La campagne est lancée ! Depuis la grande annonce des élections, c'est une course aux soutiens qui rythme mes journées. Promesses à certains, menaces pour d'autres. Il y a une manière différente d'agir en fonction de ce que l'on veut obtenir, et de qui, nous volons l'obtenir. Prenez l'ancien Ministre de l'information, Nicolaj Primshaw par exemple. Cet homme originaire d'un ancien temps a toujours témoigné un profond respect à mon égard. Un profond respect, des plus faux. Ce misérable débris n'a jamais supporté l'idée d'être évincé par une femme, plus compétente, plus jeune. Fort heureusement à Panem, lorsque l'ordre venait de Snow, nous ne savions plus dire non. Notre histoire pourrait s'arrêter là, si notre très regretté président ne l'avait pas nommé conseiller. Oui, Monsieur Primshaw est membre de l'actuel Conseil Présidentiel, et le côtoyer au quotidien est un plaisir. Plaisir qui ne sera bientôt plus partager. Il me tardait de tenir cet homme entre mes griffes, depuis l'autarcie à laquelle j'ai été contrainte à la mort de Coriolanus, et après ces semaines de guerre froide. Il va très vite comprendre, qu'il est préférable de se ranger de
mon côté.
Il y a deux jours, j'avais exprimé le souhait de lui rendre visite. Curieux de savoir ce que je pouvais bien lui vouloir, il m'a invité dans ses appartements. Nous avions convenu d'une heure dans l'après-midi. Je m'étais donc
habillée pour le thé. Et nous voici donc en sa demeure. Assis sur ses sofas, Monsieur Dadish, Monsieur Primshaw, et moi.
« Votre femme n'est pas ici Nicolaj ? » « Non, Madela est allée rendre visite à notre fille, et son nouvel époux. C'est un jeune homme très charmant, bien sous tout rapport. » « Je n'en doute pas. Mes félicitations ! » Et le bougre s'est bien gardé de m'inviter à la cérémonie. Quel mal élevé. Toutefois je feins la réjouissance, en savourant ma tasse de thé.
« Pandora, pardonnez ma franchise mais, que voulez-vous ? » Mirkos et moi-même échangeons un regard. Le temps de la courtoisie et des faux semblants est donc terminé. Je dépose alors ma collation sur sa coupelle, et plante mon regard dans celui du vieil homme.
« Comme vous le savez très certainement, je me présente aux élections présidentielles et je.. » « Oui, quelle surprise. Ne vous fatiguez pas ma chère, mon choix est déjà fait. » Pauvre fou. Il n'a aucune idée de ce qu'il vient de faire. Comment ose-t-il me couper ainsi la parole. Malgré tout, je ne perds pas mon sang froid.
« Et ce choix se porte sur Ulysses, je présume ? Jamais vous ne prendriez le parti d'Augusta, c'est une femme de pouvoir. Alaksa Rhodes, vous ne la connaissez pas. Le jeune Flickerman, restons polis et disons que sa candidature est très divertissante. Le Général Blackbird-Crowley ? Jamais ô grand jamais vous ne mettrez un militaire à la tête de l'état. » Il reste silencieux, et arbore ce sourire satisfait de vainqueur. Je prends alors une certaine assurance, et m'adresse à mon associé.
« Monsieur Dadish, auriez-vous l'obligeance je vous prie de montrer à notre hôte notre petit enregistrement vidéo. » Mirkos s'exécute et en quelques manipulations techniques, fait apparaître une vidéo sur le projecteur de Nicolaj. Horrifié, il découvre des images prises à son insu, mettant en scène ce cher Primshaw, en très intime compagnie de son gendre, le nouvel époux de sa fille.
« Comment.. C'est.. C'est impossible ! Vous ne pouvez pas.. Admirez, ce moment fatidique, où l'homme qui se pensait intouchable, perd soudain tout son pouvoir.
« Dès demain, vous annoncerez soutenir ma candidature aux présidentielles. Voici le discours que vous devrez tenir. Tachez d'être convainquant. » Mon homme de main lui tend une lettre en papier, sur laquelle est écrit le discours.
« Dans le cas contraire, je me verrai dans l'obligation de divulguer cet enregistrement. » Le vieil homme est dépassé, il ne réalise pas la gravité de la situation. Tétanisé, il ne quitte même pas son siège pour protester lorsque nous partons.
« Ce fut un moment fort agréable mon cher Nicolaj. À très bientôt je l'espère. » Monsieur Dadish me recouvre de mon manteau noir, et nos quittons les appartements de l'ancien ministre. Son soutien m'apportera bien d'autres voix encore. En tant que membre du Conseil, ses mots ont de l'influence, et la plupart des habitants du Capitole le tiennent en très haute estime. Pauvres naïfs, s'ils savaient.