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Une soirée chez les Lewis, ça ne se refuse pas ! Rudy était comme tout bon Capitolien, un fêtard qui aimait être en bonne compagnie et passer une bonne soirée. En allant là-bas, il croiserait sans doute tous ses amis des jeux ! Les autres hôtes qui tout comme lui, accompagnaient les tributs jusqu’aux portes de l’arène. Certains vainqueurs peut-être ? Rudy était impatient de retrouver les siens … ou plutôt ceux de son district. Il s’était rapproché d’eux au fil du temps, à force de les côtoyer durant les dîners organisés par le Capitole pour tous les gens concernés de près ou de loin par les Hunger Games. Rudy adorait son rang, il aimait par-dessus tout être là pour les autres. Il ne fallait pas chercher à comprendre le jeune homme ni même à suivre son raisonnement car à vrai dire, il n’en avait pas réellement. Pour lui, son but était d’offrir le plus de chances possibles à ses tributs avant et après que ceux-ci n’entrent dans l’arène. Il ne pouvait pas faire le boulot de leur mentor, après tout lui n’était là que pour s’occuper de leurs rendez-vous et de leur emploi du temps ! Mais dès qu’il le pouvait, il allégeait leur fardeau.

Cela dit, tous les ans, un voir les deux tributs du district 4 comme de tous les autres districts venait à perdre la vie. Rudy n’était pas du genre à s’apitoyer et à pleurer des heures et des heures, il préférait aller de l’avant et tout miser sur le second. Quand tous les deux tombaient alors, il considérait cela comme un coup du destin … Que pouvait-il dire d’autre ? Ce n’était pas leur destinée de gagner apparemment. Et même si au fond, ça lui faisait beaucoup de mal de voir ses petits protégés périr sous les coups de sauvages sans scrupules, il feignait de sourire et de s’en amuser. Rudy ne regardait jamais les Hunger Games tout seul chez lui dans son canapé ! On ne fait pas ça au Capitole, on regarde les jeux entre amis ou entre collègues avec les stylistes et les mentors. Les équipes des tributs ne regardent quasiment jamais les jeux dans leur chambre ou même chez eux, sans le reste de la bande. Rudy se voyait de toute façon mal rester devant son écran, à espérer de toutes ses forces que les siens ne se fassent pas déplumer. Mieux valait encore faire semblant de sourire mais sentir la douleur générale que de sombrer dans la déprime seul chez lui.

Mais ce soir, rien n’allait le faire déprimer ! Une muette s’occupait de lui, ce n’était pas une petite soirée … C’était un gros évènement où il fallait se montrer beau et bien élégant. Rudy n’avait jamais réellement compris quel sens il leur manquait à ces gens qui les servaient sans jamais parler ! La plupart du temps, il leur faisait de grands gestes comme s’ils étaient sourds en plus d’être muets … Parce qu’en réalité, c’était ce qu’il pensait ! Tout un temps, il les avait crus aveugles à cause d’un blond aux yeux d’un bleu si pâles qu’ils paraissaient comme voilés. Mais non, ils n’étaient pas aveugles et il s’en était rendu compte au fur et à mesure du temps où ils s’occupaient de lui, de son maquillage, de ses cheveux, de tout son corps. Contrairement à beaucoup de gens qui jugeaient inutile de s’adresser aux domestiques, Rudy était un véritable moulin à paroles !

« Ce que j’aime dans ces soirées c’est de revoir tous mes amis des Jeux ! Les gagnants retournent dans leurs villages après la tournée du vainqueur et nous ne les voyons plus qu’une fois de temps à autre … Je trouve ça très triste ! Ces gens ont tellement à nous apprendre … Tu savais qu’une année, une fille est restée vautrée dans un buisson si longtemps qu’elle a failli gagner de cette façon ? Bon … au final, elle est morte de soif ! Mais je trouve ça ingénieux comme plan. Si on oublie la partie où l’on meurt, bien sûr ! »

Parfois, à déblatérer toutes sortes de bêtises, il parvenait à arracher une sorte de rictus aux muets. Rudy aimait bien les voir sourire parce que ça signifiait qu’ils restaient humains, au fond. Effectivement, quand on a une personne plantée derrière soi, qui ne parle jamais, qui a les traits tirés, qui s’habille toujours de façon terne et solennelle … Bref quand on a un véritable automate derrière soi, on commence vite à penser qu’ils ne doivent plus avoir grand-chose d’humain. Rudy avait toujours crains que le Capitole n’ait robotisé ces gens … Un peu comme s’ils leur avaient ôtés leurs sentiments pour ne laisser en gros, qu’une coquille vide. Rudy se leva de son siège après avoir laissé les mains expertes de sa muette coiffer ses cheveux et le maquiller. Il enfila ensuite sa chemise bleu pâle à fines rayures. Rudy la laisse ouverte un moment, le temps d’admirer son torse dans le miroir. La muette aussi jetait un regard vers le corps du jeune homme, il se tourna vers elle, un sourire triomphant au visage :

« T’as vu, c’est génial ! On ne saurait même pas dire ce qui a été refait ! »

Une étincelle de surprise dans les yeux de la demoiselle avant qu’elle ne reprenne contenance. Rudy esquissa un sourire et secoua la tête négativement tout en boutonnant sa chemise. Il enfila son pantalon mauve sombre et passe les bretelles rose-flash. La muette s’approcha et lui replie correctement le col blanc de sa chemise, il la remercie d’un large sourire en découvrant sa dentition si parfaite et si blanche qu’il est tout bonnement impossible qu’un dentiste ne soit pas passé par là à maintes reprises. Sa cravate noire décorée de motifs étranges autour du cou, il laissa les mains habiles de la muette la lui nouer. Son regard se pose sur la fille, elle est jeune … Vingt-trois ans peut-être ? La pauvre, elle lui fait pitié ! Ne jamais pouvoir parler, quelle horreur.

« Merci bien ma chère ! Je vous souhaite une excellente soirée ! »

Rudy esquissa un sourire et quitta la pièce, sa veste de costume mauve sombre très élégante sur le dos. Habillé de manière extravagante, il reste cependant l’un des Capitoliens les plus sobres ! En effet, le jeune homme n’aime pas tous les froufrous et les bijoux. Son excentricité se reflète plutôt dans son caractère bien que ses vêtements arborent souvent des couleurs si vives qu’elles en ont font presque mal aux yeux. Rudy monta en voiture et se laissa conduire jusqu’à la soirée, sans se poser de questions. C’est comme ça que ça fonctionne au Capitole, il y a toujours ceux qui servent et ceux qui sont servis.

La première personne à attirer son attention est l’une des premières à se présenter à lui. Elle est divine dans sa robe qui met ses longues jambes en valeur, Rudy a toujours eu un faible pour les blondes … Le regard du jeune homme se pose un instant sur la bouche parfaitement dessinée et aux courbures envoûtantes de la belle. Il redresse ensuite la tête, un sourire malicieux aux lèvres. Cette femme est d’une beauté sans égale et il la connait assez bien. Renata Domino Lewis, la belle … La très belle Domino. Quand les parents de la jeune femme ont proposés aux deux jeunes gens d’apprendre à mieux se connaître, ils ignoraient totalement que ceux-ci accrocheraient. Rudy était censé changer un peu la compagnie de la belle blonde, la mettre en compagnie d’un Capitolien. Finalement, les traditions du Capitole et tout ce qui va avec … Ils s’en fichent un peu ! Rudy apprécie beaucoup Domino, plus qu’il ne le devrait d’ailleurs ! Passer du temps avec elle lui suffit amplement, même si ce n’est pas dans les soirées élégantes et raffinées.

« Bonsoir ! »

Sa main capture celle de Domino, il la porte à sa bouche lentement et embrasse le dos de la main de la jolie blonde. Un sourire amusé né sur son visage, il se redresse et adresse un rapide regard à la belle blonde tout en s’éloignant d’un bon pas. Il doit aller saluer les parents de Domino et faire un rapide tour de la salle pour saluer ses connaissances mais déjà, il ne pense plus qu’au moment où la belle pourra le rejoindre et où ils pourront discuter rien que tous les deux …