coyote vivian pritchett

featuring douglas booth © fydouglasbooth tumblr

NUMBER ONE .

NUMBER TWO .

NUMBER THREE .

« Tu peux pas t' casser, y pleut
Ça va tout mouiller tes ch'veux
J' sais qu' tu s'ras joli quand même
Mais quand même tu s'ras parti
Moi y m' restera à peine
Que ma peine et mon envie
De te coller quelques beignes
Et quelques baisers aussi »

Tu serres ta petite valise étroitement entre des doigts, l’air déterminé des beaux jours, ta menotte menue se pose sur la poignée branlante et mon cœur dérape. Dehors, il pleut, je crois même apercevoir quelques éclairs briser le ciel à travers les persiennes en chêne. Je soupire douloureusement et me penche vers ta petite tête blonde.

« You can’t go, sweetheart, it’s raining outside. »
«I don’t mind, mummy. I’m not scared. »

Un sanglot m’échappe comme beaucoup de choses ces temps-ci. Tu n’es pas effrayé, je le sais. Tu es un petit garçon très brave, mais maman a peur. Maman a tout le temps peur. Ton visage contrarié me toise et tu resserres un peu plus ta main sur la poignée. Tu m’ordonnes d’une voix impérieuse, qui sied si peu à tes traits enfantins, de cesser de pleurer et tu pousses la porte sans te retourner.

«Tu peux pas t' casser, je t'aime
A m'en taillader les veines
Et pi d'abord ça suffit
On s' casse pas à six ans et d'mi»

Je te rattrape par le col de ton blouson, celui à l’effigie des cerfs élaphes que ton père avait maladroitement assemblé. Leurs silhouettes s’effritent et les manches sont décousus, il commence même à être un peu petit pour toi, mais tu n’en as que faire… Tes grands yeux plein de larmes se posent sur moi, tes lèvres tremblent et mes entrailles se resserrent. Tu pousses des cris déchirants et m’implore de te laisser partir. Tes poings me tambourinent le ventre aussi fort que la pluie qui s’abat sur Panem, et mon cœur est en miette.

« Let me go! Daddy is waiting for me! »
«No, he’s not, Coyote. »
«Shut up! Shut up! Dadd .. Daddy … I’ll find my daddy! »
«Daddy is gone, he’s not coming back… I’m sorry, love. »
«Liar! »


Il avait fallu attendre que les saisons passent, que les blés deviennent dorés et que les marais s’assèchent pour que tu comprennes. Que tu comprennes que ton papa ne reviendrait pas. C’était un héros, tu sais, un de ces hommes que l’on aime pour toujours, un de ces hommes qui ne courbaient pas l’échine face à l’injustice, un de ces hommes qui faisait peur aux chiens galleux et aux bâtards sans foi. Je sais qu’il te manque. Même quand la faim te retourne les entrailles, quand le froid fait gercer tes lèvres, quand la poussière s’entasse dans tes poumons, ce n’est rien. Non, il n’y a rien de plus douloureux que « le manque de lui »… Les pacificateurs l’avaient emmené un matin d’octobre et il n’était jamais revenu. On l’avait exposé sur la place publique comme une bête de foire avant de l’exécuter lâchement. La gorge tranchée par son propre couteau de chasse, ces salauds aimaient l’ironie. Sa couronne de cheveux dorées avait était tachée de quelques gouttes pourpre et mon cœur était remonté au bord de mes lèvres… C’était cela la vie ici, c’était cela la mort aussi… Le désir de vengeance fait comme des cernes noires sous tes yeux orages, déchirant ta peau blême. Chaque moisson nourrie un peu plus ta colère et je te sens perdre la raison. J’ai déjà perdu un mari, je ne perdrais pas un fils. Non, tu ne seras pas le nouveau martyr de cette guerre sans nom. Je sais que tu es fort, que tu es brave, que tu n’as pas peur de faire couler le sang des lâches, mais dans mon cœur tu resteras toujours le petit garçon qui attendait son papa sous la pluie.

NUMBER FOUR .