léandre priam silverheart

❝ he keeps living through me ❞

about games and relative.

➺ TA MORT TU LA VOIS COMMENT ?

« Tu vois ta mort.. comme une mort rapide. Douce. Pas trop violente, encore moins marquante. Tu tiens à mourir jeune. Pour rester beau à jamais. L'idéal serait que tu te prennes une balle en pleine poitrine, pour mourir en martyr. Tu as toujours été obsédé par l'idée d'être un martyr, n'est-ce pas? Tu te vois aussi tellement bien tomber dans les mains des rebelles et devoir avaler une capsule de cyanure pour ne pas divulguer de précieuses informations que ton supérieur hiérarchique t'aura donné, te faisant confiance à toi plus qu'à n'importe qui... Tu ne trouves pas ça malsain. Tout ce que tu veux, c'est que ta mort ait un sens. Mais elle n'en aura probablement jamais, et tu le sais très bien. Tu songes à peine à l'éventualité de mourir anonymement. Avec personne pour honorer à ta mémoire. Tu te prépares à périr dans une zone dangereuse. Tu flirtes avec l'idée de la mort comme certains marchent le long des voies de chemin de fer. Mais la mort, ta mort, ne l'as-tu pas déjà vécue, il y a bien longtemps déjà, Priam ? N'es-tu pas déjà mort ?

Tu veux juste que ça soit rapide, toi aussi, Léandre. Tu te fiches de mourir en héros, tu t'en fiches de mourir vieux, jeune, pauvre, riche, savant ou ignare. Tout ce qui t'importe, c'est de partir rapidement, sans avoir le temps de regarder en arrière et de regretter. De toute façon, tu n'auras rien à regretter, n'est-ce pas ? Tu n'as pas vécu. Tu n'as rien fait. Tu n'auras rien à regretter. »

➺ POUR QUI/QUOI POURRAIS-TU MOURIR ?

« Tu t'imagines mourir pour un monde plus beau, triste Léandre. Tu veux que ton utopie devienne réalité, et tu es prêt à donner ta vie pour cela. Innocemment, tu imagines que ton sacrifice permettrait à cet univers de devenir plus doux. Un endroit paisible et paradisiaque, ou la guerre, la faim et la douleur ne seraient que des histoires que l'on raconte aux enfants le soir pour rire. Les notions d'honneur et de fierté ne te correspondent pas. Elles ne signifient rien pour toi, elles sont trop égoïstes pour que tu arrives à t'y attacher.

Mais toi, puissant Priam, tu te battras jusqu'à la mort pour garder ton honneur. Tu ne peux imaginer une seule seconde que ton nom soit sali, tu ne peux pas croire un instant à ce que ta fierté soit brisée.

Le seul point commun que vous deux avez en commun, c'est votre incapacité à mourir pour quelqu'un. L'un parce qu'il n'a personne. L'autre parce qu'il estime valoir plus que la vie de n'importe qui d'autre.»

➺ QUEL PETIT PLUS T'AIDE DANS LA VIE (OU JEUX) ?

« Tous les deux, vous êtes le même corps. Donc les mêmes capacités physiques. De par l'entraînement des Pacificateurs, vous avez obtenus une certaine endurance et une force un peu plus hautes que la moyenne. Doués pour tirer avec des armes à feu, ce n'est pour pas là que réside vos plus grandes forces. Vous êtes excellents au corps à corps. Agiles, rapides, efficaces. Vos gestes précis et calculés. Pourtant, Priam, tu as toujours été favorisé. Parce que tu es un acteur formidable, que tu arrives toujours à tes fins. Tu manipules l'art du mensonge avec doigté et finesse, et jamais quiconque ne se doute que tu puisses être animé de mauvaises intentions. Combien de personnes as-tu déjà utilisé, Priam ? Depuis ta plus tendre enfance, tu as réussi à ne faire voir que toi. Tu as éclipsé ton frère. Tu l'as réduit à rien. Tu arrivais toujours à remettre la faute sur Léandre. Tu es le plus dangereux des deux. Un manipulateur sans scrupule. »

➺ AS-TU DES PROCHES QUI ONT PARTICIPÉ AUX JEUX ?

« Un seul nom. Priam.

Tu as vu ton frère mourir, n'est-ce pas, Léandre ? Il n'avait que douze ans, tout comme toi. Tu as été tiré au sort, et il s'est porté volontaire. Pour te sauver? Non. Tu ne valais rien. Pourquoi aurait-il voulu te sauver ? Tout ce que Priam voulait, c'était obtenir des sponsors impressionnants. Sponsors qu'il a eu. Excellent acteur, il a crée un tissu de mensonges - il t'aimait, vous étiez une seule et même entité - et ils y ont tous cru. Tous. Sans exception. Il a obtenu un 10 à l'entraînement, et tu es sûr qu'il a montré ses talents pour le corps à corps. Tu le sais, tu étais son punching ball. Il a survécu à la Corne d'Abondance, et a même réussi à tuer un tribut indirectement, en le poussant sur des couteaux. Le tribut s'y est empalé. Ca l'a fait rire, Priam. Il a attrapé un sac et il est reparti. Il a survécu jusqu'au carré final. Il ne restait plus que lui du district Neuf. Tu sentais qu'il allait gagner. Et il a perdu. Un combat entre lui et un participant du Cinq. L'autre avait une hache, Priam n'avait rien d'autre que ses petits poings d'enfant. Son crâne a explosé. Sa cervelle s'est répandue partout, éclaboussant même une caméra. Tu en as vomi. Mais tu en étais presque content, hein Léandre ? Maintenant qu'il était parti tu allais pouvoir être toi même. Stupide erreur. Il allait continuer à te hanter. »

➺ COIN A ANNONCÉ LORS DES DERNIERS JEUX PAR MESSAGE PIRATE QUE LE TREIZE EXISTAIT TOUJOURS. TU ESSAIES DE TE JOINDRE À EUX OU AU CONTRAIRE, TU FAIS TOUT POUR STOPPER CETTE RÉVOLTE ?

« Vos opinions vont dans le même sens. Pour vous, il n'est pas question de vous joindre aux rebelles et au district Treize. Mais les raisons sont différentes. Priam, tu ne peux imaginer une seule seconde ta vie sans le Capitole. Tu as toujours été fasciné par eux, n'est-ce pas? Une obsession malsaine, grandissante. C'est pour cela que tu es devenu Pacificateur. Pour avoir la fierté de dire que tu es pour le gouvernement en place et que tu t'estimes chanceux d'évoluer dans un tel environnement. Tu serais prêt à tuer un rebelle si tu en voyais un. Léandre, tu as simplement peur. Peur d'être arrêté, si tu venais à te joindre à eux. Pourtant, quelque part, tu veux les rejoindre. Tu veux qu'un monde plus beau s'organise grâce à Coin et à son armée. Mais tu es effrayé, terriblement effrayé, alors tu te tais. Dans ta tête germent des idées qui pourraient pourtant être utiles au district Treize. Tu tiens à ce nouveau monde plus qu'à tout. Mais dans l'état actuel des choses, tu ne peux rien faire, alors tu ne feras rien. »

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JE VIENS D'UN MILIEU ni favorisé, ni défavorisé, AINSI, POUR MOI, LA NOURRITURE n'a jamais manqué sans être pour autant abondante. DU COUP, MON NOM AVAIT 10 chances d'être tiré au sort lors de ma dernière année d'éligibilité. J'EXERCE LE MÉTIER DE pacificateur ET POUR TOUT VOUS DIRE, J'apprécie. JE SUIS DANS LE 9ÈME DISTRICT. AYANT 24 ans JE ne peux plus PARTICIPER AUX HUNGER GAMES ET j'adhère au concept. ENFIN, J'ATTESTE QU'EN CRÉANT CE PERSONNAGE, J'ACCEPTE DE LE LIVRER À LA BARBARIE DES JEUX S'IL EST TIRÉ AU SORT.

reality is here.

tell us your story.

« Votre deuxième fils a terriblement l'air renfermé. »

Ta mère hoche la tête en soupirant. « Léandre n'a jamais été un enfant très bavard. Il ne dit jamais rien. C'est d'ailleurs un problème, nous n'arrivons pas à tisser de lien avec lui. » Tu n'as que cinq ans. Tu regardes ta mère sans comprendre ses mots d'adulte. Tu tires sur le bas de sa robe sans un mot et lui tend un dessin que tu as fait. Elle ne le regarde pas. Elle ne les regarde jamais. Elle l'attrape et le pose sur la table, reprenant sa discussion avec la voisine. Tant pis, tu te dis. Elle le regardera plus tard, quand elle l'accrochera au mur. Tu t'assois sur le sol, continuant de dessiner. Ton frère Priam arrive quelques instants plus tard, apparemment tout excité. Il a passé la journée dehors avec ton père, alors que toi tu es resté coincé à l'intérieur. Tu envies terriblement ton frère. Au fond de ton petit coeur, tu sais qu'il est le préféré. Parce que Priam sourit, qu'il parle, qu'il est affectueux, alors que tu restes dans ton coin la plupart du temps. Tu n'oses rien faire. Tu as peur. Peur de quoi? Tu n'as que cinq ans. Tu ne peux pas avoir peur. Pas maintenant. Ton frère t'arrache ton dessin des mains. Tu relèves la tête, sur le point de pleurer, mais il t'intime de ne rien faire en posant son index sur ses lèvres. Il court jusqu'à ta mère et grimpe sur ses genoux. Priam lui dépose un baiser sur la joue, et lui colle le dessin sous le nez. Elle sourit et enlace ton frère. « Merci beaucoup, Pri, c'est magnifique. Tu dis bonjour à la madame ? »

Tes petits poings se serrent d'eux-même. C'était ton dessin. Tu avais pris le temps de bien tout colorier sans déborder. Tu jettes le regard le plus haineux que tu ne le peux à Priam. Il te répond par un sourire. Toujours des sourires.

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« Léandre, donne moi ton pain. » Tu secoues la tête, serrant contre toi la miche que ta mère t'a donné le matin même. Priam a la plus grande portion, mais ça ne change rien. « Léandre, donne moi ton pain. » répète-t-il en détachant bien les syllabes. Tu as dix ans et tu as faim. Tu ne manges pas réellement à ta fin, vu que tes parents ne te nourrissent pas autant que Priam. Tu mords dans ton pain d'un air de défi. Les lèvres de ton frère se pincent. Tu ne le vois pas, mais ses mains se serrent, et alors que tu avales ta bouchée, il envoie un poing dans ton visage. Tu tombes au sol, lâchant le pain et tenant ton visage. Tu espères que ça va le calmer, mais rien n'y fait. Il se place à califourchon au dessus de toi et une pluie de coups s'abat sur ton corps frêle. D'abord dans ton ventre, puis dans tes côtes, ton nez, tes arcades sourcilières, tes tempes. La douleur est intense. Tu hurles, tu hurles si fort que ta gorge te fait atrocement mal et que tu as l'impression que tes cordes vocales vont claquer si tu continues. « Arrête! Arrête Priam ! Arrête ! » Ta lèvre inférieure se fend et un goût de sang écoeurant se répand dans ta bouche. Il continue de t'infliger ce traitement pendant ce qui te semble être une éternité avant de consentir à te lâcher. Il se lève, te laissant à demi-mort au sol, et ramasse ta miche de pain. « Maintenant, dès que tu ne voudras pas faire ce que je te dis de faire, c'est ce qu'il t'arrivera. Et cette fois j'ai été délicat. La prochaine fois, tu crèveras. Tu m'entends ? » Il te donne un coup de pied dans les côtes, mais tu as tellement mal sur le reste du corps que tu ne le sens à peine. « Tu crèveras comme un chien. »

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C'est ta première année d'éligibilité. Ton nom est entré quatorze fois. Celui de Priam, une seule. Vous êtes côte à côte, ayant le même âge. Vous êtes presque pareils, à part que ton visage est plus émacié que celui de ton frère, et tes cernes plus profondes et plus violettes que jamais. Tu as faim. Ton estomac se tord de lui-même. Priam se tient droit, tu as les épaules voûtées. La Moisson commence. Tes mains tremblent, tu es mort de peur. L'hôtesse plonge sa main dans le bocal contenant le nom des filles. Tu ne connais pas l'adolescente que l'on force à monter sur l'estrade, en pleurs. Toute ton attention est portée sur le bocal masculin. Quatorze d'entre eux portent ton nom. L'hôtesse tire un papier du récipient. Ton coeur s'emballe. Tu vas t'évanouir. Et puis, c'est ton nom qui raisonne. Léandre Silverheart. Tu sens les regards se diriger vers toi. On te pousse en avant pour que tu rejoignes l'estrade plus vite, mais une main te retient par le poignet. Tu tournes la tête. Tu es prêt à mourir. Tu as douze ans et tu en as déjà assez de vivre. C'est Priam qui te retient. Le silence règne. La caméra fait un gros plan sur vos visages jumeaux. « Je me porte volontaire! » crie-t-il. Tu n'es crois pas tes oreilles. C'est ce frère, ce même frère qui te frappe et te torture chaque jour un peu plus qui te sauve ? Tu le regardes. Non. Il ne fait pas cela pour toi. Juste pour lui. Pour la gloire, pour le prestige. Il va obtenir des tonnes de sponsors grâce à son sacrifice. Il sait se battre - il te le prouve chaque jour. Il monte sur l'estrade. Tu réprimes un haut-le-coeur. Sur l'écran géant se trouve son visage. Votre visage.

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Le sang de ton frère éclabousse la caméra. Pas que du sang. Aussi de la cervelle. Tu ne peux t'en empêcher, mais tu vomis. Tu vomis tout ce que tu as mangé depuis la veille. Le tribut qui a tué ton frère continue de lui asséner des coups inutiles. Il est mort. Mort. Mort. Mort. Ta mère lâche un sanglot. Tu ne sais plus où tu en es. N'es-tu pas heureux? Il ne te hantera plus. Il ne frappera plus. Tu pourras vivre. N'était-ce pas ce que tu voulais ? Le Ciel t'a fait un cadeau. Accepte le. Tu entends ta mère se lever. Elle se dirige vers toi, et de sa main se pose sur ta joue dans une claque monumentale. Tu restes abasourdi, interdit devant ce qu'elle vient de te faire. Ton visage devient dur et amer. « Je ne dirais plus jamais ce que je vais te dire. Mais je voulais que ce soit toi qui meurt. » dit-elle froidement. Tu sens quelque chose de froid couler sur tes joues. Tu pleures ? « Priam est mort. A cause de toi ! » Elle te frappe une nouvelle fois. Puis une autre. Et encore une autre. Et puis une autre. Lorsqu'elle a finit, ton visage est tuméfié et douloureux. « Répare ce que tu as fait. » Tu ne comprends pas. Tu essayes de baragouiner quelque chose, mais rien ne sort. « A partir d'aujourd'hui, tu seras ton frère. Tu m'entends ? Tu vas devenir Priam. »

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Il fait froid. Tu remontes ta couverture sur tes épaules sans un regard pour le corps nu et étendu à côté de toi. Il s'agit d'une petite rousse à peine majeure que tu as invité chez toi pour faire la fête. Tu es Pacificateur, Priam. Un Pacificateur incroyablement doué. Sujet à des maux de tête puissants, tu trouves dans le sexe un calmant. Ni plus ni moins. Tu ne t'investis pas dans tes relations avec les autres. C'est mieux. C'est plus simple. C'est moins douloureux.

Tu n'as aucun souvenir de Léandre, tu n'as aucun souvenir de ta mort. Pourtant, les deux existent, et tu les as vécus. Il suffirait que tu te concentres un peu pour redevenir celui que tu étais avant. Mais tu préfères être fort, être puissant. Choisir ta destinée. Tu en as assez de subir. Tu agis. Et quitte à te faire mal.