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Sujet: Turn down these voices inside my head | Catalina Mer 18 Avr - 18:43
Je plaide coupable ----- pour cesser de culpabiliser.
Le néon accroché au plafond s’était éteint il y à des heures déjà. Je me retournais sans cesse cherchant un sommeil, qui, je le savais, ne viendrait pas. Alors, je me retournais encore et encore tentant de chasser de mon esprit les images floues qui me hantaient. Les corps, le sang, toujours cette sempiternelle rengaine qui semblait me coller aux doigts. C’est alors, que pareil à un sauveur, le néon se ralluma, marquant le début de ma journée réglée comme une feuille de papier à musique. Ils n’allaient pas me laisser le temps de reprendre les fragments épars de ma conscience que déjà ils allaient me presser. Me bourrer de médicaments avant de me forcer à manger. Ils disaient que c’était pour mon bien, mais rien n’y faisait, je ne pouvais l’assimiler. Ils, eux, je ne les nommais jamais, je savais leur nom pourtant. Je connaissais chacun d’eux, il fallait avouer qu’ils n’étaient pas beaucoup à s’occuper de moi. Il y avait un grand barbu qu’on appelait toujours lorsque je semblais perdre les pédales, la plupart du temps il me rompait à l’aide de l’étreinte de ses bras. Une femme assez âgée qui cherchait à comprendre ce qui se passait dans ma tête, ainsi qu’un homme du même âge qui me présentait comme un cas perdu d’avance. Puis un gars, pas trop âgé, assez que pour avoir des enfants, lui, il s’occupait de m’apporter mes médicaments et ma nourriture. Toutefois, de toutes leurs pensées, seules celles du vieil homme est correcte. Perdu ? Je l’étais, j’étais tellement perdu que j’en étais incapable de me retrouver. J’étais parti trop à l’ouest, j’avais laissé mon âme derrière moi croyant en mourant que je n’en aurais plus besoin. Mais, voilà, on m’avait ramené, arraché aux morts, ils croyaient m’avoir sauvé c’était eux qui m’infligeaient tout ça. Eux qui jours après jours me recollaient alors que je souhaitais rester vide, rester brisé. Mais eux, ils continuaient, ils attendaient. Ils attendaient tous quelque chose, mais quoi ? Peut-être que je sorte de ma léthargie, que je dise des mots autres que les cris que je poussais parfois.
Je me redressais, repoussant les couvertures dans un premier temps avant de poser mes pieds hors du lit. Pliant correctement les draps, je m'approchais d'un des rares objets de la pièce, une table où se trouvait entreposé mes habits le matin ainsi que mes repas lorsque je devais manger. Sinon, il n'y avait rien. Je n'avais pas de passe-temps, je ne pouvais rien faire. J'étais en cage, seul avec le temps qui s'écoulait entre mes doigts, ne restant même pas l'espace d'un instant pour me tenir compagnie. J'étais définitivement seul et ça ne m'aidait pas à m'en sortir, à défaut de pouvoir parler à quelqu'un, je pensais. Penser c'était mourir un peu, penser c'était retourner le couteau dans la plaie. Enfilant le t-shirt sans manche d'un blanc immaculé mis à ma disposition, j'enfilais le pantalon en toile légère de la même couleur avant de replier mon pantalon de nuit et le déposer sur la table. En m'apportant à manger on allait me retirer ces habits, surement pour les faire laver. Certainement aussi pour m'empêcher de m'étrangler ou de trouver une quelconque idée suicidaire à relier à ces vêtements. Soupirant, je me reculais en attendant d'entendre la porte s'ouvrir, de voir le même homme apporter un plateau avec de la nourriture et des pilules, avant de laisser une fois de plus ma seule chance de liberté s'effacer alors que la porte se refermera une fois de plus. Je n'avais plus le coeur à me battre, je l'avais trop usé en me battant, ce dernier avait encore souvent du mal à battre correctement, je ne pouvais pas lui en demander plus.
La porte s'ouvrit alors sur le même garçon qui apporta le même plateau. Néanmoins, il hésita alors qu'il eu posé le plateau, le regardant un léger sourire aux lèvres, il semblait décontenancé. Je n'avais plus l'habitude de montrer de quelconques émotions, plus l'habitude d'être habité et pourtant je souriais. Comme si le début de cette journée, similaire pourtant aux centaines d'autres que j'avais déjà vécu, pouvait m'enchanter d'une quelconque façon. « Passe une bonne journée. » Mon sourire disparu comme il était venu, sans raison, ne me laissant que l'arrière-goût amer d'une écharde qu'on m'aurait enlevé du pied. Prenant une légère inspiration, j'essayais tant bien que mal de retenir le flot incompréhensible de paroles qui voulaient s'échapper de mes lèvres pareilles au sang s'échappant à gros bouillons d'une plaie. Regardant le blondinet, je le voyais se rapprocher de la porte sans me tourner le dos, comme si j'étais une espèce d'animal dangereux qu'on ne devait pas quitter du regard. Je ne voulais pas être un animal en cage, je ne voulais pas être un animal. Je ne voulais pas être ! Je ne voulais plus être. Je voulais juste arrêter les pensées qui se pressaient dans mon crane, je voulais que ça cesse, les voix, les cris, les larmes. Pourquoi ne voulait-il pas me débrancher ? Pourquoi, pourquoi, pourquoi ? Cette question revenait en boucle, à croire que le disque de ma vie était raillé. Faisant un pas vers le jeune homme, je lu la terreur dans ses yeux et sincèrement ça me donnait envie de pleurer. Pleurer le bon gars que j'étais, pleurer la vie que j'avais. Pleurer les gens que j'avais laissés, pleurer les gens que j'avais vu crever. Je ne voulais pas que ça continue. Arrêtez, ne me torturez plus, c'est bon, j'ai compris. J'ai compris la leçon, je la connais par coeur, elle est gravée dans ma chair, gravé à même mes os pour être sur que je m'en souvienne.
Sans raison apparente, je me jetais sur ce garçon qui n'avait jamais rien fait de mal. C'était une partie de la fresque de ma vie et alors que mes mains s'agrippaient à son t-shirt, je voyais sans mal la crainte qui l'habitait. Voilà, ils avaient raison, ils avaient raison de m'enfermer, voilà c'était eux. C'était de leur faute si j'en étais réduit à ça. Je n'y pouvais rien, je n'avais pas voulu, je voulais mourir moi. Je voulais oublier, alors pourquoi tout tournait dans ma tête ? Plaquant le garçon contre le mur, je sentis ses mains s'agripper à mes bras alors que je le soulevais sans mal. J'en pouvais plus, je ne pouvais plus être une poupée de chiffon, lui il pouvait l'être, on avait qu'à échanger nos vies. Il prenait la mienne et je prenais la sienne. Je lui offrais sans un regard en arrière tous mes regrets. Je lui offrais sans un regard en arrière tout ce que je possédais. Je n'avais plus rien de toute manière, plus rien que ma mémoire et les souvenirs qui me hantaient. Cognant le blondinet contre le mur encore et encore, sa tête se mit à dodeliner alors que le blanc immaculé de la porte se transformait en une tâche rougeâtre. Le plaquant une dernière fois contre la porte, je le pressais contre celle-ci de toutes mes forces cherchant à empêcher ceux qui poussaient de l'autre côté de rentrer. Mais je ne tins pas longtemps. Tel un monstre, je tenais l'oeuvre de mon crime dans mes mains alors que le blond était inerte. « Skyler, lâche le, ça va aller. » La voix rassurante du grand barbu ne m'aidait nullement. J'étais pas un gosse, j'avais pas besoin de parent. La mâchoire crispée, mon poing serré sur le t-shirt du pauvre gars évanoui je les fixais de mon regard inerte. Qu'est-ce qu'ils voulaient me parler ? Il n'y avait plus rien dans ce corps, plus rien dans ma tête. J'étais vide. J'étais un mort marchant parmi vivant et j'avais froid, j'étais transi par le froid incapable de savoir ce que je faisais encore là. Me reculant en tirant ma victime sur le sol, son sang commença à se répandre par terre aussi. Le blanc, le sang. Tout se mélangeait me troublant encore plus. Lâchant ma proie, j'attrapais mon plateau repas me mettant à m'acharner sur ce dernier avec la force du désespoir. J'envoyais valsé les médicaments, je jetais mon bol contre le mur, je tentais de plier le plateau. Mais déjà la destruction ne me suffisait plus, je devais me faire mal, avoir mal. Comme un chien en cage qui ronge les barreaux de sa cage en espérant vainement pouvoir sortir, je m'attaquais au mur à même mes poings. Ce n'est qu'une fois ces derniers aussi en sang, et le blond sortit de la pièce, qu'on m'arrêta. Me laissant vide, désespérément creux à murmurer d'une voix rauque les larmes aux yeux : « J'en peux plus, laissez-moi... j'en peux plus s'il vous plait... » Mes yeux baigné de larmes, le barbu que je ne nommais jamais tenant fermement mes bras dans mon dos à m'en faire mal, je remarquais une ombre floue apparaître dans l'embrasure de la porte. « Voilà, on ne sait plus quoi faire avec lui. J'espère encore que tu pourras l'aider. » M'aider ? Qui pouvait m'aider ?
Dernière édition par Skyler N. Adkins le Jeu 19 Avr - 16:47, édité 1 fois
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Sujet: Re: Turn down these voices inside my head | Catalina Mer 18 Avr - 22:21
Huit mois. Huit mois que les jeux étaient terminés. Huit mois que j'étais morte, que Kathleen était morte. Huit mois que cela aurait du être finis et que ce ne l'étais pas. Huit mois que nous "profitions" de la chance de cette nouvelle vie. Cette nouvelle vie dont j'avais d'abord été persuadée ne pas vouloir, ne pas vouloir de tout mon cœur. Cette vie que j'avais à présent acceptée, mais je n'aimais pas pour autant. Comment aurais-je pu l'aimer ? Quelle raison me restait-il de continuer à me lever le matin, à brosser mes cheveux, me faire tatouer mon emploi du temps à l'encre violette sur le bras ? Kathleen avait trouvé sa raison, elle avait trouvé sa raison. Son Nolan, l'homme qu'elle avait toujours aimé, celui qui avait été son mentor durant les jeux, je l'avais reconnue, il était là, il la savait en vie. Il était venu la voir. Elle n'était plus seule. Bien entendu J'avais Kathleen, et Kathleen m'avait moi, mais ce n'était pas la même chose. Sa présence avait été l'une des meilleures chose qui me soit arrivée, mais elle ne me faisait pas me sentir moins seule. Parce qu'elle avait une chance d'espérer, une chance d'être heureuse. Et elle l'avait saisie cette chance, j'aurais fait la même chose à sa place, mais je ne pouvais pour autant m'empêcher d'être jalouse d'elle. Elle avait ce que je n'avais pas, ce que je n'avais plus et ce que je ne pourrais à mes yeux plus avoir.
J'avais essayé. J'avais essayé de me lever le matin en me disant que ça servirait à quelque chose. Qu'aujourd'hui j'allais faire quelque chose de bien, quelque chose d'utile. Qu'aujourd'hui ma présence servirait à quelque chose. Je me laissais coller cet emploi du temps sur le bras, je le suivais à la lettre. Je faisais tout ce que l'on me demandais de faire, et après, quoi ? Pourquoi, dans quel but ? Je n'avais pas l'âme d'une soldate, je n'étais pas une guérisseuse, en quoi est-ce que j'aurais bien pu être utile au 13 ? J'avais essayé. Je n'avais juste plus de but dans ma vie. Juste cet espoir, cet infime espoir, cette promesse que Kathleen m'avait faite, lors de nos premiers temps ici. Qu'un jour tout serait fini, que je rentrerais chez moi, juste chez moi. Ce espoir, ce tout petit espoir, me maintenait en vie. Ce jour là je serais capable de pardonner. De pardonner Alexiane, de pardonner Zoé, de pardonner le Capitole et ceux qui se réjouissent, prennent des paris, et même plus, ce jour là je serai capable de me pardonner moi. Et j'avais besoin que ce jour arrive, du moins j'avais besoin de croire qu'un jour il arriverait. Qu'un jour je serais capable de me pardonner, de mettre les jeux derrière moi. Ou du moins de rentrer chez moi. Mais je n'étais pas stupide, la révolte était loin d'être gagnée, et tant que ce n'était pas le cas, il n'y avait pas de chemin de retour pour nous. Nous étions pris dans cette guerre sans l'avoir voulu.
Je n'avais pas revu la blonde du 4, Zoé, je ne voulais pas. Ce n'était peut être pas sa faute, mais c'était trop destructeur. Trop destructeur. Je ne pouvais pas regarder son visage sans que des souvenir de l'arène affluent. Le sang, mon cœur qui bat d'abord trop vite, puis qui ralentit jusqu'à l'arrêt total, le soleil, le soleil brulant dont je ne sentais pourtant pas la chaleur, que j'avais regardé dans les yeux avant de mourir. Mais avant tout, le sang, le sang et encore le sang. Et les larmes et la douleur.
Finley me manquait, il me manquait chaque jour. Le poids de sa mort me pesait toujours sur le cœur, mais j'avais accepté, j'avais accepté que jamais je ne le reverrait qu'une vengeance ne me le ramènerait pas. J'avais commencé à faire mon deuil. Et j'avais surtout compris, compris que si je voulais un jour le venger ce n'était pas sur la tête d'Alexiane que je devait poser un flingue. Non, ce qu'elle avait fait était impardonnable, et pour ça je ne ressentirait jamais autre chose que de la pitié et de la haine envers elle, mais le vrai responsable de la mort de Finley n'était pas un tribut. Les jeux, les jeux m'avaient pris Finley. Le jeux, le capitole, le monde dans lequel nous vivions. Alexiane n'aurais pas une vie heureuse, elle n'aurait pas une happy ending, et d'un côté ça me consolait d'une certaine manière. Jamais, jamais je ne pourrais lui pardonner ce qu'elle lui avait fait. Elle ne lui avait pas accordé une mort propre. Nous l'avions presque tous fait. Accorder une mort propre à nos ennemis. Mais pas elle. Et cela avait été volontaire. Pour cela Alexiane Hawthrone resterait toujours mon ennemie. Mais mon pire ennemi était le capitole, j'en avais pris conscience.
Ici au treize personne ne devait rester inutile. Tu devais te rendre utile à la communauté. Je n'avais plus l'âge d'aller à l'école, ici quiconque de plus de quinze ans, maximum seize, était considéré comme une adulte. Et je n'étais pas n'importe quelle jeune fille, j'étais un tribut, j'avais vécu l'arène. Personne ne nous faisait l'insulte de nous considérer comme des enfants. Parce qu'ils savaient que c'était finis. Que quiconque qui réchappe à ça n'est plus un enfant, plus jamais. Mes journées étaient donc rythmées comme celle de la plupart des habitants du 13, en grande partie. J'avais mon lot de corvée, cuisine, entretient des liens et des plantations en surface, et je passais la plupart de mes après midi dans ce qu'ils appelaient école, à surveiller des jeunes enfant, de trois à six ans. Mais de par mon statut j'avais certains autres "privilèges". Comme mes interminables discussion avec ma psychiatre. Ou avec mon nouveau mentor. Pas celui des jeux, celui que j'avais ici. Raven Abernathy. J'aimais bien mes discussions avec lui. Je m'étais dans un sens attachée à lui. Il était plutôt agréable à vivre, et nous avions de caractères réellement compatibles.
Ceci dit ces derniers temps mon quotidien avait été légèrement perturbé. Parce qu'on m'avait trouvé une nouvelle occupation, une occupation qui pouvait me tirer de n'importe laquelle des tâches, parce que c'était important. Plus important. A mes yeux en tout cas. Comme aujourd'hui, alors que j'étais occupée tenir dans mes bras l'un des enfant que je surveillais, qui avait du mal à trouver le sommeil alors que ses camarades faisaient la sieste depuis une bonne demie heure. Un homme était venu me chercher. Il avait frappé doucement à la porte. J'avais posé l'enfant doucement, et je m'étais approchée de lui. Il avait simplement prononcé quelques mots. Ils ne me parlaient pas souvent de toute façon. Seuls les enfants n'avaient pas peur de moi ici, parmi les habitants lambdas du 13. Eux ils ne savaient pas, ils ne savaient pas qui j'étais. La plupart des autres habitants du treize qui n'étaient pas des soldats avaient pitié de nous, et aussi au fond peur. C'était ce que j'aimais dans mon travail avec les jeunes enfants du 13. J'étais une personne pour eux. Pas un tribut. Et ça faisait du bien, de temps en temps, de redevenir une personne. Je savais que ce n'était que temporaire, et que ce n'était qu'illusoire, que nous étions des tributs jusqu'à la fin de nos jours, mais ça faisait tout de même du bien. « On a besoin de toi. Il a besoin de toi. » J'avais doucement quitté la salle, laissant la surveillance des enfants à une autre des surveillantes. J'avais suivi l'homme dans le couloir. Et il avait doucement poussé la porte. « Voilà, on ne sait plus quoi faire avec lui. J'espère encore que tu pourras l'aider. »
J'étais doucement entrée dans la pièce. Skyler. Il avait besoin de moi. On le tenait enfermé depuis la fin des jeux, mais je ne le savais que depuis quelques jours, un mois tout au plus. La première fois qu'on m'avait demandé de venir le voir, c'était parce qu'on voulait en dernier recours tenter de le mettre face à un autre tribut. Et que j'étais surement la moins... Dure ? Agressive ? La plus posée du lot. J'avais d'autre moyens de porter le deuil, de vivre mon après jeux que les autres. Ma souffrance était intérieure. Elle n'en était pas moins présente, juste au fond de moi. Et elle me dévorait autant qu'un autre d'entre nous. Et étrangement ma présence avait un peu calmé le jeune homme perturbé. Et j'étais contente de pouvoir l'aider, l'aider comme Kathleen m'avait aidée.
Doucement je m'étais approchée de lui. Il y avait du sang, il y en avait par terre, il en avait sur les mains, mais je tentai de ne pas y prêter attention. C'était dur, c'était très dur, je n'en pouvais plus du sang. Il a besoin de toi Cat... Je m'étais approchée doucement, alors qu'il me regardait sans un geste, sans une parole. Et finalement je m'étais agenouillée à son niveau. J'avais tendu ma main vers la sienne pour l'attraper sans gestes brusques, pour la serrer dans la mienne. Je n'avais pas peur de lui, je n'avais pas peur de Skyler. J'avais vécu pire, j'avais vécu des situations terrifiantes. Je n'avais pas peur de lui. Je n'avais plus peur de mourir de toute façon. « Skyler, c'est Catalina... Qu'est ce qui t'arrive ? Expliques moi ce qu'il se passe Skyler. J'étais plutôt douée pour ce genre de chose, j'étais douée avec Skyler. Mais je n'avais aucun mérite. Je savais ce qu'il traversait, c'est tout.
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Sujet: Re: Turn down these voices inside my head | Catalina Jeu 19 Avr - 17:22
Tout s'achève un jour. La vie, l'amour, la peine. Tout est destiné à avoir une fin, nous les premiers. On fixe la mort, on craint la faucheuse, pourtant certains atteignent des points de non-retour. Certains comme moi qui en se levant ont pour première pensée le matin Pourquoi suis-je encore là ? La souffrance est la chose qui semble laisser le plus de réminiscences à la mémoire. On en vient à croire qu'il n'y avait que ça, le mal supplante le bon, on finit par oublier les bons moments et on se retrouve à suffoquer sans raison. Ma peau était trop grande pour moi, je me perdais dans cette dernière comme un enfant se perdant dans les habits trop grands d'un de ses parents. J'étais écrasé par le poids des tissus organiques qui recouvraient ma chair. Je suffoquais cherchant naïvement la sortie, mais il n'y en avait pas. J'étais pris au piège, comme un de ces lapins que j'attrapais dans mes collets. J'attendais que le chasseur vienne me chercher, mais on me laissait là, attacher, incapable de bouger, conscient de ma fin sans pour autant la voir venir. Leur cruauté n'avait d'égale que l'étendue des soins qu'ils me portaient. J'étais un animal enfermé dans une cage dorée, j'étais nourri, j'avais droit à des attentions, on me permettait de ne rien ressentir. On me gavait de médicaments qui m'abrutissaient et m'empêchaient de penser. Je pouvais m'en contenter, je croyais pouvoir m'en contenter, mais chaque jour était plus dur que le précédent. J'étais incapable d'aller mieux, incapable d'empêcher la petite voix dans ma tête de me torturer. Incapable de fermer les yeux sans revoir les Jeux, sans revoir mes amis, sans revoir ma famille et les morts que j'avais laissés derrière moi. Ils avaient froid, ils avaient froid de l'autre côté et je n'étais pas là pour les réchauffer. J'avais triché, j'étais ici-bas alors que ma place était six pieds sous terre enfermé entre des planches en bois.
Je n'avais aucune raison de m'énerver. Aucune raison tangible. L'homme qui m'avait apporté à manger n'avait rien fait, rien fait d'autre que d'avoir plus de liberté que moi. Je n'étais pas jaloux, je n'avais pas l'habitude d'envier les autres, mais la vie m'avait changée. Je n'étais que l'ombre floue de ce que j'étais, plus rien qu'une tache qui ne voulait pas disparaître, qui ne semblait pas le vouloir. J'étais un enfant incapable de lutter contre la violence qui semblait s'échapper de chaque pore de sa peau. Je suintais la colère, je transpirais la haine et rien ne me mettait plus hors de moi que le regard effrayé des autres. J'étais un monstre qui croyait encore naïvement que les yeux de quelqu'un pourront encore l'embellir un jour. Pourtant, il n'y avait plus rien à embellir en moi. J'étais un tas d'os rompus, brisé par la violence dont je faisais preuve, une violence que je ne comprenais même pas. J'étais un enfant perdu qui tape du pied et crie pour attirer l'attention des grands, mais ces derniers n'écoutaient pas. Je criais alors plus fort, tapais plus violemment et je n'y pouvais rien si ce n'était plus mon sang qui se trouvait sur mes poings, plus mon sang qui s'écoulait entre mes doigts. Je l'avais pas fait exprès, je voulais pas, je voulais juste... Je voulais pas, je savais pas. Les larmes me montaient aux yeux alors qu'on me ceinturait pour m'empêcher de bouger, m'empêcher de faire plus de mal, aux autres et puis à moi. Je n'avais pourtant pas moins envie de taper, de détruire tout ce qui se trouvait à ma portée. Fermer les yeux à jamais sur ce monde et pouvoir enfin rejoindre ma tombe. Sauf qu'on m'en empêchait, ils m'en empêchaient toujours. La rage me bloquait la gorge, m'empêchant presque de respirer alors que je sentais la marée salée me piquer les yeux. J'avais des embruns aux paupières qui ne demandaient qu'à glisser le long de mes joues, mais je les retenais. Mes larmes, c'est tout ce qu'il me restait. C'était la seule chose qu'on ne m'avait pas pris. Ils m'avaient volé ma mort, seules mes larmes m'appartenaient encore. Je ne pouvais pas les verser devant leurs yeux, ils m'en restaient si peu.
Une voix que je connaissais vaguement intervint alors que je levais les yeux sur l'embrasure de la porte. Derrière le voile qui embrumait mon regard, j'aperçus une silhouette féminine. Trop aux prises avec moi-même je ne reconnus pas de qui il s'agissait, peut-être même me l'imaginais-je ? L'homme qui me tenait jusqu'alors me lâcha me laissant m'écraser au sol. J'étais pareil à un pantin sans fil et désarticulé. Le regard vide, le visage inexpressif, si mon torse ne se soulevait pas frénétiquement on aurait pu me croire mort. C'était le cas, j'étais bel et bien mort, je l'étais à l'intérieur. Les yeux levés vers la nouvelle venue, je remarquais que dans l'embrasure de la porte c'était retranché les autres. A croire que de l'autre côté de la porte ils étaient protégés. Sauf qu'ils ne l'étaient pas, rien ne les protégeait de moi, de la vie qui va, qui vient et puis qui s'en va. On pouvait pas se protéger de ça, ce n'était pas quelques paroles sans sens qui allaient pouvoir le faire. Je sentis une main se refermer sur mon poing droit alors que je remarquais la personne qui me faisait face. Il ne s'agissait pas d'un simple délire de mon cerveau, pas d'une illusion venue me hanter, je connaissais cette douceur, je connaissais cette odeur. Mes yeux encore embués je pouvais néanmoins détailler les trains de la jeune femme. « Skyler, c'est Catalina... Qu'est ce qui t'arrive ? Expliques moi ce qu'il se passe Skyler. »
Baissant les yeux, j'essayais de me calmer. J'essayais sincèrement, mais l'adrénaline coulait certainement encore dans mes veines, mon coeur semblait vouloir sortir de ma poitrine et je n'arrivai pas à récupérer ma respiration hésitante. Toutefois, la présence de Catalina était déjà apaisante, mes poings s'ouvrirent et je pouvais sentir la boule dans ma gorge commencée à disparaitre. Quelque chose, je ne savais quoi, en elle avait le don de me calmer, à croire qu'elle agissait pareille à un baume qu'on poserait sur mes plaies. La jeune femme s'occupait des plaies que j'avais au coeur et, bien qu'aucun signe visible n'avait été remarqué, les choses n'étaient pas pire qu'avant. Ca ne s'expliquait pas, c'était quelque chose qu'on ressent, une lourdeur en moins sur les épaules, des respirations moins douloureuses. Quand elle était là, j'avais l'impression que la vie se frayait moins durement un passage en moi. J'avais l'impression qu'il m'était moins dure de garder les yeux ouverts et ne pas tenter de raccourcir mon séjour sur terre. Sauf que ça n'était pas toujours le cas, elle ne pouvait pas toujours être là, je ne pouvais pas toujours lutter contre le nouveau moi. C'est pourquoi, mes yeux toujours baissés, fuyant certainement les siens, je pris la parole d'une voix rauque et rouillée : « Je peux plus... je veux plus de... je veux plus d'eux, de ça. Ça peut pas continuer, ça pourra pas toujours continuer ! » Ils ne pourront pas toujours me tenir enfermé dans cette cage, ils ne pourront pas toujours garder une emprise sur moi. Relevant les yeux, je vis la porte se refermer alors que les bourreaux de mon enfer personnel disparaissaient derrière celle-ci. Plongeant ensuite mon regard dans celui de Catalina je ne luttais pas contre la vague amer de tristesse qui me prenait à la gorge ne pouvant s'échapper par mes yeux desséchés. « Pourquoi ils ne m'ont pas laissé en paix ? Pourquoi ils ne nous ont pas laissé en paix ?! » Le ton de ma voix s'élevait alors que je ne m'adressais plus à la jeune femme en particulier, même si cette dernière comprenait. Elle était la seule à comprendre, la seule à savoir ce que ça faisait d'être ici et ne pas savoir. Ne pas savoir pourquoi, ne pas savoir quoi faire. Être attaché à cette terre sans espoir de retour en arrière, obligé d'avancer alors qu'on ne sait pas où aller. Le futur allait être plus beau ? Je n'arrivais pas à ne pas en douter, je n'avais pas envie de le connaître, pas envie d'y participer. La mort était la seule chose qui m'avait offerte un tant soit peu de paix. La vie ne m'avait apportée que des regrets, elle ne me rappelait que des promesses brisées que je ne pouvais changer. Ma gorge se noua à nouveau alors qu'une vague de honte et de regret s'abattait sur moi. Je n'avais pas voulu, je ne voulais pas faire du mal, je n'avais pas voulu blesser le blondinet, il était gentil avec moi. C'était un des rares qui me regardait encore dans les yeux. Pourquoi j'avais fait ça ? Ma main libre s'agrippa à mon visage alors que je baissais à nouveau la tête honteux. J'étais un enfant prit sur le fait qui se rendait compte de l'horreur de ses actes. J'étais retourné à l'enfance et j'avais le coeur trop usé que pour affronter à nouveau les déboires de la vie d'adulte. J'avais pas l'âge, mais j'étais déjà trop vieux. Dans un murmure qui peinait à s'échapper de mes lèvres, je rajoutais à court de souffle et de force : « On peut pas me soigner c'est ça ? Ils attendent juste de savoir ce qu'ils pourront faire de moi, n'est-ce pas ? Je suis qu'un pantin entre leurs doigts... mais ils ont misés sur le mauvais pantin, je leur sers à rien, je suis inutile. Je suis cassé, je suis un pantin sans fil, n'est-ce pas ? N'est-ce pas ?! » Mes murmures s'étaient fait insistant alors que je relevais le menton affrontant le regard de Catalina. Si j'étais un pantin sans fil, pourquoi ne pouvait-on pas me débrancher comme une machine ?
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Sujet: Re: Turn down these voices inside my head | Catalina Sam 28 Avr - 16:52
J'avais observé l'homme se faire sortir de la "cellule", ou de la "chambre" de Skyler, le visage couvert de sang parce qu'il l'avait frappé. Bien sur ce n'était pas si grave, pas si grave par rapport à ce qu'il avait fait à Alexiane. Oui je le savais, je savais qu'il était l'auteur de la monstruosité faite au visage de ma pire ennemie. Lorsque j'avais vu le visage de la jeune fille j'avais été choquée, je m'étais demandée quel genre de monstre pouvoir faire ça. Je ne l'avais jamais autant haie que dans les jeux, et pourtant j'avais eu pitié d'Alexiane, je n'avais pas osé touché son visage. Et ici j'avais appris que Skyler était celui qui avait fait ça. Mais j'avais aussi appris que la tribut du 11 avait tué la gamine qui l'accompagnait. Une gamine de douze ans. Et tout était devenu plus compliqué. Parce que je savais que si j'avais eu Alexiane en face de moi après le meurtre de Finley, je lui aurait fait la même chose. En fait j'avais rêvé de le lui faire. Pendant les jeux. Et depuis j'en avais eu l'occasion, mais même la tuer proprement je n'y arrivais. Je ne voulais plus être la Catalina des jeux. Je voulais qu'elle s'en aille. Pourtant je haissait toujours autant la brune du onze. Mais je n'avais pas peur de Skyler. Je ne le détestais pas non plus, je ne considérais plus l'auteur des plaies sur le visage de la gagnante des jeux comme un monstre, comment aurais-je pu ? Alexiane avait eu un nouveau visage, elle était rentrée chez elle. Skyler n'avait pas pour autant eu une nouvelle vie. Je n'avais pour autant eu une nouvelle vie. Elle elle pouvait, oublier la Alexiane des jeux n'allait pas être facile, mais elle avait sa famille pour l'aider, pour l'épauler. Nous n'avions plus rien d'autre que les autres tributs récupérés, et aussi brisé qu'entre nous. On essayait de nous aider, mais personne ne pouvait trouver les mots. Des mots qu'une père, qu'une mère aurait dit. « Je me fiche de ce que tu es devenue, je me fiche de ce qu'il s'est passé, tu es mon enfant et je t'aime. ». J'étais sure que les parents de la gagnante des jeux l'avait prise dans leur bras. Je la haissait pour ça.
Non je n'avais pas peur de Skyler, parce qu'il ne me frapperait pas. J'étais la seule personne qui réussissait à le calmer ces derniers temps, à recevoir autre chose qu'un accueil violent et glacial. Pourquoi m'avait-il acceptée moi et pas d'autre je ne le savais pas réellement, mais j'étais contente. Contente qu'il n'ait pas peur de moi. Contente qu'il ne me voit pas comme un monstre. Je recherchais au fond avec Skyler un peu comme ce que je recherchais avec ces enfants que je surveillais tous les après midi. De l'affection. Être regardée autrement qu'une personne perdue et gâchée. Quand il avait relevé ses yeux embués vers moi, cela m'avait brisé le cœur. Je ressentais le besoin de le protéger. Parce que malgré les apparence, en ce moment il était le plus faible d'entre nous deux. Peut être pas physiquement, mais un rien aurait suffit à le briser. Il avait serré la main que je lui avait tendue, comme une bouée de sauvetage.
« Je peux plus... je veux plus de... je veux plus d'eux, de ça. Ça peut pas continuer, ça pourra pas toujours continuer ! » J'avais resserré mon emprise sur sa main. Je ne voulais pas qu'il dise ça. Je l'avais dit aussi, j'avais dit vouloir tout arrêter, mourir. Mais il ne faut pas. Il ne fallait pas que je lui laisse dire ça. « Ça va aller mieux Skyler. Je te le promet, ça va aller mieux, tu as ma parole, on va tous faire pour ça, tous les deux. » Je ne savais pas, je savais très bien que je ne pouvais pas lui promettre ça.
Certes ça irait mieux, mais ressentirait-il un jour à nouveau la joie de vivre ? Je ne pouvais pas lui promettre ça, parce que moi même je n'étais pas "heureuse" de me lever le matin. Je souriais, je riait avec Kath même parfois. Mais je n'étais pas "heureuse", et je ne pensais pas qu'il soit possible que je le sois à nouveau un jour. Mais Skyler n'avait pas besoin que je lui dise ça, il avait besoin que je lui donne de l'espoir. L'espoir. C'était ce dont nous avions tous besoin au fond, surtout nous, dont la vie avait été volée à 16,17,18 ans. Nous avions besoin d'entendre que tout irait mieux un jour, même nous savions au fond que c'était faux. Mais quand il plongea son regard dans le mien, il me désarma. Je devais rester forte et ne pas fondre en larme, je devais continuer à lui donner cet espoir, alors que je n'avais moi aussi qu'une seule envie, de laisser couler des larmes que je retenais en permanence. J'avais envie d'être rassurée, pas d'être forte. Être forte me fatiguait.
« Pourquoi ils ne m'ont pas laissé en paix ? Pourquoi ils ne nous ont pas laissé en paix ?! » J'avais du mal à contrôler ma voix, qui tendait à se briser. C'est pourquoi je continuai de le fixer quelques secondes, sans rien dire, ravalant ma salive et l'émotion dans ma voix avant de lui répondre. « Il ne nous veulent pas de mal... Ils pensaient bien faire... Je sais que tu les déteste, pour t'avoir ramené.... Je... » J'avais fais une pause. Reprenant mon souffle, retenant les larmes qui me montaient aux yeux. « Je les détestais comme tu les déteste. Mais cela ne sert à rien... Ils pensaient bien faire... Et ils veulent notre bien... Ils veulent nous aider. »
Ce n'était pas totalement vrai, ils ne nous avais pas sauvé pour nous aider, pas pour bien faire. Si ils nous avaient tiré de cette arène, c'était parce que c'était leur moyen à eux de défier le Capitole, de frapper un grand coup, de déclarer la guerre. Mais il y avait parmi les gens du 13 des gens bien, des gens qui voulaient nous aider. J'avais vu la façon dont Kath s'était attachée à sa responsable ici, et j'avais vu la façon dont mon mentor ici me protégeait. Certes la relation que j'avais avec lui n'étais pas comme celle que Katznelson partageait avec sa mentor au 13, mais il m'appréciait, il se faisait du soucis pour moi, et je savais que je pouvais compter sur lui. C'étaient des gens comme ça qui m'aidaient à encore espérer.
Il avait baissé les yeux. Il avait honte, surement de ce qu'il avait fait pendant les jeux comme ce qu'il avait fait à l'infirmier. Je comprenais. Je n'osais plus me regarder dans le miroir, de peur d'y croiser quelqu'un que je ne voulais pas être. J'avais eu peur de moi un temps, de ce que j'étais capable de faire si je ne contrôlais pas mes pulsions. Mais je m'étais rendue compte qu'ici au 13 la Catalina des jeux avaient tendance à s'effacer, à me laisser moi au commandes. Mais elle ne disparaitrait jamais. Je ne le savais.
« On peut pas me soigner c'est ça ? Ils attendent juste de savoir ce qu'ils pourront faire de moi, n'est-ce pas ? Je suis qu'un pantin entre leurs doigts... mais ils ont misés sur le mauvais pantin, je leur sers à rien, je suis inutile. Je suis cassé, je suis un pantin sans fil, n'est-ce pas ? N'est-ce pas ?! » Oui, ils ne savaient pas quoi faire de nous. On attendait de nous que nous reprenions une vie normale et que nous nous écrasions, nous étions des enfants, pas des soldats. Mais aucun d'entre nous ne pouvais vraiment. Pas après ce que l'on avait vécu. « Te soigner ? Tu n'es pas malade Skyler... Nous ne sommes pas malades, nous sommes juste... Perdus... Et ils y a des gens ici qui veulent nous aider à retrouver notre chemin, je veux faire ça pour toi tu m'entend ? Tu n'es pas un pantin. Et tu n'es pas cassé. » Il avait relevé ses yeux vers moi, et ça me brisait le cœur de ne pas pouvoir le réconforter plus, trouver les mots justes. Mais je n'étais pas douée pour ça. Voilà pourquoi au 6 j'étais une solitaire, je n'était pas douée avec les gens. « Je te promet que je t'aiderai Skyler, je te le jure... » Je ne savais pas pourquoi cet envie était si tenace, presque une obsession, mais je voulais être là pour lui.
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Sujet: Re: Turn down these voices inside my head | Catalina Mar 1 Mai - 14:34
Les regrets qui pesaient sur mes épaules allaient un jour finir par me faire sombrer. J’allais couler, me noyer une nouvelle fois, sauf que personne ne soit là pour me rattraper, personne ne soit là pour m’arracher à la mort interne qui me menacera alors. C’était peut-être mieux ainsi. Peut-être très bien qu’à l’intérieur je meurs pour de bon, que dans mon cœur tout soit éteint et qu’il ne reste plus rien. Plus rien qu’un cœur vide, plus rien qu’un corps dépeuplé. Pourtant, je ne savais pas pourquoi, je ne pouvais m’empêcher de m’accrocher à la main de Catalina. A croire qu’il s’agissait d’un espèce de lien qui allait me permettre de trouver la sortie de cet enfer. A croire que sa main tendue était le fil d’Ariane qui allait pouvoir me ramener chez moi. C’est pourquoi, même si je n’avais qu’une envie enfin pouvoir tout abandonner, je me raccrochais à elle, je la laissais me tirer vers le haut. C’était la seule personne qui était capable de faire cela, pourquoi elle, pourquoi ? Seul mon cœur usé en connaissait la réponse, mais il était trop vieux et lassé que pour bien vouloir me la souffler. « Ça va aller mieux Skyler. Je te le promet, ça va aller mieux, tu as ma parole, on va tous faire pour ça, tous les deux. » L’idée était alléchante. Aller mieux. Ça sonnait tellement bien. C’était une idée tellement belle. Pouvoir aller mieux, pas seul, mais avec quelqu’un pour vous soutenir, quelqu’un constamment derrière vous pour vous relever lorsque allongé au sol vous n’avez plus la force de vous relever. C’était plaisant, presque doux et chaleureux, je voulais y croire, j’avais vraiment envie d’y croire, mais une partie de moi en était incapable, trop sceptique, trop habitué au noir, au désespoir. J’avais envie de croire en Catalina, mais c’était encore dur parfois, dur de la regarder dans les yeux alors que les mots que j’avais sur le cœur s’échappaient de mes lèvres. Dur, parce que je n’avais pas envie de la décevoir, mais en même temps je n’avais pas la force d’avancer.
Relevant les yeux, je lui devais bien cela, je me remis à parler, laissant mes pensées prendre le contrôle, laissant mes mots et mon malheur devenir synchrone. Face au silence de la jeune femme, bien que ma question ne s’adressait pas tant à elle qu'aux personnes partout dans ce district. Les aides-soignants, les médecins, les dirigeants, les soldats, les gens perdus dans leur coin. Je ne visais personne en particulier, j’étais apte à prendre toute réponse qu’on pourrait me donner. Je me croyais apte à le faire en tout cas. « Il ne nous veulent pas de mal... Ils pensaient bien faire... Je sais que tu les déteste, pour t'avoir ramené.... Je... » La regardant se débattre avec elle-même, j’attendais la suite. Qu’est-ce qu’elle allait ajouter ? Est-ce que ça pourrait tout changer ou ne serait-ce que des mots qui ne pourraient pas me ramener au rivage, m’obligeant à voguer dans une folie sans paysage ? Je voulais savoir, mais j’étais bien incapable de la presser, bien incapable de savoir si j’étais assez fort pour l’écouter. J’étais faible malgré mes épaules large, j’étais faible et s’était à la jeune femme et ses frêles épaules que revenait la charge de me supporter. « Je les détestais comme tu les déteste. Mais cela ne sert à rien... Ils pensaient bien faire... Et ils veulent notre bien... Ils veulent nous aider. » Fronçant les sourcils, j’étais bien incapable de la comprendre, ou de savoir ce qu’elle voulait dire par là. Nous aider ? Comment était-ce possible alors qu’on nous avait arraché le plus beau cadeau que nous avait fait la vie, notre mort. « Tu crois en ce que tu dis ? Vraiment, ils veulent nous aider ? C’est m’aider que de me laisser enfermer en cage comme un animal ? » Je pouvais sentir mon pouls s’accéléré alors que la rage s’écoulait tranquillement dans mes veines, pareil à un poison lent qu’on m’aurait injecté. Je pouvais la sentir ramper, embrasant mes muscles et mes pensées, mais je luttais. Je luttais parce que Catalina n’y était pour rien, parce que la jeune femme comprenait et si ça n’était pas toujours le cas, toujours elle essayait de comprendre.
Restant muet, je finissais par baisser la tête me rendant pleinement conscience de ce que j’avais fait. Comprenant ce que les marques rougeâtres sur mes mains signifiaient. J’avais l’impression de revivre mon premier meurtre dans les Jeux en direct, j’avais l’impression de ressentir à nouveau les émotions qui m’avaient prises lorsque j’avais mutilé Alexiane rongé par la rage et la peine. Je ne voulais pas être ce gars-là, je ne voulais pas être le Skyler des Jeux, celui qui s’était refermé sur lui incapable de gérer la colère et les regrets qui le tuaient à petit feu. Je voulais changer cela, mais seul je ne pouvais pas y arriver, mais enfermé entre ces quatre murs je n’y arriverai pas. J’étais un pantin sans fil, sans maître et sans domicile, un pantin qu’on avait débranché et qu’on regardait se débattre emmêlé dans les liens qui par le passé l’avait rassuré. Je ne voulais pas servir à rien, je ne voulais pas juste être un pion. J’étais rien, j’étais perdu, j’étais cassé et personne n’avait de remède assez puissant pour me soigner. « Te soigner ? Tu n'es pas malade Skyler... Nous ne sommes pas malades, nous sommes juste... Perdus... Et ils y a des gens ici qui veulent nous aider à retrouver notre chemin, je veux faire ça pour toi tu m'entend ? Tu n'es pas un pantin. Et tu n'es pas cassé. » Relevant mes yeux embués sur la jeune femme, je n’arrivais pas à y croire, j’en avais plus la force, j’avais trop usé mes espoirs en y croyant trop fort, trop souvent. Maintenant j’avais des os en verre, j’étais incapable de me lever pour des illusions de peur de m’échouer à terre et de me briser en un instant. « Si je ne suis pas malade, pourquoi je suis mis en quarantaine comme un pestiféré ? Si je ne suis pas cassé pourquoi est-ce que je ne tourne pas ronde ? J’ai pas besoin qu’on me mente, je veux juste savoir… » Ca n’était pas vrai, absolument pas vrai. J’avais besoin qu’on me mente, besoin qu’on me protège comme un oisillon qui viendrait de tomber du nid. J’avais besoin de me reconstruire avant de repartir et pouvoir me tenir sur mes jambes seul sans personne pour me soutenir. J’avais besoin de quelqu’un comme Catalina qui pourrait m’insuffler une force que je n’avais pas, une force qu’elle n’avait surement pas elle-même. Juste, quelqu’un capable d’avancer même si elle était incapable d’effacer les balafres qui s’ajoutent avec les années.
« Je te promet que je t'aiderai Skyler, je te le jure... » Parfois on a besoin de bien peu, d’un rien même. Un sourire que quelqu’un vous offre en se voulant réconfortant, un mot qui témoigne que l’autre sait. Je n’avais plus l’habitude, je ne savais plus comment on était censé réagir. Mes réactions étaient toujours disproportionnées, mal choisie. Cela faisait trop longtemps pour mon propre bien être que je traînais seulement avec moi-même. C’était normal de ne plus tourner très rond lorsque la seul personne sur qui on peut compter c’est soi. Mes yeux plantés dans ceux de la jeune femme, ça faisait du bien d’avoir quelqu’un en face de moi, de ne pas parler à mon reflet, ou de m’imaginer ailleurs entouré des gens que j’aimais, de personnes que jamais je ne reverrai. Quelque chose en moi s’était apaisé, ma respiration était calme, les sanglots qui s’étaient noué dans ma gorge incapable d’en sortir s’était évaporé et le poids du monde sur mes épaules semblaient s’en être allé. Prenant une légère inspiration, prisonnier du silence, je répondais simplement : « Merci. » Merci d’y croire lorsque personne d’autre ne le faisait, même pas moi, merci d’être là lorsque le monde était si noir que je ne pouvais être capable de le supporter. Merci d’essayer de me sauver là où tout le monde semblait avoir abandonné. « Beaucoup de personnes en dehors de ces murs doivent compter sur toi… Je ne sais pas ce que je ferais sans toi, moi. » J’irais sans aucun doute plus mal, toujours incapable de le remarquer, sans personne pour me sauver. La folie était toujours là, au bord du gouffre à me guetter, je pouvais sentir la noirceur de mon cœur me guetter, toujours tapie dans l’ombre. Mais c’était plus facile, c’était plus facile à gérer lorsque les yeux qui vous regardent ne vous prennent pas pour un monstre. Plus facile à vivre lorsque la personne avec qui vous parlez n’est pas persuadé que vous êtes incapable de vous contrôler, incapable d’aller mieux. Je me sentais mieux à travers un regard comme celui-là qu’à travers tous les regards d’aides-soignants, de membres du personnel que j’avais eu à croiser depuis que j’étais là. Aucun de ces derniers n’avait jamais cru en moi, avec la jeune femme c’était différent. Elle savait par quoi j’étais passé, elle savait par quoi je passais, peut-être même le vivait elle encore. « J’espère que ça n’a pas trop bousculé ta journée à l’extérieur… je ne voulais pas… agir comme ça. » L’extérieur, tout ce qui se trouvait derrière la porte constamment close de ma chambre. L’extérieur, un endroit que je n’imaginais jamais parce qu’il me faisait peur. J’étais mal à l’intérieur, piégé entre ces quatre murs, mais rien ne m’assurait que j’allais être mieux en dehors. J’avais autant peur d’être dehors que dedans et perdre ma tête ne m’aidait pas vraiment.
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Sujet: Re: Turn down these voices inside my head | Catalina Mar 12 Juin - 10:48
Je n’aimais pas mentir. Parce que Skyler ne méritait pas ça, il méritait que je sois honnête, que je lui dise que peut être il irait bien un jour, mais que les cauchemars eux ne cesseraient jamais, que les voix dans sa tête se calmeraient peut être un temps mais jamais ne disparaîtraient complètement. Mais ce n’était pas ce qu’il avait besoin d’entendre, non, même si le méritait au fond. Il méritait d’entendre que tout irait bien, il le méritait vraiment. Un jour, quand il serait prêt, quand il irait mieux. Et ce n’était pas mon travail, c’était le travail d’un médecin, d’un mentor, comme le lieutenant colonel Abernathy était le mien, comme cette femme était celle de Kathleen. Par contre quand je lui disais qu’on ferait tout pour qu’il aille mieux tous les deux, je ne mentais pas. Je ne promettais jamais en l’air de la sorte, si j’avais promis je tiendrais ma promesse, je l’aiderai tant que je le pourrais. Tout le monde a besoin de quelqu’un, quelqu’un qui vous comprend. Et je me surprenais parfois à penser que Skyler me comprenait parfois mieux que Kath. Avec lui je pouvais parler de Finley, de la plaie qu’il avait laissée ouverte dans mon cœur en disparaissant, je pouvais lui parler de cette haine, cette haine pour la fille du onze qui me dévorait de l’intérieur sans avoir de regard pleins de reproches. Je ne lui rendais pas juste un service en venant ici, je me rendais aussi un service.
Quand il allait bien, je parlais avec Skyler, lorsque ses pensées étaient claires, lorsqu’il n’avait pas envie de sauter au coup du premier venu. Je lui parlais et ça me faisait du bien. Je parlais de choses différentes que lorsque j’étais avec Kathleen, je parlais de chose qu’elle n’avait pas forcément envie d’entendre, et que Skyler écoutait en comprenant. J’appréciais ces moments que je passais avec lui. Peut être que ça me ramenait dans les jeux, les jeux que je tentais d’oublier presque un an après maintenant, mais des jeux dont j’avais aussi besoin de parler pour pouvoir m’en débarrasser.
« Tu crois en ce que tu dis ? Vraiment, ils veulent nous aider ? C’est m’aider que de me laisser enfermer en cage comme un animal ? » J’avais resserré mon emprise sur sa main pour qu’il ne s’inquiète pas, pour qu’il comprenne que j’étais là et que je ne comptais pas le laisser, jamais. J’entendais son pouls s’accélérer, et je savais qu’il luttait, qu’il luttait pour ne pas être agressif, pour ne pas me sauter à la gorge peut être qui sait. Je savais qu’il faisait ça parce qu’il ne me voulait pas de mal, et je savais qu’il ne m’en ferait pas, jamais. « Oui j’y crois très fort… Ils te gardent ici parce que pour le moment tu es dangereux, et pas seulement pour les autres, ils te gardent ici parce qu’ils ont peur que tu te fasses du mal à toi, tu comprends ? » Il n’était pas question de lui mentir. Il méritait le plus de vérité que je pouvais lui donner. Oui, il était dangereux, pour les autres il le savait, mais aussi pour lui, et je savais aussi que le district treize ne le laisserait pas sortir tant qu’il ne serait pas jugé inoffensif. Mais pouvions nous réellement redevenir inoffensifs ? Nous étions des adolescents qui avaient appris à tuer, à tuer sans remord, parfois même en y prenant du plaisir. Nous ne redeviendrons jamais des enfants innocents. Nous étions tous des bombes à retardement.
Skyler en était la preuve vivante. Il était sorti de l’arène depuis de longs mois, et il restait sauvage, agressif, difficile à contrôler. Il aurait pu prendre la vie de l’infirmier sans aucune difficulté s’il n’avait pas été arrêté in extremis. I l’aurait regretté après, mais il aurait pu le faire sans mal. Il avait baissé les yeux. Si seulement il savait, s’il savait qui j’étais. Il n’aurait pas honte. S’il savait jusqu’où j’étais allé dans ces putains de jeux, s’il avait vu en quoi la jeune femme douce que j’étais autrefois s’était transformée, il n’aurait pas honte. S’il m’avait vu écraser cette pierre sur la tête du tribut du onze, s’il avait vu la rage que j’avais mis dans mon geste lorsque j’avais sauté sur la fille du cinq, lorsque je l’avais poussé contre l’arbre, et lorsque j’avais mis fin à ses cri d’un coup de couteau en plein cœur, s’il avait vu la trentaine de coup de couteau qui avait traversé le corps d’Olliver, le trouant de toute part, s’il avait su que c’était mon œuvre, il n’aurait pas honte non. Parce que j’étais un monstre bien pire que lui. Mais j’étais patiente, et gardant sa main dans la mienne j’y appuyai une légère pression, pour le rassurer, pour qu’il relève les yeux. Jamais je ne le jugerai. Jamais. Mais il n’avait pas relevé les yeux. Alors j’avais prononcé ces mots, ces mots destinés à le conforter, à le rassurer, comme on parle à un petit enfant.
« Si je ne suis pas malade, pourquoi je suis mis en quarantaine comme un pestiféré ? Si je ne suis pas cassé pourquoi est-ce que je ne tourne pas ronde ? J’ai pas besoin qu’on me mente, je veux juste savoir… » Il avait finalement relevé les yeux vers moi. Je ne pouvais pas lui dire toute la vérité, mais je pouvais faire de mon mieux, et je pouvais faire en sorte de ne dire que des choses en lesquels moi je croyais. Des choses que Skyler méritaient. « Tu sortiras Skyler, toi et moi on fera en sorte que tu sortes d’ici. Pour ça il faut que tu réapprennes a rester calme en toute circonstances, et à ne plus faire peur aux gens. Tu crois que tu peux faire ça pour moi ? » Prenant une pose j’avais plongé mes yeux dans les siens. Lorsque j’étais encore au district six, chez moi, je n’avais jamais été douée avec les gens, avec les mots, avec les relations humaines, mais ici j’étais devenue la seule tribut qui paraissait saine d’esprit, j’étais celle sur qui Kath comptait, j’étais celle sur qui Skyler comptait, pourquoi ? Je ne savais pas, pourquoi ces gens me voyaient-il différemment que tous les habitants du six ? Même mes propres parents n’auraient jamais imaginés que je puisse faire preuve de tant d’empathie. Etait-ce au fond une façon de me… Racheter ? « Regarde moi. J’ai l’ai plutôt calme non ? »
Je lui avais souris doucement. Oui, moi j’étais calme, alors qu’à l’intérieur j’avais été aussi détruite que lui. J’avais refusé de parler pendant des jours, des semaines. Kath m’avait faite parler, elle avait réussit là ou les médecins du treize avaient échoués. Peut être pourrais-je aider Skyler comme eux ne pouvaient pas le faire ? Je lui avais encore une fois souris lorsqu’il avait rajouté un « Merci. » avant de lâcher sa mains quelques secondes, pour m’assoir contre le mur à côté de lui, et je l’avais attrapée à nouveau. J’avais simplement posé ma tête sur son épaule. Il était resté silencieux quelques secondes, et moi aussi. Je sentais son cœur se calmer, la crise semblait être passée. Je connaissais ça, les crises, même si les miennes étaient plutôt de panique et d’angoisse que de violence.
« Beaucoup de personnes en dehors de ces murs doivent compter sur toi… Je ne sais pas ce que je ferais sans toi, moi. » Sans bouger ma tête de son épaule j’avais souris. Au fond si je disparaissais qui s’en soucierait. Kathleen, Skyler, Raven. Je pouvais les compter sur les doigts d’une seule main, même Alexiane aurait pu les compter sur les doits de sa main que j’avais mutilée. Non pas tant que ça. Moi aussi je suis un peu folle au fond. Vous êtes deux à avoir besoin de moi… Je n’avais rien dis, mais j’étais touchée par les paroles de Skyler. Quand il disait qu’il ne savait pas ce qu’il ferait sans moi. Finalement j’avais rajouté dans un sourire quelques mots pour lui. « Et moi aussi j’apprécie ta compagnie. C’est différent. Différent de Kathleen. J’aime bien être avec toi. » Tout en gardant sa main serrée à l’intérieur j’avais ramené ma main sur mon genoux. « J’espère que ça n’a pas trop bousculé ta journée à l’extérieur… je ne voulais pas… agir comme ça. » Ma journée à l’extérieur ? Oh oui c’est vrai que depuis que je n’étais pas plus mentalement instable j’avais un joli emploi du temps tatoué à l’encre violette sur la main droite. J’avais retourné ma main quelques secondes pour y jeter un coup d’œil. De toute façon je n’avais rien de particulièrement intéressant à faire ici au treize, et parfois les journées me semblaient longues. J’aimais ces visites. Elles me faisaient me sentir utiles, et j’aimais discuter avec Skyler. Même si parfois c’était douloureux, même si parfois ça me rendait triste. « Sois pas idiot. Je t’ai déjà dit que j’aimais venir te voir... » J’avais marqué une pause, pour finalement relever ma tête de son épaule et le regarder dans les yeux. « Parles moi… Qu’est ce qu’il s’est passé tout à l’heure ? Tu as paniqué, tu n’arrivais plus à contrôler ? » Je ne jugerai jamais, Skyler le savais.
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Sujet: Re: Turn down these voices inside my head | Catalina Lun 25 Juin - 13:58
La vie, ma vie, était une lutte interminable. Jours après jours je repartais au commencement, je revenais sur la ligne de départ conscient que je partais perdant. Jours après jours je me laissais bercer par ma folie, je me laissais aller. Je perdais la tête, je ne savais pas quel jour on était, je n’en avais rien à faire, le monde n’était plus qu’une idée abstraite pour moi. Ma douleur, elle, était la seule réalité qui semblait s’imposer à mes yeux, alors me garder enfermer, seul avec moi-même, n’était pas une bonne idée. Non, c’était sans aucun doute le meilleur moyen de me voir dérailler un peu plus. C’était pourquoi j’allais mal, pourquoi j’avais besoin de Catalina, pourquoi j’avais besoin d’une personne capable de me garder la tête hors de l’eau, de me pousser en avant en s’assurant que je n’allais pas trébucher. Je ne supportais plus ça, trébucher, m’écorcher les mains, m’écorcher le cœur en repensant à mes beaux souvenirs. La seule chose de beau qui me restait, la chose pour laquelle je souffrais le plus. « Oui j’y crois très fort… Ils te gardent ici parce que pour le moment tu es dangereux, et pas seulement pour les autres, ils te gardent ici parce qu’ils ont peur que tu te fasses du mal à toi, tu comprends ? » Dangereux. Danger. J’avais l’impression que ces mots étaient tatoués sous ma chair, gravé dans mon crane pour ne pas que je les oublies, jamais. J’avais l’impression que seul le pire me définissait, que mes erreurs étaient les seules choses qui me faisaient exister. J’étais une erreur, une rature en bas de pas qu’on n’avait pas su gommer à temps et qui avait contaminé la pureté immaculée d’une feuille vierge de toute erreur. « Je pourrais pas arrêter. Je sais pas comment faire. » Baissant les yeux, j’aurais donné n’importe quoi pour obtenir une réponse. Une clé, un indice me permettant d’apprendre comment changer. Afin d’apprendre comment arrêté, comment redevenir l’ancien moi et cesser de faire du mal aux autres. Je ne pourrais pas m’offrir de pardon, pas à moi, il suffit d’une seconde pour tomber en ruine, mais il faut du temps, beaucoup trop de temps pour se reconstruire. Je n’y croyais pas, je ne croyais pas que le temps me sauverait moi.
J’avais besoin d’espoir. J’avais besoin d’une veilleuse sur ma table de chevet afin de faire fuir l’obscurité, j’avais peur du noir. Le noir qui me cernait, ces ténèbres qui me mutilait, mais j’avais aussi peur du noir en moi. Celui qui fondait face au blanc immaculé de ma prison, celui qui me faisait suffoquer lorsque la colère me faisait perdre la raison. J’étais perdu entre les ténèbres et la lumière, sauf qu’aucun des deux ne semblait m’offrir une porte de sortie. J’avais l’impression que j’aurais toujours aussi mal. « Tu sortiras Skyler, toi et moi on fera en sorte que tu sortes d’ici. Pour ça il faut que tu réapprennes a rester calme en toute circonstances, et à ne plus faire peur aux gens. Tu crois que tu peux faire ça pour moi ? » Mes yeux attirés par ceux de Catalina, je ne l’écoutais pas, je faisais plus que cela. Je laissais ses mots résonner en moi, espérant qu’ils trouveront un écho quelque part dans l’immense néant qui m’habitait afin d’éveiller une étincelle de vie, un rien d’espoir. Sortir, l’extérieur, j’avais peur de ce monde caché à mes yeux depuis longtemps tout autant que je le désirais. Je voulais vraiment aller dans le sens de mon amie, la seule qu’il semblait me rester depuis que j’étais enfermé ici, j’avais envie de changer. Envie de ne plus faire peur aux gens, mais comment ? « Regarde moi. J’ai l’ai plutôt calme non ? » Hochant la tête, je sentais qu’un sourire cherchait à poindre sur mes lèvres, il ne réussit néanmoins pas à s’afficher sur mon visage. Néanmoins, le poids qui m’oppressait s’en était allé, les sanglots que j’avais retenu semblaient s’être évaporé. J’allais mieux, un peu et c’était déjà énorme. « Je me demande comment tu fais. » Rester calme me semblait tellement impossible. A mes yeux s’était comme de battre les lois de la gravité, c’était réinventé le monde, oublier ses lois et moi j’en étais pas capable. J’étais vraiment pas capable de faire tout ça.
Ses sourires m’aidaient, ils n’étaient pas tordu, biaisé ou faux, non, ses sourires étaient sincères et ça m’apaisait un peu, ça me réchauffait alors que mon cœur semblait toujours glacé. Calme, mes pensées de plus en plus claires maintenant que les brumes de ma colère s’en étaient allées, je remerciais la brune d’être venue. Si elle n’avait pas été là, ces fois où je pétais des plombs, tous auraient certainement baissé les bras, on aurait mis fin à notre calvaire à tous, on aurait mis fin à ma vie, à mes soucis. La jeune femme s’installa finalement à côté de moi, lâchant ma main dans le laps de temps qu’il lui fallut pour s’asseoir avant de la récupérer. Sa tête sur mon épaule, on devait avoir l’air bien tous les deux. Deux adolescents déjà pris dans la toile de la vie adulte. Deux adolescents naufragés, victime de ce même bateau qui les avait rejetés à l’eau sans qu’ils ne puissent se révolter. On ne pouvait que réagir à notre façon et la mienne semblait ne pas fonctionner. Calmement, j’avouais avoir besoin d’elle, m’interrogeant brièvement sur les personnes qui elles aussi avaient besoin d’elle à l’extérieur. « Non pas tant que ça. Moi aussi je suis un peu folle au fond. Vous êtes deux à avoir besoin de moi… Et moi aussi j’apprécie ta compagnie. C’est différent. Différent de Kathleen. J’aime bien être avec toi. » Souriant très faiblement, je pensais la même chose qu’elle. J’aimais bien sa compagnie, elle me rendait, en un sens, meilleur. Ce n’était pas simple de trouver des personnes qui pouvaient vous changer en mieux, mais une fois qu’on les a trouvé il ne aut jamais les perdre, c’est surement pour cela que j’étais bien incapable de lever la main contre Catalina. Même en étant énervé je préférais me faire du mal que toucher à un des cheveux de la jeune femme qui en son sens m’avait sauvé et me sauvait encore jours après jours.
Mes journées étaient vide, mais ça n’était pas le cas de tout le monde. Je bousculais, sans prévenir, les horaires des personnes qu’on était obligé de rappeler pour moi. J’avais bousculé à de nombreuses reprises les horaires de Catalina. Horaire qu’on pouvait apercevoir sur sa main. La mienne était toujours exempte de tatouage de ce type, je n’étais qu’une ombre dans l’organisation du treize, je ne servais à rien, je ne faisais rien de mes journées. Je dépérissais juste un peu plus à chaque instant, comme une fleur qu’on aurait cueilli de trop bon matin. « Sois pas idiot. Je t’ai déjà dit que j’aimais venir te voir... » Posant mes yeux sur le mur immaculé qui nous faisait face, j’étais détendu. Les événements qui avaient mené la jeune femme jusqu’à moi semblait m’être sortis de la tête. Toutefois, lorsque la belle se redressa pour capter mon regard, je me rendais compte que mon répit avait été de très courte durée. « Parles moi… Qu’est ce qu’il s’est passé tout à l’heure ? Tu as paniqué, tu n’arrivais plus à contrôler ? » Soutenant son regard avec difficulté, je ne savais pas comment expliquer ce qui m’était passé par la tête. Je ne me contrôlais pas, jamais. J’étais en permanence la main armée de mes sentiments, de mes pensées. Je n’avais aucune tempérance et chaque coup semblait m’achever. Respirant lentement, je détournais finalement mon regard, essayant d’instaurer une zone de confort autour de moi afin de pouvoir parler sans avoir l’impression d’être épié par des gens derrière la porte, épié par tous ceux qui me hantaient. « Il… il a une vie… ils ont des vies… Quand la lumière s’éteint ici, eux ils retournent dans leurs quartiers et retrouver les personnes qui leurs sont chères. Moi quand les lumières s’éteignent j’ai quoi ? Quand la porte se referme et que je suis seul il me reste quoi ? Pour quelles raisons je n’ai pas le droit d’avoir la même chose que ce blond qui vient me porter mes médicaments ? » Ma voix semblait s’être coincée dans ma gorge alors que respirant lentement, je tentais de rester calme. Je n’étais pas en colère, j’étais seulement triste et c’était ça que je voulais éviter. La colère était mille fois plus supportable à cette tristesse qui me collait à la peau, qui m’habitait et ne me quittait jamais. « J’ai pas choisi de faire une erreur… ou même de me faire enfermer. On a pas eu de chance en se faisant envoyer dans les Jeux. On a pas eu de chance en se faisant repêcher et j’ai pas eu de chance en croyant qu’ils préfèreraient m’abattre plutôt que de me garder, je me suis trompé. Et maintenant j’y peux rien si je les envies, j’y peux rien si je suis à l’étroit dans ma cellule et que j’ai l’impression qu’à chaque fois qu’un des gardiens de ma prison vient m’apporter quelque chose il essaye de me narguer. J’y peux vraiment rien. »
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Sujet: Re: Turn down these voices inside my head | Catalina