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 J5 (17h) — festin (commun)

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Caesar Flickerman
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Caesar Flickerman
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MessageSujet: J5 (17h) — festin (commun)   J5 (17h) — festin (commun) Icon_minitimeDim 20 Nov - 22:44

79ème Hunger Games
" le festin "



Les jours se suivent et se ressemblent dans cette arène, chaque nouvelle journée apportant son lot de confrontations, de combats et de morts. L’effectif a considérablement baissé depuis le début de cette 79ème édition des Hunger Games, il y a cinq jours. Ils ne sont plus que huit tributs à espérer survivre à cet endroit et remporter la couronne de vainqueur. Huit tributs qui se veulent toujours plus méfiants au fil des jours et des événements, qui ne sont plus aussi déterminés à aller au combat qu’à leur entrée ici et qui préfèrent être discrets plutôt que de foncer tête baissée vers la mort si près du but. Un manque de spectacle qui déplait fortement au Capitole qui ne compte pas laisser les choses continuer ainsi. Le téléspectateur s'ennuie et les besoins des tributs permettent un timing parfait pour organiser le traditionnel festin qui se déroule chaque année à ce stade des Jeux. Souvent considéré comme le dernier pas avant la grande finale, le festin se voudra aussi meurtrier que le Bain de Sang de leur arrivée.

La Corne d'Abondance a été remise en état, rien n’indique qu’une poignée de jours plus tôt, le sang a coulé et les corps sont tombés, elle apparaît presque comme idyllique. Calme, verdoyante, une lueur d’espoir dessinée par les sacs disposés sur une table au centre de la clairière, tous estampillés d’un numéro propre aux tributs à qui ils sont destinés. Dans ses sacs, les éléments nécessaires pour les tributs afin de survivre quelques jours de plus. Car la faim, la soif, la fatigue, mais surtout la maladie ne cessent d’être de plus en plus handicapants au moment où chacun a besoin de toutes ses forces. Certains voient leurs jambes flancher sous leur poids, d’autres luttent contre une infection du sang, mais une chose est certaine : tous ont besoin du contenu de leur sac.

Mais l’événement n’en serait pas un si les Juges ne décidaient pas d’en faire un spectacle afin de rattraper l’ennui ressenti par le spectateur depuis quelques heures. Les tributs n’ont eu d’autres choix que de se rendre au festin, piégés par des murs invisibles sortis de terre peu importe la zone dans laquelle ils se trouvaient, les dirigeant inévitablement jusqu’à la Corne d’Abondance. La tranquillité regagne les lieux pendant quelques instants, laissant ainsi le temps à chacun d’arriver. Mais le danger n’est jamais loin et bientôt les tributs font face aux mutations ayant remporté le plus de succès auprès des téléspectateurs. Il y a tout d’abord cet alligator capable de se dresser sur deux pattes et d’avancer au même rythme qu’un être humain, dont les dents acérées réclament du sang. Il y a aussi ce croisement entre un tigre aux dents de sabre et un loup, enragé et prêt à bondir sur les tributs. Il y a également ce cerf aux bois couverts de barbelés qui est prêt à charger nos malheureux. Comptons également sur cet ours à la démarche humaine et à la soif de sang. Et enfin, alors que les tributs se pensaient déjà suffisamment en danger, le cavalier sans tête craint par certains, apprécié par d’autres, fait son apparition et cette fois-ci, personne ne sera épargné.

Car il n’est pas seul. Derrière lui, quatre compagnons, avec des têtes cette fois-ci, mais aussi et surtout des chevaux de couleurs différentes. Un blanc, un noir, un rouge et un verdâtre se dressent fièrement autour du cavalier sans tête. Leurs propriétaires possèdent évidemment des armes et l’on peut distinguer un arc, une balance, une épée ou une faux. Une représentation pas si éloignée de la réalité pour quiconque comprendra le sens de ces mutations.

Une chose est certaine, le festin n’est pas l’endroit où les tributs souhaitent se trouver, mais les murs invisibles continuent de les retenir ici, sans possibilités de s’échapper, à moins d’offrir au Capitole ce qu’il veut. Et de peut-être récupérer ce sac tant espéré, en second plan.

La voix de Claudius Templesmith résonne et ses paroles, bien que simplistes, n’ont jamais été aussi appropriées.

Bonne chance.

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Andro P. Graham
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MessageSujet: Re: J5 (17h) — festin (commun)   J5 (17h) — festin (commun) Icon_minitimeSam 26 Nov - 20:46

    " - Qu'est-ce que... ? ".

    Andro cligna plusieurs fois des yeux. Tout cela ne pouvait pas être réel. Il était en train de rêver, non, de cauchemarder. Il voulait se réveiller, chez lui, au District 7. Il rejoindrait son meilleur ami Boyle dans la forêt après avoir couru longuement à travers celle-ci. Ils discuteraient, allongés sous un arbre en riant à gorge déployée. Tout cela ne pouvait être qu'un rêve. Non, ce n'est pas un rêve. Ses doigts glissèrent dans la main d'Eurydice et s'entrelacèrent avec les siens. Il ne se réveillerait pas. Il était bien dans l'arène. Il tourna lentement la tête vers sa co-tribut tandis que les parois se resserraient autour d'eux. Des parois invisibles qui les oppressaient. Ils devaient courir, fuir cet endroit. Un chemin semblait se dessiner devant eux. Il jeta un bref coup d’œil à côté, vers Evkjaä et Joshua. Malgré tout ce qu'il s'était passé, ce qu'ils avaient vécu ensemble, Andro avait toujours autant de mal avec ces deux-là. Eurydice leur faisait confiance, pourtant... Avant tout, la protéger elle. Les autres, plus tard. Ses sourcils se froncèrent. Ils n'avaient pas d'autre choix que de suivre ce chemin :

    " - On a pas le choix. Faut y aller. ".

    A nouveau, son regard croisa celui de la jeune fille blonde. Fais-moi confiance, s'il te plait. Tu dois t'en sortir. Je ferais tout pour que tu t'en sortes. Sa main se resserra dans la sienne, il inspira profondément et souffla :

    " - On court ! ".

    Pas une minute à perdre ; il se mit à détaler aussi vite qu'il le put, tenant fermement Eurydice contre lui. Les autres suivaient, sûrement, il n'en était pas sûr : il ne regardait pas derrière lui. Ses yeux fixaient le chemin tout tracé qui les menait tout droit vers la Corne d'Abondance. C'était une blague, n'est-ce pas ? Le festin, déjà ? Les sacs... En plissant les yeux, ils pouvaient les voir. Ils en avaient terriblement besoin... Mais son cœur s'emballa et comme si ses sens le lui murmuraient, il s'arrêta d'un coup, manquant de tomber tête la première. Ses pas s'étaient encrés dans le sol. Il grimaça : des mutations plein la Corne, ils ne pouvaient pas passer. S'il courrait vite, il devait prendre en compte Eurydice et ne pouvait la laisser derrière. Ce n'était pas faisable. Il n'avait pas lâché sa hache, dans son autre main. Sa hache suffirait-elle ? Pas sûr. Les mutations étaient trop nombreuses.

    Ses yeux s'ouvrirent en grand lorsque, progressivement, le reste des tributs apparut à la Corne. De loin, il voyait Ivory et Quinn. Il y avait aussi la fille du D4, Siwan. Et la fille du D8 aussi ? Ils n'étaient plus que huit, l'étau se resserrait. Eurydice... Pas sûr que j'y arrive... Il se mordit la lèvre :

    " - Eurydice. Tu me fais confiance ? On va s'en sortir. Tu vas t'en sortir. Ça va aller. ".

    Il s'avança d'un pas lent vers les sacs, regardant tout autour de lui. Les ennemis étaient partout à la fois. La moindre erreur pouvait leur être fatale. S'ils voulaient s'en sortir, ils devraient travailler ensemble pour combattre les mutations mais en regardant le visage déterminé des tributs du District 4, pas sûr qu'ils aient envie de coopérer...


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Eurydice Rowenark
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MessageSujet: Re: J5 (17h) — festin (commun)   J5 (17h) — festin (commun) Icon_minitimeJeu 1 Déc - 23:32

79th HUNGER GAMES, JOUR 05
FESTIN (CORNE D'ABONDANCE)


Le ton joyeux qui animait Claudius Templesmith avait quelque chose de presque morbide, compte tenu des circonstances. Il les envoyait à la mort, même Eurydice et sa naïveté n'étaient pas suffisamment dupes pour ne pas s'en rendre compte, et tandis qu'Andro attrapait sa main et annonçait « On a pas le choix. Faut y aller. » avec détermination, la frêle blonde n'avait pu s'empêcher de songer que c'était là, c'était la fin. Il faudrait bien qu'elle meurt un jour ou l'autre, on ne retardait pas l'inévitable et personne au district sept, pas même les rares qui avaient un tant soit peu d'affection pour elle, n'auraient espéré la voir encore debout et vivante au bout de cinq jours. C'était déjà beaucoup, c'était déjà énorme ... c'était le mieux qu'elle pouvait espérer, sans doute. Alors elle allait mourir, aujourd'hui. Mais au moins Andro serait avec elle, et Eurydice se disait que peut-être mourir serait moins terrifiant si le jeune homme n'était pas loin. Joshua et Ev étaient là eux aussi, la tribut du douze et elle étaient finalement parvenues à se sortir du pétrin dans lequel elles s'étaient mises, non sans quelques bobos, mais pas suffisamment meurtries pour ne pas parvenir à revenir sur leurs pas et retrouver le duo de garçons. Et aujourd'hui ils étaient là tous les quatre, à nouveau, maintenant cette impression illusoire d'une alliance qui pourrait durer toujours alors que le nombre de tributs diminuait, et que l'étau se resserrait.

Agrippée à Andro Eurydice avait couru, l'habitude qu'avaient pris ses jambes à courir depuis ces cinq jour aidant à contrer les blessures susceptibles de la ralentir. Elle avait froid, elle avait faim, mais ces choses-là elle y était habituée et elle savait en faire abstraction, en se répétant que cela ne durerait pas ... et cela ne durerait pas. C'était soit mourir, soit ne plus jamais avoir à se soucier de la faim. Les Hunger Games se résumaient à cela, au fond. Tambourinant à tout rompre dans sa cage thoracique, son petit coeur avait fait un bond plus important que les autres en reconnaissant la silhouette blonde et élancée d'Ivory se dessiner à l'autre bout de la corne. Elle avait pleuré lorsqu'il les avait quittés Andro et elle, bien sûr, persuadée qu'elle ne le reverrait jamais ... et il était là, maintenant. Les autres tributs étaient là eux aussi, le duo sanguinaire - et terrifiant - du district quatre, mais aussi Daisy qu'Eurydice avait prié de toutes ses forces ne jamais recroiser. Huit tributs. Il ne restait plus qu'eux, avec d'un côté les favoris et de l'autre les outsiders, ceux que l'on attendait pas ... ceux dont l'aventure s'achèverait ici, sans doute.

Et puis des mutations, partout, qui semblaient battre le sol avec violence pour se donner la force nécessaire avant de charger. Sa main se crispant autour des doigts d'Andro en apercevant l'alligator, se rappelant aussitôt l'état dans lequel elle avait retrouvé Joshua après sa rencontre avec l'animal, elle avait murmuré d'une voix étouffée « Je croyais que vous l'aviez mangé ... » à l'intention de Joshua et Ev. Pourtant, ce n'est qu'ensuite qu'elle s'était étranglée de terreur en tournant la tête vers les cinq cavaliers dont les montures, battant le sol de leurs sabots, hennissaient avec impatience « Eurydice. Tu me fais confiance ? On va s'en sortir. Tu vas t'en sortir. Ça va aller. » Non, ça n'irait pas, peu importe qui et comment la verdure de la clairière serait bientôt noyée du rouge de leurs entrailles, peut-être pas celles des trois carrières, peut-être pas celles d'Andro qui valait bien un carrière lui aussi ... Mais il n'y avait qu'eux. « Andro ? » Son autre main était remontée furtivement jusqu'à l'épaule, puis jusqu'au visage de son co-tribut « T'es le meilleur co-tribut qu'on puisse espérer. » Elle n'était pas certaine de pouvoir le lui dire ensuite. Et cela pouvait sembler ne pas être le moment, mais ce serait peut-être le seul et unique « Merci. » Allant murmurer à son oreille, elle avait déposé un baiser sur le bas de sa joue, presque à la commissure de ses lèvres, et glissé à nouveau sa main dans celle du jeune homme. De l'autre elle tenait toujours le morceau de bois mort qu'elle avait utilisé pour achever le renard qui l'avait mordue la veille. Un bout de bois sans la moindre utilité, qui ne la protègerait de rien, mais un bout de bois auquel elle se raccrochait comme à sa seule arme, tandis que l'un des loup semblait hurler à la mort.
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Joshua G. Wheatfield
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MessageSujet: Re: J5 (17h) — festin (commun)   J5 (17h) — festin (commun) Icon_minitimeVen 2 Déc - 19:52

► TOUS, LA MORT, ET JOSHUA
VOLUME VI, CHAPITRE 03 (JEUX, JOUR 05 ~ CORNE D'ABONDANCE

C’était la plus belle nuit. Oui, c’était la plus belle nuit. La plus belle nuit que les tributs ont pu passer dans l’arène. Ils étaient blessés. Tous étaient blessés. Aucun n’avait pu avoir l’idée ni le courage de se lever dans l’obscurité pour chasser l’autre ; le Capitole n’avait pas bougé. Alors tous, ils ont pu dormir, ne pas faire un seul mouvement, n’invitant pas leurs blessures à faire des piqûres de rappel de leur présence. Joshua a mal. Mais il a fallu se lever. La douleur a pris, même avec la trousse de secours, même avec le gain des sponsors. Ce que le garçon n’a pas osé dire, c’est que son flan le lançait : il accusait la plaie de s’infecter. Mais il ne fallait pas le dire. Non, personne ne devait le savoir. Quand il se leva, ce matin, il regarde, en détachant sa combinaison. Il ne voulait pas le dire à Ev pour ne pas qu’elle s’inquiète. Il ne voulait pas le dire à Eurydice pour ne pas qu’elle hurle. Il ne voulait pas le dire à Andro pour ne pas qu’il en profite. Oui. Joshua apprécie Andro. Mais Joshua, ce qu’il sait, ce à quoi il pense, maintenant, c’est le nombre de joueurs restants. Il les a comptés, sur ses doigts, à minuit passé. Il regardait le ciel, et il déglutit doucement, calmement ; secrètement.
Joshua connaissait le festin : parce que tout le monde connaissait le festin. Lorsque le Capitole s’ennuie, lorsque les joueurs ne sont plus aussi nombreux, il faut une effusion de sang. Alors, souvent, on oblige les tributs restants à se rendre à la Corne d’Abondance en échange d’un cadeau. Ca a toujours été comme ça. Ils arrivent, certains restent cachés, ils attendent, et ils tuent. Mais cette année n’était pas comme toutes les autres. Lorsque Joshua marchait pour rejoindre les autres, son front se heurta à un mur. Il était invisible, ce n’était pas un mur.

Maintenant ils marchent, tous les quatre. Quelque chose les entraîne quelque part. Et lorsque l’un comprend le mot « festin ». Lorsque l’autre comprend qu’ils sont tous obligés de s’y rendre. Lorsque tous comprennent que rien n’est normal ; tous panique. Pourquoi ? Parce que s'ils étaient quatre à être dirigés vers la corne d’abondance, il y avait trois dangers : le premier c’est qu’ils soient amenés tous les quatre dans un enclos pour qu’un seul en sorte vivant ; le deuxième c’est que les premiers arrivés à la Corne seront en terrain gagnant ; le troisième c’est que huit tributs se retrouvent tous au même endroit et ils auront, non pas un unique festin, mais un deuxième bain de sang.

Andro les a fait courir. Pour lui, c’était manifeste au moment de l’apparition du mur : le deuxième danger était le principal. Et au moment où l’odorat de Joshua s’est éveillé, son petit instinct, il freina sèchement et posa sa paume contre la barrière invisible, bloquant la course d’Ev, juste derrière lui. Il l’attrape par l’épaule. Sa main se serre contre la nuque de son amie. « Alliés ? ». Il la secoue. « Alliés !? » Il le sait, lui, que le premier danger est le plus important. « Ev, alliés ? Dis-le-moi. S’il te plait. Je dois savoir. Alliés ? » Oui, Joshua aime Eurydice. Il l’aime bien. Mais il sait qu’Andro devient un des plus grands dangers. Et la seule en qui il peut – il veut – avoir confiance, c’est son amie. Son amie Evkjaä.

Oui, lorsque son regard se pose sur la Corne d’abondance, qu’il perçoit toutes les mutations, tous les tributs. Il serre son poing. Le danger numéro trois est ici.

Spoiler:


Dernière édition par Joshua G. Wheatfield le Sam 3 Déc - 11:42, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: J5 (17h) — festin (commun)   J5 (17h) — festin (commun) Icon_minitimeSam 3 Déc - 9:54


Tu regardais les étoiles, pendant la nuit. T'avais chuchoté des histoires à Josh et Eurydice et Andro pour qu'ils s'endorment, mais surtout à Josh. Tu racontais des moments du district et de votre maison sur pilotis dans la neige, au milieu des arbres et près des mines, là où des renards venaient parfois co-habiter avec ta mère et toi. Tu te rappelais les chansons des montagnes que les hommes sifflotaient en revenant du travail. Tu te rappelais qu'au fond, t'étais nostalgique d'un lieu qui te serait interdit. Tu gardais le regard rivé sur la lune (si belle, ronde et lumineuse, heureuse d'être une lune et pas une humaine), pour cacher les larmes qui coulaient sur tes joues. Des ombres chinoises en paroles, essayant d'être la plus fidèle possible aux images que tes nouveaux alliés ne connaîtraient jamais, de près ou de loin. Il était lourd, ton coeur, ton gros coeur artistique qui inventait des poèmes et qui parfois les mélangeait avec la réalité. Tu savais pas pourquoi, mais cette nuit-là, t'étais certaine que t'allais devenir de la roche et te transformer en veine. Ne faire qu'un avec la mine, là-bas. La peur te mangeait le ventre.

T'étais qu'une enfant. Une gamine comme les autres, avec sa petite part de pas-comme-les-autres, en marge mais intégrée. Ça paraissait si facile dans la théorie, or dès les premiers coups de canon ton illusion s'était désagrégée tranquillement. Tu voulais pas tuer ces gens-là, ceux qui dormaient avec toi, et encore moins te faire tuer aussi tôt alors que t'étais même pas encore formée comme les autres de ton âge. Eurydice, elle était plus futée qu'elle n'y paraissait en fait, et ça se tenait dans son imagination enfantine qui te faisait sourire parce que tu l'enviais. Andro il était fort et solide comme un roc, grand, imposant, mais il savait rire et tu l'avais surpris une ou deux fois. T'étais certaine qu'ils étaient amoureux. Sauf que c'était l'Arène, et les conventions du Capitole disaient que si on devait aimer l'amour, ici, on devait le faire mais en jeu. T'aurais aimé plus les connaître, découvrir qui ils étaient réellement et plus encore. Voir qui ils allaient devenir plus tard et plus loin encore.

Et surtout, t'aurais aimé connaître plus longtemps Josh. Au fond, qu'est-ce que tu savais vraiment de lui, hormis qu'il était courageux et intelligent ? Tu savais ce que l'Arène faisait naître en lui, et c'était bien, mais tu voulais savoir tout le reste. Est-ce qu'il aimait la musique ? Manger ? (en même temps, qui n'aimait pas manger ?) Comment s'habillait-il, en dehors du district ? Tu te juras de lui demander tout ça le lendemain, avant que tout le monde meure et que la fin du monde fasse sonner ses trompettes.

Au fond, tu savais même pas qui t'étais. T'étais un patchwork d'idées mélangées, un personnage esquissé sur une feuille de papier à la va-vite qui n'avait pas vraiment de thème musical. Tu sentais les identités fortes autour de toi, les gens dont l'essence était concentrée, et tu restais fascinée par leur assurance. T'étais même pas vraiment une gamine, au fond. T'étais une moitié. Alors tu fis une liste, rien que pour voir. J'aime ce qui est indomptable.

La chaleur du soleil dans le pré, et courir dans la forêt près du district. Te glisser là où t'étais pas supposée aller, un fantôme qui regardait les gens vivre leur vie, mais de loin. Des fois tu leur souriais, tu leur demandais leur histoire et tu écoutais la chanson qu'ils étaient.

Sur cette pensée, tu t'endormis.

***

Les murs se rapprochaient, couteau acéré autour de votre gorge égratignée. Tu courais comme les loups, en poussant des cris de rage quand la douleur te faisait pleurer en essayant de ne pas trop déranger le silence. Puis, ce fut la marche, longue et triste au milieu des brindilles malveillantes d'arbres mal-aimés. Tu retiras tes lunettes de protection de ton front, exaspérée. Et les laissa sur le sol, absorbée par un mur qui ne concernait que les cellules animales (et pas celles dans lesquelles on mettait les prisonniers, par exemple). Ta respiration était sifflante, mais trop sifflante. Les autres le remarquaient sûrement pas. Tes poumons étaient bien, bien pire qu'avant.

La peur, omniprésente, avait bâti le corps que t'avais emprunté à la Evkjaä du futur.

Tes jours étaient comptés. C'était trop terrifiant pour que tu le tisses dans des mots, alors personne savait vraiment ce qu'il en était. De l'eau semblait monter vers ta gorge, et tu sentais que t'avais jamais assez d'oxygène. Comme si tu te noyais de l'intérieur, ou quelque chose comme ça. Amen.

Pendant un instant, le piano poussiéreux sur lequel tu jouais des fois (très souvent), chez l'antiquaire, te revint à l'esprit. Ses notes discordantes, des fois inexistantes, pareilles à ton souffle manquant.

T'avais craché noir et puis pleuré, ce matin.

Les autres blessures étaient jalouses. Aucune arrivait à te faire chier vraiment, c'était que ta gorge et tes poumons ta cage thoracique qui avait l'air en feu. Et le feu, il brûlait et sa fumée te gobait ; et ça avait rien à voir à la pipe à tabac que tu fumais de temps en temps pour ressembler à un monsieur distingué. Ça faisait vraiment mal.

Et puis ce foutu Festin. C'était la première fois dans les Jeux qu'une alliance avait l'air aussi proche, selon toi. En tout cas, tu l'avais décidé. La véritable histoire te paraissait futile, parce qu'à moins que tu survives à tout ça (haha), la vraie vérité perdait son sens. Tu pouvais décider que Josh était en fait un prince de la forêt, personne pouvait vraiment t'obstiner sur le sujet. D'ailleurs, t'avais pas eu le temps de lui poser tes questions et d'être heureux ensemble pendant quelques secondes. Le Festin.

Vous étiez plus que huit, et à huit, les reporters venaient d'un peu partout pour faire des reportages sur vous tous. Tu te sentais mal à l'aise qu'on s'infiltre comme ça chez la famille Nobody que vous étiez. Qu'est-ce qu'ils voudraient bien savoir ? Oh, peut-être que Norbert, ton poulpe, pourrait leur raconter des bonnes blagues.

Tu réalisas que t'avais pleuré tout le long. Arrêtez votre drame, larmes, tu leur expliquas, sans succès. Elle rouspétèrent en redoublant d'ardeur. Tu réalisas ce qui était en train de se passer : vous alliez vous battre contre d'autres tributs, voire vous retrouver les uns contre les autres, et vous étiez vraiment pas en état pour ça.

Tu partis dans une violente quinte de toux, dans ta manche (sur une tache de sang) pour pas que le noir paraisse trop. On va pas être nous quatre, à la fin, tu réalisais.

Et là, tout alla si vite.

Le mur redoubla d'ardeur, et immédiatement le monde sembla s'écrouler contre toi. Bientôt vous étiez en train de courir à nouveau, esseulés par la brasse d'une mer imaginée. La panique te crispait, la douleur s'oubliait ; mais l'angoisse t'arrachait la gorge à grands coups de dents. Mal à la tête. Mal au coeur. Mal au corps. Mal à l'âme.

Josh t'arrêtas subitement, alors que tu devenais une théière prête à usage (au moment où elle crie, vite, faut la vider ou elle pense qu'elle va mourir), te retournant et te prenant par la nuque. Tu voyais rien, t'entendais rien. T'étais malade, le Festin s'approchait, et là-bas c'était peut-être la mort et peut-être qu'il y avait des loups partout autour ?

"Alliés ?".

Tu fus secouée de toute part, un tremblement de terre qui partit des pieds et monta au ciel. Tu paniquas encore plus.

"Alliés !?".

Là-bas, les monstres se rassemblaient. Une armée. Une armée contre eux, pour rien d'autre que la haine et la destruction.

Mon dieu, on va mourir par poignées.

"Ev, alliés ? Dis-le-moi. S’il te plait. Je dois savoir. Alliés ?".

"Alliés."

T'aurais pu dire mais bien sûr ! ou encore haha, fous "à lier" haha, "alliés, à lier" mais tu sentais qu'un seul mot serait plus solide encore. Tes yeux vitreux faisaient leur possible pour être solides. T'essayas de te contrôler. Il le fallait.

Tu tiras ton couteau et lui sourit, à Josh. Mais ça paraissait que ça, c'était un mensonge et qu'en fait, t'avais pas du tout envie de sourire à personne.

Bientôt, les monstres au loin ne furent plus si loin. Eurydice vous demanda si vous aviez bel et bien buté l'énorme homme crocodile qui se dressait parmi l'armée de mutations. "On l'a bien tué, oui," tu t'inquiétas. Mais les autres, les dizaines d'autres monstres qui vous encerclaient presque (sauf qu'il y avait les murs, bien sûr ! t'avais envie de pleurer encore et d'inonder l'Arène.), étaient parfois bien plus menaçants. Surtout eux. Les cavaliers.

Et t'aimais les histoires, chantées ou racontées ou écrites. Tu lâchas un couinement horrifié en les reconnaissant.

"Guerre. Famine. Pestilence. Mort."

Les rares couleurs quittèrent ton visage.

"Je vous présente les cavaliers de l'Apocalypse."


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Quinn H. Liddell
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MessageSujet: Re: J5 (17h) — festin (commun)   J5 (17h) — festin (commun) Icon_minitimeVen 9 Déc - 21:17

LA CORNE D'ABONDANCE - JOUR 5 (17H)
79TH HUNGER GAMES


Cette nuit, le ciel artificiel de l'arène ne m'avait jamais paru aussi vide. Là, allongé à même le sol, incapable de faire autre chose que regarder l'immensité de la technologie dans laquelle nous étions prisonniers. L'arène, cette démonstration même de la puissance du Capitole. Un Capitole pour lequel j'y avais consacré toute ma vie, je commençais bizarrement à éprouver des difficultés à me rattacher à ma foi. Toutes ces années d'entraînement pour qu'au final, rien ne se passe comme je l'aurais voulu. C'était ça, les jeux: il fallait jouer avec l'imprévisibilité. Faire des surprises une grande force. Cette capacité d'adaptabilité, je devais l'acquérir au fur et à mesure que les jours se suivaient dans l'arène. Mais rien ne se passait bien pour moi. Absolument rien. La retransmission des morts n'eut pas l'effet escompté sur moi. Avec cette immense vague que je m'étais pris sur la figure et dont j'avais pu sortir étonnamment vivant, je m'attendais au moins à ce que l'autre connard du district un y passe. Mais non. C'était la gamine du trois qui avait péri. Pauvrette. Elle qui n'avait rien demandé, qui chialait rien qu'à l'idée de devoir tomber sur les deux gars les plus dangereux de l'arène... Je clignai des yeux, remontant ma main sur mon torse qui était en train de cicatriser. Je pouvais dire merci à mes sponsors, le parachute argenté que j'avais reçu au bord de la rivière m'avait beaucoup servi. J'étais pas mal amoché par la colère d'Ivory tout à l'heure. L'imprévisibilité, lui il l'avait domptée. Raison de plus pour le haïr davantage, ce monsieur parfait. Mais bientôt, il allait comprendre qu'il ne pouvait pas faire autrement que de devenir comme moi, car être carrière ne pouvait signifier qu'une chose: nous étions condamnés à tous devenir des monstres.

Les rayons du soleil me sortirent de mon léger sommeil qui avait été ponctué par des pics de douleur en pleine nuit. Mon corps était endolori, et mes plaies étaient à peine cicatrisées. Je ramenai mon arc contre moi - dieu merci je ne l'avais pas perdu avec la vague - et je m'aidai de ce dernier pour me lever. Mes jambes tremblaient un peu sous l'effort, il me fallut m'appuyer sur le tronc d'arbre sur lequel je m'étais assoupi pour la nuit. J'avais un peu des vertiges, à cause du combat d'hier. Ivory n'avait pas relâché ses coups sur mon visage. J'avais les joues encore un peu boursouflées. Je passai le revers de ma main contre mes lèvres coupées, avant de m'abreuver d'un peu d'eau au bord de la rivière. Je ne devais pas trop faire le fier aujourd'hui, il fallait que je me repose en priorité, mon corps atteignait ses limites. Mais avec l'arène, rien ne se passait comme je le voulais. La preuve: à peine avais-je pris la direction opposée de la corne pour me réfugier plus loin, un mur invisible me stoppa en pleine progression et je compris automatiquement les intentions des juges. « C'est le fameux jour, n'est-ce pas ? » fis-je à moi-même, me doutant évidemment que personne ne me répondrait. Ce fameux jour, c'était le festin. L'annonce de Claudius un peu plus tard me confirma mes doutes. Putain, la poisse. Je ne savais pas si j'étais suffisamment apte pour me confronter aux autres tributs. Je pris la route vers la corne d'abondance, forcé à cause des murs invisibles, jusqu'à ce que l'îlot apparaisse devant moi.

Nous étions attendus par cinq cavaliers de malheur. Je m'étais déjà frotté à l'un d'eux, et croyez-moi que je n'avais pas DU TOUT envie d'y retourner. Mais la vue du sac avec l'immense quatre de cousu sur le dessus me fit comprendre que c'était exactement ce dont j'avais besoin si je voulais guérir plus vite. Qui savait ce qu'il y avait dans ce sac ? Des médicaments, des vivres, tout ce qui pourrait me permettre de me rétablir correctement. La décision fut rapide: j'irais à la corne d'abondance, et je récupérerais ce sac. Dès lors, je commençai à réfléchir à une stratégie pour contourner les cavaliers, mais aussi les tributs. Le sac était bien évidence à l'entrée de la corne. Peut-être qu'en arrivant par derrière, je pourrais me faufiler pendant que les autres seraient occupés...? Je devais y croire, du plus fort que je le pouvais. Je mis donc à exécution mon idée qui me semblait la plus sûre pour moi. Je trottinais plus que je ne courais, j'étais affaibli. Mais j'essayais de garder le plus de discrétion possible. Pour l'instant, personne ne m'avait vu. Et alors que l'arrière de la corne se profilait devant moi, je vis sur le côté les premiers tributs faire leur apparition. Là, caché entre des buissons et des arbres épais, je les épiais. Silencieusement. Pour l'instant à l'abri, je devais néanmoins ne pas perdre de vue le sac. Après tout, Siwan était toujours en vie, et il était hors de question qu'elle s'en empare à ma place. Et c'était triste à dire, mais j'étais prêt à la tuer pour ce sac. Comme quoi, aucune vie n'était plus précieuse qu'une autre.
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Ivory Edenthaw
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Ivory Edenthaw
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J5 (17h) — festin (commun) Vide
MessageSujet: Re: J5 (17h) — festin (commun)   J5 (17h) — festin (commun) Icon_minitimeMer 21 Déc - 21:21

LE FESTIN, J5, 17H
79TH HUNGER GAMES


— Pearl ! Il hurle une première fois, alors qu’il abandonne Quinn pour se précipiter vers l’enfant. Pearl ! Il continue, plus fort, pour attirer l’attention de la petite, tandis que son regard ne se focalise pas sur celle-ci, mais sur l’énorme vague derrière elle qui est prête à l’engloutir. Celle-ci se rapproche, toujours plus haute, toujours plus inquiétante. Il oublie tout le reste. Il oublie Quinn, qu’il a laissé étendu sur la plage après l’avoir frappé à ne plus sentir ses mains. Il oublie les caméras et la faiblesse dont il fait preuve devant elle en se précipitant vers cette petite condamnée à mourir dès que son nom fut pigé. Il en oublie surtout la douleur, sa douleur, celle qui l’empêchait de marcher sereinement il y a quelques heures. Il en oublie les plaies, les fractures, la fatigue, sa faiblesse musculaire. Il oublie tout, porté par l’adrénaline alors qu’il accélère encore plus pour atteindre la jeune fille alors que la vague s’apprête à la faire disparaître. Au dernier moment, il parvient à saisir sa main de justesse, alors que leurs pieds quittent le sol et qu’ils se retrouvent portés par l’eau les ayant encerclés. Il tente de rapprocher l’enfant de son corps pour l’envelopper dans ses bras, mais il ne parvient pas, l’eau bougeant bien trop et il parvient déjà difficilement à conserver sa main dans la sienne. Le regard de peur que lui adresse Pearl l’empêche de céder à la faiblesse de lâcher la gamine, alors qu’il en oublie Quinn. Il n’en vient pas même à souhaiter que celui-ci se noie, ayant complètement oublié son existence pour se focaliser uniquement sur Pearl. C’est stupide, se dit-il toutefois durant un instant. C’est stupide de vouloir sauver cet enfant condamnée à mourir, quitte à risquer sa propre vie. Mais c’est encore plus stupide de laisser une gamine mourir sans rien tenter. C’est le jeu, pourtant, mais il ne peut pas. Parce que cette gamine, ça pourrait être Ferne. Et que malgré le désamour que celle-ci lui porte, c’est sa sœur. Et il ferait tout pour la protéger. Pearl est la sœur de quelqu’un, la fille d’une mère, il ne peut pas l’observer mourir. Parce qu’il n’est pas ainsi, Ivory. Il aimerait l’être, mais il ne parvient pas à éteindre sa conscience et à devenir l’être sans cœur qu’ils veulent qu’il soit.

Sa main peine à retenir celle de la petite alors que les vagues les renversent encore et toujours. Il se retrouve parfois de longues secondes la tête sous l’eau, son corps est devenu quasiment insensible de par la température glaciale de l’eau, ses muscles se relâchent, mais sa main, elle, tente toujours de retenir la jeune fille, avec difficulté. Elle glisse un instant, il finit par rattraper Pearl par les doigts, tentant vainement de se saisir à nouveau de sa paume ou, mieux, de son poignet. Mais elle glisse, toujours plus, toujours plus lentement et la panique gagne la jeune fille qui ne tente plus de s’accrocher à lui. Les vagues se font toujours plus violentes, ils sont toujours plus secoués dans ce carré invisible dans lequel les juges les ont enfermés tous les trois, et Ivory commence à suffoquer à forcer d’avoir la tête sous l’eau, à force de tourner encore et encore dans cette prison de quelques mètres carrés. Sa main s’accroche, encore, encore… et elle finit par définitivement glisser. Il secoue son bras dans l’eau, agite ses doigts, mais il n’y a plus rien au bout. Il cherche du regard, il essaie de plonger alors que son corps ne demande que de l’air. Et quand il parvient enfin à contrer les vagues pour observer le fond de l’eau, le coup de canon éclate.

Sa main cherche, s’accroche au sable et il se réveille en sursaut. Le cœur battant, il observe le sommeil apaisé de Siwan (qui contraste avec son tempérament de tornade) et se calque sur sa respiration pour se calmer, petit-à-petit. Pearl est morte. Malgré tous ses efforts, il n’a pas réussi à la retenir. Malgré tous ses efforts, Quinn a eu ce qu’il voulait.
Le tribut du un n’a toutefois pas le temps de se calmer bien longtemps, puisque bientôt une annonce se fait entendre dans l’arène, réveillant son alliée (ou est-ce son ennemie ?) par la même occasion. N’accordant pas un regard à Siwan, il se concentre sur le ciel et les informations qui résonnent dans leur prison grandeur nature.
Le festin. Il l’avait presque oublié, celui-ci. Pourtant, il a besoin de s’y rendre. Son état devient de plus en plus préoccupant à mesure que les heures passent. Il ne parviendra pas à sortir d’ici vivant s’il ne fait rien pour arranger sa situation. Mais peut-être qu’il ne le souhaite pas, tout simplement.
Il sort les derniers biscuits de son sac ainsi que sa gourde à moitié remplie et il partage son maigre festin avec Siwan. Ils doivent reprendre des forces, c’est important. Ils auront d’autres occasions de retrouver de la nourriture. Siwan, surtout. Cette dernière s’absente quelques instants et Ivory en profite pour glisser sa trousse de secours et sa machette dans son sac. Il peine encore à le réaliser, à l’admettre, mais il sait qu’il n’en aura plus besoin.

Ils se mettent en marche jusqu’au point de rencontre. Ivory ne dit mot, restant silencieux, fixant parfois ses phalanges teintées de violet et boursouflées. Le signe que Quinn n’a pas seulement remporté la mort de Pearl, mais également ses valeurs. Il ressert celle-ci, sent un picotement l’envahir. Un picotement nécessaire, pour qu’il se souvienne de ce qu’il est devenu. Tout ce qu’il déteste. Il a essayé de sauver Pearl, mais ça ne suffit pas à effacer la rage et la haine qu’il a ressentie à l’encontre de Quinn. Mais plus que tout, ce désir vital de le tuer.
Il soupire. Il se rapproche de la corne d’abondance, et son plan se dessine dans sa tête. Il n’est pas prêt. Il ne le sera jamais. Mais c’est nécessaire.
Ils y arrivent finalement et du haut de son talus, Ivory observe les autres, un peu en avance sur eux puisqu’ils s’approchent déjà de leurs biens tant désirés.
Il jette un coup d’œil à Siwan. Elle va être surprise, probablement. Elle va lui en vouloir, c’est certain. Peut-être qu’elle comprendra. Peut-être qu’Eurydice comprendra aussi. Et Andro. Peut-être Joshua, aussi. Mais au fond, il sait que seul lui comprend. Que seul a compris là où les autres s’interrogent encore. Il en a la preuve alors qu’ils foncent tous, tête baissée, armes en avant, au centre de la Corne et que lui, il reste en retrait. Plus près des mutations qu’il ne le devrait. Siwan s’apprête à rejoindre les tributs, il la retient par le poignet. Il ne dit rien, l’observe un instant et presse ses lèvres à la commissure des siennes. Un instant, bref, avant que sa nature ne reprenne le dessus et qu’il désigne la corne d’un signe de la tête, s’avançant de quelques pas alors qu’elle détale en le laissant derrière, lui qui s’est arrêté après l’avoir incitée à rejoindre le combat. Peut-être qu’il veut qu’elle ait les mêmes chances que lui. Ou peut-être qu’il veut simplement l’emmener avec elle.

Il observe, quelques instants, s’assurant que chacun soit suffisamment prêt de la table du festin pour se décider à avancer. Il fait quelques pas, mais plutôt que de se diriger vers le sac estampillé du numéro un, il prend la direction des quatre cavaliers.
Ivory ne se battra pas. Ivory ne se battra plus.
Il se questionne sur la nécessité de se battre depuis quelques jours. Il a trouvé une réponse à la mort de Pearl. Il le savait déjà, que ces jeux sont la parfaite représentation du totalitarisme qui règne à Panem. Que certains étaient désignés pour perdre, quand d’autres étaient pressentis pour gagner. Il appartient à cette deuxième catégorie, mais il a réalisé qu’il souhaite s’identifier à la seconde.
Perdant. Le mot ne lui plaît pas. Lui, il se voit plutôt comme un gagnant, malgré sa mort imminente. Malgré son acte qui sera considéré comme un acte de faiblesse. Malgré la rancœur de ses parents. Malgré la tristesse assurée de Blye et d’Eurydice. Malgré l’incompréhension qui entourera son geste. Malgré la déception qui règnera au district un. Ce n’est pas un perdant. Il s’apprête peut-être à perdre les jeux sur le papier, à anéantir toutes ses années d’entraînement, à balancer cette force et cette motivation qui aurait pu lui permettre de remporter cette édition. Il le sait, il aurait pu le faire. Il l’a voulu, pendant longtemps. Mais il s’est leurré, il avait l’impression de ne pas boire les paroles de ses parents, mais c’est exactement ce qu’il a fait. La vérité, c’est que lui, il ne veut pas gagner. Il ne veut pas être un perdant.
Il veut perdre et être un gagnant.
Parce qu’ils ne l’auront pas. Ils l’ont eu quelques jours, quelques semaines, mais ils ne l’auront pas quelques années. Ivory refuse. Il supposait que la victoire signifiait la liberté ; la vérité c’est que la victoire signifie l’asservissement. Ivory voulait la liberté, mais il refuse l’asservissement. Et la liberté, il la trouve dans son geste. La liberté de décider de sa mort, de son acte, de sa fin. De la façon dont il entend mener sa vie, même l’espace d’une dizaine de secondes. Un luxe qu’il ne s’était jamais permis jusqu’à aujourd’hui, un luxe qu’il espérait se permettre après sa victoire, un luxe que le Capitole ne lui permettra jamais.
Ivory refuse de leur donner satisfaction. Il ne l’a jamais voulu, mais il a réalisé qu’il l’avait tout de même fait. En achevant Blair par principe, en ruant Quinn de coups à ne plus s’en arrêter. À vouloir cette mort. Pas par nécessité, mais par désir.
Il ne s’est pas reconnu. Il s’est fait peur. Ce n’est pas une question de sensibilité, c’est une question de valeurs. Il s’était préparé à les abandonner, la vérité c’est qu’il en est incapable. Il veut être l’adolescent Ivory. Il ne veut pas être le gagnant Ivory. Il ne le sera jamais.
Il cherche une caméra. Il la trouve, lui adresse son sourire en coin qui le caractérise. Le regard fort, confiant et affirmé, il avance, toujours plus en direction des cavaliers. — Ce n’est pas de la faiblesse, c’est de la force. Il prononce distinctement.
Ils ne l’auront pas. Il décide de sa liberté. Il décide de sa mort. Il assume son suicide.
Et il se dirige vers eux, le sourire aux lèvres et les bras écartés.
Je vous attends.
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Siwan Joráh
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Siwan Joráh
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J5 (17h) — festin (commun) Vide
MessageSujet: Re: J5 (17h) — festin (commun)   J5 (17h) — festin (commun) Icon_minitimeJeu 22 Déc - 13:26

festin
Commun
The death remembers. + theme song

Plus rien ne te touche. Le cœur s’est éteint. La flèche virevoltante fait mouche. L’esprit l’âme perdus, offerts au lointain. L’air semble apaisée. Mais tu dors en souffrance. La souffrance de n’être aimée. La souffrance de n’avoir jamais osé. La souffrance d’avoir toujours volé. Ce bonheur factice. Foi d’une existence ratée. Foi d’une évidence damnée.
Pourtant le souffle rugit. Bercée sur un sol dru et glacé. Le berceau ultime pour un esprit aliéné. Alors ; le cœur bat. Le nez frémit. Le cerveau aux émois. Et le corps bondit ; toujours. Toujours. Toujours. Toujours ; même quand l’annonce d’acmé vient du ciel. Nous frôle les oreilles. Dans quelques heures tout au plus ; nous serons morts. Morts et enterrés. Des condamnés qui marchent sans but. Qui pleurent sans lutte.

L’horizon s’étale en un éventail de gris s’offrant à des reflets d’obsidiennes flirtant avec le noir d’encre. Mort et ciel avaient revêtis la terne couleur et semblaient se mêler, les démons léchant parfois les nuages aux teintes semblables. Dans le roulement tranquille des vagues à l’écume pâle seule jure la silhouette immobile de l’îlot enfer. Inlassablement, le regard t’attires vers cette tombe escarpée et la promesse de  renaître enfin sous terre.

Ses phalanges unies aux miennes le temps d’un souffle. Le temps d’une vie. Le temps de ce qu’il en reste.
La combustion a commencé. Emportant monts et merveilles à ses côtés. Ils craquent sous les plaies infectées de l’inhumanité d’un monde entier. Alors c'est aux doigts d'Ivory que tu t'attaches. Ils craquent sous le véritable amour que t’as pu lui donner ; à lui seul parmi toute l’humanité. Ils craquent.
Tu le vois. Tu le vois dans ses yeux moins narquois. Tu le vois dans son teint plus froid. Tu le sens. Cette odeur. Cette fin. Cette odeur de fin si désaltérante. Alors tes doigts affamés de sa souffrance s’engouffrent tout contre les siens au point d’en connaître chaque défaut. Et les lèvres se joignent dans un souffle interdit. Une union malsaine liaison condamnable impossible par l'arène qui vous relie. Le goût est sucré. Le goût est doux. Le goût s’éternise. Pour un cœur battant la chamade qui dégringole dans l’agonie. Pour une passion invétérée qui jamais de ta matière ne se désunie. Le cœur perd pied. Le corps prend le large infecté. C’est une lutte sans faille ; sans fin aussi profonde et intense que l’entière voie lactée.
Silencieux. Il fuit. Il t’échappe déjà sans que tu le vois.

– Ce n’est pas de la faiblesse, c’est de la force. ce mot qui te scalpe, t’anesthésie, et te perfore à la fois dans une fièvre algide. Comme un poison qui libéralise les veines rigides. Et puis. Il part ; il fuit. A bras ouverts il se livre ; il se livre à l’éternel de la nuit. Les cavaliers ; leurs destriers. Cette voix. Cette foi. Le rire fou aguiche tes lèvres aliénées, mordues. L’image effroyable, celle qui se répète à cœur tordu. Comme une drogue qui siphonne tous les mauvais rêves ; comme quand son doux venin s’égare dans le corps sans trêve. La vision d’une Siwan éteinte ; folle ; éreintée qui souffre trop d’une joie injoignable. Mais elle y croit, elle y croit encore à ces cauchemars esquintées ; à son père abominable ; à sa mère exécrable. Tu te remarques même pas toi-même. Tu te vois plus dans la vie malsaine. T’aspires même plus à ce que le sang reste sage dans tes veines. Tu ne vois plus non. Tu vois même plus que t’es que le fruit d’un ange démoniaque ; d’une existence paranoïaque. Elle se voit une lame crevant dans la gorge. La sève incarnate qui s’épuise, qui se reforge. Cette mioche affranchie ; toi aux abois. Tu t’abats sur ton sort. Sur ton prix. Mais la voix miraculeuse ne s’éteint pas. Et tu pries.
En face de toi. Ton double. Ton roi. Ivory. Tu tuerais pour lui. Comme il tuerait pour toi. Vos cœurs unis, vos corps amoindris ; vos regards grivois. Vos espoirs désemplis. Main dans la main suspendus, les lèvres fendues devant le gouffre de votre trépas.
Tes deux yeux  s’endurcissent à mesure qu’ils se perdent dans la corne d’abondance ; dans son mutisme devant l’excès d’un sang ; trop de violence : de réticence. T’es perturbée, esseulée ; un cadavre oublié au bonheur poussiéreux qui s’émiette au fil des tornades et des luttes effrénées. Le corps saccade ; les veines palpitent ; le sang parcoure. Mais le cœur n’y est plus. La mine est triste ; dévastée ; égueulée de cicatrices du passé. Des plaies béantes qui ne respirent plus sauf de par les pores calcinés de sa peau laiteuse. l’apparence est de trouble. Et les mirettes assoiffées d’une tristesse immensurable se perdent dans la houle des abysses du diable.
Et puis le coup qui transperce la chair du seul que tu as tant aimé. Tant apprécié.
Et puis ; un râle.
Et puis.
Et puis tu penses. Ouais t’y penses ; à tout. A ce qui t’attend là-bas. A ceux qui ne t’attendent pas là-bas. Ces chiens, ces rats d’ignorants sans honneur ; sans rancœur. Ceux-là te détruiront comme tes parents l’ont fait. Comme d’autres ont fait. Isolée dans ton petit monde de fortune ; tu te questionnes. Putain pourquoi ? Pourquoi se battre ? Pourquoi croire encore à ces lendemains qu’on pensent moins obscurs alors qu’ils le sont toujours plus. Toujours plus.Nous sommes tous des menteurs. Tous des violeurs. Tous des voleurs. Des sacrifices incommensurables. Des  doutes indomptables. Du sang. Du sang sur les mains. Du sang en nous ; dans les boyaux dans les intestins. La putrescence nous envahit. La putrescence nous haïe.
Et Ivory meurt.
On ne sauve pas les amours enterrées. On les enterre. Et on vit avec. On passe son existence plénière à déraciner l’intellection condamnée des âmes d’enfants damnés. Ce qu’on est. Ce qu’on naît. Des pourritures qui se décomposent jusqu’à l’os. Un cadavre caillé agonisant accouché d’un démon aux yeux de fée.
Le monde est pittoresque.
Le monde est pitoyable.
Et tes yeux ne lâchent désormais plus pour l’éternel le corps d’Ivory noyé d’arc-en-ciel. Dans cet épiderme étoilé tu traduis le battement de folie d’oiseaux singuliers qui nagent et naviguent dans ses reflets infinis. D’où tu viens ? Qu’as-tu fait ? Qui as-tu tué ? Qui vas-tu tuer aujourd’hui ? La véritable question. La lapalissade interdite, encombrante infecte à en gerber d’absurdité.
Alors plus rien. Plus rien n’est pour toi. Plus rien ne compte ; même plus toi. Tu hurles. Tu hurles à la mort. Tu hurles à mort. C’est Ev que t’aperçois en premier.
Ev.
La petite Ev.
Une alliée ? Plus rien. Rien. Ils vont tous crever.
Ces reflets assassins qui fondent dans tes prunelles ; dans leurs pleurs qui s’invitent à ta chair, à tes heurts. Vers ton essence d’enfant qui s’apitoie. Tu geignes une seconde fois ; le râle du désespoir, du désespéré qui rugit au désastre inespéré. Le sanglot se débat et s’abat ; il t’atteint à la gorge. Point sensible. Point défaillant. Talon d’Achille. Et déjà le corps s’invite à une métamorphose schizophrène. Tu te laisses vaincre sans lutter par la folie démesurée qui te ronge, qui te sème. Sans revanche, sans décadence. Simplement bercée dans l’ouragan d’enivrante mal-sainteté d’un éden au regard noir qui présument la peine du macchabée.
Le monde a tourné. La vie a cessé d’être vie. Le mal a cessé d’être mal.
Les doutes. Ils arrivent par milliers.
La fin ? La toute fin. Et les sens claquent encore tout autour de toi. Bientôt tu sens tes veines vidées de leur élixir de jouvence. Empoisonnée qu’elle est, l’eau de ton corps infestée de haines carnivores luisants et des espoirs par milliers qui repartent à l’assaut de tes ossements déchirés.
Les doigts maigres se faufilent sous la gorge d’Ev. Sans bonne intention ; simplement éteindre ce feu de ses yeux chatoyants de terreur. Elle murmure ; peut-être. Sûrement. Durement.
Mais c’est déjà trop tard. Tu vas crever.
Ils foncent vers toi ; eux tous. Josh le premier. Quinn plus loin.
Les larmes rouges sang jaillissent de tes cils comme des éclats de verre tranchants. Alors. C’est donc ça, le bonheur ? La souffrante délivrance. Ce goût légèrement aigrelet au bord des lèvres. Cette candeur suprême affolant les meurs. Rien n’était bien compliqué. Et alors que les doigts s’enfoncent un peu plus dans l’épiderme moins intact, le teint laiteux s’épuise en totalité dans une acmé reposée.
Tu vas te faire massacrer.
Par tous.
Eux tous.


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MessageSujet: Re: J5 (17h) — festin (commun)   J5 (17h) — festin (commun) Icon_minitimeLun 26 Déc - 1:22


Festin. « Festin » qu’ils ont dit ; ils l’ont dit mais rien ici ne ressemble à un festin. Ou plutôt tout y ressemble. Joshua n’a pas avancé, il est encore proche de la barrière invisible, n’osant pas s’aventurer dans ce qui s’avère être plus un bain de sang qu’un dîner. Parce que finalement, peut-être, oui, peut-être qu’au fond, dans un grand fond, il s’agit d’un festin. Et ils ont raison. Mais ce fond, ce grand fond, c’est celui d’un plat : d’un grand plat. D’un grand plat de viande, où l’on attrapera la sauce – le vin – à la cuillère. Ce rouge des vignes, ce beau rouge qui badigeonnera la viande. Alors peut-être qu’ils sont à un festin. Tous au plus profond du grand plat. Après tout, je suis sûr, lorsque j’écoute la petite voix qui se trouve en moi-même, que ni Joshua, ni Evkjaä, ni aucun d’entre eux n’ont jamais réellement vu qu’est-ce qu’un festin. On pourrait me dire, me cracher dessus, qu’ils en ont goûté un, voire plusieurs ces derniers jours au Capitole. Mais peu ! Que peu ! Le véritable festin est celui des vomissures devant l’écran de télévision dont sont capables les putréfactions humaines du capitolien. Elles sont belles. Oh qu’elles sont belles ses dents ! Qu’elles jaillissent, crachent, rient, devant l’écran ! Parce que le vin sang tombera sur le rôti de porc, ces jeunes porcelets des districts de Panem. La douce haine m’emporte. Et Joshua respire en saccades, de plus en plus vite. Il regarde tout, et rien, si peu concentré. Les jeux ont commencé il y a cinq jours – c’est indéniable – mais ils n’avaient jamais été aussi horribles. Et Joshua ne pensait pas être témoin d’une telle scène un jour.

Qu’il a mal. Qu’il a grand mal en voyant le sang couler dans ses myriades idéelles. Qu’importe de tuer, qu’importe de souffrir, si c’est pour vivre. Qu’importe – qu’importe. C’est ce qu’il s’est dit, ce qu’il s’est répété, maintes et une fois, encore, plus fort, plus vite, toujours plus, encore plus. Finalement, peut être que dans son cœur, il savait que lorsqu’il se persuadait d’être prêt à affronter les jeux – à affronter la vie – et non pas matériellement mais aussi psychologiquement, il se mentait. Il se mentait à lui et se mentait à tous. Tous, il a fait croire à tous qu’il était capable de quelque chose en se portant volontaire, en se portant défenseur de Maxwell, défenseur du neuvième, défenseur de son frère ou protecteur de son propre égoïsme. Joshua mentait à tous. Et son équilibre bascule. Il regarde le tout, adossé à la paroi, et n’y fois qu’une désuétude interprétation de Copenhague. Mais le garçon du neuvième, le garçon des saules, se mord la paume. Il y plonge ses dents. Andro et Eurydice sont partis. Il mord. Et Evjkaä s’est avancée. Il mord fort. Ses doigts terreux agrippent sa lance. La machette est accrochée à sa ceinture, derrière son dos. Un couteau est cachée à sa cheville. Plus rien. Non plus rien d’autre ne tient à son corps. Il a laissé son sac sur le chemin, lorsqu’Andro hurlait les arriérés conseils de course, derrière un arbre, caché. Et il avait raison, il tentait de se préparer.

Mais on ne lui demande pas d’être prêt. A personne ils n’ont demandé d’être prêt. La seule chose qu’ils leur ont demandé à ces tributs, ces petits porcelets au vin, c’est de mourir. Mourir dans le spectacle. Et c’est ce qu’il a décidé de faire, lui, là-bas. Il est blond, il est beau. S’il y a une personne avec qui ça a collé, tout de suite, dès le début, c’est Ev. C’est Ev, parce qu’Ev, elle est belle, elle est drôle – elle est perdue. Ev c’est ce petit caillou tout gris qu’on trouve par terre : basique d’ennuie. Mais le caillou il faut le gratter. Le gratter et en déchirer ses ongles. Parce que finalement, Joshua a apprécié la connaître, Joshua s’est déchiré la peau pour gratter le caillou et y trouver une petite roche. Alors oui, s’il y a bien une personne avec qui ça a collé, par évidence stupide, par idiome simple et manifeste, c’est Ev. Et pourtant, il y avait Ivory – avait. Il y avait Ivory parce qu’il était pur cliché. Pur cliché de gêne, de venin jeté sur deux individus qui se saignaient à palabres. Et ça, Joshua appréciait. Il l’appréciait, Ivory – appréciait. Ses yeux deviennent ronds, il déglutit dangereusement. « Ce n’est pas de la faiblesse, c’est de la force. » Et Joshua le fixe.

Si l’on doit décrire le regard qu’il jette à l’individu, loin, pendant que tous se ruent sur les sacs servant de leurre, de sucrerie, alors on doit s’y attarder. C’est de la surprise. Mais peu de pure surprise. C’était écrit, sur le front d’Ivory, qu’il serait gagnant de ces éditions des Hunger Games. Et il le devint par ces mots. Il aurait pu écrire une longue épître pour leur expliquer à tous les petites indications entre chacune de ses syllabes, mais tout était inutile : tout était manifeste. En effet, le gagnant pourra être Andro, Eurydice, Quinn, Evkjaä, Daisy, Siwan ou Joshua. Il pourrait même y avoir deux gagnants, qu’importe que le Roi et la Reine soient couronnés. La menace du carrière en pâture de volontarisme sera plus retenue que quelconque gagnant actuel. De tous ceux qui restent, quelqu’un s’est-il démarqué assez ? On ne sait pas. Et lorsque la couronne lui sera posée sur la tête, on accusera son couronnement de mascarade, pendant que les politiques prendront ce suicide pour une attaque. Et tout ceci traverse l’esprit de Joshua. Parce que le garçon rêvant des saules comprend ce qu’il se cache, derrière les jeux, derrière le clavier qui commande toutes ses mutations. Il crierait bien son nom, le nom d’Ivory. Mais qu’importe : il est trop tard. Il est trop tard parce qu’il se jette aux cavaliers.
Et Joshua voit Siwan.
Et Joshua crie le nom d’Evkjaä.
Le coup part.

Il court depuis que le canon a sonné la mort du gagnant du festin. Les doigts de Siwan caressent la nuque d’Evkjaä. Le garçon du neuvième l’attrape par la taille et ils roulent ensemble sur la terre. Son flanc le tord. Face à face, des animaux au sol, à quatre pattes. Son pied embrasse la mâchoire de la femme. Elle est au sol, il agrippe sa lance. Ses doigts se marient à l’objet, à l’arme. Et il la regarde. Il ne l’admire pas. Il ne la fixe pas. Il ne se laisse pas hésiter. Les mutations ne sont plus loin ; Quinn arrive – Andro est visible. Le cœur de Joshua se serre ; le bras de Joshua s’élance.
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Evkjaä Lovecraft
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MessageSujet: Re: J5 (17h) — festin (commun)   J5 (17h) — festin (commun) Icon_minitimeMar 3 Jan - 7:58


"NOOOOOOON !," tu hurlas.

Dans le vide, ou sur un mur.

Un vide profond qui dévorait tout, un trou noir désintégrant les étoiles et même un peu plus. Le temps.

Ou sur un mur qui t'entourait, empêchait n'importe quelle parole de quitter ta gorge. Elle te faisait encore mal, et ta voix rauque grafignée par des ongles zombifiés saignait toujours.

La douleur arrachait ton ventre, et des pleurs roulaient le long de tes joues.

T'avais vraiment voulu sauver tout le monde. Pourquoi ? Parce que t'étais comme ça. T'avais voulu défier le Capitole et même les lois de la nature tellement égoïstes. Le déni avait été ta quête, et ta quête, elle venait de tenter de te tuer.

Les coups de Josh défiguraient Siwan.

Ça avait été si long, la chercher.

Mais plus rien ne comptait, n'est-ce pas ?

☾ ☾ ☾

Ce n'est pas de la faiblesse, c'est de la force.

Petit monstre, personne n'en n'a jamais douté.

Ton visage était figé dans une expression de pure horreur. Pas par l'acte en tant que tel, cet acte tu ne le comprendrais que plusieurs heures plus tard et il te marquerait jusqu'aux dernières secondes où ton sang animerait tes pas. Non, parce que l'image dans ta tête, pour la première fois depuis cinq jours, elle s'était brisée en mille et un morceaux. T'avais pensé que tous les tributs, vous vous retrouveriez et fuirez Quinn-le-carrière pour partir dans les bois, en vous battant au préalable contre les mutations. Peut-être qu'il y aurait eu des morts. Peut-être que tu serais morte. Mais pas ça. Pas comme ça.

Quand tu vis Siwan, puis Ivory (que tu ne connaissais pas mais qui t'avais l'air d'un chouette garçon, vue la confiance que portaient tes alliés envers lui), ton visage s'était illuminé d'un sourire. Enfin, t'avais pensé. Tu l'avais retrouvée, ton miroir un peu plus rude.

Ce n'est pas de la faiblesse, c'est de la force.

Petit monstre, que tu pensas, personne n'en aurait jamais douté.

Puis boum.

L'explosion de bruit vint secouer la terre et si Ivory devait quitter ce monde, ce serait dans la foudre et le tonnerre.

Le sang qui glissa pour se réfugier, juste avant la tempête, dans le sol.

Toi, ça t'avais choquée, mais eux. Pour les autres autour, ça devait être tellement pire. C'était pourquoi ça te faisais aussi mal. Par empathie, c'était con, non ?

L'empathie, ça t'avais semblé un peu lointain. T'étais tellement centrée sur toi-même, tellement concentrée à l'idée de créer un monde amusant et de tisser des aventures, que t'avais oublié de survivre pour les autres plus que pour toi-même. Alors la blessure que tu sentis dans ton coeur, pour un moment, elle te sembla extra-terrestre. Puis tu compris, pour un moment, que tu pouvais maintenant comprendre ce que Siwan vivait.

"Siwan..."

Si Ivory fut le tonnerre, Siwan devint les éclairs. Sa détresse déchira le silence profond de l'immobilité des mutations, rendant obsolète l'alléchante vue de sacs aux cadeaux empoisonnées.

Puis vos regards se croisèrent. Et tu vis une louve.

Peut-être était-ce ton reflet, parce que pour un moment, tu réalisas vraiment ce que ça prenait, pour survivre.

Juste avant que ses griffes ne se serre autour de ton petit cou pathétique.

Tu retombas au sol, écrasée par le poids de la fille, terrorisée sous sa colère aveugle. Tes mains cherchaient l'oxygène de plus en plus rare, des larmes de frustration coulaient le long de tes joues et une expression animale défiguraient ton visage enfantin.

De l'air, de l'air, de l'air.

"Je t'ai trouvée," tu réussis toutefois à murmurer.

Tu perdis connaissance, pendant quelques secondes.

Une.

Deux.

Trois.

Quatre.

☾ ☾ ☾

"JOSH, ARRÊTE," t'imploras.

Tu voulais que le temps meure, à la place. Que la forêt se taise et que, et que...

"TOUT LE MONDE, CESSEZ D'EXISTER QUELQUES SECON..."

Tu finirais jamais ta phrase. Tes poumons brisèrent et une violente quinte de toux te prit de court, plus violente que jamais. Du sang remontait jusqu'à ta bouche, rouge cette fois-ci, non coagulé. Tes poumons fragiles, malmenés par l'étranglement, cédaient.

"Finissez... le... boulot...," tu parvins à articuler malgré tout.

Et pour rejoindre ton but, ramper semblait la seule option. Peut-être y'avait-il quelque chose pour te soigner, dans ce sac.


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MessageSujet: Re: J5 (17h) — festin (commun)   J5 (17h) — festin (commun) Icon_minitimeJeu 5 Jan - 2:55




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MessageSujet: Re: J5 (17h) — festin (commun)   J5 (17h) — festin (commun) Icon_minitimeVen 6 Jan - 14:10

    Le coup de canon n'avait pas encore sonné mais il savait très bien ce qui allait se passer. Ses doigts se resserrèrent un peu plus sur ceux d'Eurydice. Pour l'empêcher de courir ? Pour s'empêcher, lui, de courir ? Ses pas cessèrent et, sans être capable de prononcer le moindre mot, il fixait Ivory qui s'avançait vers les cavaliers. Quoi ? Ses yeux étaient écarquillés de stupeur, de terreur. Pourquoi ? Ses lèvres s'entrouvrirent, ses poumons se gonflèrent mais rien ne sortit. Ivory ! Incapable de crier, incapable d'avancer. Eurydice est avec moi, je la tiens, je la protège. Eurydice est avec moi, je dois avancer, je dois la mener à la victoire, elle doit rentrer, je dois la protéger. Eurydice est avec moi, je dois continuer, je dois... Je dois... Andro eut un sursaut au premier coup que portèrent les cavaliers. Un tressaillement du plus profond de son être, les lèvres entrouvertes et au lieu de s'accrocher fiévreusement à Eurydice, il la lâcha. Il lâcha ses doigts un instant, un instant qui suffit à tout faire basculer. C'était dur. Trop dur. Les mots d'Ivory résonnaient dans la tête du tribut du District 7 sans vraiment les comprendre. Le coup de canon retentit enfin. Et à ce coup de canon, il sursauta à nouveau. Il n'y avait pas assez d'air dans ses poumons pour qu'il puisse crier, pas assez d'eau dans son corps pour pleurer.

    Et Eurydice s'élança. Elle s'élança pour rejoindre Ivory. Parce qu'elle était la plus forte, la plus courageuse aussi, la plus altruiste. Ses jambes tremblaient, il allait tomber, pour sûr. Tout allait trop vite : Ivory mort, Eurydice blessée, Siwàn attaquant Evkjaä et Joshua... Et Quinn dans tout ça ? Et Daisy ? Tout allait bien trop vite. Il avait perdu pied, l'espace d'un instant, perdu face au sang d'Ivory qui coulait sur l'herbe et ce coup de canon. Cela faisait longtemps qu'il n'avait pas pensé à J.J, son exécution. C'était aussi une exécution, pour Ivory, pas vrai ? Pas vrai ? Les cris qu'Evkjaä poussa le ramenèrent à la réalité. Ses yeux allèrent et vinrent sur les tributs avant de se poser sur Eurydice. Eurydice est avec moi, je suis avec Eurydice, je dois l'emmener jusqu'au bout. J'ai pas le droit de flancher, pas maintenant. Pas même pour Ivory. Ivory. Son nom n'était plus qu'un souvenir, désormais. Il n'était pas sûr de pouvoir le prononcer à voix haute de nouveau.

    Sa main se leva instinctivement pour abattre sa hache sur l'une des mutations qui se trouvait sur son chemin, son chemin qui le menait tout droit à la petite blonde à terre, blessée. Elle saignait. Il y avait du sang de partout. Ou bien ce n'était que son esprit ? Il avait l'impression que l'herbe dans laquelle il marchait était teintée de rouge, du sang de tous les tributs autour de lui, de son propre sang, même. Il sentait sa peau picoter, il avait sûrement été blessé. Quelque chose de superficiel, au niveau du dos, mais il s'en fichait. Sa main libre souleva sans plus attendre Eurydice, sans ménagement. Il voulait récupérer le sac et s'en aller. Loin d'ici, loin d'eux, loin de tout.

    Ivory était mort et il avait emporté avec lui le peu d'espoir qui restait aux tributs.

    Cette fois, il ne détourna pas le regard : il se devait de voir le corps ravagé d'Ivory, il se devait de s'en souvenir. Du moins, jusqu'à la fin ; sa fin à lui. Andro ne voulait plus baisser les yeux, ne voulait plus oublier. Peut-être que s'il ne s'écroulait pas, c'est parce qu'il avait encore l'impression de soutenir Ivory, après leurs frasques dans le manoir hanté. Plus doucement, il ramena Eurydice contre lui. Non, il ne devait pas faiblir, pas maintenant.
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Quinn H. Liddell
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MessageSujet: Re: J5 (17h) — festin (commun)   J5 (17h) — festin (commun) Icon_minitimeVen 6 Jan - 15:02

LA CORNE D'ABONDANCE - JOUR 5 (17H)
79TH HUNGER GAMES


Le festin, c'était l'événement préféré des Capitoliens, enfin il paraissait. Ils aimaient voir les tributs se battre désespérément pour quelques vivres. Les sacs que proposaient les juges valaient bien plus qu'une vie humaine. C'était si irréel, si injuste. Mais pourtant si nécessaire. Dans cette arène, nous n'étions pas à l'abri de perdre la tête. La simple idée de survivre envahissait nos esprits, nous ne pouvions nous fier à personne, et les potentielles alliances formées ne sentaient en aucun cas la sincérité. Je n'avais aucun allié. Je n'avais aucune attache dans l'arène. Etait-ce à mon avantage ? Cela faisait longtemps que je me posais la question, alors que je parcourais l'arène en faisant mon bout de chemin. Des tous les tributs que j'avais rencontré ou tué, la même conclusion revenait toujours: un jour ou l'autre, ils allaient tous me tomber dessus dans l'espoir de réduire à néant leur plus grand danger. Cela signifiait que j'étais craint. C'était ce que je voulais, c'était plaisant et gratifiant. J'étais terrifiant. Moi, dépourvu de tout regret quant à ôter la vie d'adolescents. Avais-je cillé en tranchant leurs gorges ? Non. Avais-je pleuré d'avoir du sang sur les mains ? Non. J'était arrivé dans une sorte de point de non-retour: le carrière qui avait bien trop confiance en ses capacités. Et seul dans cette arène, à redouter une révolte des autres tributs, je me pensais être le roi légitime des lieux.

Alors, en regardant les tributs survivants s'agiter autour des sacs pendant que les cavaliers s'avançaient, menaçants, je me surpris à comprendre enfin la psychologie fébrile des autres districts. Dans leurs yeux, il y avait de la peur. Je ne savais pas ce qu'était la peur. Etait-ce douloureux ? Etait-ce handicapant ? Je clignai des yeux. La tignasse blonde d'Ivory qui s'avançait les bras ouverts vers les mutations me força à me rapprocher encore plus de la corne d'abondance. Que faisait-il ? Son comportement était loin d'être celui d'un carrière. Je le savais, depuis le début, qu'il n'avait pas le mental pour assumer ce qu'il était. Un carrière, ça se faisait craindre pour mieux prendre le contrôle de l'arène. Et lui, que faisait-il ? Il se suicidait. Etrange, vraiment étrange comme comportement. C'était du gâchis. Ivory était si apprécié du Capitole. Je l'avais bien remarqué aux préparations médiatiques avant l'arène. La foule était littéralement en délire avec sa gueule d'ange. S'il tenait tant que ça à décevoir tout un peuple, qu'il se tue. Moi, je m'en moquais, et ça m'arrangeait même. Je n'avais pas oublié la sacrée déculottée que j'avais subi de sa part la veille. Heureusement que le parachute était arrivé à temps, sinon je n'aurais jamais pu rejoindre les lieux du festin. Et ce sac avec le beau 4 brodé sur le devant me faisait de l'oeil. Il m'attirait. Il me forçait à approcher encore plus. Jusqu'à ce que je vois l'improbable se réaliser.

Je m'étais toujours douté que ma co-tribut avait un problème dans sa tête. Sa folie prenait le dessus sur son statut d'imposteur des jeux. Elle qui avait volé la place à ma camarade carrière, je ne lui avais toujours pas pardonné. J'étais tout seul par sa faute, avec deux fois moins de chance de faire gagner mon district. Parce que oui, je n'avais jamais cru en sa victoire. Elle était tout ce que je haïssais le plus chez l'être humain: l'hypocrisie. Elle se moquait ouvertement du Capitole, des jeux, et même d'elle-même. N'avait-elle donc aucun honneur ? Elle était pire que ce que je pensais en fait. Ca m'énervait. Elle hurlait, elle gigotait dans tous les sens après avoir entendu le coup de canon. Les autres tributs étaient quelque peu décontenancés, et j'en faisais partie. Elle semblait si incontrôlable, comme si la mort d'Ivory avait déclenché quelque chose de fort chez elle. Qu'avait-elle donc contre un ennemi ? Combien de fois nos mentors nous avaient-ils dit de ne s'attacher à personne ? Elle allait perdre, plus qu'elle ne se perdait déjà. Je courus à petites foulées vers l'arrière de la corne d'abondance, discret. Je pensais bien qu'on ne m'avait pas remarqué, je faisais le moins de bruits possibles. Je plaçai mon arc et mon carquois derrière mon dos, et je levai mes bras pour agripper les structures métalliques de la corne pour grimper. Là-haut, pour surplomber l'arène, j'allais avoir un meilleur point de vue de la situation.

Une fois sur le toit de la corne d'abondance, je restai couché sur le ventre avant de ramper vers le bord, à gauche. Ok, la situation avait encore plus dégénéré pendant que j'étais en train de monter sur la corne. Je haussai un sourcil. Andro et Eurydice se regardaient plus qu'ils ne le devraient, Siwan s'était jetée sur l'autre fille du district douze pour l'étrangler, folle, et Joshua - ou plutôt le gros enfoiré Joshua - tentait de venir en aide à son alliée. Sa lance était prête à faire de ma co-tribut une nouvelle victime du festin. Mais Siwan se débattait. Elle se débattait comme si elle se rattachait à la folie de la perte d'un être cher. Je vis la lame se planter dans le bras de la blonde. Evkjäa se massait la gorge, elle allait avoir des traces de doigts pendant un bout de temps celle-là. En voyant cette incapacité à mettre à mort une simple fillette en pleine crise d'adolescence, je décidai enfin à me lever. Le dos droit, au bord central de la corne, je pris mon arc et une flèche pour ensuite le bander et fermer un oeil afin de viser la confrontation entre les tributs. Siwan à terre, fermement coincée sous le poids du garçon du Neuf, elle était une proie si facile. J'ajustai un peu mieux mon corps, espaçant un peu mes pieds et tournant mon buste sur le côté. Mon souffle s'échoua sur mes doigts. La corde tirée de l'arc frottait ma joue. Tout se déroula en quelques secondes à peine. Lorsque je me sentis prêt, je lâchais la corde et la flèche se dirigea droit vers les tributs, avant de transpercer sèchement la boîte crânienne de ma co-tribut. C'était cruel. C'était horrible de tuer sa propre partenaire dans les jeux. Mais depuis le début, elle ne représentait rien pour moi. Sa folie m'exaspérait. Je lui avais dit que tôt ou tard, elle finirait par mourir de mes mains. Voilà une promesse de tenue. Je l'avais libérée d'un fardeau qu'elle ne pouvait plus porter sur ses frêles épaules. Le coup de canon retentit quelques secondes plus tard. Je me redressai, les sourcils froncés, avant d'observer les autres tributs qui semblaient surpris d'avoir été coupés en plein élan. « Ça va, ne me remerciez pas. J'ai autre chose à faire moi. » fis-je distinctement aux tributs, avant de sauter habilement du toit de la corne d'abondance. J'atterris sur mes pieds, les genoux fléchis, juste devant les sacs. Je me tournai rapidement, je ne devais pas perdre de temps puisque j'étais à découvert. J'attrapai fermement le sac que je convoitais depuis le début, le plaçai sur mon épaule, et j'offris un dernier regard aux tributs. « Reprenez vos petites affaires. Je m'en tape. » Et sans attendre une seconde de plus, je piquai un sprint vers l'endroit d'où je venais, m'enfonçant dans la forêt alors que des mutations me prirent en chasse. J'avais probablement échappé aux tributs, mais je n'allais pas pouvoir échapper aux cavaliers ou aux autres animaux dans les bois. Mais mon objectif avait été atteint: j'avais récupéré mon sac. Seul, comme un grand. Et une fois de plus, je venais de prouver que je n'avais pas besoin d'alliance pour m'en sortir. J'allais tous les enterrer. J'en étais plus que persuadé désormais.
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