VI,3. Injury make you wise || Egidius Eideard & Gold A. Flickerman

Injury make you wise × ft Egidius Eideard & Gold A. Flickerman

Le réveil avait été délicat, pour une première nuit au Capitole il avait connu mieux. S'il s'était éveillé à un horaire dès plus convenable au vu de l'heure où il s'était couché notre mentor était resté un long moment à trainer entre les coussins et la couverture à observer le décor évolutif du mur avoisinant. Il n'avait guère besoin de miroir pour deviner qu'il devait arborer quelques marques en souvenir d'une de ses conversations nocturnes car le simple fait de déglutir lui laissait une sensation désagréable. Notre homme dû aussi ruser pour se redresser en évitant de relever la tête avec la seule aide de son cou.

Mais il en fallait bien plus pour empêcher Egidius de s'installer contre le mur et d'ainsi continuer sa silencieuse observation de la scène qui se baladait sur son mur. Profitant de cette nouvelle configuration, il n'eut qu'à tendre le bras pour commencer son petit déjeuner par une cigarette dont il put bientôt observer les volutes s'élever.

Peut-être n'avait-il pas choisi la bonne option hier, peut-être qu'il aurait dû assommer ce dérangé de Bloom Rajaël et le laisser jouer dans sa flaque de champagne... Maintenant qu'il était certain de ce trainer les stigmates de leur conversation durant quelque temps il n'était pas d'une brillante humeur, comme s'il avait besoin de ça pour gagner un peu d'originalité dans ce charmant séjour. En attendant notre mentor préférait ne pas se montrer ainsi aux rejetons qui gambadaient à son étage, il n'avait pas à les perturber avec ce genre de détail, leur attention devait rester sur eux-mêmes et non sur ce qui les entourait. C'est pourquoi Egidius ne se manifesta pas ce matin-là et ne s'anima que lorsqu'il fut certain que les jeunots avaient quitté les lieux pour de plus verts pâturages en attendant que les derniers District arrivent en ville.

Il ne voulait éviter que les gamins, aussi fit-il son entrée dans la partie commune des installations après un passage par la salle de bains et l'armoire pour attraper de quoi s'habiller. Il débarqua alors que les vestiges du petit-déjeuner étaient en train de disparaître et sauva une panière de fruits des mains d'une demoiselle avant d'aller se poser avec son butin devant l'écran de télévision qui diffusait son programme en silence. L'emploi du temps allait aujourd'hui s’accélérer, le défilé approchait ainsi que la soirée officielle d'ouverture, il allait devoir effectuer quelques retouches pour dissimuler les marques violacées qu'il avait clairement vues dans le miroir et qui entouraient son cou d'un collier quelque peu morbide. Heureusement ici il n'était pas bien difficile de trouver de quoi effacer cette perturbation, Egidius ne s'en faisait guère à ce sujet.

Lorsque l'écran décida de rediffuser les dernières moissons, notre homme décida de s'animer pour mettre un brin de son et ainsi capter les commentaires qui pouvaient être faits, car il était toujours bon de se tenir au courant des derniers potins à ce sujet mais quelques instants plus tard une animation dans l'appartement désert détourna son attention. Une silhouette venait en effet d'apparaître du côté de l'entrée et approchait sous le couvert d'un léger sourire de la part du résident bien installé dans son canapé.

▬ " Bonjour Miss Flickerman, vous êtes bien en avance aujourd'hui. " Il fallait bien le dire, Egidius n'avait toujours fait que croiser la demoiselle, même depuis qu'elle avait hérité de leur District ils n'avaient jamais eu véritablement l'occasion de bavarder mais il avait déjà eu l'occasion de porter quelques-unes de ses tenues et il n'avait pas eu à s'en plaindre aussi l'accueillit-il avec sérénité.

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Ma mère avait probablement été la plus déçue de tout le Capitole à l’annonce de l’arrêt des Hunger Games, elle qui avait tant intrigué et usé de ses relations pour me transférer du District Sept au Quatre. Je n’avais pas encore eu l’opportunité de faire mes preuves dans un District de Carrière que, déjà, j’étais mise au rebut. A l’inverse, j’étais extrêmement soulagée de la décision, fort courageuse, qu’avait osé prendre Deverell, mais qui, au final, l’avait conduit à sa perte. J’aimais mon métier, mais je n’aimais pas les Jeux. Le nom que je portais parfois comme un fardeau, une malédiction, m’obligeait à suivre les traces de mes aînés ; Silver, l’enfant prodige, Haut-Juge, Iron, l’excentrique, hôte des plus appréciés. Et moi, Gold, la discrète, forcée de reprendre la succession de ma mère à la tête d’un District de prestige. En ce moment-même, elle priait sûrement pour que le styliste du District Un meurt subitement d’une crise cardiaque, afin que j’occupe la place laissée vacante. J’aimais profondément ma mère, mais parfois, je ne la comprenais pas. Du moins, je ne la comprenais plus.

Et aujourd’hui, les Jeux avaient repris de plus bel, et deux enfants moissonnés étaient envoyés à la mort dans leurs plus beaux atours ; ils allaient briller, et s’éteindre, sous les feux des projecteurs. L’idée m’en rendait malade d’avance. J’avais le tort de m’attacher à mes tributs, même en sachant qu’ils ne reviendraient peut-être jamais, ce qui me donnait davantage de raison de les aimer plus encore. C’était une erreur de débutante, mais je ne pouvais rester insensible à la détresse de ces enfants, arrachés à leur famille pour distraire les Capitoliens de leur langueur quotidienne. J’avais ce besoin impérieux de les cajoler, de les dorloter, d’adoucir leurs malheurs, même si ce n’était pas mon rôle. Le mien se cantonnait à les parer de lumière pour qu’ils aient une chance de se faire remarquer par des sponsors. Ma première expérience dans un District de Carrière n’était pas vraiment réjouissante. Là-bas, les enfants étaient beaucoup plus arrogants, exigeants et, pour parler vrai, insupportables que les enfants démunis des Districts les moins riches. La blonde en particulier semblait m’avoir pris en grippe. Hé bien, je songeais en mon for intérieur, elle devrait s’entendre à merveille avec Dahlia !

Levée aux aurores, je décide de descendre déjeuner, mais une fois assise à table, devant les innombrables plats servis par les Muets à notre service, je n’arrive pas à avaler la moindre bouchée, malgré mon estomac qui gronde de mécontentement d’être ainsi privé de nourriture. Je ne tente même pas de me forcer, peine perdue, je sais que je rendrai la moindre miette que je porterai à la bouche. Cela en fera plus pour nos deux tributs, en espérant que la peur ne leur coupe pas l’appétit. L’étage est vide et silencieux, bercé par le sommeil des hôtes qui dorment encore paisiblement – le calme avant la tempête. Je décide de remonter dans ma chambre, en attendant que quelqu’un se réveille, et pour passer le temps, je travaille sur les croquis des costumes pour la parade. Ils sont déjà prêts, mais je pourrais toujours apporter une amélioration ça-et-là. Après avoir piqué du nez à plusieurs reprises sur mes dessins, je décide alors de rejoindre la salle commune, pour y trouver Egidius assis dans le canapé, devant la rediffusion de la Moisson des Districts concurrents. Le Vainqueur du Quatre, comme à son habitude, est d’une élégance folle. Je n’avais encore jamais vraiment eu l’occasion de m’entretenir avec lui, et s’il semblait sympathique aux premiers abords, je devais bien avouer que Nash, mon Vainqueur précédent, me manquait. Ce n’était pas le plus bavard, mais je m’étais prise d’affection pour lui. J’espérais vivement le recroiser au Capitole.

« Bonjour Miss Flickerman, vous êtes bien en avance aujourd’hui. », me salue-t-il en apercevant ma silhouette se dessiner dans son champ de vision. « Je n’arrivais pas à dormir. », je me justifie alors. Comment trouver le sommeil en sachant que j’allais conduire deux enfants à la Mort ? « Je peux me joindre à vous ?, et sans vraiment attendre de réponse, je m’assois à ses côtés et fixe l’écran, mal à l’aise d’assister à ces scènes de désespoir. « Alors, qu’en pensez-vous ? Nos tributs ont-ils leurs chances ? » Et voilà, c’était reparti pour un tour.

» (D4) Laissez passer votre ainé mes enfants || Egidius Eideard
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