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 to turn it all around or throw it all away → raven&milla

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MessageSujet: to turn it all around or throw it all away → raven&milla   to turn it all around or throw it all away → raven&milla Icon_minitimeMer 4 Juil - 16:00

to turn it all around or throw it all away
Sometimes we fall down and can't get back up, we're hiding behind skin that's too tough. Our hearts are hungry for a food that won't come, we could make a feast from these crumbs and we're all staring down the barrel of a gun. Gotta start, lookin' at the hand of the time we've been given here. This is all we got and we gotta start thinkin' if every second counts on a clock that's tickin' gotta live like we're dying. 86 400 seconds in a day to turn it all around or throw it all away.
CODE ELL - IMAGES ELL - PAROLES Live Like We're Dying (The Script)


HJ - il y a au moins un mois donc, comme convenu. (:

E
lle ruminait. Terriblement. Elle n’aimait guère se sentir confinée, enfermée entre quatre murs par obligation. Comme dans une cellule. Cette cellule. Milla en avait toujours fait à ses caprices, partir pour revenir, ne jamais suivre les ordres quand elle ne les jugeait pas utiles, imposer ses états d’âmes. Mais c’était en partie ce qui faisait de ses missions, une réussite, et de sa vie, un chemin sans ravin. Si elle pensait être enfin parvenue à recoller les morceaux dérisoires de sa jeunesse, à surmonter les difficultés et l’aliénation, sa situation actuelle lui broyait toute illusion. Elle était retombée, encore. Entre leurs mains, des bourreaux dont la satisfaction n’aurait pour limite seule que la mort du cobaye. Et encore, tout n’était que relatif. De la captivité à n’en plus finir, que ce soit dans un de ces foutus cachots du Capitole qu’ici. Pourtant, elle aurait du savoir. Savoir qu’en revenant ici, on lui ferait passer de multiples tests, on l’assaillirait de questions. Des mois, Milla. Des mois que tu étais partie, sans laisser de traces, te volatilisant dans la nature alors que cela n’aurait jamais dû se produire. Et c’en était la faute au monde entier, de l’avoir abandonnée, de l’avoir fait tomber dans cette embuscade, de n’être jamais venue la chercher. De l’enfermer ici. Leur faute, mais aussi la sienne. Elle ne portait jamais sa confiance dans son intégrité envers une personne, quelle qu’elle soit. L’expérience lui avait fait comprendre qu’il fallait d’abord compter sur elle-même, avant les autres. Tout comme elle avait appris à flairer les dangers, s’éclipser quand il le fallait. C’était ce qui faisait son boulot, ce qui faisait qu’elle avait toujours su s’en sortir. Tout avait foiré.

La jeune femme porta les mains à son visage, dans un geste las, comme répété par habitude. Une mimique usée, par le temps, par les désillusions. Assise en tailleur sur son piètre lit, elle avait cessé de râler envers le monde entier, en clamant qu’il était temps de la laisser sortir de là. Personne ne lui répondait, et quand bien il lui faisait, les « tu comprends qu’on ne peut pas » l’avaient amené à vouloir s’arracher les cheveux. Non, elle ne comprenait pas. Pourquoi on devait lui infliger ça, pourquoi on devait l’aider ainsi. Qu’ils la laissent tous, qu’ils fassent taire ce vacarme, qu’ils cessent de vérifier son état. Milla n’était plus, depuis longtemps, et ça ne datait pas d’hier. Pas plus d’il y a un an. Personne ne pouvait estimer qu’un vainqueur des jeux était mentalement saint. Si elle avait fini par mener sa vie en vieillissant, c’était seule. C’était par elle-même qu’elle devait maintenir ce qu’il lui restait, elle avait depuis longtemps cessé de compter sur les autres. De devenir dépendante. Elle n’avait plus treize ans, elle n’était plus cette adolescente. Aujourd’hui, elle était celle qu’on avait enfermée pendant des mois en lui infligeant un traitement qu’elle ne voudrait revivre pour rien au monde. Cette nouvelle pensée lui arracha un soupire moribond. Elle en avait assez. Assez qu’on la traite comme une incapable, comme une malade.

Ludmilla se hissa sur ses pieds et se mit à faire les cents pas dans cette chambre du centre de soins dont elle connaissait chaque détail. Ses habitudes de rebelle l’avaient toujours laissé en mouvement, en liberté. Quand bien même devait-elle souvent se rendre au district treize, elle n’y restait jamais guère longtemps. D’une part parce qu’elle était bien fichue de souffrir de claustrophobie, et rester cloitrée dans les souterrains trop de temps finissait par lui faire perdre patience et un semblant de raison. D’autre part, parce qu’elle était incapable de tenir en place et qu’elle avait du mal à se soumettre à l’ambiance qui régnait en ces lieux. Beaucoup plus de contraintes, de surveillance, et elle s’y faisait difficilement. Mais ça, c’était avant. Il était toujours une question d’avant et d’après, avec elle. Avant les catastrophes, après les parcelles de son être arrachées. Milla ne se voilait pas éternellement la face. Elle pouvait en avoir après tout et chacun, pouvait remettre la faute sur les épaules d’autrui, c’était elle. Elle qui était tombée, elle qui ne s’acceptait pas. Pas encore.

Une infirmière entra dans la pièce, dans l’évidence de lui reprendre sa tension ou de noter un quelconque changement du comportement, mais Milla ne lui en laissa guère le temps. « Non, c’est bon. M’approchez pas. » Si son ton était monotone, détaché, nul ne pouvait se tromper dans son regard hargneux. Il ne fallait jamais laisser la demoiselle bloquée quelque part, elle ne supportait pas la tension de l’enfermement, même pour de bonnes causes. Alors qu’elle s’était reculée pour garder un semblant de distance avec l’autre, son instinct l’avait fait se rapprocher et elle avait tendu la main dans sa direction comme une demande silencieuse. « Ça fait trois jours. Je devrais pouvoir partir, je ne suis pas une patiente. Je ne suis pas malade. On .. » On s’est déjà occupé de moi. Mais non, elle ne pouvait le dire. Certes, on avait déjà assuré son rétablissement, et tout le monde le savait étant donné qu’elle était revenue sur pieds, mais elle s’était bien gardée de dire comment. Qui. Comment pourrait-elle balancer qu’un pacificateur l’avait caché, avait pris soin d’elle, sans passer pour une folle ? Une suicidaire. Une fille perdue. Surtout dans ce district, elle serait bonne pour l’enfermement définitif. Milla ne capta pas que la femme lui répondit, son ton sarcastique avait suffi à l’agacer, encore une fois. « Je vais bien ! » Et alors qu’elle la suivait, psalmodiant ces éternels mots favoris et manquant de se prendre la porte qu’on lui refermait au visage, une nouvelle personne se dessina dans l’encadrement.

Raven. La colère, l’angoisse, l’étouffement, tout s’effaça le temps d’un instant. Le temps de quelques secondes, le temps de l’observer avec ce même sentiment d’être perdue à son égard. Raven. Celui qui était venu la chercher. Celui pour qui, entre autres, elle était partie là-bas. S’ils n’avaient guère échangé plus de quelques mots sur le trajet la ramenant au district treize, Milla se doutait bien qu’elle n’échapperait pas à un face à face. Toutes ses émotions disparates revinrent l’assaillirent, et la lassitude l’emporta. « Salut. » lâcha-t-elle d’une voix atone. Comme une banalité, une normalité. Comme si tout était normal alors que plus rien de l’était. Rien ne l’avait jamais été, avec elle. Que pouvait-elle bien lui dire, de toute façon. « Je suis contente de te voir ? » « Ah, enfin ! » « Alors, c’était cool de venir me chercher ? » Finalement, Milla se rendit compte que prostrée ainsi, elle lui bloquait l’entrée de la pièce. Elle se détourna, pour se planter plus loin et croiser les bras, l’observant à nouveau. C’était la seule chose qu’elle était capable de faire depuis sa sortie des enfers, en étant certaine qu’elle ne pèterait pas un câble. Observer, comme elle l’avait toujours fait. Dire qu'elle se sentait complètement perdue sur la façon dont elle devait le considérer, sur ce qu'elle devait lui dire, était un euphémisme.

« Alors, les dernières nouvelles ? »

Elle s'en foutait. Ce n’était définitivement pas ce qu’elle devrait demander, seulement elle se sentait en disfonctionnement continu. Ses pensées et ses paroles, ou ses gestes, ne s’accordaient plus convenablement. Mitigée. Contrariée. Lassée. Blessée. Énervée. Alors Raven, que va-t-on faire d’elle ?
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Raven H. Abernathy
DISTRICT 13
Raven H. Abernathy
△ correspondances : 2104
△ points : 1
△ multicomptes : thybalt, gwendal, eurydice (denahi)
△ à Panem depuis le : 22/01/2012
△ humeur : la mort de Coin, dont les idées commençaient à lui déplaire, a donné un nouvel élan à son implication dans la lutte contre le Capitole
△ âge du personnage : trente-six ans
△ occupation : lieutenant-colonel dans l'armée du 13 (chef de section, tireur d'élite) ~ membre du conseil de décision post-Coin


can you save me?
statut: veuf & père célibataire
relationships:


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MessageSujet: Re: to turn it all around or throw it all away → raven&milla   to turn it all around or throw it all away → raven&milla Icon_minitimeLun 9 Juil - 0:05

Ludmilla & Raven
NEVER CARE FOR WHAT THEY DO, FOR WHAT THEY KNOW Ҩ so close no matter how far, couldn't be much more from the heart, forever trusting who we are and nothing else matters. never opened myself this way, life is ours, we live it our way, all these words I don't just say and nothing else matters. trust I seek and I find in you, every day for us something new, open mind for a different view and nothing else matters ...
gifs © bluebird47 & unknown • codage © yumita • musique nothing else matters, by lissie


« Non, non, non Milé ... Milé s'il te plait, s'il te plait ... Milé réponds-moi je t'en supplie ... » Comment en étions-nous arrivés là ? Au corps sans vie de Miléna entre mes bras, à son sang qui recouvrait mes mains, à mes larmes tombant sur ses cheveux emmêlés ... comment ? Et Comment étais-ce seulement possible ? Miléna ne pouvait pas mourir, pas comme ça, pas maintenant, j'avais trop besoin d'elle « J't'en prie ... Milé ... » La serrant un peu plus encore, enfouissant mon visage dans ses cheveux, j'avais l'impression que tout était en train de s'écrouler autour de moi, je ne savais même plus où j'étais, tout ce que je voulais c'était simplement qu'elle ouvre les yeux. Je voulais qu'elle soit vivante, je ne voulais pas qu'elle me laisse, elle n'avait pas le droit. « Tu le sais, que c'est de ta faute. C'est entièrement de ta faute. » J'avais sursauté. Cette voix, c'était impossible qu'il soit là, impossible. Ne lâchant pas Miléna pour autant j'avais lentement relevé la tête ... et pourtant, il était là. « Elles tombent toutes comme des mouches, l'une après l'autre ... pas étonnant que Vanya se soit barrée avant. » Se tenant debout au dessus de moi, les bras croisés et un rictus moqueur sur le visage, Duncan semblait se délecter de la situation. Il racontait n'importe quoi, il n'avait aucune idée de ce dont il parlait « T'étais pas là ... tu sais rien, t'étais pas là tu m'entends ! » Était-ce la mort de Miléna ou bien simplement ma rancœur envers lui qui me rendait si hargneux ? J'aurais voulu me lever et le secouer, lui en coller une, n'importe quoi, mais je ne pouvais pas me résoudre à lâcher Miléna et j'avais de toute manière la sensation que mes jambes ne réussissaient pas à me porter. « Non, c'est vrai ... Pauvre Raven, seul et abandonné de tous, bouhouhou. » J'avais envie de le tuer, ou peut-être pas, mais je voulais qu'il se taise ; Je voulais me jeter sur lui et je voulais qu'il ferme sa gueule. Encore plus en l'entendant éclater de rire ... Mais non, ce n'était pas son rire, je connaissais le rire de Duncan et celui que j'entendais c'était ... « Alors, qu'est-ce que ça fait ? D'être le perdant ? D'être celui qui ne peut rien empêcher ... » J'étais tétanisé, à ma gauche Duncan et à ma droite Hunter, l'enfant de salaud à cause de qui tout cela était arrivé. C'était lui le responsable, lui qui avait fait de ma vie un cauchemar et m'avait volé Miléna une, puis deux fois, et maintenant ... maintenant Miléna était morte. Elle était morte et tout ce dont j'étais capable c'était de la garder contre moi et de fixer celui que je considérais comme responsable de tout ce gâchis. « Je t'avais dit que je finirais par l'avoir ... » En désespoir de cause je cherchais le regard de Duncan, mais il me jetais toujours cet air moqueur et accusateur, comme s'il me jugeait. « ... et elle aussi. » A nouveau je m'étais tourné vers Hunter et l'avait découvert avec le même sourire moqueur, à la différence près qu'il n'était plus seul. Dans ses bras un bébé babillait tranquillement, posant ses yeux bruns sur moi et me gratifiant même d'un sourire, et ce bébé je pourrais le reconnaitre entre mille ... ce bébé c'est le mien, c'est ma fille, c'est MA fille qu'Hunter tient dans ses bras et encore plus j'avais maintenant envie de hurler et de me jeter sur lui. Mais quelque chose m'en empêchait et voilà que je ne pouvais plus ni bouger ni respirer, je sentais Miléna me glisser des mains mais je n'arrivais plus à la retenir, avant de comprendre que Duncan m'avait attrapé à la gorge et essayait maintenant de m'étrangler « En gage d'une vieille amitié. »

Me réveillant en sursaut je m'étais redressé en portant mes mains à ma gorge cherchant désespérément de l'air, avant de réaliser que rien ne m'empêchait de respirer. Mes oreilles bourdonnaient et le sang battait à mes tempes, quant à mes mains elles tremblaient et eurent du mal à trouver leur chemin jusqu'au corps de Miléna pourtant allongée juste à côté de moi. Comme si je craignais que tout cela n'ait pas été qu'un mauvais rêve j'avais tendu l'oreille attentivement, cherchant désespérément à entendre sa respiration, à me prouver qu'elle était bien là et surtout bien vivante. Me laissant retomber sur mon oreiller je tentais de retrouver mes esprits, ne résistant pas au besoin de prendre la main de Miléna dans la mienne comme par peur qu'elle ne m'échappe à nouveau ; Ce rêve m'avait semblé si réel, je sentais une boule se former dans ma gorge rien qu'en repensant à son corps sans vie dans mes bras, ne pouvant m'empêcher de faire le parallèle avec l'état dans lequel nous l'avions retrouvé en allant la sauver des griffes de ces deux psychopathes de pacificateurs. Hunter et Phoenix, Phoenix et Hunter, un jour ou l'autre ces deux là paieraient, un jour où l'autre ils recevraient le centuple de ce qu'ils avaient fait à Miléna. Mais bien que réconfortante -un peu du moins- cette pensée ne m'aiderait pas à retrouver le sommeil et en désespoir de cause j'avais donc décidé de me lever, espérant qu'une bonne douche suffirait à me débarrasser des images abominables qui s'accrochaient à mon esprit. Sentant cependant sa main s'enrouler doucement autour de mon bras je m'étais à nouveau tourné vers elle et saisissant sa main pour y déposer un baiser j'avais murmuré « J'suis désolé je voulais pas te réveiller ... » mais ignorant mes excuse elle avait passé un bras autour de ma taille pour m'attirer contre elle. Caressant sa joue j'avais déposé un baiser furtif sur ses lèvres je l'avais entendu demander d'une voix encore à moitié endormie « Quelle heure il est ? » auquel j'avais répondu d'une voix encore plus basse « Tôt, j'ai une matinée chargée, rendors-toi. » Que ma matinée soit chargée n'était pas un mensonge, même si elle ne nécessitait pas que je me lève de manière si matinale. Quoi qu'il en soit Miléna ne m'avait laissé partir qu'après un dernier baiser, un vrai, à peine avais-je parcouru la distance qui séparait le lit de la salle de bain qu'elle dormait déjà de nouveau à poings fermés.

◮ ◮ ◮ ◮ ◮

Trois jours. Cela faisait maintenant trois jours que je repoussais le moment où je devrais aller "affronter" Ludmilla à l'infirmerie. Affronter parce qu'elle avait toutes les raisons du monde de me cracher reproches et critiques au visage, à moi qui n'avait pas su empêcher ce qui lui était arrivé et qui avait bien trop vite conclu à sa mort. Pourtant pas du genre à fuir mes responsabilités, bien au contraire à vrai dire, j'avais pourtant passé ces trois derniers jours à me cacher derrière des excuses plus ridicules les unes que les autres simplement parce que l'idée de me retrouver face à la jeune femme me faisait ... peur. J'étais tombé des nues lorsque le centre de commandement avait reçu de ses nouvelles et approuvé sa demande de rapatriement ; J'étais celui qui avait confirmé la mort de la jeune femme, celui à cause de qui les recherches avaient cessées, et je m'étais trompé. Plus personne n'avait tenté de la retrouver parce que j'avais assuré qu'elle était morte, parce que pendant la très courte période pendant laquelle j'avais été aux mains des pacificateurs et surtout de Duncan on m'avait balancé sa mort "rapide et pathétique" à la figure et que je n'avais pas pensé qu'il puisse s'agir d'un mensonge. Parce que dans ma naïveté j'avais encore eut la stupidité de penser que tout ce qui sortait de la bouche de Duncan ne pouvait pas être un mensonge, pas quand il s'adressait à moi, pas même après plusieurs années à vivre chacun dans un camp opposé ... J'avais eut la stupidité de croire que cette putain d'amitié qu'il avait lui-même remis sur le tapis ce jour là avait encore assez de valeur à ses yeux pour qu'il ne s'abaisse pas au mensonge. « En gage d'une vieille amitié. » voilà ce qu'il m'avait dit avant de me laisser m'échapper de ce hangar où j'étais retenu prisonnier, et même si j'avais fait semblant de n'en avoir rien à foutre j'espérais au fond de moi que cela voulait réellement dire quelque chose. De ma naïveté avait résulté l'abandon de Ludmilla et ça je ne savais pas si je serais un jour capable de me le pardonner. Elle en tout cas ne l'excuserai sans doute jamais, et elle avait raison. Reste que ma conscience elle n'était pas tranquille, et que de même que le corps sans vie de Miléna ou qu'Hunter s'emparant d'un enfant qui n'était même pas encore né, la présence de Duncan témoignait de ce que tout cela risquait de me tracasser encore un long moment.

Il n'avait pas fallut longtemps à Vanya pour me voir venir avec ma tête de six pieds de long, trainassant dans son infirmerie comme un lion en cage sans trouver le courage de demander clairement ce que je voulais « Je me demandais quand tu viendrais. » Je n'avais pas beaucoup croisé Vanya ces derniers temps, entre Miléna, mon unité, Hunter, Ludmilla et tout ce qu'il pouvait y avoir à côté j'avais été on ne peut plus occupé ; Je me demandais déjà comment je devrais lui annoncer que Miléna était enceinte, j'avais peur qu'elle en soit blessée mais d'un autre côté je ne voulais pas qu'elle l'apprenne par quelqu'un d'autre. Mais j'avais encore un peu de temps pour y penser, pour le moment nous n'avions de toute façon rien dit à personne, peinant déjà à savoir comment gérer la situation tous les deux. Secouant la tête pour chasser tout cela de mon esprit j'avais répondu presque comme un robot « Je peux la voir ? » Elle savait de quoi je parlais, elle le savait forcément puisqu'après tout ce qui s'était passé voilà un an c'était elle qui m'avait écouté me plaindre et me lamenter, parce que je n'avais eut personne d'autre vers qui me tourner. « Bien sûr, mais pas longtemps. Elle est assez agitée. » Rien d'étonnant à cela, je le serais sans doute aussi si j'étais enfermé dans une pièce aussi exiguë sans avoir le droit d'en sortir ; Me gardant bien de faire cette réflexion à haute voix cependant, j'avais suivi Vanya sans rien dire.
Restant à la porte j'avais attendu patiemment qu'elle entre j'avais entendu des voix à travers la porte « Non, c’est bon. M’approchez pas. » M'adossant au mur je fixais le sol, me demandant déjà ce que j'allais pouvoir dire une fois que je serais à mon tour rentré dans cette pièce. « Ça fait trois jours. Je devrais pouvoir partir, je ne suis pas une patiente. Je ne suis pas malade. On ... Je vais bien ! » Ne résistant pas au besoin de voir si Vanya s'en sortait, alors qu'après sept ans à vivre avec elle je savais très bien qu'elle en était tout à fait capable, je m'étais à nouveau écarté pour laisser l'infirmière ressortir de la pièce en me lançant un regard qui disait « Tu pourras pas dire que je t'ai pas prévenu ! » et malgré cela j'avais à mon tour posé la main sur la poignée et poussé la porte de la chambre. Ne s'attendant visiblement pas à me voir, la jeune femme me fixa un long moment avec questionnement, sans que je ne sache si elle s'apprêtait à me mettre à la porte ou non ; Finalement un unique mort sortit d'abord de sa bouche, neutre et empreinte d'une normalité qui n'avait pas vraiment lieu d'être.

    « Salut. » Un peu pris au dépourvu, j'avais refermé la porte derrière moi sans pour autant lui tourner le dos, et m'y adossant ensuite je n'avais pas osé faire un pas de plus, de peur qu'elle ne le prenne comme une agression de ma part. Je me rappelais encore de Catalina, frémissant au moindre de mes mouvements lorsque je me trouvais avec elle dans la pièce, comme craignant que je ne lui réserve une traitement similaire à celui qu'elle avait subi dans l'arène l'été dernier. « Alors, les dernières nouvelles ? » Des nouvelles ? Je n'étais pas certain de comprendre en quoi l'actualité du district treize pouvait lui paraitre d'un quelconque intérêt, pas alors que ce district la gardait pour l'heure enfermée comme un animal dangereux. Cela semblait un peu excessif c'est vrai, mais nous avions eut de mauvaises surprises avec certains anciens tributs, s'étant révélé totalement incontrôlables. « C'est plutôt moi qui devrait te poser cette question, tu ne penses pas ? » avais-je d'abord répondu, d'une voix qui se voulait rassurante. Du même ton j'avais finalement ajouté « Comment tu te sens ? »

Au fond de moi je me demandais quand viendrait le moment où elle me jetterai mes quatre vérités à la figure, celles qu'elle avait peut-être eut le temps de ruminer durant une année entière qui sait. Durant le trajet qui l'avait ramené au treize nous n'avions pratiquement pas échangé un seul mot, mais désormais nous n'étions plus qu'elle et moi dans cette pièce et elle ne trouverait sans doute pas de meilleure occasion, d'autant plus que la demoiselle n'avait jamais eut la langue dans sa poche ça c'était quelque chose que la plupart des gens qui l'avaient côtoyé ici n'avaient sans doute pas oublié.
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MessageSujet: Re: to turn it all around or throw it all away → raven&milla   to turn it all around or throw it all away → raven&milla Icon_minitimeMer 11 Juil - 22:12

E
lle l’avait attendu, tellement longtemps. Là-bas comme ici. Elle avait imaginé, de multiples fois, ce qu’elle lui dirait, ce qu’elle ferait en le revoyant – à supposer qu'un jour, elle le revoyait. Elle avait tout calculé, de sa réaction à son retour. De ce qu’il se passerait. Mais une pièce s’était perdue sur le chemin, elle avait rouillé. Enfermée comme une lionne en cage durant ces derniers jours, elle n’avait pas cessé de se répéter les mots qu’elle prononcerait. Elle n’avait que ça à faire, au fond. Elle avait simplement omit de prendre en compte l’incapacité à lui faire face. Ludmilla était prise au dépourvu, et ce sentiment désagréable la heurtait. L’impuissance, réduite à la faiblesse, tout ce qu’elle avait toujours rejeté et qu’on lui rabâchait sur ses épaules encore et encore. Ses propres remontrances à son encontre la rongeaient, certes, mais celles à l’égard du monde entier étaient pire. Envers Raven, surtout. Et tous ceux qu’elle jugeait fautifs. On avait bafoué son intégrité, on avait piétiné son être. On l’avait rendue misérable, inintéressante, comme ces rats qui pullulaient les sous-sols dans le noir. On l’avait oubliée. Ludmilla dévisagea le militaire en feignant la nonchalance, et lui-même semblait peu perturbé par ses remarques inappropriées. « C'est plutôt moi qui devrait te poser cette question, tu ne penses pas ? » Le ton employé la titilla, et la commissure de ses lèvres frémit dans un léger rictus. Raven faisait certainement de son mieux, mais en cet instant elle se fichait bien de deviner le fond de ses pensées. Pour une fois, rien que pour une fois, elle ne pensait qu’à elle. Car dans son égoïsme naturel, Milla finissait toujours par porter un intérêt sur les personnes partageant son air. Les détailler, les comprendre, anticiper leurs actions ou deviner leurs paroles. Cette tendance à analyser son environnement lui avait toujours été utile en tant que messagère, mais pas toujours fiable. La demoiselle réprima un soupire, chassant aussitôt cette même pensée qui revenait sans cesse la hanter. Il était toujours frustrant de se faire prendre. Mais qu’en était-il lorsqu’il était impossible de s’en sortir ? En cet instant, elle ne pouvait pas. Elle était incapable de se mettre à la place de son interlocuteur, de celui qui l’avait envoyé là-bas. Aucune compassion envers lui, et elle espérait bien qu’il n’en avait pas envers elle non plus. « Comment tu te sens ? » Milla fronça légèrement les sourcils, cette question comme ses comparses sonnait si redondante dans son esprit. « Bien. » répondit-elle un peu trop vite, d’un ton plus frêle que celui qu’elle avait employé à peine plus tôt. Elle ne s’en était jamais doutée, à une certaine époque, qu’une telle réponse pouvait franchir le seuil de la banalité et de l’ennui. Cette réplique était tout bonnement épouvantable. Tellement de fois répétées, autant en réponse à des questions posées de vive voix qu’à celles de son subconscient, que ces mots lui écorchaient la bouche. Jamais des paroles qu’elle avait prononcé n’avait sonné aussi creuses, pas même ses mensonges. Des « je vais bien » laissant une poussière d’amertume sur ses lèvres, un souffle de lassitude sur son être. Elle avait dénaturé la réalité au point qu’elle n’était plus capable de mettre le nom sur ce qu’elle ressentait vraiment.

Pourtant, c’était Raven. Celui pour qui il ne devrait y avoir aucun faux semblant, aucune parole en l’air. Il méritait, il devait, savoir la vérité. Il fallait qu’elle lui dise ce qu’elle avait sur le cœur, ce qu’il avait attisé, lui comme tant d’autres. Le regard noir qu’elle lui jeta lui échappa, et ses mains se crispèrent sur ses bras croisés. « Aussi bien qu’une personne qui a été retenue captive à en perdre le compte des mois. » C’était une accusation. C’était une plainte. Et ça faisait mal, de le dire, encore une fois, mais c’était nécessaire. Non, Milla ne se sentait pas bien. Elle n’était même plus certaine de pouvoir se sentir sereine à nouveau, or elle se disait que ce n'était que sur le moment. Que c’était ainsi pour chacun, qu’après un évènement traumatisant la mécanique s’essoufflait. Puis tout repartait, difficilement, lentement. Pourtant, elle ne s’en sentait tout simplement pas capable. Quelque chose s’était brisé en elle qu’elle ne pourrait jamais réparer, comme il persistait des blessures qu’on ne pouvait guérir, pas même avec le temps. Un temps qui l’avait tout autant abandonnée entre ces quatre murs de pierre et de sang.

La demoiselle se mordit l’intérieur des joues, sans émettre la réelle intention de faire un pas ou un geste. Elle restait là, debout, persistant à maintenir une certaine distance. Perdue entre ses convictions et ses désillusions, entre ce qu’on lui avait pris et ce qu’elle souhaitait savoir. « Dis-moi, combien de temps … » commença-t-elle sur une légère hésitation avant de reprendre d’un ton plus mordant, « Combien de temps a suffi pour classer mon cas ? » Au bout de combien de temps l’avait-on déclaré morte, mise aux oubliettes, un dossier classé comme un échec et rangé pour se perdre dans l’oubli. Milla se doutait bien qu’on l’ait cherché, ou du moins l’espérait-elle vivement si tel n’avait pas été le cas. Elle appréhendait qu’au fond, elle ait été d’un tel désintérêt que personne n’avait pris la peine de savoir ce qu’elle était advenue. Une crainte qui la rongerait comme une autre, l’accablant dans son propre mal-être. Il fallait qu’elle sache. Il fallait qu’on lui éclaircisse ce point, si, alors qu’elle comptait chaque saloperie de seconde qui s’écoulait dans ce cachot de misère, quelqu’un les utilisait pour la retrouver. Si Raven ne l’avait pas laissé tomber. Un maigre sourire se dessina sur les lèvres de la jeune femme alors que les pensées qu’elle avait ruminé ces trois derniers jours la narguaient. Si, lorsque Raven franchirait la seuil de cette pièce exigüe, elle lui sauterait dessus, le frapperait ou l’accablerait dès le début d’accusations vénéneuses. À présent, tout lui paraissait futile. Mais elle exigeait des réponses, ses réponses. Celles qui la feraient frémir ou l’aideront à avancer, avant qu’elle ne parte à nouveau. Celles qui la remettraient en question ou lui feraient ouvrir les yeux. Milla s’en voulait, trop lourdement, pour ce qu’il s’était passé cette dernière année. Un an. Moins le temps passé chez Hunter, on avait quand même réussi à lui prendre une durée considérablement longue de sa vie. « Et je n’étais même pas morte. » Alors qu’elle aurait dû, peut-être. Elle l’avait voulu, en tout cas, partir définitivement lorsque son corps était meurtri au point qu’elle ne ressente plus rien. Ludmilla tressaillit et se laissa finalement tomber sur son lit pour s’assoir. Hantée.

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Raven H. Abernathy
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Raven H. Abernathy
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△ multicomptes : thybalt, gwendal, eurydice (denahi)
△ à Panem depuis le : 22/01/2012
△ humeur : la mort de Coin, dont les idées commençaient à lui déplaire, a donné un nouvel élan à son implication dans la lutte contre le Capitole
△ âge du personnage : trente-six ans
△ occupation : lieutenant-colonel dans l'armée du 13 (chef de section, tireur d'élite) ~ membre du conseil de décision post-Coin


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MessageSujet: Re: to turn it all around or throw it all away → raven&milla   to turn it all around or throw it all away → raven&milla Icon_minitimeSam 21 Juil - 18:28

Je ne pensais pas revoir Ludmilla un jour, certainement pas vivante, et encore moins dans les couloirs de mon district. Je l’avais espéré de longues semaines, j’avais réellement cru que nous réussirions à la retrouver et à titre personnel j’en avais besoin … J’en avais besoin parce que je ne supportais pas l’idée de laisser un de mes hommes ou n’importe quel autre membre de la rébellion derrière moi, et ce jour là j’en avais perdu deux. L’embuscade dont nous avions été victimes avait vu disparaitre la jeune femme mais elle avait également été fatale à Byron, mon second ; Retrouver Ludmilla m’avait donc d’autant plus tenu à cœur que j’avais souhaité venger la mort de mon second qui était aussi un ami proche. Et j’avais donc senti avec encore plus de frustration le goût de l’échec lorsque Duncan m’avait balancé la supposé mort de la jeune femme en pleine figure, avant de sous-entendre qu’il était peut-être temps que je réalise les méfaits de cette rébellion dans laquelle j’avais été élevé depuis ma naissance. Mais j’étais né au district treize, la rébellion était inscrite dans mon ADN autant que le sang que le Capitole avait fait couler chez nous il y a soixante-seize ans, contrairement aux habitants du reste de Panem nous ne choisissions pas la rébellion, nous y naissions et nous y étions fidèles jusqu’à la fin de nos jours. J’avais à tort pensé qu’après autant d’années à le côtoyer et à le considérer plus que comme un simple ami, presque comme un frère, j’avais fini par persuader Duncan de l’importance de notre engagement dans la lutte contre le Capitole et la dictature de Snow … Mais même si j’avais eut tort je ne pensais pas pour autant la rébellion responsable de la mort de Byron et de la disparition de Ludmilla. J’en étais le seul responsable et en ne réussissant pas à les protéger malgré qu’il s’agisse de mon travail j’avais commis une erreur envers la cause que nous défendions. Je n’étais ni le premier ni le dernier, mais j’étais fautif. Et si je n’avais pas l’intention de me dédouaner auprès de la jeune femme maintenant qu’elle se tenait en face de moi je ne voulais pas non plus la laisser penser que nous l’avions abandonnée à son sort par désintérêt ou bien de manière volontaire.

    « Bien. » Faux, elle ne pouvait pas aller bien. Et le ton qu’elle employait pour répondre avait de quoi crisper tant il semblait réglé au millimètre près, comme si à force de répéter ce simple petit mot des centaines de fois faisait elle avait fini par en oublier ce que voulais dire le fait d’aller bien. Pourtant j’aurais du me douter qu’elle ne s’arrêterait pas à cela, et même si cela sous-entendait être sa prochaine cible cela voulait dire qu’elle n’avait pas perdu son caractère. « Aussi bien qu’une personne qui a été retenue captive à en perdre le contrôle des mois. » J’avais instinctivement baissé les yeux vers le sol, déglutissant avec difficulté. Je ne savais pas comment lui dire que j’étais désolé, parce que je l’étais vraiment … mais je savais qu’un simple je suis désolé ne suffirait pas à effacer ce qu’elle avait vécu. « Je sais pas quoi te dire … » C’était nul, et elle méritait mieux que ce genre de phrase en guise de réponse, mais ça aussi c’était la vérité, je ne savais pas quoi dire. Je ne savais pas ce qu’on pouvait dire à quelqu’un qui avait vécu un enfer pendant plusieurs mois parce que vous aviez fait une erreur monumentale. Même deux, celle de ne pas avoir su assurer sa sécurité, et celle d’avoir conclu trop vite qu’elle était morte. « Dis-moi, combien de temps … » J’avais relevé la tête vers elle, la questionnant du regard sans comprendre. Combien de temps elle était restée captive ? Je m’étonnais que personne ne lui ait encore dit, même involontairement ou sans y faire attention … « Combien de temps a suffi pour classer mon cas ? » Je ne savais plus finalement, s’il s’agissait d’une réelle question ou bien d’un nouveau reproche camouflé. Peut-être un peu des deux, sans doute. « Je pouvais pas savoir je … » J’essayais pathétiquement de me justifier alors que je n’avais aucune excuse, et parce que le regard qu’elle me lançait m’assurait qu’elle n’avait sans doute que faire de mes excuses j’avais fini par répondre à sa question « Cinq semaines. On a vraiment essayé, on savait pas où chercher mais on a essayé, et puis … et puis ils ont dit qu’ils t’avaient tué. Que tu étais morte, comme le Major Hawkins, et j’ai juste … je pouvais pas savoir … »

Le Major Hawkins, Byron Hawkins donc, mon second, mort en tentant de protéger l’unité lui aussi. Comme le voulait la tradition c’était au responsable de l’équipe d’annoncer la mort d’un de ses hommes à la famille, et aujourd’hui encore le fait de devoir annoncer cela à sa fiancée et son frère restait l’une des choses les plus difficiles que j’avais eut à faire depuis que j’étais au service de l’armée de Coin. On ne savait jamais quoi dire dans ce genre de cas, on savait à l’avance que peu importe les mots que l’on emploierait et peu importe le ton sur lesquels ils seraient dit, le résultat serait toujours le même et les conséquences irréversibles. Alors que dire à quelqu’un qu’on avait cru mort à tort ? Quelqu’un que l’on avait enterré avant même d’attendre de preuve formelle et irréfutable … c’était sans issue, je n’avais pas de moyen de sortir de ce pétrin dans lequel je m’étais mis, et dans lequel je l’avais mise surtout.

    « Et je n’étais même pas morte. » Fixant le vide face à elle Ludmilla s’était laissée tomber sur son lit d’un air las, ne prêtant même plus attention à moi. Mais cela dit ce n’était pas pour autant que je me sentais moins mal à l’aise, et à vrai dire son désespoir me faisait me sentir encore plus fautif que sa colère. « Comment c’est possible ? » Réalisant que ma remarque pouvait éventuellement être mal interprétée je m’étais rapidement repris pour tenter de mieux me faire comprendre « J’veux dire, qu’est-ce que … Pourquoi ils t’ont caché si longtemps ? Qu’est-ce qu’ils t’ont fait ? » Je prenais un gros risque, celui de me faire envoyer balader plus ou moins violemment pour avoir posé cette question, mais s’il y avait bien quelque chose pour lequel j’étais spécialiste c’était le fait d’aller droit au but. Il arrivait qu’on me le reproche, mais j’avais appris avec le temps que le meilleur moyen de tirer le maximum de mes recrues était de les pousser dans leurs retranchements pour en tirer le meilleur et les faire réellement progresser … et le temps passant j’avais fini par fonctionner comme ça par automatisme. « Je pensais simplement pas … On, ne pensait simplement pas, qu’ils auraient un quelconque intérêt à mentir. Que s’ils te disaient morte c’était qu’ils t’avaient tué. »

Et Coin elle non plus n’avait pas cherché plus loin, même si ses raisons étaient sans doute bien différentes des miennes. Je m’étais laissé berné par les paroles de Duncan parce qu’il avait jadis été mon ami et que j’avais espéré qu’il restait encore en lui une once de sincérité malgré tout ce que j’avais pu lui dire ce jour là … Mais non, Duncan était définitivement perdu pour la rébellion et semblait avoir trouvé ce qu’il voulait chez les pacificateurs, chose qui me rendait malade et m’avait poussé à le rayer totalement de mon vocabulaire et de ma vie en le considérant comme mort ; Le Duncan que je connaissais était mort, celui qui avait rejoint le Capitole n’avait rien à voir avec celui avec qui j’avais grandi. Mais concernant Coin les choses n’avaient rien à voir, premièrement parce qu’elle ne savait rien de ma rencontre avec Duncan, et surtout parce qu’il ne fallait pas chercher bien loin pour comprendre que tous autant que nous étions elle nous considérait comme des pions, des objets utiles à ses désirs de révolution mais qu’elle n’avait aucun mal à remplacer … Risque la vie d’une unité entière pour aller récupérer une seule personne ? Très peu pour elle, et elle l’avait encore prouvé récemment avec Miléna. Si Cray n’avait pas été son bras-droit, s’il n’avait pas tant insisté Miléna ne serait jamais rentrée du Capitole et je serais actuellement en train de la pleurer … Pour Milla les choses n’avaient pas eut de tournure aussi heureuse, et les cinq semaines que j’avais passé à la chercher avec mon unité l’avaient été sans aucun soutien de la Présidente.
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MessageSujet: Re: to turn it all around or throw it all away → raven&milla   to turn it all around or throw it all away → raven&milla Icon_minitimeLun 6 Aoû - 14:24

« J
e sais pas quoi te dire … » Parce qu’il n’y avait rien à dire. C’était un fait indéniable, une douloureuse constatation, il n’y avait rien à dire. Rien qui pourrait compenser l’aigreur des souvenirs, les fantômes des scènes vécues dans l’oubli de soi-même, la reconnexion brutale après un temps improbable oubliée dans l’obscurité. Il pourrait y avoir des excuses, peut-être. Des mots qui perdraient leur sens dans la mesure où rien ne pourrait justifier ou excuser ce qu’il s’était passé. L’erreur était humaine, et si Raven regrettait ce qui lui était arrivé, il ne pouvait rien en faire. Il n’y avait certainement aucune parole digne de ce nom qui pourrait compenser le mal-être dans lequel Ludmilla baignait. Parce qu’il n’y avait rien à dire. C’était arrivé, elle était revenue, et c’en était déjà assez incroyable. Pourtant, ça ne lui suffisait pas. La jeune femme ne renchérit pas à cette remarque, elle non plus ne trouvait pas les mots adéquates. Seulement, elle se sentait blessée. Au fond, elle aurait aimé qu’il trouve les mots justes, les mots qui la soulageraient de ce poids qui l’écrasait, de ce sentiment qui lui broyait ses entrailles. Milla avait honte, elle ne l’admettait pas, elle ne voulait pas le reconnaître. Mais c’était là, bien enfoui sous l’incompréhension et la lassitude, derrière ses façades et sa rancune. Elle s’était faite avoir comme une débute ; et cela lui avait couté un enfer bien trop long. Alors, oui, elle aurait aimé qu’il y ait quelque chose à dire, quelque chose de solide. Peut-être parce qu’elle se cherchait des excuses, une façon de pallier à l’accusation qu’elle se jetait sur sa propre personne. En plus d’en vouloir à autrui, elle s’en voulait elle-même. Elle était désolée. Désolée d'avoir été attrapée, désolée d’avoir disparue. Désolée qu’on ait dû revenir la chercher, qu’on ait peut-être perdu du temps inutilement pour la retrouver. Désolée envers elle-même, d’avoir été trop audacieuse pour se penser invulnérable contre le Capitole. Elle se disait que c’était légitime ; qu’après en avoir assez bavé par la faute des autorités, elle aurait un temps de répit. Un temps plus long que ces quelques années. Et il n’y avait rien à dire, si ce n’était qu’elle avait eu tort.

« Combien de temps a suffi pour classer mon cas ? » C’était important pour elle d’en connaître la réponse, seulement elle appréhendait ce que Raven lui répondrait. Elle ne se leurrait pas, aussi bien que personne n’ait cherché à la retrouver, cela ne voulait pas pour autant signifier que des individus aient fourni des efforts monstres à son intention. « Je pouvais pas savoir je … » Et la réponse de Raven commençait mal. Il lui fournissait des excuses avant de répondre véritablement, il se justifiait sur ce qui n’allait certainement pas lui plaire. Durant un instant, un simple instant, Ludmilla regretta d’avoir posé la question. Elle ne se sentait pas prête d’entendre la réponse, d’entendre ces quelques mots qui apaiseraient ou, au contraire, renverseraient ses maigres espoirs qu’elle avait eu il y a quelques mois. Elle savait à quel point l’espoir de vivre pouvait être un puissant moteur à défaut d’être destructeur. Elle l’avait appris à ces dépends dans son adolescence. Maintenant, elle allait apprendre à quel point l’espoir d’entendre les mots qu’elle voulait était tout aussi bousculant. « Rien ? » lâcha-t-elle, faiblement, aigrement. Il fallait qu’il lui dise, il fallait qu’elle l’entende, qu’importait qu’elle y soit prête ou non. Après ce qui sembla une hésitation de sa part, le lieutenant mis un terme à son attente désespérée. « Cinq semaines. On a vraiment essayé, on savait pas où chercher mais on a essayé, et puis … et puis ils ont dit qu’ils t’avaient tué. Que tu étais morte, comme le Major Hawkins, et j’ai juste … je pouvais pas savoir … » D’abord, elle ne réagit pas, se sentant ballotée par l’incrédulité comme si elle n’acceptait pas ce qu’il avait fini par annoncer. Les mots entrèrent doucement dans son esprit, dans un brouillard chaotique et dérangeant. Ils bourdonnèrent, irrésistibles, exaspérants, comme des moustiques importuns. Ils vinrent la titiller, alors qu’elle n’avait que faire d’eux. Ils la poussèrent vers la réalité, vers la reconnexion, ils la démangèrent et elle ne supportait pas ça. Les mots se firent pressants, devinrent formes. Les lettres prirent leur couleur et le sens des paroles s’immiscèrent clairement dans les entrailles de son cerveau. « Cinq semaines … » répéta Ludmilla, presque inutilement. Comme si reprendre ces mots l’aiderait à les accepter. Cinq semaines. Trente-cinq jours, huit cent quarante heures. Dans l’instant, l’action aurait pu paraître importante, il était question de retrouver une rebelle après tout. Pourtant, à ses yeux, maintenant, ça lui paraissait tellement dérisoire. Cinq semaines contre des mois de captivité, c’était peu. C’était peut-être légitime de la part de ceux qui l’avaient cherché, mais c’était risible pour elle. Ils ne pouvaient pas savoir qu’elle survivrait, surtout après qu’on ait dit à Raven qu’elle avait été tuée. Tué, réanimée, morte, revenue, ces mots avaient plus ou moins rythmés ses semaines durant un temps. Morte, comme le Major Hawkins. Si sa mémoire ne lui faisait pas défaut, il avait été le second de Raven. Et perdre son second, plus que tout autre homme parfois, c’était dur. Durant une petite seconde, Ludmilla se rendit qu’il avait eu plusieurs morts sur ses épaules. Elle-même n’avait aucune famille depuis longtemps, son décès n’aurait pas dérangé beaucoup de personnes, aussi brutal que ça l’était de l’admettre. Mais pour le second du lieutenant … Son désespoir de l’annonce des cinq semaines s’effaça légèrement, pour qu’elle accepte autre chose. Qu’elle accepte enfin de comprendre Raven, même si cela ne devait durer que l’espace d’un instant. Le bourdonnement entre ces tempes, la colère qui se prélassait sous sa peau depuis le début de la conversation, sa propre véhémence, tout s’espaça pour laisser passer la Ludmilla compatissante, compréhensive. La jeune femme qui faisait un effort de se mettre à la place d’un autre. « Je suis désolée pour le Major Hawkins. » Et pour toutes les autres personnes qui étaient tombées en son absence, aussi. Peut-être. Mais elle s’en fichait, également.

« Cinq semaines. » reprit la rebelle. L’illusion du calme au milieu de la tempête s’était dissoute, l’orgueil de Ludmilla revenait de plus belle. C’était ça, des mois de captivités. Des semaines et des semaines de tortures. Des jours à se battre, à vouloir mourir, à espérer, à se laisser faire. Un an. Personne ne pouvait en ressortir indemne, excepté le bourreau. L’instabilité et la vulnérabilité qui l’écrasaient l’horripilaient, et elle ne pouvait rien y faire. Elle était incapable de se battre contre elle-même, et même si elle continuait à vouloir émerger de ce cauchemar quotidien d’être encore là, elle succombait. À ses émotions, à ses pensées, à la contradiction. Ça la rongeait, ça la malmenait. Elle s’éreintait toute seule, en victime qu’elle était de son propre corps. C’était aléatoire, et tout de même moins présent que lors des semaines qui suivirent sa sortie de l’enfer, sa réinsertion parmi les êtres vivants. Cinq semaines, ça faisait mal. « C’est mieux que rien … » Mais cinq semaines, c’était déjà bien long pour être certain de retrouver quelqu’un vivant. Et quand on avait tiré une croix sur elle, elle agonisait dans des sous-sols miteux et poussiéreux, dans ses larmes, sa sueur et son sang. Ludmilla émit un petit rire, sec, dénaturé, d’une tonalité déraillée. En désespoir de cause, au lieu d’en pleurer, il valait mieux en rire. Rire de l’état pitoyable dans lequel elle se trouvait, malgré qu’elle ait proclamé aller bien. Cinq semaines après, elle n’était pas morte. Ni les cinq semaines qui suivirent, ni toutes celles qui s’enchaînèrent ensuite.

« Comment c’est possible ? » Incrédule, elle le dévisagea sans comprendre. Comment c’était possible qu’elle soit vivante ? Dans un temps fulgurant, un accès de colère l’a gagna pour cette question. Ça pose un problème ? aurait-elle pu répondre. Sans quoi elle lui aurait répliqué que c’était mieux ainsi plutôt que d’être véritablement morte, non ? Mais Raven se rattrapa rapidement, mettant un terme à ses pensées irascibles à leur naissance. « J’veux dire, qu’est-ce que … Pourquoi ils t’ont caché si longtemps ? Qu’est-ce qu’ils t’ont fait ? » Pour lui administrer une claque psychologique, en fait. Ludmilla vacilla sous le direct de ces questions, et surtout sur ce qu’elles évoquaient. « Pardon ? » Il ne pouvait pas lui demander, pas comme ça, pas aussi directement. « Ils ont fini par m’oublier eux aussi, tu sais. » Elle avait parlé sans même réfléchir à la question, c’était sorti tout seul. Elle se rendait compte qu’un jour ou l’autre, il faudrait qu’elle fasse face à ce qu’elle avait vécu. Il fallait que ses tourments s’amoindrissent, qu’enfin elle puisse respirer sans avoir peur de son ombre. Que ce soit maintenant ou plus tard, cela revenait au même. Ou presque. Dans le présent, elle avait encore toutes les peines du monde à rester calme dans la mesure où elle en voulait terriblement à Raven. Et si parler pouvait la libérer un tant soit peu, cela lui donnait également l’occasion de lui montrer qu’il s’en était passé des choses après cinq semaines. « Ça a duré longtemps les … les ... Ça a duré longtemps. J’ai bien eu l’impression de mourir trop de fois. » Et c’était peut-être vrai. Elle avait perdu la raison et la lucidité là-bas, elle aurait pu mourir réellement sans qu’elle ne s’en rende compte. Ils avaient toutes les technologies et les moyens de la réanimer, si jamais elle perdait conscience partiellement ou définitivement. Ludmilla resserra ses bras autour d’elle, et elle se fichait d’avoir l’air si fébrile ainsi prostrée sur son lit. « Tu dois bien savoir de tout ce qu’ils sont capables de faire, hein. De … De l’imagination qu’ils ont, là-bas. » De tout ce qu’elle avait subi. Tout le sang qu’elle avait donné, les muscles qui se sont déchirés, les os qui se sont brisés, les ongles et les cheveux qu’on lui avait arraché, l’état de famine et d’agonie dans laquelle on l’avait laissé. « Ils ont fini par arrêter. Je sais pas au bout de combien de temps ... » Mais ils ont fini par la délaisser. Elle n’était plus rien qu’une fille désarticulée et hystérique, qui avait perdu la raison et qui pensait qu’elle allait mourir. Vraiment. « Je sais même pas comment j’en suis sortie. » Et c’était vrai. Révélation qui la tourmentait également, car alors qu’elle se disait vouloir mourir, perdue qu’elle était dans ses cachots, elle avait trouvé la force de s’en sortir. Et elle ne s’en souvenait plus. « Ni comment je suis allée ch- » Chez celui qui l’avait protégé. Non, ça, ce n’était pas pour maintenant. Il ne fallait pas. Milla se rattrapa rapidement, sans pour autant démentir. « Comment je suis arrivée au district un. » Là où il avait fallu la récupérer, là où elle-même avait tenté de reprendre contenance pendant un certain temps avant d’être rapatriée sur le treize. Un temps relativement court, assez pour reprendre ses esprits et son tempérament d’avant, peu pour retrouver son poids d’origine et masquer les cicatrices et les plus grosses ecchymoses.

Finalement, être assise sur son lit la dérangeait. Elle se sentait toujours aussi vulnérable dans l’immobilité, et dans une position qui pouvait la ralentir si elle voulait se mouvoir. Surtout, ça la démangeait de bouger. Un muscle, un doigt, les lèvres, respirer, après avoir ressasser les tortures affrontées. Comme pour se prouver que tout ceci était bien réel, qu’elle était encore capable d’être quelqu’un. Ludmilla inspira pour calmer les battements frénétiques de son cœur qui s’était affolé en symbiose avec les souvenirs, et se leva. Raven était bien plus grand qu’elle aussi, mais elle se sentait plus à même de le dévisager ainsi que ratatinée sur son petit lit. « Je pensais simplement pas … On, ne pensait simplement pas, qu’ils auraient un quelconque intérêt à mentir. Que s’ils te disaient morte c’était qu’ils t’avaient tué. » Ce nouvel aveu lui rappela la première question qu’il avait posé juste avant et qu’elle avait déjà oublié ; pourquoi l’avait-on caché si longtemps. « Ils pensaient peut-être ce qu’ils disaient. » Cette remarque lui laissa un goût amer dans la bouche, mais elle n’était pas sans fondement. Après tout, ils pensaient certainement qu’elle laisserait sa vie entre leurs mains, et ils ont annoncé sa mort avec certitude sans se douter qu’elle finirait par y réchapper. Quant au fait qu’ils aient pris un malin plaisir à la garder plus longtemps en vie et captive, c’était certainement dû à son violent passé avec le Capitole, mais aussi pour sa condition d’ancienne vainqueur des jeux devenue rebelle. « Je ne pensais pas qu’ils s’intéresseraient à nouveau à moi … » Il était peut-être temps de faire quelques révélations sur son passé, si Raven n’en étaient pas au courant. « Je pensais que si je tombais dans les mains du Capitole une nouvelle fois, ce serait rapide. » Qu’ils la tueraient sans hésiter, histoire qu’elle cesse de leur causer des ennuis. « Surtout que je ne suis pas une des têtes importantes qu’ils recherchent, ni de ce district. » En effet, elle n’était ni une chef des rebelles d’un district, ni une rebelle du district treize. Elle était peut-être active dans la rébellion, permettait de faire avancer les choses comme n’importe qui ; elle n’était pas plus importante qu’un autre. Juste une messagère, une fille qui pouvait connaître beaucoup, beaucoup, d’informations. « Ils surveillent les anciens vainqueurs des jeux et ils ont dû être contents de tomber sur une de leur championne … Récalcitrante. » Ludmilla soupira, remarquer ces choses à voix haute l’aidait à y voir plus clair. Surtout, l’amenait à comprendre qu’elle n’en aurait jamais fini avec le Capitole. Ni avec les pacificateurs ou les autres tortionnaires éparpillés dans les districts. Parce qu’elle avait gagné les jeux, elle était un pion du gouvernement. Un pion qui leur avait déjà causé des problèmes, à qui on avait effacé la mémoire après avoir assassiné toute sa famille. Milla n’était définitivement pas une proie qu’ils laisseraient filer comme ça, en fin de compte. Elle s’était trompée en pensant que tomber entre leurs mains l’amènerait à une mort rapide. Ancienne vainqueur, mais pas assez importante. La présidente Coin n’aurait pas bougé le petit doigt pour elle, pour l’inconnue qu’elle était à ses yeux. Elle n’était pas du treize après tout ; et dans son propre district … Elle eut une vague pensée pour ses mentors, pour les rebelles du six. Ludmilla était un électron libre, toujours en mouvement. Néanmoins, ils avaient dû remarquer son absence anormale, l’avaient peut-être considéré comme morte également, surtout après tout ce temps.

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Raven H. Abernathy
DISTRICT 13
Raven H. Abernathy
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△ multicomptes : thybalt, gwendal, eurydice (denahi)
△ à Panem depuis le : 22/01/2012
△ humeur : la mort de Coin, dont les idées commençaient à lui déplaire, a donné un nouvel élan à son implication dans la lutte contre le Capitole
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MessageSujet: Re: to turn it all around or throw it all away → raven&milla   to turn it all around or throw it all away → raven&milla Icon_minitimeVen 24 Aoû - 20:14

Ma réponse sembla plonger Ludmilla dans l'incrédulité, à moins qu'il ne s'agisse d'incompréhension ? Reste que son apparent manque de réceptivité n'était pas pour me rassurer, bien au contraire … J'avais conscience que cinq semaines c'était court, à vrai dire ce n'était presque rien comparé au nombre de semaines et même de mois qu'elle avait du passer enfermée dans les geôles du Capitole. Et c'était malheureux à dire, injuste même, mais nous ne pouvions pas nous permettre de passer plus de temps sur des recherches pour lesquelles nous n'avions pas de véritables certitudes de réussites ; Nous perdions des hommes régulièrement, c'était à chaque fois avec regrets et c'était bien souvent un drame pour les plus proches concernés, mais c'était comme qui dirait les risques de notre métier et plus généralement les risques liés au fait de s'être engagés dans la rébellion. Chaque soldat du treize, chaque rebelle de Panem et même chaque pacificateur savait qu'en ayant choisi de défendre un camp il mettait sa vie au service de ce camp et prenait en toute connaissance de cause le risque de perdre la vie en son nom. Et c'était sans doute parce qu'ici nous avions tous conscience des risques de notre métier que malgré la tristesse et la douleur plus ou moins grande que la perte d'un collègue, d'un ami ou d'un membre de sa famille pouvait entraîner nous savions apprendre à tourner la page et aller de l'avant … Ne serait-ce que parce qu'ainsi ceux qui avaient perdu la vie ne l'auraient pas fait pour rien. Alors certes, tout cela n'excusait pas le sort connu par la jeune femme et ne l'aiderait pas à oublier ou même à mieux dormir la nuit, mais la rébellion était parfois dure, tout comme l'était parfois la manière de fonctionner du district treize. « Cinq semaines ... » Après plusieurs secondes qui me semblèrent durer une éternité elle sembla enfin réaliser le sens de mes paroles, sans que je ne réussisse à analyser le ton qu'elle avait employé … Essayait-elle d'assimiler la chose, ou bien la réalisait-elle avec dégoût ou encore avec regrets ? Cela n'avait rien à voir, la situation n'avait absolument rien à voir mais pourtant la manière dont elle réagissait à ma réponse me rappelait la réaction de Miléna lorsque je lui avais annoncé la mort de Cray. Un silence lourd et assourdissant, une latence entre les mots et le moment où ils étaient compris … Le calme avant la tempête.

    « Je suis désolée pour le Major Hawkins. » Elle n'avait pas à être désolée. J'étais responsable de mon unité et donc de mes hommes, j'étais responsable de ceux qui s'y ajoutaient occasionnellement et mettaient temporairement leur sécurité entre mes mains … J'étais responsable de Ludmilla et de Byron Hawkins, et pour ce qui leur était arrivé à l'un et à l'autre j'étais le seul à blâmer, le seul qui devait en prendre la responsabilité et se sentir désolé. « Cinq semaines. » répéta-t-elle une nouvelle fois, comme pour donner plus de poids à ses mots, comme pour donner plus de cruauté à la réalité qui s'y rattachait. « C'est mieux que rien ... » Cette précision sonnait presque comme une plainte, et moi elle ne faisait que m'accabler un peu plus de culpabilité, parce que ce n'était pas juste mieux que rien … ce n'était surtout pas assez. « Si j'avais su … Si y'avait eut encore un espoir, j'aurais continué à chercher. » Je ne savais même pas si c'était vrai. Je n'aurais pas lâché l'affaire parce que j'en avais fait une affaire personnelle mais il fallait être honnête, Coin n'en avait elle carrément rien eut à faire, elle avait déjà prouvé à plusieurs reprises comme la vie de ses hommes n'avait que peu d'importance à ses yeux, Miléna en était la preuve parfaite. « J'aurais pas laissé tomber comme ça ... » avais-je finalement ajouté d'un air pensif. Mais que la Présidente n'ait pas fini par me l'interdire je ne pouvais pas l'affirmer.

Reste que même si j'étais soulagé de la voir bien vivante et face à moi je savais que son apparente bonne santé n'était peut-être qu'une façade … J'avais appris à faire la différence entre quelqu'un qui disait je vais vais bien et quelqu'un qui allait réellement bien, et même si je n'avais pas la prétention de la connaître assez, pas comme quelqu'un dont on pouvait parler en disant « je la connais bien » du moins, j'aurais pourtant pu mettre ma main au feu que même si elle venait à m'assurer le contraire Ludmilla n'allait pas bien. Parce qu'on ne pouvait pas aller bien lorsque l'on avait vécu ce qu'elle devait avoir vécu, il me suffisait de voir à quel point quatre jours avaient changé à jamais Miléna, à quel point ces quatre petits jours avaient laissé des traces pas uniquement physiques mais aussi psychologiques, des traces que même le temps n'effaceraient peut-être jamais complètement malgré ce que j'avais envie de croire, d'espérer. J'observais l'attitude de Ludmilla, sans bouger, je la regardais comme un regarderais quelqu'un à travers une vitre ou un écran de télévision, je la regardais comme si j'essayais de comprendre ce qui pouvait bien se tramer dans sa tête, même si en vérité je n'étais pas non plus certain de vouloir une réponse entière et véritable à cette question. Mais je continuais malgré tout à me poser des questions, et notamment une : Pourquoi ? Le simple fait qu'elle soit vivante relevait du miracle, et le Capitole n'était pas le genre à nous permettre de nous raccrocher à ce genre d'espoirs … Miléna était déjà presque morte quand nous l'avions retrouvé, au point que d'une part elle était restée presque dix jours dans un état tellement préoccupant que nul médecin ne pouvait permettre avec certitude qu'elle s'en sortirait, et d'autre part moi comme les autres soldats présents durant cette mission de sauvetage savions pertinemment que si nous étions arrivés ne serait-ce que quelques minutes plus tard ces deux psychopathes lui auraient enlevé la vie. Et tout cela pour quoi ? Pour leur simple plaisir personnel … Rien que cette pensée me donnait presque envie de vomir. Nos vies n'avaient aucune valeur à leurs yeux, les rebelles n'avaient aucune valeur individuelle à leur yeux, encore moins qu'à ceux de Coin … Alors pourquoi ? Qu'est-ce qui avait pu motiver le Capitole à garder Ludmilla en vie pendant des mois quand il leur aurait été facile de l'exécuter ou à défaut de la laisser mourir de faim ou de soif au fond d'une cellule ? Qu'avaient-ils derrière la tête en l'enlevant ? « Pardon ? » me mordant presque imperceptiblement la lèvre inférieure j'avais réalisé un peu trop tard que ma question pouvait paraître un peu trop directe, qu'elle rentrait un peu trop dans le vif du sujet, et surtout trop rapidement. Pourtant, après une courte hésitation, elle finit tout de même par y répondre

    « Ils ont fini par m'oublier eux aussi, tu sais. » L'oublier ? Qu'entendait-elle par là ? Et surtout pensait-elle réellement qu'après les cinq semaines que nous avions passé à la chercher personne ne s'était plus soucié d'elle ? Que je ne m'étais jamais posé la question de savoir comment ils l'avaient tué, si elle avait souffert, si elle avait été torturée, tout ça par ma faute ? « On t'a pas oublié. Je t'avais pas oublié. » Fixant inlassablement le vide devant elle, comme si rien d'autre autour d'elle n'existait réellement, elle avait continué du même ton « Ça a duré longtemps les … les … Ça a duré longtemps. J'ai eut l'impression de mourir trop de fois. » Marquant une nouvelle pause elle avait resserré ses bras autour d'elle comme pour tenter de se protéger d'un ennemi ou d'une douleur invisible, d'un souvenir dont elle aurait sans doute souhaité se débarrasser. « Tu dois bien savoir tout ce qu'ils sont capables de faire, hein. De … De l'imagination qu'ils ont, là-bas. » A vrai dire je ne pensais pas en avoir pleinement conscience, c'était peut-être stupide à avouer en temps de guerre mais pour ce qui était de la torture je n'avais moi-même aucune imagination … Et pour cause, car même si au district treize les avis étaient partagés quant au traitement infligés aux rares pacificateurs, ou traitres, qui se retrouvaient entre nos mains, je faisais partie de ceux pour qui la torture n'était pas tolérable quelque soit la nature et les crimes dont était coupable l'intéressé. Alors non, je ne savais pas, mais j'en avais une vague idée, car des cicatrices Miléna en avait maintenant des tas, et si de certaines j'avais vu de mes propres yeux l'origine pour d'autre je ne pouvais que la deviner. Et jamais, jamais je ne poserais ce genre de questions à Miléna. Jamais. « Ils ont fini par arrêter, je ne sais pas au bout de combien de temps … Je ne sais même pas comment je m'en suis sortie. » Ainsi donc ces questions que tout le monde se posait, elle se les posait elle aussi, et n'était actuellement pas capable d'y répondre, encore moins avec certitude. « Ni comme je suis allée ch- … Comment je suis arrivée au district un. » La tournure de sa phrase m'intriguait, sans que je ne puisse vraiment savoir s'il s'agissait d'un lapsus ou bien simplement des paroles décousues d'une jeune femme traumatisée. « Mais tu n'étais pas au district un alors, tu venais d'ailleurs … ? » Toutes ces questions je savais que quelqu'un viendrait de toute façon les lui poser un jour ou l'autre, et presque sans en avoir d'abord conscience j'avais décidé de prendre les devants. Parce que c'était moi, c'était sous mon commandement que Ludmilla avait été enlevée et c'était pendant l'une de mes missions qu'elle avait disparu avant de réapparaitre quand tout le monde l'avait déjà enterré. Et j'avais besoin de savoir, j'avais besoin de savoir ce que mes erreurs de jugement, mon inattention ou mes mauvaises décisions avaient entrainé. « Tu te souviens comment tu es arrivée là ? A pieds ? Quelqu'un t'as peut-être aidé ? »

J'étais perplexe. Certes elle ne semblait physiquement pas en si mauvaise posture lorsque nous l'avions retrouvée, à vrai dire tous les membres de l'équipe qui m'accompagnaient avait été surpris lorsqu'ils avaient pu poser les yeux sur elle, s'attendant tous à rencontrer une jeune femme chétive, que les traitements du Capitole auraient marqué pour de bon, mais il n'en était en fait rien. Toutes les douleurs de la jeune femme ou presque semblaient internes, de celles que l'on ne pouvait pas déceler en un coup d'oeil, mais de celles surtout qui faisaient sans doute le plus de dégâts. Mais pour autant cela voulait-il dire qu'elle avait été physiquement en mesure de s'échapper seule de sa geôle et de se rendre au district un sans se faire remarquer par personne et surtout sans aucune aide ? Le district un était proche du Capitole, limitrophe même, et jusqu'à présent nous avions toujours entendu dire que les opposants les plus importants étaient emmenés là-bas pour … Nous ne savions pas véritablement à vrai dire. Ludmilla était une exception, peu de gens étaient revenus, et c'était pour cette raison que ce qui lui était arrivé était important … Qui sait si d'autres rebelles disparus n'étaient pas dans son cas ? Qui sait si certains autres n'étaient pas encore en vie alors que tout le monde les croyait morts ? La réapparition de Ludmilla n'était pas simplement un miracle, elle était aussi porteuse d'espoirs pour certains des nôtres qui avaient disparus et que l'on avait fini par supposer mort faute de savoir ce qu'ils étaient devenus … D'autant plus que lorsqu'un prisonnier était exécuté le Capitole n'allait pas en plus envoyer un faire-part à la famille pour les prévenir.

    « Ils pensaient peut-être ce qu'ils disaient. » J'avais à nouveau relevé la tête vers elle, sans vraiment comprendre d'abord à quoi elle faisait référence. Ce qu'ils disaient ? A propos du fait qu'elle était morte ? Je ne savais pas trop quoi penser de cette supposition, mais au fond cela se tenait … Ou bien avais-je envie de le croire uniquement parce que cela expliquerait la raison pour laquelle Duncan m'avait menti ? « Je pensais pas qu'ils s'intéresseraient à nouveau à moi ... » De nouveau ? Malgré moi ma curiosité venait d'être piquée au vif. Ce n'était donc pas la première fois que la jeune femme était la cible des représailles du Capitole ? « Tu veux dire que tu as déjà … ? Tu es déjà … ? » Je ne savais pas trop quoi penser. Me disait-elle simplement qu'elle avait par le passé subi des pressions du Capitole ou bien était-ce plus que ça ? « Je pensais que si je tombais dans les mains du Capitole une nouvelle fois, ce serait rapide. » Instinctivement j'avais pensé à la pilule de cyanure obligatoirement intégrée à notre équipement lorsque nous partions en mission, parce que chacun de nous savait qu'il y avait beaucoup plus de raisons d'avoir peur de la torture et de ce qu'elle serait capable de nous faire avouer, que d'avoir peur de la mort « Surtout que je ne suis pas une des têtes importantes qu'ils recherchent, ni de ce district. » J'avais fait quelques pas dans sa direction, profitant de ce qu'elle parlait sans vraiment me regarder, s'adressant à mon humble avis beaucoup plus à elle-même qu'à moi, comme si les questions que je lui avait posé la faisait se poser ses propres questions. « En faisant de toi une gagnante ils ont espéré faire de toi une représentante. C'est ce qu'ils ont fait avec les soixante-quatorze autres gagnants, c'est ce qu'il feront avec celui ou celle de cette année dès que l'arène aura été fatale aux autres … Vous êtes les jouets de Snow, qu'il voudrait à son effigie parce que vous êtes son seul vrai lien avec Panem. » Tout ce que je venais de dire j'étais persuadé qu'elle le savait déjà. Les jeux avaient été instauré pour faire régner la terreur dans Panem, certes, mais aussi parce qu'avec ce système subsistait chaque année une minuscule part d'espoir dans le district où l'on voyait revenir un enfant victorieux. Et c'était bien ça, le véritable double tranchant du système. « Ils surveillent les anciens vainqueurs des jeux et ils ont du être contents de tomber sur une de leurs championnes … récalcitrante. »

A bien y réfléchir nous avions déjà eut l'occasion de réaliser que la répression à l'égard des vainqueurs soupçonnés de rébellion s'était accentuée. Plusieurs avaient décidé de se retirer plus ou moins de la lutte active de l'opposition, c'était le cas du district cinq, d'autres étaient toujours fidèles à la cause mais ne cachaient pas que pour les mêmes actions ils prenaient des risques beaucoup plus importants qu'auparavant … Et puis il y avait l'exemple récent de Julian, gagnant du district sept recherché dans tout Panem depuis un moment déjà, mais qui avait surtout du récemment émigré contre sa volonté ici au treize -et je savais à quel point il détestait notre district et notre façon de fonctionner- depuis que plusieurs de ses proches, et notamment son frère Clay, avaient été la cible des pacificateurs à cause de son statut de chef des rebelles. D'avoir récupéré des tributs l'an dernier représentait une véritable victoire de Coin contre Snow, mais depuis la Capitole se montrait encore plus répressif et ceux qui aidaient la rébellion, de près ou de loin, était d'autant plus en danger. Mais de là à laisser Ludmilla moisir dans une cellule pendant des mois, où était l'intérêt ? S'il y avait bien un truc que j'avais fini par comprendre de Snow c'était qu'il ne faisait jamais rien pour rien, là dessus il était comme Coin. Comme Coin … C'était le genre de chose que l'on pouvait éventuellement penser mais qu'il ne fallait surtout pas se risquer à dire à voix haute, sous peine de se tailler une réputation de traitre potentiel en peu de temps.

    « Peu importe ce qu'ils te veulent, ou ce qu'ils espéraient … C'est sans doute ce qui t'as sauvé la vie. » Cependant ce n'était qu'une maigre consolation, car les réponses à toutes les questions que sa réapparition suscitaient auraient pu nous être d'une grande utilité stratégiquement parlant. « Tu es sûre que tu ne te souviens vraiment de rien ? » Je ne voulais pas la brusquer, ce n'était pas mon intention, mais pourtant j'avais réellement besoin d'en apprendre plus, et mieux valait sans doute battre le fer tant qu'il était encore chaud plutôt que de revenir à la charge, moi ou quelqu'un d'autre, plus tard. « Une phrase que tu aurais entendu, le nom d'un geôlier, quelqu'un qui aurait pu t'aider à t'échapper … N'importe quoi ? » J'étais maintenant assez près d'elle pour pouvoir la toucher, toutefois je n'osais pas m'y risquer ou bien même m'assoir sur le bout du lit ou bien sur la chaise à côté … J'avais bien vu comment elle réagissait avec les infirmières.
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to turn it all around or throw it all away → raven&milla Vide
MessageSujet: Re: to turn it all around or throw it all away → raven&milla   to turn it all around or throw it all away → raven&milla Icon_minitimeMar 11 Sep - 17:19

C'
était mieux que rien. Et c’était tellement peu. Par habitude ou par répulsion, elle essayait déjà tant bien que mal de faire passer ces cinq semaines au statut de simple détail. De cette petite chose que l’on pourrait dire au détour d’une phrase, parmi un contexte tout autre, sans importance. Sans signification. Comme si le temps était suspendu, comme si ces mots perdaient leur sens. Parce qu’elle était là, Milla. Perdue quelque part entre la déchéance et la réalité. Parce qu’inconsciemment, elle adoptait déjà une attitude d’auto-défense. Toujours compter par soi-même, avant les autres. Une idéologie qui l’avait portée au fond du trou. « Si j'avais su … Si y'avait eut encore un espoir, j'aurais continué à chercher. » C’était comme une plaie béante qui ne cessait de saigner, incapable de se cicatriser, incapable de se soustraire à l’ordre naturel des choses. Ce sera toujours ce foutu nombre de semaines. Ce seront toujours ces milliers de minutes, face aux centaines qui ont suivies. Ce sera toujours ça, jusqu’au bout. « J'aurais pas laissé tomber comme ça ... » Et ça ne cessait de faire mal. C’était là, bien ancré, bien accroché à ses maigres espoirs, et ça ne la quitterait pas de sitôt. Peut-être jamais. Elle en aurait été capable qu’elle en aurait pleuré. Là, comme ça, comme un déluge. Comme une petite fille, se roulant en boule dans un coin de la pièce. Si elle avait pu. S’il n’y avait pas eu d’autres personnes, et si elle était encore capable d’émettre une larme. Elle était vidée, comme un vieux fruit tout pourri et desséché. Ne plus émettre de volonté, à vingt-et-un ans, c’était déjà moche. « C’est pas ta faute. » Ça n’effacera certainement pas ni ses propres remords, ni ce que pouvait ressentir Raven sur toute cette histoire. Sur ce miracle. Mais ce n’était pas sa faute, pas vraiment, peut-être pas du tout. Que ce soit sous sa responsabilité ou entre ses propres mains, la jeune femme aurait fini par se faire prendre. C’est sur lui que c’était tombé et, au fond, c’en était peut-être une chance. Si elle avait été seule, si ce n’était que pour son district ou pour elle-même, est-ce qu’on l’aurait vraiment cherché ? C’était pénible, c’était épuisant. C’était surtout affligeant, d’avoir des neurones qui bataillaient en tout sens. Ce n’était pas la faute de Raven, que tout ceci se soit produit. Elle n’était pas du treize, elle n’était pas une soldate. Accessoirement, elle était là, comme cela aurait pu être une toute autre personne. Ça a été son erreur, la sienne, celle dont elle voulait accabler les autres.

Comme beaucoup, Ludmilla avait vu des gens disparaître, de près ou de loin, de temps en temps ou pour toujours. Très peu revenaient, et elle en faisait partie. Elle était de la minorité qui ne devrait pas revenir, surtout pas d’où elle venait, mais qui le faisait. On lui en voudrait certainement, d’avoir réussi à s’en sortir quand d’autres n’ont plus jamais revu leurs proches. Pourquoi elle, la petite rebelle du six, pourquoi était-elle revenue après tout ce temps. Trop de pourquoi, de si et de peut-être. Elle avait tant rêvé de cet instant, de ce moment où elle ne sentirait plus la crasse de sa geôle et de ses bourreaux. Pourtant la peur était omniprésente, et la demoiselle n’était même pas encore véritablement sortie. Son miraculeux retour était beaucoup trop bancal, appuyé sur des suppositions et des questions. Elle s’était pensée mourir trop de fois, trouvait-elle. Dans l’arène et dans les cachots. Et cela revenait au même. Deux prisons. Son corps pourrait bien guérir de toutes les blessures qu’on lui avait infligé, les séquelles qu’elle gardaient en elle ne s’effacerait jamais. « On t'a pas oublié. Je t'avais pas oublié. » Ludmilla en sourit à ses simples mots. C’était tout ce sur quoi ses espoirs avaient reposé. L’oubli. Si elle disparaîtrait des mémoires comme un vague souvenir. C’était bon à entendre, mais ce n’était pas assez pour lui faire relever la tête. Ce n’était pas suffisant pour effacer les cicatrices, mais ça resterait là. Et ça ressortirait quand elle aura besoin. Pas aujourd’hui, peut-être pas tout de suite, mais ça ne la quitterait pas. On ne l’avait pas oublié.

Évoquer ce qu’elle avait subi, même aussi vaguement qu’elle le faisait, lui retournait les entrailles. Ça ne devrait pas être permis ni possible, de s’infliger mentalement ce qui l’avait déjà rendu folle. Elle voudrait tout oublier, que rien ne soit arrivé au mieux. Ludmilla n’était même pas capable de déterminer ce qui a été le mieux pour elle, être rouée de coups ou s’être laissée dépérir. À treize ans, elle l’avait déjà senti. Elle l’avait provoqué, la mort. Dans cette fichue arène, elle avait essayé de mettre fin à sa vie en emportant le dernier tribut avec elle. Elle s’était sentie partir, trop lentement, et même si on ne lui avait pas laissé le loisir de s’en souvenir après coup, le temps y avait remédié. Alors merde, elle n’aurait pas dû ressentir à nouveau la mort d’aussi près, et s’en sortir. Car elle ne pourrait jamais oublier ce qu’elle avait désiré au plus profond d’elle dans cet instant là, ce qu’elle aurait pu hurler au monde si elle en aurait été capable. Elle avait véritablement voulu mourir. Comme une délivrance, comme une échappatoire à cette misère omniprésente. Pourtant elle était là, et se souviendrait toujours d’avoir accepté ce qu’elle serait incapable de se donner maintenant, après avoir retrouvé sa lucidité.

« Mais tu n'étais pas au district un alors, tu venais d'ailleurs … ? » « Il me semble. » Sincèrement. C’était tellement décousu dans ses souvenirs, entre ce qui s’était réellement passé ou non, entre ce qu’elle avait bien entendu ou inventé. Entre ses espoirs fous et ce qui se racontait dans les salles d’à côté, elle n’était plus vraiment à même d’être certaine des informations qu’elle détenait. Au comble du désespoir, elle en était venue à se parler toute seule. Une discussion avec elle-même, avec sa magnifique conscience qui disjonctait sévère. Alors franchement, être en mesure de refaire le parcours lui semblait à la limite de l’improbable. Or ça la titillait, elle le savait, elle en était pratiquement certaine, elle n’était vraiment pas au district un depuis le début. Un ancien vainqueur avait droit à bien plus que les cachots d’un district. Quel luxe. Un gout de bile lui parvint, et Ludmilla du prendre le temps de respirer pour ne pas défaillir. Elle n’était pas certaine de tenir toute la conversation ainsi, à devoir ressasser le sang perdu pour être en mesure de répondre. Elle le devait, pourtant. Elle préférait même que ce soit Raven qui pose les questions, plutôt qu’un illustre inconnu mène l’interrogatoire. Au fond, c’était simple. Pendant un temps, elle fut là. Puis elle s’était envolée. Qui sait ce qu’on lui avait fait dont elle n’avait plus le souvenir. On aurait pu implanter n’importe quoi dans son cerveau, on aurait pu lui faire avouer nombre de choses et lui faire oublier l’évènement. On l’avait malmené, mais elle avait peut-être trahi les siens également. Elle aurait presque envie de pleurer. De crier, de vomir. De se faire du mal. Tout pour épancher ce sentiment de fragilité, d’avoir un foutu corps détruit. Oublier les mains qui l’ont touchée, qui l’ont battue. Revenir en arrière. « Tu te souviens comment tu es arrivée là ? A pieds ? Quelqu'un t'as peut-être aidé ? » S’il savait. S’il l’avait vu, elle aussi, l’état dans lequel elle se trouvait. Même ramper, elle en aurait été incapable. « Je … » Être tiraillée entre la raison et la culpabilité, dans l’instant, ça n’avait plus aucun sens. Hey, un pacificateur m’a cachée, tu sais un de ces affreux types ? Eh bien, il n’avait pas été si affreux que ça. Elle était presque certaine que ce qu’il avait fait pour elle, il ne le referait pas pour beaucoup. Hunter. Elle ne pouvait tout simplement pas le balancer comme ça, et elle ne pouvait tout simplement pas se dérober à la question si facilement. On n’allait pas la laisser s’en tirer comme ça, de toute façon. Il fallait savoir comment elle était arrivée là, et démentir trop longtemps ne lui amènerait rien de bon. Elle aurait néanmoins aimé que sa voix se fasse plus sûre et forte quand elle trouva les mots adéquats. « C'est vrai, on m’a aidé. Dans mon état … Enfin, je pouvais pas faire grand-chose. » Il ne s’en tiendrait pas à cette simple réponse, elle le savait pertinemment. Personne ne pourrait s’en tenir à cette pseudo réponse, qui ne comportait aucune indication. Bordel Ludmilla, mais tu étais où ? Hein, Milla, où étais-tu. En même temps, elle se sentait sur la défensive. C’était bien trop délicat à ses yeux pour être raconté aussi facilement. « C’est peut-être mieux comme ça de toute façon, non ? » Elle avait haussé la voix, lui criant dessus plus qu’elle ne lui posait la question. Elle aurait presque pu lui cracher au visage que cela en serait revenu au même. La jeune femme se pinça les lèvres, mais ne fit rien pour pallier le mordant de sa voix. Être incapable de maîtriser ce genre de réaction la bouleversait également, elle avait toujours eu conscience de ce qu’elle faisait ou aller faire, même en ayant toujours été imprudente. Maintenant, elle se sentait en implosion.

Faire un parallèle à ses mauvaises expériences du passé, en revanche, ne lui faisait ni chaud ni froid. Plus ou moins. « Tu veux dire que tu as déjà … ? Tu es déjà … ? » Ludmilla lâcha un de ses sourires pathétiques qui s’esquissait comme une évidence, comme un fait accepté. « Après que je sois sortie des jeux. Ma famille, mon cerveau, tout ça. » Elle haussa les épaules. Elle parvenait à parler plus facilement de ce qu’elle avait connu après la soixante-huitième édition des jeux. La mort de ses proches, son lavage de cerveau. Elle en parlait comme une banalité, parce qu’elle l’acceptait. D’une certaine façon, elle ne s’accablait plus de ce poids. Malgré le fait qu’elle aimerait faire payer le Capitole pour l’effondrement de son adolescence, et le fait qu’elle aurait bien aimé avoir une mère dans l’immédiat pour lui tomber dans les bras. Alors oui, elle avait réellement pensé que le Capitole ne prendrait plus la peine de lui causer du mal. Ou qu’il ne se salirait pas plus les mains dans son cas. La naïveté dont elle avait fait preuve sur sa sureté la révoltait, elle n’en aurait jamais eu pleinement conscience si un traumatisme ne lui serait pas tombé au coin de la figure. Elle s’était pensée plus ou moins tranquille, inconsciemment, et c’en était pathétique. Personne ne l’était vraiment dans ce bas monde. « En faisant de toi une gagnante ils ont espéré faire de toi une représentante. C'est ce qu'ils ont fait avec les soixante-quatorze autres gagnants, c'est ce qu'il feront avec celui ou celle de cette année dès que l'arène aura été fatale aux autres … Vous êtes les jouets de Snow, qu'il voudrait à son effigie parce que vous êtes son seul vrai lien avec Panem. » Ludmilla soupira. Raven disait ce que tous pensaient, et se répétaient. Mais ça continuait encore, et d’autres continueront à vivre ce qu’elle-même avait vécu. Le fait d’avoir remporté les jeux jeune lui donnait l’impression d’être beaucoup plus âgée qu’elle ne l’était, ayant vu défiler nombres de tributs durant des années qui auraient poursuivi son éligibilité si son nom n’était pas sorti. « Gagnant ou non, on est tous ses guignols, son divertissement ... » Et ce serait bête que les vainqueurs se retrouvent en tête de rébellion, Snow ne laisserait jamais une telle chose se produire. Perdre ses champions, ce serait perdre une partie des districts. En sachant que le treize menace également. Milla en vint à se masser le front, de dépit. S’il y avait bien une absurdité que la captivité avait fait naître en elle, c’était la paranoïa. Désormais, elle se sentirait toujours en danger. Or elle en avait conscience, elle ne quitterait pas la rébellion. Encore moins aujourd’hui qu’avant, même si ce serait plus ardu.

« Peu importe ce qu'ils te veulent, ou ce qu'ils espéraient … C'est sans doute ce qui t'as sauvé la vie. » La remarque déstabilisa la jeune femme, ne s’étant pas attendue à ce genre de commentaire. Sans doute ce qui l’avait sauvé. Elle releva la tête et remarqua d’abord le rapprochement de Raven, ce qui ne manqua pas de la faire reculer d’un pas. Enfin, elle prit le temps de penser à ses paroles. Dans un sens, ce n’était pas faux. En même temps … « Ce serait certainement absurde de faire disparaître un vainqueur, le Capitole doit garder ce lien avec les districts comme tu disais. Par contre, s'envoler pendant un moment apparemment, ça ne leur pose pas de problème … Je dois figurer dans les têtes trop jeunes ou récentes qui ne devraient pas disparaître ... définitivement. » Ils ne l’avaient pas éliminé. Ils auraient peut-être dû. Et maintenant, ils allaient certainement la surveiller, dès qu’ils l’auraient retrouvée. Sur ce dernier point, elle n’allait pas leur rendre la tâche aisée, ils ne remettront pas leurs sales pattes sur elle. Le fil de ses pensées dérailla à nouveau et elle ne remarqua plus réellement Raven, ni qu’il se soit rapproché à nouveau. Penser à Snow lui faisait penser à Coin. Coin qui était peut-être une menace pour elle, au final. Il suffisait qu’on soupçonne Ludmilla d’avoir balancé des plans ou des hommes, ou encore d’avoir viré de bord ; c’était déjà un miracle qu’on la laisse revenir au treize. Enfermée au centre de soins, certes. C’était toujours un bon moyen pour garder un œil sur elle. En même temps que ces pensées lui paraissaient fondées, elles lui paraissaient totalement absurdes. « Tu es sûre que tu ne te souviens vraiment de rien ? Une phrase que tu aurais entendu, le nom d'un geôlier, quelqu'un qui aurait pu t'aider à t'échapper … N'importe quoi ? » Un nouveau vacillement, comme un château de carte qui ne demanderait qu’à s’effondrer. Ludmilla ferma les yeux une seconde, rien qu’une petite seconde, parce que ce qu’elle était certaine d’avoir entendu – et d’être incapable d’oublier – c’était les plaintes des autres captifs. Ou ses propres plaintes, après tout. Les ricanements. Elle connaissait le nom de celui qui l’avait aidé, mais était incapable de sortir celui d’un geôlier. « Écoute … Si je me souviens de quelque chose qui pourrait être important, je le dirais. » Pas si sûr. Si Milla était connue pour son efficacité dans son travail, on laissait également entendre qu'elle en savait toujours plus qu'elle n'en disait. « On m’a bien aidé, sinon je serais en train dépérir au fond d’une cellule … » Il fallait qu’elle cesse de regarder le sol. Mais c’était mieux que de croiser son reflet dans un miroir ou dans le regard de Raven. Tout comme c’était difficile d’aborder ce sujet. Il était venu la chercher, pourtant. Il est ensuite venu la voir ici, il ne l’a pas oubliée. Et elle n’était pas fichue de lui faire face. Pas fichue de lui dire merci, pour l’avoir définitivement sortie de là pour le moment. « Mais je ne pense pas que ce soit une bonne idée de dire qui … » Il en viendrait à ses propres conclusions dans tous les cas, et si Milla se sentait aussi incapable et certaine qu’elle ne devait pas en dire plus sur le sujet de son sauveur .. C’était également parce qu’elle avait peur. Peur de la réaction que ça pourrait engendrer. Les pacificateurs n’était généralement pas portés dans le cœur des gens, pas même au treize.

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Raven H. Abernathy
DISTRICT 13
Raven H. Abernathy
△ correspondances : 2104
△ points : 1
△ multicomptes : thybalt, gwendal, eurydice (denahi)
△ à Panem depuis le : 22/01/2012
△ humeur : la mort de Coin, dont les idées commençaient à lui déplaire, a donné un nouvel élan à son implication dans la lutte contre le Capitole
△ âge du personnage : trente-six ans
△ occupation : lieutenant-colonel dans l'armée du 13 (chef de section, tireur d'élite) ~ membre du conseil de décision post-Coin


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statut: veuf & père célibataire
relationships:


to turn it all around or throw it all away → raven&milla Vide
MessageSujet: Re: to turn it all around or throw it all away → raven&milla   to turn it all around or throw it all away → raven&milla Icon_minitimeDim 23 Sep - 17:05

Je n’avais pas mal fait mon travail. C’était ce qu’on m’avait plus ou moins répété des dizaines de fois après la disparition de Ludmilla, et la mort de Byron. Je n’avais pas mal fait mon travail et ce genre de choses arrivaient, parfois, elles auraient pu arriver à n’importe qui. Et c’était sans doute vrai, mais est-ce que cela m’avait fait me sentir mieux pour autant ? Pas vraiment. Le fils de Byron avait fait ses premiers pas sans son père, et même si je n’avais pas mal fait mon boulot c’était quand même sous mes ordres qu’il avait perdu la vie … C’était à moi qu’était revenue la tâche d’annoncer à ses proches que nous n’avions pu ramener qu’un corps sans vie au treize, que ce qui n’aurait du être qu’une banale mission de reconnaissance c’était terminé par un fiasco dont j’étais responsable, quelque soit les décisions que j’avais prises, bonnes ou mauvaises. Alors son « C’est pas ta faute. » ne changeait pas grand-chose au fond … c’était réconfortant, un peu du moins, mais cela ne me faisait pas me sentir moins coupable. Et pourtant, je savais qu’avec la guerre qui s’intensifiait et le Capitole qui plus que jamais voulait se débarrasser de nous, le risque de perdre à nouveau un de mes hommes était d’autant plus élevé … dans un certain sens leur vie ne tenait plus qu’à un fil, tout comme la mienne, tout comme celle de Miléna. Et c’était peut-être notre métier mais cela restait terrifiant, de partir à chaque mission en ayant dans un coin de sa tête l’éventualité qu’on ne reviendrait peut-être pas, que c’était la dernière fois que l’on traversait ces souterrains, la dernière fois que l’on disait au revoir à ses proches … C’était quelque chose qui ne nous quittait que rarement. C’était quelque chose qui ne me quittait jamais depuis ce qui était arrivé à Ludmilla et à Byron, et encore moins depuis ce qui était arrivé à Miléna. Et puis, mourir « pour la rébellion » était une formule toute relative, inventée pour réconforter les proches mais qui en fin de compte ne voulait pas dire grand-chose … La rébellion suivait son cours, elle n’était pas l’affaire d’un seul homme, elle ne serait pas changée par la perte ou par le gain d’un soldat. Et c’était sans doute pour cette raison aussi que j’avais fini par abandonner moi aussi Ludmilla a son sort, à une mort que j’avais pensé certaine, à un destin que je ne me pensais plus en mesure de changer … J’avais fait confiance putain, à un type qui m’avait prouvé qu’il ne la méritait plus depuis des lustres et à cause de ma naïveté elle avait moisi pendant des semaines, des mois même au fond d'une cellule du Capitole ou de je ne savais pas où. Une seule personne n'était peut-être rien pour la rébellion, mais elle souffrait, elle sacrifiait pour cette cause, même en étant seule … Seule comme elle le serait aussi quand viendrait le temps de panser ses blessures.

Je ne savais pas pourquoi je tenais tant à avoir des réponses à mes questions, pourquoi j'espérais tellement réussir à la faire parler quant elle n'avait sans doute qu'une seule envie : que je la laisse tranquille. Une partie de moi avait envie de savoir, de comprendre pourquoi tout cela était arrivée, pourquoi lui avait-on fait gober à tort que la jeune femme était morte, pourquoi leurs recherches pour la retrouver avant cela n'avait rien donné … Pourquoi Byron était-il mort, au nom de quelle stratégie stupide, de quel plan ridicule du Capitole ou de ses pacificateurs ? J'avais besoin de réponses comme on aurait besoin d'un lot de consolation … C'était presque ça, j'avais besoin de me consoler en me persuadant que tout cela avait un sens, et que ce n'était pas simplement la fatalité qui avait œuvré à tout cela.

    « Il me semble. » m'avait-elle maladroitement répondu lorsque j'avais tenté de savoir d'où elle venait, doutant qu'elle soit apparue par enchantement là où nous l'avions trouvée, et doutant encore plus qu'elle y soit restée une année entière. J'avais été passablement surpris de voir qu'elle ne mettait pas spécialement de mauvaise volonté à me répondre, mais m'en accommodait bien trop pour avoir l'idée de faire la remarque. « Je … » J'avais l'impression de la bousculer avec mes questions, cela dit, et l'espace d'un instant je n'avais rien dit de plus, me sentant comme en faute … Mais après tout ces questions si je ne les posais pas quelqu'un d'autre finirait par s'en charger. Trop de méfiance, trop de suspicion envers les étrangers depuis l'attaque chimique survenue au treize quelques mois plus tôt … On avait peur, assez pour se méfier des « étrangers », assez pour qu'un rebelle disparu ne soit vu comme une menace potentielle tant que preuve du contraire n'avait pas été apportée. « C'est vrai, on m'a aidé. Dans mon état … Enfin, je pouvais pas faire grand-chose. » Dans son état. La simple évocation de ce à quoi elle avait goûté pendant que nous l'avions reléguée au plan des « morts pour la cause » parce que c'était toujours mieux que rien me filait tout bonnement la chair de poule. Et quand bien même j'aurais voulu faire le moindre commentaire, tout en sachant que rien de ce que je dirais n'aurais une quelconque utilité dans cette situation, elle m'avait presque aboyé la fin de sa phrase « C'est peut-être mieux comme ça de toute façon non ? » Je ne savais pas vraiment ce qui était supposé être « mieux comme ça » mais j'étais prêt à parier que même si je l'avais su je n'aurais pas été d'accord.

Reste qu'il y aurait toujours entre Ludmilla et moi, et plus généralement entre Ludmilla et la majorité des habitants du district treize un fossé qui ne pourrait jamais être comblé : les jeux. Lorsqu'on la croisait dans un couloir, au même titre qu'Heavensbee et Kennedy-Fawkes, on pouvait dire d'elle qu'elle avait « fait les jeux » parce que nous avions appris petit à petit à reconnaître ceux qui dans nos rangs avaient cette particularité … Mais cela ne restait que cela, une particularité, à laquelle nous ne savions pas vraiment donner de sens parce que même en ayant une opinion dessus aucun des natifs du treize n'avait jamais été confronté de manière directe à la barbarie des jeux. Le concept nous semblait barbare, bien entendu, mais l'existence d'un tel système restait pour nous assez abstrait, et à dire vrai avant d'être confronté à Sharonna mais surtout à Catalina, puisque je n'avais jamais réellement pu entamer le dialogue avec la première, je n'avais aucune idée de ce à quoi pouvait ressembler le mental d'un gosse envoyé au casse-pipe pour le plaisir des yeux d'une minorité … Au treize nous battre faisait partie de notre quotidien mais c'était pour un idéal, dans un but ultime de vie meilleure, alors que pour ces imbéciles du Capitole se battre n'était qu'un jeu. Un passe-temps dont ils se délectaient uniquement parce qu'ils n'avaient pas à se salir les mains pour en apprécier le spectacle. Alors en toute honnêteté de même que je ne le savais pas pour les autres gagnants je ne savais pas ce que ce statut impliquait pour Ludmilla … A vrai dire je ne me souvenais même pas avoir un jour évoqué cette période de sa vie avec elle. Déjà à l'époque elle n'était pas du genre très causante, et je n'avais pas fait d'efforts particuliers non plus. Et puis il fallait être honnête, aussi paradoxal que cela puisse paraître des gagnants qui ne se laissaient pas séduire ensuite par le Capitole et son luxe outrancier étaient rares, la plupart finissaient par oublier la misère dans laquelle ils étaient nés dès lors que Panem faisait d'eux des héros … c'était triste au fond, mais je ne leur jetais pas la pierre.
Milla était donc une exception, en quelque sorte, et si contrairement à Julian son nom et son visage n'étaient pas placardés dans tout Panem au titre de criminel rebelle recherché -criminel rebelle, la mention m'aurait presque fait rire si elle n'était pas si cruelle, comme si c'était nous qui étions les criminels, nous qui étions un danger pour la liberté- la jeune femme était elle aussi dans le collimateur du Capitole. Je n'avais simplement pas compris à quel point avant qu'elle ne soit enlevée alors qu'elle était sous ma garde et donc ma responsabilité. J'en avais voulu à Coin de ne pas m'avoir mis au courant de ce qu'elle avait rajouté à ma mission, du danger potentiel que représentait la présence de Ludmilla pour le reste de mes hommes … Mais c'était stupide au fond, je l'avais rapidement compris. J'en avais voulu à Coin parce que j'en avais voulu à un peu tout le monde, parce que je voulais absolument trouver une justification à la mort de Byron, mais au fond je savais pertinemment que d'avoir su que le Capitole en voulait à Ludmilla ne m'aurait pas dissuadé de la prendre avec nous sur cette mission … Quand on était contre Snow on trouvait forcément grâce à mes yeux, c'était un peu facile mais c'était comme ça. Tout cela pour en venir au fait que j'ignorais jusque là que ce n'était en fait pas la première fois que la jeune femme tombait aux mains du Capitole et que lorsqu'elle m'avait répondu …

    « Après que je sois sortie des jeux. Ma famille, mon cerveau, tout ça. » ce n'était pas tant le calme, et même l'indifférence avec laquelle elle m'avait répondu qui avait retenu mon attention. C'était de réaliser que ce que certains vivaient une fois sans jamais s'en remettre, elle l'avait vécu deux fois. Deux fois. Je ne savais même pas vraiment combien de temps elle avait gagné les jeux … six, sept ans ? Peut-être huit ? Lorsque je l'avais rencontrée la première fois elle n'avait pas cet air apeuré que j'avais observé chez Sharonna ou Catalina, alors le temps avait sans doute du faire son effet … ou bien lui laisser le soin d'apprendre à mieux cacher son jeu, au choix. « Gagnant ou non on est tous ses guignols, son divertissement … » Je n'avais répondu que par un silence. Peut-être avait-elle raison au fond … Mais cette théorie ne s'appliquait pas, selon moi, au district treize. Nous étions les seuls dont il ne pouvait pas s'amuser au dépend, les seuls à lui rappeler qu'il ne contrôlait pas l'intégralité de Panem, et que ce treizième district que son prédécesseur avait perdu lui n'avait jamais été capable de le récupérer. Nous étions depuis toujours une épine dans son pied, et c'était encore aujourd'hui ce qui faisait notre force. « Plus pour longtemps. » Et ce n'était pas une parole en l'air, j'en étais intimement persuadé. Trop d’événements récents le prédisaient désormais, la Guerre était proche. Celle avec une majuscule au début. Celle que nos souterrains attendaient depuis soixante-seize ans, celle que l'attaque chimique survenue deux mois plus tôt rendait inévitable. « Son gouvernement ne tient plus qu'à un fil, et s'il ne réalise pas qu'il sera lui-même témoin de sa chute alors il est plus naïf qu'il y paraît … » Je ne savais pas si j'en serais moi-même témoin, qui sait ce que l'avenir nous réservait, mais que sa fin à lui était proche je voulais y croire, j'y croyais même dur comme fer. C'était ce pour quoi on m'avait appris à espérer depuis ma naissance. Reste que pour l'heure c'était sans doute le désir stupide de Snow de continuer à étaler son pouvoir qui avait empêché à Milla de connaître une fin funeste « Ce serait absurde de faire disparaître un vainqueur, le Capitole doit garder ce lien avec les districts comme tu disais. Par contre, s'envoler pendant un moment apparemment, ça ne leur pose pas de problème … Je dois figurer dans les têtes trop jeunes ou récentes qui ne devraient pas disparaître … définitivement. » Sans doute oui, parce qu'à être parfaitement honnête avec soi-même il était difficile de nier que lorsque Snow voulait voir quelqu'un mort, il arrivait la plupart du temps à ses fins. Et pour cela une partie de moi estimait que Milla était sans doute plus en sécurité, pour le moment, tant qu'elle ne quittait pas nos souterrains … Mais soyons honnêtes, combien de chances y'avait-il pour qu'elle se résolve à cela ? Les rebelles avaient tous ce même trait en commun, au nom de leurs convictions ils aimaient parfois penser qu'ils étaient invincibles, et s'il y avait bien une personne qui plus que les autres avait le droit de s'en persuader c'était elle. « T'as échappé aux règles du Capitole trois fois. C'est pas rien. »

Je ne savais pas vraiment pourquoi j'avais dit ça … C'était surtout un constat à voix haute, disons. Si vraiment il devait y avoir une raison sous-jacente au fait que le Capitole ait décidé de la laisser en vie non pas une mais deux fois, sans compter le fait qu'elle avait pour commencé survécu à la barbarie des jeux, elle était la seule réellement en mesure de le savoir. Consciemment ou non. De même que la manière dont elle s'était cette fois-ci échappé et avait réussi à survivre avant de pouvoir contacter le treize et enclencher les événements l'ayant menés dans cette pièce de notre aile médicale. Parce qu'elle n'était pas arrivée là toute seule, et certainement pas sans l'aide de personne … Je n'arrivais pas vraiment à m'imaginer ce qu'avait pu être cette année de captivité pour elle, tant parce que je ne le voulais pas que parce que j'avouais sans mal ne pas avoir grande imagination pour ce genre de choses -est-ce que je serais capable de torturer quelqu'un si l'occasion m'en était donnée ? J'en doutais fortement- mais je doutais fortement qu'elle soit sortie de sa cellule ou de je ne savais pas quel endroit où elle était retenue en assez bonne forme pour traverser Panem presque d'un bout à l'autre seule et à pieds.

    « Écoute … Si je me souviens de quelque chose qui pourrait être important, je le dirais. » avait-elle finalement répondu voyant mon air dubitatif, avec peut-être une légère pointe d'agacement .. Ou bien était-ce mon imagination qui me jouait des tours ? « Je dis pas le contraire … » ou peut-être que si. Mais c'était plus de la frustration que du manque de confiance en fin de compte, la frustration de ne pas avoir de réponses à mes questions, pas plus qu'un an auparavant, jamais de réponses, aucune. « On m'a bien aidé, sinon je serais en train de dépérir au fond d'une cellule … » Sans doute, et ce qui attirait l'attention c'était que des taupes au Capitole nous n'en avions pas beaucoup, tellement peu même que nous les connaissions toutes au moins de nom, à défaut de les avoir déjà rencontrés. Et personne n'avait jamais mentionné avoir aidé Ludmilla, pas même Ivy-June qui en un temps record était presque devenue les yeux et les oreilles du treize au Capitole. « Mais je ne pense pas que ce soit une bonne idée de dire qui … » Avant que je n'ai eut le temps de réfléchir plus, la dernière phrase m'avait laissé perplexe. Pas une bonne idée ? Que craignait-elle, que pensait-elle que nous ferions à quelqu'un qui avait sans aucun doute pris lui-même des risques pour sauver un membre des nôtres, si ce n'était le faire rentrer dans nos bonnes grâces ? « Je sais bien qu'ailleurs le treize est pas forcément bien vu mais … » Mais quoi ? Hésitant quelques secondes je cherchais mes mots, une manière de dire les choses qui éventuellement la mettrait en confiance. Du moins je l'espérais. « Cette personne a sauvé ta vie. Elle a décidé de t'aider peut-être au péril de la sienne … les gens qui font cela ont toujours un bon fond, tu ne penses pas ? » Marquant une nouvelle pause, j'avais posé mon regard sur elle assez longtemps pour tenter de la persuader de ma sincérité ; Il n'y avait aucun piège, ni dans mes intentions ni dans ce que je disais. « Si on peut compter sur une personne de plus, surtout si elle a accès au Capitole, c'est toujours bon à prendre pour nous … tu comprends ? »
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MessageSujet: Re: to turn it all around or throw it all away → raven&milla   to turn it all around or throw it all away → raven&milla Icon_minitimeLun 24 Sep - 16:17

Personne n’était préparé à la guerre. Quoiqu’il soit dit sur le sujet, quoiqu’il soit colporté par l’imaginaire commun. Au même titre que la mort, d’aucune manière tu ne peux être prêt à l’affronter. Autrui se pense invincible, certains s’estiment au-dessus des lois mêmes de la terre. C’est si facile de se faire confiance, de s’assurer qu’on est capable d’y faire face. Il suffit d’une pensée solide comme la pierre, d’une arme tenue entre les mains, de mains souillées de sang par les coups portés, pour penser être apte à tout. De la même façon qu’on se dit que cela arrive toujours aux autres, que rien ne pourrait nous atteindre. Jusqu’au jour où le chien s’en va, où les parents se séparent, où le frère tombe au combat, où l’ami meurt sous nos yeux. Ce n’est toujours pas soi, alors il suffit d’encaisser. Jusqu’au jour où le fouet lacère la peau, où la balle perfore l’abdomen, où le poison brûle le sang. Et la mort dont on s’est si peu préparé à affronter réellement, fait frémir. Inévitablement, autrui pense alors à ce qu’il perd sur son lit de mort. Aux mots qu’il aurait aimé adressé, au visage de la personne qu’il aurait aimé emporter avec lui. Alors au fond, une rébellion qui se soulève doucement de son lit, une révolte qui gronde son désaccord en s’immisçant dans le cœur des gens, c’est la même chose. Les mêmes armes tenues entre les mains, les mêmes mots psalmodiés pour maintenir la flamme, les mêmes personnes envoyées au casse-pipe. On se croit tout autant invincible, tout autant invulnérable contre la mort. On se prépare au combat, au dernier voyage, mais rien ne permet d’y faire face intégralement tant que ce n’est pas vécu. Certes, c’est un moteur. Un sentiment qui fait avancer au même titre que le courage, mais à double tranchant. Et c’est ce qu’elle se disait, qu’elle faisait partie de ceux qui avait failli par trop de confiance en soi. Elle était peut-être allée loin, mais Ludmilla avait pensé de la même façon que n’importe qui. Elle s’était estimée invulnérable, en faisant son passé son bouclier, et de ses expériences envers le Capitole son arme. Que nenni. Elle était tombée lamentablement, comme tout le monde. Elle avait fait l’erreur de porter un voile d’aveuglement, l’erreur de se penser plus forte que tout. Qu’importe ce qu’il pourrait lui arriver, elle avait pensé pouvoir l’affronter. Pourtant, à qui était-ce vraiment la faute. Seulement à celle qui s’est envoyé par elle-même dans la gueule du loup ? Ou également à ceux qui ont fait naître la conspiration et nourri ses convictions ? Mais surtout, était-ce vraiment de sa faute, si Milla n’était pas capable d’assumer l’entièreté de ce qui pourrait être de son unique erreur. Un fardeau qui affaisserait ses épaules pour un moment encore, dont elle devra se délester par elle-même quand elle aura remonté une nouvelle fois la pente. Un fardeau qui serait là, en attendant, lui murmurant sans cesse ce pour quoi elle avait failli. Parce qu’elle s’était pensée invincible. Elle était tombée dans l’ombre, sans aucun combat. Alors est-ce qu’elle serait capable d’affronter une révolte si le district treize parvenait à soulever Panem ?

Elle aurait pu tout plaquer et partir. Elle aurait pu tout lâcher il y a huit ans, et s’écrouler dans le luxe que le Capitole aurait pu lui offrir après être celle qui soit revenue des jeux de la faim. C’était un fait qu’elle n’avait jamais envisagé sur le moment, lui paraissant tellement absurde qu’elle n’était pas parvenue pas à s’y complaire. Un fait qu’elle remettait souvent en question dorénavant, en se demandant si elle aurait su se résigner à la luxure qui lui tendant le bras, sa famille serait-elle encore en vie. Trop de fois, elle aurait aimé sentir les bras de sa mère autour d’elle. Trop de fois, elle aurait aimé prendre son frère dans les siens ou sentir l’accolade de son père à son égard. Elle aurait aimé qu’ils fassent parti de son lendemain, elle aurait aimé vieillir avec eux. Mais le Capitole lui avait tout pris. Leur vie et ses souvenirs. Il l’avait dépouillée de la raison en l’enfermant dans une arène, avant de lui arracher son bien-être. Et maintenant, aussi affligeant que cela pouvait l’être, ces gens qui partageaient autrefois sa vie n’étaient plus que des êtres aux contours flous. Des paroles qui s’échappent parfois des tréfonds du subconscient, comme si rien ne lui appartenait. Ils étaient sa famille, ils étaient son sang, et on lui a ôté la sensation que cela lui procurait. Ils étaient à la fois ses défunts proches et des étrangers. Elle n’était plus capable de se sentir comme tel, en famille. Au fond, sa révolte, Milla la menait depuis la soixante-huitième édition des jeux.

« Plus pour longtemps. » comme écho à ses pensées. Ludmilla se mordilla les lèvres, pesant ces mots. Plus pour longtemps. Mais pour combien de temps encore ? Elle n’était pas certaine d’envisager le phénomène de la même manière que Raven. En effet, peut-être que lui, comme les autres du treize, sentait leur but approcher. Plus de soixante-dix ans à envisager la chute du gouvernement, la rébellion qui se profilait devait être bien plus palpable dans les souterrains qu’elle ne l’était dans le reste de Panem. Milla, comme tous les autres habitants des districts, subissaient les sévices du Capitole quand le treize ruminait sa vengeance. Engagée depuis un certain temps dans les rebelles, les renégats, elle avait pu suivre l’évolution du tout. Les actions, les nouvelles recrues, les pertes, l’épuisement, l’embrasement. Ils étaient au cœur du système quand les autres agissaient de leur cachette sous terre. À ses yeux, tout était encore tangible, des tensions certes palpables, mais tous n’étaient pas aussi sûre que les soldats de Coin. Il y avait une différence, un fossé. Et Milla le réalisait en même temps que Raven lui faisait part de ses remarques. « T'as échappé aux règles du Capitole trois fois. C'est pas rien. » C’était ça. Coin menait une vengeance, une action qui amènerait la liberté au treize d’une manière qu’ils ne connaissaient pas. Ils auraient enfin droit au ciel et à la terre, à l’air et au soleil. Mais le reste de Panem, lui, devait se sortir d’une oppression qui n’avait de sévir. Le Capitole ne leur a jamais offert de répit, de par les jeux, de par le gouvernement. La liberté qu’eux chérissaient, c’était la fin de la barbarie, la fin de la famine, la fin des coups. C’était une constatation qui commençait à semer son emprise dans l’esprit de Milla, ce qu’elle vivait lui mettait un sacré coup aux fesses pour qu’elle ouvre entièrement les yeux. Pourtant, elle avait besoin du treize comme le reste de la population, comme les autres rebelles qui s’étaient réfugiés dans les souterrains. Parce que ce district leur offrait ce qu’ils ne pourraient jamais avoir là-bas, chez eux : la sécurité. Et la certitude qu’ils ne se battaient pas pour rien. Milla avait besoin du treize pour se protéger du Capitole. Ce que Raven venait de remarquer, elle ne l’avait jamais envisagé ainsi. Est-ce que c’était de la chance ou pathétique d’avoir réchappé aux règles ainsi ? Les jeux, le lavage de cerveau, la captivité. Il s’agissait là de trois étapes de sa vie marquées au fer rouge, mais de là à dire que c’était une réussite de s’en être sortie … « C’est vrai. » Oui, ce qu’il disait était vrai, et elle ne pouvait que l’admettre. Que ce n’était pas rien. Le reste sonnait différemment à ses oreilles, comme pour lui rappeler l’emprise que le Capitole portait sur n’importe qui. Sur les étrangers. Un étau se referma sur sa poitrine, l’affaissant toujours plus sur elle-même. Elle avait besoin du treize pour mener à bien ses convictions. Elle en avait besoin pour voir Snow chuter de son piédestal, pour que sa propre vengeance puisse se réaliser. Mais ce n’était pas le treize qui la ferait vivre. Ce n’était pas sa maison. Milla n’était même pas certaine de se sentir à nouveau chez elle dans son propre district.

« Je dis pas le contraire. » L’espace d’un instant, elle aurait aimé que tout s’arrête. Appuyer sur un bouton pause, rembobiner, jeter la cassette. Elle avait eu l’incroyable chance de s’en sortir quand ce n’était même pas envisagé. Mais le mieux resterait toujours l’idéal qu’elle n’aurait jamais pu connaître, une vie saine, une vie entourée et aimée. Si tout avait pu s’arrêter à sa sortie des jeux, ça aurait déjà mieux que rien. Elle aurait pu se reconstruire, elle le savait, elle l’avait fait. Mais si tout s’était arrêté à sa sortie, avant que tout ne dérape, elle ne se serait certainement jamais enrôlée dans la rébellion. Elle n’aurait peut-être pas eu les mêmes idéaux, n’aurait pas évolué de cette façon. Alors que l’adolescence qu’elle a menée en se faisant une place dans l’ombre qui œuvrait contre l’oppression, elle était heureuse de l’avoir vécu d’une certaine manière. Elle était fière d’être parvenue à cela, et de l’avoir vécu. D’une absurde façon, en l’aidant à se rétablir partiellement, l’homme à qui elle devait très certainement la vie aujourd’hui lui permettait de retrouver le chemin de ses croyances, de ses rêves. Mais Milla émettait des difficultés à l’exposer ainsi. Elle savait pertinemment que ce n’était pas forcément une très bonne idée d’évoquer Hunter dans la conversation. L’homme qu’elle n’avait même pas remercié. Ou peut-être que si, en lui accordant sa confiance, ce qui n’avait pas été rien. Seulement, de là à divulguer l’identité de son sauveur … C’était horripilant. Ses pensées la démangeaient comme on gratterait un bouton de moustique. Elle n’était pas capable de peser le pour et le contre, tout comme elle n’était tout simplement pas capable de tenir un fil de pensées assez longtemps sans qu’il ne s’effiloche. C’était là une blessure qui lui coutait beaucoup, et elle espérait que le temps parviendrait à la guérir. Hunter était un pacificateur, et pas n’importe lequel. Il n’était pas connu pour sa gentillesse, il n’était pas connu pour cette facette qu’il a laissé paraître avec elle. Et si des années plus tôt, il avait eu pour ordre de la surveiller, c’est parce que le Capitole avait parfaitement confiance en lui et ses capacités. Un pacificateur, le pacificateur avait aidé une rebelle, avait pris soin d’elle. Mais comment pourrait-elle l’expliquer à Raven qui pourtant, elle n’en doutait pas, ne voulait que son bien également ? « Je sais bien qu'ailleurs le treize est pas forcément bien vu mais … » Cette petite remarque ne put empêcher l’esquisse de sourire que Ludmilla laissa paraître. « Cette personne a sauvé ta vie. Elle a décidé de t'aider peut-être au péril de la sienne … les gens qui font cela ont toujours un bon fond, tu ne penses pas ? » Elle n’avait pas encore eu le loisir de lui demander de vive voix, mais elle n’osait imaginer ce que Hunter encourait si le Capitole découvrait ce qu’il avait fait. Ou ce qu’elle, elle risquait. Après tout, dans l’affaire, les retombées pouvaient s’abattre sur l’un comme sur l’autre. Personne n’était jamais à l’abri d’une punition. Mais de là à émettre qu’il avait un bon fond … « Pas forcément … Pas lui, en tout cas. » Peut-être un peu, si. Sinon il n’aurait jamais pris la peine de faire ça pour elle. Milla n’était pas dupe, elle savait très bien comment était considéré Hunter dans les districts et qu’est-ce qu’on disait sur lui. « Si on peut compter sur une personne de plus, surtout si elle a accès au Capitole, c'est toujours bon à prendre pour nous … tu comprends ? » Pourquoi fallait-il qu’il insiste ? Pourquoi devait-il autant appuyer sur ces détails ? La jeune femme fronça les sourcils, mais se sentit également poussée à y répondre. Après tout, Raven méritait de savoir ce qui avait permis son retour chez les vivants. « Je ne suis pas sûre que ce soit une information utile ... » Ludmilla le regarda alors dans les yeux, ces yeux qu’elle n’avait cessé de fuir depuis le début de la conversation. Depuis son entrée dans cette pièce. Elle ne savait pas vraiment ce qu’elle y cherchait, peut-être une lueur qui lui ferait que oui, vraiment, tout était bon. Qu’elle pouvait le dire sans crainte. Elle appréhendait. Elle n’était pas en mesure d’anticiper la réaction de Raven sur la suite, et cela la dérangeait. Elle se doutait bien qu’il y ait des rebelles infiltrés dans les forces de l’ordre, peut-être même des gens du district treize. Mais pas lui, pas Hunter. « Ce n’est pas lui qui pourra vous aider, je ne pense pas. Parce que c’est un pacificateur. » Une seconde, puis deux, puis trois. « Il s’appelle … » Allait-elle faire la connerie ? « Il s’appelle Hunter. » Oui, elle la faisait.



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Raven H. Abernathy
DISTRICT 13
Raven H. Abernathy
△ correspondances : 2104
△ points : 1
△ multicomptes : thybalt, gwendal, eurydice (denahi)
△ à Panem depuis le : 22/01/2012
△ humeur : la mort de Coin, dont les idées commençaient à lui déplaire, a donné un nouvel élan à son implication dans la lutte contre le Capitole
△ âge du personnage : trente-six ans
△ occupation : lieutenant-colonel dans l'armée du 13 (chef de section, tireur d'élite) ~ membre du conseil de décision post-Coin


can you save me?
statut: veuf & père célibataire
relationships:


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MessageSujet: Re: to turn it all around or throw it all away → raven&milla   to turn it all around or throw it all away → raven&milla Icon_minitimeJeu 25 Oct - 18:24

Je n'arrivais pas vraiment à imaginer l'état d'esprit dans lequel on pouvait se retrouver lorsque l'on avait vécu ce que Ludmilla avait vécu, lorsque l'on avait passé tellement de temps à côtoyer des geôliers à la botte du Capitole que l'on devait en savoir un rayon sur ce qu'ils pensaient de la rébellion et sur les raisons pour lesquelles ils décidaient de soutenir le gouvernement … a moins que l'on n'en sache rien, totalement fermé à ce qui se passait autour de soi en attendant – en espérant peut-être même – que la mort ne vienne finalement nous cueillir pour nous délivrer. Je ne savais pas, et si la curiosité voulait que l'on pouvait se poser la question il était certain que j'espérais ne jamais avoir de réponse qui nécessite d'en passer par là moi aussi. Et puis j'avais fini par comprendre que même chez les rebelles nous n'avions pas tous la même vision de ce que devait être la rébellion et surtout de ce que devrait devenir Panem si Snow finissait par tomber (et il tomberait je n'avais pas le moindre doute à ce sujet, il serait celui des dirigeants de Panem qui verrait couler sa nation et les cruautés qui y avaient été instaurées) … La dictature de Panem n'étaient pas ressentis de la même manière suivant que l'on vivait dans nos souterrains ou bien dans la peur des Hunger Games et de la répression quasi-permanente des pacificateurs, et c'était sans doute pour cette raison que bien qu'ils soient mes cousins Julian et Clay avaient une vision différente de la mienne … moi comme habitant qui n'avait jamais vécu avec la lumière du jour, Julian comme victime de l'engrenage que sa victoire aux jeux avait entraînée, Clay comme spectateur d'un district où le désir de rébellion était aussi fort que la répression qu'on y appliquait pour tenter de la noyer. Nous avions tous des espoirs et des projets différents pour notre idéal « d'après-guerre » … Du moins je pensais, même si je ne savais pas vraiment encore si j'avais trouvé le mien, d'idéal. J'avais consacré presque treize années de ma vie à cette rébellion et comme la plupart des habitants de Panem j'étais bien trop jeune pour avoir connu l'avant-Hunger Games, je ne savais pas ce que signifiait vivre dans un pays où moi et les miens ne devions pas vivre dans des souterrains pour se cacher du gouvernement qui avait bombardé nos terres, je ne savais pas ce que c'était que d'imaginer un futur où vivre ailleurs qu'ici ne signifierait pas d'exposer mon enfant à naître à la barbarie des jeux. Et je me demandais sincèrement si on pouvait encore avoir ce genre de questionnements lorsque l'on avait été aussi abîmés par le gouvernement de Snow que quelqu'un comme Ludmilla.
Elle n'oublierait pas, tout comme je savais à la façon dont Miléna en parlait – ou gardait volontairement le silence – qu'elle non plus n'oublierait jamais, que même si elle passait à autre chose il y aurait toujours cette petite partie dans un coin de sa tête que personne ne pourrait jamais comprendre et qui changerait peut-être beaucoup sur ce qu'elle deviendrait dans les mois et les années à venir. J'aurais aimé pouvoir dire que quelqu'un serait en capacité de réellement aider Ludmilla, pour qu'elle ne reste pas cette fille méfiante et à moitié apathique qui se tenait en face de moi, mais je ne savais même pas si c'était vrai … Je ne pensais sincèrement pas que n'importe lequel des médecins du treize ne pourrait quelque chose pour elle parce qu'il ne s'agissait pas de soigner une plaie ou de se débarrasser d'un virus tenace ; Les médecins du treize étaient peut-être compétents, plus encore que ne l'imaginais le Capitole, mais ils n'étaient pas des dieux pour autant, et il ne guérissaient pas l'âme.

Pourtant quelqu'un l'avait aidé, à sa façon, quelqu'un dont personne hormis la jeune femme ne connaissait l'identité car elle n'avait pas dit un seul mot à ce sujet depuis qu'elle avait été retrouvée. Je doutais qu'elle ait fait autant de mystères s'il s'agissait simplement d'un rebelle déjà connu, tout comme je doutais qu'un rebelle n'ait pas pris l'initiative de faire savoir qu'il avait chez lui une de ses compères supposée disparue … un solitaire alors ? Une de ces personnes dans Panem qui n'avaient pas pour désir de participer activement à la révolte mais n'étaient pas contre donner un coup de pouce de temps en temps du moment que cela restait dans leurs cordes ? Un habitant trop crédule pour s'inquiéter de savoir d'où pouvait bien venir une gamine à moitié morte qui ne demandait qu'un peu d'aide ? Quoi qu'il en soit ce genre d'informations pouvait toujours se révéler utile … du moins je le croyais. Ludmilla elle ne semblait cependant pas partager mon avis.

    « Pas forcément … Pas lui, en tout cas. » J'étais perplexe, je devais bien l'avouer. Je comprenais mal comment elle pouvait avoir un jugement visiblement si … dur ? Dur, envers celui ou celle qui lui avait très vraisemblablement sauvé la vie. A l'entendre elle avait eut affaire à un monstre. « Je ne suis pas sûre que ce soit une information utile … » Levant les yeux vers moi elle m'avait fixé avec une telle intensité que je m'étais demandé si elle cherchait à me convaincre de ce qu'elle venait de dire, ou bien si elle pesait simplement le pour et le contre en ce qui concernait une réponse plus précise à me fournir. « C'est pas lui qui pourra vous aider, je ne pense pas. Parce que c'est un pacificateur. » J'étais resté indécis sur le coup, c'est vrai, parce que bien plus que les habitants du Capitole les pacificateurs étaient nos opposés les plus total, ceux pour qui la révolte était la gangrène à stopper, ceux pour qui nous étions ceux qui empêchaient ce pays de fonctionner correctement … la blague. Mais nous avions des infiltrés chez les pacificateurs, pas beaucoup certes, mais quelques uns … et une toute petite poignée de sympathisants. Je m'apprêtais à faire la réflexion mais elle avait finalement repris « Il s'appelle … Il s'appelle Hunter. »

Un blanc, de plusieurs secondes, durant lesquelles je n'avais rien dit. C'était quand même significatif, de voir à quel point le simple fait d'entendre ce prénom réussissait à me hérisser le poil et à me crisper, comme si le moindre détail me rappelant l'existence de ce fumier me faisait me maudire à nouveau de ne pas lui avoir simplement collé une balle dans la tête quand j'en avais eut l'occasion, tout ça parce que Coin nous l'avait interdit, nous avait défendu de nous faire remarquer en faisait couler le sang de pacificateurs au sein même du Capitole pour ne pas créer de méfiance supplémentaire de la part de Snow et de ses sbires. Qu'aurait-elle dit si je l'avais fait de toute façon, si j'avais assuré avoir agi dans l'intérêt et pour la sécurité d'un des membres de l'équipe ou pour la mienne … rien sans doute, elle m'aurait sermonné et nous en serions restés là. Et ce salopard serait mort, pour de bon. Mais non, une fois de plus il avait fallut que je me sente obligé de suivre les ordres à la lettre, comme le soldat docile et discipliné que j'étais, et désormais je vivais avec le goût amer de ce regret et la peur incessante qu'après avoir failli me faire perdre Miléna deux fois il ne parvienne finalement un jour à ses fins … parce que jamais deux sans trois, pas vrai ? Un frisson me parcouru l'échine tandis que me revenaient en tête des brides de mon rêves de la nuit, et j'avais secoué la tête pour chasser tant bien que mal ces images de mon esprit. Mais cela ne changeait rien à ce que Ludmilla venait de me répondre, cela ne changeait pas le regard certainement perturbé, si ce n'était horrifié que je devais être en train de lui adresser sans même en avoir totalement conscience.

J'avais pourtant fini par tenter de me raisonner, mon silence s'attardant bien trop dans la conversation. Me raisonner oui, c'était le mot, essayer naïvement et tout en sachant que c'était peine perdue de faire comme si tout cela avait une explication parfaitement censée et que j'avais simplement mal compris … Parce que j'avais forcément mal compris, Hunter, CE Hunter ne pouvait pas avoir aidé Ludmilla de quelconque manière que ce soit, CE Hunter ne savait que faire couler le sang d'autrui, que se délecter de la souffrance de ses proies … il n'aidait pas, il n'avait pas pitié, pas CE Hunter là.

    « Blackbird-Crowley ? Ce pacificateur là ? » Je pouvais me tromper, je devais me tromper … je voulais me tromper. Parce que ça ne pouvais pas être vrai, je ne pouvais pas devoir au timbré qui avait charcuté Miléna y'avait même pas six mois le fait que Ludmilla soit encore en vie … Non, c'était in-envisageable, c'était bien trop cynique pour être vrai. Alors j'avais cherché une explication, la seule qui me semblait plausible, et j'avais tiré mes propres conclusions « T'es pas obligée de le couvrir. » Abrupte et sans aucune hésitation, c'était LA vraie explication, à mon sens. « Peu importe ce qu'il t'as fait ou … t'as pas à le couvrir. Il a fait du dégât ici, beaucoup … Et il paiera un jour, tu peux en être sûre et certaine. » avais-je finalement terminé d'un air sombre.

Pour moi c'était très clair, si ce cinglé l'avait enlevée de Capitole ce n'était ni par compassion ni par bonté d'âme, il avait forcément voulu quelque chose en retour, et lorsqu'il voulait quelque chose ce psychopathe ne reculait devant rien, surtout pas le pire … il ne pouvait pas en avoir été autrement pour elle, et rien que de penser qu'il ait pu assouvir son besoin de sang et de cris sur une personne de plus, une personne qui en premier lieu s'était retrouvée là par ma faute, c'était juste insupportable.
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MessageSujet: Re: to turn it all around or throw it all away → raven&milla   to turn it all around or throw it all away → raven&milla Icon_minitimeMar 6 Nov - 17:16

Le silence. Le silence comme elle le redoutait le plus, lourd de sens et laissant le temps à l’esprit de divaguer vers l’impossible. Là, en cet instant, toute possibilité qu’importait sa nature et ce qu’elle signifiait, commençait à prendre forme dans ses pensées. Son hésitation avait atteint son apogée, ainsi en lâchant ce qu’elle n’osait dire, elle aurait aimé que tout s’enchaîne. Un signe de vie, juste un petit. Ludmilla se rendait compte qu’elle aurait préféré qu’il lui réponde le plus naturellement du monde, qu’un de ses sourcils tressautent à la limite ou qu’il cligne des yeux. Pas qu’il la fixe de cet air incompréhensible. Choqué. Et les secondes s’étirent, tranquillement, inlassablement, alors que son estomac se tord doucement en imaginant le pire. L’impossible ne faisait plus parti de son vocabulaire depuis trop longtemps, elle avait vu et vécu assez de choses pour savoir que tout était possible – ou presque. Et alors que ni elle, ni Raven n’omettait la moindre réaction, elle commençait à appréhender bien plus sérieusement ce pourquoi il réagissait ainsi. « Ça va ? » finit-elle par demander, laissant transparaître bien plus d’inquiétude que ce qu’elle n'aurait voulu. S’il avait réagi à l’entente du nom du pacificateur, ce n’était pas pour n’importe quelle raison. Qu’il pense ou non à la même personne qu’elle, celui qui hantait ses pensées n’était pas des plus bienvenus. Si Ludmilla avait bien conservé quelques unes de ses capacités de déduction, c’était l’analyse de l’être humain. Tout, pas seulement le visage de l’homme, laissait paraître les sentiments qu’ils ressentaient. Elle savait reconnaître les muscles tendus, même légèrement, tout comme elle savait reconnaître l’expression de son visage. Et ce n’était rien de bon. Qu’il s’agisse ou non du même Hunter, celui de Raven n’engendrait pas en lui la meilleure de ses émotions. Seulement, les coïncidences, ce n’était pas son truc. Des pacificateurs dotés d’un même prénom, ce n’était pas non plus monnaie courante. Ludmilla ne pouvait que parvenir à la pathétique conclusion qu’il s’agissait du même homme, pour lui, pour elle, mais pas de la même impression dégagée. « Blackbird-Crowley ? Ce pacificateur là ? » Au fond, elle prenait ceci bien plus comme une remarque qu’une question. Elle le sentait aussi certain de lui qu’elle était incertaine d’elle-même. Il ne faisait pas fausse route, et il devait être pratiquement certain de ne pas se leurrer. « Oui. » Ce fut bien plus un couinement de souris qu’une réellement réponse. Le son qui sortit de sa bouche était tellement léger et incertain qu’il se perdit aussitôt que son interlocuteur reprenait de plus belle. « T'es pas obligée de le couvrir. Peu importe ce qu'il t'as fait ou … t'as pas à le couvrir. Il a fait du dégât ici, beaucoup … Et il paiera un jour, tu peux en être sûre et certaine. »

Le silence, encore une fois. Mais cette fois, en provenance de Ludmilla. Une Ludmilla qui le regarde, impassible, flottante. Egarée. « Non … » Bien plus un murmure qu’une réelle réponse, la demoiselle se sentait ballotée entre divers eaux. Des courants qui divergeaient, sans aucun pont, alors qu’elle voudrait pouvoir les traverser sans avoir à en suivre un. Milla faisait légitimement partie de ces personnes que l’on pouvait qualifier de survivantes, elle le savait. N’importe qui le dirait, d’ailleurs. Parce qu’elle était revenue. Ludmilla était revenue quand rien ne le laissait paraître, par là même prouvant qu’il était encore possible de vivre quand plus personne ne pouvait le penser. Il était possible de s’en sortir, mais le prix était souvent trop lourd. Bien plus qu’une survivante, elle était avant tout une revenante. Dans tous les sens du terme. Elle tressautait entre les morts et les vivants, ne sachant quelle destinée prendre. Si tant était qu’elle croyait au Destin, un Destin qui ne cessait de la mettre sur les rails. Tel un mémorial d’une famille dissoute ; elle était la mémoire d’un bastion disparu. Une fichue fatalité qui lui faisait penser que sa famille était morte par sa faute - et ce n’était pas faux - ainsi devait-elle vivre sa vie jusqu’au bout – aussi douloureuse soit-elle. Mais il y avait des gens dans tout ceci, des individus qui entraient et sortaient de sa vie aussi bien qu’elle le faisait dans ses missions. Seulement eux, à son contraire, demeuraient. Ils étaient, chacun à leur tour, chacun à leur façon, le baume qui pansait ses blessures. L’indépendance qu’elle avait toujours suivie était aussi paradoxale qu’elle avait besoin d’aide et de personnes autour d’elle pour avancer. Et dans tout ça, il y avait Hunter. Lui aussi, il contribuait à la rendre un peu plus stable, un peu plus sûre d’elle, il avait été la première étape de sa reconstruction. Aussi bien qu’elle avait pu compter sur Richard et Pepper pour l’aider à surmonter son lavage de cerveau dans sa jeunesse, elle avait pu compter sur Hunter pour l’aider à guérir. Au moins un peu. Ce Hunter même qui inspirait suspicion et rejet de la part de Raven, ce Hunter-là l’avait cachée alors qu’il n’aurait pas dû. Ce Hunter-là, avait déjà bafoué plusieurs fois les règles pour elle. Celui qui, au départ, était censé la surveiller et « s’occuper » d’elle s’il s’avérait que ses agissements allaient à l’encontre de ce qu’on attendait d’elle. Il avait pris soin d’elle. Aussi improbable que cela pouvait l’être. Il l’a caché, au dépend de leur statut respectif. Il aurait pu la laisser crever au fond de sa cellule, la remettant une nouvelle fois entre les mains des bourreaux. Il aurait pu la laisser agoniser dans son sang et son corps pourri, au fond d’un caniveau. Il aurait pu l’achever, aussi. Elle aurait pu dépérir de n’importe quelle manière, s’il l’avait voulu. Pourtant, elle était encore là. Elle était encore là, vivante, debout, le corps encore marqué par la captivité mais preuve qu’il ne l’avait pas plus abîmé qu’elle ne l’était déjà quand il l’avait récupéré. Ce Hunter dont Raven semblait vouloir la tête, avait emporté la confiance de Ludmilla. Il avait été patient, attendant qu’elle l’accepte. Il l’avait remise sur pieds, il l’avait cachée. Chez lui. Lui, le pacificateur que bien trop de personnes voudraient voir mort. Et Milla était là, encore une fois, entre deux. Au milieu, seule avec ses incompréhensions et ses doutes, ses convictions mutilées et ses espoirs fous. Et elle ne parvenait pas à l’expliquer. Peut-être parce qu’au fond, il y avait encore une part d’elle qui n’y croyait pas. « Impossible. » De l’assurance, plus de neutralité dans la voix, elle ne laisserait pas passer de telles paroles, qu’elles viennent de Raven ou non. « J’ai une bonne raison de le couvrir ! » Elle lui faisait face, debout, toujours à bonne distance, la Ludmilla dans toute l’ampleur du sale pantin qu’elle était devenue. « Tu ne vois donc pas ? C’est à lui que je dois certainement la vie. Tu ne peux pas me dire ça, tu ne peux pas ! » Et qu’est-ce qu’elle allait faire, si lui ou quelqu’un d’autre, s’en prenait à Hunter ? Qu’est-ce qu’elle allait faire, elle qui avait une dette aussi importante que sa vie à l’égard du pacificateur ? Qu’est-ce que lui, avait-il fait pour s’attirer ça ? Elle le savait si bien qu’il était capable du pire. Elle le savait si bien qu’elle en était venue à le nier. Parce qu’il ne lui avait jamais rien fait. « Qu’est-ce qu’il a fait ici ? Qu’est-ce qu’il a fait pour que ton regard soit aussi sombre ? » Et le mien de regard, Raven, tu le vois ? Qu’est-ce qu’il avait fait, bon sang. Au fond, elle se doutait bien qu’elle n’était pas prête d’entendre une réponse à cette question. Elle ne l’accepterait pas, aussi bien qu’elle se voilait la face. Mais comment pouvait-elle aller dans le même sens de pensée que lui, et des autres, alors qu’elle avait vu un visage si différent de Hunter.

Les propos de Raven l’avaient déstabilisée, et la faisaient bouillonner. Une boule au fond de la gorge, une mauvaise sensation qui s’affaissait sur elle, elle commençait à assimiler que quoiqu’elle dise, cela ne suffirait pas. L’espace d’un instant, elle ne voulait plus de lui. Plus de lui en face d’elle ni dans cette chambre. Celui qui était pourtant venu la chercher, ne lui inspirait sur ces quelques secondes que de la colère. Une colère d’incompréhension et non de rage, parce qu’elle n’acceptait pas ce qu’il lui avait dit. Elle voulait le voir dehors. De l’autre côté. Il fallait qu’il sorte, il devait sortir. Ludmilla avança trop brusquement en suivant le fil de ses pensées et recula aussitôt dans la même précipitation. Frustrée devant Raven. La panique et les tremblements qui l’envahissaient encore quand on la touchait la bouleversaient, et ces émotions s’engendraient dès la proximité. Tout était encore trop tôt pour qu’elle soit plus conciliante et calme envers le contact humain. Et Raven se tenait devant cette foutue porte vers laquelle elle avait voulu se précipiter pour lui demander de sortir d’ici.

Puis, doucement, l’ampleur que pouvait avoir la révélation qu’elle avait faite quelques instants plus tôt immisça en elle. Si Raven répétait ce qu’elle lui avait dit, car on lui demanderait très certainement de rapporter son comportement et ses paroles, s’il révélait ce qu’elle-même lui avait révélé … Qu’adviendrait-il d’Hunter ? Et d’elle ? Elle qui s’en était sortie grâce à ce pacificateur. Elle qui était encore surveillée et entretenue comme un lion en cage. La respiration de Milla se bloqua le temps d’une seconde, dans la panique naissante de ce qui pourrait encore lui arriver. Elle ne se rendait même pas compte de la paranoïa qui s’enlisait encore plus profondément en elle. Elle émit une sorte de bruit entre un cri d’avertissement et un glapissement, et se précipita bel et bien vers la porte sur laquelle elle s’adossa, pour faire de nouveau face à Raven. Et cette fois, en lui bloquant la sortie. « Tu ne peux rien dire. » Ludmilla ne savait plus quoi penser à vrai dire. Tout commençait à lui échapper et elle se laissait submerger par ses émotions. « Tu ne peux pas leur dire pour Hunter. Parce qu’ils vont vouloir savoir comme je vais, hein ? Ils veulent des infos ? On doute toujours de moi ? Et qu’est-ce qu’il va se passer après, s'ils savent ? » Respire, Milla. Respire.
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Raven H. Abernathy
DISTRICT 13
Raven H. Abernathy
△ correspondances : 2104
△ points : 1
△ multicomptes : thybalt, gwendal, eurydice (denahi)
△ à Panem depuis le : 22/01/2012
△ humeur : la mort de Coin, dont les idées commençaient à lui déplaire, a donné un nouvel élan à son implication dans la lutte contre le Capitole
△ âge du personnage : trente-six ans
△ occupation : lieutenant-colonel dans l'armée du 13 (chef de section, tireur d'élite) ~ membre du conseil de décision post-Coin


can you save me?
statut: veuf & père célibataire
relationships:


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MessageSujet: Re: to turn it all around or throw it all away → raven&milla   to turn it all around or throw it all away → raven&milla Icon_minitimeMer 7 Nov - 2:55

C'était un peu comme avoir été conditionné, comme si avec le temps et les événements qui avaient fait des derniers mois de ma vie ce qu'elle était aujourd'hui mon esprit répondait de manière automatique et presque irrationnelle à certains signaux, à certains mots, à certaines situations. C'était comme manier les armes depuis tellement longtemps qu'avec un pistolet à la main on savait en déceler le moindre centimètre les yeux fermés, le démonter et le remonter sans avoir besoin de les rouvrir, et tirer face à sa cible en ayant la sensation que l'arme n'était plus qu'un prolongement de la main, comme si elle avait toujours été là, comme si notre main n'était plus tout à fait complète lorsqu'elle était vide. La mention d'Hunter Blackbird-Crowley me faisait ce même effet de conditionnement, comme si avec le temps l'intégralité de ma personne avait tellement eut d'occasions de le haïr et de rêver le voir réduit à l'état de cadavre que son simple nom me crispait et me donnait envie de briser quelque chose à défaut de pouvoir lui briser la nuque. Et je savais au fond de moi que tant que ce type ne serait pas mort il continuerait de nous créer des problèmes, de faire acte de cruauté envers ceux qui comme nous rêvaient d'un futur meilleur que celui auquel Snow comme ses prédécesseurs nous avaient obligés, depuis tellement longtemps que la plupart des gens ne se rappelaient même plus quand tout cela avait commencé, quand notre monde avait-il basculé dans un chaos tel que le district treize avait payé un tribut si lourd en tentant de changer son destin soixante-seize ans en arrière, et le reste de Panem été contraint de rendre les armes et de livrer ses enfants en guise de sentence … C'était ce que le désir de liberté nous avait coûté à tous, et c'était des types comme Hunter qui attendaient avec impatience que d'autres tentent de se soulever à nouveau pour pouvoir mieux les écraser ensuite. Même de notre point de vue à nous tous les pacificateurs ne se plaçaient pas à la même échelle, il y avait ceux qui se contentaient de faire leur boulot et devait leur dévotion à Snow principalement au fait qu'ils ne s'étaient jamais sentis personnellement opprimés par le Capitole ; Ceux là étaient en majorité, ils ne voyaient pas plus loin que le bout de leur nez mais n'étaient pas les plus dangereux. Mais il y avait une autre catégorie, ceux qui aimaient le pouvoir qu'ils avaient sur les habitants, ceux qui aimaient se sentir supérieur, qui aimaient voir les gens baisser les yeux à leur passage et implorer ou supplier pour obtenir quelque chose de leur part. Et Hunter était un de ceux là, il était même un des pires, et pour cette raison il me paraissait tout bonnement impossible que les choses se soient passées telles que Ludmilla les expliquait, qu'il se soit simplement contenté de l'aider et de l'aider uniquement … Ce n'était pas lui, ce type là ne faisait pas dans la charité, encore moins dans la pitié.

    « Non … » C'était plus un mur qu'une réponse, et je ne savais même pas véritablement auquel de mes propos elle faisait référence, ni même si c'était réellement à moi qu'elle venait de s'adresser. Je voulais qu'elle le dise, je voulais qu'elle avoue ce qui ne pouvait être que la vérité, qu'elle ne disait pas tout, qu'il y avait forcément une partie de l'histoire qu'elle avait choisi d'occulter pour je ne savais pas quelle raison, que cette noirceur qui était celle d'Hunter avait resurgi à un moment ou un autre et qu'elle en avait forcément été témoin. « Impossible. » Un l'espace d'une demi-seconde ce fut comme si toute sa personne venait de changer, comme si d'un seul coup de la gamine choquée et qui ne savait plus trop où elle en était redevenait cette fille distante et qui ne faisait confiance à personne. « J'ai une bonne raison de le couvrir ! » Sa phrase avait sonné comme une gifle, le pas qu'elle avait fait en arrière comme la preuve que j'avais fait ce qu'il ne fallait pas faire, ou dire ce qu'il ne fallait pas dire. Pourtant j'étais resté bouché bée, parce que je ne comprenais pas, je n'arrivais pas à assimiler le fait qu'elle était en train de … le défendre ? Oui, c'était plus ou moins ça, elle prenait la défense de ce psychopathe. « Tu ne vois donc pas ? C'est à lui que je dois certainement la vie. Tu ne peux pas me dire ça, tu ne peux pas ! » Elle criait presque, elle s’agitait, comme une enfant à qui on aurait annoncé une nouvelle qu'elle n'aurait pas été en âge de comprendre. Elle s'agitait et je ne savais plus comment j'étais censé réagir, comment je pouvais simplement lui répondre sans que cette haine et cette colère que je ressentais à l'égard de son sauveur ne crève les yeux. « Tu ne sais pas … tu n'as aucune idée de … » Je cherchais mes mots, je ne savais plus par quel bout prendre le problème, je ne me voyais pas essayer de minimiser ma rancœur envers Hunter ou la cruauté des actes qu'il avait commis et dont j'avais connaissance, mais je ne pouvais pas non plus lui jeter cette réalité à la figure, pas quand je la voyais sur la défensive simplement après ce que je venais de dire. Finalement j'avais hésité une seconde trop et elle ne m'avait pas laissé terminer ma phrase « Qu'est-ce qu'il a fait ici ? Qu'est-ce qu'il a fait pour que ton regard soit aussi sombre ? » Ce qu'il avait fait ? Tenait-elle réellement à obtenir une réponse à cette question, souhaitait-elle réellement une liste longue comme le bras de toutes les choses qu'Hunter avait fait tout en sachant que je ne devais pas en connaître le centième ? « Tu comprends pas … Ce type c'est … c'est même pas un être humain. C'est un monstre. » J'avais insisté sur le dernier mot avec dégoût, parce que c'était le terme que je trouvais le plus approprié pour qualifier Hunter, parce que ses actes faisaient de lui bien plus un animal qu'un homme à mes yeux. « Tu veux vraiment savoir ? Tu tiens vraiment à entendre le nom de toutes les personnes qui nous ont avoué avoir été torturées par lui, de tous les soldats qu'il a fait tuer, parfois même exécuté lui-même ? » C'était de la hargne. Ce qui transparaissait dans ma voix c'était de la hargne, et je ne parvenais même pas à la cacher.

C'était Miléna, bien sûr que c'était à cause de ce qu'il lui avait fait à elle que je voulais voir ce type mort une bonne fois pour toute, mais je ne perdais pas non plus de vue qu'elle n'était pas la seule, que ce n'était pas simplement moi qui faisait une fixation à cause d'une seule et unique chose que ce type avait à se reprocher … Non, c'était aussi pour avoir fait sauter une unité entière comme de la vulgaire poudre à canon, c'était pour l'exécution de Templesmith comme s'il n'avait été qu'un animal mort dont on se débarrassait, lui un des bras droit de la présidente Coin, c'était pour l'état dans lequel Clay était arrivé au treize voilà peu de temps, ça aussi c'était son œuvre … Ça et bien plus encore, parce qu'il y avait tout à parier que le pacificateur avait eut amplement le temps de se créer une réputation d'homme sanguinaire et cruel dans le reste de Panem durant ces dernières années. Et c'était ça, c'était ce monstre que Ludmilla essayait de défendre, tentait de me présenter comme un type qui n'était pas aussi horrible qu'il en avait l'air parce qu'il lui avait sauvé la vie … Sauver la vie, je n'arrivais même pas à y croire, je ne pouvais que me demander ce qu'il avait espéré en échange, ce qu'il avait peut-être réussi à obtenir d'elle pour qu'elle refuse de le voir comme la bête qu'il était. Pas à un seul instant la possibilité que la vérité puisse n'être rien de plus que ce qu'elle m'avait dit ne m'avait effleuré l'esprit parce que je ne pensais tout simplement pas ça possible, parce qu'un homme capable de tellement de cruauté ne pouvait pas selon moi faire preuve également de pitié ou de remords.

J'étais venu dans l'espoir de l'amadouer, de réussir à la cerner et surtout à cerner ce qu'elle était devenu après une aussi longue période de captivité, mais lorsque j'avais vu son regard rempli de colère, ses mains et son menton tremblants tandis qu'elle me fixait sans plus rien dire j'avais su que je venais de perdre la partie, qu'à trop avoir voulu de réponses à mes questions je m'étais laissé prendre à mon propre piège et n'obtiendrais maintenant rien de plus que sa méfiance et une impression que je ne pourrais jamais être celui qui voulait sincèrement l'aider … et pourtant c'était le cas, c'était sincèrement le cas. Une partie de moi était venue ici parce qu'elle se sentait coupable c'est vrai, cette partie de moi voulait simplement essayer de se racheter sans pourtant savoir comment s'y prendre, mais une autre partie avait simplement envie de venir en aide à cette fille, et voilà que tout cela n'aurait servi à rien à cause d'un seul nom, toujours le même, ce nom qui encore et encore semblait venir me gâcher la vie ; Blackbird-Crowley avait-il seulement conscience de sa capacité à réveiller la haine même chez des personnes qu'il n'avait jamais blessé ou atteint directement ?
Je ne savais plus quoi penser, ou quoi faire, je ne savais même pas ce que j'étais supposé faire de cette information désormais, mais ce que je savais en revanche c'était que je n'étais plus le bienvenu dans cette pièce, si tenté que je l'ai été au départ ; J'avais l'impression à regarder la jeune femme que si je ne sortais pas rapidement de cette pièce c'était elle qui allait me pousser dehors, ou peut-être même me sauter à la gorge … c'était arrivé avec un ancien tribut, je ne me souvenais plus lequel, un gosse tellement perturbé à son réveil qu'il avait failli tuer un des médecins et mordu une ou deux infirmières à plusieurs reprises. Certes, je ne pensais pas Ludmilla capable d'en arriver à de telles extrémités mais je ne voulais pas lui imposer ma présence plus longtemps quand chaque parcelle de son corps semblait indiquer que je venais de passer du statut de je ne savais même pas quoi à celui d'ennemi. J'avais fait un pas en arrière, puis un second, mais avant que je n'ai eut le temps d'aller plus loin pourtant ce fut elle qui se jetant à moitié sur la porte m'en bloqua l'accès d'un air apeuré.

    « Tu ne peux rien dire. » Me tournant à nouveau complètement vers elle pour lui faire face j'avais tâché de ne pas faire le moindre mouvement brusque ou de nature à la laisser penser que je représentais une quelconque menace immédiate pour elle. « Doucement … calme-toi. » Je ne savais pas du tout ce que je racontais, je n'étais pas doué pour ce genre de choses, et je ne pouvais m'empêcher de me dire que Miléna se débrouillerait bien mieux à ma place, il n'y avait qu'à voir ce qu'elle avait réussi à faire avec cette petite, Kathleen, pour comprendre qu'elle était bien plus douée que moi qui m'y prenais comme un pied. C'était tellement de frustration, autant de volonté d'aider mais aussi peu de résultats, qu'est-ce que j'avais bien pu rater, qu'est-ce que je pouvais bien rater à chaque fois ? « Tu ne peux pas leur dire pour Hunter. Parce qu'ils vont vouloir savoir comment je vais, hein ? Ils veulent des infos ? On doute toujours de moi ? Et qu'est-ce qu'il va se passer après, s'ils savent ? » J'avais secoué la tête négativement avec véhémence, qu'imaginait-elle qu'il allait se passer, avait-elle si peu confiance en notre district qu'elle nous pensait capable de lui faire quoi que ce soit ? Nous n'étions pas des monstres bon sang, nous n'étions pas le Capitole, nous ne faisions pas ce genre de choses … « Je sais pas je … » Ce que je savais en tout cas c'était que j'étais un imbécile. Je n'avais pas à hésiter comme ça, pas devant elle, il fallait que je garde mes états d'âme pour moi, absolument. « On te veux aucun mal, je suis pas … on est pas l'ennemi. » Elle n'avait pas à avoir peur, voilà ce que j'avais envie qu'elle comprenne, mais pouvais-je pour autant promettre ce qu'elle demandait ? Ne rien dire, est-ce que je pouvais vraiment faire ça ? Je devais être sûr alors que cela ne changeait rien à ces convictions, qu'il n'y avait aucun risque qu'elle ne se mette à douter de ses choix, de son allégeance à la révolte … et ça, j'avais beau essayer je n'arrivais pas à en être certain. Plus après ce que je venais d'apprendre. « Tu te rends compte de ce que tu me demandes ? Ce type il … c'est pratiquement comme si sa tête était mise à prix, si Snow tombe il sera un des premiers à payer pour ses crimes, je peux pas … Qu'est-ce qui me prouve qu'il ne prépare pas quelque chose ? » Et si Hunter préparait quelque chose, et si le fait d'avoir aidé Milla pour d'obscures raisons faisait partie de quelque chose de plus grand ? Depuis l'attaque chimique de février Coin était sur les dents, le district entier sur le qui-vive car pour la première fois la crainte d'une taupe chez nous avait émergé … Et si cacher une information comme celle-là menait à une autre catastrophe, avais-je réellement envie de prendre un tel risque ? Pouvais-je réellement faire confiance à Ludmilla ou bien avais-je simplement envie de le croire ? « Qu'est-ce qui me prouve que … qu'est-ce qui me prouve que tu te rangerais pas de son côté s'il te le demandait dans ce cas … »

J'avais presque honte de formuler une telle question à voix haute, j'avais l'impression d'être horrible, mais pourtant je voyais mes craintes prendre une forme concrète dans mon esprit ; Et si en pleine révolte Ludmilla en venait à devoir faire un choix entre Blackbird-Crowley et un rebelle, qui choisirait-elle ? Ses convictions étaient-elles assez fortes pour passer outre ce que ce type avait bien pu lui dire ou lui faire, ou bien y'avait-il un risque même minime qu'elle ne finisse par se retourner contre son camp … J'étais rentré dans cette pièce plein de certitudes, désormais je n'en avais plus aucune, simplement une montagne de questions auxquelles je n'étais même pas certain de vouloir une réponse.
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MessageSujet: Re: to turn it all around or throw it all away → raven&milla   to turn it all around or throw it all away → raven&milla Icon_minitimeVen 9 Nov - 19:39


Enfermée depuis ces quelques jours dans cette salle au centre de soin, Ludmilla savait pertinemment qu’elle devrait faire face à Raven et ses questions, si ce n’était pas quelqu’un d’autre qui serait venu s’en charger à sa place. Elle s’y était préparée, un tant soit peu. Tout dire, sauf révéler une chose. Une seule chose. Qui l’avait aidé. Elle savait tout aussi bien qu’il était possible qu’on ne la lâche pas pour ceci, qu’on essaierait de lui soutirer l’information parce qu’au fond ce n’était pas qu’un simple détail négligeable. Elle aurait pu mentir, aussi. Mais elle n’était pas certaine que ses mensonges paraissent aussi vrais et naturels que ceux d’autant ; alors elle l’avait dit. La pure et simple vérité, elle l’avait dit. Et elle avait failli, encore. Incapable. Maintenant, la situation n’était plus ce qu’elle avait espéré ou imaginé au départ, pas plus que cela ne devait l’être pour Raven. Ah, des réponses, il en avait eu, seulement peut-être trop. Milla aurait dû le savoir, comme elle avait toujours su sélectionner ses informations à relater, qu’il y avait des choses qu’elle ne devrait garder qu’en son for intérieur. Or, Raven avait ce petit quelque chose, cette parcelle de confiance qu’il détenait entre ses mains, qui lui avait fait ouvrir la bouche sur ce qu’elle aurait voulu taire. Et maintenant, maintenant ils se dévisageaient comme en chien de faïence, défendant leur territoire. Un nom, un seul nom, avait tout fait basculer et la simple explication quant au retour de Ludmilla parmi les vivants se transformait en un gouffre. Six lettres, c’était tout ce qu’il avait suffi. Six lettres et un individu derrière ce patronyme, un visage, un seule homme. Et des pensées à son égard complètement différentes. « Tu ne sais pas … tu n'as aucune idée de … » Elle ne savait pas quoi ? Qu’il était mal ? La décrépitude dans laquelle plongeait Panem et l’ensemble des districts faisait que les bons pacificateurs se comptaient sur les doigts de la main. Hunter ne faisait définitivement pas parti de ce type d’individus là, elle le savait. Mais elle ne voulait pas l’entendre. Elle n’en avait pas besoin, et surtout n’en voulait pas. Tout ce qu’elle voulait, c’était de bonnes bases pour se reconstruire. Pas qu’on vienne ébranler ses fondations déjà fissurées. « Tu comprends pas … Ce type c'est … c'est même pas un être humain. C'est un monstre. » Au ton employé par le militaire, Ludmilla eut la sensation de chuter. Lourdement. Un monstre. Le nommer ainsi lui comprima la poitrine, et elle détourna légèrement les yeux. À les entendre, n’importe qui penserait qu’ils parlaient de deux personnes différentes, et radicalement opposées. Et c’était ça, au fond, qui en mettait une sur la défensive et plongeait l’autre dans le dégoût. Le fossé improbable entre leur description respective. Le monstre de Raven était le sauveur de Ludmilla, et c’était peut-être trop de mélanger les deux pour l’homme qu’était Hunter. Et puis … Il avait agi ainsi pour cette fois-là. Rien ne l’obligerait à recommencer, et celui qui l’avait aidée à se remettre pouvait très bien la laisser tomber. Il ne lui devait rien. Il n’y avait pas d’attachement entre eux. Ils n’étaient reliés que par cette histoire, et pourtant aucun ne savait ce que l’un pensait de l’autre. Hunter ne devait plus rien pour elle, mais Milla lui en devait une. Elle était certainement qu’une fille de passage, une fille qu’il n’avait pas traité comme les autres, mais qu’il avait peut-être laissé dans son passé. Et ça, elle ne le saurait jamais tant qu’elle ne le reverrait pas par ses propres yeux et non à travers les dires d’un Ravan ravagé par ce qu’elle ne pouvait pas ressentir. « Tu veux vraiment savoir ? Tu tiens vraiment à entendre le nom de toutes les personnes qui nous ont avoué avoir été torturées par lui, de tous les soldats qu'il a fait tuer, parfois même exécuté lui-même ? » Non. Non, elle n’y tenait pas, ne voulait pas. Elle voudrait rester hermétiquement fermée à tous ces propos, à toutes ces accusations. Trop de morts, comme toujours. Raven – probablement –, comme elle, avait déjà tué. L’un dans ses missions, la deuxième dans une arène. Ils n’étaient pas pour autant désignés comme des monstres ou des barbares. Même Milla, au contraire de nombre d’autres vainqueurs, n’avaient pas eu à porter l’étiquette d’assassine. Peut-être parce que l’état de légume sans souvenir qu’on lui avait infligé par la suite en avait satisfait ainsi plus d’un. Mais Hunter, lui, c’était toute une autre histoire. Une histoire souillée et perpétuelle à laquelle elle ne voulait pas laisser son empreinte. Et pourtant. Pourtant, putain, elle lui devait la vie. « Alors je ne compte pas. » Ludmilla ballotait entre diverses émotions, et se sentait à la fois blessée et étrangère par ce que lui disait Raven. « Ou plutôt, ça ne compte pas, qu’il m’ait aidée ? C’est vrai, pourtant. Je suis restée avec lui … » Elle le regardait dans les yeux, dans l’espoir fou qu’il accepte ses paroles, alors qu’elle-même n’acceptait pas la vérité. La vérité sanguinaire qui flottait comme une mauvaise aura autour d’Hunter. « Et il ne m’a jamais fait de mal. » Son ton n’était pas aussi déterminé que la hargne qui vibrait en Raven, certainement parce que le poids de son vécu n’était qu’une plume à côté du vécu de toutes les personnes qu'il désignait. Que sa situation avec Hunter, ne valait rien pour compenser l’ampleur des désastres qu’il produisait sur son passage. Parce que sa vie, au fond, elle ne faisait pas la taille face à toutes celles qu’il avait prises. Et ça lui faisait mal, à Milla, de se trouver dans un milieu pareil. Au centre d’un conflit d’intérêt et de vengeance qui ne la concernait pas, mais auquel elle y joignait son opinion. Ses convictions. Elle ne connaissait rien d’Hunter, seulement ce qu’il lui avait laissé entrevoir. Et ce qui se disait sur lui. Mais ce en quoi elle croyait – voulait croire – et voulait attribuer sa confiance, c’était en son vécu. À ce qu’elle avait vu, et non entendu par des rumeurs. « Quand tu le trouveras et que tu voudras te venger, parce que c’est ce que tu comptes faire n’est-ce pas ? N’oublies jamais que celui qui se tiendra devant, que le Hunter qui fait tant souffrir autour de lui, est celui qui m’a permis d’être là aujourd’hui. » Elle aussi, elle ne négligea pas le poids de ses derniers mots. Elle aussi, elle voulait qu’il prenne en compte ses propos. Cette vérité. Seulement, en cet instant, dans cette conversation, ils étaient aussi buté l’un que l’autre.

Finalement, ce n’était plus la certitude qui vibrait dans ses veines, mais la panique. Parce qu’elle était toujours cette petite chose fragile qu’on avait sorti d’un enfer trop long. De l’instabilité et de la frustration. Ludmilla n’avait jamais pensé retomber dans cet état de fragilité, pas plus qu’elle n’avait imaginé la possibilité de retomber entre les mains du Capitole. De l’arène à aujourd’hui, ces huit dernières années n’étaient qu’une succession de cycles. Atteindre le sommet, pour chuter à nouveau. Elle amorçait la nouvelle montée, une ascension qui se risquait d’être faite plus seule que lorsqu’elle était adolescente. Et dans la panique, qui savait ce qui pouvait arriver. Pourtant, Ludmilla n’aurait pas levé la main sur Raven. Elle aurait été incapable de lui faire du mal. La violence, cela n’avait jamais été son truc. Tout comme elle n’avait jamais su se battre. Ce qu’elle était, ce n’était qu’une boule sur la défensive, perpétuellement. Toujours. De la peur qui lui vrillait les entrailles et de la révolte à n’être devenue qu’une loque. Si la présence de Raven la rassurait plus que celle d’une infirmière ou d’un autre inconnu de ces souterrains, c’était pourtant emplie de méfiance à son égard qu’elle se tenait devant cette porte. « Doucement … calme-toi. » Les mots lui passèrent au-dessus de la tête, si loin de sa conscience et de l’atteindre, que ce fut comme s’ils n’avaient jamais été prononcés. Tout ce à quoi Ludmilla pensait, en ce moment, c’était jusqu’où Raven pouvait aller. Elle ne pouvait pas se permettre de laisser certaines choses sortir de cette pièce. « Je sais pas je … » Elle arqua les sourcils, ne s’attendant certainement pas à ce qu’il hésite. Aussi égoïste que cela pouvait l’être, Milla ne comptait pas sur lui pour qu’il baigne dans la même incertitude qu’elle. Elle voulait voir en lui une personne sûre d’elle, de confiance, qui savait quoi faire et quoi dire. Elle en avait besoin, pour pallier à ses propres hésitations. Seulement, le nom d’Hunter était déjà venu ébranler tout ceci, et alors qu’elle espérait qu’au moins l’un d’eux soit étanche, ses propres accusations voilées étaient en train d’élargir le fossé. « On te veux aucun mal, je suis pas … on est pas l'ennemi. » Au fond, peut-être (beaucoup) moins maintenant, elle n’avait jamais pensé le Treize comme un ennemi. Elle n’aurait jamais demandé de l’aide ici sinon, et ne se serait pas reposée sur eux pour satisfaire ses convictions. « Je sais. Mais … » Seulement, si on apprenait qu’un pacificateur, et pas n’importe lequel, lui était venu en aide, n’importe qui se permettrait de douter de ce qu’elle prétendait être. « Si tu le répètes, qu’est-ce que tu crois qu’il va m’arriver ? Pas dit qu’on me laisser partir. Pas dit qu’on me laisse tranquille, non plus. Tu l’as dit toi-même, qu’il n’est pas n’importe qui. J’pense pas qu’on va accueillir ces révélations avec le sourire. » Ludmilla était devenue un élément perturbateur, du moins le deviendrait-elle si la conversation qui se tenait entre ses murs s’étendrait au-delà. « Tu te rends compte de ce que tu me demandes ? Ce type il … c'est pratiquement comme si sa tête était mise à prix, si Snow tombe il sera un des premiers à payer pour ses crimes, je peux pas … Qu'est-ce qui me prouve qu'il ne prépare pas quelque chose ? » Et Milla ne pouvait pas accepter qu’on remette en cause son allégeance comme Raven était en train de le faire, indirectement. Elle n’y échapperait pas, si le sujet d’Hunter ne restait pas entre eux. Qui voudrait croire qu’il ne la manipule pas ? Qu’elle n’est ni aveuglée, ni manipulatrice ? Qu’elle ne changerait pour rien ce en quoi elle croyait et qui la faisait avancer malgré tout ? Qu’elle n’était pas un mensonge. Il deviendrait alors si facile de balayer tout ce qu’elle pourrait dire pour se justifier. Se justifier d’être en vie, parce qu’un type haï était celui qui l’avait rendu possible. « Rien ne le prouve … » En même temps, et si elle-même se leurrait ? Qu’Hunter avait réussi à la manipuler à son insu ? Cela lui paraissait tellement peu probable, mais elle ne savait pas non plus jusqu’où il pourrait aller pour qu’elle lui rende le service qu’elle lui devait. Et pas n’importe quel service. Ce n’était pas comme un simple dépannage mais bien plus, et s’il se jouait de ça envers elle par la suite … Non. Elle ne pouvait pas penser ainsi, elle ne pouvait pas l’accepter. Elle était loin d’avoir besoin de ça, de se rendre compte que le pacificateur attendrait le bon moment pour se servir d’elle. Elle ne pouvait pas se résoudre à redevenir une simple marionnette, ni à penser que celui qui l’avait cachée et pris soin d’elle n’en avait rien eu à faire. Elle ne voulait pas être l’énième victime du monstre. « Mais je te le demande quand même. Je … Je ne sais rien s’il manigance quelque chose, ou qui sera sa prochaine cible. Tout ce que je sais, c’est seulement ce que j’ai vu … et je n’ai vu que quelqu’un qui ne m’a pas laissée dépérir. » Quelqu’un qui prenait soin d’elle. Ludmilla était tellement seule, qu’elle voulait désespérément s’en tenir à son image d’Hunter. La solitude la suivait et l’accablait depuis longtemps, tous ceux qui l’aimaient et qu’elle aimait disparaissait chacun à leur tour. Sa famille, ses amis, Noam, des alliés. Elle ne pouvait pas reposer sur quelqu’un pour la rassurer quand elle s’éveillait en panique dans le nuit après un cauchemar, ni sur quelqu’un pour la conseiller sur ses choix ou pour l’attendre. Milla était seule, même si des gens avaient été là pour l’aider. Malgré tout, elle n’avait personne de trop proche. Alors elle ne pouvait tout simplement pas laisser Raven lui prendre cette parcelle de son baume. Elle ne pouvait pas le laisser piétiner ce qui l’avait aidé à faire quelques pas.

« Qu'est-ce qui me prouve que … qu'est-ce qui me prouve que tu te rangerais pas de son côté s'il te le demandait dans ce cas … » Elle en tomba des nues, comme si le ciel s’écroulait littéralement sur sa tête. Ce que supposait Raven ne lui avait jamais traversé l’esprit, et il évoquait là un écart qu’elle ne pourrait jamais se permettre. Auparavant, elle ne se serait jamais posée la question. Maintenant, il la faisait douter ; d’autant plus qu’elle avait une dette envers Hunter, et qu’elle ne pouvait savoir jusqu’où elle la mènerait. Mais quand même, de là à entendre qu’elle retournerait sa veste et agirait à l’encontre de ce pourquoi elle s’était toujours battue jusqu’à présent … Seulement, il y avait ce doute. Ce fichu doute. Et cette autre conviction, enfouie en dessous. Elle avait si amèrement subi les excès de l’oppression, à plusieurs reprises, que même le doute n’était pas assez fort pour la faire revenir totalement sur ses promesses. « Q-Quoi ? » Prise au dépourvue, elle devait avoir l’air bien plus choquée que déstabilisée par ce qu’il venait de dire. Et que ferait-elle, si quelqu’un censé être son allié menaçait devant elle la vie d’Hunter, à qui elle devait la sienne ? Elle ne choisirait pas. Elle suivrait son instinct, comme elle l’avait toujours fait, et qu’importe les conséquences. Elle n’allait pas laisser le poids des dettes ou des devoirs l’enchaîner comme le faisait déjà le Capitole. « Tu te rends compte de ce que tu viens de dire ? » D’une certaine manière, les doutes de Raven lui paraissaient comme lourds et blessants. « Le Capitole massacre ma vie depuis que j’ai atterri dans cette foutue arène et toi, tu viens douter de moi ? » Choisir entre le pacificateur ou les rebelles ? Au fond, elle ne choisirait probablement personne. Ça a toujours été elle, avant les autres. Avant, elle n’agissait que selon ses intérêts, et comme sa cause se joignait à celle des rebelles, elle agissait également pour eux. Mais évidemment, c’était avant. Avant qu’on l’enferme. « Hunter ou pas Hunter ... Tu crois vraiment que je suis capable d’agir pour lui, pour le Capitole … contre vous, contre la rébellion ? » Milla s’était jurée vengeance, dès lors que le sang de son père, de sa mère et de son petit frère avait souillé le sol de leur demeure. Une vengeance qui n’avait été que nourrit par le lavage de cerveau qu’on lui avait causé, la captivité qu’on venait de lui faire subir, les souffrances qui l’ont assaillit et l’état dans lequel elle se retrouvait encore aujourd’hui. On lui prenait tout, au fur et à mesure. Elle qui était si sûre et si mâture auparavant, elle se sentait actuellement emprisonnée dans l’âme d’un enfant. Le Capitole venait de lui arracher sa sérénité et sa confiance en soi, ses compétences et son efficacité. Être réduite à l’état d’un rien la révoltait, et elle n’était pas certaine qu’une dette qu’elle devait envers un pacificateur la ferait se détourner de sa propre haine. « Il aurait pu me laisser mourir. Il aurait pu me faire souffrir. Mais non … Non, il a caché une rebelle. Et toi, tu crois quoi ? Qu’au fond, ce n’est rien, que j’ai été utilisée ? » C’était assez lourd à porter, en soi, d’être considérée comme une personne trop faible pour se défendre. Parce que quoi qu'il se soit passé ou aurait pu se passer, c’était indéniable. Elle était faible. On lui avait également pris sa force. Sa fichue force qui l’avait fait avancer la tête haute. « Je ne laisserais personne me retenir. Je ne me suis pas battue jusqu’ici pour rien … Pas alors que je sors d’un enfer. » Son ton était plus lourd, mais elle se sentait bien fébrile comparée à l’assurance qu’elle aurait aimé dégager en cet instant.
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Raven H. Abernathy
DISTRICT 13
Raven H. Abernathy
△ correspondances : 2104
△ points : 1
△ multicomptes : thybalt, gwendal, eurydice (denahi)
△ à Panem depuis le : 22/01/2012
△ humeur : la mort de Coin, dont les idées commençaient à lui déplaire, a donné un nouvel élan à son implication dans la lutte contre le Capitole
△ âge du personnage : trente-six ans
△ occupation : lieutenant-colonel dans l'armée du 13 (chef de section, tireur d'élite) ~ membre du conseil de décision post-Coin


can you save me?
statut: veuf & père célibataire
relationships:


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MessageSujet: Re: to turn it all around or throw it all away → raven&milla   to turn it all around or throw it all away → raven&milla Icon_minitimeDim 25 Nov - 19:06

Je ne connaissais pas Ludmilla, pas vraiment ; Avant sa disparition elle avait déjà fait partie de plusieurs missions impliquant mon unité mais cela ne faisait pas d'elle quelqu'un que je connaissais. Je ne savais pas précisément quelle édition des jeux elle avait gagné, je ne savais pas si elle avait toujours de la famille dans son district d'origine, je ne savais pas non plus ce qu'elle faisait de ses journées lorsqu'elle était au treize avant que le Capitole ne s'empare une nouvelle fois d'elle. Je ne la connaissais pas, et pourtant je me sentais responsable d'elle presque autant que je me sentais responsable de sa disparition. Et ce n'était pas quelque chose qui s'expliquait ou qui avait spécialement du sens, parce qu'après tout je réussissais à me sentir responsable de son enlèvement tout en sachant que je n'avais jamais rien fait de mal, et ça cela n'avait absolument pas le moindre sens. Je me sentais responsable de la jeune femme et c'était la raison pour laquelle j'avais insisté pour lui parler moi-même plutôt que de laisser un autre gradé mandaté par Coin le faire à ma place, parce que je voulais la mettre en confiance, et parce que je ne voulais pas qu'elle se sente l'impression d'être interrogée comme pourrait l'être une menace ou un ennemi potentiel ; Je voulais qu'elle reste une victime non pas qu'elle devienne une coupable sous les questions d'un homme ou d'une femme qui ne l'aurait jamais vu, voir même n'aurait jamais entendu parler d'elle avant que nous la ramenions au district trois jours plus tôt. Mais sans le savoir je m'étais jeté dans la gueule du loup, et désormais j'étais face à une situation dont j'aurais préféré ne pas avoir connaissance ; J'aurais voulu pouvoir revenir en arrière finalement, ne pas tant insister, ne pas tant vouloir la réponse à ma question, parce que la réponse ne me plaisait pas et que je ne savais pas ce que j'allais devoir en faire désormais. Je n'exagérais pas, Hunter Blackbird-Crowley était réellement une des principales têtes à abattre pour nous, juste derrière les traitres à qui nous savions tous que Coin n'accorderait jamais le pardon ou le repenti. Et que ferait-on à Ludmilla alors si l'on venait à apprendre que ce type dont on voulait la tête ici, ce psychopathe à la liste de crimes plus longue que le livre des lois de Panem, était aussi celui grâce à qui elle était vivante, qu'elle avait une dette de vie envers lui … j'étais de ceux qui voulaient encore se persuader que les méthodes de Coin n'étaient pas discutables, même si je savais que c'était faux, et ce qui attendait Ludmilla si d'autres venaient à entendre ce qu'elle venait de m'avouer ne faisait aucun doute.
Mais pour l'heure j'avais encore du mal à arriver à ce constat, je n'arrivais même pas à penser manière totalement rationnelle tant le simple fait de voir ce type se mettre à nouveau au travers de mon chemin me crispait. Je n'étais pas de ceux qui pensait que l'on naissait soit bon soit mauvais, j'étais même persuadé que les gens pouvaient changer s'ils s'en donnaient les moyens … Mais pas lui, pas Hunter. Il avait fait trop de mal, il avait pris trop de vies ; Je ne pensais presque jamais ce genre de choses, mais j'étais des plus sincère en pensant que lui méritait la mort, et aucune forme de pitié pour sa personne ou la façon dont il finirait par mourir. Et je voulais qu'il meurt aussi parce que je savais que les nuits de Miléna ne seraient jamais plus sereines, et sa tête jamais totalement guérie de ce qu'il lui avait fait … Je voulais qu'il meurt parce que je voulais retrouver la Miléna que je connaissais, et que malgré ce qu'elle m'avait dit je savais qu'elle ne passerait jamais totalement à autre chose tant que ce type continuerait de respirer.

    « Alors je ne compte pas. » Elle avait posé ses yeux sur moi d'un air que je ne savais pas comment interpréter ; De la rancœur peut-être ? Ou autre chose … ce qui était certain en tout cas c'était qu'elle refusait d'admettre ce qu'il venait de dire, elle refusait de voir cet homme comme la bête sanguinaire qu'il était, alors qu'au fond d'elle elle devait sans doute le savoir. « Ou plutôt, ça ne compte pas, qu'il m'ait aidée ? C'est vrai, pourtant. Je suis restée avec lui … » Avec lui, chez lui … qui sait ce que ce type pouvait faire chez lui, et si tenté que Milla dise la vérité cela voulait-il vraiment dire que le côté sordide de ce type ne ressortait pas dès qu'il quittait la pièce où il la gardait. Et pourquoi, pourquoi la gardait-il, c'était la question que je ne cessais de me poser. « Il ne m'a jamais fait de mal. » avait-elle finalement ajouté timidement, ou avec une certaine hésitation … Parce qu'elle mentait, ou simplement parce qu'elle avait peur que je ne la crois pas ? « Comment tu peux en être si certaine ? » avais-je finalement lâché avec une pointe de cynisme. « Tu dis que tu te souviens à peine de comment tu as quitté le Capitole, alors comment tu peux être certaine qu'il ne t'as rien fait ? » Et pourtant je n'essayais pas de la braquer, mais c'était plus fort que moi. La situation me paraissait tellement invraisemblable, le fait même que ce pacificateur ait décidé d'aider mais également d'héberger une rebelle – et une ancienne gagnante des jeux qui plus est, pas n'importe quelle rebelle – me semblait tellement improbable, et même impossible. Elle était sur la défensive à nouveau, j'étais en train de perdre le peu de confiance que j'aurais pu espérer gagner avec elle, mais que pouvais-je faire ? « Quand tu le trouveras et que tu voudras te venger, parce que c'est ce que tu comptes faire n'est-ce pas ? N'oublie jamais que celui qui se tiendra devant, que le Hunter qui a tant fait souffrir autour de lui, est celui qui m'as permis d'être là aujourd'hui. » C'était infâme, ce qu'elle me demandait. Et c'était injuste, parce qu'elle devait bien savoir qu'elle ne pouvait pas me demander cela, et surtout qu'elle ne pouvait pas demander cela à n'importe laquelle des personnes qui directement ou indirectement avaient été les victimes de la barbarie d'Hunter. « Y'a des gens qui ont bien plus de raisons et de volonté que moi à ôter la vie de ce type, crois-moi. Mais si ça arrivait, s'il était devant moi et que j'avais l'occasion alors j'hésiterais pas. Pas une seconde … ça changerait rien. » Qu'il lui ait sauvé la vie cela ne changeait rien, voilà ce que je venais d'avouer. S'il fallait absolument remercier quelqu'un du fait que Milla soit envie alors ce serait le destin mais jamais, jamais Hunter. Secouant légèrement la tête j'avais rajouté, comme pour tenter de le justifier « Une action louable n'efface pas des dizaines, des centaines d'actions condamnables. Sauver une vie n'efface pas le fait d'en avoir brisé des dizaines d'autres. »

C'était là une preuve que je croyais, ou du moins j'essayais de croire, à ce qu'elle disait, au fait qu'il ne lui avait peut-être rien fait, même si les raisons en restaient pour moi aussi obscures que potentiellement malsaines. Mais même en y croyant, cela signifiait-il pour autant que je devais faire comme si ce n'était rien, ou pire, comme si je ne savais rien ? Ces derniers mois la psychose concernant d'éventuelles taupes dans nos murs n'avait fait que s'intensifier avec l'attaque chimique qui heureusement n'avait fait que peu de dégâts comparé à son ampleur, Coin ne faisait plus confiance à personne si tenté qu'elle l'ait fait un jour et j'étais persuadé qu'elle serait prête à coller Milla dans le sac des traitres potentiels sur cette seule information et sans chercher plus loin … Comme ça, juste par précaution, parce que c'était ce que Coin faisait, elle était radicale juste « au cas où ». Je savais tout ça, je savais que maintenant qu'elle avait parlé, que je l'avais presque forcée à le faire, le sort de Milla reposait plus ou moins entre mes mains, et c'était le genre de responsabilité dont j'aurais préféré ne pas avoir connaissance, ça pesait bien trop lourd, bien plus lourd que ce à quoi je m'attendais en venant ici en premier lieu.

Et pourtant j'hésitais. Parce que la couvrir elle c'était mentir, c'était désobéir à ma hiérarchie et c'était quelque chose que je n'avais encore jamais fait, que je n'avais même jamais eut envie de faire. J'avais peut-être une façon bête et méchant d'exécuter les ordres c'est vrai, je n'en avais même jamais discuté un seul parce que les ordres c'était les ordres tout simplement, et que c'était mon métier des les appliquer. Pas d'y réfléchir pendant cent-sept ans ou de les remettre en cause. Parfois je me demandais si c'était la bonne solution, je me questionnais sur le bien fondé de cette méthode si Coin décidait de se radicaliser encore plus étant donné que certaines de ses décisions me laissaient déjà parfois un goût amer ; Sacrifier un petit nombre pour en sauver un plus grand c'était quelque chose qu'elle n'avait encore jamais fait à ma connaissance mais parfois je me demandais, si un jour elle franchirait cette limite, et si ce jour là je serais toujours capable de suivre ses ordres sans discuter et sans réfléchir. Mais pour l'heure je savais aussi que je n'aurais pas le grade que j'avais si je n'avais pas appris à faire confiance à ses décisions ; Si elle était là, si elle était notre leader, c'était parce qu'elle avait prouvé qu'il n'y avait personne de plus qualifié qu'elle pour ce poste. Est-ce que je pouvais vraiment mentir, est-ce que je pouvais vraiment garder pour moi une information qu'elle voudrait avoir en sa possession ? Je ne savais pas, et c'était ce que j'avais tenté de faire comprendre à Milla … c'était beaucoup de risques, voilà ce qu'il fallait qu'elle comprenne, pas seulement pour elle et pour moi, mais pour le treize de manière plus générale.

    « Je sais. Mais … » Mais elle se demandait si c'était une garantie suffisante ; Et elle était en droit de le faire après tout, je ne pouvais moi-même pas lui promettre une quelconque garantie à ce sujet. C'était ce que j croyais, mais croire ce n'était put-être pas suffisant, pas pour elle. « Si tu le répètes, qu'est-ce que tu crois qu'il va m'arriver ? Pas dit qu'on me laisse partir. Pas dit qu'on me laisse tranquille, non plus. Tu l'as dit toi-même, qu'il n'est pas n'importe qui. J'pense pas qu'on va accueillir ces révélations avec le sourire. » Non, c'est vrai. On se méfierait d'elle, on se demanderait quelle confiance on pouvait accorder à quelqu'un qui prenait presque la défense d'une personne comme Hunter, qui ne le méritait assurément pas. Je savais tout ça, mais pour autant elle me demandait de faire quelque chose qui ne me plaisait pas ; Mentir à mes supérieur ne me plaisait pas, mentir à ceux qui rêvaient de voir la tête d'Hunter au bout d'une pique – Miléna la première – ne me plaisait pas non plus. Et pus c'était dangereux, trop dangereux, et trop risqué comme j'avais fini par le lui faire remarquer en lui demandant quelles preuves elle avait qu'Hunter ne préparait rien, que sa pseudo-pitié envers elle ne cachait pas quelque chose . « Rien ne le prouve … » Voilà, le problème était bien là, rien ne le prouvait, et j'avais besoin de preuves, j'avais besoin d'avoir l'impression que je faisais quelque chose de juste, et là je n'avais rien, aucune garantie. « Mais je te le demande quand même. Je … Je ne sais rien s'il manigance quelque chose, ou qui sera sa prochaine cible. Tout ce que je sais, c'est seulement ce que j'ai vu … et je n'ai vu quelqu'un qui ne m'a pas laissée dépérir. » J'avais secoué la tête de façon instinctive, je ne voulais pas entendre ce refrain à nouveau, je ne voulais pas l'entendre me dire une fois de plus qu'Hunter était le grand sauveur grâce à qui elle était vivante, et je ne voulais pas qu'elle espère qu'à force de l'entendre mon avis changerait. Parce qu'il ne changerait pas, ce type était une menace pour chaque personne qui passait à sa portée et la seule manière de l'empêcher de nuire à nouveau c'était la mort. Il mourrait, la seule inconnue de l'équation était la personne qui s'en chargerait. « Il est juste doué pour se jouer des autres. Pour les embobiner. Tu devrais pas croire ses mensonges, ou un beau jour il finira par les utiliser contre toi. » Comme il avait embobiné Miléna la première fois, en la prenant à son propre piège.

Elle semblait tellement attachée à cette image, à un Hunter qui lui semblait avoir un bon fond et même savait faire preuve de compassion ; Mais pouvait-on réellement être ce genre de personne quand on en avait tué autant que lui, et quand on semblait avoir si peu de respect pour la valeur d'une vie humaine ? J'étais sûr et certain que non, et pour cette raison j'étais aussi sûr et certain que Ludmilla finirait par l'apprendre à ses dépends. Ce dont j'avais peur alors c'était de ce qu'elle pourrait faire, ou se sentirait le devoir de faire si elle se retrouvait à nouveau face à lui pas par le plus grand des hasards mais parce que les circonstances de la révolte l'exigeaient ; Serait-elle capable de se rappeler qu'en tant que pacificateur il était l'ennemi, et que parmi les ennemis il était l'un des plus dangereux et par conséquent l'un de ceux à éliminer en priorité ? Serait-elle capable de se rappeler que le bien qu'il lui avait peut-être fait à elle n'effaçait pas le mal qu'il avait fait à tant d'autres, et que son appartenance à la rébellion et son allégeance aux idées qui s'y rapportaient lui interdisait d'avoir pitié de cet homme ? Je voulais avoir confiance, je savais que Ludmilla avait un bon fond et que Panem lui avait trop pris pour qu'elle ne nous trahisse et pour tout ça je voulais vraiment y croire … Mais y'avait ce doute, ce petit Et si ? Dans un coin de ma tête et dont je ne parvenais pas à me débarrasser et qui m'avait poussé à poser cette question ; La question par laquelle je venais assurément de perdre le peu de confiance que j'avais réussi à placer en elle.

    « Q-Quoi ? » Me mordant la lèvre j'avais regretté d'avoir parlé, d'avoir dit les choses de cette façon. Secouant la tête tout en faisant à nouveau un pas vers elle, le fait qu'elle soit déjà dos à la porte l'empêchant de se dérober une nouvelle fois, j'avais ouvert la bouche comme un poisson qu'on sortirait de son bocal mais n'avais pas réussi à formuler de réponse. « Tu te rends compte de ce que tu viens de dire ? » Elle me regardait de cet air blessé, et déçu qui m'était en définitive plus insupportable que sa méfiance du début. « Non je … » Elle ne m'avait pas laissé terminer. Chaque mot supplémentaire piquait comme une aiguille et me prouvait la bêtise que j'avais eut à exprimer ce questionnement à voix haute. « Le Capitole massacre ma vie depuis que j'ai atterri dans cette foutue arène et toi, tu viens douter de moi ? » Les bras ballants, je m'étais contenté de secouer la tête négativement pour tenter de me rattraper « Non, c'est pas … c'est pas ce que je voulais dire, excuse-moi. » Mais c'était ce qu'il pensait au fond, il se sentait stupide mais c'était ce qu'il avait pensé et ce qu'il craignait ; Qu'elle en oublie pour quoi elle se battait. Que comme d'autres avant elle elle ne perde de vue la raison pour laquelle elle faisait tout ça, qu'elle doute. « Hunter ou pas Hunter … tu crois vraiment que je suis capable d'agir pour lui, pour le Capitole … contre vous, contre la rébellion ? » J'avais avalé ma salive, la regardant dans les yeux plusieurs secondes sans rien dire, tentant d'articuler je ne savais quelles explications qui de toute manière ne venaient pas. C'est finalement l'air presque penaud que j'avais répondu « Non. Mais … s'il te demandait une faveur, s'il te demandait d'avoir pitié, ou même de l'aider en retour … qu'est-ce que tu ferais ? Tu réussirais à te souvenir pourquoi tu fais tout ça ? Si t'es avec nous, si t'es vraiment avec nous … tu peux pas avoir pitié de ce type. Tu peux pas. Parce que c'est l'ennemi, et on est à une époque où on ne peut plus avoir pitié de ses ennemis.  » Je n'allais pas jusqu'à penser qu'elle retournerait sa veste, qu'elle en viendrait à défendre les méthodes du Capitole et le bien fondé de son gouvernement, mais si elle payait sa dette envers Hunter n'était-ce pas déjà aller à l'encontre de la rébellion ? Épargner quelqu'un qui avait fait à lui seul tant de mal dans cette guerre ne revenait-il pas à se rendre complice au fond ? Milla se rendrait-elle complice en le laissant s'échapper si elle se retrouvait à nouveau face à lui en sachant qu'il était recherché ? « Il aurait pu me laisser mourir. Il aurait pu me laisser souffrir. Mais non … Non, il a caché une rebelle. Et toi, tu crois quoi ? Qu'au fond ce n'est rien, que j'ai été utilisée ? » Je n'avais rien répondu, pas cette fois-ci, je voulais prendre le temps de réfléchir à mes paroles avant de dire à nouveau quelque chose que je pourrais regretter … Mais oui. C'était ce que je pensais, qu'il s'était servie d'elle, et que si ni elle ni moi ne savions pourquoi un jour ou l'autre nous aurions la réponse. « Je ne laisserais personne me retenir. Je ne me suis pas battue jusqu'ici pour rien … Pas alors que je sors d'un enfer. »

Je ne savais pas quel ton elle aurait voulu donner à sa réponse, si elle cherchait à avoir l'air résolue ou sûre d'elle, mais ce dont j'étais certain en revanche c'était que cette fébrilité et ce regard perdu n'étaient pas volontaires. Comme si cette dernière phrase laissait la porte ouverte à une craquelure que la jeune femme n'avait jamais réussi à colmater et qui ces derniers mois encore s'était agrandie. Et lui dire que peut-être – sans doute – Hunter s'était simplement servie d'elle, qu'elle n'était pas ici simplement parce qu'il l'avait trouvée spéciale ou parce que quelque chose chez elle l'avait ému, cela venait peut-être de faire plus de dégâts que je ne l'avais pensé au début. Doucement j'avais fait un autre pas, puis deux, puis finalement j'étais venu me planter devant elle en tentant de ne paraître ni brusque ni menaçant ou n'importe quelle autre impression qu'elle pourrait avoir et de nature à la braquer.

    « Je dirais rien … » avais-je finalement murmuré, mes yeux allant du sol à la porte derrière elle, puis finalement à nouveau sur son visage. J'avais parlé sans réfléchir, mais pas pour le mêmes raisons … Je ne savais pas pourquoi j'avais dit ça, je ne savais même pas si c'était une bonne idée ou non, sans doute que non. Mais j'avais l'impression que je lui devais cette promesse, que c'était peut-être la seule façon de me racheter. « Je leur dirais pas. C'est promis. » Une promesse. Je venais de faire une promesse, et je savais qu'avec ça je ne pouvais plus désormais revenir en arrière.
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to turn it all around or throw it all away → raven&milla Vide
MessageSujet: Re: to turn it all around or throw it all away → raven&milla   to turn it all around or throw it all away → raven&milla Icon_minitimeVen 28 Déc - 1:06


Au fond, Ludmilla n’avait rien à faire ici. Ce n’était pas chez elle, ce n’était pas le six. Ce n’était pas sa maison sombre et verrouillée, ce n’était pas le village des vainqueurs. Et pourtant, c’était certainement là-bas qu’elle aurait dû se trouver en premier lieu, et non pas des mètres sous terre. Seulement, ce fut son impulsivité, son besoin premier, de rejoindre le treize après son séjour presque mortel. Elle aurait pu tout simplement rentrer chez elle, ou bien rester dans le un. Elle aurait pu reprendre le cours de sa vie si tant est que ce soit possible, prendre encore un peu de temps pour se requinquer, avant de faire étape dans les souterrains. Mais non. Non, sa première et unique pensée, après la décision de mettre un terme à la protection improbable qu’on lui avait offerte, c’était de contacter le treize pour qu’on vienne la chercher. Ludmilla n’avait pas choisi sa maison, et c’en était peut-être les vestiges de son statut de rebelle, au fond, qui l’avait guidé vers ce choix. Elle s’était remise entre les mains de Raven et son équipe, et par là-même entre celles de la Présidente. Et c’était entre les mains de Raven, et donc de cette même Présidente, qu’elle devait répondre de ces actes. De ses pensées, plutôt. Parce que ce n’était pas suffisant qu’elle soit là, sur pieds, des cheveux et de la peau en moins. Ce n’était pas suffisant qu’elle soit sortie d’un enfer qui hanterait ses nuits pour longtemps encore. Il fallait savoir comment, il fallait savoir pourquoi. Et de sa vulnérabilité, de ses crises de panique, de ses changements d’humeur si incertains et déstabilisants, elle avait lâché un nom. Probablement l’unique nom qu’elle n’aurait jamais dû dire entre ces murs. Elle s’en voudrait d’avoir agi ainsi, elle le savait. Elle s’en voudrait, plus tard, quand elle aura repris suffisamment confiance en elle. Si elle en avait le temps, car qui savait ce qui pourrait se passer d’ici là. Qui savait ce qui pourrait lui arriver, si l’intégralité de cette conversation était relatée à d’autres oreilles. Mais là, pour l’instant, elle était bien loin de la fille qu’elle était il y a un an, et même pas sûre de la retrouver plus tard. Elle était terriblement frustrée et lassée, de devoir répondre à tant de questions, et ainsi de devoir affronter le regard d’un lieutenant-colonel certainement déçu et énervé par la niaiserie qu’elle pouvait laisser paraître. Tout comme elle était bornée, ancrée dans son avis à un point qu’elle réfutait catégoriquement celui de son interlocuteur. Un avis qui lui était autant étranger que familier, car il était si facile de savoir que ce qu’il disait était indéniablement vrai. Vrai, mais non fondé à son égard. Sauf si on l’avait leurré, encore, et qu’elle s’était faite avoir, encore.

Ce qui était sûr en revanche, c’était la difficulté qu’éprouvait l’homme pour la croire. À juste titre, d’ailleurs. Mais comment pouvait-elle l’accepter, quand tout ce qu’elle avait espéré était un peu de sérénité et de confiance en elle, et qu’on lui donnait plus de doute et de moyen de perdre la tête. « Comment tu peux en être si certaine ? Tu dis que tu te souviens à peine de comment tu as quitté le Capitole, alors comment tu peux être certaine qu'il ne t'as rien fait ? » Tout ceci lui paraissait si indécent, brusquant. Remettre en cause la vraisemblance de ses mots, pour le simple fait que sa mémoire lui jouait des tours. Pour le simple fait qu’elle n’avait pas envie de faire cet effort, de mettre la main sur ses souvenirs qui seraient toujours trop douloureux. Elle voulait oublier. Pour la première fois de son existence, elle en viendrait même à souhaiter qu’on lui lave le cerveau. Ce qui l’avait tant brisée par le passé. Elle avait besoin que cette dernière année n’ait jamais existé. Elle avait besoin que les secondes s’écoulent en emportant avec elles avec ses peurs et ses cauchemars. Elle n’avait pas besoin qu’on l’accuse ainsi, même indirectement. « Peut-être parce que je préfère m’accrocher à ce qui me semble bon. » Une pointe d’ironie, une accusation. Et de la vérité. Ludmilla préférait mille fois mieux s’accrocher à ce qui lui avait paru meilleur, en l’occurrence l’aide que lui avait apporté Hunter, qu’aux souvenirs des mois de douleur et de misère. En même temps, elle n’arrangeait pas sa situation. ‘Ce qui lui semblait bon’ n’était assurément pas au goût de Raven. Alors, elle lui avait demandé l’improbable. Et c’était inconcevable, de se comparer à des centaines d’autres vies ôtées comme toujours là. Seulement, elle se fichait bien de savoir s’il était en accord avec sa demande, s’il trouvait ses paroles justes ou non. Elle ne voulait penser qu’à elle, pas à ce que penseraient les autres. Pas à ce qu’on attendait d’elle, de la clémence ou de la compréhension. Elle ne voulait pas de pitié comme elle ne voulait pas qu’on lui dise quoi faire et penser. « Y'a des gens qui ont bien plus de raisons et de volonté que moi à ôter la vie de ce type, crois-moi. Mais si ça arrivait, s'il était devant moi et que j'avais l'occasion alors j'hésiterais pas. Pas une seconde … ça changerait rien. » Bien sûr, qu’il n’hésiterait pas. Elle le savait alors même qu’elle lui prononçait sa demande déplacée. Mais Milla était loin d’accepter une telle décision, loin d’accepter qu’on la remettre à un plan si infiniment caché derrière. Elle ne faisait pas le poids contre les injustices qu’avaient causé Hunter, comme elle n’était qu’un individu lambda de Panem qui s’était seulement démarqué pour sa victoire aux Jeux. Elle n’était pas un pion important, et ne le serait jamais. Elle n’en avait pas besoin, ni l’envie. Elle n’avait pas pour autant envie qu’on la bassine avec toutes ses personnes qui voulaient la peau de celui qui avait recousu la sienne. « Une action louable n'efface pas des dizaines, des centaines d'actions condamnables. Sauver une vie n'efface pas le fait d'en avoir brisé des dizaines d'autres. » Milla se contenta de snober ces paroles, et si c’en était égoïste et immature, elle s’en fichait également. Elle secoua simplement la tête de dépit, sans avoir réellement la force d’y répondre quelque chose. Que pouvaient ses mots face à ceux de Raven ? Et que pouvaient ceux de Raven, face aux siens ? Dès lors qu’elle avait prononcé les six lettres fatales d’un simple mortel, un gouffre s’était creusé entre eux deux et il ne cessait de s’élargir. Ils avaient chacun leur position, et celle du rebelle était la plus juste.

Ludmilla devait répondre de ses pensées. Elle devait se justifier sur ce qu’elle aimerait garder comme vision d’un homme que l’adjectif de « bon » lui était inévitablement étranger. Seulement trois jours qu’on l’avait rapatrié ici, et déjà on la faisait se remettre en question. Elle n’avait jamais jugé les choses comme bonnes ou mauvaises, tout blanc ou tout noir, estimant que tout en chacun était toujours entaché d’une part de noirceur comme pouvait cacher une part de douceur. Qu’on juge Hunter hermétiquement fermé à tout trait de caractère mélioratifs, quand elle-même avait vu l’improbable de cet homme, elle ne pouvait tout simplement pas s’y plier. Elle ne pouvait pas se résoudre à ravaler sa fierté émiettée pour satisfaire les convictions de quelqu’un. Quand bien même ce qu’elle avait vécu ces derniers mois, elle ne serait jamais une personne qui ne défendrait pas son opinion et s’écraserait au profit d’une autre sous prétexte qu’elle soit bien plus certaine. Et Milla ne pouvait pas, également, laisser ses paroles sortir de cette petite pièce. Elle ne pouvait pas supporter le poids d’autres jugements bien plus lourds et ayant bien plus d’importance. Elle ne pouvait pas supporter le regard de dégoût qu’on lui lancerait, si on apprenait qu’elle avait séjourné chez ce pacificateur. Elle ne pouvait pas supporter la méfiance qu’on éprouverait à son égard, comme elle ne pouvait pas anticiper la réaction que pourrait engendrer ces révélations. Elle ne voulait pas retomber au fond d’un trou, ni subir un quelconque autre traitement. On avait suffisamment souillé sa morale et sa fierté d’être humain, pour qu’elle ne laisse à Raven le risque qu’il ne déclenche ce qu’elle redoutait. Elle pouvait bien lui barrer la sortie de toutes ces maigres forces, elle ne le laisserait jamais sortir sans qu’elle soit certaine qu’il garde toute cette conversation pour lui. Alors qu’elle lui jetait son égoïsme et son mordant à la figure depuis le début, elle avait le culot de lui demander une énième chose difficile.

Mais, après tout, Ludmilla ne lui demandait pas de mentir. Seulement d’omettre la vérité. Et si cette différence paraissait nulle, elle ne l’était certainement pas quand on avait passé plusieurs années à récolter des informations. Pour la cause des rebelles. Car elle était une rebelle, Ludmilla. Dès lors qu’elle n’avait pas accepté la pression du Capitole à sa sortie des Jeux, et subie un lavage de cerveau. Et personne n’avait le droit de remettre en cause cette conviction inébranlable. Elle pouvait bien être entachée de pensées éparpillées et injustes, cette conviction était la force nécessaire pour qu’elle continue d’avancer. « Il est juste doué pour se jouer des autres. Pour les embobiner. Tu devrais pas croire ses mensonges, ou un beau jour il finira par les utiliser contre toi. » Ce n’était que des foutaises, à ses yeux. Parce qu’elle n’avait pas de preuves à lui donner, il lui était si facile de porter ces jugements. Et parce qu’elle ne lui racontait rien d’assez vraisemblable vu l’ampleur du personnage qu’était Hunter, il se permettait de remettre en question son jugement à elle. « Qui me dit que toi, t’essaies pas de m’embobiner ? » Ce n’était que de la défense, au fond. Une frêle agressivité comme seule réaction impulsive. Elle ne pensait pas Raven capable de commettre une telle chose, quand bien même elle l’accusait. Elle ne connaissait pas pour autant jusqu’où un homme était capable d’aller pour ses convictions, ce que lui redoutait exactement chez elle. Il se pouvait qu’il doute toujours d’elle, désormais, après ce qu’il avait entendu. Il se pouvait qu’il n’ait jamais totalement confiance en elle, d’une part pour l’instabilité qu’elle pouvait montrer, mais également pour le doute qui persistait maintenant sur ses épaules. C’était ça, le prix qu’elle avait à payer du côté des ‘gentils’. Accepter qu’on ne lui fasse pas confiance et qu’on doute d’elle. Elle ne pouvait rien y faire, si ce n’était continuer à lui rabâcher les oreilles de ce qu’elle avait vu et entendu. On pouvait bien lui retourner la tête, lui arracher ses idées et les remplacer par d’autres images, personne ne viendrait à bout de ses pensées. Personne ne lui amputera cette part de bien-être qu’un pacificateur lui avait accordé après avoir tant espérer mourir au fond d’une cellule. Rien ne pourrait remplacer les tortures subies, comme rien ne pourrait lui rendre sa fierté féminine. Mais si l’image et le vécu qu’elle détenait d’un homme étaient suffisants pour qu’elle ait l’espoir d’une guérison, alors elle n’était pas encore prête qu’on vienne lui entacher. Et ça pouvait mettre des jours, des semaines, des mois, avant qu’elle ne sente prête. Ce qu’il se disait sur cette tête mise à prix des pacificateurs, elle en avait connaissance, mais le laisserait enfoui au fond d’un coin de poussière tant qu’elle ne serait pas capable de l’affronter sans frémir.

« Non, c'est pas … c'est pas ce que je voulais dire, excuse-moi. » Raven montrait à son tour de l’hésitation, et si elle n’en venait pas à jubiler de cette situation, ce n’était pas sans la réjouir pour autant. C’était mesquin de sa part, mais Milla en était presque contente de voir le lieutenant réduit à cette situation, après qu’il l’ait lui-même mis dans celle-ci. C’était un revers qu’elle estimait juste, pour tout le doute qu’il avait posé sur elle. Elle s’était saisie de la maladresse de l’homme pour pallier à son propre malaise. D’une certaine manière, ce petit dérapage de Raven était venu panser quelque chose en Ludmilla, une maladresse contre un malaise, c’était équitable pensait-elle. « Non. Mais … s'il te demandait une faveur, s'il te demandait d'avoir pitié, ou même de l'aider en retour … qu'est-ce que tu ferais ? Tu réussirais à te souvenir pourquoi tu fais tout ça ? Si t'es avec nous, si t'es vraiment avec nous … tu peux pas avoir pitié de ce type. Tu peux pas. Parce que c'est l'ennemi, et on est à une époque où on ne peut plus avoir pitié de ses ennemis. » Si, elle pouvait. Elle pouvait parce qu’elle ne pensait pas qu’Hunter serait capable de foutre son statut en l’air en cachant une rebelle, même pour un quelconque plan de manipulation. Il était plus futé. Il aurait pu l’atteindre différemment sans se mettre lui-même en danger. Et Milla, elle, sentait bien qu’elle ne pourrait jamais lui être redevable. Que la cause qu’elle défendait serait toujours plus forte que l’idéal d’un pacificateur. Mais elle doutait, elle aussi, de ce dont elle était capable. Elle lui devait la vie, indéniablement. Elle ne pouvait pas se délester de ce poids aussi facilement, et n’allait pas attendre le consentement de Raven. Qu’il comprenne ou non pourquoi elle pensait et agissait ainsi, elle n’avait besoin d’aucun aval pour mener à bien ce que lui semblait juste. Car elle était là, sa foi, sa conviction. Toujours faire ce qui lui paraissait juste, et si le pacificateur entrait dans cette équation à un moment ou un autre, elle laisserait son instinct et ses croyances agirent. Quoiqu’il en coûte. Tout comme elle ne pouvait causer de tort à la cause des rebelles, parce qu’ils représentaient l’espoir d’une vie meilleure et ce pour quoi elle s’était battue jusque-là. La contradiction dans laquelle ses convictions la plongeaient était le seul doute qu’elle acceptait, restant fermée à l’extérieur. « Tu voulais des preuves … » D’un geste légèrement tremblant, Ludmilla attrapa ses cheveux ébouriffés pour dégager sa nuque et laisser percevoir ce qui se tapissait sur son crâne au dessous de toutes ses racines. « Ça » commença-elle en désignant de sa main libre les ecchymoses et les fines cicatrices que l’on pouvait encore percevoir, puis elle relâcha sa tignasse et leva ses mains en évidence. « Ça » continua-t-elle en montrant ses doigts aux ongles quasi inexistants. « Et ça » acheva-t-elle en désignant d’un geste ample toute sa silhouette, dont on percevait encore la maigreur sous sa tenue de patiente, et où on pouvait aisément imaginer ce qui se dessinait sur les parcelles de sa peau après ses mois de captivités. « Hunter représente à lui seul l'ensemble de ces individus qui m’ont infligé tout ça. » Elle l’admettait. Elle accordait à Raven ce point, parce qu’elle-même ne pouvait le nier. Et il serait certainement content d’entendre cette phrase. « Et tout ça me pousse encore plus à me battre contre la persécution perpétuelle. » Qu’on ne vienne pas douter de ses convictions de rebelle, elles étaient assez fortes pour ne pas qu’elle change de chemin en empruntant le mauvais. Si Raven avait connu l’injustice d’une vie cachée, elle avait connu l’horreur de l’arène et d’une vie coincée sous l’oppression et la misère. Définitivement, elle ne laisserait personne enrayer la vraisemblance de ce qu’elle disait, de ce pour quoi elle se battait.

Ludmilla le laissa faire, quand il s’approcha d’elle de quelques pas. Elle pensa d’abord qu’il vienne la dégager de l’endroit pour qu’elle libère la porte, puis se ravisa quand elle constata qu’il ne se contenta que de ces simples pas. Elle ne put s’empêcher de noter la proximité de sa présence, mais elle savait très bien qu’il ne ferait rien comme il n’avait rien fait depuis qu’il avait pénétré dans cette pièce. Il avait les mots pour lui, pas besoin des gestes. Et c’en était assez rassurant dans un sens, elle qui refusait obstinément le contact humain. « Je dirais rien … » lâcha-t-il finalement, ce qui suffit pour qu’elle le regarde avec un espoir fou. Son regard s’accrochant à son visage comme pour mettre du poids dans ce qu’il venait de dire, s’assurer qu’elle avait bien entendu et que ses envies n’avaient pas dénaturé le sens de ces mots. « Je leur dirais pas. C'est promis. » Une promesse. Et Raven capitulait pour sa cause, pour ne rien dire. En cet instant, elle lui était infiniment reconnaissante. S’il savait le poids qu’il lui ôtait des épaules, la peur se dissoudre dans sa poitrine. Milla se doutait bien qu’il n’était pas de ces hommes qui revenaient sur leurs promesses, ou du moins l’espérait-elle fortement. « Merci » souffla-t-elle en s’affaissant contre la porte dont elle avait si ardemment défendue l’accès quelques minutes auparavant. D’un coup, elle se sentait bien plus légère. S’il existait toujours un désaccord sur leurs pensées respectives, il resterait entre eux par les mots que Raven venait de prononcer et qui scellaient sa promesse. Il ne dirait rien, même s’il n’était pas d’accord sur sa vision actuelle des choses. En même temps, Milla se sentait complètement vidée. Comme si cet échange houleux qui venait d’avoir lieu l’avait complètement vidé de sa force, ne pouvant que la forcer à se mesurer à la faiblesse dont elle était encore victime. « Tu ne le regretteras pas » assura-t-elle à son tour. Mais quant était-il de l’assurance de ces mots, quand le doute persistait toujours à son encontre ? Seul l’avenir le dira, ils le savaient tous les deux. Et Ludmilla n’était pas encore assez rétablie pour promettre ce que son instabilité pouvait envoyer facilement en l’air. Elle avait besoin de temps. De temps pour mettre de l’ordre dans ses pensées, accepter les dures paroles de Raven, et même apprendre à ne plus avoir peur de ce qui pourrait se cacher dans la pénombre du coin d’une pièce.

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