deux mois en fait. Huit semaines et deux jours. Cinquante huit jours. Cinquante huit jours une poignée d’heures depuis l’explosion du train, depuis le début de ma descente aux enfers. J’avais sérieusement vu ma fin venir ce jour là, et j’avais réellement cru que je prenais un aller simple pour je ne sais ou si tant est qu’il y ai quelque chose après. Et si j’avais survécu c’était en partie grâce à Raven, grâce à Raven, Cray, et une poignée de soldats venus me chercher, mais surtout grâce à eux deux qui avaient convaincu le treize de monter une équipe pour aller me chercher. Je le savais, et pour ça je serais certainement redevable à vie à Raven, je le savais. Le genre de dette qu’on se rembourse jamais.
Je savais qu’avoir un enfant était censé nous rapprocher, souder notre couple comme rien d’autre ne pouvait le faire, je savais tout ça. Mais j’avais l’impression que cela ne faisait que nous déchirer plus, et j’étais fatiguée de nous observer nous déchirer en ayant presque l’impression de ne rien pouvoir faire. Je ne voulais plus, je ne pouvais plus. C’était devenu trop dur de ne pas être toujours prêt de lui. Je l’aimais tellement que ça en faisait presque mal. Pas le genre d’amour calme, évident, qui structure. Non plutôt le genre qui vous serre les trippe, qui vous rend malade de jalousie, et qui envahi toutes vos pensées. Mais après tout ça avait toujours été le cas, notre relation avait toujours été comme ça, dès le jour ou elle avait commencée. Et en plus de toutes mes peurs, rationnelles ou bien complètement exagérées, je ne nous voyais pas avoir un enfant. Je le voyais père bien sur, mais avoir un enfant avec moi… C’était du domaine du surréel à mes yeux. Et si il me quittait ? S’il n’arrivait pas à pardonner ce que j’avais fait trois ans auparavant, jamais ? S’il se rendait compte qu’il ne pouvait pas vivre avec moi ? Ces question là je ne les avais pas posées, parce que je n’étais pas certaine de vouloir entendre la réponse, et encore moins de pousser Raven à se les poser à son tour.
« Et si tu y arrives ? » J’aurais voulu baisser les yeux mais le regard de Raven avait comme attrapé le mien, et je me sentais incapable de le lâcher. On ne fait pas un enfant sur des suppositions. Voila ce que j’aurais voulu répondre. Mais je m’en sentais incapable, parce qu’au fond cette confiance que Raven semblait mettre en moi – bien que ne m’en sentant pas digne – arrivait à elle seule à me réconforter. « Je sais ce qu’implique notre métier, je connais les risques aussi bien que toi … Mais parce qu’on est en temps de guerre on devrait juste s’arrêter de vivre ? C’est pas ça qui m’empêche d’espérer qu’un jour j’aurais vu cet enfant grandir, et de l’entendre me demander ce que c’est la guerre parce qu’elle aura pas subsisté assez longtemps pour qu’il ou elle s’en souvienne. Et si par malheur je suis plus là pour lui dire moi-même alors j’espère que toi ou quelqu’un d’autre pourra répondre à cette question à ma place. » Mais il ne savait pas. Il ne savait pas ce que c’était que de devoir se construire sans ses parents. Sa mère était morte alors qu’il était déjà presque adulte, mais son père était toujours en vie. J’avais perdu mes parents à douze ans. A douze ans et je n’avais aucun souvenir d’eux. Il ne savait pas ce que c’était, et je ne souhaitais ça à personne, et certainement pas à cet enfant. « Je dis pas qu’on devrait arrêter de vivre seulement… Seulement t’es prêt à prendre ce risque ? Ce risque qu’en plus de poser ce genre de question à quelqu’un d’autre il lui demande aussi "pourquoi mes parents m’ont abandonné ? Est-ce que c’est ma faute ?" Je… Je me la suis posée cette question Raven. Et crois moi c’est pas avec ce genre de base qu’on devient quelqu’un d’équilibré. » Jamais je n’avais parlé à Raven de ce que j’avais pu ressentir, de ce à quoi se résumaient mes souvenirs d’enfance. Bien sur il savait, il savait ou j’avais passé mon adolescence, et il savait aussi que j’avais perdu mes parents jeunes. Mais jamais nous je m’étais ouverte à lui comme j’étais en train de le faire. C’était peut être une des raisons qui faisaient qu’entre nous deux la famille c’était un peu le sujet tabou, qu’avec moi particulièrement la famille c’était un peu un sujet tabou. « Et pour ce qui de sa santé et de la tienne, tu sais que j’ai horreur que tu parles de toi dans ces termes là … C’est valable aussi pour lui maintenant. » J’avais baissé les yeux. Il ne savait pas, il parlait mais il ne savait pas. S’il m’avait connue à cette époque, s’il m’avait connue lorsque j’avais 15 ans, 16 ans, jamais il ne serait tombé amoureux de moi, jamais il n’aurait pu m’aimer. Je n’avais pas répondu mais j’avais seulement lâché son regard, pour baisser la tête et la prendre dans mes mains. Parfois j’avais l’impression qu’elle allait exploser, j’avais cette impression qu’en grandissant, qu’en vieillissant j’avais réussit à construire un mur entre l’adolescente que j’avais été et la personne que j’étais devenue. Qu’avec le temps ce mur j’avais réussit à le consolider. Mais parfois j’avais la sensation que ce mur devenait aussi fin qu’une feuille de papier, et que j’allais péter les plombs, et me laisser complètement envahir et gouverner par cette folle, cette folle que j’avais été. J’aimais que Raven soit capable de dire qu’il n’en avait rien a faire, que ce que j’avais été il s’en fichait et que ça ne le touchait pas, qu’il m’aimait quoi qu’il arrive, mais je n’arrivais pas à le croire. Je savais qu’il le pensait, ou du moins je le pensais du fond de mon cœur. Mais je n’étais pas sure que ça soit vrai, pas sure que s’il savait… S’il voyait. Je ne voulais même pas y penser. C’était aussi pour ça que je m’étais souvent demandée pourquoi Cray s’était attaché à moi, qu’est ce qu’il avait vu en cette pauvre gamine perdue de si spécial. Et je ne savais pas si Raven l’aurait vu, si il aurait été touchée par la Miléna de dix sept ans comme il avait été touchée par celle de vingt et un ans, qui n’avait réellement rien à voir. Peut être que oui. Mais peut être aussi que les choses en auraient été autrement.
Ce qu’il avait pensé de moi me détruisait, véritablement. Parce que j’aurais jamais été capable de penser qu’il n’en avait jamais rien au à faire de moi, je n’aurais jamais été capable de penser que toute ce qu’il rechercher c’était une relation avec une femme plus jeune, une femme sous ses ordres histoire de se sentir puissant. Jamais. Parce que malgré tout j’avais eu foi du début jusqu’à la fin en notre relation, et sa fin prématurée n’avait rien changée à ça. Peut être que c’était ma faute aussi, peut être que je ne lui avais pas montré a quel point il était important pour moi, autant que je l’étais pour lui, mais j’avais cette sensation que j’aurais pu être parfaite durant notre relation ça n’aurait rien changé, que je pouvais être parfaite maintenant encore, mais qu’il serait toujours persuadé que je ne l’aimais pas autant qu’il m’aimait.
« T’as tout fait pour que j’en arrive à cette conclusion … T’as jamais rien dit, jamais, et pendant un an j’ai appris à m’en contenter, mais y’arrive un moment où ça suffit plus. Et là ça suffisait plus, pas après ce qui s’était passé … Tu m’as simplement accusé de ne pas comprendre mais JAMAIS, pas à une seule seconde tu m’as laissé entendre que tu regrettais ce que tu avais fait. Et j’étais supposé faire quoi ? Le deviner ? Ma perspicacité a des limites … » J’étais choquée, choquée d’entendre tout ce qu’il avait sur le cœur. Peut être parce que j’étais pas préparée, mais j’avais ce sentiment que ça aurait été pareil de toute façon. Je l’avais regardé avec un regard triste, le laissant continuer. « Alors c’est vrai, tu as peut-être raison, j’ai douté et j’ai remis certaines choses en question … Mais c’était tout ce à quoi je pouvais me raccrocher, des suppositions. Et c’était pas assez. » Je ne l’avais pas quitté des yeux, et un silence c’était fait, sans que ce regard triste ne quitte mes yeux. J’avais croisé mes bras sur ma poitrine, cherchant comment dire ce que j’avais à dire sans qu’il ne m’accuse encore d’en rajouter ou de tout lui mettre sur le dos, simplement pour essayer de lui faire comprendre comment j’avais ressenti les choses. « Je… » J’avais hésité un instant, et j’avais relevé les yeux vers lui, voyant qu’il attendait une réponse, que je continue ma phrase. « Quand je suis entrée dans ta chambre ce soir là j’ai eu… Ce regard que tu as porté sur moi, les choses que tu as dites, le ton que tu as employé j’ai… J’ai eu le sentiment que ta décision était prise je… Que rien de ce que je pourrais dire ou faire ne t’empêcherai de me quitter. Et je… » Je n’avais pas terminé ma phrase, parce que j’avais senti ma voix se serrer et que ce n’était pas le lieu pour laisser mes émotions m’envahir, et certainement pas le moment. « Je cherche pas à me trouver une excuse je… Seulement y’a toujours deux points de vues dans une situation et… J’essaye juste de t’expliquer le mien. » J’avais baissé les yeux, tentant de me calmer en écoutant le bruit de ma respiration, un truc que Cray m’avait appris entre autre. Mais c’était tout ce à quoi je pouvais me raccrocher, des suppositions. Et c’était pas assez. Je savais, je savais que tout ce que j’avais pu donner n’avais jamais été assez, mais ça faisait mal de l’entendre. « Et je suis vraiment désolé de pas avoir été capable de te donner ce que t’attendais de moi. Désolée. » Oui je l’étais, j’aurais aimé avoir été capable de lui dire je t’aime avant aujourd’hui, de le lui dire quand il me l’avait dit, de le lui susurrer tous les soirs dans l’oreille quand j’étais dans ses bras. J’aurais voulu être ce genre de fille, seulement je l’étais pas. « T’aurais préféré que je te mente … ? » A nouveau j’avais baissé les yeux, et lorsque j’avais répondu ça avait été dans un murmure. C’était comme un aveu, quelque chose de difficile à dire. Surtout parce que je savais qu’il ne comprendrait pas. « Oui… » Non il ne comprendrait pas. Parce que pour Raven la vérité était importante, la franchise était primordiale entre deux personnes. A mes yeux mentir c’était parfois protéger. Comme je l’avais fait il y a trois ans. Et j’aurais voulu qu’il me protège, qu’il m’assure qu’il n’avait jamais pensé ce genre de chose. Oui c’était ridicule, ce besoin d’être protégée comme une gamine de douze ans. « Ecoute, j’ai vraiment pas envie de m’engueuler … j’suis fatigué, et j’suis désolé. Et surtout je tiens pas à ce que ce qui nous a séparé y’a trois ans se mette à nouveau au milieu … On a pas fait tout ça pour en arriver là une fois encore. » Moi non plus, et d’un côté j’étais soulagée, soulagée parce qu’il n’allait pas me quitter. Dans son aveu c’était surtout ce que je retenais. Il n’allait pas me quitter, il était terriblement en colère de ce que j’avais fait, de la décision que j’avais prise d’aller voir Hunter, mais il n’allait pas me quitter. Et jusqu’à présent je n’en avais jamais été sure. Assis en face de moi, il avait baissé les yeux. Moi aussi j’étais fatiguée, fatiguée de refouler cette envie de le prendre dans mes bras, et le fait que pendant ces trois jours où j’étais partie il m’avait terriblement manqué. J’avais envie de faire comme si la discussion que nous venions d’avoir n’avait pas eu lieu, j’avais envie de rentrer, de prendre une douche brulante puis de me glisser sous les draps contre lui, dans ses bras. Seulement c’était pas possible, La discussion qu’on venait d’avoir elle nous pendait au nez depuis qu’on s’était retrouvés, parce qu’on avait tous les deux des choses sur le cœur, et que si on s’était séparé trois ans auparavant il y avait une raison, une raison qu’on ne pouvait pas oublier avant d’en avoir parlé. Qu’est ce que je pouvais dire, a part que j’étais d’accord ? « C’est pas ce que je veux non plus… » Non, je ne voyais pas quoi ajouter d’autre, mais c’était tellement pas ce que je voulais. J’aurais voulu qu’on soit forts, qu’on soit indestructibles, j’aurais voulu que plus jamais rien ne vienne se mettre en travers de nous deux.
Mais pourtant j’avais encore besoin de savoir une chose. Oui, j’avais besoin d’entendre de sa bouche pourquoi il m’avait menti, même si je me doutais de ce qu’il allait me dire. Parce que je voulais plus qu’il ne prenne de décision à ma place, sur ce que je pouvais entendre ou pas, ce que je pouvais supporter. Pour Cray j’aurais du savoir. Pour Cray j’aurais voulu savoir, et c’était a moi de faire face à ma culpabilité, pas à lui de me l’épargner. J’avais cherché quelqu’un a blâmer pour faire mon deuil à la mort de Cray. Alors que la vrai responsable c’était moi.
« Justement à cause de ça ... J’avais vu son visage se perdre dans le vide, et je l’avais vu cacher sa tête dans ses mains un instant. « Je savais que tu dirais ça, que c’est de ta faute, et c’est pas vrai … Le seul à blâmer c’est lui. » J’aurais voulu que ce soit le cas, mais il devait se rendre à l’évidence, tout comme je le devais. Cétait pas le cas. La façon dont j’avais repoussé Cray, sans prendre de pincette, sans le faire en douceur. Peut être que sans ça rien de tout ça serait arrivé. « Tu sais bien que c’est faux… » Peut être qu’Hunter était le principal responsable, mais il n’était pas le seul a blâmer dans cette histoire, Raven le savait comme moi, il savait comme moi le mal que j’avais fait à Cray, d’abord en passant la nuit avec lui sans partager ses sentiments puis en lui disant ces choses affreuses que je ne pensais pas. Du moins j’avais supposé que ce lui c’était Hunter… « Il a agi en égoïste, il a choisi tout seul d’aller là-bas, il s’est jeté dans la gueule du loup sans réfléchir parce qu’il se pensait invincible et parce que son envie de se venger l’a complètement aveuglé … Et on voit où ça l’a mené. Alors tu penses que c’est ce que je voulais pour toi ? Que tu fasses la même connerie que lui, et que tu finisses de la même façon ? Tout ça pour quoi, Cray est mort et il reviendra pas, peu importe ce que tu diras ou feras à celui qui l’a tué. » … Non. Il parlait de Cray. Pour lui le responsable c’était Cray. Et malgré tout ce qu’il s’était passé, malgré tout ce qu’il pouvait dire, jamais je n’arrivais à penser pareil. Ce que j’avais fait à Cray c’était impardonnable. « Je l’aurais fait aussi tu sais. Si je t’avais pensé perdu, si tu… Si tu partais avec une autre alors que je… Que je ressens pour toi certainement plus que ce que Cray a jamais ressenti à mon égard je… Je l’aurais fait. J’aurais fait un truc stupide dans le genre, si j’avais pensé que j’avais une infime chance de te reconquérir. » Je ne pouvais pas m’empêcher de défendre Cray, parce qu’il n’était plus là pour le faire, mais aussi parce que même si je savais et comprenais les griefs que Raven avait à son égard je pouvais pas le laisser dire ça sans tenter d’expliquer. Parce que c’était ma faute, malgré tout ce qu’il pouvait penser c’était ma faute. « Ce qu’il a fait été stupide, y’a aucun doute là-dessus, et ça aurait pas marché s’il était revenu vivant ou même victorieux avec la tête de ce pacificateur sur un plateau parce que c’est toi que j’aime, et ça ça changera jamais mais… Mais je le comprends. » Je cherchais mes mots parce que je voulais pas que Raven le prenne mal, ou se sente en danger à cause d’un type mort, quitte à lui redire que je l’aimais, pour la deuxième fois en quatre ans, la deuxième fois en dix minutes. Mais je voulais pas que la dernière image qu’il ait de Cray soit qu’il était stupide, parce que même si au fond ce que Raven pouvait penser de lui n’avait pas d’importance, il avait été tellement d’autres choses. « Je te l’ai pas caché parce que je te pensais pas concernée, je voulais simplement pas entendre ça, t’entendre dire que c’est de ta faute … Parce que maintenant je sais que je pourrais te dire n’importe quoi tu continueras de le penser même si c’est pas le cas. Et si tu veux la vérité je lui pardonnerai jamais d’avoir agi sans prendre le temps de penser à ce que te ferai s’il lui arrivait quelque chose. Je lui pardonnerai jamais d’avoir été à ce point égoïste avec toi. » J’avais secoué la tête… Non, il pouvait pas dire ça, il n’avait pas le droit de dire ça, pas le droit de le penser je ne voulais pas non. Pas quand j’avais été la plus égoïste de l’histoire. « Dis pas ça… » Baissant les yeux, parce que réellement j’avais honte j’avais marqué un temps d’arrêt, avant de répéter, plus fort. « Dis pas ça… Ce que je lui ai fait. Raven ce que je lui ai fait, puis ce que je lui ai dit, c’était impardonnable. Impardonnable. » J’avais relevé les yeux vers lui, me mordant la lèvre pour lui éviter de trembler. « Et je me pardonnerais jamais d’avoir été aussi égoïste, surtout pas maintenant. » Et j’avais à nouveau baissé les yeux. Au fond c’est ce dont j’aurais eu besoin, le pardon de Cray. L’entendre dire qu’il me pardonnait. J’aurais eu besoin qu’il fasse sont propre chemin, qu’il rencontre quelqu’un, qu’il fonde la famille qu’il méritait, et quand dans quelques années il ait complètement oublié tout ce qu’il avait pu ressentir pour moi. Que tout ça n’ait plus d’importance. Et que ce jour là il puisse me regarder dans les yeux et me dire qu’il m’avait pardonné. Parce que peut être que ce jour là je serais capable de me pardonner à moi-même. Gardant la tête baissée, sans savoir quoi rajouter, sans savoir quoi dire j’avais attrapé sa main, hésitant, doucement. Comme un réflexe, parce qu’il n’avait certainement pas envie de me serrer dans ses bras, mais que j’avais besoin de le sentir près de moi, j’avais besoin de sentir qu’il ne me lâcherait pas. Doucement j’avais relevé les yeux vers lui. Lui aussi, j’espérais qu’il serait capable de me pardonner, de me pardonner pour ce qu’il s’était passé avec Hunter trois ans auparavant, et ce qu’il s’était passé il y a quelques jours, de ce que je n’avais pas su lui dire lorsqu’il m’avait mise au pied du mur, de jamais avoir été capable de lui montrer à quel point je l’aimais et j’avais besoin de lui, de pas être ce qu’il aurait besoin voir même peut être envie que je sois.
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| | | Raven H. Abernathy △ correspondances : 2104 △ points : 1 △ multicomptes : thybalt, gwendal, eurydice (denahi) △ à Panem depuis le : 22/01/2012 △ humeur : la mort de Coin, dont les idées commençaient à lui déplaire, a donné un nouvel élan à son implication dans la lutte contre le Capitole △ âge du personnage : trente-six ans △ occupation : lieutenant-colonel dans l'armée du 13 (chef de section, tireur d'élite) ~ membre du conseil de décision post-Coin
| Sujet: Re: RAVEN&MILENA ⊱ ❝i tried so hard, thought i could do this on my own❞ Lun 20 Aoû - 19:26 | |
| Depuis que j’avais retrouvé Miléna j’étais partagé entre deux sentiments, deux volontés totalement opposées mais qui pourtant cohabitaient difficilement dans mon esprit sans que je ne parvienne à choisir : Je voulais que Miléna redevienne un jour ce qu’elle était quand je l’avais connue, cette forte tête un peu trop sûre d’elle et un peu trop tête brûlée, et plus cette personne brisée et intérieurement détruite … Je savais qu’un jour elle le redeviendrait, je ne savais pas si elle-même en avait conscience mais moi je le savais, elle était forte, assez forte pour réussir un jour à surmonter tout cela. Mais d’un autre côté j’avais peur de voir ce jour arriver trop vite, car si le fait de la voir si mal m’était insupportable le fait de l’imaginer à nouveau foncer tête baissée dans tout ce qui risquait de la faire tuer l’était à mes yeux tout autant. Nous faisions un métier dangereux je ne l’ignorais pas bien sûr, mais justement je savais du coup que nous avions assez de raisons de mourir tous les jours, comme ça d’un seul coup, et elle encore moins que les autres n’avait de ce fait pas besoin d’aggraver les choses en se mettant délibérément dans des situations dangereuses … Elle encore moins que les autres parce qu’elle n’était pas n’importe qui, pas pour moi. C’était Miléna, MA Miléna, et si la mort d’un soldat était toujours une perte la mort de Miléna ne serait pas juste cela pour moi, ce serait bien plus, bien pire … Bien trop pour que je ne puisse un jour espérer m’en remettre. J’avais tenté dès que possible de refouler ce souvenir aussi loin que possible dans mon esprit, assez loin pour espérer parvenir à ne plus y penser, à ne même plus m’en rappeler, mais je savais que jamais je n’oublierais ce que j’avais ressenti à la seconde où j’avais appris la mort de Miléna. Sa supposée mort. « T’es au courant ? » m’avait demandé Blackwell, un type que j’avais connu à l’époque de ma formation, autant dire il y a une éternité. Il avait cet air en dessous qui m’intriguait, mais haussant les épaules j’avais simplement répondu « Au courant de quoi ? » sans me douter de ce que j’allais me prendre en pleine figure. Blackwell m’avait regardé d’un drôle d’air, et de mon côté je lui avais adressé un regard impatient, parce que je n’avais pas que ça à foutre et que je n’étais pas d’humeur aux devinettes « L’équipe d’Andréis-Wheeler, y’a eut un problème au un … ils sont morts. Tous. » Il m’avait balancé cela comme ça, comme si ce n’était pas important, comme si c’était … Une chose qui arrive. C’était ce que répétait parfois ma mère lorsque j’étais gosse pour expliquer la fatalité, ce sont des choses qui arrivent. Je ne me rappelais plus vraiment comment j’avais regagné mes quartiers, à vrai dire je ne me rappelais plus grand-chose de cette soirée et de cette nuit là, si ce n’est que je n’avais pas réussi à aller plus loin que ma porte une fois refermée et que j’avais passé plusieurs heures là, à même le sol à me demander si ma vie avait toujours un sens parce que force était de constater que je ne lui en avais plus trouvé aucun. Mais ce dont je me souvenais parfaitement en revanche c’était de toute cette tristesse, toute cette colère, toute cette frustration qui avaient fini par m’étourdir au point de physiquement me sentir mal, vraiment mal. Je m’en souvenais assez pour que rien que le fait d’y repenser fasse trembler mes mains, apparaitre cette boule au fond de ma gorge et je ne voulais pas revivre ça, jamais. Parce que j’avais eut l’impression de perdre toute une partie de moi, la plus importante, et ce alors que Miléna et moi ne nous adressions quasiment plus la parole de puis déjà trois longues années … Alors maintenant que je l’avais retrouvée, maintenant qu’elle était à nouveau là avec moi, je ne savais pas du tout comme je pourrais supporter de la perdre à nouveau, je n’étais pas certain de pouvoir le supporter. De supporter plus que ce que j’avais déjà ressenti la première fois. Et c’était cette peur qui me faisait parler, c’était cette peur qui me forçait à faire tous ces reproches à Miléna pas parce qu’elle méritait de les entendre mais parce que j’avais besoin qu’elle les entende, tout comme j’avais besoin qu’elle prenne conscience que je ne voulais pas laisser quoi que ce soit ou qui que ce soit permettre qu’elle ne se mette à nouveau en danger de cette façon, parce que l’idée de revivre tout cela à nouveau me paralysait littéralement. Pendant les sept années que j’avais passées avec Vanya je n’avais jamais compris ses réactions parfois excessives quant aux risques que mon métier impliquait forcément, mais aujourd’hui j’avais la sensation de comprendre enfin ce que cela avait été pour elle. « Ça fait plus de deux mois que j’essaye comme je peux de continuer à vivre Raven, je sais pas si tu t’en rends compte … » Etait-ce un reproche dissimulé à mon égard ? Cela sonnait comme un reproche en tout cas, et pourtant oui, je m’en rendais compte. Je m’en rendais compte parce qu’elle avait changé. Miléna avait changé, et je savais que ce n’était pas simplement l’œuvre des trois années que nous avions passées l’un sans l’autre … C’était ces quatre jours, ces quatre petits jours durant lesquels j’avais pensé ne jamais la revoir, et encore moins vivante, qui avaient changé ce qu’elle était aujourd’hui. Et ce qui m’était insupportable c’était que je ne pouvais rien faire, rien du tout pour l’aider … j’aurais donné n’importe quoi, et fait n’importe quoi pour l’aider mais je ne pouvais pas, je ne pouvais que contempler, et cette sensation je ne l’avais ressentie qu’une seule fois dans ma vie avant aujourd’hui. Lorsque j’avais regardé Melwyn mourir à petit feu, sans pouvoir rien faire là non plus. Alors cet enfant ce n’était pas un caprice, et ce n’était pas uniquement une question d’éducation, même si je ne pouvais pas nier que la famille dans laquelle j’avais grandi me rendait forcément moins réticent que Miléna à l’idée de fonder une famille à mon tour, mais c’était aussi une question d’espoir … C’était aussi une manière de se prouver que vivre dans le treizième district et travailler pour son armée ne signifiait pas que nous n’avions pas le droit de vivre pour nous ; Je vivais pour servir la rébellion certes, mais avec les années j’avais fini par comprendre que je ne voulais pas vivre uniquement pour cela, je voulais aussi vivre pour moi et parce qu’au fond de moi je croyais sincèrement qu’un jour cette guerre prendrait fin. « Je dis pas qu’on devrait arrêter de vivre seulement … Seulement t’es prêt à prendre ce risque ? Ce risque qu’en plus de poser ce genre de question à quelqu’un d’autre il lui demande aussi "pourquoi mes parents m’ont abandonné ? Est-ce que c’est ma faute ?" Je … je me la suis posée cette question Raven. Et crois-moi c’est pas avec ce genre de bases qu’on devient quelqu’un d’équilibré. » J’étais resté quelques secondes sans rien répondre, cherchant une façon de formuler ma pensée qui serait comprise Miléna sans qu’elle ne le prenne contre elle « Je dis pas que … Je le sais, je sais que je peux pas comprendre ton point de vue là-dessus même si j’essayais, parce que c’est vrai, j’ai eut de la chance. J’ai eut des parents formidables, une petite sœur qui le serait sans doute aussi si elle était toujours là … et je sais pas ce que c’est que de se sentir tout seul. » Nouvelle pause, me mordant presque imperceptiblement la lèvre je cherchais mes mots. Miléna ne m’avait jamais réellement parlé de son enfance ; J’en savais le strict minimum parce que j’avais lu son dossier et me l’avait redis elle-même sans apporter plus de précisions, mais elle ne m’en avait jamais parlé. Et de mon côté je n’avais jamais osé poser la moindre question, ne souhaitant pas remuer chez elle des choses sans doute douloureuses. Ces choses là j’aurais pu les lui dire avant mais je n’en avais jamais eut l’occasion, parce que des occasions d’aborder le sujet de la famille nous n’en avions jamais vraiment eut. « Mais c’est pas toujours comme ça, tu sais ? Ici on connait tous quelqu’un qui a perdu un de ses parents, parfois même les deux … même toi, regarde Cray. Et c’est toujours dur, sans doute, mais ça se passe pas toujours aussi mal que pour toi. » A m’entendre parler on avait peine à croire que quelques minutes plus tôt j’étais pratiquement hors de moi. J’avais repris ce ton rassurant que Miléna avait sans doute déjà entendu et qui ne jurait ici que par le fait qu’elle se trouvait à bonne distance de moi quand j’aurais eut envie de simplement la serrer dans mes bras et lui murmurer que tout irait bien. « Et je veux pas partir du principe que cet enfant perdra au moins un de ces deux parents … Mais si c’est le cas il sera pas tout seul. Il sera jamais tout seul, parce qu’il restera toujours au moins quelqu’un pour lui dire que non, on a pas choisi de le laisser tout seul et que non, ce n’est pas de sa faute. » Je ne pouvais peut-être pas comprendre ce que ressentait Miléna vis-à-vis de son enfance, mais j’étais certain que si elle avait eut quelqu’un pour lui dire d’où elle venait et lui raconter qui était ses parents elle ne se serait pas sentie si abandonnée. Si elle avait eut quelqu’un pour simplement répondre à ses questions son enfance ne lui paraitrait peut-être pas aussi sombre. « Et pour répondre à ta question oui, je suis prêt à prendre le risque. Pas parce que j’aime jouer avec le feu mais parce que j’ai la certitude que ça en vaut vraiment la peine. » J’aurais voulu pouvoir déchiffrer ce qui se passait dans la tête de Miléna grâce à son visage, j’aurais voulu pouvoir deviner ce qu’elle avait en tête simplement en la regardant, mais à cet instant la chose me semblait totalement impossible. Une partie de moi aurait souhaité que toute cette conversation n’ait jamais eut lieu, mais l’autre savait qu’elle était devenue inévitable et que si cela n’avait pas été aujourd’hui alors cela aurait été la semaine suivante, ou le mois suivant, mais nous ne nous en serions pas sortis sans y passer en tout cas … Il y avait des choses que nous avions besoin de dire, d’autres que nous avions besoin d’entendre et repousser sans cesse l’échéance n’aurait pas changé l’issue finale de la conversation. Cette issue cependant je ne savais plus vraiment où elle nous menait, puisqu’en disant ce que j’avais sur le cœur, ce que j’avais parfois gardé dans un coin de ma tête depuis trois longues années j’avais la sensation de faire plus de mal que de bien. Mais j’avais besoin de dire ce que j’avais sur le cœur parce que je voulais comprendre Miléna. Puisqu’elle m’assurait n’avoir jamais douté et avoir été réellement affectée par notre discussion d’il y a trois ans je voulais comprendre pourquoi elle avait tout fait pour me faire croire le contraire, pourquoi elle avait mis tellement d’efforts pour essayer de me persuader que ce que je disais ne l’atteignait pas … Parce que toutes ces choses que je lui avait jeté à la figure c’était uniquement pour cela, pour essayer de la faire réagir, pour tenter désespérément de voir que ce que je disais et ce qui était en train de se passer ne la laissait pas totalement indifférente. « Je … Quand je suis rentrée dans ta chambre ce soir là j’ai eut … Ce regard que tu as porté sur moi, les choses que tu as dites, le ton que tu as employé j’ai … J’ai eut le sentiment que ta décision était déjà prise je … Que rien de ce que je pourrais dire ou faire ne t’empêcherait de me quitter. Et je … » J’étais comme pétrifié par sa réponse, à mesure que je réalisais tout le gâchis que notre incompréhension mutuelle avait causé … J’avais tiré de mauvaises conclusions, elle aussi, et à cause de cela nous avions failli ne plus jamais nous retrouver, si elle n’était pas passée si près de la mort je n’aurais peut-être jamais réalisé ma bêtise, et elle n’aurait peut-être jamais trouvé le courage de venir frapper chez moi il y avait de cela un mois. « Je cherche pas à me trouver une excuse je … Seulement y’a toujours deux points de vue dans une situation et … J’essaye juste de t’expliquer le mien. » Je me sentais tellement stupide, je ne comprenais même pas comment j’avais pu ne rien voir. Ou plutôt si je comprenais, j’avais été aveuglé par ma colère et je n’avais rien voulu voir d’autre, j’avais tellement eut l’impression d’être pris pour un imbécile que je n’avais même pas voulu entendre ses justifications … j’aurais voulu qu’elle me dise simplement qu’elle regrettait, et dès l’instant où elle m’avait fait comprendre que si c’était à refaire elle referait la même chose je m’étais fermé à toute discussion, parce que la réponse faisait bien trop mal. « Et je suis vraiment désolée de pas avoir été capable de te donner ce que t’attendais de moi. Désolée. » J’avais baissé les yeux. Qu’elle s’excuse je l’avais espéré, mais parce que je réalisais que pour l’heure cela ne me faisait pas me sentir mieux je me sentais du coup d’autant plus mal. « Non c’est moi … c’est moi qui suis désolé. » Marquant une pause j’avais relevé les yeux vers elle, la gorge serrée, et cherchant mes mots j’avais repris « Je suis désolé de toutes les choses que je t’ai dites ce jour là, y’en a certaines que je pensais pas, et même si j’ai pensé les autres parce que j’étais en colère j’avais pas le droit de te les jeter à la figure de cette façon … Et je m’en veux, parce que si je les ai dites c’est uniquement pour tenter de te faire réagir, parce que tu m’avais fait tellement de mal que je voulais pas être le seul à souffrir, je trouvais pas ça juste, et si j’avais … si j’avais su à quel point ça avait pu t’atteindre j’aurais pas dit tout ce que j’ai dit. J’suis désolé … » Ces excuses je savais que je les lui devais, je le savais depuis même avant sa supposée mort, avant d’aller la chercher au Capitole … bien avant ça. Parce que j’avais été injuste, et de m’être senti trahi ne justifiait pas que je me sois acharné sur elle à ce point là en lui disant des horreurs simplement pour la faire réagir … J’avais eut tort, et ça je n’avais au fond pas mis longtemps à m’en rendre compte. J’avais en revanche mis beaucoup trop de temps à lui fournir les excuses qu’elle méritait, porté d’abord par le fait qu’elle ne semblait extérieurement pas avoir été touchée le moins du monde par notre rupture et par tout ce que j’avais pu lui dire, puis par le fait qu’après l’avoir enfin retrouvée j’avais eut peur qu’en remuant la boue nous nous perdions à nouveau … J’avais été lâche. Je ne savais pas si je me sentais forcément mieux, mais ce qui était certain c’était qu’après avoir à la fois dit ce que je lui reprochais et avoué ce que je regrettais je me sentais plus léger … Mais mes reproches, s’ils avaient le mérite d’être honnête ne pouvaient en tout logique pas faire plaisir à Miléna, aussi lorsque je lui avais posé la question, lorsque je lui avait demandé si elle aurait préféré un mensonge, je n’avais pas été tellement étonné de l’entendre me répondre « Oui … » J’étais déçu, c’est vrai, parce que même si la réponse ne me surprenait pas j’aurais aimé qu’elle soit différente, mais je m’y attendais. Pour autant je n’avais rien répondu, parce que je n’avais pas envie de remettre de l’huile sur le feu et parce que j’étais fatigué de cette dispute … Je voulais qu’elle comprenne que son escapade au un sans rien me dire ne me plaisait pas mais pour autant je n’avais pas envie de passer la soirée, voir même les jours à venir à me prendre la tête avec Miléna, chose que fort heureusement elle semblait partager « C’est pas ce que je veux non plus … » S’étant finalement assise à mes côtés elle avait pourtant marqué une hésitation avant de finalement mettre un dernier sujet sur le tapis, pas par désir d’empirer à nouveau la situation mais parce qu’elle semblait vraiment ne pas comprendre … et elle n’avait pas compris. J’avais menti à propos de Cray c’est vrai, et qu’elle le croit ou non je n’en étais pas fier et ne l’avais pas fait de gaîté de cœur, mais surtout je ne l’avais pas fait pour lui nuire ou bien parce que j’estimais qu’elle n’avait pas le droit de savoir. Elle avait le droit de savoir, parce que même si je ne pourrais jamais prétendre avoir apprécié Cray sans qu’il ne s’agisse d’un mensonge, je comprenais en revanche qu’il ait été important pour elle … Mais important au point qu’elle ne prenne le risque de le rejoindre au fond d’une tombe, ou plutôt d’un fossé du district un ? J’étais égoïste mais je ne pouvais pas m’y résoudre … Pas alors que je tenais Cray pour seul et unique responsable de sa fin, une fin minable. « Tu sais bien que c’était faux … » Non, je ne le savais pas, et même j’étais persuadé du contraire. Personne ne l’avait poussé à aller là-bas, et à y aller en cachette comme un voleur, il avait pris sa décision tout seul comme un grand … et il en avait assumé les conséquences tout aussi seul. « Je l’aurais fait aussi tu sais. Si je t’avais pensé perdu, si tu … Si tu partais avec une autre alors que je … Que je ressens pour toi certainement plus que ce que Cray a jamais ressenti à mon égard je … Je l’aurais fait. J’aurais fait un truc stupide dans le genre, si j’avais pensé que j’avais une infime chance de te reconquérir. » Au fond qu’elle défende les actes de Cray je m’y attendais un peu, j’avais dit ce que j’avais dit pour tenter de lui faire comprendre pourquoi j’avais pris la décision de mentir mais je n’espérais pas lui faire entendre raison sur la bêtise de Cray … et je savais qu’à sa place, si Cray avait été mon ami et non le sien, j’aurais tout fait pour lui trouver des excuses moi aussi. « Ce qu’il a fait était stupide, y’a aucun doute là-dessus, et ça aurait pas marché s’il était revenu vivant ou même victorieux avec la tête de ce pacificateur sur un plateau parce que c’est toi que j’aime, et ça ça changera jamais mais … Mais je le comprends. » Je ne savais pas quoi répondre … A vrai dire je ne savais pas parce que je ne savais pas ce que moi j’aurais fait à la place de Cray. Je ne savais pas si j’aurais fait la même chose, ou plutôt si je savais que je n’aurais pas fait la même chose et pour cette raison j’avais la sensation que sans même le vouloir elle me balançait à la tête le fait que Cray l’aimait peut-être plus sincèrement que moi je l’aimais. Et ça c’était tout bonnement insupportable. « Tu pense vraiment que c’est une preuve d’amour ce qu’il a fait ? Que c’est héroïque ? » Je n’osais même pas la regarder dans les yeux en posant ma question, j’avais trop peur de ce qu’elle réussirait à lire dans les miens si je le faisais … alors j’avais simplement continué « C’est pas prendre des risques ce qu’il a fait … Prendre des risques c’est ce que toi tu as fait en profitant d’une mission pour aller régler un compte, mais ce qu’il a fait c’est pas ça … Il est partit tout seul, il a tout fait pour qu’on le retrouve pas, il a même pas pris son traqueur, il a prévenu personne, même pas sa sœur … moi j’appelle pas ça prendre des risques. J’appelle ça du suicide. » Est-ce que je sous-entendais que Cray avait tout fait pour arriver à l’exécution qui lui avait été fatale ? Non. Mais en revanche j’étais certain qu’il savait très bien dans quoi il s’embarquait et le peu de chance qu’il avait de revenir au treize en faisant ce qu’il avait décidé de faire … Il l’avait fait en toute connaissance de causes, il avait pris sa décision. Et pour ça le seul à blâmer c’était lui-même. « Dis pas ça … » Pourquoi ? Je le pensais, et elle savait que je le pensais. Je n’avais jamais apprécié Cray, encore moins durant les deux mois qui venaient de s’écrouler, mais désormais je réussissais à le détester et le fait qu’il ne soit plus de ce monde ne serait pas suffisant pour me faire changer d’avis. « Dis pas ça … Ce que je lui ai fait. Raven ce que je lui ai fait, puis ce que je lui ai dit, c’était impardonnable. Impardonnable. » J’avais tourné la tête vers elle, secouant négativement la tête mais cela ne l’avait pas empêchée de continuer « Et je me pardonnerai jamais d’avoir été si égoïste, surtout pas maintenant. » Et c’était pour cette raison que de mon côté jamais je ne pardonnerai son acte à Cray, parce qu’à cause de lui Miléna vivrait avec cela sur la conscience toute sa vie alors qu’elle ne le méritait pas, je savais qu’elle ne le méritait pas. Malgré moi j’avais laissé un rictus ironique apparaitre sur mon visage et je n’avais pu m’empêcher de répondre « C’était ni le premier ni le dernier à avoir une peine de cœur, c’est pas une excuse … ça excuse pas le fait qu’il te punisse de cette façon. S’il t’aimait autant qu’il le disait il y aurait pensé avant de partir vers une mort quasi-certaine juste par refus d’avoir tort. Tu lui as peut-être dit des choses que tu regrettes mais ce qu’il a fait il a pas eut besoin de toi pour le faire. » Mes mots étaient durs, même si le ton employé ne l’était lui pas du tout … J’en voulais à Cray, mais je voulais surtout que Miléna entende quelqu’un lui dire qu’elle avait peut-être le droit de s’en vouloir de ce qu’elle avait dit, mais certainement pas de ce qui était arrivé à Cray, parce que ça il l’avait choisi en ne pensant qu’à lui. Qu’est-ce qu’il croyait, qu’en faisant culpabiliser Miléna elle finirait par revenir vers lui par pitié ? Quel imbécile. Soupirant d’un air las j’avais passé fébrilement une main sur ma figure comme si cela suffirait à chasser tout ce qui me causait souci … J’avais l’impression que tout cela ne se terminerait jamais, que même si comme elle le disait sa confrontation avec Hunter lui permettait d’avancer ce qui était arrivé à Cray resterait désormais toujours un frein … Et si elle pensait de cette manière toute sa vie, si même dans un, cinq, dix, vingt-cinq ans elle continuait de penser que la mort de Cray était de sa faute ? Ce n’était pas juste, elle ne méritait pas ça … J’aurais tellement voulu qu’elle ne l’apprenne jamais, que maintenant que le sujet Hunter était à priori clos elle puisse simplement tenter de tourner la page sans qu’il n’y ait autre chose pour lui peser quand même sur les épaules … J’aurais voulu qu’elle ne l’apprenne pas, j’aurais pu mentir à ce sujet jusqu’à la fin de ma vie si cela lui avait permis de tourner la page pour de bon. Après un temps qui me parut durer une éternité, et pendant lequel son silence m’avait dissuadé de regarder à nouveau de son côté de peur de ce que je verrais, de ce que je pourrais peut-être lire sur son visage, j’avais légèrement sursauté en sentant sa main glisser dans la mienne avant de la resserrer à mon tour. Après plusieurs secondes, entrelaçant finalement mes doigts avec les siens, j’avais enfin relevé les yeux vers elle et ouvert la bouche pour tenter de dire quelque chose, mais j’avais la sensation que les mots étaient restés coincés au fond de ma gorge. Secouant légèrement la tête, et papillonnant des yeux plusieurs fois comme pour en chasser ce qui commençait à les brûler, j’avais relevé la tête pour la regarder dans les yeux « Je suis tellement désolé … » Marquant une pause, pas parce que je cherchais mes mots mais parce que j’en avais besoin, j’avais repris « Je m’en veux parce que j’ai tellement peur de te perdre que ça me persuade de faire des choses que je cautionne même pas en temps normal … j’ai tellement peur de te perdre que j’en viens à faire des choses pour lesquelles je sais que tu m’en voudras, comme te mentir à propos de Cray, et je sais que je devrais pas, je sais que j’ai pas le droit de le faire mais … Je peux pas, je veux pas passer les mois et les années à venir à avoir peur qu’on vienne frapper à ma porte et m’annoncer que tu étais toute seule et que tu t’es faite tuer, je peux pas … pas quand on a déjà autant de chance de pas revenir à chaque fois qu’on part en mission pour Coin. C’est déjà assez, c’est déjà trop … » Je savais bien que les risques, dans notre métier, feraient toujours partie de notre quotidien ; Je le savais et je l’acceptais. Mais je ne pouvais pas accepter plus, c’était ma limite, c’était tout ce que je pensais pouvoir accepter …
Dernière édition par Raven H. Abernathy le Jeu 30 Aoû - 21:24, édité 1 fois |
| | | Miléna E. Andréis-Wheeler △ correspondances : 5888 △ points : 1 △ multicomptes : (l. c. meery) △ à Panem depuis le : 04/09/2011 △ humeur : cruellement arrachée à sa famille △ âge du personnage : vingt sept ans pour toujours
| Sujet: Re: RAVEN&MILENA ⊱ ❝i tried so hard, thought i could do this on my own❞ Mar 21 Aoû - 20:40 | |
| Non je ne savais pas certes ce que c’était que de se voir annoncer la mort de la personne a laquelle on tiens le plus, et dans mon cas l’une des seules à laquelle on tiens même. Je ne savais pas ce que c’était mais je savais à quoi ça devait ressembler. Parce que ce que j’avais ressenti lorsqu’on m’avait dit que Cray était mort m’avait mise à terre, ça m’avait coupé la respiration, j’avais eu l’impression que c’était moi qu’on frappait, quoi qui subissait les coups et tout ça était à présent amplifiée par la récente révélation d’Hunter, a savoir que tout ça était ma faute. Et ce n’était pas Cray. Ce n’était que Cray qui était mort. Et si demain on venait frapper à ma porte, si demain Vanya venait frapper à ma porte, ou n’importe qui d’autre, et m’annonçait que Raven était mort ? Je pense que je serais honnêtement incapable de m’en remettre, jamais complètement. Je pense que je n’y survivrai pas. Et je savais pertinemment que si l’on m’avait annoncé la mort de Raven comme on lui avait annoncé la mienne, alors que nous n’étions plus ensembles, l’effet aurait été le même. Parce que même en faisant tout ce que l’on pouvait pour s’ignorer, même en faisant semblant de ne jamais avoir été l’un pour l’autre, même en faisant semblant de se détester parfois même, nous n’avions l’un comme l’autre jamais pu nous voiler la face. J’avais cru réussir, et tout m’était revenu comme une claque, ce jour ou au capitole Hunter m’avait dit que je ne comptais pour personne, que personne ne viendrait me chercher ni encore moins me pleurerait. Je m’étais dis que j’aurais voulu que ce soit faux, qu’il y avait une personne pour laquelle j’avais envie de compter. Et cette personne c’était Raven, malgré notre séparation et malgré les lames de poignard qui s’enfonçaient dans mon cœur à chaque fois que mon regard croisait le sien, ou même que mes pensées se perdaient pour aller le retrouver. Donc j’arrivais à comprendre, j’arrivais à comprendre le fait qu’il ne veuille plus jamais revivre ça, même en n’imaginant pas la douleur qu’il avait du ressentir lorsqu’il l’avait appris la première fois malgré tout. Qui lui avait dit ? Comment l’avait-il appris ? Je m’étais déjà posée ces questions. Etait-il seul, qu’avait-il fait ? Avait-il pleuré, m’avait-il pleuré, nous et notre passé ? Parce que je l’aurais pleuré, je ne m’étais pratiquement jamais laissée allée à la moindre émotion en public, mais je pense que si l’on m’avait annoncé ça j’aurais pleuré, j’aurais pleuré tant le sol se serait écroulé sous mes pieds. Et tout ça c’était vrai, tout ça c’était sincère, ce que je ressentais pour lui était sincère. Alors pourquoi le fait que je ne veuille pas de famille aurait du remettre tout ça en question ? Pourquoi ? J’avais l’impression qu’il ne me le disait pas, qu’il ne me le jetait pas au visage, mais qu’il le pensait réellement au fond de lui, que le fait que je ne veuille pas d’enfant signifiait que je ne voulais pas de futur avec lui. C’était faux, un futur avec lui j’en voulais un, c’était pour ça que j’avais marché jusqu’à sa porte ce soir là, malgré tout ce qu’il avait pu se passer. Avoir l’impression que la vie me quittait m’avait appris deux choses. La première c’était que je voulais vivre, et la seconde c’est que je voulais vivre avec lui à mes côtés.
Quand a savoir si mon passé y était pour quelque chose, ça serait mentir que de dire que non. Oui, ce que j’avais vécu avait beau faire partie intégrante de moi et de qui j’étais à présent ça ne rendait pas pour autant les souvenirs que j’en gardais très agréable. Et mon adolescence je ne la souhaitais à personne, non à personne. Alors oui, peut être que si j’avais pu vivre avec mes parents pendants de longues années, avoir ma sœur à mes côtés aujourd’hui peut être que je serais différente, surement que je serais différente. Mais je n’aurais aussi certainement jamais rencontré Raven. Et rien que pour cette raison il n’y avait rien que je voulais modifier aujourd’hui. Parce que c’était la mort de mes parents qui avait mené au fait d’intégrer le district 13, et parce que c’était ces quatre jours passés au capitole qui m’avaient mené devant la porte de la chambre de Raven.
« Je dis pas que … Je le sais, je sais que je peux pas comprendre ton point de vue là-dessus même si j’essayais, parce que c’est vrai, j’ai eut de la chance. J’ai eut des parents formidables, une petite sœur qui le serait sans doute aussi si elle était toujours là … et je sais pas ce que c’est que de se sentir tout seul. » Toute seule, oui je m’étais sentie toute seule. Pendant des années, pendant toutes ces années que j’avais passé dans l’aile psychiatrique j’avais été entourée mais je ne m’étais jamais sentie aussi seule, pas même lorsque Raven m’avait quitté. Mais ça avait pas été ça le pire. Le pire ça avait été de ne pas réussir à mettre le doigt sur ce qui était vrai et sur ce qui était faux, et d’avoir personne pour m’aider à le faire, pour réellement vouloir m’aider, pas quelqu’un pour chercher seulement à guérir mon esprit malade. Non quelqu’un qui aurait cherché avant tout à faire ce qui était bien pour moi. Regardant Raven dans les yeux je n’avais pas répondu, parce qu’il avait raison, il ne pouvait pas comprendre, c’était comme ça et si c’était triste ça ne pouvait pas être autrement. « Mais c’est pas toujours comme ça, tu sais ? Ici on connait tous quelqu’un qui a perdu un de ses parents, parfois même les deux … même toi, regarde Cray. Et c’est toujours dur, sans doute, mais ça se passe pas toujours aussi mal que pour toi. » C’était peut être aussi ce qui me manquait, une des choses qui me manquaient à vrai dire pour être capable de vouloir cette enfant. Cette certitude que parfois les choses se passaient bien. Je le savais pourtant, j’avais l’exemple de Raven, des exemples j’en avais des tas d’autres. Mais là seule chose à laquelle je pouvais me raccrocher c’était mon expérience personnelle. Je n’arrivais simplement pas à ouvrir assez les yeux pour voir le reste. « Et je veux pas partir du principe que cet enfant perdra au moins un de ces deux parents … Mais si c’est le cas il sera pas tout seul. Il sera jamais tout seul, parce qu’il restera toujours au moins quelqu’un pour lui dire que non, on a pas choisi de le laisser tout seul et que non, ce n’est pas de sa faute. » Je savais ses choses là, au fond je les savais. Il y avait des gens ici, des gens qui appréciaient Raven à défaut de m’apprécier moi. Il ne serait pas seul. Mais au fond c’est pas de ça que j’avais le plus peur, pas que de ça. « Et pour répondre à ta question oui, je suis prêt à prendre le risque. Pas parce que j’aime jouer avec le feu mais parce que j’ai la certitude que ça en vaut vraiment la peine. » C’était là que nous étions différent. Je n’étais pas certaine, pas certaine que ça en vaille la peine. J’étais même persuadée du contraire. Raven et moi, ça me suffisait, c’était peu être égoïste mais ce qu’on avait me suffisait. Je n’avais pas besoin que ma vie soit chamboulée plus qu’elle ne l’avait été récemment. C’était même la dernière chose dont j’avais besoin. Pourtant c’était ce qui était en train de se passer, et je n’avais pas le choix, je devais faire avec. Et là ou faire avec était le plus grande souhait de Raven moi ça me remplissait de terreur. J’avais baissé les yeux. Qu’est ce que je pouvais dire ? J’aurais pu lui dire que j’avais peur, tout simplement, que j’avais peur, mais il ne l’aurait pas compris. Il n’aurait pas compris à quel point ça me donnait envie de pleurer. A quel point ce que je détestais le plus au fond dans cet enfant c’était le fait que par sa simple présence il réussissait à m’obliger à me projeter dans le futur, un futur réellement incertain et auquel je n’avais aucune envie de penser. Alors tu es juste… Tu es juste confiant ? T’as pas peur du futur, t’as pas peur d’en avoir aucun ? J’aime pas penser au futur Raven, parce que, parce que on a jamais été aussi sur de ne pas en avoir et parce que je veux pas me pourrir la vie avec cette idée. Je voudrais pouvoir vivre dans le présent chaque jour qui me reste à vivre. Au moins jusqu’à ce que tout ça soit terminé. Si ça se termine un jour. Mais c’est plus possible. A cause de lui c’est plus possible. Etais-ce égoïste ? Etait-ce également une façon dissimulée de dire que j’aurais voulu pouvoir continuer à vivre en prenant des risque, parce que l’adrénaline je devais aussi l’avouer j’y étais accro. Je n’aimais pas l’idée de pouvoir mourir, mais j’aimais partir en mission, j’aimais quitter le treize et risquer ma vie pour Coin et ses idéaux. J’aimais profondément ça et ça avait toujours été le cas. C’était une partie de moi, tout comme celle qui avait peur de la mort, parce qu’au fond elle savait que c’était la seule chose qui pouvait réellement la séparer de Raven. Trois ans, trois ans n’avaient rien fait, ce qui s’était passé entre nous n’avait rien fait, ça n’avait rien amenuisé de l’attraction que je ressentais pour lui, et quand trois ans après pour la première fois ses lèvres avait effleurées les mienne j’avais ressenti tout ce que je pouvais ressentir trois ans auparavant, et mes mains n’avaient eu aucune difficulté à se frayer un chemin sur un corps dont elles n’avaient rien oublié. J’avais foi en nous, pour la première fois je m’en rendais réellement compte. Ce que j’avais fait, ce qu’il avait dit tout ça n’avait rien fait, et même trois ans n’avaient rien fait.
« Non c’est moi … c’est moi qui suis désolé. » J’avais relevé la tête, et mon cœur avait manqué un battement. Il était désolé, il était désolé, s’il savait à quel point ces paroles je les avaient attendue, alors que je ne pensais pourtant pas les mériter. C’était paradoxal à quel point j’en avais besoin, de l’entendre me demander pardon, mais à quel point j’avais ma sensation également que je n’avais pas le droit à ses excuses, pas après ce que j’avais fait. « Je suis désolé de toutes les choses que je t’ai dites ce jour là, y’en a certaines que je pensais pas, et même si j’ai pensé les autres parce que j’étais en colère j’avais pas le droit de te les jeter à la figure de cette façon … Et je m’en veux, parce que si je les ai dites c’est uniquement pour tenter de te faire réagir, parce que tu m’avais fait tellement de mal que je voulais pas être le seul à souffrir, je trouvais pas ça juste, et si j’avais … si j’avais su à quel point ça avait pu t’atteindre j’aurais pas dit tout ce que j’ai dit. J’suis désolé … » Oui, en un mois et demi, un long mois et demis je m’étais excusée, j’avais fait, j’avais dit à quel point je m’en voulais et à quel point j’avait tout gâché en faisant ce que j’avais fait, et à quel point je l’avait regretté. Je l’avais supplié de me pardonner, je lui avais dit plusieurs fois que j’étais désolée. Et lorsqu’il avait dit ne pas réussir à trouver la force de me pardonner, pas de suite, pas encore, j’avais eu l’impression qu’il me donnait un coup de poing dans le ventre. Mais au fond il n’y avait pas que ça. Il n’y avait que ça qui aujourd’hui encore continuait de me faire mal. Non, il y avait aussi le fait que si nous avions abordé plusieurs fois le sujet des choses atroces qu’ils m’avaient dites, des choses atroces dont il m’avait accusée, jamais il ne m’avait demandé pardon. Alors oui, j’en étais venue à me demander si désolé, il l’était, ou si aujourd’hui encore il estimait que tout ce qu’il m’avait jeté au visage je l’avais à l’époque mérité. Les mots qu’il venait de m’adresser s’il savait à quel point j’en avais eu besoin. Tant que ça m’avait pendant quelques secondes rendue muette. J’avais senti les sanglots monter dans ma gorge avant d’aussi vite les empêcher d’aller plus loin. A l’époque chacun de ces paroles m’avaient ébranlée comme je n’avais jamais pensé pouvoir l’être, mais dans le mauvais sens, ce qu’il venait de m’offrir aujourd’hui me chamboulait tout autant, mais si j’en avais envie de pleurer c’était d’émotion. Pourtant il y avait une question que j’avais besoin de poser, quelque chose que j’avais besoin de savoir. « Il y a des choses que tu pensais réellement que tu n’as pas seulement dit pour… Pour me blesser ? » Et oui si je n’avais rien dit son aveux me faisais mal, le fait qu’il ait cherché à me blesser me faisait mal. Tout comme le fait qu’il ai pu penser certaine chose ? Avait-il pensé que je n’avais aucune dignité, que j’avais autant de vertu que ces femme qui vendaient lors corps pour une bouchée de pain ? Comment avait-il pu penser ça d’une femme qu’il disait aimer ? C’était des questions que je m’étais posées, et même si je tentais de les refouler parce que je savais que oui, Raven n’avait jamais cessé de m’aimer, j’avais besoin qu’il y réponde aujourd’hui. « Qu’est ce que tu pensais, qu’est ce que tu as pensé ? » Mais au fond bien sur que moi aussi j’étais fatiguée. Fatiguée de me disputer avec lui, et s’il y avait des choses que j’avais besoin de savoir j’étais partagée, partagée entre l’envie de me débarrasser de toutes les choses pénibles maintenant et cette envie d’arrêter, de laisser tout ça derrière nous le temps de cette soirée, parce que c’était assez, j’avais encaissé assez de choses pour ce soir. Et si j’avais dit à Raven que j’aurais préféré qu’il mente c’était parce que je le pensais, je ne l’avais jamais autant pensé. Oui j’aurais voulu qu’il me mente, parce que j’étais incapable de ne pas lui en vouloir maintenant, de ces choses qu’il avait pensées. Et je savais que je resterais longtemps incapable de le regarder sans me dire qu’il avait pensé un instant que je ne m’étais intéressée à lui que parce qu’il était mon supérieur. Et si je posais la question pour Cray ce n’était pas dans un désir de ramener encore quelque chose qui pouvait nous diviser et nous pousser à la dispute sur le tapis, c’était parce que j’avais réellement besoin de savoir à quel point il me pensait faible au point de ne pas être capable de supporter ça, a quel point il s’était dit que je ne méritais pas de savoir, ou je ne sais quoi d’autre encore. Parce que je ne comprenais pas, tout simplement, parce que je ne comprenais pas.
« Tu pense vraiment que c’est une preuve d’amour ce qu’il a fait ? Que c’est héroïque ? » Je ne savais pas vraiment ce que je pensais, je n’avais pas eu le temps d’y réfléchir, pas encore, c’était trop récent et trop frais pour que ça fasse autre chose que mal. « Je… » J’avais peur, j’avais peur que quoi que soit ma réponse, quelle que soit la façon dont je la formulerais plutôt si je voulais être sincère il m’en voudrait. Il ne l’apprécierait pas. J’avais l’impression qu’il ne comprenait pas, qu’il serait incapable de comprendre que je pouvais reconnaitre que l’amour que Cray me portait était réel et fort sans pour autant le partager, et tout en sachant que je ne l’aurais jamais partagé, ni dans dix mois, ni dans dix ans ni même dans soixante. C’était comme, comme s’il avait l’impression qu’en reconnaissant que Cray m’aimait vraiment j’insinuais qu’il m’aimait plus que Raven. Alors que c’était faux, je ne l’avais jamais pensé. Quel que soit les choses que Raven avaient pu dire. « Héroïque non, je pense pas que c’était héroïque. C’était stupide je te l’ai dis. Mais une preuve d’amour… C’était sa façon à lui de me dire je t’aime et je veux te récupérer. Et même ça c’est ma faute. Parce que j’aurais jamais du le laisser m’aimer, et j’aurais jamais du le laisser sans réponse réelle et le laisser espérer pendant tout ce temps. » Mais je sais que tu m’aime. Voila ce que j’aurais voulu dire. Je sais que ta façon de m’aimer est beaucoup plus forte, beaucoup plus belle et beaucoup plus puissante que celle de Cray. Seulement les mots étaient restés coincés dans ma gorge, parce que je n’arrivais même pas à admettre qu’il puisse penser que je l’accusais de ça un instant. « C’est pas prendre des risques ce qu’il a fait … Prendre des risques c’est ce que toi tu as fait en profitant d’une mission pour aller régler un compte, mais ce qu’il a fait c’est pas ça … Il est partit tout seul, il a tout fait pour qu’on le retrouve pas, il a même pas pris son traqueur, il a prévenu personne, même pas sa sœur … moi j’appelle pas ça prendre des risques. J’appelle ça du suicide. » J’avais baissé les yeux, ça faisait mal ce qu’il disait, ça faisait mal parce que c’était encore pire. Je n’avais pas poussé Cray à faire l’idiot, je l’avais poussé au suicide. Voila ce que je comprenais et ce que je retenais. Et c’était aussi parce que je ne voulais pas l’admettre que je cherchais des excuses à Cray, parce que ça me permettait également au fond d’en trouver pour moi aussi. « C’était ni le premier ni le dernier à avoir une peine de cœur, c’est pas une excuse … ça excuse pas le fait qu’il te punisse de cette façon. S’il t’aimait autant qu’il le disait il y aurait pensé avant de partir vers une mort quasi-certaine juste par refus d’avoir tort. Tu lui as peut-être dit des choses que tu regrettes mais ce qu’il a fait il a pas eut besoin de toi pour le faire. » Déglutissant difficilement j’avais relevé les yeux vers Raven. Non il n’avait pas eu besoin de le faire. Mais sans moi il ne l’aurait jamais fait. « Peut être, mais si j’avais existé, ou si il m’avait jamais rencontré, Cray serait encore en vie. » C’était ça la vérité, la vérité toute nue et qui fait mal. Il n’y avait rien à dire de plus au fond. Sans moi, Cray serait toujours en vie. Rien à dire de plus, rien à ajouter. Parce que j’étais triste et que j’avais besoin de sa présence, mais aussi parce que je sentais qu’il pouvait avoir besoin de la mienne, mais surtout parce que je ne pouvais plus supporter cette distance entre nous, je ne l’avais pas supportée pendant trois ans et c’était pas aujourd’hui que j’allais m’y résoudre, je lui avais doucement attrapé la main. Doucement parce que je ne voulais pas l’y obligé, je voulais qu’il se sente libre de la repousser, et si ça m’aurait fait mal je l’aurais compris et je l’aurais accepté. S’il me demandait de le laisser tranquille aussi je l’aurais compris, même si ça m’aurait tuée. Mais il n’avait rien fait, et il avait en plus de ça doucement enroulé ses doigts autour des miens et j’avais raffermi ma prise comme par peur qu’il m’échappe ou qu’il change d’avis. Il avait les larmes aux yeux, bordel Raven avait les larmes aux yeux. Jamais je ne l’avais vu comme ça, jamais. Même lorsque je l’avais trahit j’avais eu le droit à sa colère et sa haine, mais pas sa tristesse. Et ça me faisait mal, beaucoup plus que je ne l’avais imaginé. Mais si je mourrais d’envie de fuir ça, de détourner la tête je pouvais pas, parce que la partie faible en moi qui ne pouvait pas supporter ce spectacle ne pouvait rien contre celle qui avait encore plus envie de le prendre dans ses bras et de lui dire que tout irait bien. Je ne venais de me rendre compte que je n’avais conscience de à quel point tout ça pouvait le toucher. Quelle égoïste j’étais, et quelle mauvaise amante surtout. Qu’est ce qu’il fichait avec moi bon sang, mais qu’est ce qu’il fichait avec moi. Il l’avait dit lui-même, j’étais égoïste, et j’étais centrée sur moi-même. J’aurais pu vivre neuf cent vies et toujours pas le mériter.
« Je suis tellement désolé … » Comment pouvait-il être désolé pour ça, c’était moi, moi qui étais en tort. Et même sa haine pour Cray, je ne la lui reprochais pas parce que je la comprenais parfaitement. Je n’avais rien dit, tant l’émotion m’avait prise à la gorge depuis le moment ou j’avais découvert ce Raven si peu sur de lui et tant ému. « Je m'en veux parce que j’ai tellement peur de te perdre que ça me persuade de faire des choses que je cautionne même pas en temps normal … j’ai tellement peur de te perdre que j’en viens à faire des choses pour lesquelles je sais que tu m’en voudras, comme te mentir à propos de Cray, et je sais que je devrais pas, je sais que j’ai pas le droit de le faire mais … Je peux pas, je veux pas passer les mois et les années à venir à avoir peur qu’on vienne frapper à ma porte et m’annoncer que tu était toute seule et que tu t’es faite tuer, je peux pas … pas quand on a déjà autant de chance de pas revenir à chaque fois qu’on part en mission pour Coin. C’est déjà assez, c’est déjà trop … » Me mordant la lèvre et me rendant compte à quel point encore une fois je n’avais pensé qu’à moi-même j’avais eu envie de me frapper. Je m’étais contentée de serrer encore plus fort sa main. Parce qu’il avait été là quand j’avais douté de moi, il avait été là quand j’avais eu besoin d’une main pour me rattraper alors que j’avais cette sensation de tomber qui ne me quittait plus, alors j’allais être là, j’allais lui serrer la main à mon tour pour lui montrer que je n’allais aller nulle part, alors que pourtant sa détresse me terrorisait. Prenant doucement sa tête entre mes deux mains j’avais déposé un baiser au coin de sa lèvre, avant de finalement enrouler mes bras autour de ses épaules, une main sur son cou et une autre dans ses cheveux pour le tenir le plus prêt de moi que je le pouvais. Raven me semblait tellement plus solide que moi, que j’en oubliais qu’il était capable de partager les même peurs que moi. « Tu peux pas me perdre… » Je ne pouvais pas m’empêcher de le serrer encore plus fort contre moi en prononçant ses mots, comme pour l’en convaincre, comme si je me sentais autant obligée de l’en convaincre alors que pourtant je n’avais jamais plus pensé quelque chose. « Et tu me perdras pas. Je laisserais jamais personne t’éloigner de moi, ni m’éloigner de toi. » Et dans un sourire parce que ça faisait un peu référence à ce dont il m’avait accusée tout à l’heure j’avais rajouté. « Et si ça te semble égoïste alors tant pis. » Me reculant, j’avais posé une main sur son visage, sur sa joue. « Tu me perdras pas, je te le promets. » Et tant pis si cette promesse j’étais pas sure de pouvoir la tenir, tout simplement parce que nous mettions notre vie en jeux à chaque mission, et parce que ça ne dépendait pas de moi. Tant pis. J’étais prête à tout pour la tenir.
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| | | Raven H. Abernathy △ correspondances : 2104 △ points : 1 △ multicomptes : thybalt, gwendal, eurydice (denahi) △ à Panem depuis le : 22/01/2012 △ humeur : la mort de Coin, dont les idées commençaient à lui déplaire, a donné un nouvel élan à son implication dans la lutte contre le Capitole △ âge du personnage : trente-six ans △ occupation : lieutenant-colonel dans l'armée du 13 (chef de section, tireur d'élite) ~ membre du conseil de décision post-Coin
| Sujet: Re: RAVEN&MILENA ⊱ ❝i tried so hard, thought i could do this on my own❞ Jeu 30 Aoû - 21:06 | |
| J’avais pesé chacun de mes mots. En lui assurant que j’étais certain que tout cela en valait la peine j’avais pesé mes mots, je n’avais pas dit cela à la légère. Pour moi le jeu en valait la chandelle et ce n’était pas simplement question d’aimer vivre dangereusement ou quoi que ce soit … C’était cette façon dont nous vivions. Pas uniquement Miléna et moi mais tout le district treize. Le bombardement du district puis l’épidémie de variole nous avait rendu méfiants, et peu confiants concernant notre futur … Mais je ne m’imaginais pas vivre de cette manière toute ma vie. Je ne m’imaginais pas m’empêcher de vivre sous prétexte que je ne savais pas de quoi demain serait fait, parce que ce n’était pas question de guerre ou de dictature, ce n’était pas question de vivre au treize plutôt qu’ailleurs … personne ne savait jamais de quoi demain serait fait, et nous ne pouvions pas décemment tous nous arrêter de vivre sur cette seule excuse. Au contraire, j’avais toujours pris comme une chance le fait que nous soyons le seul des treize district à ne pas avoir à nous soucier de l’épée de Damoclès que les Hunger Games mettaient sur la tête des enfants des douze autres régions de Panem … nous étions les seuls à pouvoir espérer ne pas les perdre prématurément, ne pas les regarder s’entretuer sur un écran de télévision … Nous étions les plus chanceux, dans notre malheur nous étions les plus chanceux. Cela ne voulait pas dire pour autant que je ne comprenais pas les craintes de Miléna à ce sujet, je les partageais même un peu en quelque sorte, mais contrairement à elle je n’avais pas l’intention de les laisser me dicter ma conduite, ou m’empêcher de m’imaginer un futur, un futur auquel nous n’avions pas moins le droit que les autres sous prétexte que nous vivions au treize ou parce que nous avions choisi de faire de la défense de ce district notre métier. Je n’avais jamais considéré mon métier comme un sacrifice, et ce n’était pas quelque chose sur lequel je pensais changer d’avis par la suite ; Être militaire ne m’empêchait pas de vivre comme je l’entendais, cela faisait partie de ma vie tout simplement. Alors cette excuse derrière laquelle se cachait Miléna ne suffisait pas à me convaincre, je ne disais pas qu’elle ne le pensait pas mais je ne pensais pas qu’il s’agissait de la vraie raison, et je ne pouvais m’empêcher de me demander ce que son refus pouvait bien cacher d’autre … « Alors tu es juste … Tu es juste confiant ? T’as pas peur du futur, t’as pas peur d’en avoir aucun ? J’aime pas penser au futur Raven, parce que, parce qu’on a jamais été aussi sur de ne pas en avoir et parce que je veux pas me pourrir la vie avec cette idée. Je voudrais pouvoir vivre dans le présent chaque jour qui me reste à vivre. Au moins jusqu’à ce que tout ça soit terminé. Si ça se termine un jour. Mais c’est plus possible. A cause de lui c’est plus possible. » J’étais resté quelques instants silencieux. Je ne savais pas comment répondre, je ne savais pas comment lui dire que oui, j’étais confiant, parce que je savais qu’elle ne comprendrait pas comment je pouvais l’être … Même moi, j’avouais ne pas vraiment savoir d’où me venait cet optimisme alors que je n’ignorais pas plus qu’elle que nous étions en guerre et que divers évènements plus ou moins récents indiquaient que si elle s’intensifiait cette guerre n’était pas sur le chemin de sa propre fin. Pas encore. « Vivre dans le présent ça m’allait quand j’avais dix-huit, vingt ans … et oui j’ai peur du futur, un peu comme tout le monde sans doute, mais j’ai jamais laissé ma peur diriger ma vie alors pourquoi là ça serait différent ? Tout ça c’est qu’une question de point de vue, tu penses qu’on a jamais été aussi peu certain d’avoir un futur, moi je pense qu’on a jamais été aussi proche de pouvoir en avoir un … » Au fond tout cela n’était qu’une question de convictions, ni plus ni moins, une manière différente d’envisager les choses … Miléna craignait le futur, et moi j’avais simplement foi en ce futur. Assez pour l’envisager avec curiosité plutôt qu’avec crainte. « La guerre durera pas éternellement … Tu connais Coin, tu sais qu’elle lâchera pas avant d’avoir ce qu’elle voulait. » Je pouvais trouver tout un tas de défauts à Coin, j’étais parfois sceptique concernant ses décisions, mais s’il y avait bien une chose qu’on ne pouvait pas lui retirer c’était qu’elle avait décidé de mener cette guerre dans le but de la gagner, et qu’elle était certaine qu’elle finirait par y arriver. Que nous finirions par y arriver. « Je sais pas ce qui la motive, mais en ce qui me concerne c’est de penser à ce qui pourra se passer après … c’est pour ça que je pense au futur. Parce que y’a pas de meilleur espoir que celui de pouvoir enfin en avoir un. » Et puis, je n’osais pas l’avouer par peur de ce qu’elle en penserait, mais la vérité c’était que le futur je n’y avais plus vraiment pensé durant trois ans, parce que même en tentant de m’y forcé je n’avais pas réussi à m’imaginer un futur dont Miléna ne ferait pas partie parce que je savais que personne, aucune autre femme ne réussirait à me faire ressentir autant d’espoir, autant de volonté de voir demain, le jour suivant et le jour encore après celui-là … Personne d’autre ne réussissait à me projeter dans un futur auquel j’avais réellement envie de croire, après avoir passé trois années à ne trouver qu’un voile flou et sombre en essayant de penser à un futur qui devrait se faire sans elle. Et pour cela aussi je l’avais regretté, ce n’était pas la raison principale mais c’était une des raisons pour lesquelles je m’étais mordu les doigts d’avoir repoussé Miléna avec autant de violence dans les mots que je lui avait adressé. Et pour quoi au fond ? Uniquement dans le but de la blesser, dans l’espoir de la blesser même, chose qui aujourd’hui encore provoquait chez moi remords et culpabilité parce qu’il était clair et net que de voir souffrir Miléna m’était tout bonnement intolérable … Et pourtant, j’avais moi-même été l’auteur de certaines de ses blessures. Parce que mes mots l’avaient blessée, je le savais. J’en avais douté à l’époque, mais aujourd’hui je le savais et je ne savais même pas si mes excuses suffiraient à lui faire oublier ce que j’avais pu lui dire pour tenter de la faire réagir … Sans doute que non, elle n’oublierait jamais. Tout comme je n’oublierais jamais son regard impassible, presque froid lorsque j’avais dit toutes ces choses, comme si ce que je disais n’avait pas d’importance, comme si ce n’était rien … Comme si le fait que nous soyons en train de nous séparer n’était rien. « Il y a des choses que tu pensais réellement, que tu n’as pas seulement dit pour … pour me blesser ? » A vrai dire j’avais pensé presque tout ce que j’avais dit. Pas tout, il y avait des choses que je ne pensais pas et que j’avais dit simplement parce que cela me paraissait assez odieux pour qu’elle réagisse enfin, mais il y avait des choses que j’avais pensé, des choses qui ne lui plairaient pas, des choses que je ne pensais plus aujourd’hui mais que j’avais pensé à l’époque, parce que j’étais en colère, et que je l’étais senti trahi. « Oui … je les pense plus forcément aujourd’hui, parfois même plus depuis un certain temps déjà, mais à l’époque je les pensais. » Et tandis que je répondais les précédentes paroles de Miléna me revenaient en mémoire, et à ma question tu aurais préféré que je te mente ? elle avait répondu oui, sans hésitation. Alors était-ce que je devais faire cette fois-ci, mentir tandis qu’elle me demandait « Qu’est-ce que tu pensais ? Qu’est-ce que tu as pensé ? » Devais-je vraiment lui dire la vérité ? Devais-je vraiment lui avouer que lorsque j’avais dit que je pensais que ce que nous avions vécu ne valait pas le coup compte tenu de où nous en étions arrivé je le pensais ? Parce que même si c’était ma colère qui parlait, et même si peu de temps après je n’avais fait que regretter ce que j’avais perdu, sur le coup je l’avais réellement pensé ? « Je … je me rappelle plus de tout ce que je t’ai dit je … j’étais en colère, je réfléchissais pas … » C’était vrai, je ne me souvenait probablement pas de tout ce que j’avais dit, aujourd’hui encore j’avais parfois du mal à réaliser que cette conversation avait vraiment eut lieu et qu’il ne s’agissait pas simplement d’un mauvais rêve dont on ne se souvenait que par brides confuses et brouillonnes. « Quand j’ai dit que je pensais que ce que tu avais fait n’était pas acceptable, ni vis-à-vis de moi ni vis-à-vis de notre boulot je le pensais … et je le pense toujours. » Et ça elle le savait, j’en était persuadé, elle savait que si elle usait à nouveau de cette solution elle ne pourrait plus jamais espérer que tourne la page. « Mais j’aurais jamais du te dire que tu étais … que tu avais agi comme une … enfin tu vois. J’aurais jamais du dire ça, c’était … j’aurais pas du. Je voulais juste que tu souffres un peu aussi et je … j’aurais jamais du dire ça. » Même si c’était peut-être ce qu’avait pensé Hunter, peut-être même l’avait-il raconté à qui voulait bien l’entendre, et cette simple idée me répugnait. Si de son côté Miléna n’avait pas été très loquace lors de cette discussion, ou plutôt devrais-je dire lors de notre rupture, il y avait pourtant certaines choses qu’elle avait dit ou bien sous-entendu que je n’avais pas oublié moi non plus, des choses que de mon côté je me demandais aussi si elle les pensait … si elle les pensait à l’époque, et si elle les pensait toujours aujourd’hui. Qu’elle ait sous-entendu que si elle avait fait ce qu’elle avait fait avec ce pacificateur c’était parce que je l’y avais poussé, que c’était moi qui plus ou moins inconsciemment lui avait demandé de tout faire pour que cette mission soit un succès, y compris vendre son corps comme on vendrait du bétail sur une foire … est-ce qu’elle l’avait réellement pensé, que c’était ce que je voulais ? Parce que c’était faux, et bien plus que tout le reste c’était qu’elle sous-entende cela qui m’avait le plus blessé … Parce qu’elle ne savait pas, elle n’avait aucune idée de combien j’avais du prendre sur moi pour l’envoyer appâter ce pacificateur et de comme j’aurais voulu pouvoir faire autrement … Mais je n’avais pas pu, parce que Miléna était alors la seule femme de l’unité et que juste ou non le fait était que les hommes de manière générale étaient beaucoup moins méfiants à l’égard d’une femme que d’un homme. Et le temps nous était compté, alors même si je n’en avais aucune envie j’avais du choisir de l’envoyer elle … Mais jamais je ne lui avais demandé d’aller aussi loin, jamais même l’idée de ne me serait venu à l’esprit comme solution envisageable … et pas seulement parce qu’il s’agissait de Miléna, les choses n’auraient pas été différentes pour une autre soldate. C’était ce que j’avais voulu dire lorsque j’avais qualifié son comportement d’inacceptable à la fois vis-à-vis de moi mais aussi vis-à-vis de son travail ; La chose m’avait fait mal personnellement parce que j’aimais Miléna, mais de la part d’une autre recrue avec laquelle je n’aurais eut le même genre de relations la chose ne me serait pas parue plus acceptable, et la sanction aurait existé tout autant. Ce jour là Miléna n’avait à mon sens pas uniquement commis une faute vis-à-vis de moi, mais aussi vis-à-vis de son métier et de ce qu’il était censé représenter. Et puis il y avait Cray. Lui n’avait pas simplement commis une faute, il avait carrément décidé que son dévouement à l’armée du treize valait moins que sa fierté personnelle, que son pauvre orgueil blessé. Et c’était peut-être moi, j’étais peut-être trop strict, trop attaché à la hiérarchie ou au protocole … mais ça non plus ça ne me paraissait pas correct. On ne remettait pas toute une vie d’engagement, des années de dévouement à une cause tout cela pour un orgueil malmené ou bien un cœur brisé, ou alors cela voulait dire que les convictions n’étaient pas si infaillibles que cela. Et pourtant il avait été le bras droit de Coin, je n’aimais peut-être pas l’homme mais je n’aurais jamais pensé douter des capacités du soldat … j’étais subjectif, sans doute. Et trop dur avec les autres, aussi. Et trop à cheval sur le respect des règles et la discipline. « Héroïque non, je ne pense pas que c’était héroïque. C’était stupide je te l’ai dit. Mais une preuve d’amour … c’était sa façon à lui de me dire je t’aime et je veux te récupérer. Et même ça c’est ma faute. Parce que j’aurais jamais du le laisser m’aimer, et j’aurais jamais du le laisser sans réponse réelle et le laisser espérer pendant tout ce temps. » J’avais secoué la tête à la négative ; C’était un supplice de la voir s’accuser de cette façon, comme si dans son esprit elle avait elle-même appuyé sur la détente et tué Cray de ses mains. Comme si elle avait elle-même choisi de l’envoyer là-bas, où il n’avait presque aucune chance de revenir vivant. « T’avais fait un choix … et même si parfois je comprends pas toujours ce qui t’as fait me choisir moi plutôt que lui c’est ton choix, et il aurait du le respecter. Et c’était pas un gamin merde, c’était un adulte comme toi et moi, un adulte censé se comporter comme tel, et pas faire un caprice parce qu’il n’a pas eut ce qu’il voulait … » J’avais le beau rôle bien entendu, je n’étais pas celui qui s’était fait jeter, pas celui qui avait du regarder Miléna avec un autre … J’étais celui qui restait, je ne saurais sans doute jamais si Miléna n’aurait pas fini par changer d’avis, si je ne deviendrais pas avec le temps un choix par dépit, mais si tel était le cas alors je saurais aussi m’en contenter. Est-ce que ça ne faisait pas de moi quelqu’un d’aussi désespéré que Cray au fond ? « Peut-être, mais si j’avais pas existé, ou si il m’avait jamais rencontré, Cray serait encore en vie. » Elle avait baissé les yeux, et moi j’étais resté silencieux plusieurs secondes, avant de finalement répondre presque dans un murmure « Peut-être. Il serait peut-être, encore en vie. » Parce qu’on ne refaisait pas le monde avec des Et si ? M’arrêtant à nouveau un instant tandis qu’elle relevait la tête vers moi j’avais repris d’une voix plus claire « Et tu vaux mieux que ça … tu t’en rends peut-être pas compte mais tu vaux mieux que ça, et que ce soit Cray, moi ou n’importe qui d’autre on vaut pas la peine que tu te remettes autant en question. » Et quand j’y pensais c’était tellement … inimaginable. Si je n’avais pas existé … Non, ce n’était pas imaginable, après trois années à tenter de l’oublier j’avais compris que la tâche était impossible, alors imaginer une vie où elle n’aurait même pas existé ? Non, je ne pouvais même pas. Je ne savais pas où j’en serais aujourd’hui si je ne l’avais pas rencontrée, probablement plus avec Vanya mais en dehors de ça je ne savais pas … ce que je savais en revanche c’était que je ne pourrais pas être aussi bien, aussi certain d’être là ou je devrais être que lorsque j’étais avec Miléna. Parce que ça voulait bien dire quelque chose cette sensation que j’avais eut en la retrouvant, de retrouver une partie de moi, de retrouver la lumière après trois années à tâtonner pour tenter de savoir où j’allais sans vraiment y parvenir … J’aimais Miléna, je voulais Miléna, et j’avais besoin de Miléna. J’avais besoin d’elle au point que cela en devienne irrationnel, au point que parfois ce que je ressentais pour elle me faisait oublier mes principes, au point que parfois j’agissais comme un imbécile et un égoïste simplement parce que ma peur de la perdre me faisait faire n’importe quoi … Et ce n’était pas sain, j’étais persuadé que ce n’était pas sain d’avoir besoin de quelqu’un autant que j’avais besoin d’elle, parce que cela m’empêchait d’être objectif, cela m’empêchait sans doute même de faire mon travail aussi consciencieusement que si je n’avais personne, sans même que je n’en ai conscience. Et si la perspective d’avoir un enfant ne m’effrayait pas autant que Miléna, l’idée que mon jugement en devienne encore plus subjectif m’effrayait, parce que s’il y avait bien un point sur lequel je rejoignais Miléna c’était sur le fait qu’une fois cet enfant là j’aurais une raison supplémentaire de m’inquiéter … et donc de prendre des décisions ou de faire des choses qu’en temps normal j’aurais critiqué. De quel droit je me plaignais au fond, j’étais pire … quel imbécile. J’aurais voulu dire que la présence soudaine de Miléna à côté de moi, quand les quelques mètres qui nous séparaient juste avant me paraissaient le bout du monde suffisait à me rassurer … et c’était le cas, un peu, mais cela ne changeait pas mon ressenti. Et si je n’étais pas capable de changer ? Et si je continuais d’avoir tellement peur de la perdre que cela finissait par m’empêcher de lui refaire confiance, alors que c’était non seulement ce que je voulais mais aussi ce que je lui avais promis … ? J’avais eut la chair de poule lorsque Miléna m’avait pris la main, parce que cela valait presque autant que de l’entendre me dire qu’elle m’aimait. Je m’étais énervé, et dès le moment où j’avais compris ce qu’elle avait fait j’avais su qu’elle ne s’en tirerait pas aussi facilement, mais jamais l’idée de la quitter ne m’avait ne serait-ce qu’effleuré l’esprit … en revanche au fur et à mesure que la discussion avait avancé j’avais eut peur, parce que je ne savais pas si de son côté Miléna ne commençait pas à l’envisager. J’avais peur qu’elle ne commence à réaliser qu’elle avait fait une erreur, pas forcément en me choisissant au détriment de Cray mais en me choisissant tout court, qu’elle ne réalise tout à coup comme je pouvais être difficile à vivre parfois, comme je me posais trop de questions, comme je m’emportais facilement … Au fond pendant l’année que nous avions passé ensemble nous ne nous étions jamais réellement disputés, le ton était sans doute monté parfois notamment parce qu’elle acceptait mal que je dissocie autant ma vie professionnelle de ma vie personnelle, mais nous ne nous étions jamais réellement opposés … Cette partie de moi elle ne la connaissait pas, elle ne la découvrait que maintenant, et j’avais peur qu’elle n’en vienne à la conclusion que finalement je n’étais pas celui qu’il lui fallait. Et c’était pour cette raison que j’avais entrelacé mes doigts avec les siens et resserré ma main autour de la sienne, parce que j’avais peur que si je ne m’y accrochais pas elle m’échapperait. J’avais tenté avec maladresse de mettre des mots sur ce que je ressentais mais j’avais la sensation de me couvrir de ridicule, et surtout j’avais l’impression de lâcher prise et de perdre pieds malgré moi, chose qui ne m’était encore jamais arrivée … Ou plutôt si, mais jamais en face de Miléna, jamais dans le risque qu’elle ne puisse s’en rendre compte, si d’un coup je m’étais crispé c’était parce que j’aurais préféré que jamais elle n’en soit spectatrice. « Tu peux pas me perdre … » Posant ses deux mains contre mon visage elle avait déposé un baiser à la commissure de mes lèvres, et tandis qu’elle passait ses bras autour de mes épaules j’avais enfoui ma tête dans sa nuque et fermé les yeux quelques instants, respirant son odeur en espérant que cela suffirait à me rendre un peu de sérénité. « Et tu me perdras pas. Je laisserai jamais personne t’éloigner de moi, ni m’éloigner de toi. Et si ça te semble égoïste alors tant pis. » Laissant échapper un léger début de rire j’avais posé une main hésitante sur sa hanche tandis que je relevais à nouveau la tête pour la regarder dans les yeux. J’avais tenté avec un sourire qui ne trompait personne et surtout ne devait pas la tromper elle, même si l’idée même de me retrouver aussi démuni face à elle ne me plaisait pas. « Tu me perdras pas, je te le promets. » J’avais moi-même posé une main sur celle qu’allait avait posé contre ma joue, et esquissant un sourire hésitant mais sincère j’avais répondu « Tu sais bien que tu peux pas me faire cette promesse, et je peux pas te la faire non plus … Mais du moment que tu me promets de tout faire pour. » Resserrant mon bras autour de sa taille j’avais posé doucement mon front contre le sien et finalement j’avais effleuré ses lèvres avec les miennes et je l’avais embrassée, essayant de me persuader que ce moment pourrait durer une éternité. Et lorsque nos lèvres s’étaient séparées un instant j’avais esquissé un nouveau sourire avant de dire d’un air amusé « Maintenant je peux le dire … je t’aime, aussi. » Aussi. Parce que maintenant que j’avais entendu ces mots sortir de la bouche de Miléna je savais, que je ne me faisais pas juste des idées, que ce que je ressentais pour elle elle le ressentait aussi. Et parce que dans toute cette histoire cette perspective réussissait quand même à me rassurer je l’avais embrassée à nouveau.
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| | | Miléna E. Andréis-Wheeler △ correspondances : 5888 △ points : 1 △ multicomptes : (l. c. meery) △ à Panem depuis le : 04/09/2011 △ humeur : cruellement arrachée à sa famille △ âge du personnage : vingt sept ans pour toujours
| Sujet: Re: RAVEN&MILENA ⊱ ❝i tried so hard, thought i could do this on my own❞ Sam 1 Sep - 16:27 | |
| Ca me rassurait, ça me rassurait et à la fois me terrifiait, cette façon qu'il avait d'être sûr, sûr que ce qui nous arrivait était une bonne chose, sûr que tout irait bien, et s'il ne savait pas exactement de quoi il serait fait, il ne pouvait pas, il avait cet espoir, cette façon d'être rempli d'espoir qui me terrorisait et me rassurait à la fois. Me rassurait pour des raisons évidentes, parce que j'avais besoin de savoir que contrairement à moi il ne ressentait pas que de la crainte, mais aussi de la foi, j'avais besoin de savoir que si je perdais totalement pied, si je devenais folle de peur, si j'en venais à être tétanisée par la peur, il serait là, il serait là et il ne flancherait pas. Il serait la pour moi, et il serait là pour cette petite chose qui grandissait au fond de moi. Mais contre toute attente ça me terrorisait aussi, ça me terrorisait aussi parce que je ne comprenais pas, et j'avais l'impression d'être la seule à être perdue, j'avais l'impression d'être la seule qui peut être n'était pas normale. La seule qui perdait pied, la seule que cette idée têtanisait justement. Et je ne voulais pas me sentir seule, c'était quelque chose que j'avais trop ressenti, trop expérimenté. Non, je ne voulais plus jamais me sentir seule. Pendant trois ans je l'avais été, malgré la présence parfois salvatrice de Cray, j'avais été seule. Parce que ce n'était pas Cray que je voulais, c'était pas lui dont j'avais besoin. Et maintenant j'étais capable de me rendre compte que je l'avais toujours su. Peut être que j'étais pleutre, peut être que j'étais lâche, oui peut être que c'était lâche cette façon que j'avais de penser. Parce que si je n'avais jamais pensé à parler à Raven de mon opinion sur les enfants, si je n'avais jamais provoqué la discussion inévitable dans un couple sur la famille, inévitable d'autant plus lorsque comme moi l'un des deux à une opinion qui sort de la norme, peut être que si j'avais fait ça ou plutot si je ne l'avais pas fait, c'était peu être un peu volontaire au fond de moi. Parce qu'au fond une partie de moi avait toujours su que ce n'était pas ce que voulait Raven, que ce n'était pas la vie qu'il voulait avoir. Une partie de moi savait très bien que j'aurais pu être parfaite, je ne suffirait pas à Raven. Et dans un certain sens ça faisait presque mal. Non, ça faisait mal, tout simplement. Alors oui il avait certainement raison, j'ai probablement très égoïste pour penser ce genre de choses. C'était probablement ce que j'étais et ce que j'avais toujours été. Et j'avais peur aussi parce que je ne voyais pas ça changer. Et pour élever un enfant il allait falloir que j'apprenne a penser à autre chose qu'à moi même.
« Vivre dans le présent ça m'allait quand j'avais dix-huit, vingt ans... Et oui j'ai peur du futur, un peu comme tout le monde sans doute, mais j'ai jamais laissé ma peur diriger ma vie alors pourquoi là ça serait différent ? Tout ça c'est qu'une question de point du vue, tu penses qu'on a jamais été aussi peu certain d'avoir un futur, moi je pense qu'on a jamais été aussi proches de pouvoir en avoir un. » Il avait raison a propos d'une chose, il y a quelque chose que je ne pouvais pas remettre en doute. Je n'avais jamais laissé la peur guider ma vie, je ne l'avais jamais laissée m'envahir, prendre le contrôle de mes pensées et de mes actes. Et peut être qu'il avait raison, peut être qu'en ce moment c'était ce que j'étais en train de faire. Peut être que c'est ce que j'avais fait depuis le moment ou j'avais appris que j'étais enceinte. J'étais égoïste, je l'avais toujours sur, mais je n'étais pas faible, je ne voulais pas être faible. Et je l'avais tant été ces derniers moi, trop été. « La guerre durera pas éternellement... Tu connais Coin, tu sais qu'elle lâchera pas avant d'avoir ce qu'elle voulait. » Je n'en avais pas envie, j'étais pas dans les condition pour et pourtant cette dernière remarque m'avait arraché un sourire. Oui, je connaissais notre présidente, et nous savions tous de quoi elle était capable pour arriver à ses fins. Tout, elle était capable de tout. « Je sais pas ce qui la motive, mais en ce qui me concerne c'est de penser à ce qui pourra se passer après... C'est pour ça que je pense au futur. Parce que y'a pas de meilleur espoir que celui de pouvoir enfin en avoir un. » Fermant les yeux quelque secondes je me surpris à penser, à espérer, à me demander de quoi serait fait demain si jamais le district treize remportait la guerre. Puis de quoi je voulais qu'il soit fait.je me surpris à rêver à des choses auxquelles je n'avais jamais rêvées. Quitter le district treize, le quitter avec Raven, et avec la possibilité d'aller vivre là où je le voulais, là où nous le voulions. Vivre dans le genre de petite maison que j'avais pu voir en mission et non dans une de ces cabines pour deux qu'ils attribuaient ici aux couple, puis celles plus grandes pour les famille, mais qui restaient exigues, grise, une simple salle de bain, dépourvue d'humanité, au fond. Je ne m'étais jamais plainte, je n'avais jamais eu à la faire parce que ce qu'on avait ici me convenait. Mais pourtant cette perspective, la maison, le jardin, le district de notre choix, cette putain de perspective réussit à me serrer la gorge d'une façon innatendue. Ce que j'ai me va parfaitement. Je me le répétais comme si ça pouvait me le rappeler, m'en convaincre, effacer la maison et le jardin, les faires disparaître, parce que je n'avais jamais été particulièrement optimiste, et je pensais sérieusement que ce genre de choses je ne les connaitrais jamais. Soit la guerre, ne se terminerait jamais, soit je ne serais plus là pour lui voir, ou alors là mais sans Raven. Il y avait tellement d'issue malheureuse et si peu de fins heureuses possibles. Snow et la présidente Coin pouvait tout simplement continuer à se détruire mutuellement, jusqu'à ce que le plus faible finisse par disparaître. Et j'avais dans l'idée que le capitole était juste tellement puissant pour l'instant, trop puissant. Faisant disparaître la boule au fond de mon ventre j'avais relevé les yeux vers Raven. « La guerre durera pas éternellement... » J'avais murmuré, tentant de m'en convaincre plus qu'autre chose. J'aurais tellement aimé comme lui, être sure... Mais la guerre n'était pas la seule chose qui m'empêchait de voir cette grossesse sereinement, je le savais, il le savait et je ne pouvais pas le lui cacher, je n'en avais pas envie de toute façon. Mais il savait, et je ne trouvais pas nécessaire de remuer encore le couteau dans la plaie. Ca ne changerait rien, ça ne pouvait plus rien changer de toute façon je le savais. Rien que je dise, rien que je fasse, que je le veuille ou non ça allait arriver, c'était arrivé, ma vie était déjà en train de changer. « Mais la présidente est pas infaillible Raven, elle est pas indestructible. Et le Capitole est tellement puissant, de jour en jour il aime nous rappeler à quel point ils peuvent nous écraser, tous, comme des insectes. Je ne dis pas que j'ai pas foi en la cause pour laquelle je me bats. Je sais que la guerre terminera et que ce sera par notre victoire. Je sais que les choses sont en marche et que le monde qu'on connait va changer. Seulement je suis lucide. Je sais qu'il y a plus de chance que ça soit dans vingt ans que dans deux, trois ou même cinq. » J'avais marqué une pause. Jamais je ne m'étais confiée à lui à ce sujet. A pleins d'autre, mais je n'aimais pas réellement parler de tout ça avec lui, le capitole, le District treize, la guerre. Je n'aimais pas ça. Mais je savais qu'aujourd'hui, précisement aujourd'hui c'était important. « Et on perd des hommes toutes les semaines... » J'avais presque murmuré. Je ne voulais pas mourir, et je voulais encore moins que Raven me soit enlevé. Mais je ne pouvais m'empêcher de penser à Cray, mais aussi à la soldate Evans, au soldat Featherstone et à tous les autres membres de mon unités qui étaient morts dans l'explosion du train. Ca pouvait être moi, ça pouvait être Raven. Un jour ça le serait peut être. Et dans les deux cas, ce jour là ma vie serait terminée. J'avais changé, je savais que j'avais changé, que ce qui était arrivé m'avait changée. Et je n'appréciais pas ça, je voulais redevenir cette personne qui quoi que soient les circonstances était capable de ne penser à rien d'autre en se réveillant le matin qu'au fait que Raven était contre elle, et que c'était la meilleure sensation au monde, celle qui n'avait pas le sommeil agité et qui ne se réveillait pas en sursaut encore des mois après tiré du sommeil parce ce même cauchemard, celui ou je courrais, je courrais sans trouver la sortie avant de trébucher, toujours trébucher, ineluctablement, et d'être soulevée du sol par cette main autour de mon cou, la main de Blackbird-Crowley. J'avais été si proche de le tuer, j'avais pris la décision de le tuer, et si mon arme ne s'était pas enrayée il serait six pieds sous terre à l'heure qu'il était. J'avais pris la décision de mettre fin à ses jours, à mes yeux j'aurais pu tirer la balle le résultat était le même. Il avait réussit à faire de moi quelqu'un qui tue une autre personne pour le plaisir, pour sa simple vengeance. Que j'ai réussis mon coup ou pas, rien ne changeait. J'avais pris la décision d'ôter sa vie et j'avais tout fait pour. Alors qu'il ne m'attaquait pas, ne représentait pas de danger direct, alors que j'aurais juste pu m'enfuir. J'étais venu pour voir son sang couler, j'étais venue pour lui faire mal, et j'avais apprécié ça. Jamais Raven ne pouvait savoir, jamais il ne pouvait être au courant de ça. Tant pis si je devait le lui cacher jusqu'à la fin de mes jours, jamais il ne pouvait découvrir qui j'étais réellement. J'étais persuadée que si ça arrivait , si ça arrivait il ne pourrait pas, il ne pourrait plus m'aimer. Alors qu'il peinait à m'avouer qu'il avait intentionnellement chercher à me blesser avec des mots, des mots seulement, comme pouvais-je lui avouer ça, comment est ce qu'il pourrait comprendre cette part de noirceur que j'avais toujours possédée ?
« Oui... Je les pense plus forcément aujourd'hui, parfois même plus depuis un certain temps déjà, mais à l'époque je les pensais. » J'avais déglutis difficilement. J'aurais du m'en douter au fond, que c'était le cas, puisqu'il m'avait avoué avoir même pensé que je m'étais intéressée à lui parce qu'il était mon supérieur, puisqu'il avait avoué avoir pensé que je ne l'aurais peut être pas fait si ça n'avait pas été le cas. J'aurais du savoir. Mais ça faisait mal, ça faisait mal parce que même lorsque je repensais à notre relation passée, lorsque je repensais à ce que nous avions été tous les deux, nos étreinte, ces caresses brulantes, ces baisers pressants ou bien les plus doux, lorsque je repensais à tous ça ça me semblait douloureusement réel, tellement réel que lorsque j'en venait à me dire qu'il avait réellement pensé que ça n'avait pas valu le coup ça me faisait mal. Alors je lui avais demandé, je lui avais demandé ce qu'il avait pensé. J'aurais peut être mieux fait de lui demander les choses qu'ils n'avaient pas pensées. « Je... Je me rappelle plus de tout ce que j'ai dit je... J'étais en colère, je réfléchissais pas. » Je l'avais regardé dans les yeux un instant, avant de les besser au sol, puis de les relever à nouveau. Je ne savais même pas comment réagir, même pas ce que je devais ressentir tant j'étais perdue. « C'est bien dommage, parce que moi je me souviens de chaque mot. » Je n'avais pas voulu que ça sonne comme un reproche, pourtant je n'avais pas réussit à cacher l'amertume, la déception et la tristesse que son aveux avait provoqué en moi. Et de l'amertume ou de la tristesse je ne savais même pas ce qui était le plus fort. Pourtant c'était vrai, ce n'était que la simple vérité. Je me souvenais de tout, et les paroles qu'il m'avait adressées à l'époque s'était plantée dans mon esprit comme des poignard parfaitement ajustés. « Quand j'ai dit que je pensais que ce que tu avais fait n'était pas acceptable, ni vis-à-vis de moi ni vis-à-vis de notre boulot je le pensais... et je le pense toujours. » J'avais marqué un instant, avant de répondre par un simple « Je sais. » parce que oui je savais. Je savais comment il était, je savais ce qu'il en penserait s'il l'apprenait, je l'avais toujours su. C'était pour ça que je n'avais rien dit, je savais qu'il ne comprendrait jamais les raisons qui me paraissaient maintenant dérisoires qui m'avaient poussée à faire ça. Je savais. « Mais j'aurais jamais du te dire que tu étais... que tu avais agi comme...enfin tu vois. J'aurais jamais du dire ça c'était... J'aurais pas du, je voulais juste que tu souffres un peu aussi et je... J'aurais jamais du dire ça. » J'avais baissé les yeux au sol. Qu'il n'aurait jamais du le dire signifiait qu'il ne l'avait pas pensé ? Je voulais tellement qu'il ne l'ai jamais pensé, qu'il ne l'ai dit que dans le but de me blesser, parce que ça m'aurait été intolérable, de savoir que Raven ai pu penser ne serait-ce qu'un centième de seconde que je m'étais conduite comme une prostituée l'aurait fait. Il se répugnait à prononcer le mot mais on savait tous les deux ce qu'il avait voulu dire. On le savait maintenant comme on l'avait su il y à trois ans. Oh non à cette époque non plus il n'avait pas prononcé le mot, mais il l'avait pensé et je l'avais compris. Il savait que j'avais compris. C'était ce qu'il avait voulu, que je comprenne. Je voulais qu'il ne l'ai jamais pensé parce qu'on ne peut pas aimer quelqu'un en pensant ce genre de chose. « Au moins t'as réussis ton coup. » Baissant les yeux au sol, j'avais tenté de de cacher que mes yeux commençaient à s'embuer. Oui il avait voulu que je souffres, il avait réussit. Il avait eu ce qu'il voulait. J'avais souffert, j'avais souffert bien plus que je ne l'avais laissé paraître. Mais le pire c'était que c'était même pas ça, c'était pas ça dans tout ce qu'il avait dit qui m'avait le plus anéantie. Non, c'était pas ça, c'était autre chose. « Et que t'avais gâché sept ans de relation pour quelque chose qui ne valait pas le coup ? Tu le pensais ? Tu pensais que ce qu'on avait vécu valait pas le coup ? » Au fond est-ce que je voulais vraiment entendre la vérité ? La vérité me ferait certainement plus de mal qu'un mensonge, mais j'avais eu besoin de poser la question. Peut être, peut être que lorsque je pensais vouloir savoir tout ce que je voulais au fond c'était qu'il me dise que non, qu'il ne l'avait jamais pensé, même si c'était faux. Mais Raven ne cautionnait pas le mensonge. Je le savais. Mais avais-je réellement le droit de lui demander des comptes, aujourd'hui, alors que c'était à moi d'en rendre à la base ? A moi de m'excuser pour ce qu'il était arrivé, pour être allée voir Hunter. Mais j'avais l'impression que cette discussion avait largément dépassé tout ça, qu'il n'était plus juste question de mon mensonge. Qu'il était question d'une discussion que nous devions avoir, que je savais au fond que je ne pourrais jamais éviter. Mais ce n'était pas juste pour ça qu'au fond il n'avait aucun compte à me rendre, mais aussi parce que j'avais certainement pensé tout ce que j'avais pu lui dire. J'avais pensé que c'était la seule solution, j'avais pensé que cette mission était importante, et que j'avais du employer tous les moyens possibles. J'avais pensé que je ne devais pas, que je n'avais pas le droit de laisser le fait que j'étais en couple et amoureuse de Raven se mettre en travers de ma mission. J'avais même cru pouvoir oublier, pouvoir oublier cette partie de moi durant cette nuit que j'avais passé avec le pacificateur, j'avais tenté de jouer à être quelqu'un d'autre. Mais j'avais pas réussit. Pourtant lorsqu'il m'avait demandé si je le referai, si si c'était à refaire je le referai j'avais hésité, et je n'avais pas répondu. Il avait interprété mon silence comme un oui, alors que c'était un je ne sais pas. A présent je savais. Plus jamais, plus jamais je ferais ce genre de chose. Et pas seulement pour Raven, mais parce que j'avais aussi pris conscience que ce jour là j'avais donné un pouvoir sur moi à Hunter que personne n'avais jamais eu. C'était ma faute. Ce pouvoir, cette façon qu'il avait de pouvoir me rendre faible, c'était moi qui le lui avait donnée. Mais Raven aussi, Raven aussi faisait parti des raisons pour lesquels je ne referai jamais ça. Parce qu'en trois ans j'avais pris conscience du fait que je ne pouvais pas vivre sans lui, et parce que de toute façon déjà à l'époque je savais que c'était une erreur. Je savais que ce que j'avais fait était mal, que ce n'était pas juste pour lui. J'avais juste eu trop d'égo et de fierté pour l'admettre.
« T'avais fait un choix... et même si parfois je comprends pas toujours ce qui t'as fait me choisir moi plutôt que lui c'est ton choix, et il aurait du le respecter. Et c'était pas un gamin merde, c'était un adulte comme toi et moi, un adulte censé se comporter comme tel, et pas faire un caprice parce qu'il n'a pas eut ce qu'il voulait. » Raven avait peut être raison, mais ce qui augmentait la culpabilité de Cray dans toute cette histoire ne diminuait pas pour autant la mienne. J'avais beau de pas aimer cette comparaison parce qu'elle me réduisait à un jouet pour lequel ils se seraient disputés je pouvais pas nier qu'il y avait du vrai. Une part de vrai, seulement une part. Parce que c'était tellement plus compliqué que ce à quoi il voulait le résoudre. Parce que justement, Raven, Cray, moi, nous n'étions plus des enfants, avec des préocupations d'enfant, et j'osais espérer que dans le cas contraire Raven se serait battu un peu lui aussi pour me faire changer d'avis. C'était égocentrique, mais j'espérais que dans le cas contraire il n'aurait pas accepté de me perdre, pas comme ça. Parce que j'avais besoin de l'amour de Raven, alors que je n'avais jamais voulu celui de Cray même si sans le vouloir je l'avais certainement un peu entretenu. Causant sa perte, et au fond c'était ça que je me reprochais le plus. « Peut-être. Il serait peut-être encore en vie. Et tu vaux mieux que ça. Tu t'en rend peut être pas compte mais tu vaux mieux que ça, et que ce soit Cray, moi ou n'importe qui d'autre on vaut pas la peine que tu te remettes autant en question. » Je n'avais rien répondu. Parce que je savais que c'était peine perdue, ça l'était parce que la haîne que Raven avait développé à l'égard de Cray l'empêche de penser autrement, tout comme le poids de ma culpabilité m'empêchais de voir les choses comme il les voyait. Alors j'avais simplement sourit, un sourire triste. « Tu vaudrais le coup que je fasse tellement de choses pour toi Raven... » Ca me semblait fou, fou qu'il puisse ne serait-ce qu'une seconde s'estimer heureux de m'avoir moi, que je l'ai choisie lui. Alors que c'était lui, lui le meilleur de nous deux, et ça l'avait toujours été. Je le lui avais dit. S'il venait à mourir je ne lui aurait pas survécu longtemps que ce soit d'une façon ou d'une autre. Cé'était moi qui valait pas le coup, moi qui valait pas la façon dont il me regardait, la façon dont il m'embrassait et me désirait, moi qui valait pas non plus que Cray meurt en tentant bêtement de me venger.
De voir Raven dans cet état, d'entendre ses aveux et la façon dont il s'excusait presque, dont il s'excusait même me faisait trembler. Pour quoi, pour quoi est-ce qu'il s'excusait ? Pour m'avoir caché la façon dont Cray avait trouvé la mort ? Je le comprenais, même ça je le comprenais. J'avais été en colère, j'avais été énervée, oui je l'avais été, mais c'était parti, c'était parti rien qu'en regardant et en me rendant compte l'état dans lequel toute cette histoire mettait Raven, Raven qui d'habitude restait si maître de lui. Voir Raven au bord des larmes c'était une première pour moi, et ça aurait suffit à effacer n'importe quelle colère qui aurait pu grandir en moi. Je ne voulais pas qu'il s'excuse, je ne voulais plus m'excuser non plus. Je voulais être capable d'oublier, d'oublier ce qui avait pu nous séparer à l'époque, et ces choses qui d'une certaine façon s'efforçaient encore de nous séparer aujourd'hui, Hunter, nos différences, mon égoïsme et toutes ces autres choses. Je voulais simplement le sentir contre moi. Alors j'avais déposé un baiser, presque une carresse au coin de ses lèvres, avant de le serrer contre moi. Sentir les battements de son cœur, juste le sentir contre moi. Et surtout lui faire sentir que j'étais là. Comment pouvait-il douter, comment pouvait-il avait peur alors que j'étais celle de nous deux qui avait le plus à se reprocher dans toute cette histoire ? Je l'avais senti enfouir sa tête à l'intérieur de mon cou, comme par peur que je m'en aille. Comment pouvait-il pensner une seule seconde que ce soit possible ? Je l'aimais, avec mon cœur, avec mon âme, avec mon corps. Et c'était tout ce qui comptait à mes yeux. Quand j'avais posé une main sur sa joue il l'avait recouverte de la sienne.
« Tu sais bien que tu peux pas me faire cette promesse, et je peux pas te la faire non plus... Mais du moment que tu me promet de tout faire pour. » J'avais senti sa main posé autour de ma taille se resserrer pour m'enlacer complètement, et il avait posé son front contre le mien. Doucement, tendrement, bien loin de la façon dont nous nous étions parlé lorsque j'étais rentrée dans la salle d'entrainement. Et tendrement, il avait cherché mes lèvres, pour m'embrasser, bien loin du baiser que j'avais déposé sur ses lèvres quelques instant plus tôt, de ce baiser qui tenait plus de l'effleurement que du réel baiser. Non, celui là j'aurais pu me perdre dedans, je pouvais penser qu'il n'y avait que ça qui comptait, je pouvais oublier toutes les choses dures et douloureuses que nous nous étions dites. Et alors qu'il y avait mis fin, j'avais même tenté de le retenir un instant, un instant éphémère, avant de laisser nos lèvre se séparer à contrecoeur. « Maintenant je peux le dire... je t'aime, aussi. » Ne voyant pas où il voulait en venir lorsqu'il avait commencé sa phrase j'avais finalement sourit, presque étonnée qu'il soit capable de plaisanter malgré tout ça, et même si, je le savais, ça avait été douloureux pour lui de ne pas l'entendre pendant tellement de temps. Et finalement quand il s'était à nouveau emparé de mes lèvres elles l'attendaient, et ma main posée sur sa joue était passé derrière son cou, puis derrière ses cheveux. Trente seconde, une minutes, une heure, une éternité, un éternité c'est le temps que j'avais l'impression que ce nouveau baiser avait duré, alors que finalement la réalité de ma condition s'était a nouveau imposée à moi, sous la forme d'une pointe de douleur un peu plus bas que la poitrine, là où ma côte était cassée. Me séparant de lui quelques secondes, j'avais tenté de reprendre mon souffle, alors que justement chaque bouffée d'air était douloureuse. J'avais pourtant esquissé un sourire. « J'suis désolée... On peut pas réellement dire que je sois au meilleur de ma forme, surtout pas pour des retrouvailles. » Ma main derrière son coup s'était resserrée alors que j'expérimentais une nouvelle pique de douleur, et par peur de lui faire mal j'avais laissé retomber mon bras et j'avais décolé mon front du sien. C'était presque ironique, à quel point je n'avais pas finit de payer ma petite excursion au district un, ma petite visite chez Hunter.
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| | | Raven H. Abernathy △ correspondances : 2104 △ points : 1 △ multicomptes : thybalt, gwendal, eurydice (denahi) △ à Panem depuis le : 22/01/2012 △ humeur : la mort de Coin, dont les idées commençaient à lui déplaire, a donné un nouvel élan à son implication dans la lutte contre le Capitole △ âge du personnage : trente-six ans △ occupation : lieutenant-colonel dans l'armée du 13 (chef de section, tireur d'élite) ~ membre du conseil de décision post-Coin
| Sujet: Re: RAVEN&MILENA ⊱ ❝i tried so hard, thought i could do this on my own❞ Dim 9 Sep - 3:25 | |
| Ce n'était pas que je n'avais pas conscience de la situation ; Des risques de notre métier, des risques de la période dans laquelle nous vivions … Je savais que quelque soit le jour ou l'heure la mort planait toujours au dessus de nos têtes, plus encore que sur celles des autres districts de Panem. Je savais toujours ça, et je ne cherchais pas à l'oublier … J'avais simplement appris à vivre avec, à ne pas considérer cela comme une fin en soi, ou comme une fatalité. Et pendant un moment Miléna m'avait fait douter, parce qu'elle me semblait tellement convaincue que mon point de vue était à la fois irréaliste et utopique que j'en étais venu à me demander si je n'avais pas tort au fond, et si ma confiance en l'avenir n'était pas simplement de la pure bêtise. Mais je ne voulais pas, je ne pouvais pas me résoudre à penser de cette manière, avec autant de pessimisme, parce que ce n'était pas moi … Je ne pouvais pas juste changer radicalement ma manière de penser, je ne savais pas si cela venait du fait que j'étais né dans ces souterrains comme mon père et son propre père avant lui mais vivre de cette façon ne constituait pas vraiment pour moi une contrainte … Et je savais que c'était supposé en être une, qu'on attendait sans doute de moi que je n'ait qu'une hâte celle de quitter cet endroit pour pouvoir enfin vivre à l'air libre comme les habitants des douze autres régions du pays … Mais non. Une partie de moi l’espérait, mais l’autre partie savait aussi que je n’avais rien connu d’autre durant ma vie, ces galeries sous terre, ces couloirs gris et froids c’était ma maison, c’était là que j’avais grandi, là que je l’étais construit … et ce n’était pas si mal. Je ne pensais pas avoir eut une enfance malheureuse, elle était faites de restrictions autant que l’était ma vie aujourd’hui mais j’avais toujours vécu ainsi, cela ne me semblait donc pas anormal. Aussi même si mes convictions n’étaient pas moins fortes quant au désir d’être enfin débarrassé du Capitole et de sa dictature, je ne me battais pas dans l’espoir de quitter cet endroit et mes espérances quant à l’après-guerre n’étaient somme toute pas très élevées … Je voulais simplement continuer à vivre comme je le faisais aujourd’hui, comme nous le faisions aujourd’hui … le risque quotidien de perdre la vie en moins. Mais ce n’était pas ce que Miléna avait besoin d’entendre, elle n’avait pas besoin de savoir que pour moi guerre ou non cela ne changeait rien, qu’au fond la guerre ne changeait ni ma façon de penser ni ma façon d’agir ; Elle avait besoin d’entendre que la fin de la guerre serait aussi la fin de nos problèmes, et cette fin je voulais croire qu’elle se rapprochait. Pas à titre personnel mais parce que je voulais pouvoir voir le visage de Miléna le jour où tout cela serait enfin derrière nous, et parce que c’était en temps de paix que je voulais voir cet enfant, notre enfant, grandir. « La guerre durera pas éternellement … » avait-elle simplement murmuré avec ce que je croyais reconnaître comme du cynisme, ou comme une vaine tentative de s’en convaincre. Mais ce n’était pas uniquement cela, je le savais, c’était simplement la seule chose sur laquelle je pouvais la rassurer parce que pour le reste je me sentais aussi perdu qu’elle … Je ne savais pas quoi dire pour tenter de lui faire envisager les choses de manière plus sereine, ou au moins de manière un peu moins préoccupante. Mais je ne trouvais rien, j’étais simplement aussi impatient qu’elle était terrorisée et je ne voyais pas quoi faire de plus … « Mais la présidente est pas infaillible Raven, elle est pas indestructible. Et le Capitole est tellement puissant, de jour en jour il aime nous rappeler à quel point ils peuvent nous écraser, tous, comme des insectes. Je ne dis pas que j’ai pas foi en la cause pour laquelle je me bats. Je sais que la guerre terminera et que ce sera par notre victoire. Je sais que les choses sont en marche et que le monde qu’on connait va changer. Seulement je suis lucide. Je sais que y’a plus de chances que ce soit dans vingt ans que dans deux, trois ou même cinq. » Je n’avais rien dit, je m’étais contenté de la regarder et de l’écouter mais je n’avais rien dit pour lui répondre, parce que rien de ce que je dirais ne ferait le poids face à cela. C’est vrai, peut-être que la guerre durerait encore dix, vingt ou même trente ans, mais trente ans ce n’était pas éternellement, et Miléna avait raison le risque qu’elle ou moi ne soyons plus là pour le voir était réel … Mais cet enfant à venir oui, et c’était ça qui comptait à mes yeux. « Et on perd des hommes toutes les semaines … » J’avais baissé les yeux, sachant pertinemment qu’elle avait raison. « Je sais … » Marquant une pause j’avais en vain cherché mes mots pour tenter de la rassurer mais je savais que rien y ferait, et que même mon optimisme ne changerait rien au fait qu’elle avait raison, nous perdions des hommes toutes les semaines et la semaine prochaine cela pourrait être moi, cella pourrait être elle. Mais finalement je n’avais pu m’empêcher d’ajouter « Peut-être … peut-être que y’en a encore pour quinze ou vingt ans, et peut-être qu’on sera plus là ce jour là, ou peut-être pas tous les deux … mais lui le sera, et dans un sens je crois que ça me suffit. Que ça peut être une raison suffisante au fait de me lever le matin et continuer à faire ce métier. Parce que je veux pas juste un avenir pour toi et moi, je veux un avenir pour lui … » Lui. Cet enfant. Dont je me souciais à chaque minute un peu plus, et que j’aimais à chaque seconde un peu plus également … Cela ne voulait pas dire bien entendu qu'avant cela je ne nous voyais aucun réel avenir à Miléna et à moi, à vrai dire j'en avais toujours vu un, plus ou moins précis et plus ou moins à long terme -au début surtout- mais dès le moment où mes lèvres avaient effleuré les siennes ce soir là il y a quatre ans, lorsque contre toute attente j'étais allé frapper chez elle sans vraiment savoir ce que j'espérais mais en sachant seulement que c'était là que je devais me trouver et non ailleurs, j'avais su. J'avais su que ce n'était pas juste une bêtise, un caprice ou une passade, c'était quelque chose de vrai, quelque chose dans lequel je voyais un avenir … Je n'étais de toute façon pas du genre à me perdre dans ce que je ne croyais pas durable. Miléna l'avait dit elle-même, nous faisons un métier risquer et des hommes nous en perdions chaque semaine ; Alors nous ne pouvions pas, je ne pouvais pas, nous permettre de nous dire « je verrai plus tard ». Et c'était sans doute aussi pourquoi j'avais aussi mal réagi lorsque j'avais appris son infidélité, parce que ça ne faisait pas simplement mal cela remettait aussi en cause tout ce futur auquel j'avais songé … Avant ce jour là je n'avais jamais songé à quitter Miléna, je n'avais même pas songé à ce que pourrais à nouveau être ma vie sans qu'elle n'en fasse partie tellement quelques semaines avaient suffit à la faire devenir indispensable à mes yeux. Et ce qu'elle avait fait avec ce pacificateur ce n'était pas simplement piétiner la confiance que j'avais en elle c'était aussi réduire en poussière toutes ces idées plus ou moins utopiques et plus ou moins réalisables que j'avais fini par avoir quand je pensais à elle, et quand je pensais à nous. Et je lui en avais tellement voulu pour ça … Je ne me mettais que peu souvent en colère, ce n'était sans doute pas dans ma nature, mais lorsque cela arrivait j'avais tendance à me montrer excessif. Et excessif je l'avais été, encore plus lorsque j'avais vu à quel point tout cela semblait laisser Miléna de marbre, comme si cela ne comptait pas, comme si ce n'était … rien. C'était ça, elle m'avait fait du mal et elle agissait comme si ce n'était rien, comme si j'aurais simplement du dire tant pis et faire comme si rien ne s'était passé, comme si rien n'avait changé. Mais tout avait changé, ce jour là et ceux d'avant dans le district cinq avaient tout changé. Et des choses que j'avais pensé parce que j'étais en colère il y en avait eut, parce que je n'arrivais pas à accepter de m'être fait avoir une nouvelle fois, d'avoir une fois de plus été aveuglé par mes sentiments au point de ne rien voir, de ne rien deviner. Si je ne l'avais pas appris par des bruits de couloir je n'aurais sans doute jamais rien su de ce que Miléna avait fait, elle ne me l'aurait bien sur jamais dit et malgré moi je devais bien avouer que je ne m'en serais sans doute jamais douté … Elle aurait pu me mentir durant des années et des années que je n'aurais rien soupçonné, et quelque part cela m'avait mis hors de moi parce que je m'étais promis que plus jamais je ne me ferais savoir de cette manière, par qui que ce soit. Cette promesse je me l'étais faite le jour ou Duncan était partit, le jour où en pleine forêt il m'avait regardé dans les yeux et m'avait avoué ne plus supporter le treize, ses membres et leur hypocrisie ; Le treize l'avait accueilli alors qu'il n'avait plus personne, il lui avait donné un avenir, et moi je lui avait donné mon amitié. Le genre que je n'avais jamais offert à personne d'autre, le genre qui m'aurait fait sortir sur un champ de bataille les yeux fermés si je l'avais eut pour me guider … et ça n'avait pas compté, ce n'était rien non plus. Et le pire c'était que je le savais, je savais au fond de moi que si Duncan me suppliait un jour de lui pardonner, que s'il venait me demander de l'aide ou n'importe quoi d'autre je ne parviendrais pas à lui tourner le dos … Je l'avais haïs, du moins je le pensais, les premiers mois je n'exagérais pas en disant le considérer comme mort parce que c'était ce que je pensais, que j'aurais préféré le voir mort plutôt que de rejoindre les rangs de l'ennemi. Mais depuis ma colère s'était estompée et seuls restaient les regrets, ceux de n'avoir rien vu, de n'avoir rien pu faire pour empêcher cela, de n'avoir pas su trouver les mots pour le convaincre que sa place était toujours parmi nous, au treize. Pour Miléna les choses étaient un peu les mêmes, le ressentiment que j'avais eut à son égard était sincère, les reproches que j'avais fais étaient sincères, les mots que j'avais employés l'étaient eux aussi, pour la plupart du moins … Et puis au fil des semaines, des mois, j'avais fini par ne plus rien voir d'autre que le fait que malgré tout cela elle me manquait. Horriblement. Et parce que je pensais l'avoir définitivement perdue, parce que notre rupture ne semblait pas lui avoir causé autant de peine que je l'aurais presque espéré, juste pour avoir la sensation de compter un peu, je n'avais fait que maudire cette année passée avec elle parce qu'elle rendait tout ce qui avait suivi dans ma vie fade et sans intérêt. Après des semaines à n'être guidé que par ma colère j'avais passé des mois entiers guidé par rien d'autre que mes regrets, et ceux d'une relation de laquelle je ne pouvais plus rien espérer. C'était la vérité je ne me rappelais pas de tout ce que j'avais pu dire sous le coup de l'énervement, je ne m'en rappelais mais mais surtout j'avais tout fait pour l'oublier et je ne voulais pas faire d'effort pour m'en souvenir … Parce que si entendre ces mots lui avait fait mal, m'en rappeler m'en faisait aussi, et je ne voulais pas. Je ne voulais pas repenser à cette période et à ce que j'avais pu ressentir à cette époque, à l'état d'esprit dans lequel j'avais été après avoir vu ma confiance trahie une seconde fois par une des personnes, si ce n'était LA personne la plus importante de ma vie. « C'est bien dommage, parce que moi je me souviens de chaque mot. » Était-ce un reproche ? Si ce n'en était pas un cela sonnait en tout cas comme tel. Que pouvais-je dire ? Elle avait fait quelque chose qui m'avait blessé et j'avais tout fait pour la blesser à mon tour, simplement parce que je ne voulais pas être le seul à souffrir … Je n'avais jamais été plus égoïste que ce soir là, c'était vrai aussi, mais que pouvais-je dire d'autre ? J'étais désolé, je venais de le dire, et je ne voyais pas quoi faire de plus. « Au moins tu as réussi ton coup. » A son tour elle avait baissé les yeux, et je m'étais senti d'autant plus incapable de dire quoi que ce soit. Je ne pouvais pas changer ce que j'avais dit, et elle ne pouvait pas changer ce qu'elle avait fait … Alors que voulait-elle ? Qu'espérait-elle entendre de ma part ? « Et que t'avais gâché sept ans de relation pour quelque chose qui ne valait pas le coup ? Tu le pensais ? Tu pensais que ce qu'on avait vécu valait pas le coup ? » Soupirant, j'avais posé mes yeux sur elle mais sans savoir ce que j'allais pouvoir répondre ; A nouveau je repensais à mon « Tu aurais préféré que je te mente ? » Et à son « oui » et je ne savais pas quoi faire … Est-ce que je devais lui mentir alors ? Lui dire que non, je ne le pensais pas, alors que même si je me détestais que ce soit le cas la réponse était que oui, pendant un court instant je l'avais pensé ? « J'ai rien gâché, Vanya et moi ça fonctionnait déjà plus bien avant que toi et moi on se fréquente, et tu le sais. » C'était la vérité, l'attraction que j'avais pour Miléna m'avait peut-être aidé à prendre une décision ferme et définitive mais ce n'était pas elle qui avait causé ma rupture avec Vanya … C'était tout un tas de choses, c'était compliqué, et ce n'était pas le sujet. « Et ça valait le coup, en trois ans y'a pas un seul jour où j'ai pas regretté cette époque, y'a pas une seule fois où j'ai pas souhaité qu'on soit jamais allé au cinq, que tout ça se soit jamais passé, que … ça valait le coup. » Mais ça je ne l'avais accepté à nouveau que quelques temps plus tard, quand les regrets avaient pris la place de la rancœur. « C'est juste que … ça a jamais été un jeu. Toi et moi, ça a jamais été un jeu, ou un passe-temps, même au tout début, pas pour moi en tout cas … et que t'ai tout gâché pour une une putain de mission, que t'ai tout laissé de côtés pour quelques informations minables qu'on aurait fini par avoir d'une manière ou d'une autre, j'ai trouvé ça tellement injuste … comme si tout ce qu'on avait vécu pendant ne valait rien ou presque à tes yeux, comme si tout ce que j'avais vécu et ressenti pendant un an je l'avais vécu tout seul … » J'avais marqué une pause, parce que sentant ma gorge se serrer j'avais eut besoin de reprendre ma respiration pour tenter de faire passer cette affreuse sensation. Et finalement j'avais pris ma décision, et donc repris « Y'a ce moment au tout début où je me suis demandé si ça valait le coup d'avoir été aussi heureux pendant un an, pour me sentir aussi minable et malheureux après. Et je savais que je pourrais pas passer à autre chose, penser à autre chose … Et pour ça je t'en ai voulu. Pour m'avoir rendu tellement heureux et ensuite empêché de l'être, parce que je pouvais plus l'être, pas en t'ayant rencontré et en t'ayant perdue. » Est-ce qu'elle comprenait où je voulais en venir ? Est-ce qu'elle réalisait ce qu'elle avait fait de moi, à quel point sans rien faire de particulier elle m'avait rendu tellement dépendant à elle que pendant ces trois années à tenter de l'oublier tout ce à quoi j'arrivais à penser en posant les yeux sur une autre femme c'était qu'elle pourrait faire tous les efforts du monde elle ne serait jamais Miléna, et que puisque j'avais perdu cette dernière j'étais donc condamné à regarder les autres femmes avec un mélange d'amertume et de regrets, sans pouvoir simplement tourner la page ? Elle ne pouvait pas s'imaginer comme j'avais besoin d'elle, comme sans elle j'avais l'impression que quelque chose ne tournait pas rond, et comme pendant trois longues années je n'aurais pas été capable une seule fois de regarder quelqu'un dans les yeux et de lui dire sans mentir que j'étais heureux. Parce que je ne l'étais pas, et je ne l'avais pas été une seule fois entre le moment où j'avais quitté Miléna et le moment où elle était revenue frapper à ma porte … Peu importe qu'il se soit passé trois ans, il aurait pu se passer trois jours, trois ans ou trente ans j'étais certain que le résultat n'aurait pas été différent. Il y avait plusieurs façons d'aimer quelqu'un, j'étais bien placé pour le savoir puisque j'avais aimé Vanya puis Miléna et pourtant je n'avais jamais ressenti la même chose pour l'une et l'autre … C'était difficile à expliquer. Mais la façon dont j'aimais Miléna était unique, c'était plus que physique c'était viscéral, c'était au point d'en être dépendant, d'avoir tellement besoin d'elle que plus rien ne me semblait envisageable sans elle, au point que si demain je la perdais à nouveau, et pour de bon cette fois-ci, j'étais désormais certain que heureux je ne le serais plus jamais. Et si le simple contact de sa main dans la mienne réussissais provisoirement à me ramener au fait qu'elle était bien là et que pour le moment rien ni personne ne pourrait me l'enlever, la simple perspective que cela puisse un jour être le cas me terrorisait. Et plus encore maintenant, j'avais la sensation qu'une fois cet enfant né il en serait de même pour lui, que de dépendant à une personne je deviendrais dépendant à deux … Et ça c'était effrayant, plus que je ne l'admettrai jamais parce que je ne voulais pas rajouter mes propres peurs à celles déjà nombreuses de Miléna. « Tu vaudrais le coup que je fasse tellement de choses pour toi Raven ... » m'avait-elle finalement murmuré, mais baissant les yeux je n'avais rien répondu, ne pouvant m'empêcher de douter de la véracité de cette phrase après tous les reproches que j'avais mis sur ses épaules, et non sans craindre malgré moi qu'un jour le temps finisse par la faire changer d'avis à ce sujet. C'était ce dont j'avais peur. Qu'un jour elle finisse par en avoir assez que je ne comprenne pas toujours la subtilité de ses choix parce que depuis toujours j'avais appris à voir les choses comme bonnes ou mauvaises, noires ou blanches et rien d'autre ; Qu'elle finisse par ne plus supporter mon inquiétude permanente à son sujet, le fait que ma peur de la perdre me fasse agir d'une manière que je réprouvais moi-même, qu'elle finisse par en avoir assez tout simplement. Elle m'aimait, je n'avais pas eut besoin d'attendre qu'elle me le dise pour le savoir, même si de l'entendre enfin pour de bon m'enlevait tout de même un certain poids des épaules, le poids de cette question que malgré tout je m'étais déjà posé … Est-ce qu'elle m'aime ? Autant que moi je l'aime, autant ? Parce que c'était trop, trop de sentiments pour qu'ils puissent ne pas être réciproques, et tandis que je cherchais quelques réponses dans ses baisers j'avais simplement recommencé à espérer. Que ce futur que j'avais un jour entrevu existerait finalement un jour, peut-être pas exactement de la même manière, ne serait-ce que parce que nous ne serions bientôt plus deux mais trois, mais qu'il existerait tout de même. Et j'aurais pu rester là trente secondes, une minute, une heure ou une éternité, parce que c'était dans ces instants là que je me permettait d'espérer que les choses pourraient être ainsi éternellement. Et pourtant, lorsque grimaçante elle avait mis fin à notre baiser j'étais resté interdit, comme craignant d'avoir dit ou fait quelque chose qui finalement ne lui plaisait pas … La regardant malgré moi d'un air interrogateur j'avais à peine adhéré au sourire qu'elle m'avait adressé avant de s'expliquer sur un ton qui dans d'autres circonstances aurait pi passer pour de la plaisanterie « J'suis désolée … On peut pas réellement dire que je sois au meilleur de ma forme, surtout pas pour des retrouvailles. » Loin de me faire rire pourtant sa réflexion n'avait fait que m'inquiéter, à nouveau. Et tandis qu'elle se détachait finalement de moi mes mains avaient glissé le long de sa taille pour venir se poser sur ses hanches, tandis que je demandais finalement avec une certaine précipitation « Comment ça ? Je croyais que t'étais passée par l'infirmerie avant de venir, pourquoi ils t'ont pas gardé si tu avais quelque chose ? Ils sont inconscient ? Ils ... » Elle ne m'avait pas laissé terminé. Mais là était une preuve parfaite de mon inquiétude chronique concernant Miléna ; Ce n'était pas que je la pensais trop fragile, je savais à quel point elle était résistante aussi bien physiquement que mentalement, mais c'était ainsi je ne pouvais pas m'empêcher de m'inquiéter au moindre bobo. Et en l’occurrence elle revenait de chez quelqu'un qui avait tenté de la tuer par le passé, et sans doute cette fois-là aussi. Alors j'étais inquiet, oui. Tant pis si cela faisait de moi un imbécile.
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| | | Miléna E. Andréis-Wheeler △ correspondances : 5888 △ points : 1 △ multicomptes : (l. c. meery) △ à Panem depuis le : 04/09/2011 △ humeur : cruellement arrachée à sa famille △ âge du personnage : vingt sept ans pour toujours
| Sujet: Re: RAVEN&MILENA ⊱ ❝i tried so hard, thought i could do this on my own❞ Dim 9 Sep - 15:52 | |
| J'avais le sentiment qu'en se concentrant sur une seul des peurs que je lui avait avouée, Raven mettait de côté volontairement les autres. Qu'est ce que je ça voulait dire, qu'il en avait peur, lui aussi ? Jamais je n'avais réellement réfléchis à ce qu'il pourrait se passer dans sa tête si jamais cet enfant n'était pas le sien, pas biologiquement puisque de toute évidence ça sera le sien, il ne pourrait pas en être autrement. Même si au fond c'était aussi l'une des peur que je n'arrivais pas à émettre à voix haute. Et si Raven n'était pas le père de cet enfant, cet enfant que contrairement à moi il voulait pourtant terriblement, l'aimerait-il quand même ? L'aimerait-il pareil ? Ou finirait-il par me laisser, par me laisser avec la fille ou le fils de Cray qu'il n'arrivait pas à accepter comme le sien ? Je savais que j'étais peut être cruelle de me poser cette question, peut être que je l'étais, mais c'était également une question qui a mes yeux restait légitime, parce que tout le monde n'est pas capable d'aimer un enfant qui n'est pas le sien, d'arriver à le supporter au quotidien, et je n'avais pas peur que l'amour que Raven me porte ne soit pas sincère, j'avais peur qu'il ne soit pas assez fort si ce genre de chose arrivait. Parce que je savais aussi très bien qu'on ne force pas ce genre d'amour, et c'était aussi pour ça que moi cet enfant j'avais peur de ne pas parvenir à l'aimer, d'être obligée de me forcer, chaque jour encore. Pourtant j'avais eu peur, j'avais eu peur pour lui quand Hunter avait abbattu une volée de coups de poing sur mon corps, je le savais, j'avais ressenti cette peur qu'il lui arrive quelque chose, mais ça changeait pas ce que je ressentais au fond, du moins pas pour l'instant. J'espérais sincèrement qu'avec le temps ça viendrait, mais pour l'instant j'étais juste morte de trouille. Et je n'avais pas peur que Raven n'accepte pas mes craintes, j'avais peur qu'il ne les comprenne pas, tout simplement, qu'il n'arrive jamais à les comprendre. Non. Qu'il n'arrive pas à comprendre que je n'aime pas cet enfant alors que lui l'aimait déjà si profondément alors qu'il n'était même pas assuré d'être son père. Comment pouvait-il comprendre ça ? Alors que j'étais sûre qu'il priait au fond de lui pour que cet enfant soit le sien, comment pouvait-il comprendre que moi j'aurais en cet instant préféré qu'il n'existe pas ? C'était drôle, j'avais finis par penser que des enfant je ne pouvais pas en avoir, et si au treize c'était vu comme un grand malheur, pour moi ça avait été plutôt été une sortie de libération une façon de me conforter dans mon idée que je n'étais pas faite pour être mère. Et depuis un certains nombre de temps je m'étais persuadée que jamais je ne tomberais enceinte. Et c'était arrivé, c'était arrivé et lorsque Vanya me l'avait annoncé, parce que oui je n'avais pas encore trouvé de moyen de dire à Raven que son ex était au courant puisqu'elle avait même été au courant avant moi mais j'étais bel et bien restée sur les fesses lorsqu'elle me l'avait dit. J'étais partie sans demander mon reste, et elle n'avait pas cherché à me retenir pour me dire qu'il faudrait que je vois un médecin ou ce genre de connerie parce qu'elle savait certainement que je reviendrais mais que comme moi elle avait estimé que ce n'était pas à elle que je devais en parler, parce que malgré tout j'avais toujours eu le sentiments que c'était bizarre quand on était obligée d'échanger ne serait-ce que quelques mots et qu'elle ressentait certainement la même chose. Quoi qu'il en soit j'avais pas trouvé l'occasion d'en parler à Raven, et de toute façon je n'aimais pas parler d'elle, je n'aimais pas penser à elle parce qu'au fond j'avais peut être encore l'impression aujourd'hui encore que d'avoir partagé sa vie pendant sept ans lui donnerait toujours une plus grosse importance dans sa vie que celle que celle que j'avais, et ça c'était tout simplement insupportable.
« Je sais … » Alors comment, comment était-il si confiant s'il savait ? Comment réussissait-il a ne pas perdre espoir ? J'avais le sentiment que cette discussion avait dépassé le simple fait que j'avais peur d'élever un enfant dans ces conditions, que ça avait dépassé cet enfant. Qu'il n'était plus question que de ça, qu'il était question de notre façon à nous deux de voir l'avenir, de voir le futur tout simplement. De voir notre relation même peut être, mais même notre façon de voir la guerre, la façon dont nous y contribuons, de voir le district treize et sa cause, la cause à laquelle nous avions adhérés tous les deux. « Peut-être … peut-être que y’en a encore pour quinze ou vingt ans, et peut-être qu’on sera plus là ce jour là, ou peut-être pas tous les deux … mais lui le sera, et dans un sens je crois que ça me suffit. Que ça peut être une raison suffisante au fait de me lever le matin et continuer à faire ce métier. Parce que je veux pas juste un avenir pour toi et moi, je veux un avenir pour lui … » J'avais fermé les yeux, je voulais qu'il se taise. Je ne voulais pas penser au fait que la guerre puisse me l'arracher. Je ne voulais pas penser à sa mort, sa mort dont il m'était déjà arrivé de faire des cauchemars la nuit, lorsque ce n'était pas Hunter ou Phoenix, lorsque ce n'était pas des souvenirs déformés par mon esprit pour les rendre encore plus terrifiants de ces heures au capitole, de mes cris, de mes larmes, lorsque ce n'était pas ça c'était parfois le corps sans vie de Raven que je voyais. Etendu par terre, couvert de sang, et je me voyais, la scène variait mais je finissait la plupart du temps par tomber à genoux et à pleurer toutes larmes de mon corps, et lorsque je me réveillais, pendant ces quelques secondes après un rêve ou au cauchemar ou l'on a encore le sentiment d'être à l'intérieur, j'avais la sensation que jamais plus je ne serai heureuse. Et ce sentiment ne disparaissais que lorsque je finissais pas trouver Raven à mes côté que je me blotissais contre son torse pour me convaincre qu'il était là, et que jamais rien ne lui arriverai. Souvent j'écoutais se respiration, pendant plusieurs minutes avant de réussir à me rendormir. Besoin de sentir sa peau contre la mienne, j'avais juste besoin de sentir la chaleur de sa peau. Et la vérité c'était ça, la vérité c'était que j'avais pas envie d'en parler, j'avais pas envie d'imaginer le jour où peut être il ne serait plus là. Parce que... « Mais moi c'est de toi que j'ai besoin. » C'était presque enfantin, presque une supplication, une plainte. Je n'avais rien à répondre à ce qu'il venait de dire à part ça. Oui moi c'était de lui que j'avais besoin, et j'étais tellement égoïste que pour le moment c'était tout ce que j'arrivais à voir, tout ce que j'arrivais à répondre, et je détestais cet enfant pour le simple fait qu'il me forçait ne serait-ce qu'une seconde à me projeter dans un futur ou Raven ne serait plus là avec moi. Je savais que je devais avoir l'air d'une gamine capricieuse, d'une adolescente qui refuse d'affronter la vérité et les responsabilité qu'elle s'appreête à avoir, mais j'étais incapable de réfléchir de manière rationnelle. Mais j'avais baissé les yeux, parce que j'en avais conscience, il devait même me trouver ridicule, si ce n'est juste la personne la plus égoïste du monde. Oui ridicule, c'était encore bien gentil. Ne pas vouloir imaginer le futur ne voulait pas dire que je n'avais pas voulu d'un futur avec Raven, loin de là. Je voulais passer ma vie à ses côtés, parce que j'étais certaine que les sentiments que je ressentais pour lui ne faibliraient jamais, mais je ne voulais pas réfléchir à ce que ce futur serait parce que ce que nous avions me suffisait. Même à l'époque et malgré tout ce qu'il avait pu croire mais aussi ce dont j'avais essayé de me persuader, j'étais devenue réellement dépendante à lui, comme on peut dépendre d'une drogue. Oui c'est exactement ça, j'étais dépendante, et j'avais tenté de me persuadée que non, j'étais toujours cette même femme, celle qui n'avait besoin de personne, celle qui tenait à pouvoir se dire indépendante, mais la vérité c'est que j'avais besoin de lui, très rapidement j'avais eu la sensation d'avoir en permanence besoin de lui. Pendant l'année que nous avions passés ensembles rares étaient les nuits que je ne passais pas à son appartement ou qu'il ne passait pas au mien, parce que la simple idée de ne pas m'endormir contre lui me déplaisait réellement. Et aujourd'hui ce n'était même plus que ça me déplaisait, aujourd'hui ça me tétanisait même. Peut être parce que je savais que si j'en venais à me réveiller la nuit en crise de panique sans sentir sa présence à côté de moi, j'aurais tout le mal du monde à me calmer et à me rendormir avant d'avoir senti ses bras se refermer autour de mes épaules. Oui, ce qui m'étais arrivé au Capitole avait réussit à me rendre encore plus tributaire de Raven que je ne l'étais déjà. Encore plus fragile. Et ça pour rien au monde je l'aurais admis. Je laissais Raven le voir parce que je n'avais pas le choix, parce qu'il était obligé de s'en rendre compte, mais dès que nous n'étions plus seul je tentais de remettre ce masque, de reconstruire cette armure que je m'étais faite au fur et à mesure des années pour sembler forte et parfois même dure aux yeux de ceux qui ne me connaissaient pas. Mais c'était comme ça que j'avais le sentiment de pouvoir contrôler ce qu'il se passait dans ma vie, et j'avais perdu ce sentiment, je voulais à tout prix le retrouver. J'avais besoin de controler, j'étais le genre de femme qui avait besoin de tout contrôler.
Et j'avais réussit, il y a trois ans j'avais réussit lorsque Raven m'avait dit toutes ces choses, après avoir apprès ce que j'avais fait, j'avais réussit à contrôler la moindre émotion. Et c'était peut être à ça qu'il s'était heurté en attendant une réaction, à cette carapace que j'avais mis des années à bâtir, mais à laquelle durant l'année que nous avions passés ensembles il n'avait jamais réellement eu à faire. Parce que jamais je n'avais eu besoin de l'utiliser avec lui, jusqu'à ce jour. Mais j'avais besoin de savoir, j'avais besoin de savoir à quel point il avait pensé ces choses. Parce que si j'avais rien laissé paraître ces choses je les avait encaissées, et je les avais gardées pendant des années, en me disant que c'était ça, c'était ça ce que Raven pensait de moi, ça qu'il pensait de nous. Alors oui, si ce que j'avais dit, lorsque j'avais dit que moi je me souvenait de chacun des mots qu'il avait prononcé, c'était en peu un reproche au fond. Je n'arrivais pas à accepter qu'il ne s'en souvienne que vaguement quand ça m'avait bouffé pendant des années.
« J'ai rien gâché, Vanya et moi ça fonctionnait déjà plus bien avant que toi et moi on se fréquente, et tu le sais. » J'avais fermé les yeux quelques secondes. Oui il me l'avait dit, il me l'avait déjà dis mais jamais je n'avais cessé d'en douter. Jamais je n'avais cessé de me demander si si jamais je faisais un faux paux il ne reviendrait pas vers elle. Et si je savais aujourd'hui que c'était bel et bien terminé, je ne pouvais pas m'empêcher de douter. Je n'avais plus peur qu'un jour il retourne dans ses bras, ce dont j'avais peur c'était qu'un jour il se rende compte que je n'avais pas l'importance pour lui que j'avais eu, et que d'une certaine façon il regrette cet époque où il était avec elle. Oui, ma plus grande peur était qu'un jour il regrette d'être avec moi, et plus avec elle. Et ça même quand je savais que les choses n'étaient plus roses entre eux avant qu'il ne mette fin à leur relation. « Je sais... Je veux dire, au fond je le sais... Mais... Quand tu as dis ça... Je crois pas que t'ai jamais pris conscience des mes craintes à ce sujet là, je veux dire même quand on était encore ensembles, et ce que tu as dit, quand tu as dis ça je... ça fait qu'encore plus nourrir mes peurs, et je suis incapable de m'empêcher de me demander... » De pas me demander si tu n'aurais pas été plus heureux avec elle. De pas me demander si tu ne l'avais pas regrettée. De pas me demandée si ces septs ans que tu as passés avec elle ne te semblaient pas plus importants, plus importants que nous. De pas me demander si au fond tu la considérais pas comme la femme de ta vie. J'aurais pu dire tout ça, parce que c'était vrai, mais j'étais incapable de le formuler. J'étais incapable parce que j'avais peur qu'il me veuille, de penser ça. Et pourtant j'aurais tellement eu besoin d'être rassurée. « Et ça valait le coup, en trois ans y'a pas un seul jour où j'ai pas regretté cette époque, y'a pas une seule fois où j'ai pas souhaité qu'on soit jamais allé au cinq, que tout ça se soit jamais passé, que … ça valait le coup. » S'il savait à quel point moi aussi j'avais regretté. Jamais je ne l'avouerai, parce que j'étais bien trop fière pour ça, mais je l'avais regretté, et j'avais pas pu m'empêcher d'imaginer qu'est ce qu'on serait devenu si c'était jamais arrivé, même si je savais très bien que les et si ? bouffaient la vie. « C'est juste que … ça a jamais été un jeu. Toi et moi, ça a jamais été un jeu, ou un passe-temps, même au tout début, pas pour moi en tout cas … et que t'ai tout gâché pour une une putain de mission, que t'ai tout laissé de côtés pour quelques informations minables qu'on aurait fini par avoir d'une manière ou d'une autre, j'ai trouvé ça tellement injuste … comme si tout ce qu'on avait vécu pendant ne valait rien ou presque à tes yeux, comme si tout ce que j'avais vécu et ressenti pendant un an je l'avais vécu tout seul … » J'avais pris ma tête dans mes mains quelques secondes. C'était douloureux de l'entendre me dire ça, c'était douloureux de savoir qu'il l'avait pensé. « Y'a ce moment au tout début où je me suis demandé si ça valait le coup d'avoir été aussi heureux pendant un an, pour me sentir aussi minable et malheureux après. Et je savais que je pourrais pas passer à autre chose, penser à autre chose … Et pour ça je t'en ai voulu. Pour m'avoir rendu tellement heureux et ensuite empêché de l'être, parce que je pouvais plus l'être, pas en t'ayant rencontré et en t'ayant perdue. » J'avais senti mes tripes se serrer. Parce que je l'avais ressentie, cette impression que plus jamais je ne serait heureuse à cause de ce qu'il était arrivé entre nous. Je n'avais pas mis des mots dessus tout de suite, j'avais cherché à le refouler, mais je l'avais ressenti. J'avais fermé les yeux. Comme si j'étais fatiguée, parce que oui, j'étais fatiguée, tout ça me fatiguait. « J'ai jamais pensé que c'était un jeu... ça a jamais été un jeu. » Ma voix s'était brisée sur la fin de ma réponse. Je ne savais pas quoi dire d'autre. Toutes ces choses ils les avaient pensées, et tout ce que je dirais maintenant de pourrais plus rien y changer. J'avais répprimé une ou deux larmes avant de rouvrir les yeux et de les reposer sur lui. Qu'est ce que je pouvais répondre que je n'avais pas déjà dis ? Moi non plus je n'avais jamais réussit à passer à autre chose, j'étais certaine qu'il le savait, sinon je ne serais pas là. « Je... Pendant trois ans... A part cete nuit avec Cray, y'a un mois et demi, à part ça pendant trois ans je... » J'arrivais pas à formuler ça, j'arrivais pas à le lui dire, je me sentais presque comme là fois où je lui avait avouée que là première nuit que nous avions passés ensemble j'avais également perdu ma virginité. Je savais pas réellement si ça servait à quelque chose ni ce qu'il en penserait, je savais juste que j'avais besoin de lui dire. « A part cette fois là après notre rupture je... J'ai jamais fréquenté personne... Ni émotionnellement ni intimement. » C'était ma façon de lui dire, où plutôt de lui prouver que moi non plus j'étais jamais passé à autre chose. Je savais que ça avait pas été son cas, et pendant trois ans j'avais gardé cette rage au fond de moi à chaque fois qu'il fréquentait une autre femme, même si c'était de façon brève, et même si je savais que je n'en avais pas le droit. « J'ai jamais réussit à en avoir ne serait-ce que l'envie. C'était comme si... » Cherchant un instant comme le lui dire sans qu'il ne prenne mal, comment formuler ma phrase, j'avais hésité quelque secondes. J'avais finalement esquissé un sourire. « Comme si toi aussi tu m'avais arrachée toute chance d'être à nouveau bien avec quelqu'un d'autre en entrant dans ma vie. » Peut être que ça suffirait, à lui faire comprendre que si aujourd'hui je l'avais choisit lui plutôt que Cray je referai ce choix dans deux, dix, vingt ou même trente ans. Est-ce que si jamais je n'avais rencontré Raven j'aurais pu être heureuse avec quelqu'un ? Peut être. Comme je l'avais été avec lui ? Non. Je croyais réellement que Raven était la personne qui était faite pour moi, et qu'il n'y avait que lui, et que si les circonstances de notres rencontre avaient été différentes nous en serions quand même là aujourd'hui. C'était rassurant d'un côté, parce que ça me donnait l'impression que personne pourrait jamais me l'enlever. Et le fait qu'il puisse encore aujourd'hui voir Cray comme une menace, qu'il puisse se dire qu'un jour je regretterais de ne pas l'avoir choisit lui à sa place, c'était impensable pour moi. Ca pouvait pas être autrement, juste parce que ça pouvait pas être autrement. J'aimais Raven, et avant toute chose, j'aimais la façon dont il m'aimait, même si on aurait pu penser que c'était aussi ce qui pouvait le plus m'énerver parfois, cette façon qu'il avait de trop en attendre de moi et de me surprotéger à la fois. J'aimais ça, j'aimais le fait qu'il fasse ressortir le meilleur de moi.
Et j'aimais cette façon qu'il avait de m'embrasser. Chacun des baisers qu'il m'offrait provoquait en moi presque autant de chose que notre premier, il avait ce don. En embrassant Cray je n'avais rien ressentit de particulier, si ce n'est cette proximité avec quelqu'un que je cherchais terriblement parce que je me sentais à l'époque si seule et perdue. Mais avec Raven c'était différent, lorsqu'il m'embrassait j'avais l'impression de sentir à quel point il me désirait de tout son corps, et moi aussi lorsqu'il m'embrassait, je le désirais de tout mon corps. Et c'était peut être bien la première fois aujourd'hui que c'était moi qui l'éloignait doucement de moi de façon prématurée pendant un baiser. Et je n'avais pas pensé une seule seconde que ça pourrait être mal interprété, j'avais juste ressenti une pique de douleur, et si j'avais laissé tomber mon bras qui était derrière son cou c'était parce que lorsque la douleur s'était manifesté j'avais serré son cou de façon à ce que j'ai eu peur de lui faire mal à lui aussi. Et pourtant j'avais lu un éclair de panique traverser ses yeux, et j'avais tenté de le rassurer.
« Comment ça ? Je croyais que t'étais passée par l'infirmerie avant de venir, pourquoi ils t'ont pas gardé si tu avais quelque chose ? Ils sont inconscient ? Ils ... » Ne pouvant pas m'empêcher un instant de trouver cette attitude protectrice envers moi attendrissante je l'avais empêché d'aller plus loin et de s'inquiéter plus. « Non, t'en fais pas. » J'avais pris sa main dans la mienne, tentant au passage sans grand succès de ne pas la broyer alors que j'expérimentais à nouveau un pique de douleur. J'avais pris de grandes inspirations, essayant de respirer correctement mais ce n'en était que plus douloureux, si j'avais pu tenir ma respiration pendant un mois ça aurait surement été moins penible. Puis finalement j'avais lâché sa main pour remonter mon tee-shirt de mes deux mains doucement, jusqu'au point en dessous de ma poitrine ou ma peau était entièrement teinté d'un mélange de rouge et de violet sur presque une vingtaine de centimètre. J'avais oublié à quel point c'était pas beau à voir. « C'est... C'est une côte, c'est pas réellement grave, et ils peuvent rien faire ils ont dit que ça se réparerait tout seul. » Non c'était pas grâve. C'était juste extrèmement douloureux, mais j'avais été prévenue, et surtout je savais les risques que je prenais en allant voir Hunter. L'hématome qui s'étendait sur ma peau pouvait être impressionant, mais c'était rien d'irrémédiable, et surtout Raven devrait bien le voir un jour ou l'autre de toute façon. Tout comme les autres bleus nettement moins important qui s'étalaient tout autour, du à des coups beaucoup moins violent que ceux qui avaient cassé ma côte. Mais il avait vu pire, il m'avait vue bien pire c'était ce que je me répétais.
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| Sujet: Re: RAVEN&MILENA ⊱ ❝i tried so hard, thought i could do this on my own❞ | |
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| | | | RAVEN&MILENA ⊱ ❝i tried so hard, thought i could do this on my own❞ | |
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