Fatigue. Tu es fatigué de tout aujourd'hui. Oh c'est vrai que ta vie est ennuyeuse entre tortures et incestes n'est-ce pas ? Sérieusement je suis bien contente de ne pas être toi parce que je trouve que ta vie pue. Sans blague, t'as vu à quel point tu te tortures ? Quel dommage que ce soit presque comme si ta vie était la mienne puisque je suis dans ta tête 24/7... C'est le dur lot des consciences. Le seul bon point c'est qu'avec l'expérience que j'ai je suis bien payée. Bah, même à cette médaille-là il y a un revers et c'est qu'on ne me confie presque que des gens plutôt dérangés, soi-disant parce que j'ai l'habitude et que je me débrouille bien. Tu parles, j'hérite du sale boulot que les autres refusent... Va, je ne suis pas là pour conter mes déboires professionnels à des gens qui n'en ont rien à foutre, je vais plutôt en revenir à toi...

Tantôt tu tournes comme un lion en cage - un lion maigrichon - ; tantôt tu restes assis à soupirer, la tête entre les mains. Tu n'as rien à faire. Enfin si, tu as une montagne de paperasse à remplir mais tu n'es pas assez concentré pour écrire quoi que ce soit, c'est à peine si tu peux te souvenir de ce que tu as lu deux lignes plus haut quand tu t'essaies au déchiffrage des documents administratifs. Tu es dans un état d'énervement pitoyable. Je te l'ai déjà dit mais tu ressembles vraiment à un lion en cage. À Scar en cage avec ta démarche souple. J'ai toujours adoré Scar, je pense que c'est mon personnage Disney préféré avec Frollo et Thomas O'Malley. Au fait tu savais que le nom entier de Thomas  O'Malley c'était Walter Guiseppe Désiré Thomas O'Malley ? Oh, non bien sûr je suis bête, tu n'as jamais connu les Disney, les seules choses que tu connaisses de la période antérieure à la chute des États-Unis d'Amérique ce sont les romans que tu as déjà eu un mal fou à obtenir. Tout de même c'est une honte... Mais je n'y peux rien sur ce coup-là. Juste de regarder perdre la tête pendant que je divague sur des antiquités disparues depuis longtemps. Tu crois que je me fais vieille ? Non, ne réponds pas s'il te plaît j'ai trop peur d'une réponse affirmative... Ce dont tu aurais besoin maintenant c'est d'être chez toi à t'occuper de tes orchidées, cela te calmerait sans aucun doute. Manque de bol tu ne peux pas puisque tu es coincé dans ton bureau à l'hôtel de ville en attendant qu'un autre Pacificateur arrive, un que tu pourrais convaincre de faire le sale boulot à ta place. 

Tu attends donc ce Messie hypothétique en usant la pendule des yeux. Tu sais cela ne fait pas tourner ses aiguilles plus vite au contraire ça aura plus tendance à te donner l'impression que le temps ralentit. Tu n'as pas un jeu de cartes pour passer le temps ? Tu pourrais jouer au solitaire. Ah ? Sicare te l'a bouffé ? C'est con ça, ça tombe plutôt mal vu la situation. C'est ça arrête de faire les cent pas et assieds-toi tu me donnes le tournis. Non ne commence pas à taper des doigts sur le bureau... Tu veux vraiment me mettre les nerfs a vif dis-moi... Désolant, qu'est-ce que je t'ai fait ? Comment ça c'est moi qui te tape sur les nerfs ? Je ne te permets pas ! Tu crois que je n'en ai pas vu des dizaines des blancs-becs arrogants comme toi ? J'en mange chaque matin au petit déjeuner mon coco alors ne fait pas ton malin, ce n'est pas aux vieux singes qu'on apprend à faire la grimace je te signale ! C'est ça soupire et écrase-toi ça vaudra mieux... Impudent. Tes pensées vagabondent ci et là, tu sautes du coq à l'âne dans ta tête, pensant d'abord à Naya puisque tu te demandes ce que sera le menu de ce soir - ton estomac gronde, tu n'as pas pris la précaution d'emmener de quoi manger -, puis tu penses à tes fleurs en émettant un instant le doute que tu n'aies pas bien fermé la porte de la serre - ce qui est faux, jamais tu n'oublierais, maniaque que tu es. Il faut dire que cette température leur serait fatale. Tu rêvasses encore un peu jusqu'à-ce que l'image de Zelda s'impose à ton esprit. Innocence. Nom qui va si bien avec son ravissant visage mais si peu avec son caractère de gagnante des jeux... Tu repenses à toutes ces erreurs que tu as commises dans ta tentative désespérée de te rapprocher d'elle, toujours les mêmes, encore et encore. C'est l'amour qui te rend aveugle et incompétent peut-être.

Apparemment quand on parle du loup on en voit la queue puisque  la porte s'ouvre. Tu te lèves d'un bond, espérant un sous-fifre capable se s'occuper de tous les dossiers. Mauvaise pioche puisque c'est la tignasse blonde de ta jumelle qui passe l'encadrement. Ton cœur se serre douloureusement avec un petit gémissement que seuls toi et moi entendons. Pourtant, fidèle à ton excellence dans l'art des faux-semblants, tu affiches un sourire ravi. Ravi de la voir, tu l'es bien sûr mais cela fait si mal en même temps... Un sourire équivalent éclaire ses traits et tu lui lances avec humour, une fausse pointe de soulagement dans la voix ;

" Enfin quelqu'un pour me distraire de mon pensum ! Et en plus une jeune femme d'une compagnie fort agréable, j'ai décidément de la chance ! "

Tu salues la fin de ta phrase par un petit rire qui sonne vrai et continues dans les politesses :

" Comment vas-tu Zelda ? "

Spoiler:

Envy && Innocence

Il parlait, il parlait qu’est-ce qu’il parlait… Zelda adorait son assistant, il lui était indispensable et elle le considérait presque comme un fils même si il était bien trop vieux pour l’être, un frère à la rigueur, et encore… Enfin bref, elle l’adorait et ne pouvait se passer de lui, cependant, quand il se mettait à lui lire des dossiers important ou à lui faire le résumer de réunion auxquelles elle n’avait pas voulu participer, la belle se voyait défaillir. Il était méticuleux, beaucoup trop, résultats il ne lui épargnait aucuns détails et ses résumés ressemblaient davantage à des ébauches de romans qu’à la synthèse rapide d’une quelconque entrevue. Assise à son bureau, le menton posé sur ses mains, Innocence tentait désespérément de ne pas s’endormir, écoutant chaque mot, chaque paroles, essayant d’enregistrer chacune des informations qu’elle jugeait importante, cet à dire plutôt peu. Un Peacekeepers a été tué durant un combat avec les rebelles? Pas important. Des Rebelles ont été aperçu non loin du district 2? Sans intérêt. Son coiffeur personnel, tout droit venue du Capitole et qui ne la quittait presque pas depuis qu’elle avait gagné les jeux, ne pourrait pas venir s’occuper d’elle cette semaine? CAPITALE! Relevant la tête d’un geste, tout d’un coup très intéressé par ce qu’on lui racontait, Zelda coupa la parole à son assistant. « Attend, pourquoi il peut pas venir cette semaine? J’ai besoin de ma coupe hebdomadaire! » Laissant échapper un soupir son vis-à-vis rétorqua avant de continuer son résumé. « Il est trop occupé en ce moment, il viendra la semaine prochaine… » Elle aurait voulu converser encore un peu à ce sujet cependant son cher camarade ne semblait pas du tout de cet avis, trop concentré à lire ses notes et à instruire sa cher et tendre patronne… Enfin, façon de parler. L’inconvénient avec lui c’est qu’il était parfois aussi têtue que sa supérieure, je dirais même plus il est l’un des rares à tenir tête à Zelda, c’est d’ailleurs pour ça qu’elle l’avait engagé. Les assistants lèche-cul ça va cinq minutes, mais après avoir vus le cinquième partir en pleurant, le jeu perd de son charme. Elle le savait donc, insister ou tenter naïvement de dévier la conversation sur un autre sujet serait totalement inutile. La jeune femme se contenta donc de laisser échapper un soupire après avoir levé les yeux au ciel, reprenant la même position qu’au début, attentive, plus ou moins.

Deux heures, le calvaire dura deux longues heures et autant vous dire que pendant cet interminable monologue l’idée de sauter par la fenêtre en espérant être rattrapé par un pigeon traversa l’esprit de la Pacificatrice plus d’une fois. Soulagée que sa torture soit finie, tout du moins presque, Zelda se leva, s’observant alors de haut en bas dans le miroir qui trônait non loin de son bureau, oui, elle aimait pouvoir se refaire une retouche maquillage de temps en temps, elle restait une femme avant toute chose. La jeune trentenaire observa donc son reflet avec minutie, détaillant sa tenue de Peacekeepers, une tenue qu’elle avait personnalisé pour épouser ses courbes et mettre ses atouts en valeurs, pas très règlementaire mais admettez que la tenue traditionnelle est un peu… « tue-l’amour ». Bref, n’écoutant plus du tout son interlocuteur Innocence commença à s’inquiéter de sa silhouette, tournant sur elle-même en essayant de capter chaque détail de son corps. « Tu ne trouve pas que j’ai grossit? » La question avait été lancée tel un pet sur une autoroute, suffisant pour stopper le jeune homme dans sa lecture… Il savait que quand elle se mettait à parler de son apparence ou de sa tenue du jour, ça signifiait clairement qu’il venait de perdre toute son attention, il se contenta donc de fermer son dossier et de quitter le bureau. De son côté notre blondinette ne s’inquiéta pas du tout de ce départ, continuant de s’observer tout en ayant un flash ; La seule personne qui pourrait répondre sérieusement à ses questions c’était son jumeau. Et puis, elle ne l’avait pas vus depuis un certains temps, donc, elle ferait ainsi une pierre deux coups. N’attendant pas une minute de plus la Ducani-Hayne se dirigea d’un pas pressé jusqu’au bureau de son frère, bien sur, elle ne prit pas la peine de frapper, entrant avec nonchalance dans la pièce, affichant un large sourire malicieux à la vue de son faux jumeaux.

Oui, entre eux tout était plus compliquer qu’avec le reste de la famille, mais en même temps, tout était tellement mieux… Il était donc inutile de penser sans cesse au fait qu’ils aient couché ensemble dans leur folles années, ni même au reste … Non, mieux valait mettre un voile devant ses informations, un voile qui prendrait ici la forme d’un large et pétillant sourire, comme d’habitude.

« Tu sais quoi? Tu es la deuxième personne en quelques jours à me dire que c’est une chance de m’avoir à ses côtés! A force, je vais commencer par le croire! »

Elle laissa échapper un petit rire amusé avant de passer derrière le bureau d’Envy, s’asseyant sur ce dernier sans aucune gêne, comme si elle était capable d’être gênée de toute façon. 

« Laissons tomber les politesses mon chère, je vais te dire que je vais très bien, tu vas en faire autant, alors oublions ça et passons directement aux choses importantes! » Petite pause avant de reprendre, d’un ton qui se voulait presque sérieux. « Est-ce que tu trouve que j’ai grossit? » Y’a pas à dire, Zelda savait comment engager une conversation….

Comme d'habitude elle est entrée en ouragan, sans frapper - quelle idée ! - et sans vraiment dire bonjour. Tu n'en as guère cure, tu as l'habitude et cet imprévu fait partie des choses qui font font que tu l'adores - mais aussi des fois que tu as juste envie de l'étrangler. Elle sourit à ta phrase et plaisante :

« Tu sais quoi? Tu es la deuxième personne en quelques jours à me dire que c’est une chance de m’avoir à ses côtés! A force, je vais commencer par le croire ! »

Vous riez tous deux à ces mots et lorsque tu te renseignes sur sa santé, ce n'est pas qu'elle t'envoie balader mais de là à dire ça il n'y a qu'un pas puisqu'elle balaie tes politesses du revers de la main en s'asseyant sur ton bureau - elle n'allait quand même pas te demander la permission non ? 

« Laissons tomber les politesses mon cher, je vais te dire que je vais très bien, tu vas en faire autant, alors oublions ça et passons directement aux choses importantes ! »

Tu pourrais dire "je t'écoute" ou "je suis tôt ouïe" ou même dire "oui ?", hocher de la tête, émettre un petit grognement d'approbation, quoi que ce soit qui prouve à ton interlocutrice que tu es prêt à l'écouter, mais tu ne le fais pas. Parce que tu sais que Zelda n'aime pas être coupée, c'est son petit plaisir personnel d'instaurer des pauses simili-solennelles dans ses discours, si futiles qu'ils puissent être parfois. Aussi tu restes à la regarder en attendant la suite qui ne se fait pas désirer très longtemps :

« Est-ce que tu trouves que j’ai grossi ? »

Aie. Ze question épineuse. À votre âge elle commence à venir souvent, bien trop souvent de la part des femmes. Heureusement, Naya ne t'a pas encore fait le coup, elle a certainement quelqu'un d'autre dont elle est plus proche à qui poser la question, ce qui fait déjà un problème en moins. Reste Zelda. Tu la saisis par la main pour la faire descendre du bureau, la fait tourner à bout de bras comme dans une danse puis la regarde dans les yeux avec le sérieux d'un médecin en train de diagnostiquer un cancer incurable à son patient :

« Non. Du moins pas encore mais tu devrais faire attention à ce que tu manges ma chère sœur ! Toi et moi allons bien trop vite sur nos trente ans et après ce cap c'est souvent plus facile de prendre du poids qu'en perdre ! »

Tu lui sors cette tirade sur le ton d'un prêtre faisant son sermon mais tu ne peux empêcher un sourire d'éclairer ton visage sur sa fin. Puis tu la saisis sans rien demander par les hanches pour la reposer sur le bureau. Oh toi tu t'en fous mais moi j'espère qu'elle ne s'en offusquera pas parce que les baffes je ne me les prends pas, c'est toi, mais une atmosphère sereine et paisible est tellement meilleure pour le karma... Oui je peux devenir bouddhiste si je veux d'abord ! À moins que ce ne soient les hindouistes le coup du karma... Oh je sais plus au pire on s'en fout, je m'égare. Donc après l'avoir faire rasseoir sur le bureau, tu t'assieds à ton tour mais sur le siège. Puis tu la regardés droit dans les yeux et à ton tour lui demandez son avis :

« Moi aussi j'ai besoin de ton avis éclairé Zelda. Je compte engager un assistant pour qu'il se tape toutes les corvées parce que je n'en peux plus du service administratif... Tu as une idée du type qui aurait les nerfs suffisants pour me supporter ? »

À vrai dire tu as bien une idée derrière la tête... Deux en fait.  Rheagan Falmsteed et Titus Chamberlain, deux tributs de carrière qui se porteront volontaires pour les Jeux cette année. Tu leur as d'ores et déjà dispensé quelques leçons de torture qui peuvent être utiles également pour leurs combats au corps à corps mais tu n'as pas encore été rémunéré - d'une quelconque façon que ce soit - pour tes services. Reste à savoir s'ils accepteront. Malgré tout tu tiens tout de même à consulter ta jumelle car elle est généralement de bon conseil. 

« Est-ce que tu connais Rheagan Falmsteed et Titus Chamberlain ? »

Si c'est le cas elle saura bien te dire ce qu'elle pense d'eux, ce sera déjà ça. Parce que franchement en ce moment tu trouves pas grand chose à foutre. Je veux dire, t'en as des choses à faire, il n'y a qu'à regarder la tonne de papiers qui manque de faire écrouler ton bureau - le poids de Zelda n'arrangeant rien. Mais tu ne fais que ce que tu eux quand même, donc en gros bah... Pas grand chose...

C’est fou ça, malgré des siècles de soi-disant domination sur les femmes, ses idiots n’ont toujours pas comprit que la seule réponse acceptable à la question « Tu ne trouve pas que j’ai grossit? » c’est « Non pas du tout » ? A la rigueur un « Oui c’est vrai, mais ça te va tellement bien! Ne change rien! » aurait pu passer, ça aurait même pu être une excellente réponse dite avec une fausse sincérité dont Envy était habitué, mais non, il avait fallut qu’il joue les médecins sans cœur, qu’il balance deux vérités en pleine poire de sa chère jumelle, à savoir que non seulement elle était grosse mais qu’en plus, elle n’allait pas en rajeunissant. Autant lui tirer une balle dans la tête tout de suite, ça éviterait bien des soucis… Evidemment c’est d’abord avec un sourire que la belle se plia au petit jeu de son frère, tournoyant sur elle-même pour qu’il puisse l’examiner de plus prés, cependant, une fois terminé, son amusement se transforma en un sourire qui reflétait un certain agacement tout en gardant cette touche de malice, car elle se doutait qu’il faisait surtout ça pour l’embêter, elle l’espérait pour lui en tout cas, à moins qu’il ne tienne pas plus que cela à sa sombre crinière. Oui, elle serait tout à fait capable de lui cramer la moitié des cheveux si c’était avec un véritable sérieux qu’il lui avait balancé toutes ses vérités, heureusement le petit sourire qu’il laissa échapper à la fin prouvait le contraire et puis, soit-dit entre nous, elle ne pouvait , de toute façon, pas résister à son sourire… En tant que sœur bien sur, n’y voyez aucun sous-entendu sexuel ou autre hein… C’est son frère, ne l’oublions pas. Elle le trouvait juste craquant, comme on aime voir une poule courir ou un cœur dessiner dans le sable, c'est tout.

« En fait, la seule et unique bonne réponse à ma question aurait été « non, tu es parfaite » mais apparemment ça te passe au dessus de la tête mon cher frère chérie… Et puis on n’approche pas non plus à grand pas de nos trente ans, on a encore de la marge…  »

Pas tant que ça, mais inutile de le souligner davantage… Moi je vous le dis, Zelda va très mal vivre le passage à ses trente ans, mieux vaudrait ne pas être à ses côtés à ce moment-là… Bref, elle lui avait posé une question c’était désormais à lui de profiter de son implacable intelligence et de ses conseils avisés et il ne perdit pas de temps. Alors ça y était, ce chère Envy passait du côté obscure des fainéants, il se décidait enfin à prendre un assistant, pas trop tôt j’ai envie de dire! Zelda, elle, avait prit un secrétaire dès qu’elle en avait eut l’occasion, remplir des formulaires, participer à des réunions, tout ça, c’était pas son truc, mais il fallait bien que quelqu’un le fasse donc bon, avoir un poltron sur qui tout déléguer était vite devenue indispensable et mine de rien, elle était tombé sur une perle. Intelligent, jeune et sexy, qui ne rechignait absolument pas à faire les basses besognes pour elle… Bon, c’est vrai, elle avait triché en prenant un type accro à ses jolis petits yeux bleus, mais au moins, elle était certaine qu’il ne démissionnerait pas de si tôt, trop amoureux ce jeune fou et pourtant, elle n'avait rien fait pour, c'était même surement le seul homme avec qui elle n'avait passé aucune nuit, mais passons. La belle se concentra donc, prenant une mine faussement sérieuse à l’énonciation de la question, réfléchissant rapidement avant de rétorquer.

« Je te félicite de prendre cette initiative, tu verras, un assistant ça change une vie… Là tout de suite j’ai pas de nom en tête par contre, faut dire que pour trouver une perle faut s’accrocher… Moi, j'ai mis des mois! »

Si elle, n’avait aucune idée à proposer à son frère, lui, semblait avoir déjà quelques noms en tête. Titus et Rheagan, deux futurs cadavres ambulants, si ça c'était pas beau. Elle ne connaissait que de vues ses deux garnements, mais elle avait déjà forgé son opinion sur eux, et surtout sur Rheagan, il était clairement hors de question qu’elle travaille pour Envy, surtout pas à un poste si privilégié… Non mais sans déconner, elle a à peine dix sept ans, un cul à faire pâlir la venus de Milo et en plus, elle est blonde… Zelda connait les gouts de son jumeau, elle sait bien que les blondes c’est son truc, alors c'était certain qu'il était hors de question qu’elle bosse dans un bureau, seule, avec lui…. Non pas qu’elle soit jalouse ou quelque chose comme ça, non, c’est son frère bordelou… C’est juste qu’elle se refusait à ce qu’on traite Envy de pédophile en devenir, c’est tout. Tapotant des doigts sur la table, l’air un tantinet agacé pour une raison qui demeurait encore obscure, Innocence finit par répondre à son vis-à-vis.

« Je les connais que de vus, cela dit, j’adore Titus, il est maigrelet, il sert à rien mais il a une tête de vainqueur, je suis sur qu’il ferait un bon assistant et de toute façon t’a pas le choix, je mets mon véto sur Rheagan, tu prends Titus et c’est tout. » Elle lui donna une tape fraternelle sur la tête avant de bondir du bureau, s’étirant comme si elle venait de se réveiller, changeant bien vite de sujet histoire d'éviter toutes questions gênantes. « Bon, si on allait manger un bout! On peut jouer à un jeu sinon? T’a des cartes? Un jeu d’échec? Des bouts de bois? » Ou comment noyer le poisson de façon totalement pas discrète, made in Innocence Zelda Ducani-Hayne.

Aïe. Elle n’a pas l’air d’apprécier l’idée qu’elle puisse être vieille, encore moins que celle qu’elle ait pu grossir à ce qu’il me semble. A ce qu’il me semble parce que je ne suis pas dans sa tête je le rappelle. Oh je ne m’en plains pas, pas du tout hein. Elle me fait peur à moi... Surtout que j’ai toujours peur que tu te prennes une patate en pleine poire, un coup à te faire tomber dans les pommes quoi. Oh, c’est pas moi qui me le reçois mais c’est désagréable tout de même. D’autant que tu auras beau te targuer - à raison - d’être un séducteur invétéré, un gentleman digne de ces vieux aristocrates anglais, tu ne sembles pas avoir compris que la politesse s’applique aussi à ta jumelle. A fortiori à ta jumelle en fait vu ce dont elle est capable. Mais pour cette fois-ci tu n’essuies pas de représailles pour ton effronterie. Pour cette fois-ci. Je t’en prie ne lui dis pas que vous approchez pourtant vite de vos trente ans, elle pourrait exploser. Je t’en supplie, ne lui fais pas la remarque que vous avez bientôt vingt-neuf ans et qu’après vingt-neuf il y a trente... Cette logique primaire lui serait fort désagréable, surtout en raison de votre connaissance commune : une année ça passe vite, très vite. Fort heureusement tu n’es pas totalement fou et tiens encore un minimum à tes attributs masculins, aussi tu ne fais que réprimer un sourire railleur. Elle répond bien vite à ta question, désireuse je suppose de changer de sujet puisque celui-ci n’est pas des plus agréables :

«  Je te félicite de prendre cette initiative, tu verras, un assistant ça change une vie… Là tout de suite j’ai pas de nom en tête par contre, faut dire que pour trouver une perle faut s’accrocher… Moi, j'ai mis des mois !  »

Il te faut un petit instant de réflexion pour te souvenir de l’assistant de ta soeur. Un jeune brun un peu maigrichon pas mal à regarder qui est raide dingue de Zelda. Il n’a aucune chance avec elle bien sûr mais tu as toujours cette petite pointe de jalousie que tu ne peux étouffer qui brille au fond de tes yeux à chaque fois que tu le vois. De toute façon tu lui es supérieur, autant par ton poste que par ta relation avec la belle blonde. T’es ridicule tu sais. Genre très ridicule mais bon je ne m’étendrai pas, pas envie de me faire traiter de tous les noms moi hein... Au pire tu ne cherches pas un assistant qui te soit dévoué autant que l’autre l’est à ta soeur, tu as juste besoin de quelqu’un pour remplir les papiers chiants et ranger un peu le bureau puisque tu n’as aucune envie de t’en charger toi-même. Alors autant prendre les deux ados, ils ne pourront certes pas aller aux réunions rébarbatives à ta place mais ils t’ôteront déjà un énorme poids des épaules. Par contre cela ne semble pas être l’avis de ta fausse jumelle.

«  Je les connais que de vus, cela dit, j’adore Titus, il est maigrelet, il sert à rien mais il a une tête de vainqueur, je suis sur qu’il ferait un bon assistant et de toute façon t’a pas le choix, je mets mon véto sur Rheagan, tu prends Titus et c’est tout.  »

Maigrelet, maigrelet... Il est plutôt costaud quand même son maigrelet. Et beau hein ? Oui bon, j’ai beau être une conscience, je suis une entité féminine n’est-ce pas ? Puis après tout mes pensées n’engagent que moi. Le problème c’est Rheagan. Apparemment Zelda n’en veut pas sauf qu’elle aussi a une dette envers toi et que si tu arrêtes de lui dispenser des cours, Titus n’y participera plus et il ne pourra plus être ton assistant. De toute façon la blondinette - tu aimes bien les blondes - doit déjà te rembourser les premières leçons, d’une façon ou d’une autre. Si elle ne veut pas aider à trier les affaires elle te rendra bien un autre service quel qu’il soit. Et arrêtez d’avoir des pensées perverses, vous qui lisez ces pages, il n’y aura aucun gnutgnutage d’aucune sorte parce que même si Envy le voulait - et il ne le veut pas - la petite refuserait. Ce n’est pas un violeur, surtout pas de mineures. Et pis il n’est pas fou, il n’a pas envie de se faire défoncer le crâne par le Chamberlain, il tient un minimum à la vie. Mais si ta soeur ne veut pas de la Falmsteed mais que cette dernière accepte d’aider, alors tu devras la cacher à ses yeux. Tu as vu plus dur comme situation, avouons-le.

« Bon, si on allait manger un bout ! On peut jouer à un jeu sinon ? T’a des cartes ? Un jeu d’échec ? Des bouts de bois ? »

Ha elle est trop forte quand il s’agit de noyer le poisson ! Un changement de sujet pas du tout discret made in Zelda par excellence... Tu ris franchement, ne te souciant guère de la vexer et lances d’un ton grivois :

« Serais-tu jalouse ma chère Zelda ? Tu trouves la petite trop belle et trop blonde ? »

Tu t’efforces d’arrêter de te moquer d’elle avant qu’elle ne te saute à la gorge et reprends ton souffle :

« Mais puisque tu tiens tant à changer de sujet... Je n’ai malheureusement pas de jeu de cartes, Sicare ayant jeté son dévolu sur le seul complet que j’avais. Tu te souviens de lui ? C’est le jeune chiot berger blanc suisse que j’ai adopté il y a peu. »

Oui, une petite boule de poils touffue juste complètement craquante, pataude à l’excès, tellement mignonne qu’on a envie de la bouffer. Naya l’adore et tu l’as nommé Sicare, du latin assassin - ce qu’il ne sera pas avant longtemps - soi-disant parce que ce serait une race cousine des bergers allemands qui sont des chiens utilisés de tous temps par l’armée et la police, des chiens au flair infaillible, facilement dressables et très bons gardiens.

« Je ne dirais pas non à un déjeuner ceci dit, j’ai plutôt faim. »

Et ça, ça t’apprendra à ne pas amener de gamelle au travail.

Jalouse? Est-ce qu’elle était jalouse de cette pimbêche blonde? Bien sur que… oui. Elle détestait la majorité des femmes qui lui ressemblait -cet à dire simplement blonde et sexy, ce qui porte le nombre de femmes qu'elle hait à un nombre plutôt indécent- et qui se trouvait être plus jeune qu’elle, ça lui rappelait douloureusement qu’elle vieillissait et que d’ici peu de temps elle ne plairait plus aux hommes, ses derniers la délaisseront sans doute pour des filles plus jeunes, c’était dans l’ordre des choses, un ordre qu’elle méprisait plus que tout. Elle haïssait tellement l’idée de vieillir et surtout de passer après les jeunettes de vingt ans qu'elle se prenait souvent à rêver d'être la dirigeante d'un quelconque pays, un pays qu'elle contrôlerait évidemment et si elle devenait un jour cette présidente d’un quelconque monde libre sa première lois serait « Interdiction aux hommes de coucher avec des femmes de moins de trente ans. » ou mieux, l’élimination de toutes femmes blondes ayant atteint l’âge de dix-huit ans, au moins ainsi, elle serait tranquille. Je sais, gore, voir carrément anarchique comme procédé, mais que voulez-vous, Zelda ne supportait vraiment pas de vieillir et croyez moi, le jour où elle trouvera un cheveu blanc sur sa brosse se sera réellement la fin du monde à ses yeux, vous pourrez sans doute l'entendre hurler à travers tout les districts et le jour suivant cette découverte le nombre de cadavre dans les salles de tortures du 2 risque fort d'augmenter à vu d’œil. Bon, il y avait aussi le fait qu’elle haïssait tout simplement toutes femmes approchant son frère, que ce soit pour le travail ou dans sa vie personnelle, elle n’arrivait pas à accepter qu’il discute avec d’autres membre de la gente féminine, même son épouse était une intruse dans sa vie à ses yeux, et après tout, elle avait plutôt raison. Il n'avait besoin de personne d'autre, elle était sa confidente, sa meilleure amie, sa collègue... Pourquoi aller chercher ailleurs ce qu'il avait déjà en la personne de Zelda? Et puis, c’était SON frère, SON jumeau, SON am… amérindien…. .... .... .... ... Bref, vous avez comprit le principe, Envy était à elle à point c’est tout, son humour se dégrada donc lentement lorsqu’il parla d’embaucher cette gamine comme secrétaire et encore davantage lorsqu’il se mit à rire en parlant d’une quelconque jalousie. Oui, elle était jalouse, mais non, il n’était pas censé le remarquer, ni personne d’ailleurs… Elle croisa donc les bras, réellement agacée et énervée par les questions qu’il venait de lui poser et même lorsqu’il changea de sujet Innocence ne sembla pas s’apaiser, bien au contraire…

« T'a qu'à aller manger avec Rheagan...J'ai plus faim maintenant. »

Sur ses mots elle se dirigea vers la porte, sortant du bureau en la claquant violemment, cela dit, elle ne resta pas longtemps à l’extérieur puisqu’elle revint dans la pièce à peine dix secondes plus tard, toujours aussi en colère, surement un peu vexée qu’il ait remarqué si facilement sa jalousie et aussi anxieuse à l’idée que quelqu’un d’autre le découvre, sans parler de se ressentiment étrange qu’elle ressentait lorsqu’il s’agissait de son frère, un sentiment qu’elle ne pouvait expliquer et dont elle ne savait qu’une seule chose ; c’était mal.

« Et je ne suis pas jalouse, pourquoi est-ce que tu dis ça? Je m'en moque complétement de cette péta****. Je n’ai aucune raison d’être jalouse, tu travail avec qui tu veux comme je travail avec qui je veux! Tu veux te taper une petite blonde de quinze ans? Hé ben vas y, j’en ais strictement rien à foutre, parce que tu es mon frère et qu’une vrai sœur ne s’intéresse pas à la vie sexuelle de son cadet. »

Cadet, Cadet, techniquement non mais bon. Oui, là elle était carrément hors d’elle. En plus, elle était passé de « tu peux travailler avec qui tu veux » à « tu peux te taper n’importe qui », une nuance et un changement de cap qu’elle n’avait pas trop remarqué sur le coup, comme d’habitude lorsqu'elle était réellement en colère elle parlait sans vraiment réfléchir , trop impulsive. Et puis en plus, pourquoi elle s’était autant rapprochée de lui pour lui hurler dessus hein? … Elle cherchait les ennuies ou quoi?...

« T'a qu'à aller manger avec Rheagan...J'ai plus faim maintenant. »

Et sur ce, elle tourna les talons avec un air plein de fierté royale, avec l’air d’une statue grecque qui boude. Oui j’ai des images bizarres. Je sais. Enfin bref, elle sortit et claqua la porte avec violence en mode dramaqueen... Avant de revenir dix secondes plus tard. Eh oui, c’est bien de faire une sortie grandiloquente mais on a souvent des choses à dire après. Ou une envie irrésistible de voir la tête de la personne qu’on vient de quitter juste pour s’assurer que son petit effet a bien fonctionné. Dans son cas c’était apparemment la première solution : des choses à dire.

« Et je ne suis pas jalouse, pourquoi est-ce que tu dis ça? Je m'en moque complètement de cette péta****. Je n’ai aucune raison d’être jalouse, tu travailles avec qui tu veux comme je travaille avec qui je veux! Tu veux te taper une petite blonde de quinze ans? Hé ben vas y, j’en ai strictement rien à foutre, parce que tu es mon frère et qu’une vrai sœur ne s’intéresse pas à la vie sexuelle de son cadet. »

Oui. Oh oui, elle avait tout à fait l’air de n’en avoir rien à foutre. Je dirais même que ça crevait les yeux qu’elle en était malade de jalousie. Le moment de prendre une revanche parce tu étais comme elle et que tu avais beau l’aimer, tu rêvais de lui rendre la monnaie de sa pièce pour le coup. Oh bien sûr, on aurait pu se dire que si Zelda n’avait pas été blonde et aussi belle, tout aurait été réglé sauf qu’il se trouve que si tu aimais les blondes, c’était à cause de Zelda, d’où un certain cercle vicieux duquel on ne pouvait sortir. Si seulement elle avait été moche, grosse, pleine de boutons et de vergetures... Si seulement elle avait eu bon caractère... C’eût été réglé même si tu n’aurais probablement pas vraiment pu la détester car après tout, commet pourrait-on ne pas apprécier un minimum sa soeur jumelle - quand bien même adoptive - ? De toute façon il n’y avait pas à tergiverser, quelque soit le nombre de blondes que tu pouvais te taper, tu penserais toujours à Zelda car nul n’est comme elle - heureusement d’ailleurs sinon il y aurait beaucoup plus de morts et beaucoup moins de vivants... Et tu refusais de renoncer à elle sous prétexte que ta mère avait eu le malheur de t’abandonner dans la maison où elle vivait. Tu refusais d’abandonner pour suivre des codes supplémentaires, des codes qui font partie du même genre que ceux que tu suivais depuis des années : les codes des apparences. Un frère et une soeur ne doivent pas s’aimer qu’ils disent. Bah tiens, vous alliez leur montrer ! Vous leur prouveriez que ce n’était pas juste un délire de rébellion de quand vous aviez vingt ans, non. Vous leur prouveriez que tout ça valait bien plus que tous leurs mariages à la con, que ton mariage à la con avec une fille que tu ne connais pas vraiment et dont tu te fous comme elle se fout de toi. Alors tu te levas et saisis le poignet de Zelda.

« Oui, je ferai ce que je veux, comme tu fais ce que tu veux avec ce sal**d de Hunter, comme tu fais ce que tu veux avec ce con de Kaas, parce que je me fous de ce que tu fais après tout ! N’est-ce pas petite soeur ? Tu fais ce que tu veux, je fais ce que je veux, nous nous emmerdons mutuellement et après on revient se mentir comme quoi on s’en fout hein ? »

Tu lâchas son poignet comme si elle brûlait, les yeux remplis de... Haine ? Rage ? Désespoir ? Putain tu pourrais pas avoir des trucs normaux au fond des yeux ? Nan mais sérieux ? Genre, gros froncement de sourcil quand t’es pas content, larmes quand t’es tristes, étoiles manga quand t’es content... Parce que t’es bien gentil mais après quand je dois faire la narration ça marche pas hein... Tu veux quoi ? Que je dise ‘‘ses yeux brillaient d’une lueur complètement indéfinissable parce que c’était pas normal et que je peux pas déchiffrer ça’’ ? Quoi que... Si en fait ça a de la gueule mais c’est pas une raison. Il faut avoir des sentiments normaux et décrytptables au fond des yeux. T’imagines sinon pour draguer ? La mort hein ? Enfin, la mort aurait bien pu venir très tôt si Zelda le prenait mal... Et ne me faites pas la réflexion que ce n’est pas le cas puisque je parle au présent maintenant hein èé Il faut du suspense, c’est l’art de la narration.

Elle était en colère, c’était évident. En colère contre ce con qui lui servait de demi-frère jumeau, cet idiot qui se tapait toutes les blondes qui passaient par là, des blondes magnifiques mais beaucoup plus jeune que Zelda…. Le simple fait de se faire une autre femme l’énervait au plus haut point, mais c’était encore pire lorsqu’il s’agissait de mignonette de dix-huit ans aux yeux bleu, des gamines qui lui rappelait qu’elle vieillissait jour après jour et qu’au final, il la remplaçait par des plus jeunes, c’était comme ça qu’elle le voyait, à tort ou à raison, peu importe, ça ne diminuait en rien la rage qu’elle ressentait lorsqu’elle le voyait faire. Elle était aussi en colère contre elle-même, en colère contre cet amour qu’elle lui portait, un amour loin d’être aussi fraternel qu’elle se forçait à le croire, un amour unique qu’elle ne contrôlait plus au fil des années, surement parce qu’elle l’avait trop caché, trop enfouis au fond d’elle-même, c’était un peu comme mettre un couvercle sur une casserole d’eau bouillante, peu importe qu’on ne puisse l’apercevoir bouillir, elle continue quand même de chauffer, encore et encore, jusqu’à l’implosion. Métaphore foireuse je l’admets, mais c’est la seule image qui m’est venue à l’esprit à cet instant. Zelda voyait d’autres hommes, c’était un fait, tout le monde le savait et elle éprouvait parfois, souvent, un certain amour pour ses amants d’un soir ou parfois plus, toutefois, peu importait l’amour qu’elle leur portait, il restait différent de celui qu’elle avait pour Envy, une différence qu’elle avait encore du mal à admettre, du mal à accepter, à comprendre, car quoi que son cœur lui dictait, les apparences restaient le plus important et c’était ainsi, c’était écrit, un frère et une sœur ne pouvait partager un tel amour, quand bien même ils n’auraient qu’un père biologique en commun. La belle se détestait lorsqu’elle se mettait en colère pour tout ça, lorsqu’elle jalousait les conquêtes de son frère, mais elle ne pouvait s’en empêcher et aujourd’hui comme bien souvent lorsque le sujet était abordé, elle n’avait retenue presque aucun mot, parlant, encore et encore, gouverné par une haine et un amour à armes égales, des sentiments qui ne firent que s’exacerber lorsqu’il lui attrapa le poignet pour prendre à sont tour la parole et c’est avec un regard des plus noir qu’elle l’écouta, attentive, presque trop, avant de simplement rétorquer…

« Je vais te frapper Envy… » Sans dec? Ha oui sans dec… Son poing était partie sur le visage de son frère sans même s’en rendre vraiment compte, comme si son cerveau avait anticipé son ordre, s’écrasant contre la joue de son jumeau qui avait le don de provoquer en elle le pire comme le meilleur…. Et pourtant, malgré ce coup, elle posa rapidement ses mains sur le visage d’Envy, collant son front contre le sien, fermant à moitié les yeux avant de reprendre, presque naturellement. « Je vais te faire mal Envy, jusqu’à ce que tu me haïsse, parce que c’est la seule solution…. Je vais te blesser jusqu’à ce que je te répugne et tu sais à quel point je suis douée pour ça… Alors épargne toi des souffrances et déteste moi maintenant, là, tout de suite, parce que l’autre chemin, celui qu’on veut tout les deux emprunter… Il est juste … Hors d’atteinte … Y'a pas de deuxième choix, y'a pas de bon choix...  » Ses gestes contrastaient totalement avec ses mots, ses mains caressaient presque son cou, son visage touchait presque le sien, inexorablement attiré l’un vers l’autre sans pouvoir finaliser quoi que ce soit… Ses menaces ressemblaient davantage à la complainte d’un condamné qu’au mot d’une femme déterminé, pourtant elle gardait cette force qu’on ne pouvait dissocier de Zelda… Elle n’avait aucune envie de le voir souffrir, au contraire, mais elle se rendait compte un peu plus chaque jour du danger que représentait leur affection, de tout ce qui pourrait être détruit si quoi que ce soit venait à être dévoilé… Leur famille, ses enfants, son épouse qui ne servait à rien mais qui restait là... Tout ça serait brisé, à cause de cet amour impossible et presque animale.... S’amuserait-elle à le torturer pour qu’il la haïsse? Surement, si elle était certaine du résultat… Ce qui était malheureusement loin d’être le cas.

« Je vais te frapper Envy… »

Pourquoi est-ce que je ne me demande même pas si elle oserait ? Ah oui, parce que je la connais... Violente, imprévisible, impulsive, jalouse, narcissique... Mais tu l’aimes. Elle te ressemble, ce doit être pour cela. Quoique tu soies pire qu’elle ne l’est. Aussi tu ne clignes même pas deux yeux et je ne suis guère surprise quand son poing vole dans ta figure, t’explosant la lèvre. Tu restes droit, tu la contemples. Tes yeux vides d’une autre émotion que la tristesse fixent le fond de ses prunelles azur clair. Un douleur lancinante émane par vagues de ta plaie à la bouche mais tu ne la sens pas, tu ne sens que la douceur de ses mains sur ton visage, de son front contre ton front. Et tu l’écoutes.

« Je vais te faire mal Envy, jusqu’à ce que tu me haïsses, parce que c’est la seule solution…. Je vais te blesser jusqu’à ce que je te répugne et tu sais à quel point je suis douée pour ça… Alors épargne toi des souffrances et déteste moi maintenant, là, tout de suite, parce que l’autre chemin, celui qu’on veut tout les deux emprunter… Il est juste … Hors d’atteinte … Y'a pas de deuxième choix, y'a pas de bon choix...  »

Elle ne pourra pas te faire plus mal qu’à l’instant présent, quelque soit l’ardeur qu’elle y mette. Car plus elle sera près de toi, quoi qu’elle fasse, plus tu l’aimeras, plus elle te donnera envie de te damner. Ses mains virevoltent sur ta peau, frôlant ton cou. Tu fermes les yeux et une larme roule sur ta joue. Faut pas pleurer. Tu connais pas la chanson ? Boys don’t cry. Surtout pas les Pacificateurs dans ton genre. Il ne faut pas briser le mythe tu sais. Même si tu t’en fous, moi j’y tiens aux traditions. Ce sont les seules choses qui empêchent l’homme de faire n’importe quoi. Alors évidemment, certaines personnes ne s’y arrêtent pas mais là n’est pas la question. De tous temps, pleurer a été considéré comme un signe de faiblesse et tu ne peux pas te permettre de paraître faible, même devant Zelda. Surtout devant Zelda, tu comprends ? Ouais, je n’en suis pas si sûre mais au fond qu’est-ce que je devrais avoir à en foutre ? J’aimerais bien te raisonner mais j’ai essayé tant de fois sans succès que j’ai abandonné. Ce n’est d’aucune utilité, à quoi bon ? Si tu veux jouer avec le feu, je te laisserai y brûler tes ailes sans rien dire. Je ne te dirai même pas que c’est bien fait pour toi, tu le sauras parfaitement. On peut te traiter de beaucoup de choses mais pas d’imbécile.

« Frappe-moi alors. Blesse-moi. Mais tu sais très bien que je ne pourrai jamais te haïr. Jamais. C’est comme ça. Je n’y peux rien. Tu n’y peux rien. Personne n’y peut rien, c’est triste mais c’est la vie. »

Oui c’est triste. Oui c’est la vie. Mais la vie est triste, la vie est cruelle, on ne te l’a jamais dit ? La vie c’est un grand merdier où tout le monde se débat pour garder la tête hors de l’eau, les riches comme les pauvres. Parce que l’argent ça n’a jamais sauvé personne, du moins pas vraiment. Le bonheur ne s’achète pas. Le bonheur... Quel pauvre mot... Au fond le bonheur ça n’existe pas, la vie c’est survivre entre quelques moments joyeux et le reste. L’amour ne sauve personne non plus mais il perd bien trop de gens. Souvent ce sont les amours impossibles, les clichés de tragédies Shakespeariennes. Roméo et Juliette et leurs familles qui se haïssent par exemple. Vous êtes Roméo et Juliette, sauf que vous venez de la même famille et que les apparences sont plus complexes. Ces apparences auxquelles tout le monde est si attaché, toi le premier avec Siska, avec Zelda, avec tes bonnes manières et ta politesse factice. Ces apparences trompeuses. Oui, celles-là, celles qui rendent la vie possible et évitent tant de guerres. Sans la façade de la diplomatie, le monde ne serait plus et vous le savez très bien. Sauf que des fois on a envie de faire fi des coutumes. Et l’envie c’est ton truc, hein Envy ? Aussi tu saisis le visage de ta demi-soeur jumelle entre tes mains et tu l’attires à toi pour l’embrasser. Puis tu te recules et ouvres les bras en croix.

« Vas-y Zelda, fais ce que tu veux, frappe-moi, tue-moi même. Je n’ai pas peur. Je n’ai jamais eu peur de toi. C’est de te perdre que j’ai toujours eu peur. »

Pauvre fou.

Cette larme coulant sur sa joue fut aussi douloureuse qu’un coup de poignard en plein cœur pour Zelda… Pourtant, elle n’aimait pas voir les hommes pleurer, je dirais même qu’elle était un peu un macho version féminine, elle considérait que certaines choses devait être faite par les hommes et d’autre pas, pleurer faisait partie de ses petits trucs qu’un homme ne devrait jamais faire, pas en publique en tout cas. Combien de fois elle avait frappé un Pacificateur pleurnichard … Ou même un ex trop sensible… C’était ainsi pour elle, les femmes pleurent en publique, c’est beau, c’est festif, mais les hommes, non, à moins de vouloir clairement voir sa virilité compromise aux yeux de la belle. Toutefois, tout était toujours différent lorsqu’il s’agissait d’Envy… Elle ne le trouvait pas pathétique et trop sensible à cet instant, non, cette larme perlant sur son visage reflétait plus qu’une simple faiblesse, elle le ressentait, elle le vivait alors évidemment, le critiquer, se moquer de lui pour ce petit moment de sensiblerie, c’était hors de question. Elle n’en avait pas envie tout simplement. Innocence tenta tout de même de rester forte, de se montrer indubitablement insensible, de lancer ses menaces sans sourciller, car c’était nécessaire, presque indispensable, la jeune femme devait l’obliger à l’oublier, l’obliger à la haïr, car c’était la seule et unique solution… La seule qui leur permettrait de vivre et de survivre dans ce monde-ci en tout cas. Malheureusement, et au fond, elle l’aurait prédit le connaissant bien trop pour ce laisser surprendre, Envy n’était pas le genre d’homme que l’ont pouvait corrompre facilement, il était après tout lui aussi un maitre dans la torture, alors le faire changer d’avis, l’obliger à faire certaine chose grâce à la souffrance, c’était presque stupide, utopique en un sens.

Zelda ne répondit rien, restant statique, les yeux emplis de tous un tas de sentiments qu’il serait difficile de décrire en un seul mot… La peur, la colère, la tristesse, la mélancolie et tant d’autre ressentiments qui broyait son cœur depuis si longtemps même si personne ne semblait s’en rendre compte. Elle souffrait depuis toujours, elle souffrait depuis CE jour, mais elle faisait comme si de rien n’était, autant pour elle que pour les autres, après tout, à quoi cela aurait-il servit de se plaindre, de pleurer à chaude de larmes, de quémander de rassurantes étreintes? A rien, ça n’aurait rien changé, rien changé à sa vie, à ce qu’elle vivait, à ce qu’elle avait vécu et à ce qu’elle continuerait de vivre. La Ducani-Hayne refusait d’être la victime de sa propre faiblesse, aujourd’hui comme hier et comme demain… Mais ce demi-frère, devant elle, avait le don de remettre en question chacune de ses prérogatives, chacun de ses choix, comme si il s’était donné pour but de la rendre folle, comme à cet instant lorsqu’il l’embrassa pour finalement se reculer, la surprenant, ne lui laissant pas vraiment le temps de réagir et au fond, l’aurait-elle vraiment repoussé? Surement que non… Mais peu importe, elle essuya ses lèvres d’un revers de main, sans le quitter des yeux, comme pour effacer ce qui venait de se passer, pas par dégout, mais plutôt par crainte qu’on le découvrir, comme si Envy venait de déposer une marque indélébile sur son visage, elle avait l'impression que tout le monde pouvait la voir. Un réflexe idiot. Elle ne le quitta pas du regard, toujours perdu au milieu de ses sentiments, finalement, elle leva sa main comme pour le frapper avant de se stopper, abandonnant, baissant les armes, on pouvait voir dans ses yeux une certaine résignation alors qu’elle se dirigeait vers le canapé non loin, prenant place dessus, les mains à moitié sur son visage, comme si sa tête était subitement devenue trop lourde pour tenir en place toute seule.

« J’ai sut ce que je ressentais pour toi à l’instant où mon nom a été tiré au sort… Mais je me suis dit, ça ne fait rien, je vais mourir de toute façon, alors peu importe ce que je ressens… J’étais décidé à laisser Narcisse gagner… J’avais tout prévus… Je devais me battre jusqu’à arriver jusqu’à lui, je savais qu’il éliminerait tout les autres et qu’on serait les seuls survivants… Et j'avais raison, le truc c'est que... il avait le même plan que moi... Et qu'il a été plus rapide... Il s'est planté sa lame tout seul, mais de l'extérieur on voyait juste une fille en train de poignarder son frère... Et cette gamine a gagné...   » Ses yeux brillaient, cependant, elle se refusait à pleurer, retenant ses larmes coute que coute. « Ouais, j’ai gagné… J’ai gagné un autre frère tué pour faire plaisir au Capitole, j’ai gagné un amour impossible et c’est devenu presque une addiction… J’ai gagné une vie dans le sang et la souffrance... oh n’imagine pas que je n’aime pas mon job, j’adore ce que je fais, mais parfois, je me demande si j’aurais été quelqu’un d’autre si je n’avais pas participer aux jeux, si je n’étais pas… tomber amoureuse de toi… » Jusqu’ici elle ne lui avait lancé aucun regard, cela dit, à cet instant elle posa enfin les yeux sur lui, retenant toujours les larmes, forte et déterminée à ne pas craquer. « Je te veux, c’est un fait… Mais c’est dangereux… Vraiment dangereux... Croit moi Envy, je pourrais très bien te tuer si tu venais à ne pas m’aimer autant que je t’aime, je tuerais pour toi... Je mourrais pour toi... Et je supporterais pas de te perdre... Alors mieux vaut… Ne pas prendre de risque… Et juste faire comme si il n‘y avait rien, pour toi, c‘est mieux… Parce que, c‘est clair, j‘ai un problème psychologique avancé, je suis pas sur d'être vraiment faite pour toi et je veux pas que t'en paie le prix… Sans parler du fait que je me fais vieille... » Elle laissa échapper un léger rire avant de laisser couler une larme sur sa joue, une larme qu’elle fit disparaitre aussi vite que possible, tentant de se reprendre, de ne pas montrer sa faiblesse. Le rejetait-elle? Ou au contraire était-elle en train de lui dire en un sens "oui"? Dure à dire, même elle n'était pas certaine de la raison qui l'avait poussé à dire tout ça... C’est donc officiel, l’amour et la folie ne font pas toujours bon ménage, surtout pas chez les Ducani-Hayne.

Elle s’est essuyé les lèvres comme dans un geste de rejet infiniment blessant. Tu n’es rien. Puis elle a levé un poing menaçant et tu as cligné des yeux, lentement, comme pour lui montrer que tu acceptais la sentence. Tu l’aurais subie sans sourciller, sans même gémir ou dire un mot si elle n’avait pas baissé la main dans une espèce de geste d’abandon. Elle aussi semblait lasse, lasse de tous ces combats, de tous ces interdits. Lasse de s’opposer à la fois au monde, à toi et à elle-même. Elle recula et se laissa tomber sur le canapé, enfouissant à moitié son visage fatigué dans ses mains. Puis elle se mit à parler, à raconter tout ce qu’elle ressentait sans te jeter un seul regard. Sa voix semblait se briser à certains points de son récit mais elle se reprenait toujours, bien décidée à ne pas autoriser la faiblesse à percer. C’était bien sûr d’une inutilité flagrante puisque tu avais toujours su lire en elle comme dans un livre ouvert mais les apparences resteront toujours les apparences. Toi-même accordais tes violons avec le monde sur ce point-là. Tu l’écoutas jusqu’aux dernières phrase de son histoire. Elle n’avait pu empêcher une larme de couler sur sa joue pâle. Mais elle l’avait bien évidemment essuyée le plus prestement possible, honteuse. Tu te levas et t’accroupis devant elle.

« Tu oublies que même si je ne suis pas entré dans l’arène, j’y suis en quelque sorte allé avec toi. Ton histoire est mon histoire, je la connais. » Oui, ton souffle, je m’en souviens encore, était resté suspendu au moindre de ses mouvements devant la caméra lors de la diffusion et lorsqu’ils changeaient de plan pour montrer un autre tribut il semblait que ton coeur s’arrêtait jusqu’à-ce qu’elle réapparaisse. Durant cette édition, je me demandais constamment ce qui se passerait si quelqu’un plantait une lame dans le corps de Zelda. Une entaille semblable serait-elle apparue sur toi, trouant ta peau et t’arrachant la vie au même instant que ta soeur ? Je crois que cela ne m’aurait même pas étonné. Elle n’avait aucune idée de ce que tu avais pu ressentir pendant qu’elle se battait là-bas. Elle ne te voyait pas après tout, alors que toi si, tu pouvais décrypter ses sentiments sur son visage à-travers la télévision. La soixante-et-unième édition des Jeux de la Faim fut la pire édition de ta vie. Tu regardas Zelda dans les yeux et continuas : « Et si tu me tuais, alors je serais mort pour toi. Et je ne pense pas pouvoir imaginer meilleure mort. Je ne peux pas faire comme si je ne t’aimais pas parce que tu as soi-disant un problème psychologique avancé. C’est toi que j’aime. Et tu ne serais pas toi sans ce que tu nommes ‘‘problème’’. »

Et puis elle n’était pas vieille, loin de là. Elle était sortie de l’âge bête, entrée dans l’âge intelligent et était encore bien loin de l’âge gâteux. Quel âge pourrait être meilleur que cette passe intermédiaire, la seule où l’on puisse se dire réellement soi-même ? Aucun, tu en étais persuadé. Et puis tu n’étais pas vieux. Tu n’étais peut-être pas aussi susceptible que ta demi-soeur sur ce point mais cela ne voulait pas dire que tu l’encaisserais bien si on te disait vieux. En fait c’eût plutôt été celui qui l’aurait dit qui l’aurait mal encaissé. Il se serait retrouvé encastré dans un mur, je doute qu’il aurait apprécié ni même bien digéré. Après tout c’est jamais le bonheur de dire bonjour au papier peint et encore moins au crépi. Oui parce qu’au naturel il y a certains crépis qui font mal juste quand on pose mal la main dessus alors si se fait plaquer le visage contre... Il n’y a plus qu’un mot à dire : Aïeuh ! Bref. Elle n’était pas vieille, elle était belle, tu l’aimais, elle t’aimait, tu te foutais de ses problèmes mentaux... Quel était le problème ? Ah oui... Oui vous étiez demi-frère et soeur jumeaux j’avais oublié ce mini détail qui posait des problèmes depuis le début... C’est traître la mémoire n’est-ce pas ? Une petite chose vicieuse qui s’amuse à partir faire un tour quand vous l’appelez et revient seulement quand vous ne voulez pas d’elle pour vous rappeler les mauvaises choses comme une vieille plaie qui se fait sentir quand vous bougez.

Tu te relevas doucement comme si cela t’en coûtait et lui tendis la main pour qu’à son tour elle se relève. « Allez, tu devrais t’en aller. Nous nous torturerons un autre jour, une autre nuit qu’importe. Ce n’est pas aujourd’hui que ça finira, pas plus que demain. Les grands discours ne sont pas pour nous. » Oui, c’était enterrer la hache de guerre bien trop en surface mais au fond le contraire aurait été trop simple. Cette solution ressemblait déjà à une espèce de fuite au fond...

Parler de soit, se livrer ainsi, faire preuve de sentimentalisme, ce n’était vraiment le style de Zelda. Elle détestait profondément ça, se sentir si frêle et fragile à cause de simple mots… Et puis, à quoi ça servait de dire tous ses trucs ? A quoi ça servait de vider ainsi son cœur ? Les choses ne changeraient pas, c’était inévitable, tout serait toujours comme avant parce que rien ne pouvait changer, ça ne leur était pas permis alors à quoi bon faire tout ça ? C’est la pensée qui lui traversa l’esprit alors qu’elle venait de terminer son petit discours, un discours bien trop long dont elle aurait préféré se passer, malheureusement il était lâché, comme ça, d’un coup, et désormais elle ne pouvait plus faire marche arrière. On dit souvent qu’on se sent plus léger quand on dit la vérité, qu’on perds un poids sur notre conscience déjà bien lourde, c’est donc en théorie ce qui aurait dut se passer à cet instant pour la belle, celle qui venait de se livrer si intiment, presque sans retenue… Et pourtant, c’était loin d’être le cas… Zelda avait l’impression d’être encore plus oppressé, d’être totalement prise au piège par ces propres mots, à croire qu’elle n’était pas faite comme les autres et que mentir la soulageait plus que de dire la vérité. Elle ne regrettait pas d’avoir dit tout ça, elle regrettait simplement de se sentir si peu libéré de l’avoir fait. « Tu oublies que même si je ne suis pas entré dans l’arène, j’y suis en quelque sorte allé avec toi. Ton histoire est mon histoire, je la connais. » Ho non, elle ne l’oubliait pas. Lorsqu’elle était dans l’arène il était la première personne à qui elle pensait lorsque la mort venait lui caresser le visage. Elle ne cessait de se demander ce qu’il ferait quand elle viendrait à mourir, car au début du jeu et jusqu’au dernier moment, elle était persuadé de ne pas s’en sortir. La belle s’imaginait donc prise au piège dans la situation inverse, elle essayait de ressentir ce qu’elle aurait vécu si Envy avait été à sa place et elle à la sienne, ce qui lui était insupportable. Au fond, ils avaient vécu les jeux deux fois plus intensément que les autres, à la fois par eux-mêmes et en même temps par leur « jumeau » , autant dire que ça n’avait pas été une partie de plaisir. Elle ne répondit rien face aux propos de son frère, se contentant de hocher la tête en écoutant la suite. « Et si tu me tuais, alors je serais mort pour toi. Et je ne pense pas pouvoir imaginer meilleure mort. Je ne peux pas faire comme si je ne t’aimais pas parce que tu as soi-disant un problème psychologique avancé. C’est toi que j’aime. Et tu ne serais pas toi sans ce que tu nommes ‘‘problème’’. » Cette petite tirade la fit légèrement sourire, amusé par de tel propos, des propos si romantique quand on y pense, des propos que ne devrait pas tenir un frère envers sa sœur, heureusement que personne n’était là pour les entendre hormis la principale intéressé.

Lui pinçant le nez du bout des doigts telle une enfant, elle rétorqua. « Je n’aime pas quand tu dis des choses si romantique… Tu ressemble à une fille… » Quoi ? Vous vous imaginiez qu’elle allait lui sauter au cou en lui lançant des je t’aime ? C’est Zelda je vous rappelle, ça ne marche pas pareil dans son cerveau que dans le notre … Et puis , elle avait dit ça avec humour, même si elle était, en un sens, plutôt sérieuse. C’était sa façon à elle de dire qu’elle acceptait ses mots et qu’elle n’allait pas le tabasser pour avoir dit ça, comme quoi, elle pouvait se montrer raisonnable. Malgré tout, le problème restait entier. Ils s’aimaient peut-être, ils étaient sans aucun doute destinés l’un à l’autre, cependant, ils restaient surtout frère et sœur, même si ils ne l’étaient qu’à moitié, pour le monde, ils l’étaient, tout simplement. Ce qui allait se passer maintenant ? Bonne question, une question qui ne trouverait pas de réponse aujourd’hui, surement trop tôt pour vraiment décider de quoi que ce soit, et puis, ils avaient tout les deux beaucoup trop vécus aujourd’hui, mieux valait laisser le temps faire son œuvre. Envy le comprit, il se releva avant de tendre la main à Zelda, qui l’attrapa dans un geste vif, un léger sourire au coin des lèvres alors qu’elle se retrouvait de nouveau debout. Il avait encore une fois raison, les grands discours, ce n’étaient pas fait pour eux… « Oui, tu as raison… » Peut-être s'agissait-il là d'une sorte de fuite, mais franchement, ça n'avait aucune importance à ses yeux. Elle le serra tout de même dans ses bras, une étreinte presque fraternel dont la jeune femme profita autant que possible, comme pour se rassurer, avant de se reculer, se dirigeant vers la porte avec aise et c’est une fois la main posé sur la poignet qu’elle reprit, l’air de rien, le ton beaucoup plus léger que quelques minutes auparavant, comme si il ne s’était rien passé. « Si tu me cherche, je serais au sous-sol en train de torturer deux trois prisonniers ! » Elle avait dit cela avec tant de naturel, comme si ce n’était rien, comme si ils ne venaient pas d’avoir une discussion importante, comme si sa personnalité venait de refaire subitement surface sans se soucier du reste, ou plutôt pour cacher une quelconque faiblesse et c’est avec autant d’entrain que de coutume qu’elle quitta la pièce, presque en sautillant, redevenant la Zelda insouciante et loufoque qu'elle ne devrait jamais cesser d'être… Chacun porte un masque et la belle venait de remettre le sien.

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