Vous n’avez pas le droit de me l’enlever, c’est ma fille !
Les hurlements de ma mère et ses sanglots s’éloignaient peu à peu de moi. Mes pleurs résonnaient dans cette grande villa du Capitole alors que ma nourrice m’emmenait loin de ma génitrice. La porte claqua brutalement devant cette femme éplorée. Au fur et à mesure que la femme qui me tenait dans ses bras avançait dans les couloirs, l’effluve du parfum de ma mère s’amenuisait. On me raconta que, durant une semaine, je n’avais pas voulu manger. Ma tutrice avait alors eut très peur de me voir mourir. Dès lors, on me surnomma la combattante car j’ai survécu difficilement à cette légère dépression. Comme quoi, même les bébés ont des sentiments.
Avant de partir, ma chère maman m’avait surnommée Egerie Iseult. Egerie car je me devais d’être adulée de tous. Et Iseult car je suis née d’un amour impossible. Hé oui, mon père est un habitant d’un District. Ma mère la rencontré alors qu’elle accompagnait son tribut dans sa tournée de vainqueur. Il n’aura suffit que d’une seule nuit pour que l’avenir d’Athéna Emerson ne se brise. J’étais une erreur de la nature, néanmoins née d’un amour véritable. J’aurais dû être heureuse avec ma génitrice mais le destin en a, malheureusement, décidé autrement …

Tourne toi, relève la tête ! Voilà ma belle, tourne toi maintenant ! C’est ça !
Le flash crépitait autour de moi. Me brûlait les rétines alors que le photographe me mitraillait. Je faisais de mon mieux pour répondre à ses ordres. Mes talons me faisaient mal aux pieds mais je devais sourire, faire la belle. Mon ancienne nourrice aujourd’hui devenue ma tutrice m’avait élevée pour ça. Elle voulait que je marche dans les pas de ma mère. Oui car Athéna Emerson avait été mannequin lorsqu’elle était enfant. Elle était admirée de tous jusqu’à ce qu’elle décide de rejoindre le clan des stylistes lors de ses dix-huit ans. Fini les podiums pour elle. Du moins, les podiums en tant que mannequin. Elle montrerait désormais ses créations mais l’amour rend parfois les choses compliquées. C’est ainsi qu’elle se trouva enceinte suite à une folle nuit née d’un coup de foudre.
Egerie ! Tu veux faire larmoyer nos lecteurs ou quoi ?! Arrêtes immédiatement de me lancer ce regard et sourit bon sang !
Alors je me suis exécutée, cachant mes sentiments pour jouer l’hypocrite. Mon métier d’actrice commençait donc à seulement dix ans …

Le dernier baiser échanger. Juste le dernier et j’étais libre. Enfin, les projecteurs se sont éteints, les caméras ont cessé de tourner et le clap de fin à retenti. L’épisode était bouclé, je pouvais enfin m’en aller. J’ai remis ma veste, suis montée dans ma voiture avec chauffeur avant de passer la porte de la maison. Une douce léthargie m’envahit alors que je m’asseyais sur le canapé devant la télévision où la série dans laquelle je joue, passait à la télé. J’allais changer de chaîne quand ma tutrice m’a donné une lettre. J’ai immédiatement reconnue l’écriture de ma mère. Fébrile, j’ai ouvert l’enveloppe avant de découvrir une petite feuille. Quelques phrases étaient écrites dessus. Pour moi, c’était déjà beaucoup. J’ai humé le papier qu’elle avait aspergé de son parfum, son odeur avant de déplier le feuillet et de parcourir rapidement les quelques phrases.
Chérie,
Je suis désolée de te l’apprendre comme cela mais je ne pouvais pas le faire avant, on m’en empêchait pour ne pas que tu quittes le Capitole.
Il y a huit ans, j’ai accouché d’une petite fille. On l’a appelé Idalia. Original n’est-ce pas ? Sache qu’elle a hâte de te rencontrer. J’espère que tu passeras un jour dans les Districts.
Je t’embrasse, ta mère qui t’aime.
Alors comme ça j’ai une sort. J’ai soupiré avant de me lever et d’aller boire un verre d’eau. Actrice, mannequin, qu’allait-il m’arriver encore ?

Les années ont passé et j’ai grandi. Trop vite, trop durement. Je ne vivais plus que pour le plaisir. Je n’ai jamais été tiré au sort des Hunger Games et j’en suis bien soulagée. Je n’aurais pas fait long feu dans cette foutue arène. D’ailleurs, depuis le jour où j’ai pu comprendre ces choses, j’ai détesté le Capitole. Mais ils étaient ma seule source de revenue alors que je faisais le boulot qu’ils ne voulaient pas faire. Et puis j’ai rencontré des personnes, j’ai couché pour avoir ma notoriété. J’ai été repérée, adulée et suis alors passée sur leurs écrans pour leur série et mannequin pour leurs habits. On m’aime ou l’on me déteste. De toute façon, ça a toujours été comme cela. Mais c’est tellement dur de jouer un rôle. Car je n’arrête pas de jouer. Je les hais pour leur cupidité, leur méchanceté envers ces jeunes et pourtant, je dois continuer de vivre là-bas. Pour faire vivre mes parents.