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Story Of My Life: Glacée. L'eau était glacée, faisait frémir le moindre de mes muscles. Loins d'être engourdis, cependant. Tout de même, ils sont robustes. Le plongeon avait duré plus longtemps que prévu. Je ne pensais pas plonger si loin et si haut, cela m'avait un peu, voire beaucoup surprise, je m'étais laissée prise aux aléa du vent. On trouve une sensation plutôt douce lorsqu'on plonge dans la mer. Et quand on remonte à la surface et qu'on s'humecte les lèvres, un goût salé se fait sentir. Agréable. Sauf que lorsqu'on plonge juste avant le jour de la Moisson, tout de suite, c'est moins drôle. Alors je sors, et le vent fait voler les petites gouttes qui perlent sur mon corps. Les trois quart des gens aiment beaucoup mon physique d'athlète. D'athlète qui n'a pas de muscles. C'est ma particularité. Ma seule différence par rapport aux autres filles qui passent leur temps à faire des colliers ou des nœuds et à les vendre. C'est, certes, bien comme occupation mais moi je préfère aller au fond de l'eau chercher ce qu'il me faut. Bouger. Ne pas rester sans rien faire, devant des perles et des fils. Ou alors, longer les stands du marché et faire du troc. J'aime beaucoup les gens du marché, toujours prêts à m'échanger mes coquillages contre des choses à manger, ça nous permet, à moi et ma famille de manger à notre faim, à tout moment de la journée. Que la journée soit dure ou non, qu'on rentre sans poisson ou pas, le soir on arrive toujours à manger à peu près convenablement. Malheureusement, ce n'est pas le cas de tout le monde, dans le district. Nous, notre botte secrète, c'est qu'on est plus que trois, alors que la plupart des familles ont plusieurs enfants (deux voire plus, le nombre est parfois impressionnant). Il y a donc beaucoup moins de bouches à nourrir chez nous et du coup nous ne mourrons pas de faim à proprement parler. Pour tout avouer, nous regrettons les jours où nous étions cinq à table, mais depuis qu'ils sont tous les deux partis, nous pouvons nous offrir de meilleurs repas. C'est un peu égoïste, hypocrite mais leur mort nous offre quelque chose que l'on espérait pas depuis des mois, ou deux si l'on peu le dire, c'est tout d'abord de la nourriture, et deuxièmement du repos. Les gens nous témoignent de la reconnaissance. Certes nous n'en avons pas forcément besoin mais ils insistent. La plupart des gens qui nous soutiennent, nous les avons aidés lorsqu'ils avaient perdu quelqu'un dans leur famille ou qu'ils n'avaient plus d'argent.

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Quelle... barbarie, ces jeux. Toujours. Le bain de sang, au début, où presque la moitié des tributs meurent, comme disent les habitants du Capitole... "sacrifiés". Puis il y a la traque, où les carrières, généralement des districts les plus riches, importants, Un et Deux compris, chassent les plus faibles qui restent et les éliminent sans précédent. Ensuite, la Nature se chargent de ceux qui ne sont pas assez robustes pour La défier. Et après, petit à petit, les morts s'accumulent et un gagnant est désigné. Génial. Les Hunger Games, le divertissement numéro un, le préféré du Capitole. Pour ceux qui ne combattent pas dans l'arène, ceux qui encouragent, pardon, qui hurlent dans les tribunes et font des paris idiots, ça n'a pas d'importance, non, aucune. Rien qui vaille. La mort de leur tribut favori les met en rogne. Mais celle des autres les enchante. Il n'y a rien à dire là dessus, mis à part que c'est répugnant. Je crois, moi, Abigail, que les Jeux sont là pour tuer, juste pour le plaisir, et non pas pour dire que l'on rappelle aux habitants de Panem la défaite des Rebelles lors des Jours Sombres. Stupide, absolument. Les années d'Expiations sont toujours plus barbares les unes que les autres, en plus. L'année qui a été pour nous la première la plus dure à encaisser, c'était une moisson... comme on dit... normale (est-ce normal d'être tiré au sort, mourir dans une arène comme au temps des romains ?). On passe, chacun notre tour, on attend d'être tirés. Cette année, celle des 69th, l'hôtesse avait choisi un costume vert clair, avec une perruque de cheveux très raides descendants jusqu'à ses genoux. Cette année, la famille s'était bien habillée, comme tous les ans. Cette année, ma sœur avait été tirée au sort parmi toutes les filles qui auraient pu être choisies. Mais non, c'était elle. Remarquez, elle était un peu impatiente de participer aux Jeux, montrer qu'elle n'avait pas peur. Mais elle ne faisait plus la maligne, sur scène. Cette année, aucun volontaire féminin ne s'était dévoué pour elle. Elle qui avait dix-sept ans, quand moi j'en avais douze. L'arène était, manque de chance, un désert d'une sécheresse dévastatrice, ma sœur était morte de déshydratation après avoir tué pas mal de tribut au bain de sang. Personne n'ignorait que c'était une fille dangereuse et qu'elle savait tuer au couteau et au javelot mieux que personne. Une vraie machine de guerre, comme l'appelait le Capitole. Se faire moissonner, dans certains districts, c'est la gloire assurée. Si on en revient vainqueur, on est acclamé comme des vainqueurs. Dans d'autres, comme ils disent, tribut rime avec vaincu. Le Quatre est un peu un mixte des deux, voyez. Leur truc, c'est la pêche, alors si on tombe sur une arène avec de l'eau et des poissons, ça va à peu près, au contraire, un désert, c'est la mort. Ma sœur était pressée de se faire moissonner, au contraire, l'année qui a suivi, mon frère n'a pas voulu et s'est quand même fait tirer. Il est mort aussi. Génial, il ne reste plus que moi, celle "du milieu" à mourir. Si ça se trouve, je me ferai moissonner. Je n'en ai à la fois pas trop envie et à la fois un peu, juste pour montrer qu'au moins moi, je ne suis pas une mauviette peureuse comme les trois quarts des filles de l'école du Quatre. Ce genre de filles qui passent leur temps devant leur miroir à se pomponner pour les garçons, je trouve cela un peu stupide, absurde et surtout... inutile. Le seul moment où je me maquille, c'est pendant les périodes de deuil. Celle de ma sœur et de mon frère ont été très difficiles, et je crois que me faire moissonner un jour ne sera pas sans conséquences dans l'arène. Du moins, je vais devoir oublier pendant au moins un mois mon frère et ma sœur dans mes propres Jeux... j'ai l'impression que je m'y voit déjà, pourtant je ne veux pas y aller. Deviendrai-je folle ?

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Je marchais dans le sable, à l'ombre, quand j'ai appris la nouvelle. Je m'en souviens, c'était un lundi matin où les crevettes allaient bon train. J'avais fait mon petit bonhomme de chemin et à vrai dire je me sentais bien, jusqu'à ce qu'on me dise qu'il était mort. J'avais treize ans, à cette époque. Quel âge cela me fait ? C'était juste l'année dernière ! Il, mon frère, le deuxième homme après mon père. Mort. Le cœur crevé d'un couteau d'un gars. Je ne sais plus de quel district il était, mais à l'instant j'avais eu envie de me téléporter dans l'arène et tuer à mon tour ce gars sans foi ni loi. Après raisonnement, je crois que je serais morte rapidement. Et si ce mec stupide avait tué mon frère chéri, c'était parce que c'était les Hunger Games et qu'on ne plaisantait pas avec ça. Non, non. On ne plaisantait pas du tout. C'était les Jeux de la Faim, ou la nature reprenait ses droits, sans pour autant s'embarrasser des sacrifiés. Douze ans, une vie à vivre. Non. Une mort débile. Douze ans de vie, ce n'est pas beaucoup. En tout cas, je pense que je vais bientôt y passer, moi aussi, à la moissonneuse-batteuse. Comme un vulgaire grain de blé, je vais me faire moissonner, comme au District Onze. Je suis sûre qu'ils connaissant les moissonneuses-batteuses. Et durant les temps de la Moisson (les vrais, pas ceux des Hunger Games), il les utilisent. Je ne veux pas finir comme eux, comme ces grains de blé, je veux vivre et mourir dans très longtemps. Rêve Utopique mais j'y crois.

reality is here.