lo « snake » finchell

❝ WHO AM I LIVING FOR? ❞

about games and relative.

➺ TA MORT TU LA VOIS COMMENT ?

Je ne la vois plus. Je la vis. Comment craindre la mort quand celle-ci a été votre alliée, votre amie, votre unique façon de rester en vie, pendant des jours, des heures, des minutes, des secondes au goût d'éternel ? Je vois la mort comme un serpent qui resserre ses anneaux lentement autour de moi, comme une lâche qui a fuit de ma vie, comme une vieille ennemie qui n'attend que le moment propice pour revenir. Je veux ma mort fulgurante, terrassante, spectaculaire, conne on m'a promis que ma vie serait après être passée au-travers de celle-ci.

➺ POUR QUI/QUOI POURRAIS-TU MOURIR ?

Je ne mourrais pour personne, sauf peut-être Ea. Je ne sais pas. J'aime Ea, mais elle est si fragile, délicate, vulnérable. Si je ne me bats pas pour elle, elle ne le fera pas elle-même. J'ai survécu pour moi, j'ai tué pour moi, je suis encore en vie pour moi : ma vie n'existe pas pour les autres, elle existe encore par et pour moi. Je ne mourrais pas pour les autres. Je mourrais pour une idée, si celle-ci vaut la peine que je sorte de moi. Je mourrais pour moi avant tout.

➺ QUEL PETIT PLUS T'AIDE DANS LA VIE (OU JEUX) ?

District 3. La technologie. L'invention. La tête avant le corps. J'ai toujours été plus intellectuel que physique, ou enfin, j'aime à le croire. La vie dans l'arène m'a forcé à avoir une constitution plus robuste, mais c'est plutôt l'intelligence qui m'a sorti de cet enfer. L'intelligence... disons plutôt l'éloquence et la ruse. Je suis discret, également, peu bavard, n'ouvrez jamais votre foutue gueule pendant les Jeux, et j'ai un don que j'ai gardé plutôt caché jusqu'à ce que je sois obligé d'en faire usage. Enfin, un don. Une habileté. À lancer des couteaux. Et quand on sait lancer un couteau, tout devient une arme, même le plus inoffensif des jeux de cartes.

➺ AS-TU DES PROCHES QUI ONT PARTICIPÉ AUX JEUX ?

À moins que je ne me fourvoie, je suis un de mes propres proches. Peu importe. Je suis le seul de ma famille a avoir participé aux Jeux. Grand bien m'en fasse : si Ea avait eu le malheur d'être pigée, elle serait sans doute décédée, maintenant. Sa constitution... enfin, peu importe. Ça ne vous regarde, ni ne vous intéresse, pas. Un de mes amis a été pigé, l'année suivant ma victoire, et il est mort dès le départ. Je n'ai pas pleuré. Je n'ai plus de larmes.

➺ APPRÉCIES-TU LE VISIONNAGE DES JEUX ?

Foutez-vous de ma gueule encore une fois et je vous encastre la tête dans le mur. J'apprécierais le visionnage de ces jeux quand je verrai ce diable de Flickerman courir pour sa vie, avec toute sa bande de rigolos stylistes qui te griment comme un animal de foire. Oui, là, j'apprécierai la diffusion et le visionnage de ces jeux, je serai même le premier à les financer et à les encourager. Tant que des jeunes innocents risqueront leurs vies dans une arène pour une question d'honneur ou de nourriture, je serai contre ces Jeux.

➺ COIN A ANNONCÉ LORS DES DERNIERS JEUX PAR MESSAGE PIRATE QUE LE TREIZE EXISTAIT TOUJOURS. TU ESSAIES DE TE JOINDRE À EUX OU AU CONTRAIRE, TU FAIS TOUT POUR STOPPER CETTE RÉVOLTE ?

Je suis pour tout ce qui implique une révolte, donc s'il y a une façon de rejoindre ces rebelles, de les contacter, ou qu'en sais-je, donnez-moi leurs coordonnés ! Je n'attends que cela depuis maintenant vingt-deux éditions des Jeux. J'attends cela depuis que je suis mort, mais seul, jamais je n'aurais pu réussir à soulever les foules. Si pour être rebelle, je dois partir au 13, je le ferai. Je ne suis plus à un risque près.


JE VIENS D'UN MILIEU favorisé, AINSI, POUR MOI, LA NOURRITURE tombe du ciel comme la misère sur le pauvre monde. DU COUP, MON NOM N'A aucune chance d'être tiré dans ce foutu bol. J'EXERCE LE MÉTIER D' ingérieur ET POUR TOUT VOUS DIRE, J'aime ce que je fais. JE SUIS DANS LE 3EME DISTRICT. AYANT quarante ans J'ai déjà PARTICIPÉ AUX HUNGER GAMES ET j'appréhende la prochaine moisson avec un sentiment qui oscille entre l'horreur et le dégoût. ENFIN, J'ATTESTE QU'EN CRÉANT CE PERSONNAGE, J'ACCEPTE DE LE LIVRER À LA BARBARIE DES JEUX S'IL EST TIRÉ AU SORT. Bonne chance, minables.

reality is here.

tell us your story.

J'avais dix-huit ans.

..

Nous avions tous des surnoms, cette année-là. Comme si c'était un tant soit peu drôle, d'avoir des noms d'animaux, de joyaux, de divinités. Et pourtant, le pacte avait été passé lors de l'entraînement commun, sous une suggestion de Peach, du district neuf, pendant cette semaine précédant notre mort. Des surnoms, pour que le monde se souvienne non pas de ce que nous étions réellement, mais de cette image qu'ils avaient vue. Lo Finchell n'existait plus et je savais que si je survivais, il ne reviendrait plus.

..

« Le tribut masculin élu pour le district 3, pour cette édition des Jeux de la Faim, est... Lo Finchell ! »

La foule des garçons s'écarta pour regarder un mince jeune homme de grandeur moyenne qui, interdit, restait immobile. Il avait dix-huit ans. C'était sa dernière année, il ne pensait jamais être choisi, et au dernier moment, c'était son nom qui était sorti. Ses yeux trop clairs cherchèrent sa sœur Ea chez les filles, mais lorsqu'il la trouva, il aurait préféré ne pas la regarder. Elle pleurait déjà, la rivière de sa chevelure blonde cachant son visage angélique. Il n'aimait pas qu'elle pleure. Deux pacificateurs s'approchèrent de lui, mais il fit un signe de la main pour leur dire qu'il était capable d'y aller seul. Et dans la tête des habitants du district trois, déjà le jugement. Un peu mince, le fils aîné de la mère Finchell, loin d'avoir la carrure et la musculature des carrières, mais intelligent. Peut-être avait-il des chances de s'en sortir. Difficile à dire. Sans doute plus que sa sœur cadette, qui était trop mince pour supporter son propre poids.
Le jeune homme monta lentement sur l'estrade et balaya la foule du regard avant de prendre le micro et de dire simplement, d'une voix qu'il avait déjà basse et rauque :

« Je représenterai au mieux que je peux le district trois cette année. Merci d'être avec moi. »

..

Bell était blessée. Je lui avais dit qu'on s'en sortirait, elle et moi, les deux tributs du district trois. Elle savait que je mentais, moi aussi, mais pendant un temps, nous y avions crû. Plus maintenant. Elle avait été mordu par un serpent, elle ne savait pas lequel, et depuis, sa peau n'avait que se boursoufler, devenir d'un bleu inquiétant. Elle allait devoir se couper le bras, j'allais devoir lui couper le bras, ou elle allait mourir. J'étais arrivé trop tard pour l'aider avec sa morsure.
Ce soir-là, la fièvre était horrible. Elle délirait alors que je tentais de la rassurer, la berçant dans mes bras déjà devenus plus musculeux, tachés de boue.

« Ça va aller, Bell, ça va aller, on va s'en sortir.
- Non, Snake, on ne s'en s-sortira p-pas, ou juste t-toi, mais pas m-moi. Je veux mour-rir. Laisse-m-moi mourir. »

Je la fis taire en l'embrassant. Je n'aimais pas Bell, je la connaissais à peine, mais c'était tout ce que je pouvais faire. Sa bouche goûtait le sang et la terre. Et notre cœur battait à la mort.

..

« SNAKE ! »

Il se retourna en entendant la voix forte de la seule personne qui était encore en vie. Robin. Le tribut masculin du district deux. Ils étaient tous les deux seuls dans cette étendue déserte, tout près de la forêt. Il avait pensé aller s'y réfugier, le temps d'établir un plan pour coincer le tribut, mais l'autre avait été plus rapide. Il vit la tignasse rousse de Robin se rapprocher, mais il s'arrêta à quelques mètres de lui. Ils étaient tous les deux exténués, fatigués, faibles. Et même si le district deux avait bien remplumé son tribut, l'avait bien entraîné au combat et à l'endurance, à cet instant, ils étaient à égalité.

« Je vais te tuer, Snake. Tu le sais. Ce n'est qu'une question de temps. Je vais te tuer comme j'ai tué ta copine, comme j'ai tué les autres. Tu peux fuir tant que tu veux dans ta petite forêt, je te retrouverai, ou te battre maintenant. »

Un silence. Leurs regards se battaient en duel. Snake attrapa le poignard qu'il avait à la taille. Une lame affûtée, malgré tout le chemin parcouru. Il n'avait pas peur de s'exécuter devant son adversaire, qui le regardait faire. De toute façon, à cette distance, il avait amplement le temps de le voir arriver à la charge. Le jeune homme sortit de son sac un bocal dans lequel trois guêpes tueuses volaient furieusement. Cette fois, Robin se recula. Comment avait-il fait pour attraper ces insectes sans se faire tuer lui-même ? Rapidement, il ouvrit le bocal et attrapa une des guêpes entre ses doigts gantés maladroitement, puis referma le couvercle. Il n'en avait besoin que d'une seule, qu'il broya entre ses doigts pour en répandre le corps, le poison, le venin, sur la lame de son poignard. Un venin jaunâtre et sirupeux, répugnant, qu'il ne devait en aucun cas toucher. Sa voix, basse, un peu absente, retentit aux oreilles de son adversaire :

« On ne t'a jamais appris, Robin, que les serpents mangeaient les oiseaux ? »

Snake soupesa son arme doucement, puis, rapidement, attrapa la lame entre ses doigts et lança le poignard avec une force fulgurante directement dans le cou de Robin, dans le creux tendre et vulnérable entre ses salières. Un gargouillement, les deux mains du rouquin qui se portent à sa gorge pour retirer le poignard, mais son adversaire arriva devant lui rapidement et l'enfonça plus profondément. Un murmure aux oreilles de Robin :

« J'ai menti. Ce sont les oiseaux qui mangent les serpents. »

..

Je n'en avais besoin que d'une. Un sponsor m'avait envoyé du miel, vu que c'est le seul aliment non périssable et que dans certains moments, on a besoin de l'énergie que les sucres rapides nous fournissent. J'en avais tartiné un arbre et j'avais attendu qu'elles viennent, qu'elles s'y collent, avant d'en prendre trois délicatement et de les mettre dans le bocal que j'avais récupéré des affaires de Bell. Trois guêpes tueuses qui bourdonnaient avec furie contre le verre, que je regardais sans sourire. Je ne savais pas quand j'allais m'en servir, ou même si j'allais réellement le faire. Mais je les avais avec moi.

..

On pensa me renommer Killer Bee. Killer Bee Finchell.
Mais ça sonne moins bien que Snake.

..

Le tatoueur du Capitole regarda le dessin que le jeune homme venait de lui soumettre, puis regarda le jeune homme en question. La peau basanée par le soleil, les yeux absents, il ne le regardait même pas. Il semblait perdu dans un univers bien loin d'eux.

« Vous êtes sûr ?
- Oui. Sur mon poignet droit. »

Pas plus de discussion. Depuis la victoire de Snake aux Jeux de la Faim, celui-ci n'avait été que l'ombre de lui-même. Ea n'avait pas reconnu son frère lorsqu'il était entré dans la maison familiale et avait immédiatement commencé à pleurer, ne voyant en lui que les horreurs qu'il avait fait, que la mort dans ses yeux translucides. Il avait donc quitté le district, brièvement, pour revenir au Capitole, le temps d'un tatouage. Le tatoueur le fit s'asseoir dans son fauteuil et nettoya soigneusement la peau de son poignet, puis commença son travail.
Snake ferma les yeux. Il ne sentait pas la douleur de l'aiguille qui transperçait sa peau. Il avait l'âme épaisse, le corps également. Le bruit de l'aiguille lui rappelait celui des machines du district trois, lui rappelait sa terre natale. Il allait devoir y retourner, avant de faire la tournée des districts. Il allait se trouver un travail. Il ne voulait pas rester inactif. Le temps passa rapidement, jusqu'à ce que le tatoueur lui dise qu'il avait fini. Un regard à son tatouage avant qu'il ne le protège de gaze.

Un serpent qui étirait ses anneaux à l'intérieur de son poignet.
Juste un serpent.

..

Je n'ai jamais pu regarder les parents de Bell dans les yeux.
Ceux de Robin ont craché à mes pieds.

..

C'est moi qui avait retrouvé le corps de Peach, la gorge tranchée. Elle baignait dans une marre de sang et les mouches avaient déjà commencé à se nourrir de sa chair tendre et pâle. Elle était si mince... J'avais fermé ses yeux, ouverts sur le ciel trop bleu de Panem, avant de l'embrasser sur le front, doucement. Je ne me souvenais déjà plus de son prénom, tout comme le mien ne semblait être qu'un vague souvenir dans mon esprit. Nous n'existions que sous ces sobriquets qui faisaient rire le public, qui amusaient les foules.

..

Le sueur qui coulait le long de son dos. La femme sous lui gémissait dans son cou, serrait ses doigts sur son dos marqué de cicatrices, y ajoutant les légères égratignures de ses ongles, le temps de quelques heures. Quelques heures de marques pour ces minutes de plaisir. De plaisir vide, dans la tête de Snake. Son corps prenait un plaisir à dominer celui de la jeune femme, à se serrer sur elle, sa bouche à goûter, à explorer, à lécher, à mordre, à exiger, il gémissait, geignait, grognait, grondait, en voulait plus. Mais son cœur, sa tête, son âme... tout était vide.

« Snake, vas-y plus f- »

Il posa un doigt sur sa bouche. Pas de nom. Il ne voulait pas qu'elle dise son nom. Jamais. Il ne voulait pas. Il ferma les yeux et accéléra son rythme, avant de subitement arrêter, de prendre ses vêtements et de partir de la maison de la jeune femme. Deux temps, trois mouvements, aucune explication. Elle avait tout gâché. Il ne voulait pas entendre son nom. Pas pendant qu'il faisait l'amour, la guerre, la mort, à cette fille qui ressemblait comme deux gouttes d'eau à Bell.
Il baisait avec son passé pour oublier son présent.

..

Le matin je me lève. Le soir je me couche.
Et la nuit, je ne dors pas.

..

Je n'ai jamais écouté les Jeux, suite à cela. Jamais. Je ne veux pas. Je n'ai pas à le faire. Tous savent que les gagnants des Jeux perdent leur âme en même temps que leur humanité. Je travaille sans réel intérêt, même si l'informatique et le génie m'ont toujours passionné. J'invente des systèmes dans mes laboratoires, je teste des circuits dans le silence et j'avale une quantité phénoménale de pilules par jour. Je m'en fous, elles ne me font plus aucun effet. J'en prends alors plus. Mon corps est endurci, il digère tout, y compris la bile que je vomis à tous les soirs. Je continue de courir et de m'entraîner, mon sang circule à toute allure dans mon corps, comme les pensées dans ma tête. Et j'attends. J'attends je ne sais quoi. J'attends qu'on me dise que tout est terminé, j'attends de savoir si je suis le gagnant, j'attends la mort, comme j'ai jadis attendu qu'on me tue avant que je ne le fasse.

J'aime ta fiche. Voilà, je tenais à le dire.
Bienvenu sur MJ et bon jeu parmi nous